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Isabelle Révidat-Roquemaure - proplus

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NewValues – <strong>Isabelle</strong> <strong>Révidat</strong>-<strong>Roquemaure</strong><br />

Lecture problématisée – Entraînement à l’oral<br />

[Corrigé]<br />

Extrait 1 - Jean GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935) – I,1 « Oh ! justement, Cassandre ! … Qui t’a dit autre chose ? »<br />

En quoi les conceptions opposées que les deux femmes se font du Destin influencent-elles leur vision du monde ?<br />

METHODE<br />

Repérer d’abord les actants : les deux femmes, Cassandre et Andromaque, qui ont des avis opposés à propos d’un troisième actant, le Destin ; ensuite, constater que chacune d’elle voit son<br />

contexte différemment, en fonction de son regard personnel sur le monde et l’humanité.<br />

AMORCE : Dans cette scène d’exposition, Andromaque et Cassandre argumentent à propos du Destin de Troie : chacune d’elle va nous donner à voir un monde différent, en<br />

accord avec son état d’esprit.<br />

ANALYSE<br />

1- Les deux femmes considèrent le Destin comme une force mais elles ne lui attribuent pas les mêmes caractérisations<br />

Pour Cassandre, le Destin est personnifié et malfaisant : elle le compare à un tigre dangereux qui ne demande qu’à attaquer : [ouvre un œil – s’étire – se pourlèche – se met en<br />

marche – monte les marches – pousse du mufle…] : verbes d’action personnification + facettes négatives (métaphore filée de l’animal) - Cassandre met en évidence la<br />

progression chronologique du destin « en marche » : les points de suspension indiquent également cette évolution (suspense : « le voilà… le voilà… »)<br />

Cependant, Andromaque ne semble pas comprendre le point de vue de Cassandre : « il s’agit de quoi ? » ou encore « je ne sais pas… », « je ne comprends pas… », « je ne te<br />

comprends pas » ; elle refuse même de l’écouter : « je ne te crois pas », « tais-toi ! », « tu mens ! » ; à la prédiction sinistre de Cassandre : « le destin s’agite », Andromaque réagit<br />

par une boutade humoristique et provocatrice : « il s’agite dans les femmes qui n’ont pas de mari » (allusion à la virginité de Cassandre, vouée au dieu Apollon) – Pour elle, le Destin<br />

est représenté par la stabilité de la famille : son mari Hector (« il arrive », « il aura son mot à dire ») et leur futur fils (« je vais avoir un enfant »).<br />

Elles voient donc leur situation de façon antithétique : connecteur d’opposition « mais » x2 ; antithèses : « bien le recevoir » ≠ « le recevoir grossièrement » / « on lui rendra » ≠<br />

« on ne lui rendra pas » / « aura lieu » ≠ « n’aura pas lieu » / « phrases négatives » ≠ « affirmations » ; Cassandre mène le dialogue en posant des questions (?) et en reprenant les<br />

paroles d’Andromaque pour les neutraliser ou même les ridiculiser (le chiasme entre « Hélène » et « Paris »), alors que celle-ci tente jusqu’au bout de s’en protéger (!).<br />

Leurs positions sont antagonistes : pour l’une le destin est défavorable, pour l’autre il est sans danger, voire adjuvant. Leur débat met en évidence la dimension philosophique de l’œuvre.<br />

2- En effet, cette opposition leur fait considérer le monde de façon très différente : on le voit à travers les indices spatio-temporels qui évoquent leurs univers respectifs<br />

Pour Andromaque, la Paix règne sans partage sur la ville et le monde entier : « le bonheur tombe sur le monde »… « la beauté aussi »… » - Elle décrit un environnement familier<br />

et rassurant : [faubourgs – maisons de pêcheurs – arbre] et même poétique : [nacre - sort le murmure des coquillages] – Le monde qu’elle évoque est utopique : « vivre en paix »,<br />

« entente entre l’homme et les bêtes », on peut se l’imaginer comme un paradis terrestre (image du chat et du cavalier) ou les hommes sont « modestes » et « bons ».<br />

Par contre, Cassandre met en évidence une vision différente qui reste négative à cause de l’ironie cynique qu’elle emploie systématiquement : « paralytiques traînés devant les<br />

portes », « les hémiplégiques sur leur petit banc » évoquent une humanité souffrante ; la peur règne dans son univers (« effroyable », « épouvantable ») ; elle craint « deux<br />

bêtises, celle des hommes et celle des éléments » : elle sait déjà que les dieux et les humains vont s’allier pour détruire sa civilisation.<br />

D’ailleurs, les repères temporels illustrent cet antagonisme sur le plan météorologique : « ce soleil » / « une vraie neige » mais aussi chronologique : le bonheur d’Andromaque la<br />

pousse à se sentir euphorique, comme au premier jour d’une nouvelle vie qu’elle évoque au présent de VérGén.: [en un jour pareil – vivre en paix … aujourd’hui – premier jour de<br />

l’entente… - immortels]. Mais Cassandre est une devineresse ; elle n’oublie pas le passé et devine le futur : « C’était la dernière. La suivante l’attend. » Elles n’ont donc pas la même<br />

notion du temps : Andromaque nage dans un bonheur intemporel, Cassandre envisage avec lucidité un futur angoissant.<br />

