BOUHANNA L. - Pathologie de la membrane nictitante. Point Vét. N ...

Seformer / COURS /
OPHTALMOLOGIE DEs CARNIVORES DOMESTIOUES
Path ol ogi e de I a membrane
nictitante
fexamen attentif de la membrane nictitante est essentiel. ll peut mettre
en évidence des anomalies de position, un corps étranger, une inflammation,
un infilttat, une tumeur, etc. et révèle parfois une affection systémique.
La membrane nictitante
(? ^ est une structure essentielle
pour l'æil en raison de
ses rôles protecteurs, sécréteurs
et immunitaires. [examen
de sa face externe est
direct et facile. Celui de sa
face bulbaire nécessite une
ânesthésie locale. ll est complété
par la réalisation d'un
test de Schirmer, d'examens
cyto-bactériologiques evou
d'une biopsie. Les principales
affections de la membrane
nictitante sont : des anomalies
de positionnement (prolapsus
de lâ glânde, inversion,
éversion, procidence de la
membrane), des maladies
inflammatoires, allergiques
eVou immunitaires (conjonctivite
folliculaire, infiltration
lymphoplasmocytaire). Elle
peut également être le siège
de tumeurs, de kystes, de
traumatisme et de dépigmentation.
EE
par Laurent Bouhanna
Service ltinérant
d'Ophtalmologie
63,boulevard de Picpus
75012 Paris
[e Pointvétérinaire / N'21g / octobre 2oO1 /
a membrane nictitante, appelée communément
"troisième paupière", offre
une protection physique et immunologique
au globe oculaire. Elle aide à la
répartition du film lac4nnal précoméen
(voir l'enuonÉ "Fonctions de la membrane nictitante").
Tapissée par de la conjonctive sur
chaque face, elle comporte en oufe ur tissu glandulaire
(appelée glande nictitante) qui sécrète de
30 à 57 o/o dela phase aqueuse des larrnes [6].
@,,.f"*"-en de la membïane
nictitante
La face externe de la membrane nictitante est
très facilement examinable par rétropulsion du
globe oculaire. Lexamen de la face bulbaire
nécessite une anesthésie locale et l'emploi d'une
pince de Graefe pour l'éverser (puoro 1) 16l.
o Un test de Schinner doit être effectué avant
l'instillation de tout collyre. II perrnet d'évaluer
quantitativement la sécrétion lacrymale. La
norrne est supérieure à 10 mm chez le chien et
à 8 mm chez le chat.
. Un prélèvement pour examen bactériologique
est également effectué avant I'instillation de tout
collge, car les collyres contiennent des produits
antibactériens [4].
. Lexamen après anesthésie locale (à l'aide de
Novésineo collyre ou de tétracaine colly're) : la
lace externe de la membrane nictitante est examinée
en provoquant sa procidence par pres-
sous anesthésiê locdlê,chez'un chat
sion du globe oculaire au niveau de 1a paupière
supérieure. La face interne est examinée par
éversion de la membrane nictitante à l'aide
d'une pince de Graefe.
o Le frottis conjonctival (examen q,tologique)
permet d'examiner au microscope la population
cellulaire présente et d'orienter le diagnostic,
lors d'état inflammatoire en pafliculier
[13]. Une brosse type Cytobrusht ou une
spatule de Kimura peuvent être utilisées pour
effectuer le frottis.
. La biopsie est indispensable lors d'états prolifératifs
diffus ou nodulaires de la membrane
nictitante [4].
> Protection : la membrane nictitante protège
contre les rayons lumineux et contre les traumatismes
physiques (griffure en particulier).
> Nettoyage : la procidence de la membrane nictitante,
lors de la fermeture des paupières, permet
d'éliminer les grosses particules vers le canthus
interne.
> Sécrétion : la glande nictitante sécrète une proportion
non négligeable de la phase aqueuse du
film lacrymal.
> Fonction immunitaire : la membrane nictitante
intervient dans le système CALT bonjonctivol
associated lymphoid tissu\ par l'intermédiaire des
follicules lym phoides.
