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TRADITION ET MODERNITÉ - Académie d'Agriculture de France

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PRODUCTIONS CIDRICOLES<br />

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<strong>TRADITION</strong> <strong>ET</strong> <strong>MODERNITÉ</strong><br />

par Jean-Marie Bidault 1 Jean-Michel Le Quere 2 et Jo Primault 1<br />

Avant <strong>de</strong> décrire les métho<strong>de</strong>s d’élaboration <strong>de</strong>s cidres et d’examiner le lien entre mo<strong>de</strong>rnité<br />

et tradition, il nous semble utile d’évoquer les attentes du consommateur vis à vis <strong>de</strong> cette boisson<br />

car ce sont principalement ces attentes qui ont toujours défini aux élaborateurs leurs objectifs et<br />

leurs contraintes.<br />

Les cidres d’aujourd’hui : une boisson « plaisir » qui se doit d’être « saine »<br />

Une caractéristique, aujourd’hui totalement oubliée, a sûrement constitué, dans le passé, une<br />

raison majeure <strong>de</strong> consommation : comme le vin, le cidre bénéficiait, <strong>de</strong> par sa composition<br />

(principalement le pH inférieur à 4.5 mais aussi la présence d’alcool, <strong>de</strong> polyphénols et l’absence <strong>de</strong><br />

nutriments), d’une quasi-protection contre le développement <strong>de</strong> bactéries pathogènes. A une époque<br />

encore peu éloignée ou les eaux <strong>de</strong> consommation n’offraient pas la garantie bactériologique<br />

qu’elles offrent aujourd’hui, ce caractère « <strong>de</strong> boisson saine » qu’évoquait Pasteur à propos du vin a<br />

certainement été une raison objective <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> cidre.<br />

Actuellement, la consommation <strong>de</strong> cidre ne peut guère être motivée ni par le risque<br />

bactériologique lié à la consommation <strong>de</strong> l’eau, ni par <strong>de</strong>s notions nutritionnelles classiques : les<br />

quantités <strong>de</strong> nutriments (lipi<strong>de</strong>s proti<strong>de</strong>s) sont trop faibles pour être prises en compte dans une<br />

ration alimentaire. La quantité <strong>de</strong> gluci<strong>de</strong>s est parfois plus conséquente, mais elle ne peut être<br />

considérée comme un avantage. A souligner cependant (Demigné et al., 2003) la composition du<br />

sucre résiduel - essentiellement du fructose - plus intéressant sur le plan diététique, les teneurs<br />

élevées en potassium et surtout la présence <strong>de</strong> polyphénols qui semble être un réel argument<br />

nutritionnel en faveur <strong>de</strong>s cidres. Ces <strong>de</strong>rniers sont <strong>de</strong> plus en plus étudiés pour leur rôle<br />

antioxydant, lequel serait lié à <strong>de</strong>s effets anticardiovasculaires, voire anticancérigènes (Demigné et<br />

al., 2003), or, les cidres français en contiennent <strong>de</strong>s quantités importantes (Guyot et al., 2003). Par<br />

ailleurs, la faible teneur en alcool constituerait aujourd’hui plutôt un avantage. Cependant, bien<br />

qu’étant aussi riche en composés phénoliques voire, dans certains cas plus riche, le cidre n’a pas su,<br />

comme le vin, mettre en valeur ses avantages nutritionnels.<br />

Ni boisson indispensable sur le plan sanitaire ni perçu comme aliment utile à la<br />

nutrition/santé, le cidre aujourd’hui joue surtout la gamme <strong>de</strong>s « boissons plaisir ». La saveur,<br />

l’arôme, la couleur n’étaient d’ailleurs pas négligés par le passé comme en témoignent divers<br />

travaux (Le Paulmier, 1896; Warcollier, 1928) qui mettent l’accent sur la qualité <strong>de</strong>s cidres, mais<br />

ces aspects <strong>de</strong>vaient être secondaires pour beaucoup d’élaborateurs. Aujourd’hui, au contraire,<br />

comme les autres boissons alcoolisées, la « valeur hédonique » est essentielle pour le<br />

consommateur. La notion <strong>de</strong> « qualité sensorielle » est cependant complexe et il est souvent difficile<br />

<strong>de</strong> distinguer les aspects objectifs <strong>de</strong> l’image que le consommateur se fait du produit. Cependant,<br />

quelques-uns <strong>de</strong>s éléments objectifs qui constituent la base sensorielle <strong>de</strong>s cidres peuvent être reliés<br />

à la composition et constituent la trame sur laquelle s’établissent les métho<strong>de</strong>s d’élaboration. Parmi<br />

ceux-ci, la présence <strong>de</strong> sucres résiduels qui confèrent la saveur sucrée, l’acidité et le pH qui donnent<br />

la saveur aci<strong>de</strong> et la présence <strong>de</strong> polyphénols qui sont responsables <strong>de</strong> la saveur amère, mais aussi<br />

1 CTPC<br />

2 URC INRA Le Rheu.<br />

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<strong>de</strong> la sensation d’astringence et <strong>de</strong> la couleur. La présence <strong>de</strong> gaz carbonique dissous également<br />

contribue à la fois à l’acidité et à une sensation particulière – l’effervescence. Si l’équilibre <strong>de</strong> ces<br />

diverses saveurs et sensations constitue la base relativement objective <strong>de</strong> l’appréciation d’un cidre,<br />

la complexité <strong>de</strong>s produits sera surtout apportée par l’ensemble <strong>de</strong>s perceptions olfactives. Sur ce<br />

plan, les cidres se caractérisent surtout par <strong>de</strong>s arômes fruités et très volatils mais d’autres<br />

évolutions, dues à <strong>de</strong>s microorganismes d’altération, peuvent réduire la satisfaction du<br />

consommateur en altérant les caractéristiques sensorielles. En outre, dans la construction <strong>de</strong> l’image<br />