Elles semblent vivre dans deux contextes différents, car leurs convictions leur font voir leur environnement soit en noir, soit en rose… Le « pari » initial est exposé.<br />

BILAN : On a donc deux visions antithétiques du Destin qui correspondent à deux conceptions du monde antithétiques, l’une idéaliste, celle d’Andromaque, l’autre pessimiste, celle<br />

de Cassandre : psychologiquement, cela s’explique par le bonheur conjugal d’Andromaque et l’amertume de Cassandre ; mais philosophiquement, c’est celle-ci qui aura raison<br />

finalement : les portes de la guerre finiront par s’ouvrir… Pour elle comme pour Giraudoux, les défauts des hommes finissent par faire pencher la balance…


NewValues – <strong>Isabelle</strong> <strong>Révidat</strong>-<strong>Roquemaure</strong><br />

Lecture problématisée – Entraînement à l’oral<br />

[Corrigé]<br />

Extrait 2 - Jean GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935) – I,9 « Je ne lis pas l’avenir … c’est bien sa bague »<br />

Montrez comment réagit Hector face aux visions d’Hélène<br />

METHODE<br />

Il s’agit de rétablir l’ordre logique des deux axes de réflexion : démontrer tout d’abord qu’Hélène possède une forme de divination et analyser son fonctionnement ; puis, dans un deuxième<br />

temps, étudier les réactions d’Hector face à cette révélation et expliquer les mécanismes qui se mettent en place et déterminent la suite de l’œuvre…<br />

AMORCE : Hector et Cassandre rencontrent Hélène pour tenter de la rallier à leur cause : ils espèrent la convaincre de rentrer d’elle-même à Troie afin d’éviter la guerre.<br />

Hector va découvrir progressivement les dons de divinations d’Hélène mais aussi leurs limites…<br />

ANALYSE<br />

1- Hélène, tout comme Cassandre, semble avoir des visions concernant l’avenir de Troie et des Troyens<br />

Hélène a toutes les caractéristiques d’une « voyante » : dès sa première phrase, Hector la pose en « concurrente » de Cassandre (« elle aussi lit l’avenir »). Les répétitions du verbe voir (vois /<br />

voyez…), son champ lexical (« yeux », « lentille ») et ses synonymes (« distinguer », « reconnaître », « regarder », « contempler ») viennent confirmer ce thème de la prophétie, de même que l’emploi du<br />

futur et les multiples prolepses que constituent les visions de la jeune femme : « le couple Andromaque-Hector… vieilli, heureux… ». Pour Hector, ces visions reflètent la réalité future : « au fond de vos<br />

yeux… on peut les y voir ? »<br />

De son propre aveu, Hélène « voit » véritablement le futur, mais avec plus ou moins d’intensité – ce qui, selon elle, détermine le degré de probabilité de ces visions : elle oppose les « scènes colorées »<br />

aux scènes « ternes » et en donne des exemples : la destruction de la ville (« rouge vif »), la mort de Pâris (« un morceau d’aurore ») allient couleur et lumière (« étincelle », « luisant »), alors que la<br />

scène de son départ de Troie reste obscure : « c’est tout sombre », « je ne vois scintiller ni… ni… ni… », avec un rythme ternaire insistant sur l’absence de tout élément positif. Il s’agit donc de<br />

véritables tableaux, de tranches de vie qui lui apparaissent plus ou moins clairement, ce que son expérience traduit ainsi : « jusqu’ici, ce sont toujours les scènes colorées qui ont eu lieu » (l.4).<br />

Hélène ne revendique donc pas ce don de divination, et tente même de le minimiser : « je peux très bien voir… extraordinairement luisant, et qu’il n’arrive rien », « personne n’est infaillible » (l.46) ;<br />

elle affirme : « je ne lis pas l’avenir » - et accumule les négations pour le prouver : « je ne sais pas », « je ne vois pas », « non, rien du tout », « je ne peux arriver à rien distinguer ». Elle n’a pas<br />

l’assurance des prophétesses, elle questionne (« pourquoi ? », « quoi ? ») et se montre docile : « Partons… nous verrons bien », jeu de mots qui traduit sa passivité face à un destin qu’elle subit, bien loin<br />

de le maîtriser. Elle se contente de décrire objectivement ce qu’elle voit : « je vous répète simplement » et refuse d’interpréter sa vision.<br />

Cet apparent détachement témoigne donc de l’impuissance d’Hélène ; loin de constituer un don précieux – et utilisable, ses visions la rendent odieuse aux personnes concernées…<br />

2- Hector réagit de différentes façons face à ces révélations qui le touchent de près<br />