. Biomicroscope, ou à défaut, ophtalmoscope
direct
. Collyre anesthésique local (Novésine'
ou tétracaine collyre)
. Pince de Graefe
. Brosse type Cytobrush'ou spatule de Kimura
. Ecouvillon stérile

..â.
d Les affections
de la membrane nictitante
Tapissée par une conjonctive sur chaque face
(voir l'nNcaonÉ "Rappels d'anatomie de la membrane
nictitante"), la membrane nictitante présente
les mêmes affections que les autres
conjonctives, mais également parfois des lésions
plus spécifiques.
l. Prolapsus de la glande nictitante
("Cherry eye")
Cette affection fuéquente (euoro 2) peut atteindre
toutes les races, mais de no'mbreuses races
sont particulièrement prédisposées : il s'agit du
cocker américain, du lhassa apso, du bulidog,
du pékinois, du basset hound, du dogue allemand,
etc. 12,6,8, l}l.
> La membrane nictitante est une membrane mobile
de forme triângulaire qui recouvre le globe oculaire
en région ventro-médiale. Le bord libre est souvent
caché par les paupières inférieure etsupérieure [3,41.
> La membrane nictitante est composée d'un cartilage,
de la glande lacrymale accessoire et de follicules
lymphoides. Ces structures sont recouvertes
par la con.ionctive (voir la ncuRe "Coupe histologique
de la membrane nictitante").
Deux faces sont distinguées : une face interne (oùr
est située la majorité des follicules lymphoides) et
une face externe visible lors de la procidence de la
membrane nictitante [3, 4].
> Le cartilage de la membrane nictitante présente
une forme en T caractéristique. ll est recouvert par
la conjonctive qui est en continuité avec la conjonctive
bulbaire sur la face interne et avec la conjonctive
palpébrale sur la face externe (voir la FtcuRE
"Membrane nictitante isolée vue en face postérieure")
[4].
Bord libre de la membrane nictitante
Face
postérieure
de la
membrane
nictitante
Glande
de la membrane
nictitante
La mérnbrâne nictitânle esttidangulalre
,et sa;baielèst,prolôngée par la gIânde
nictitante (Gmembrane nictitante) en forme
dê : goqtte, Sô. surfasg ,apparalt , concave
ét:lisFe.iuenlplâcëment du cârtifage (c)
est marqué pa{ des pointillés. D'après I41.
psoro 2. Luxâtion de la glande lacrymale açcessoire
chez un chien cocker américain de I mois.
> La glande lacrymale accessoire enveloppe la base
du cartilage. Cette glande accessoire est histologiquement
similaire à la glande lacrymale principale.
Elle sécrète de 30 à 57 o/o de la phase aqueuse du
film lacrymal l6J.
Des attaches fibreuses entre Ia glande lacrymale
accessoire et les tissus péri-orbitaires limitent les
mouvements de la membrane nictitante et évitent
le prolapsus de la glande.
> Les mouvements de la membrane nictitante s'exercent
en direction dorso-latérale. Ces mouvements
sont passifs et sont associés à la pression sur le tissu
adipeux orbitaire, secondaire à la contraction des
muscles extra-oculaires. La membrane nictitante du
chien ne contient pas de muscle, contrairement à
celle du chat t.l, 151.
> La pigmentation du bord libre de la membrane nictitante
est variable. Chez un même chien, une des
deux membranes nictitantes peut être pigmentée et
I'autre. Labsence de pigmentation du bord libre peut
dans certains cas, donner une fausse impression de
procidence de la membrane nictitante 16, Bl.
D'après [81.
t:rj
I
,,iiiiii$
ii'lffi ${i
:.
.9-
Face externe Face interne
Nodules lympho'ides
Cartilage de la nictitante
Glande lacrymale
accessoire
de la nictitante
/ N"21 9 / Octobre 2OO1 / te Point Vétérinaire l$

E
Seformer / COURS /
psoro 3. Luxation de la glande nictitante chez un chat
de race burmese.
puoro 5. Éversion de la membrane nictitante chez un chien
leonberg âgé de 1 an.