« qualité », viennent également s’associer, pèle mêle, <strong>de</strong>s impressions subjectives concernant<br />

l’impact <strong>de</strong> l’origine du produit, son « authenticité » ainsi que <strong>de</strong>s liaisons réelles ou supposées avec<br />

les métho<strong>de</strong>s d’élaboration.<br />

A ceci s’ajoute une autre contrainte « <strong>de</strong> riches » : l’absence <strong>de</strong> substances supposées<br />

présenter <strong>de</strong>s risques sanitaires. Aujourd’hui, même <strong>de</strong>s risques mineurs, incertains ou touchant une<br />

population particulière sont refusés selon l’application du principe <strong>de</strong> précaution. Ainsi la présence<br />

<strong>de</strong> patuline qui serait cancérigène à très forte concentration, la présence <strong>de</strong> résidus phytosanitaires<br />

ou d’adjuvants <strong>de</strong> fabrication pouvant paraître suspects ou présenter <strong>de</strong>s risques d’allergie pour<br />

quelques personnes doivent être impérativement évités : désormais il s’agira vraisemblablement là<br />

d’une condition minimale pour que le produit soit accepté. De même <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s qui seraient peu<br />

respectueuses <strong>de</strong> l’environnement risquent <strong>de</strong> nuire à l’image du produit même si actuellement les<br />

cidres bénéficient d’un a priori plutôt favorable.<br />

En résumé et <strong>de</strong> façon quelque peu réductrice, si le cidre était consommé traditionnellement<br />

pour ne pas boire <strong>de</strong> l’eau, il doit aujourd’hui, avant tout être <strong>de</strong> bonne qualité sensorielle avec<br />

toute la subjectivité que cela implique, être dépourvu <strong>de</strong> toxicité potentielle réelle ou supposée,<br />

avoir une bonne image tant sur le plan environnemental que sur celui <strong>de</strong> son élaboration et, si<br />

possible, pouvoir revendiquer quelques effets santé pour ne pas être en reste. En outre, ces<br />

caractéristiques recherchées doivent être stables dans le temps et d’un lot à l’autre, sous peine<br />

d’être considérées comme défectueuses. Il reste cependant une forte diversité <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui est<br />

liée avant tout à la définition que chacun donne à la notion <strong>de</strong> « bonne qualité sensorielle ».<br />

Les réponses techniques aux contraintes d’hier et d’aujourd’hui<br />

Ces attentes <strong>de</strong>s consommateurs constituent une sorte <strong>de</strong> cahier <strong>de</strong>s charges implicite qui<br />

définit le produit fini. Selon sa clientèle, le cidrier va tenter d’établir un itinéraire technique pour<br />

atteindre les objectifs qu’il s’est donné en respectant au mieux les contraintes <strong>de</strong> ce cahier <strong>de</strong>s<br />

charges.<br />

Transformation<br />

De la <strong>de</strong>scription que nous venons <strong>de</strong> faire plus haut, on peut déduire quatre contraintes<br />

importantes qui interviennent au niveau <strong>de</strong> la transformation : la volonté <strong>de</strong> maintenir une présence<br />

<strong>de</strong> sucres résiduels, le souhait d’avoir un produit effervescent, la recherche <strong>de</strong> caractéristiques<br />

olfactives positives (arômes fruités-cidres) et la volonté d’éviter l’apparition <strong>de</strong> faut-goûts. A cellesci<br />

s’ajoute, <strong>de</strong> façon implicite, la nécessité <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> la stabilité <strong>de</strong>s produits. D’autres<br />

caractéristiques telles que l’amertume et l’acidité sont principalement liés à la matière première et<br />

seront considérées surtout comme une contrainte dans le choix <strong>de</strong>s variétés <strong>de</strong> pommes.<br />

La présence <strong>de</strong> sucres résiduels<br />

La présence <strong>de</strong> sucres résiduels et par conséquent d’une source d’énergie facilement utilisable<br />

pour tous les microorganismes (glucose et fructose) pose <strong>de</strong>ux problèmes<br />

technologiques indissociables : arrêter la fermentation avant son terme pour qu’il reste du sucre et<br />

assurer la stabilité microbienne et fermentaire <strong>de</strong>s cidres autrement que par carence en substrat<br />

énergétique. Ces <strong>de</strong>ux difficultés ont toujours contribué considérablement aux choix<br />

technologiques.<br />

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Traditionnellement un ensemble d’étapes permet d’obtenir cette stabilisation (Drilleau, 1996;<br />

Le Quéré & Drilleau, 1998) en épuisant les nutriments azotés indispensables pour la croissance <strong>de</strong>s<br />

flores. La « défécation » constitue une première étape qui consiste à faire gélifier enzymatiquement<br />

la pectine du moût en présence <strong>de</strong> calcium. La flore levurienne, alors en pleine croissance,<br />

consomme <strong>de</strong>s nutriments azotés pour se développer, appauvrissant ainsi le moût. Les micro-bulles<br />

<strong>de</strong> gaz carbonique produites par le début <strong>de</strong> fermentation font flotter le gel et entraînent ainsi à la<br />

fois les bourbes et les levures produites. La réduction <strong>de</strong> nutriments et <strong>de</strong>s bourbes dans le moût<br />

soutiré limitera la croissance ultérieure <strong>de</strong>s levures et donc la vitesse <strong>de</strong> fermentation. La convection<br />

dans la cuve étant alors réduite, les levures décantent et <strong>de</strong>s soutirages successifs permettent <strong>de</strong><br />

réduire la biomasse. Toutefois, cette « technologie » nécessitant une barrique et un siphon présente<br />

<strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> dysfonctionnement importants : L’activité enzymatique et la teneur en calcium sont<br />

souvent trop faibles, les nutriments en trop forte concentration et les soutirages peu efficaces. Deux<br />

types d’échec sont à redouter : D’une part le cidre risque <strong>de</strong> fermenter à sec, d’autre part<br />

l’épuisement en nutriment peut être insuffisant pour atteindre la stabilisation finale.<br />