Son premier réflexe de défense est d’employer l’ironie : par des questions insistantes et tendancieuses (« n’est-ce pas ? », « je pense ? »), des antiphrases (« Parfait ») et des oxymores (« soleil<br />

gris », « yeux aveugles »), des anachronismes surprenants (« albums de chromos », « feuilleter vos gravures »). Il cherche ainsi à déstabiliser Hélène et se montre sarcastique, à la limite de<br />

l’agressivité : « vous doutez-vous… ou est-ce inconscient ? », il cherche à la faire réagir : « vous insultez l’humanité »<br />

En fait, il cherche à obtenir des précisions sur l’avenir de son peuple et de sa famille : dans ce dialogue, il joue le rôle de l’inquisiteur, Hélène celui de l’accusée qui répond à ses questions ; celles-ci<br />

sont souvent fermées (réponse « oui » ou « non ») et aucun véritable échange ne peut s’établir. Le détachement d’Hélène le pousse à se montrer insistant (emphases répétées : « vous voyez.. ? », « vous<br />

le voyez ? », « vous la voyez ? ») voire agressif (l.14 « vous vous moquez de moi ») et même menaçant (l.59 à 63) : le passage du « vous » au « tu » accentue la force des menaces qu’il profère : « tu<br />

pleurerais, si on allait te tuer… ? ». La réponse d’Hélène qui répète le mot « cri », les phrases brèves et la ponctuation expressive contribuent à la violence de cet échange.<br />

Au-delà de ces réactions instinctives, Hector se montre un chef en prenant des décisions sans appel : il veut forcer le Destin et éviter la guerre évoquée à travers son champ lexical : [battons,<br />

sacrifions, bataille, cadavre]. Le futur injonctif traduit sa détermination : « nous allons vous remettre aux grecs », « tu repartiras ce soir », « tu rentreras ». Le début et la fin du passage témoignent<br />

de ses efforts : dans la tirade l.6 à 12, il peint un tableau aux couleurs vives et contrastées : [violette/ocre-or/argent – blanc/noire-rouge/vert/amarante] et éclatant de lumière : [midi, aveuglant] dans<br />

l’espoir qu’Hélène « voie » la scène et que celle-ci se réalise. A la fin du passage, en désespoir de cause, il évoque « un soleil gris », « une mer grise » comme un défi au Destin.<br />

La variété de ces réactions montre combien Hector se sent désemparé face à l’attitude d’Hélène : il va se battre pour les siens, mais sait déjà que le Destin est contre lui en la personne d’Hélène, que rien ne<br />

semble pouvoir atteindre…<br />

BILAN : Même si Hélène se montre incapable de coopérer avec les Troyens pour empêcher la guerre, l’avenir qu’elle dévoile est édifiant : la fin sera destructrice et meurtrière,<br />

et on passe de la comédie à la tragédie, d’une simple histoire d’adultère à la disparition d’une civilisation toute entière, déjà planifiée par le Destin…


NewValues – <strong>Isabelle</strong> <strong>Révidat</strong>-<strong>Roquemaure</strong><br />

Lecture problématisée – Entraînement à l’oral<br />

Extrait 3 - Jean GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935) – II,5 « Quel est cet étranger ? … choisis. »<br />

Comment le discours éloquent de Busiris contribue-t-il à mettre en évidence le côté absurde de la guerre ?<br />

METHODE<br />

La formulation de la question donne le plan à suivre : Busiris utilise une langue et des arguments apparemment de haut niveau, mais sans grande signification ni utilité…<br />

[Corrigé]<br />

AMORCE : Les propos de Busiris dans cette scène sont destinés à exposer à ses interlocuteurs les raisons pour lesquelles la guerre doit être déclarée à la Grèce du point de vue<br />

politique ; cet expert international reconnu de tous et envoyé par le Sénat s’exprime dans un registre de langue soutenu, destiné a priori à emporter l’adhésion sans conteste de<br />

ceux qui le consultent…<br />

ANALYSE<br />

1. Busiris tente de se montrer clair, en utilisant une syntaxe adaptée au raisonnement qu’il va développer<br />

Un dialogue très bien construit : questions / réponses demande d’information des interlocuteurs ( ?) et affirmations de Busiris (phrases déclaratives) + une exclamation + des emphases : « c’est<br />

donc… » mise en valeur de ses idées. Ce discours est rythmé par les trois ordres d’Hector : « Explique-toi » « Continue » « Achève », qui correspondent à son plan : « Premièrement »<br />

« Deuxièmement » « Le troisième manquement » construit comme une dissertation classique (thèse/antithèse/synthèse) : on a trois fois la même structure (une analyse fondée sur un exemple)<br />

