TRADITION ET MODERNITÉ - Académie d'Agriculture de France
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PRODUCTIONS CIDRICOLES<br />
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Les différents itinéraires technologiques décrits découlent <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> cidre « sucré » et<br />
permettent d’atteindre simultanément les <strong>de</strong>ux objectifs contradictoires que sont la présence <strong>de</strong><br />
sucres résiduels et la stabilité. Comment peuvent évoluer ces métho<strong>de</strong>s dans le futur immédiat ?<br />
Parmi les attentes <strong>de</strong>s consommateurs, il en est d’autres qui peuvent intervenir dans les choix<br />
futurs : La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> produits plus « authentiques » même si ce qualificatif semble très mal<br />
défini, le refus <strong>de</strong>s techniques réputées drastiques telle que la pasteurisation, le souhait d’être<br />
garanti <strong>de</strong> la stabilité <strong>de</strong>s qualités initiales dans le temps et la régularité <strong>de</strong>s produits d’un lot à<br />
l’autre. Les <strong>de</strong>ux premières attentes citées correspon<strong>de</strong>nt d’avantage à la clientèle actuelle <strong>de</strong>s<br />
artisans et fermiers tandis que les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières sont sans doutes mieux satisfaites par les<br />
industriels. Mais il est peut-être envisageable <strong>de</strong> rapprocher les métho<strong>de</strong>s : améliorer suffisamment<br />
la maîtrise <strong>de</strong>s fermentations par réduction <strong>de</strong> biomasse pour que les industriels puissent avoir dans<br />
leur gamme un ou <strong>de</strong>s cidres non pasteurisés. Inversement, <strong>de</strong>s techniques comme la microfiltration<br />
tangentielle qui n’étaient utilisées qu’en industrie, et principalement pour la production <strong>de</strong> jus <strong>de</strong><br />
pommes, commencent à équiper les ateliers artisanaux pour la filtration <strong>de</strong> cidre. Cet outil va<br />
permettre d’envisager un embouteillage pauvre en germe qui <strong>de</strong>vrait améliorer la stabilité<br />
bactériologique sans employer la pasteurisation, tout en réduisant les rejets.<br />
L’effervescence<br />
La plupart <strong>de</strong>s cidres commercialisés contiennent du gaz carbonique qui les rend pétillants.<br />
Cette effervescence peut être obtenue <strong>de</strong> différentes façons (Le Quéré, 1992) :<br />
• par rétention d’une partie du gaz carbonique lors d’une fermentation dite <strong>de</strong> prise <strong>de</strong><br />
mousse ; elle peut être conduite :<br />
− soit en bouteilles par <strong>de</strong>s levures qui resteront dans la bouteille (prise <strong>de</strong> mousse en bouteille)<br />
− soit dans une cuve résistant à la pression et dont la sortie <strong>de</strong> gaz est fermée (« cuve close »)<br />
• soit par saturation d’un cidre dit « plat » au moyen <strong>de</strong> gaz carbonique exogène.<br />
Qu’il soit exogène ou endogène, le gaz carbonique apporte la même sensation mais, selon la<br />
métho<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s différences secondaires peuvent être perceptibles : Il est souvent décrit une « finesse<br />
<strong>de</strong> bulles » qui serait liée à la prise <strong>de</strong> mousse en bouteille. Par ailleurs, l’oxygène qui a été introduit<br />
dans la bouteille lors du conditionnement peut oxy<strong>de</strong>r le cidre au cours du stockage s’il n’est pas<br />
consommé, or, toutes les métho<strong>de</strong>s ne sont pas équivalentes sur ce plan.<br />
La prise <strong>de</strong> mousse en bouteille qui peut être considérée comme la métho<strong>de</strong> « traditionnelle »<br />
se réalise sans moyens techniques : dans sa version la plus simple le cidre contenant du sucre<br />
résiduel est embouteillé avec une population levurienne faible mais active. Le gaz apporté par la<br />
faible fermentation résiduelle se dissous dans le cidre tandis que la décantation <strong>de</strong>s levures entraîne<br />
progressivement une baisse <strong>de</strong> leur activité. Métho<strong>de</strong> la plus courante chez les producteurs fermiers,<br />
son premier avantage est la simplicité <strong>de</strong> mise en œuvre car c’est un cidre non effervescent qui est<br />
embouteillé. L’absence d’intrants et la possibilité d’utiliser la mention « effervescence naturelle »<br />
est plutôt favorable à l’image du produit. Par ailleurs la levure consomme l’oxygène introduit au<br />
cours <strong>de</strong> l’embouteillage évitant ainsi l’oxydation. En revanche la durée et l’intensité <strong>de</strong> la<br />
fermentation restent difficiles à maîtriser et les levures qui restent actives dans la bouteille peuvent<br />
sursaturer le cidre. Dans les années 90 nous avions proposé <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une filtration du cidre<br />
avant embouteillage pour éliminer les flores présentes (levures et bactéries) afin <strong>de</strong> réduire les<br />
risques d’altération et éviter les trop fortes populations levuriennes. Un ensemencement par une<br />
quantité connue <strong>de</strong> levures sèches actives permet alors <strong>de</strong> limiter les incertitu<strong>de</strong>s même si elle ne<br />
résout pas toutes les difficultés. Un test <strong>de</strong> fermentescibilité actuellement en cours <strong>de</strong> mise au point<br />
au CTPC <strong>de</strong>vrait améliorer encore la métho<strong>de</strong> en permettant la détection <strong>de</strong>s cidres trop riches en nutriments.<br />
Copyright <strong>Académie</strong> d’Agriculture <strong>de</strong> <strong>France</strong>. Séance du 15 décembre 2004. 4