Les artisans et fermiers d’aujourd’hui sont restés relativement proches <strong>de</strong> ces métho<strong>de</strong>s quant<br />

aux principes biologiques et physico-chimiques mis en œuvre. La « défécation » parfois appelée<br />

clarification haute est toujours la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> clarification préfermentaire utilisée mais avec une<br />

efficacité accrue. Les travaux <strong>de</strong> l’INRA (Baron & Drilleau, 1982; Baron et al., 1981) ont permis <strong>de</strong><br />

faire passer le taux <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong> 30 - 50% sans intervention à 90 - 95 % actuellement<br />

lorsque les conditions sont respectées. La métho<strong>de</strong> actuelle comprend un enzymage (enzyme<br />

fongique) et un ajout <strong>de</strong> calcium sous forme <strong>de</strong> chlorure <strong>de</strong> calcium. La séparation du gel <strong>de</strong> pectate<br />

<strong>de</strong> calcium se fait toujours par flottation « spontanée » dans la plupart <strong>de</strong>s cas, mais il est<br />

envisageable aujourd’hui d’assurer la séparation par introduction <strong>de</strong> microbulles d’azote au moyen<br />

d’un flottateur (Le Quéré et al., 1986). De même, l’élimination <strong>de</strong> la biomasse constitue toujours la<br />

métho<strong>de</strong> utilisée pour réduire la vitesse <strong>de</strong> fermentation et le potentiel nutritionnel mais elle est, en<br />

général, réalisée par centrifugation ou filtration pour plus d’efficacité et éviter les principaux aléas<br />

<strong>de</strong>s soutirages successifs. Dans ces conditions, une seule réduction <strong>de</strong> biomasse à un sta<strong>de</strong> bien<br />

choisi est souvent suffisante. Globalement, la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduite <strong>de</strong>s fermentations est<br />

aujourd’hui suffisamment maîtrisée pour pouvoir fournir à la clientèle un cidre légèrement sucré et<br />

assez stable pour éviter les reprises <strong>de</strong> fermentation intempestives.<br />

Pour mieux maîtriser l’élaboration tout en respectant les principales contraintes, les cidriers<br />

industriels ont rapi<strong>de</strong>ment employé d’autres métho<strong>de</strong>s : éliminer les levures par centrifugation,<br />

assembler <strong>de</strong>s cidres secs avec <strong>de</strong>s moûts ou <strong>de</strong>s cidres peu fermentés, coller et filtrer les cidres<br />

avant embouteillage pour que les cidres soient stables sur le plan physico-chimique. La contrainte<br />

<strong>de</strong> stabilité microbiologique est souvent résolue en pasteurisant le produit fini, car la présence <strong>de</strong><br />

produits non fermentés rend l’assemblage très fermentescible. Pour une industrialisation plus<br />

poussée, la tentation était forte <strong>de</strong> disposer d’une matière première stable, stockée sous volume<br />

réduit, homogène et disponible toute l’année. Une solution consiste à produire, comme les cidriers<br />

anglais (Drilleau, 1989), du cidre à partir <strong>de</strong> dilutions <strong>de</strong> concentrés <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pommes (Drilleau,<br />

1988) ce qui divise par huit le volume <strong>de</strong> cuverie nécessaire et permet d’optimiser l’ensemble du<br />

matériel. Ces produits appelés « ci<strong>de</strong>rs », sans doute trop différents <strong>de</strong>s cidres traditionnels, ne se<br />

sont pas imposer sur le marché français : seuls les cidres « premier prix » sont aujourd’hui élaborés<br />

avec, dans leur assemblage, une certaine proportion <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> produits. Les solutions<br />

industrielles décrites sont, en quelque sorte, les choix extrêmes : en réalité, la technologie<br />

industrielle se situe, en général, à mi-chemin entre ces métho<strong>de</strong>s qui éliminent presque tous les<br />

aléas et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s plus nuancées proches <strong>de</strong> la technologie artisanale.<br />

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Les différents itinéraires technologiques décrits découlent <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> cidre « sucré » et<br />

permettent d’atteindre simultanément les <strong>de</strong>ux objectifs contradictoires que sont la présence <strong>de</strong><br />

sucres résiduels et la stabilité. Comment peuvent évoluer ces métho<strong>de</strong>s dans le futur immédiat ?<br />

Parmi les attentes <strong>de</strong>s consommateurs, il en est d’autres qui peuvent intervenir dans les choix<br />

futurs : La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> produits plus « authentiques » même si ce qualificatif semble très mal<br />

défini, le refus <strong>de</strong>s techniques réputées drastiques telle que la pasteurisation, le souhait d’être<br />

garanti <strong>de</strong> la stabilité <strong>de</strong>s qualités initiales dans le temps et la régularité <strong>de</strong>s produits d’un lot à<br />

l’autre. Les <strong>de</strong>ux premières attentes citées correspon<strong>de</strong>nt d’avantage à la clientèle actuelle <strong>de</strong>s<br />

artisans et fermiers tandis que les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières sont sans doutes mieux satisfaites par les<br />

industriels. Mais il est peut-être envisageable <strong>de</strong> rapprocher les métho<strong>de</strong>s : améliorer suffisamment<br />

la maîtrise <strong>de</strong>s fermentations par réduction <strong>de</strong> biomasse pour que les industriels puissent avoir dans<br />

leur gamme un ou <strong>de</strong>s cidres non pasteurisés. Inversement, <strong>de</strong>s techniques comme la microfiltration<br />

tangentielle qui n’étaient utilisées qu’en industrie, et principalement pour la production <strong>de</strong> jus <strong>de</strong><br />

pommes, commencent à équiper les ateliers artisanaux pour la filtration <strong>de</strong> cidre. Cet outil va<br />

permettre d’envisager un embouteillage pauvre en germe qui <strong>de</strong>vrait améliorer la stabilité<br />

bactériologique sans employer la pasteurisation, tout en réduisant les rejets.<br />

L’effervescence<br />

La plupart <strong>de</strong>s cidres commercialisés contiennent du gaz carbonique qui les rend pétillants.<br />