Un discours à la logique apparemment imparable, présenté comme une vérité absolue des phrases logiques, équilibrées (PP/PSC) qui ont un rôle explicatif : « Mon avis … est que… » - « J’ai été<br />

assez heureux pour obtenir que… » - Il utilise également des connecteurs caractéristiques d’un raisonnement logique : [donc – d’ailleurs – ni – c’est-à-dire – aussi – mais] - Présence d’hyperboles<br />

généralisantes (« en rien ») et emploi du présent de vérité générale (« Un navire… hisse » « c’est le type même… »…) - De nombreuses phrases simples, purement informatives : « La riposte a été<br />

cinglante » - « Il ne subsiste plus une pierre de ses murs », sans modalisation (nuances) ni commentaire subjectif.<br />

Un vocabulaire spécifique afin de donner du poids à son discours et d’impressionner ses interlocuteurs des apostrophes flatteuses : « Princes », « Princes et chers collègues » - des termes<br />

savants en latin : « de visu » ou issus directement de l’étymon : « subséquente » - Des termes techniques, appartenant au lexique de la marine : [flotte – en ancrant – pavillon – ramat – écoutière -<br />

trirème], de la guerre : [eaux territoriales – formation de face – mesures offensives-défensives – forme larvée du blocus] - Des termes spécialisés dans le domaine du droit international : [au dernier<br />

congrès – enquête subséquente – droit des peuples - règles internationales - un précédent – un manquement au premier degré]<br />

On remarque le souci de Busiris de présenter une démonstration rigoureuse, en restant apparemment « partial » et « neutre » : c’est un expert dans son domaine et la forme de son discours est censée<br />

témoigner de son esprit logique, de même son lexique est bien celui d’un expert (« le plus grand expert vivant ») : il est élitiste, réservé à des initiés de son niveau…<br />

2. Mais ce discours est creux et sans valeur : il n’apporte pas de solution au problème qui se pose et met en évidence l’absurde de la situation<br />

Un discours peu crédible la primauté de la forme sur le fond : aucune différence entre « offensive-défensive » et « défensive-offensive » – Des exemples qui sont en réalité des contre-exemples :<br />

deux réactions à des manquements « de pure forme » qui ont provoqué des catastrophes (« Ophéa vaincue » – « Plus d’Ophéa ni d’Ophéens » - « Magnésie… elle l’a perdue » - « plus une pierre de ses<br />

murs ») ≠ à l’absence de réaction au 3 ème manquement dévalorisé (« négligeable ») alors qu’il est le seul réellement important (« sans permission » « par traîtrise ») et urgent (présent d’énonciation +<br />

lexique de la violence : [brutal – scandale – provocation – criant – tuer]) les critères de décision ne sont pas les bons : « un manquement qui n’a pas été fait dans les formes » « moins grave » : les<br />

causes des guerres ne sont donc souvent pas fondées (ex. 1 et 2), ou si elles sont fondées, elles n’ont pas lieu (ex. 3) : elles ne sont donc jamais légitimes.<br />

Un discours sans véritable consistance Disproportion du temps de parole dans le dialogue : Busiris monopolise la parole ≠ ses interlocuteurs interviennent très brièvement, mais la qualité du discours<br />

est inversement proportionnelle à sa quantité - Présence de l’ironie chez les interlocuteurs par l’utilisation d’antiphrases : « Parfait », « Je t’en félicite. Nous avions eu peur », « Te voilà renseigné » <br />

les personnages ne le prennent pas au sérieux, le lecteur non plus…<br />

Même s’il se montre péremptoire, son discours manque de bon sens et de pragmatisme Valeur accordée à la « sympathie universelle », « position morale internationale » ≠ non prise en compte de la<br />

réalité concrète : lexique de la défaite : [vaincue – perdue] et de la destruction : [anéantissement – riposte cinglante] appliqués à la civilisation humaine : [nation – ville – population] - Un discours<br />

inutile puisque la question est la même à la fin qu’au début : « La situation a deux issues. Encaisser un outrage ou le rendre. Choisis. » : on retrouve à la fin la même situation qu’au début, on a un cycle <br />

absurde – Le statut de Busiris est remis en cause : « neutre », « témoin partial », ces caractérisations ont une connotation négative<br />

Le discours de Busiris n’a fait que mettre en évidence l’absurdité de la guerre et n’a pas permis aux Troyens de trouver la solution qu’ils attendaient de lui.<br />

BILAN : Le discours de Busiris, obscur et emphatique, n’a aucune valeur et ne propose aucune solution : Giraudoux propose au lecteur une parodie des discours que prononçaient<br />

à son époque les experts chargés d’analyser les causes et les conséquences de la première guerre mondiale, et les difficultés des relations internationales, pour montrer que<br />

leurs raisonnements creux ne peuvent mener qu’à de nouveaux conflits sans fin : la guerre est un éternel recommencement…


NewValues – <strong>Isabelle</strong> <strong>Révidat</strong>-<strong>Roquemaure</strong><br />

Lecture problématisée – Entraînement à l’oral<br />

[Corrigé]<br />

Extrait 4 - Jean GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935) – II,8 « Je ne sais pas … de la supporter. »<br />

