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Édition 2009 - Quais du Polar

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104<br />

NoIRS DESSEINS<br />

Contours et limites<br />

d'un genre<br />

Le premier est psychiatre.<br />

Expert auprès des tribunaux,<br />

il a étudié la réalité la plus<br />

sombre : l'esprit de Guy<br />

Georges, Patrice allègre et<br />

d'une dizaine d'autres tueurs<br />

en série. Le second est auteur,<br />

éditeur et créateur de la<br />

série "Le Poulpe". Ensemble ils<br />

discutent des limites <strong>du</strong> Noir,<br />

et de son devoir d'allégeance<br />

à la réalité...<br />

Jean-Bernard Pouy<br />

Plus que LA littérature blanche, il semble que le roman noir se soit<br />

emparé <strong>du</strong> social, d’en apporter une vision critique - la sciencefiFIction<br />

le fait aussi. Etait-ce sa vocation dès le départ ?<br />

Jean-Bernard Pouy : Oui et non. Il a un peu remplacé le roman réaliste à<br />

la Zola. Avec le nouveau roman, la littérature blanche abandonne le réalisme<br />

pour l’introspection, l’analyse, etc. La douleur sociale s’est donc réfugiée<br />

dans d’autres genres : le polar, la SF, le roman paysan... à l’origine <strong>du</strong> roman<br />

noir, il y a les États-Unis des années 20 : la prohibition, la corruption politique,<br />

la crise, la formation des ghettos. Le roman policier avait alors un problème :<br />

son héros défendait un ordre devenu pourri. Mal à l’aise, les romanciers<br />

ont créé le détective, qui appartient à la société civile et qui est libre d’être<br />

critique, d’appréhender ou de laisser filer un coupable… En même temps,<br />

on dit souvent que le premier roman noir remonte à 500 ans avant JC : c’est<br />

Œdipe-Roi de Sophocle. Tous les thèmes étaient là : la ville, l’enfermement,<br />

etc... Camus a écrit l’Etranger après avoir lu Le Facteur sonne toujours deux<br />

fois, de James Cain, donc les choses ne sont pas si cloisonnées.<br />

quand on aborde une réalité extrême comme celle des tueurs en<br />

série, le mythe l’emporte sur l’authenticité. La FIction nous dépeint<br />

des génies <strong>du</strong> mal, se jouant des Flics, des médias.<br />

Daniel Zagury : La fiction peine à imaginer un mal qui ne soit pas malin.<br />

Le diable est censé être très intelligent, sinon il ne serait pas l’adversaire de<br />

Dieu. Le QI des tueurs que j’ai rencontrés est très disparate, et globalement<br />

au-dessous de la norme. On surévalue le Mal parce qu’on ne mobilise pas<br />

notre intelligence à chercher comment bien faire souffrir son prochain,

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