Exposé d'Antoine MONDANEL - Ministère de l'Intérieur
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cibles représentant ce monarque.<br />
Tous ces préparatifs étaient accomplis avec la complicité <strong>de</strong>s autorités hongroises et celle <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux diplomates italiens, CORTESY et JACOMINI, désignés par le gouvernement fasciste pour<br />
assister les oustachis et faciliter la réalisation <strong>de</strong> leurs projets criminels.<br />
En agissant <strong>de</strong> la sorte le gouvernement hongrois, ainsi que la société secrète <strong>de</strong> ce pays<br />
connue sous l'appellation « Les Hongrois qui se réveillent » voulaient une revanche au traité <strong>de</strong> Trianon.<br />
Leur complicité, en l'occurrence, fut d'ailleurs mise en évi<strong>de</strong>nce avant l'attentat <strong>de</strong> Marseille à la suite <strong>de</strong><br />
la tentative d'assassinat manquée lors du voyage que fit à Zagreb ALEXANDRE 1er. Cette mise en<br />
cause donna lieu à d'âpres débats à la Société <strong>de</strong>s Nations à Genève.<br />
En dépit <strong>de</strong> la publicité donnée à ces collusions, les Hongrois continuèrent à apporter un<br />
soutien efficace aux oustachis en leur fournissant l'asile le plus large et les titres <strong>de</strong> circulation<br />
indispensables. Quant à l'Italie, elle entretenait à ses frais quelques centaines <strong>de</strong> séparatistes croates<br />
vivant sur son sol avec leurs familles.<br />
Ces quelques éléments essentiels étant ainsi rappelés, il me faut revenir en France, au poste<br />
frontière d'Annemasse, Haute-Savoie, où l'on interrogea durant toute la journée du 11 octobre les <strong>de</strong>ux<br />
voyageurs ramenés <strong>de</strong> Thonon-les-Bains. L'un d'eux, peu avant son interrogatoire, avait cherché à<br />
s'enfuir en franchissant l'une <strong>de</strong>s fenêtres du commissariat où il se trouvait et s'était ainsi placé<br />
moralement dans une fort mauvaise situation.<br />
Avec le concours du haut fonctionnaire <strong>de</strong> la police yougoslave, MILICEVIC, grand<br />
spécialiste <strong>de</strong> la surveillance <strong>de</strong>s oustachis, disposant d'un fichier bien à jour et parlant leur langue, les<br />
<strong>de</strong>ux étrangers dont il s'agit furent, peu à peu, amenés à faire <strong>de</strong>s aveux. Ceux-ci, corroborés d'ailleurs<br />
par les déclarations faites ultérieurement par le troisième terroriste recherché alors en forêt <strong>de</strong><br />
Fontainebleau, sont concluants. Ils montrent le soin minutieux avec lequel fut organisé en France<br />
l'attentat du 9 octobre 1934. On peut les résumer <strong>de</strong> la manière suivante :<br />
Vers le milieu du mois <strong>de</strong> septembre 1934, trois oustachis : POSPISIL, RAJIC et MALNY,<br />
quittèrent la ferme <strong>de</strong> Janka Puszta, Hongrie, munis <strong>de</strong> passeports hongrois portant <strong>de</strong> faux états-civils,<br />
et se rendirent à Zurich, Suisse. A la gare <strong>de</strong> cette ville ils retrouvèrent leur entraîneur au tir, le soidisant<br />
SUCK, accompagné d'un homme jeune, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille. Celui-ci leur fut présenté, sous le nom<br />
<strong>de</strong> KRAMER, comme le délégué spécial <strong>de</strong> Ante PAVELIC désigné pour les conduire en France.<br />
Sous la direction <strong>de</strong> KRAMER, ces cinq personnes prirent le train pour Lausanne où elles<br />
<strong>de</strong>scendirent à l'hôtel <strong>de</strong>s Palmiers en déclarant être <strong>de</strong> nationalité hongroise.<br />
Dès qu'ils eurent reconnu leurs chambres, ces voyageurs allèrent dans le centre commercial <strong>de</strong><br />
Lausanne pour acheter <strong>de</strong>s vêtements neufs, <strong>de</strong>s chaussures et <strong>de</strong>s chapeaux. Ils firent ainsi en quelque<br />
sorte peau neuve afin <strong>de</strong> faire bonne figure dans la foule.<br />
Au début <strong>de</strong> la matinée du len<strong>de</strong>main 27 septembre, le représentant du chef <strong>de</strong> l'Oustacha<br />
s'absenta en déclarant aller à Culoz. Il en revint le 28 septembre et, dès son retour, il retira à ses<br />
compagnons <strong>de</strong> voyage les passeports hongrois qu'ils détenaient et les leur remplaça par d'autres<br />
passeports tchécoslovaques. Cette nationalité nouvelle avait été choisie en raison <strong>de</strong>s dispositions<br />
contenues dans un accord franco-tchécoslovaque dispensant les porteurs <strong>de</strong> ces titres <strong>de</strong> circulation <strong>de</strong><br />
solliciter un visa consulaire français pour pénétrer sur notre territoire.<br />
L'entrée en France, comme toutes leurs manoeuvres dans notre pays, avait été bien étudiée.<br />
Au lieu <strong>de</strong> prendre un train express direct à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> Paris qui les aurait soumis au contrôle d'une<br />
gare frontière, ces étrangers se mêlèrent à la foule <strong>de</strong>s frontaliers empruntant le bateau traversant le lac<br />
Léman et reliant Lausanne à Evian et à Thonon-les-Bains où le contrôle était superficiel. Trois d'entre