Montrez qu’Andromaque cherche à atteindre Hélène en jouant sur deux registres : celui de l’affectivité et celui de la raison.<br />

METHODE<br />

La formulation de la question donne le plan à suivre : pour justifier la visée argumentative, on utilise des arguments portant à la fois sur la structure des phrases (types de phrases), sur le<br />

choix du vocabulaire et sur les thématiques développées – La prise en compte de ces différents éléments permet de déterminer de façon certaine les deux registres choisis.<br />

AMORCE : La structure de ce passage permet d’en déterminer le type : Andromaque exorte Hélène à assumer ses sentiments et son comportement ; elle a pour but de l’émouvoir<br />

et de la convaincre, ce qui justifie les registres de son discours.<br />

ANALYSE<br />

1- Andromaque emploie les ressources de la langue pour prêter à son discours les émotions qu’elle ressent profondément et qu’elle veut faire partager à Hélène :<br />

Elle tente d’attendrir Hélène, de l’émouvoir par l’évocation des malheurs qu’elle est susceptible de provoquer sur sa famille et son peuple (« cet enfant », « nous allons souffrir, mourir ») :<br />

utilisation d’hyperboles pour donner plus de force à sa démonstration : « tout »/ « tous » - « perpétuel » - « aucun » - « c’est là l’horreur » - « c’est épouvantable » ; de plus, utilisation de<br />

phrases courtes (nominales ou PI simples) : « Je vous en supplie », « Vous ne l’aimez pas ! », « Oh ! non » phrases affectives, interjections, apostrophe + ponctuation expressive ( ! et …)<br />

Elle fait preuve d’une certaine agressivité qui s’explique par sa douleur à l’idée de perdre ceux qu’elle aime, pour une cause absurde qui n’en vaut pas la peine : elle apporte<br />

systématiquement la contradiction à Hélène : « Vous ne l’aimez pas » (x2), « oh non, Hélène », « Ils ne le croient pas » et emploie de très nombreuses phrases négatives ; elle lui donne aussi<br />

des ordres (injonctions) : « Aimez Pâris ! », « dites-moi » x2 (répétition) et montre son indignation : « mourir pour un couple officiel » ; l’épreuve qu’Hélène leur fait vivre lui semble vaine.<br />

Elle joue sur l’expression du sentiment amoureux : l’évocation en parallèle des deux couples (Andromaque/Hector et Hélène/Pâris) a pour but de faire prendre conscience à Hélène de ses<br />

propres sentiments, par analogie : C.Lex de l’amour [aimer – entente – accord – amoureux – passion – couple – adorent]. Elle connaît l’amour et voudrait le susciter chez Hélène…<br />

La tonalité première de ce discours est donc lyrique : Andromaque laisse s’exprimer ses sentiments personnels, positifs ou négatifs, elle parle selon son cœur, sans chercher à maîtriser son<br />

émotion. C’est une femme inquiète qui parle sans détours à une autre femme ; mais cette spontanéité se double d’un discours plus habile, plus construit, qui fait appel à son intelligence…<br />

2- En effet, les termes qu’elle emploie montrent la cohérence de son discours et mettent en évidence la démonstration qu’elle pense susceptible de convaincre Hélène :<br />

Elle emploie une langue et un style complexes pour renforcer son raisonnement et souligner ses idées-clés : « Tous les êtres sécrètent une nouvelle sueur » - « Tous les événements<br />

revêtent un nouveau vernis » (métaphore + anaphore) – Elle emploie aussi la synonymie : [hypocrisie – simulacre – mensonge] – [âges – siècles – avenir] – [races – peuples] et l’antonymie par<br />

complémentarité : [femme≠homme couple] ou par exclusion : [beauté≠laideur] – [splendeur≠malheur] insistance sur ce qu’elle veut exprimer – La phrase oratoire « Penser que…, que…,<br />

que… qui… » = [PP/PSC – PSC – PSC/PSR] + anaphore + rythme ternaire type de phrase qui allie le sentiment à la force de la démonstration ; on peut aussi relever de nombreux connecteurs<br />

logiques fonctionnant sur le même schéma : mais (opposition restrictive) si (hypothèse) alors (implication) discours argumentatif pour montrer l’absurde de la relation Hélène/Pâris.<br />

Son vocabulaire est choisi pour être à la fois frappant et précis : des termes abstraits, du domaine de la pensée : [idées – pensée – raisonnements] - Des termes complexes formés de<br />

radicaux et d’affixes : « épouvant/able » - « précau/tions » - « raison/ne/ment » formant des noms abstraits - Des termes savants proches des étymons : « hypocrisie » - « simulacre » -<br />

« hymnes » un lexique choisi destiné à impressionner son interlocutrice et à élever le débat.<br />

La présence du champ lexical du destin apporte une tonalité plus profonde à son discours : [dieux - destin – sort] ≠ aux verbes d’action qui marquent la volonté humaine d’agir contre lui.<br />