. Tumeur orbitaire
. Cellulite orbitaire
. Abcès rétrobulbaire
. Myosite éosinophilique
. Mucocèle, sialocèle, abcès
de la glande zygomatique
. Ostéopathie craniomandibulaire
. Traumatismes avec fracture
de l'orbite
EE rc point vétérir"ire / N'21 9 / Octobre 2OO1 /
,1
Cette affection existe chez le chat, mais elle est
extrêmement rare dans cette espèce. Un cas a
été décrit récemment [14].
Dans notre expérience, nous avons rencontré
seulement un cas en 6 ans. Il s'asit d'un chat de
race burmese (enoro 3).
Le prolapsr-rs de 1a glande s'explique par Llne
laxité des fascias qui entraîne une coaptation
trop lâche entre la membrane nictitante et le
globe. Les réactions inflammatoires de la giande
peuvent également favoriser une luxation [4, 6].
Le prolapsus de la glande nictitante est très souvent
diagnostiqué chez des animaux jeunes
(moins d'un an). I1 peut être uni ou bilatéral,
rarement concomitamment, mais solrvent successivement
(euoro 4) 12, 131.
Une masse rouge, située dans Ie canthus
interne est alors notée. Une chassie mllco-pumlente
accompagne souvent le prolapsr-rs de la
glande.
Un traitement médicai avec col\ne antibiotique
et anti-inflammatoire permet dans cefiains cas
le retour en place de la glande 14, 131. Cependant,
cette guérison est tolljours de très courle
durée et la récidive est de règle. Le seul traitement
définitif est donc chimrgical [2, 8]. Le pronostic
de i'inter-vention est favorable.
:
.9
o
j
9
û
pHoro 4. Luxation des deux glandes lacrymales accessoires
chez un chien cocker américain âgé de 5 mois.
ploro6. Conjonctivite folliculaire marquée chez un chien
caniche royal âgé de 5 mois.
2. lnversion et éversion
de la membrane nictitante
Linversion et l'éversion sont des déforrnations du
carlilage de la membrane nictitante (euoro 5).
La déformation s'acquiert lors de la croissance
de l'animal, souvent avant l'âge de six mois. Les
races les plus atteintes sont le saint-Bernard, le
dogue allemand, le braque allemand et le
braqr-re de Weimar. Ces affections sont quelquefois
bilatérales [4, 6].
Ces mauvaises positions s'expliquent par Llne
pliure du pied du T carlilagneux. Les bras horizontallx
du T sont alors déplacés, soit vers l'extérieur,
soit vers l'intérieur 1131.
Habituellement, ces affections sont diagnostiquées
dès le jeune âge. Le motif de consultation
est souvent une infection oculaire récidivante.
Lors de l'examen, sont alors notés un
enroulement de la membrane nictitante vers
l'intérieur (inversion) ou un enroulement vers
i'extérieur (éversion). Léversion de la membrane
nictitante est beaucoup pl-rs lréquente que son
inversion [6, 13].
Le traitement de ces deux affections est chimrgical
et donne de bons résultats.
3. La conjonctivite folliculaire
La conionctivite folliculaire est une affection
très fréquente (eHoro 6). Elle correspond au
: c
o

pHoro Z Conionctivite folliculaire. Noter Ia présence de multiples
follicules sur la face externe de la membrane nictitante.
dér'eloppement et à 1'hyperlrophie des follicu-
1es de la membrane nictitante. Ces follicules
sont situés en amas sur la face interne de la
membrane nictitante. Quelques follicules isolés
peuvent être situés sur la face externe de la
membrane nictitante (lors de cas sévères)
(eHoro 7). Les conjonctivites folliculaires sont,
dans cefiains cas, pr-uriginellses et s'accompagnent
d'un blépharospasme et d'un écoulement
séro-muqueux [2].
Cette conjonctivite est obser-vée très souvent
chez de.ieunes chiens (âgés de trois mois à trois
ans). EIle est souvent saisonnière (de mars à
juillet) et concerne la plupal1 du temps les races
prédisposées à l'atopie (labrador, épagneul,
colley) [2].
Son origine reste encore problématiqr-re. Linflammation
est causée par un conflit antigèneanticorps
consécutif aux infections bactériennes
ou virales, aux agressions par des allergènes
ou par des substances irritantes. Une réaction
immunologique est responsable de l'inflammation.
La conjonctivite folliculaire peut être
associée à une affection cutanée d'origine allergique
[2, 6].
