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TRADITION ET MODERNITÉ - Académie d'Agriculture de France

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PRODUCTIONS CIDRICOLES<br />

________________________________________________________________________________________________<br />

Production <strong>de</strong> matière première<br />

Plusieurs attentes sont répercutées par les transformateurs au niveau <strong>de</strong> la production <strong>de</strong>s<br />

fruits. L’originalité gustative <strong>de</strong>s cidres français, en particulier, impose que le choix <strong>de</strong>s variétés<br />

soit fait parmi ce qu’il est convenu d’appeler les pommes à cidre. Deux autres contraintes sont<br />

apportées au producteur par le transformateur : produire <strong>de</strong>s fruits aussi riches que possible en<br />

éléments d’importance technologique et fournir <strong>de</strong>s fruits sains, c’est à dire non altérés par <strong>de</strong>s<br />

moisissures.<br />

Par ailleurs, à chacune <strong>de</strong> ces contraintes s’ajoute, en toile <strong>de</strong> fond, la contrainte économique<br />

qui limite les choix : le système <strong>de</strong> production est un compromis entre un coût acceptable par le<br />

transformateur et une marge réaliste pour le producteur.<br />

Le choix variétal et son évolution<br />

Selon A. Chevalier, l'origine <strong>de</strong>s variétés cidricoles actuelles remonterait à l’Antiquité Elles<br />

seraient issues <strong>de</strong> croisements entre <strong>de</strong>s pommiers sauvages (Malus sylvestris) et <strong>de</strong>s variétés<br />

comestibles (Malus domestica). Elles ont probablement été introduites en Bretagne, Normandie et<br />

Cornouaille anglaise dès le Xème siècle et principalement à partir du XVème siècle.<br />

Chez le pommier, la fécondation est croisée. Chaque pépin correspond donc à un individu<br />

unique. Les pratiques anciennes <strong>de</strong> multiplication <strong>de</strong>s pommiers s’appuyaient sur la récolte <strong>de</strong><br />

jeunes plants (« surets ») ayant germé sur les tas <strong>de</strong> marc. De ce fait, il est aisé <strong>de</strong> comprendre<br />

l’origine du foisonnement <strong>de</strong>s variétés cidricoles. Dès 1872, le Congrès pour l’Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Fruits à<br />

Cidre réuni à Rouen constatait suite à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s jus et cidre : « … nos plantations d’arbres à cidre<br />

sont encombrées d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> variétés défectueuses qu’il faut éviter <strong>de</strong> planter … » (De<br />

Bouteville & De Hauchecorne, 1875).<br />

Depuis cette époque, <strong>de</strong> nombreuses associations pomologiques ont tenté <strong>de</strong> conduire un<br />

travail <strong>de</strong> sélection conservatrice (sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s variétés les plus intéressantes) et créatrice. Mais<br />

le cidre étant élaboré à partir <strong>de</strong> mélanges variétaux et les conditions <strong>de</strong> fabrication ayant une forte<br />

influence, la relation entre variété et caractéristiques organoleptiques <strong>de</strong>s produits finis n’est pas<br />

simple à mettre en évi<strong>de</strong>nce. Ces difficultés d'évaluation du potentiel « cidricole » <strong>de</strong>s variétés<br />

expliquent pourquoi les pomologues se sont généralement limités à la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s variétés<br />

rencontrées. Ainsi, entre 1949 et 1970, J. Fleckinger et ses collaborateurs ont observé et, pour<br />

partie, décrit plus <strong>de</strong> 1000 variétés. De même, les travaux <strong>de</strong> sélection conduits par le Comité <strong>de</strong>s<br />

Fruits à Cidre et l’INRA, sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> commissions professionnelles régionales, se sont appuyé<br />

sur quelques critères simples, dont l'effet est connu (richesse en sucre <strong>de</strong>s fruits, acidité,<br />

polyphénols totaux…) et sur les avis émis par les producteurs interrogés. Ces travaux ont conduit à<br />

la publication <strong>de</strong>s listes <strong>de</strong> variétés recommandées, puis <strong>de</strong> la liste <strong>de</strong>s 109 variétés inscrites au<br />

catalogue CTPS (Comité Technique Permanent <strong>de</strong> la Sélection <strong>de</strong>s plantes cultivées).<br />

Sur le plan botanique, il n’est pas possible d’établir <strong>de</strong> distinction entre pommes cidricoles et<br />

pommes <strong>de</strong> table. Ceci s’expliquerait par l’influence majeure <strong>de</strong> l’ancêtre commun (Malus<br />

dasyphylla) originaire d’Asie Centrale. En revanche, les 2 groupes <strong>de</strong> pommes se différencient non<br />

seulement par la saveur <strong>de</strong>s fruits mais aussi le comportement agronomique <strong>de</strong>s variétés.<br />

Au cours <strong>de</strong>s temps, <strong>de</strong>ux facteurs ont fortement influencé la sélection massale <strong>de</strong>s variétés<br />

cidricoles :<br />

− la tolérance aux maladies. Dans un contexte climatique favorable au chancre et à la tavelure,<br />

en l’absence <strong>de</strong> tout traitement, dès la pépinière, seules les individus rustiques ont été<br />

conservés. Le feu bactérien (Erwinia amylovora) n’est présent dans les régions cidricoles que<br />

Copyright <strong>Académie</strong> d’Agriculture <strong>de</strong> <strong>France</strong>. Séance du 15 décembre 2004. 7

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