Les hommes préfèrent se mentir que de renoncer à la guerre voulue par les dieux : cf. l’avant-dernière réplique d’Andromaque (CL du mensonge) : elle veut qu’Hélène choisisse la vérité, elle<br />

veut l’amener à réfléchir en la mettant devant un choix difficile qui demande de la lucidité et du courage : assumer son amour ou y renoncer définitivement.<br />

Le lexique d’Andromaque est riche et varié : elle choisit des mots abstraits et nobles, propres à impressionner Hélène, et à lui imposer le respect. Comme elle veut se montrer convaincante, elle<br />

n’hésite pas à détailler sa pensée en insistant sur les points importants, ce qui explique l’emploi du registre oratoire qui donne à son discours un poids presque tragique.<br />

BILAN : Le discours d’Andromaque a une visée pragmatique : toucher cette glaciale Hélène par des arguments empreints d’affectivité, jouer sur d’éventuels sentiments, sur une<br />

fibre intérieure dont elle n’est pas sûre que son interlocutrice la possède vraiment. Il s’agit donc d’un ultime essai, celui de la dernière chance, dans lequel elle met toute sa<br />

passion pour la vie, pour sa famille et son peuple, mais également tout son art rhétorique, afin de se donner toutes les chances non seulement de persuader, mais aussi de<br />

convaincre Hélène – tout cela en vain… La conscience qu’a le lecteur de l’inutilité de cet effort la rend pathétique et admirable, en tout cas extrêmement émouvante.


NewValues – <strong>Isabelle</strong> <strong>Révidat</strong>-<strong>Roquemaure</strong><br />

Lecture problématisée – Entraînement à l’oral<br />

[Corrigé]<br />

Extrait 5 - Jean GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935) – II,13 « Et voilà le vrai combat … nous allons nous battre »<br />

En quoi la confrontation de ces deux personnages, à la fois amis et ennemis, est-elle paradoxale ?<br />

METHODE<br />

Repérer d’abord les deux actants réels (Ulysse et Hector, héros de la guerre de Troie) et fictifs (les deux « hommes » dont ils parlent pour généraliser) ; définir leur relation ambiguë : ils<br />

sont ennemis (en guerre) mais semblent amis étonnant. Du coup, chercher comment la caractérisation des personnages et le contexte dans lequel ils évoluent reflètent cette ambiguïté.<br />

AMORCE : Dans ce passage, Ulysse décrit à Hector le comportement étonnant de deux actants virtuels, ennemis en guerre, mais également amis ; en prenant ces exemples, il<br />

parle de façon implicite d’Hector et de lui-même… La situation d’énonciation du texte reflète cette ambiguité.<br />

ANALYSE<br />

1- Les deux hommes qui représentent Ulysse et Hector sont présentés comme des ennemis<br />

Leurs positions sont antithétiques [d’en face – ennemis] et ils évoquent les actes hostiles qu’ils sont susceptibles de commettre : « tuer l’autre » - « arracher … la visière de son casque »<br />

- « nous battre » - Leurs peuples également les opposent : « peuples en conflit » - « se taisent et s’écartent » - « ils se quittent » éloignement moral et physique – deux hommes que tout<br />

semble séparer, personnellement et collectivement : ils appartiennent aux deux camps opposés<br />

Leurs caractérisations s’opposent c’est le but du dialogue initial, dans lequel ils essaient de déterminer lequel « pèse » le plus (métaphore filée de la balance = le destin, « les dieux »),<br />

c’est-à-dire lequel a le plus de valeur, et devrait être sauvé : on a ainsi un système antithétique opposant leurs caractéristiques physiques et morales ; leurs âges et les valeurs<br />

correspondantes : [jeune – joie – amour] ≠ [adulte – méfiance – circonspection], mais aussi des symboles opposés qui les représentent : [chêne (force) ≠ olivier (endurance)] ou [faucon<br />

(agressivité) ≠ chouette (sagesse)] ils semblent opposés en tout point, rien ne les rapproche a priori – ils représentent deux types d’hommes apparemment incompatibles.<br />

La chronologie employée oppose le temps de paix au temps de guerre « à la veille de toute guerre » « le lendemain pourtant éclate la guerre » / « une heure avant la guerre »<br />

≠ « longtemps après » - Elle oppose aussi le présent au futur : « nous nous parlons » ≠ « nous nous parlerons » (prolepse) – ils semblent ne pas appartenir à la même temporalité : l’un<br />

représente le passé (Ulysse), l’autre le futur (Hector) – comment peuvent-ils se rejoindre ?<br />

Leurs positions sont antagonistes dans la réalité, puisqu’ils discutent face à face en utilisant des arguments contraires en fonction de leurs personnalités antithétiques ; mais les<br />

repères spatio-temporels évoquent aussi, symboliquement, le conflit en puissance sur le point d’éclater.<br />

2- Pourtant, ils semblent vivre une rencontre empreinte d’une profonde amitié potentielle<br />

