LE MÉTIER D'AGRICULTEUR MULTIPLICATEUR DE SEMENCES

LE MÉTIER D’AGRICULTEUR MULTIPLICATEUR DE SEMENCES
INTRODUCTION
par Daniel Dattée (*)
Nous voudrions apporter aujourd’hui un éclairage sur une production agricole originale. Au
regard des statistiques et de la nomenclature officielle, la multiplication de semences est parfois
considérée comme une culture mineure. Cela n’est pas exact au regard des superficies qui dépassent
350.000 hectares (tableau 1), c’est-à-dire presqu’autant que la betterave à sucre, trois fois plus que
la pomme de terre, ni au regard du nombre de producteurs agricoles qui sont 26.000 environ, c’està-dire
6,5 % des exploitations agricoles en France.
Tableau 1
- Semences
- Tournesol
- Pommes de terre
- Légumes d’industrie
- Betteraves
Nombre de
producteurs
26.000
Surfaces
(ha)
350.000 ha
90.000 700.000 ha
Chiffre d’affaires au stade
agricole (hors subventions)
610 millions d’Euros
(soit 4 milliards de Francs)
107 millions d’Euros
(soit 0,7 milliard de Francs)
30.000 150.000 ha 1.150 millions d’Euros
(soit 7,5 milliards de F)
7.000 80.000 ha 183 millions d’Euros
(soit 1,2 milliards de F)
32.000 440.000 ha
1.143 millions d’Euros
(soit 7,5 milliards de F)
(source Chambres d’agriculture – repères économiques 2001/2002)
Mais il n’échappe à personne ici que la semence est avant tout un des tous premiers facteurs
de la production végétale. A travers le choix de la semence, c’est-à-dire de l’espèce et de la variété,
le producteur agricole va chercher à optimiser l’ensemble des autres facteurs de son exploitation,
tels que son parcellaire, son terroir, son savoir-faire, ses équipements, mais aussi à s’adapter aux
contraintes des règlements économiques ou agro-environnementaux.
La semence est le vecteur de la combinaison génétique originale créée par les sélectionneurs
pour satisfaire le producteur agricole et, au-delà, le consommateur. En retour, la semence, grâce aux
royalties versées pour son utilisation, est le support physique du financement de la recherche
variétale. C’est pourquoi, loin d’être mineure, la multiplication des semences est, au contraire, une
culture d’importance majeure pour le développement du progrès génétique.
(*)
Correspondant de l'Académie d'Agriculture. Directeur général de la Fédération nationale des Agriculteurs
Multiplicateurs de semences.
C.R. Acad. Agric. Fr., 2002, 88, n°1, pp. 00-00. Séance du 23 janvier 2002.

La « multiplication » a deux sens : c’est, d’une part, l’opération arithmétique qui sert à
augmenter le nombre d’objets ; c’est aussi, en biologie, la reproduction d’êtres vivants par le
passage d’une génération à l’autre. Très justement, l’agriculteur multiplicateur assure, par le moyen
de la reproduction, la multiplication de semences en nombre plus grand.
On ne s’intéressera, aujourd’hui, qu’à la reproduction sexuée des espèces agricoles et
horticoles dont la multiplication se fait au champ et produit des graines. Je souhaite que d’autres
nous parlent un jour de la multiplication végétative. C’est la méthode la plus utilisée pour les
espèces ornementales ou en arboriculture, qui a connu de grands développements techniques et
économiques ces dernières années.
Les agriculteurs multiplicateurs de semences –chaque mot compte– sont des agriculteurs qui
multiplient des semences. Comme tout agriculteur, le multiplicateur de semences doit gérer au
mieux l’ensemble des caractéristiques agronomiques, climatiques et économiques de son
exploitation. Le passage par le terrain est une réalité dont la multiplication de semences ne peut pas
s’affranchir. M. Jean-Noël Dhennin, agriculteur multiplicateur en Eure-et-Loir, illustrera tout à
l’heure la manière dont il exerce cette spécialisation et nous montrera aussi que l’organisation de la
multiplication sur le terrain est complexe et très élaborée.
L’utilisateur de semences, qu’il soit agriculteur, jardinier amateur ou horticulteur, demande
d’abord à la semence de bien germer, y compris en conditions de levée difficiles. Les semences ne
doivent transporter ni adventices indésirables, ni maladies ; elles doivent être aptes à supporter
elles-mêmes des traitements, lesquels sont parfois agressifs.
Mme Fabienne Ladonne, responsable du Service Études et Recherche au Laboratoire de la
FNAMS (Fédération Nationale des Agriculteurs Multiplicateurs de Semences) expliquera quelles
sont les différentes qualités attendues d’une semence et comment ces qualités s’élaborent dans la
parcelle de multiplication.
M. Jean-Pierre Monod, agriculteur multiplicateur de semences dans l’Aude, ancien Président
du GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semences) et Vice-Président de la FNAMS,
a bien voulu accepter de conclure en tirant quelques enseignements des exposés et des débats.