Cette effervescence peut être obtenue <strong>de</strong> différentes façons (Le Quéré, 1992) :<br />

• par rétention d’une partie du gaz carbonique lors d’une fermentation dite <strong>de</strong> prise <strong>de</strong><br />

mousse ; elle peut être conduite :<br />

− soit en bouteilles par <strong>de</strong>s levures qui resteront dans la bouteille (prise <strong>de</strong> mousse en bouteille)<br />

− soit dans une cuve résistant à la pression et dont la sortie <strong>de</strong> gaz est fermée (« cuve close »)<br />

• soit par saturation d’un cidre dit « plat » au moyen <strong>de</strong> gaz carbonique exogène.<br />

Qu’il soit exogène ou endogène, le gaz carbonique apporte la même sensation mais, selon la<br />

métho<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s différences secondaires peuvent être perceptibles : Il est souvent décrit une « finesse<br />

<strong>de</strong> bulles » qui serait liée à la prise <strong>de</strong> mousse en bouteille. Par ailleurs, l’oxygène qui a été introduit<br />

dans la bouteille lors du conditionnement peut oxy<strong>de</strong>r le cidre au cours du stockage s’il n’est pas<br />

consommé, or, toutes les métho<strong>de</strong>s ne sont pas équivalentes sur ce plan.<br />

La prise <strong>de</strong> mousse en bouteille qui peut être considérée comme la métho<strong>de</strong> « traditionnelle »<br />

se réalise sans moyens techniques : dans sa version la plus simple le cidre contenant du sucre<br />

résiduel est embouteillé avec une population levurienne faible mais active. Le gaz apporté par la<br />

faible fermentation résiduelle se dissous dans le cidre tandis que la décantation <strong>de</strong>s levures entraîne<br />

progressivement une baisse <strong>de</strong> leur activité. Métho<strong>de</strong> la plus courante chez les producteurs fermiers,<br />

son premier avantage est la simplicité <strong>de</strong> mise en œuvre car c’est un cidre non effervescent qui est<br />

embouteillé. L’absence d’intrants et la possibilité d’utiliser la mention « effervescence naturelle »<br />

est plutôt favorable à l’image du produit. Par ailleurs la levure consomme l’oxygène introduit au<br />

cours <strong>de</strong> l’embouteillage évitant ainsi l’oxydation. En revanche la durée et l’intensité <strong>de</strong> la<br />

fermentation restent difficiles à maîtriser et les levures qui restent actives dans la bouteille peuvent<br />

sursaturer le cidre. Dans les années 90 nous avions proposé <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une filtration du cidre<br />

avant embouteillage pour éliminer les flores présentes (levures et bactéries) afin <strong>de</strong> réduire les<br />

risques d’altération et éviter les trop fortes populations levuriennes. Un ensemencement par une<br />

quantité connue <strong>de</strong> levures sèches actives permet alors <strong>de</strong> limiter les incertitu<strong>de</strong>s même si elle ne<br />

résout pas toutes les difficultés. Un test <strong>de</strong> fermentescibilité actuellement en cours <strong>de</strong> mise au point<br />

au CTPC <strong>de</strong>vrait améliorer encore la métho<strong>de</strong> en permettant la détection <strong>de</strong>s cidres trop riches en nutriments.<br />

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La prise <strong>de</strong> mousse en cuve close est très proche <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> mousse en bouteille dans son<br />

principe : il s’agit également d’une « effervescence naturelle » mais la stabilité est améliorée car les<br />

levures peuvent être éliminées avant conditionnement. En revanche, l’embouteillage nécessite un<br />

matériel nettement plus coûteux (cuve résistant à <strong>de</strong>s pressions élevées, soutireuse isobarométrique)<br />

d’autant qu’il est également préférable d’utiliser <strong>de</strong>s soutireuses qui inertent les bouteilles pour<br />

éviter les goûts d’oxydation. La métho<strong>de</strong> est peu utilisée, mais quelques artisans ou industriels l’ont<br />

adoptée pour <strong>de</strong>s cidres haut <strong>de</strong> gamme.<br />

Enfin, la saturation par du CO2 exogène est utilisée par les industriels et par une gran<strong>de</strong> partie<br />

<strong>de</strong>s artisans. Cette métho<strong>de</strong> permet, par une opération ponctuelle, d’introduire une quantité précise<br />

<strong>de</strong> CO2. Outre la perte <strong>de</strong> l’image « naturel », ce choix technologique présente, comme la prise <strong>de</strong><br />

mousse en cuve close, <strong>de</strong>ux principaux inconvénients : la nécessité d’un embouteillage<br />

isobarométrique et le risque d’une modification sensorielle due à l’oxydation en bouteille. Ce<br />

<strong>de</strong>rnier inconvénient peut, cependant, être évité par la conception d’une chaîne <strong>de</strong> fabrication qui<br />

évite l’introduction d’oxygène.<br />

Signalons également une solution mixte que nous avions proposée (Le Quéré, 1992) qui<br />

consiste à assurer l’effervescence par dissolution <strong>de</strong> CO2 ou par cuve close, tout en ajoutant une<br />

faible quantité <strong>de</strong> levure pour consommer l’oxygène introduit à l’embouteillage. Si le cidre a été<br />

suffisamment épuisé en nutriments, la croissance <strong>de</strong> cette levure sera limitée et elle n’aura que peu<br />

d’effet fermentaire.<br />

Flores secondaires et diversité aromatique<br />

Outre ces caractéristiques gustatives majeures que nous venons <strong>de</strong> décrire, les cidres se<br />

caractérisent par leur diversité aromatique. Certaines flores levuriennes <strong>de</strong> début <strong>de</strong> fermentation -<br />

les levures oxydatives – en association avec <strong>de</strong>s levures fermentative du genre saccharomyces,<br />

semblent contribuer <strong>de</strong> façon conséquente à ces sensations olfactives positives qui constituent le<br />

