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T_2 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Néanmoins nous voyons qu’en droit sa compétence est illimitée, plus encore que<br />

celle du consul. Mais les temps ayant changé il fut entamé à son tour par les<br />

doctrines nouvelles. En 391 [-363], un dictateur est nommé à l’occasion d’une<br />

difficulté purement religieuse, <strong>et</strong> pour l’accomplissement d’une sinistre cérémonie<br />

du culte : mais voici que s’emparant d’une autorité absolue qu’il puisait dans<br />

l’ancienne loi, il regar<strong>de</strong> comme nulles les limites posées à sa compétence, <strong>et</strong><br />

veut prendre aussi le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l’armée. D’autres dictateurs aux<br />

pouvoirs circonscrits sont souvent nommés dans les années postérieures à 403 [-<br />

351]. Ils ne renouvellent pas ces tentatives d’empiétement, <strong>et</strong> sans entrer en<br />

conflit avec les magistrats, ils s’enferment dans leurs attributions spéciales <strong>et</strong><br />

limitées.<br />

En 412 [-342], il est interdit <strong>de</strong> cumuler les charges curules, <strong>et</strong> <strong>de</strong> revêtir <strong>la</strong><br />

même magistrature avant un intervalle <strong>de</strong> dix années. En 489 [-265], il est<br />

pareillement statué que <strong>la</strong> plus haute en réalité <strong>de</strong> toutes les magistratures, <strong>la</strong><br />

censure, ne pourra être occupée <strong>de</strong>ux fois. Le gouvernement avait bien assez <strong>de</strong><br />

force encore pour n’avoir pas à craindre ses propres instruments, <strong>et</strong> pour pouvoir<br />

impunément <strong>la</strong>isser <strong>de</strong> côté, sans se servir d’eux, les plus utiles. Mais il arriva<br />

souvent que <strong>de</strong> braves généraux virent lever <strong>de</strong>vant eux les barrières légales1.<br />

On peut citer quelques exemples comme celui <strong>de</strong> Quintus Fabius Rullianus cinq<br />

fois consul en vingt-huit ans, ou celui <strong>de</strong> Marcus Valerius Corvus, six fois consul<br />

<strong>de</strong> 384 à 483 [370 à 271 av. J.-C.], <strong>la</strong> première fois à vingt-trois ans, <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière<br />

fois à soixante-douze ; dont le bras fut le soutien <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité <strong>et</strong> <strong>la</strong> terreur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ennemis durant trois générations d’<strong>hommes</strong>, <strong>et</strong> qui mourut centenaire.<br />

Pendant que les magistrats romains <strong><strong>de</strong>s</strong>cen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition élevée <strong>de</strong><br />

souverain absolu, à celle chaque jour plus diminuée <strong>et</strong> restreinte <strong>de</strong> fonctionnaire<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> mandataire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cité, <strong>la</strong> vieille magistrature opposante <strong><strong>de</strong>s</strong> tribuns du<br />

peuple subit aussi, au <strong>de</strong>dans bien plus qu’au <strong>de</strong>hors, les eff<strong>et</strong>s d’une réaction<br />

pareille. Créée pour protéger (auxilium) même révolutionnairement, les faibles <strong>et</strong><br />

les p<strong>et</strong>its contre <strong>la</strong> superbe <strong>et</strong> les excès <strong>de</strong> pouvoir <strong><strong>de</strong>s</strong> hauts fonctionnaires, elle<br />

avait bientôt conduit en outre à <strong>la</strong> conquête <strong><strong>de</strong>s</strong> droits politiques donnés aux<br />

simples citoyens, <strong>et</strong> à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong><strong>de</strong>s</strong> privilèges <strong>de</strong> <strong>la</strong> noblesse. Ce second but<br />

était atteint : mais l’idée première du tribunat avait été purement démocratique :<br />

les conquêtes à faire dans l’ordre politique ne venaient que bien après. Quant à<br />

l’idée démocratique, elle n’était, certes, pas plus odieuse au patriciat lui-même,<br />

qu’à c<strong>et</strong>te noblesse plébéienne à qui le tribunat <strong>de</strong>vait nécessairement appartenir<br />

<strong>et</strong> appartint en eff<strong>et</strong>. Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> l’égalité civile proc<strong>la</strong>mée, <strong>la</strong> constitution<br />

romaine ayant revêtu une couleur plus décidément aristocratique encore que<br />

n’était celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> veille, quoi d’étonnant à ce que l’aristocratie plébéienne n’ait pu<br />

se réconcilier avec les tendances nouvelles ? Les patriciens, défenseurs obstinés<br />

<strong>de</strong> l’institution consu<strong>la</strong>ire patricienne, ne luttaient pas contre elles avec plus<br />

d’énergie. Ne pouvant abolir le tribunat, on s’efforça <strong>de</strong> le transformer.<br />

1 Quand l’on rapproche ensemble les listes consu<strong>la</strong>ires, avant <strong>et</strong> après 412 [342 av. J.-C.], on ne<br />

conserve pas <strong>de</strong> doutes sur <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi prohibitive <strong><strong>de</strong>s</strong> réélections au consu<strong>la</strong>t. Avant 412 on<br />

voit <strong><strong>de</strong>s</strong> consuls nommés <strong>de</strong> nouveau au bout <strong>de</strong> trois ou quatre ans, après c<strong>et</strong>te date, on ne les<br />

voit plus réélus qu’au bout d’un intervalle <strong>de</strong> dix ans au moins. Il y à <strong><strong>de</strong>s</strong> exceptions fréquentes à <strong>la</strong><br />

règle, cependant, surtout pendant les guerres si ru<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> 434 à 443. Mais <strong>la</strong> loi proscrivant le<br />

cumul est rigoureusement observée. On ne pourrait pas citer un seul exemple certain du cumul <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux magistratures curules (Tite-Live, XXXIX, 39, 4), consu<strong>la</strong>t, préture ou édilité curule : il en est<br />

autrement <strong><strong>de</strong>s</strong> autres fonctions. L’édilité curule est cumulée par exemple avec <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> maître<br />

<strong>de</strong> cavalerie (Tite-Live, XXIII, 24, 30) ; <strong>la</strong> préture avec <strong>la</strong> censure (Fast. Capit. an 501) ; <strong>la</strong> préture<br />

avec <strong>la</strong> dictature (Tite-Live, VIII, 12) ; le consu<strong>la</strong>t enfin avec c<strong>et</strong>te même dignité (Tite-Live, VIII,<br />

12).

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