Ils sont présentés comme un deux amis proches Ils vivent une relation réciproque : verbes pronominaux [se rencontrent – s’étudient – se regardent – nous nous parlons – nous nous<br />

réconcilions …] - Ils agissent ensemble : 1 ère P. Pluriel : [nous x4 – notre – nos] / / « tous deux » - Leurs caractérisations sont appréciatives [pacifiques – modestes – loyaux – combles de<br />

paix] – « sensés, justes et courtois » (gradation ternaire) ces deux personnages se respectent et se reconnaissent à leur juste valeur : différents, mais également honorables…<br />

Ils apprécient le moment privilégié qu’ils partagent, leurs perceptions sont positives : « tiédis par le soleil » (toucher) - « se regardent » (vue) – « boire », « vin clairet » (goût) – « leurs<br />

langages » (ouïe) ils ont conscience de ce luxe : emploi des impératifs [goûtons x2 – savourons] et métaphore (filée) appréciative : « un plat de riches » – Du coup, leurs pensées sont<br />

extrêmement poétiques : [ces reflets et ces rides sur les eaux – sur l’épaule des pétales de magnolias] – cet instant est au présent : il est comme une stase, entre parenthèses dans le temps.<br />

Le contexte dans lequel ils évoluent évoque la paix Champ lexical de la Paix : [paix x2 – pacifiques – amour – frères x2 – se sourire] + [aucun…guerre – rien d’incompatible] (anti-champ<br />

nié) + « fraternité d’ennemis » (oxymore) - Le décor de leur discussion est idyllique : [innocent village – terrasse au bord d’un lac – angle d’un jardin] ; ils sont loin de la réalité conflictuelle,<br />

dans un monde à part : [seuls – isolés – au-dessus de la catastrophe – voir les catastrophes d’une terrasse] – ils sont capables de transcender leur condition d’ennemis.<br />

Ils sont décrits comme des « frères » qui, bien que différents, partagent une même façon de vivre et de penser : ils évoluent en harmonie, tout les rapproche. Ils dialoguent au sein de<br />

la nature, dans un contexte quotidien et insouciant, dans une atmosphère idéale : ils vivent une sorte d’utopie qui les place pour un court moment en dehors des problèmes de la vie réelle.<br />

BILAN : Le discours d’Ulysse a pour but de montrer à Hector que, même s’ils semblent bien s’entendre, ils restent cependant des ennemis qui devront tôt ou tard quitter leur<br />

position privilégiée et combattre ; ces moments précieux qu’ils partagent sont très fragiles, fugitifs : ils doivent apprécier cette « fraternité d’ennemis » paradoxale avant de<br />

regagner leurs contextes respectifs, dans lesquels la guerre les attend, une guerre qu’ils savent tous deux ne pouvoir éviter, puisque l’Univers, le Destin en a décidé ainsi.


NewValues – <strong>Isabelle</strong> <strong>Révidat</strong>-<strong>Roquemaure</strong><br />

Lecture problématisée – Entraînement à l’oral<br />

[Corrigé]<br />

Extrait 6 - Jean GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935) – II,14 Scène intégrale<br />

En quoi ce dénouement est-il à la fois comique et tragique ?<br />

METHODE<br />

L’œuvre est une tragi-comédie, les deux registres sont donc présents dans l’ensemble de la pièce, de façon plus ou moins accentuée selon les scènes ; ici, ils sont relativement équilibrés.<br />

AMORCE : Il s’agit du dénouement, c’est-à-dire de la scène finale de la pièce : jusqu’à présent, la question de savoir si la guerre aura lieu ou non, énoncée dans la titre, n’a pas<br />

été tranchée : le suspense est à son comble… La situation va se dénouer subitement, par une série de quiproquo qui vont décider du sort des humains…<br />

ANALYSE<br />

1- Ce dénouement n’est pas dépourvu d’aspects comiques (que l’on a déjà pu constater tout au long de la pièce)<br />

Le comique de langage et de geste est le plus évident : l’attitude des personnages manque de noblesse, en cet instant pourtant solennel Oiax, qui fait partie du cortège d’Ulysse, a une attitude<br />

triviale : il est « de plus en plus ivre » et titube sur scène (didascalie), et Andromaque se « bouche les oreilles » pour ne rien entendre. Les personnages en viennent même aux mains : Cassandre lutte<br />

avec Oiax pour l’éloigner d’Andromaque (didascalie) et Hector « essaie de détacher les mains d’Andromaque qui résiste » (didascalie). Le comique de paroles est surtout présent dans la stichomythie<br />

finale, à cause des nombreux effets de répétion d’une part (« tué », « c’est moi », « c’est lui »… ), mais surtout de l’effet de musicalité créé par le nom d’ « Oiax » prononcé à huit reprises, ce qui amène<br />

cette remarque de Cassandre qui compare ce son au cri du corbeau : « il meurt, comme il a vécu, en croassant » réification de Demokos.<br />