Dans cerlains cas, cette conjonctivite folliculaire
est secondaire à une irritation oculaire
chronique liée à un entropion, une luxation de
la glande nictitante ou bien une éversion du cartilage
de la membrane nictitante.
Un frottis conjonctival permet de mettre en évidence
des lynphocytes, des polynucléaires neutrophiles
et, dans cerlains cas seulement, des
éosinophiles.
Le traitement des conjonctivites folliculaires
modérées fait appel dans un premier temps à
f instillation d'un collyre antibiotique et antiinflammatoire.
Plusieurs semaines de traitement
peuvent être nécessaires avant de noter
une régression des symptômes. Si les follicules
persistent après ce traitement local, l'ablation
des follicules par abrasion mécanique ou par
car-rtérisation est alors nécessaire [6].
Dans les cas de conjonctivite folliclllaire marquée,
le traitement chir-urgical est directement
entrepris. Le traitement postopératoire consiste
:
.9
o
pHoro 8, lnfiltration lympho-plasmocytaire de la membrane
nictitante (bilatérale) chez un chien berger allemand.
En haut : vue rapprochée,
en f instillation d'un collr,re corlicoïde pendant
trois semaines [2]. Le traitement chirurgical
des conjonctivites folliculaires est néanmoins
controversé.
Le pronostic de cette affection est toujours bon.
4. f infiltration lympho-plasmocytaire
de la membrane nictitante
Linfiltration lyrnpho-plasmocltaire de la membrane
nictitante est une affection rencontrée le
plus souvent chez Ie berger allemand, mais qui
peut atteindre d'autres races comme le berger
belge, ie colley, 1e berger Shetland ou le greyhound.
Elle est dans certains cas accompagnée
d'une kératite superficielle chronique [2, 13]
(euoro 8)
Un épaississement irrégulier et une décoloration
dr-r bord libre, ainsi qu'une hlperhémie de
la membrane nictitante sont classiquement
notés (puoro 8) 12,61.
Le frottis conjonctival montre des lymphocytes
et des lymphoblastes en grand nombre.
Lhistopathologie est caractérisée par une infiltration
plasmocltaire sous-épithéliale, des agrégats
lymphoïdes dans le chorion, des polvnuciéaires
éosinophiles et une incontinence
pigmentaire.
Cette infiltration présente un caractère autoimmun.
Le rôle joué par les cytokines dans la
pathogénie de la maladie est essentiel. Ceci
explique l'excellente réponse thérapeutique
obtenue avec la cyclosporine A en topique (cette
molécule inhibe la production de cytokines par
les lymphoqtes T) [2].
Le traitement est donc médical et consiste en
l'application de corlicoïdes en pommade et de
cyclosporine A en pommade (Optimmune"') [2].
Une affection histologiquement sirnilaire a été
décrite récemment chez le chat [9]. Elle se traduit
par la présence de masses situées sur les
deux membranes nictitantes. Cette affection
très rare correspond à des infiltrations granulomateuses
de type éosinophiliqr-re. Lanalyse
histologique de ces masses révèle Lin tissti
inflammatoire avec de nombreux lymphocytes,
histiocytes, plasmocytes et éosinophiles
/ N"219 / Octobre
2oo I / [e Point Véterinaire ffl

E
Seformer / COURS /
pHoro g. Procidence de la membrane nictitante secondaire
à une exophtalmie due au développement d'un mélanome
oibitaire chez un chien labrador noir.
psoro 11. Procidence de la membrane nictitante secondaire
à un Phtisrb brrlbi chez un chien bichon âgé de 4 ans.
IELLf p:''lv"teryqte / N"2 1 e / octobre 2oo1 /
[9]. La même population cellulaire que celle
de l'infiltration lympho-plasmocytaire de la
membrane nictitante est obser-vée, excepté les
éosinophiles.
5. Procidence de la membrane nictitante
De nombreuses cat-lses peuvent être responsables
dune procidence de la membrane nictitante.
> fénophtalmie
Lénophtalmie est consécutive à une atrophie
du corrtenu orbitaire, ce qui provoque une procidence
de la membrane nictitante de façon
passive [4]. Les causes peuvent être la cachexie,
la déshydratation, l'atrophie des muscles masséters
secondaire à une myosite éosinophilique
ou lors de tumeur ostéolytique de I'orbite.