« fruité cidre ». Les interactions entre ces <strong>de</strong>ux flores sont, en gran<strong>de</strong> partie, liées à la disponibilité<br />

<strong>de</strong> l’oxygène. Or, l’oxygène est, par ailleurs, consommé par les réactions d’oxydations initiées par<br />

la polyphénoloxydase (PPO). La compétition entre système biochimique et système<br />

microbiologique est actuellement à l’étu<strong>de</strong> et serait vraisemblablement essentielle pour définir les<br />

conditions fermentaires du cidre en début <strong>de</strong> fermentation. Y interviennent l’activité PPO du moût<br />

et les substrats polyphénoliques mais aussi les traitements <strong>de</strong>s moûts tels que la clarification<br />

préfermentaire décrite plus haut et les besoins en oxygène <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s flores. Ces étu<strong>de</strong>s<br />

permettront peut-être <strong>de</strong> vérifier certaines idées reçues couramment admises comme celle qui<br />

affirme que les cidres obtenus par fermentation lente et après clarification préfermentaire sont plus<br />

aromatiques. Quelles que soient les explications, la différence aromatique entre les extrêmes ne fait<br />

pas <strong>de</strong> doute : un cidre obtenu par fermentation d’un moût stérile sous l’action <strong>de</strong> saccharomyces<br />

cerevisiae en flore pure est moins aromatique que <strong>de</strong>s cidres obtenus en fermentant <strong>de</strong>s moûts<br />

fraîchement clarifiés par <strong>de</strong>s flores mixtes « spontanées » (Le Quéré & Drilleau, 1993). C’est sans<br />

doute pour cette raison que, même en industrie, l’ensemencement s’est si peu développé, alors que<br />

dans d’autre industries <strong>de</strong> fermentation - œnologie, brasserie, fromagerie – les fermentations sont,<br />

<strong>de</strong>puis longtemps, conduites par <strong>de</strong>s flores sélectionnées introduites pour remplacer les flores<br />

« naturelles ».<br />

L’évolution récente <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s n’a pas accordé d’importance à ces flores sinon en laissant<br />

faire la succession <strong>de</strong>s flores présentes dans le moût sans chercher à les contrarier. Les<br />

connaissances acquises sur ces flores et sur leur interaction ont cependant permis <strong>de</strong> mieux<br />

comprendre leur fonctionnement et d’envisager d’orienter d’avantage cette étape. Dans l’évolution<br />

prévisible <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s, la fourniture <strong>de</strong> flores sélectionnées reste une solution envisageable mais,<br />

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il nous semble important <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r les flores secondaires, <strong>de</strong> savoir mener ces fermentations en<br />

flores mixtes et surtout <strong>de</strong> bien maîtriser les conditions <strong>de</strong> leur évolution.<br />

Flores d’altération et qualité sensorielle<br />

Outre ces flores positives, le cidre voit aussi se développer <strong>de</strong>s flores d’altération qui vont<br />

dégra<strong>de</strong>r la qualité sensorielle. Les altérations par les flores aérobies strictes comme les bactéries<br />

acétiques ne constituent plus guère un grave problème, car les cidres en cuves sont maintenus<br />

habituellement sous une légère fermentation qui suffit à empêcher le développement <strong>de</strong> ces flores.<br />

En revanche, les bactéries lactiques se développent très bien en anaérobiose. Parmi les bactéries<br />

lactiques, certaines comme œnococcus œni (Salih et al., 1987; Salih et al., 1990) sont capables <strong>de</strong><br />

transformer l’aci<strong>de</strong> malique (di-aci<strong>de</strong>, majoritaire dans la pomme) en aci<strong>de</strong> lactique (mono-aci<strong>de</strong>)<br />

par la transformation malolactique (TML) qui, par conséquent, réduit l’acidité. Cette réaction n’est<br />

pas à considérer comme une altération mais, lorsque la population bactérienne est trop importante<br />

elle peut également produire <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> acétique - piqûre lactique - à partir <strong>de</strong>s sucres. Une autre<br />

altération - « la graisse » était également attribuée à <strong>de</strong>s bactéries lactiques (Beech & Carr, 1977) -<br />

Leuconostoc, Lactobacillus. Cependant (Larpin et al., 2002) ont montré récemment qu’une bactérie<br />

du genre bacillus (Bacillus licheniformis) pouvait également en être responsable. Il s’agit d’une<br />

production <strong>de</strong> polysacchari<strong>de</strong>s qui confère au cidre une forte viscosité et rend alors difficile <strong>de</strong>s<br />

traitements comme la filtration. Elle semble régresser actuellement sans que l’on sache si c’est sous<br />

l’effet <strong>de</strong>s améliorations <strong>de</strong> l’hygiène d’élaboration, <strong>de</strong> l’ajout <strong>de</strong> SO2 ou <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s. Mais l’altération la plus redoutée est sans doute « le framboisé » qui consiste en une forte<br />

production d’éthanal. Deux mécanismes ont été proposés pour rendre compte <strong>de</strong> cette altération<br />

(Drilleau, 1976). Dans le premier, l’éthanal est produit en anaérobiose par <strong>de</strong>s bactéries acétiques à<br />

partir <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> lactique généré lors <strong>de</strong> la TML. Dans le second, l’éthanal est produit directement à<br />

partir <strong>de</strong>s sucres par une bactérie du genre zymomonas. Ce mécanisme serait actuellement la cause<br />

principale <strong>de</strong> l’altération comme indiqué par (Coton & Coton, 2003). Une étu<strong>de</strong> récente du CTPC<br />