Le comique de situation est également présent : il résulte des variations d’intensité successives au cours de cette scène, qui oscille entre des moments où la tension est à son comble (lors de<br />

l’agression d’Oiax, et de sa mort), rendant la guerre inévitable, et ceux où les choses semblent s’arranger pour préserver la paix (départ d’Ulysse, départ d’Oiax, mort de Demokos) – ces contrastes si<br />

rapprochés peuvent faire sourire, d’autant plus qu’ils sont systématiquement soulignés par deux effets théâtraux : Hector qui « lève peu à peu » puis « descend imperceptiblement » son javelot pour<br />

finalement le relever pour tuer Démokos ; et le rideau qui « avait commencé de tomber » puis « se lève peu à peu », et « tombe définitivement » en même temps que s’ouvrent les « portes de la guerre ».<br />

Ces retournements de situation génèrent bien un effet comique : « la guerre n’aura pas lieu » ≠ « elle aura lieu ».<br />

Le comique de genre doit être aussi analysé : cette pièce pourtant sérieuse se termine comme un vaudeville : le thème de l’adultère est omniprésent (Andromaque et Oiax, Hélène et Troïlus), le<br />

personnage de l’homme trompé (Hector et Pâris) est toujours comique ; de plus, Giraudoux ne respecte pas la règle classique de la bienséance, puisque non seulement les morts de Démokos et d’Oiax ont<br />

lieu sur scène (« Demoko, tombant. Il m’a tué ! » - « Ils tiennent Oiax… Voilà, ils l’ont tué ! »), mais encore la didascalie finale nous dévoile un baiser impudique : « Elles découvrent Hélène qui embrasse<br />

Troïlus » et on relève le CL du corps et de la séduction : [tenir dans mes bras, touchais, embrassais, cou, oreille, baisers]. On a ici l’atmosphère légère que l’on peut retrouver dans l’Opéra-bouffe<br />

d’Offenbach : La Belle Hélène (voir docs. complémentaires)<br />

Le comique est donc bien présent sous différents aspects, même s’il est nuancé par la tonalité tragique de ce dénouement.<br />

2- Cependant, c’est bien le registre tragique qui domine<br />

Les sentiments négatifs, la violence, la souffrance et la mort sont omniprésentes : le seul personnage noble de cette scène est Hector, il va aller jusqu’à épargner un ennemi qui le provoque (Oiax)<br />

et tuer l’un des siens (Demokos) pour préserver la paix ; la situation est bien tragique et n’a d’autre issue possible que la mort finale des Troyens et de nombre de Grecs – puisqu’on sait que la guerre va<br />

avoir lieu et sera destructrice et mortifère… Les champs lexicaux de la guerre : [armes, chant de guerre, frappé] et de la mort : [tué, mort, meurt] en témoignent, comme les plaintes pathétiques<br />

d’Andromaque : « Je suis brisée », « je n’ai plus la force d’entendre »…<br />

Le Destin domine les êtres humains : ils ressentent son emprise peser sur leurs vies (Andromaque : « la misère du monde est sur moi » - « avant que notre sort soit fixé ») ; toutes les tentatives pour<br />

en changer le cours échouent : les interventions répétées de Cassandre (« Partez » x2, « Allez »), l’action décisive et courageuse d’Hector est pervertie par le mensonge de Demokos (« Il ment »,<br />

« avoue-le ») et la précipitation d’Abnéos qui incite la foule à tuer Oiax (« Rattrapez-le !... Châtiez-le ! ») ; tous deux, comme d’ailleurs Oiax lui-même, ne sont que des instruments du Destin – c’est lui<br />

qui a provoqué ces hasard successifs qui vont conduire inéluctablement à la guerre.<br />

La mise en scène de l’Absurde : la pièce est construite sur un cycle que met en évidence sa problématique : la guerre de Troie aura-t-elle lieu ou non ? Or, le lecteur/spectateur (cultivé…) sait bien<br />

qu’elle a eu lieu : dès le départ, la fin était déjà connue et les tentatives humaines vouées à l’échec : comme une mécanique bien huilée, les événements ont joué contre les humains sans tenir compte de<br />

leurs espoirs ni de leur bonheur. Bien plus, l’unique justification acceptable (celle de la passion qui unirait Hélène et Pâris – voir II,8) est réduite à néant : « Hélène qui embrasse Troïlus ». Le mot de la<br />

fin : « la parole est au poète grec » désigne implicitement l’œuvre d’Homère qui va narrer la suite tragique de l’œuvre de Giraudoux.<br />

Le comportement héroïque d’Hector ne sauvera pas Troie ni sa famille : « Le rideau tombe définitivement » sur un arrêt tragique et sans appel.<br />

BILAN : Le message de Giraudoux est donc très pessimiste : la guerre a eu lieu, a lieu, aura lieu tant qu’il y aura des hommes car elle est inhérente à la nature humaine…

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