> fexophtalmie
Lexophtalmie correspond à une modification
de position du globe, qui est alors déplacé vers
l'avant. La procidence de la membrane nictitante
accompagne la plupart des exophtalmies
(PHoros 9 er I 0) fl , 4. 8.l.
Lexophtalmie doit être différenciée de la buphtalmie
qui correspond à I'augmentation de
volume du globe oculaire secondaire à l'évolution
d'un glaucome. La buphtalmie n'entraîne
jamais (contrairement à l'exophtalmie) une procidence
de la membrane nictitante.
j
.;
e
psoro 1o. Procldence de la membrane nictitante secondâire
à une exophtalmie due au développement d'un abcès orbitaire
chez un chat.
: .9
o
> Lamicrophtalmie
La microphtalmie est accompagnée d'une procidence
de la membrane nictitante lll.Lephtisis
bulbi est souvent unilatéral et accompagné
d'une procidence de la membrane nictitante
(rnoro 11).
> La contracture dumuscle rétracteur du globe
La procidence de la membrane nictitante est
alors secondaire à une énophtalmie provoquée
par la contracture du muscle rétracteur du
globe. Cette contracture peut être réflexe lors
de douleur oculaire ou d'origine centrale [4].
> ffit iatrogène et intoxications
La procidence de la membrane nictitante est
tlpiquement observée en pré-anesthésie lors de
l'emploi de substances telles que les neuroleptiques
de tlpe phénothiazines, qui présentent
une activité alpha sympatholyique responsable
d'une baisse du tonus des fibres lisses de
l'endorbite (eHoro 12) l4l.
Des intoxications iatrogènes provoquant une
procidence de la membrane nictitante ont été
décrites : par exemple des intoxications au lindane
ou à la tétraméthrine [4].
> La dysautonomieféline [t]
La dysautonomie féline correspond à la dégénérescence
des ganglions et des fibres post-ganglionnaires
des systèmes s1'mpathiques et parasympathiques.
Les signes oculaires sont : la
procidence de la membrane nictitante, la
mydriase et l'insuffisance lacrymale. Les sylptômes
extra-oculaires sont digestifs et urinaires.
> Procidence de Ia membrane nictitante
associée aux troubles végétatifs chez Ie chat
Cette procidence est fréquente et accompagne
une entérite infectieuse, parasitaire ou lymphocytaire
(pHoro 13) t4l.
> Le syndrome de Claude Bernard-Horner
Le syndrome de Claude Bernard-Horner
(puoro 14) correspond à une lésion des voies
orthosympathiques, donc à une baisse
du tonus des fibres lisses de l'endorbite ou
du muscle rétracteur de la membrane nictitante
chez le chat. La procidence de 1a membrane
j
.9

pHoro 12. Procidence bilatérale des membranes nictitantes
chez un chat sous acépromazine.
pHoro 14. Procidence unilatérâlê de lô membrâne nictitante
lors de syndrome de Claude Bemard-Horner chez un chat.
nictitante n'est pas le seul symptôme oculaire
constaté (voir l'EucaonÉ "Les signes classiques
du syndrome de Claude Bernard-Horner').
6. Kyste de la glande nictitante
Lors de kyste de la glande nictitante, les pores
d'ér'acuation s'obstruent, ce qui crée un dacryokyste
dans 1a glande elle-même [13]. Une procidence
de la membrane nictitante est alors
notée. Seule la chirurgie par exérèse du kyste
perrnet de traiter ce t1,pe de cas. La membrane
nictitante doit être impérativement respectée
Iors de cette intervention [13].
Le pronostic de cette affection est bon.
7. Tumeurs de la membrane nictitante
et de la glande nictitante
> Tumeurs de la membrane nictitante
Les tumeurs primitives de la membrane nictitante
sont rares chez le chien et chez le chat
[1,6].
. Le papillome du chien âgé est une lésion colorée,
pédiculée, molle. Son exérèse chirurgicale
est facile.