(Bauduin et al. en cours <strong>de</strong> publication) a permis <strong>de</strong> montrer que, si les pH en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 3 ,7 ainsi<br />

que l’usage du SO2 en préventif présentent une efficacité certaine, l’épuisement <strong>de</strong> l’azote<br />

assimilable est le principal moyen pour éviter la croissance <strong>de</strong> la bactérie ce qui nous renvoie vers<br />

les techniques d’épuisement <strong>de</strong> l’azote. Enfin, <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>urs dites « animal », « cuir », « sous bois »<br />

peuvent apparaître dans les cidres lorsque celui-ci est maintenu à <strong>de</strong>s températures élevées (>15°C)<br />

pendant une pério<strong>de</strong> longue. Ces o<strong>de</strong>urs sont liées à la présence <strong>de</strong> certains phénols volatils que l’on<br />

attribue, en général, à <strong>de</strong>s souches <strong>de</strong> levures du genre brettanomyces. A faible teneur, elles ne<br />

gênent pas certains consommateurs, mais elles ren<strong>de</strong>nt les cidres repoussants lorsqu’elles sont trop<br />

marquées. Il semble, d’après les professionnels, que <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> consommateurs rejettent ces<br />

o<strong>de</strong>urs, ce qui nous amène à considérer cette évolution comme une altération.<br />

De façon générale, l’évolution récente a réduit le nombre <strong>de</strong> cidres à défauts. Quelles sont les<br />

évolutions qui ont contribué à cette amélioration ? Tout d’abord, les évolutions techniques tels que<br />

la maîtrise <strong>de</strong> la défécation, la filtration, l’usage du froid, l’ensemencement par <strong>de</strong>s levures sèches<br />

pour la prise <strong>de</strong> mousse contribuent à limiter l’impact <strong>de</strong>s bactéries ; <strong>de</strong> plus, cette évolution a fait<br />

prendre conscience aux cidriers que l’élaboration du cidre nécessite un vrai savoir-faire. Au cours<br />

<strong>de</strong>s 10 <strong>de</strong>rnières années, l’amélioration <strong>de</strong>s savoir-faire <strong>de</strong>s élaborateurs et le recrutement <strong>de</strong><br />

conseillers techniques proches <strong>de</strong>s petits producteurs ont permis progressivement, sinon d’éliminer,<br />

tout au moins <strong>de</strong> réduire la fréquence d’apparition <strong>de</strong>s altérations les plus importantes. Pour<br />

certaines altérations, les conseillers et le CTPC ont mis au point <strong>de</strong>s tests qui permettent <strong>de</strong> prévoir<br />

le risque et ainsi d’adapter la métho<strong>de</strong> d’élaboration pour éviter les situations les plus graves. Enfin,<br />

l’acquisition <strong>de</strong> nouvelles connaissances sur les mécanismes d’apparition <strong>de</strong>s altérations a déjà<br />

permis et surtout permettra dans les années qui viennent d’affiner la protection contre ces évolutions<br />

indésirables.<br />

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PRODUCTIONS CIDRICOLES<br />

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Production <strong>de</strong> matière première<br />

Plusieurs attentes sont répercutées par les transformateurs au niveau <strong>de</strong> la production <strong>de</strong>s<br />

fruits. L’originalité gustative <strong>de</strong>s cidres français, en particulier, impose que le choix <strong>de</strong>s variétés<br />

soit fait parmi ce qu’il est convenu d’appeler les pommes à cidre. Deux autres contraintes sont<br />

apportées au producteur par le transformateur : produire <strong>de</strong>s fruits aussi riches que possible en<br />

éléments d’importance technologique et fournir <strong>de</strong>s fruits sains, c’est à dire non altérés par <strong>de</strong>s<br />

moisissures.<br />

Par ailleurs, à chacune <strong>de</strong> ces contraintes s’ajoute, en toile <strong>de</strong> fond, la contrainte économique<br />

qui limite les choix : le système <strong>de</strong> production est un compromis entre un coût acceptable par le<br />

transformateur et une marge réaliste pour le producteur.<br />

Le choix variétal et son évolution<br />

Selon A. Chevalier, l'origine <strong>de</strong>s variétés cidricoles actuelles remonterait à l’Antiquité Elles<br />

seraient issues <strong>de</strong> croisements entre <strong>de</strong>s pommiers sauvages (Malus sylvestris) et <strong>de</strong>s variétés<br />

comestibles (Malus domestica). Elles ont probablement été introduites en Bretagne, Normandie et<br />

Cornouaille anglaise dès le Xème siècle et principalement à partir du XVème siècle.<br />

Chez le pommier, la fécondation est croisée. Chaque pépin correspond donc à un individu<br />

unique. Les pratiques anciennes <strong>de</strong> multiplication <strong>de</strong>s pommiers s’appuyaient sur la récolte <strong>de</strong><br />

jeunes plants (« surets ») ayant germé sur les tas <strong>de</strong> marc. De ce fait, il est aisé <strong>de</strong> comprendre<br />

l’origine du foisonnement <strong>de</strong>s variétés cidricoles. Dès 1872, le Congrès pour l’Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Fruits à<br />

Cidre réuni à Rouen constatait suite à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s jus et cidre : « … nos plantations d’arbres à cidre<br />

sont encombrées d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> variétés défectueuses qu’il faut éviter <strong>de</strong> planter … » (De<br />

Bouteville & De Hauchecorne, 1875).<br />

Depuis cette époque, <strong>de</strong> nombreuses associations pomologiques ont tenté <strong>de</strong> conduire un<br />

travail <strong>de</strong> sélection conservatrice (sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s variétés les plus intéressantes) et créatrice. Mais<br />

le cidre étant élaboré à partir <strong>de</strong> mélanges variétaux et les conditions <strong>de</strong> fabrication ayant une forte<br />

influence, la relation entre variété et caractéristiques organoleptiques <strong>de</strong>s produits finis n’est pas<br />

simple à mettre en évi<strong>de</strong>nce. Ces difficultés d'évaluation du potentiel « cidricole » <strong>de</strong>s variétés<br />

expliquent pourquoi les pomologues se sont généralement limités à la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s variétés<br />

rencontrées. Ainsi, entre 1949 et 1970, J. Fleckinger et ses collaborateurs ont observé et, pour<br />

partie, décrit plus <strong>de</strong> 1000 variétés. De même, les travaux <strong>de</strong> sélection conduits par le Comité <strong>de</strong>s<br />

