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Exposé d'Antoine MONDANEL - Ministère de l'Intérieur

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Ma <strong>de</strong>uxième décision eut pour objet d'ordonner une permanence <strong>de</strong> jour et <strong>de</strong> nuit<br />

s'appliquant à la moitié du personnel <strong>de</strong> mon service central, <strong>de</strong> manière à laisser ainsi à ma disposition<br />

une cinquantaine <strong>de</strong> fonctionnaires afin <strong>de</strong> pouvoir, éventuellement, faire d'urgence <strong>de</strong>s recherches <strong>de</strong><br />

toutes sortes.<br />

La première nuit qui suivit le crime, celle du 9 au 10 octobre, que je passai presque<br />

entièrement à mon bureau, ne m'apporta aucun élément nouveau. Par contre, dans le courant <strong>de</strong> la<br />

matinée du 10 octobre je fus avisé par le commissaire divisionnaire BARTHELET, que j'avais détaché<br />

auprès <strong>de</strong> la préfecture <strong>de</strong> police, à Paris, que la nuit précé<strong>de</strong>nte ce service avait été informé par la<br />

Sûreté marseillaise que les vêtements portés par l'assassin avaient la marque du grand magasin « La Belle<br />

Jardinière » à Paris. Des vérifications entreprises incontinent il se dégagea qu'en effet le costume dont il<br />

s'agissait avait bien été acheté dans ce magasin peu avant l'attentat. L'acquéreur y était venu en<br />

compagnie <strong>de</strong> quatre personnes dont trois avaient fait également l'acquisition <strong>de</strong> vêtements neufs livrés<br />

dans un hôtel que l'on me précisa.<br />

Je découvrais ainsi que le soi-disant KELEMEN Petrus avait au moins quatre complices pour<br />

lesquels, toutefois, je n'avais qu'un très vague signalement.<br />

L'après-midi du même jour l'ambassa<strong>de</strong> yougoslave porta à ma connaissance que le passeport<br />

trouvé dans les vêtements du criminel était faux.<br />

Toujours le 10 octobre, dans la soirée, vers 22 heures, le commissaire <strong>de</strong> police <strong>de</strong><br />

Fontainebleau, BADOT, me signala que quelques instants plus tôt un étranger s'étant fait délivrer à la<br />

gare <strong>de</strong> cette ville un billet à <strong>de</strong>stination d'Evian, avait consommé un bock <strong>de</strong> bière au buffet et payé<br />

cette consommation s'élevant alors à 60 centimes en laissant un pourboire anormal <strong>de</strong> 1 franc 75. Puis,<br />

ayant bousculé les gendarmes qui l'interpellaient ce voyageur s'était enfui dans la forêt toute proche.<br />

Séance tenante, je désignai quatre fonctionnaires que je fis partir en voiture aussitôt pour<br />

Fontainebleau en leur prescrivant <strong>de</strong> rechercher très activement et d'interroger ce fort généreux<br />

consommateur sur son emploi du temps dans notre pays. Il s'agissait là, certes, <strong>de</strong> bien faibles indices.<br />

Toutefois, dans les circonstances où je me trouvais placé je <strong>de</strong>vais éluci<strong>de</strong>r tout ce qui me paraissait<br />

anormal.<br />

Un peu plus tard, la même nuit du 10 ou 11 octobre, vers une heure du matin, l'un <strong>de</strong>s quatre<br />

fonctionnaires que j'avais envoyés à Fontainebleau, l'inspecteur DUMONT, m'appela au téléphone<br />

pour me dire que s'il n'avait pas encore découvert la personne recherchée il venait d'apprendre qu'au<br />

cours <strong>de</strong> la soirée du 9 octobre <strong>de</strong>ux autres billets pour Evian avaient été délivrés, à Fontainebleau, à<br />

<strong>de</strong>s voyageurs ne parlant pas français.<br />

Dès que j'eus pris note <strong>de</strong>s renseignements donnés par l'inspecteur DUMONT, j'appelai au<br />

téléphone le commissaire divisionnaire PETIT, chef <strong>de</strong> service au poste frontière d'Annemasse, Haute-<br />

Savoie, qui, vers une heure du matin, dormait d'un sommeil profond. Je le mis au courant <strong>de</strong>s<br />

constatations effectuées à Fontainebleau et je lui donnai l'ordre d'alerter à nouveau immédiatement tous<br />

les postes <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong> son secteur frontalier et <strong>de</strong> me tenir informé, <strong>de</strong> toute urgence, <strong>de</strong> tous<br />

faits nouveaux pouvant être ainsi recueillis.<br />

Étant alors moi-même harassé <strong>de</strong> fatigue, par suite du manque <strong>de</strong> sommeil pendant 48 heures,<br />

j'allai me coucher en <strong>de</strong>mandant à mes collaborateurs <strong>de</strong> permanence <strong>de</strong> m'aviser s'ils recevaient <strong>de</strong>s<br />

communications intéressantes. Mon repos fut <strong>de</strong> courte durée car, vers 5 heures du matin, je fus réveillé<br />

par un appel téléphonique du commissaire divisionnaire MALLET portant à ma connaissance que le<br />

poste d'Annemasse venait <strong>de</strong> lui dire que <strong>de</strong>ux étrangers venant <strong>de</strong> Fontainebleau, porteurs <strong>de</strong><br />

passeports tchécoslovaques et se rendant à Lausanne, se trouvaient provisoirement retenus pour<br />

examen <strong>de</strong> situation, à Thonon-les-Bains, en exécution <strong>de</strong> mes instructions télégraphiques du 9 octobre.

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