. La papillomatose venarqueuse d'origine virale
du jeune chien est rarement obser-vée sur la
membrane nictitante.
r Le carcinome épidermoïde est une tumeur
très fréquente chez le chat. Lanimal présente
:
.9
o
:
-
pHoro '13, Procidence bilatérale des membranes nictitant€s
chez un chat atteint d'entérite chronique.
pHoro 15. Adénocarcinome de la glande nictitante chez un chien
griffon âgé de 1O ans.
une membrane nictitante ulcérée par plaques,
d'aspect épaissi et rugueux.
r Le mélanome de la membrane nictitante est
rare [13].
. Le lymphosarcome se traduit par r-rn épaississement
du bord libre, une procidence de la
mémbrane nictitante. La face postérieure de la
membrane nictitante est indurée et granuleuse.
Le bilan d'extension montre une atteinte ganglionnaire.
Cette tumeur est foéquente chez le
chat.
. Le mastocytome est décrit chez un chien
avec une procidence de la membrane nictitante
et un épaississement de sa face postérieure
[4].
> Tumeurs de Ia glande nictitante
e Ladénocarcinome se manifeste au dépafi par
un épaississement rouge foncé à la base de la
face antérieure de la membrane nictitante ou
de ia face postérieure de la membrane nictitante
[16]. Par la suite, la tumeur prolifère et
devient une masse ferme et lisse (enoro 15).
Lexérèse totale de la membrane nictitante est
indiquée si la biopsie confirme le diagnostic.
Le pronostic reste cependant réservé en raison
des métastases orbitaires et ganglionnaires possibles
[1, 4].
Une étude sur 47 chiens et 5 chats montre que
les tumeurs de la membrane nictitante
. procidence de la membrane
nictitante
. énophtalmie
. myosis
. ptôse de la paupière
supérieure
. rougeuT con jonctivale
/ N"21 9 / Octobre 2OO1 / [e PointVétérinaitg ED
)
o
j
-

E
Seformer / COURS /
pHoro 18. Absence de pigmentation du bord libre
de la membrane nictitante chez un chien.
EEI L" eûtvétérinaire / N"219 / Octobre 2OO1 /
pHoro 16. Plaie traumatique de la membrane nictitante
chez un chat.
(rnoro 1 5) et de la glande nictitante les plus fréquentes
sont, par ordre décroissant : les adénomes
et adénocarcinomes de la glande nictitante,
les mélanomes malins, l'épithé1ioma spinocellulaire
et les carcinomes de la membrane nictilante.
Des récidives après exérèse ont été notées
chez huit chiens et deux chats. Des métastases
ont été diagnostiquées chez trois chiens [12].
8. Traumatismes de la membrane
nictitante
Le bord libre de la membrane nictitante peut
être sujet à des traumatismes qui entraînent des
plaies plus ou moins étendues (pHoro 16) t4l.
S'il s'agit d'un lambeau de petite taille, r-rne simple
résection chimrgicale suffit [13].
Lors de traumatisme plus impofiant, une suture
microchir-r-rrgicale est pl,rtôt indiquée. Des greffes
de mr-rqueuse labiale pellvent aider lors d'infraction
géante [13].
Quel que soit le cas de figure, il est forlement
déconseillé de pratiquer l'exérèse de la membrane
nictitante car les répercussions sont extrêmement
graves pollr la cornée.
9. Corps étranger implanté sous
(ou dans) la membrane nictitante
La surface bulbaire de la membrane nictitante
est une localisation fréquente des corps étrangers
en particr-rlier végétaux (eHoro 17). Un
:
O
:.
O
PHoro 17. Corps étranger planté
dans le bord libre de la membrane
nictitânte chez un chat.
pHoro 19. Synblépharon (séquelles d'herpès virose). Adhérences
cicatricielles entre la membrane nictitante et les conjonctives
bulbaire et palpébrale chez un chat.
ulcère cornéen qui ne répond pas aux traitements
classiques pet-lt être dû à un corps étrangcr
loge sous la membranc l)ictitante.