Fruits à Cidre et l’INRA, sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> commissions professionnelles régionales, se sont appuyé<br />

sur quelques critères simples, dont l'effet est connu (richesse en sucre <strong>de</strong>s fruits, acidité,<br />

polyphénols totaux…) et sur les avis émis par les producteurs interrogés. Ces travaux ont conduit à<br />

la publication <strong>de</strong>s listes <strong>de</strong> variétés recommandées, puis <strong>de</strong> la liste <strong>de</strong>s 109 variétés inscrites au<br />

catalogue CTPS (Comité Technique Permanent <strong>de</strong> la Sélection <strong>de</strong>s plantes cultivées).<br />

Sur le plan botanique, il n’est pas possible d’établir <strong>de</strong> distinction entre pommes cidricoles et<br />

pommes <strong>de</strong> table. Ceci s’expliquerait par l’influence majeure <strong>de</strong> l’ancêtre commun (Malus<br />

dasyphylla) originaire d’Asie Centrale. En revanche, les 2 groupes <strong>de</strong> pommes se différencient non<br />

seulement par la saveur <strong>de</strong>s fruits mais aussi le comportement agronomique <strong>de</strong>s variétés.<br />

Au cours <strong>de</strong>s temps, <strong>de</strong>ux facteurs ont fortement influencé la sélection massale <strong>de</strong>s variétés<br />

cidricoles :<br />

− la tolérance aux maladies. Dans un contexte climatique favorable au chancre et à la tavelure,<br />

en l’absence <strong>de</strong> tout traitement, dès la pépinière, seules les individus rustiques ont été<br />

conservés. Le feu bactérien (Erwinia amylovora) n’est présent dans les régions cidricoles que<br />

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<strong>de</strong>puis 1989, d’où l’absence <strong>de</strong> sélection progressive « naturelle ». La gran<strong>de</strong> sensibilité <strong>de</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong>s variétés cidricoles vis à vis <strong>de</strong> cette maladie conforte la notion <strong>de</strong> « sousespèce<br />

». Selon JP Paulin, ce groupe serait et <strong>de</strong> loin le plus sensible <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

Maloi<strong>de</strong>ae (Paulin & Primault, 1993).<br />

− Le port <strong>de</strong> l’arbre. En raison <strong>de</strong> l’association pommiers-animaux ou pommiers-cultures, les<br />

variétés à port érigé ont été privilégiées. Ce choix explique, pour partie, le comportement <strong>de</strong>s<br />

variétés cidricoles : mise à fruit lente et alternance <strong>de</strong> production souvent totale. En effet, les<br />

travaux sur l’architecture <strong>de</strong>s arbres conduits par l’INRA ont mis en évi<strong>de</strong>nce les corrélations<br />

entre le port naturel <strong>de</strong> l’arbre, son potentiel florifère et fructifère et la régularité <strong>de</strong><br />

production. Les variétés à port pleureur sont souvent dénudées et n’alternent pas (Lespinasse<br />

& al.,1995).<br />

A la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la profession, J. Fleckinger (INRA) a initié en 1953 un programme<br />

d’amélioration génétique dans le but <strong>de</strong> sélectionner <strong>de</strong>s variétés typées par leur acidité pour le<br />

marché <strong>de</strong>s jus <strong>de</strong> pommes. Ce programme basé sur <strong>de</strong>s semis <strong>de</strong> pépins <strong>de</strong> variétés reconnues pour<br />

leur qualité s’est soldé par l’obtention <strong>de</strong> Judor, Juliana et Cidor. Plus récemment, afin <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong><br />

remédier aux 2 handicaps majeurs <strong>de</strong>s variétés cidricoles que sont l’alternance et la sensibilité au<br />

feu bactérien, un nouveau programme a été initié par l’INRA en 1987. Il s’appuie sur la fécondation<br />

contrôlée <strong>de</strong> variétés cidricoles d’intérêt technologique majeur par <strong>de</strong>s géniteurs INRA susceptible<br />

d’apporter les caractéristiques agronomiques recherchées. Ce programme est entré dans sa <strong>de</strong>rnière<br />

phase : vérification <strong>de</strong>s qualités agronomiques et technologiques <strong>de</strong>s 90 individus présélectionnés.<br />

La régularité <strong>de</strong> l’approvisionnement et la richesse <strong>de</strong>s fruits<br />

En raison <strong>de</strong> la diversité variétale non maîtrisée et surtout <strong>de</strong>s fluctuations qui en découlent,<br />

les élaborateurs industriels n’ont eu d’autre choix que <strong>de</strong> composer chaque année avec la matière<br />

première disponible. Les cahiers <strong>de</strong>s charges d’approvisionnement précisaient parfois la séparation<br />

<strong>de</strong>s fruits en catégorie « variétés douces à amères » d’une part et « variétés aigres » d’autre part ;<br />

ces <strong>de</strong>rnières étant orientées <strong>de</strong> préférence vers l’élaboration <strong>de</strong> jus <strong>de</strong> pommes. Constatant la<br />

diminution <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> fruits commercialisés, l’interprofession a encouragé, dès 1977, la<br />

plantation <strong>de</strong> vergers haute-tige ou basse-tige en contrat afin <strong>de</strong> garantir l’approvisionnement <strong>de</strong>s<br />

entreprises à court et moyen terme. La production cidricole est progressivement <strong>de</strong>venue une<br />

culture intégrée dans les exploitations sous forme d’atelier <strong>de</strong> production.<br />

La composition <strong>de</strong>s fruits est déterminée par 2 facteurs prédominants : la variété et le niveau<br />

<strong>de</strong> charge <strong>de</strong> l’arbre (nombre <strong>de</strong> fruits portés par l’arbre ; équilibre feuilles-fruits). Les facteurs <strong>de</strong><br />

milieu (conditions climatiques, sol…) influent aussi, mais dans une moindre mesure (CTPC, 2003).<br />

