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T_2 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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c<strong>la</strong>sse moyenne, <strong>et</strong> surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>et</strong>its citoyens ruraux, était-elle pour tout<br />

patriote, homme d’État, une gran<strong>de</strong> <strong>et</strong> noble tâche, <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> toutes.<br />

Quant aux plébéiens, appelés <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> veille à participer au pouvoir, ils se<br />

<strong>de</strong>vaient d’autant plus à une telle entreprise, qu’ils tenaient en gran<strong>de</strong> partie<br />

leurs droits politiques actuels <strong><strong>de</strong>s</strong> mains <strong>de</strong> ce prolétariat si malheureux, <strong>et</strong> qui<br />

n’espérait qu’en eux du secours. La saine politique <strong>et</strong> <strong>la</strong> loi morale leur<br />

commandaient <strong>de</strong> venir en ai<strong>de</strong> aux basses c<strong>la</strong>sses, par tous les moyens<br />

administratifs dorénavant à leur disposition. — Examinons donc si, <strong>et</strong> jusque<br />

dans quelle mesure, <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion récente <strong>de</strong> 387 [-367] leur avait apporté un<br />

sou<strong>la</strong>gement sérieux. Dès qu’il s’agissait, d’empêcher <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> culture,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>servie par les troupeaux d’esc<strong>la</strong>ves, <strong>et</strong> d’assurer leur part aux pauvres<br />

prolétaires, les prescriptions <strong><strong>de</strong>s</strong> lois Liciniennes, en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> journaliers libres,<br />

restaient manifestement inefficaces. Pour remédier tout à fait au mal, il aurait<br />

fallu remanier jusque dans ses fon<strong>de</strong>ments toute <strong>la</strong> société civile or, <strong>la</strong> pensée<br />

seule d’une telle réforme dépassait <strong>de</strong> beaucoup l’horizon <strong>de</strong> ces temps. Au<br />

contraire, il eût été facile d’améliorer le régime du domaine <strong>de</strong> l’État ; mais, l’on<br />

n’y fit que quelques changements sans portée. Ainsi, lorsque le règlement<br />

nouveau portait jusqu’à un maximum élevé le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> têtes <strong>de</strong> bétail que les<br />

possesseurs <strong>de</strong> troupeaux avaient <strong>la</strong> faculté <strong>de</strong> mener sur les pâtures, <strong>et</strong><br />

autorisait les occupations <strong><strong>de</strong>s</strong> parcelles arables, il conférait tout simplement au<br />

riche une part privilégiée, <strong>et</strong> peut-être déjà disproportionnée, sur les produits <strong>de</strong><br />

ce même domaine. Tout astreintes à <strong>la</strong> dîme, toutes révocables à volonté<br />

qu’elles étaient, les possessions domaniales, <strong>et</strong> le système <strong><strong>de</strong>s</strong> occupations luimême<br />

recevaient par là leur consécration légale. Ajoutez à ce<strong>la</strong> que les lois<br />

Liciniennes avaient omis <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer, par <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens <strong>de</strong> perception plus<br />

rigoureux <strong>et</strong> plus sûrs, le mo<strong>de</strong> jusque-là si mal suivi pour <strong>la</strong> levée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

re<strong>de</strong>vances <strong>de</strong> pâture, <strong>et</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> dîmes : on ne procéda ni à <strong>la</strong> révision nécessaire,<br />

pourtant, <strong><strong>de</strong>s</strong> possessions, ni à l’institution d’un fonctionnaire spécial préposé à<br />

l’exécution <strong><strong>de</strong>s</strong> lois domaniales nouvelles. Partager à nouveau les terres<br />

occupées, entre les détenteurs actuels avec <strong>la</strong> règle d’un maximum <strong>de</strong><br />

contenance, d’une part, <strong>et</strong> les plébéiens non propriétaires, <strong>de</strong> l’autre ; les leur<br />

abandonner en toute propriété ; abolir les occupations pour l’avenir ; instituer<br />

une magistrature ayant mandat <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> même au partage <strong>de</strong> tous les<br />

territoires à conquérir ; c’était là <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures que <strong>la</strong> situation indiquait. De ce<br />

qu’elles n’ont point été prises, il ne faut pas conclure, loin <strong>de</strong> là, que leur<br />

opportunité ait passé inaperçue. N’oublions pas que les lois nouvelles furent<br />

votées sur <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> l’aristocratie plébéienne, c’est-à-dire d’une c<strong>la</strong>sse<br />

intéressée, en partie, au maintien du monopole usager sur le domaine. Le<br />

promoteur <strong>de</strong> ces lois, Gaius Licinius Stolon, fut le premier à les enfreindre ; il se<br />

vit, peu après, lui même, condamné pour détention <strong>de</strong> parcelles outrepassant le<br />

maximum. Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, en vérité, si le légis<strong>la</strong>teur a été <strong>de</strong> bonne foi, <strong>et</strong> si ce<br />

n’est point à <strong><strong>de</strong>s</strong>sein qu’il s’est écarté <strong>de</strong> <strong>la</strong> seule route qui conduisît facilement,<br />

<strong>et</strong> dans l’intérêt <strong>de</strong> tous, à <strong>la</strong> solution complète <strong>de</strong> <strong>la</strong> question agraire. Je<br />

reconnais d’ailleurs que, telles qu’elles étaient, les lois Liciniennes pouvaient être<br />

<strong>de</strong> quelque secours, <strong>et</strong> qu’au fond elles furent utiles à <strong>la</strong> cause du p<strong>et</strong>it <strong>pays</strong>an <strong>et</strong><br />

du p<strong>et</strong>it journalier. Enfin, dans les temps qui suivirent leur mise en vigueur, nous<br />

voyons du moins les magistrats tenir assez sévèrement <strong>la</strong> main à <strong>la</strong> règle du<br />

maximum, <strong>et</strong> frapper souvent <strong>de</strong> fortes amen<strong><strong>de</strong>s</strong> les détenteurs, <strong>de</strong> troupeaux <strong>et</strong><br />

les occupants domaniaux.<br />

Le régime <strong>de</strong> l’impôt <strong>et</strong> celui du crédit furent aussi remaniés avec une ferm<strong>et</strong>é<br />

inaccoutumée, <strong>et</strong> qu’on ne r<strong>et</strong>rouvera plus chez le légis<strong>la</strong>teur futur. On aurait

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