1O. Autres anomalies ou affections
de Ia membrane nictitante
> Absence de pigmentation dubordlibre
de Ia membrane nictitante
Le bord libre de la membrane nictitante est habituellement
pigmenté chez le chien. Une absence
de pigmentation mélanique accentue la visibilité
de la membrane nictitante, ce qui peut constituer
un motif de consultation. Un diagnostic
différentiel s'impose avec la procidence de la
membrane nictitante (euoro 18). Cette anomalie
n'a aucune conséquence pathologique.
Cependant, certains autellrs signalent une prédisposition
à certaines tr-rmelrrs induites par ies
r,rltraviolets, comme le carcinome épidenrroide.
> Adhérences cicatricielles entre la membrane
nictitante et la conjonctive bulbaire
ou p al p éb ral e (symbl é ph aron )
Ces adhérences, encore appelées symblépharon,
sont des séquelles d'herpèsvirose chez le
chat. Lérosion conjonctivale et la production
de fibrine sont responsables de ces adhérences
qui peuvent être plus ciu moins développées
(nHoro 19).
)
ô
:.

Membrane nictitante surnuméraire
Cette anomalie congénitale n'a fait l'objet, à ce
jou4 d'aucune publication.
Il s'agit de Ia présence d'une seconde membrane
nictitante sur un même æil, découvefte chez
un chien basset Hound àgê d'l an (puoro 20).
Cette anomalie était bilatérale.
Les deux membranes nictitantes surnuméraires
étaient localisées en région supéro-temporale
(donc en position opposée aux membranes
nictitantes normales).
Elles présentaient une structure anatomique et
histologique similaire à une membrane nictitante
norrnale, avec la présence d'un bord libre
pigmenté, d'un cartilage en T caractéristique et
d'un amas de nodules lymphoïdes à la base de
la membrane nictitante.
Les faces bulbaires de ces detx membranes nictitântes
surnuméraires présentaient une
conjonctivite folliculaire marquée.
# Conclusion
La grande variété des affections non spécifiques
et spécifiques qui atteignent la membrane nictitante
impose un examen ophtalmologique très
rigoureux.
2 - Bouhanna L,Zara J. Atlas des conjonctivites et des
kératites chez les carnivores domestiques. Ed. Med'Com,
Paris. 1999:92p.
3 - Clerc B. Ophtalmologie Vétérinaire. 2nd ed, PointVét
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nictitante chez le chien et le chat. Prat. Med. Chir. Anim.
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- Jongh O, Clerc B. lmmunopathologie en ophtêlmologie
pHoro 20. Membrane nictitante sumuméraire chez un chien basset
hound âgé de 1 an. Noter la conjonctivite folliculaire âssociée.
Des modifications de la membrane nictitante
peuvent aussi être des signes d'affections générales
(syndrome de Claude Bernard-Horner,
entérite, etc.) ou d'affections loco-régionales
(affections orbitaires en particulier)'
Dans tous ies cas et quel que soit le traitement,
médicai ou chir-urgical, l'attitude est de tenter
de conser-ver la membrane nictitante, ainsi que
la glande nictitante qui h-ri est associée. En effet,
les rôles protecteurs de ces deux stn-rctures sont
indispensables pour le maintien de f intégrité
de 1'reil.
1 997;3 2(SupplémenD :65-74.
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:
> La face externe de la
membrane nictitante est
très facilement examinable
par rétropulsion du globe
oculaire. Lexamen de la face
bulbaire nécessite une
anesthésie locale et l'emPloi
d'une pince de Graefe
pour l'éverser.
> La conjonctivite folliculaire
est une affection très
fréquente. Observée souvent
chez le jeune chien,
son origine reste encore
problématique. Cette
inflammation est causée Par
un conflit antigène-anticorps
consécutif aux infections
bactériennes ou virales, aux
agressions par des allergènes
ou par des substances
irritantes.
> Linfiltration lymphoplasmocytaire
de la
membrane nictitante est
une affection rencontrée
le plus souvent chez le berger
allemand, mais peut aussi
atteindre d'autres races
comme le berger belge,
le colley, le berger Shetland
ou le greyhound. Elle Peut
être accompagnée
d'une kératite superficielle
chronique.
> Les tumeurs primitives
de la membrane nictitante
sont rares chez le chien
et chez le chat.
Le s référen ce s compl ète s
de cet article sont
consultables sur Ie site
Rubrique formation
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