La maîtrise <strong>de</strong> la charge est donc un enjeu prioritaire qui conditionne la majorité <strong>de</strong>s choix<br />

techniques au verger. Sur le plan physiologique, les variétés cidricoles sont caractérisées par un<br />

potentiel florifère et fructifère très élevé : induction florale simultanée <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s yeux portés par<br />

le bois <strong>de</strong> 2 ans. La vigueur et le grand gabarit <strong>de</strong>s arbres ren<strong>de</strong>nt impossible <strong>de</strong> contrôler le nombre<br />

<strong>de</strong> boutons par les techniques <strong>de</strong> taille car les temps <strong>de</strong> travail sont incompatibles avec les<br />

contraintes économiques. De plus, elles s’avèrent inefficaces pour la maîtrise <strong>de</strong> l’alternance. La<br />

conduite <strong>de</strong> l’arbre consiste donc principalement en la suppression <strong>de</strong> branches déséquilibrantes<br />

(élagages) avec pour objectifs prioritaires <strong>de</strong> :<br />

- maîtriser le volume <strong>de</strong> l’arbre (circulation entre les lignes)<br />

- favoriser l’éclairement <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> production.<br />

La réduction <strong>de</strong> la charge suppose la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s fleurs ou <strong>de</strong>s jeunes fruits en surnombre<br />

par voie chimique, technique pratiquée couramment en pommes <strong>de</strong> table. Les travaux en cours<br />

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portent sur l’utilisation <strong>de</strong> substances à moindre impact sur l’environnement et sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

techniques alternatives : éclaircissage mécanique.<br />

Concernant les autres intrants, le pommier étant une plante peu exigeante cultivée sur <strong>de</strong>s sols<br />

riches (taux <strong>de</strong> matière organique <strong>de</strong> 3 %), la fertilisation pourrait se limiter à quelques apports <strong>de</strong><br />

calcium, <strong>de</strong> magnésium, voire <strong>de</strong> potassium. Mais s’appuyer sur un bilan global revient à faire<br />

abstraction <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s aiguës <strong>de</strong> besoins. Un soutien alimentaire est important :<br />

− en post floraison pour favoriser l’accrochage <strong>de</strong>s fruits les années <strong>de</strong> faible floraison (apport<br />

foliaire <strong>de</strong> potassium)<br />

− en fin d’été pour reconstituer les réserves (alimentation azotée <strong>de</strong>s boutons).<br />

Ces apports ponctuels d’azote, <strong>de</strong> potassium, <strong>de</strong> bore, <strong>de</strong> zinc contribuent également à la<br />

réduction <strong>de</strong> l’alternance. S’ils sont raisonnés, les apports d’azote n’influent pas sur la composition<br />

du fruit (CTPC, 1999).<br />

Qualité sanitaire et traitement phytosanitaire<br />

Le faible impact économique <strong>de</strong> l’aspect extérieur du fruit et le comportement sanitaire <strong>de</strong>s<br />

variétés facilitent la mise en application du concept PFI (Production Fruitière Intégrée) : limitation<br />

<strong>de</strong>s intrants et recours préférentiel aux solutions non chimiques. Toutefois, il était nécessaire <strong>de</strong><br />

vérifier le bien-fondé <strong>de</strong>s seuils définis par l’OILB (Organisation Internationale <strong>de</strong> Lutte<br />

Biologique) ou l’INRA pour les pommes <strong>de</strong> tables. A titre d’exemple, les étu<strong>de</strong>s sur la tavelure ont<br />

permis d’adapter la métho<strong>de</strong> Olivier : l’objectif étant <strong>de</strong> maintenir la pression d’innoculum<br />

d’automne à un niveau faible, les traitements en verger cidricole sont ciblés sur le contrôle <strong>de</strong>s<br />

risques climatiques moyens ou graves (Pouvreau & al., 1996). L’ensemble <strong>de</strong> ces travaux s'est<br />

traduit par la publication en février 2001 d’un gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bonnes pratiques « PFI en verger cidricole<br />

» validé par la FNPFC (Fédération Nationale <strong>de</strong>s Producteurs <strong>de</strong> Fruits à Cidre) et actualisé<br />

annuellement.<br />

Du fait <strong>de</strong> la récolte mécanique, il n’est pas aisé <strong>de</strong> séparer les fruits sains et les fruits<br />

contaminés par <strong>de</strong>s maladies d’altération (préoccupation majeure <strong>de</strong>s élaborateurs). Au verger, leur<br />

contrôle suppose :<br />

− une lutte directe. Traitements raisonnés contre Monilia fructigena<br />

− la limitation <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque ; essentiellement le carpocapse car les fruits véreux chutent<br />

prématurément et s’altèrent rapi<strong>de</strong>ment<br />

− un entretien adapté du sol. Si le désherbage sur la ligne est nécessaire en jeune verger pour<br />

éviter la compétition arbre-herbe, la limitation ou suppression <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s désherbées en<br />

verger adulte permet <strong>de</strong> réduire les risques <strong>de</strong> contamination <strong>de</strong>s fruits par les champignons<br />

telluriques (Fusarium sp, Phytophthora sp…).<br />

Conclusions<br />

Que ce soit pour la transformation ou pour la production <strong>de</strong> matière première, les attentes du<br />

consommateur final déterminent les contraintes auxquelles sont confrontés les professionnels <strong>de</strong> la<br />

filière. En réponse à ces contraintes, diverses solutions ont été <strong>de</strong> tout temps adoptées par les<br />

différentes familles professionnelles mais on peut dire que, tant sur le plan <strong>de</strong>s principes<br />

biologiques et physico-chimiques que sur celui <strong>de</strong>s objectifs, il existe une certaine filiation entre les<br />

métho<strong>de</strong>s traditionnelles et les métho<strong>de</strong>s actuelles. Ce sont principalement les connaissances que<br />

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nous avons aujourd’hui <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong>s principales transformations ainsi que les techniques<br />

pour les mettre en œuvre qui ont évolué.<br />

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