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L A R E V U E D É C A L É E<br />

JANV. / FÉV. 2012 /// N°165<br />

TVA SOCIALE<br />

... ou pas<br />

RÉSEAU ALERTE<br />

Prénom Asma<br />

1


EN BREF...<br />

Samedi 14 janvier 2012,<br />

de 10h à 18h<br />

Maison des Associations<br />

BAYONNE<br />

5e Salon STUDYRAMA des<br />

Etudes Supérieures<br />

Le monde de l’enseignement<br />

supérieur ouvre ses portes aux<br />

futurs bacheliers du Pays Basque<br />

et des Landes (plus de 8 200<br />

en 2011 dans <strong>le</strong>s départements<br />

des Pyrénées-Atlantiques et des<br />

Landes). Ils rejoindront <strong>le</strong>s quelque<br />

22 000 étudiants de ces deux<br />

départements. Leur préoccupation<br />

majeure à tous : l’orientation.<br />

Quel<strong>le</strong> voie choisir : l’université,<br />

une éco<strong>le</strong>, une formation en<br />

alternance, un cursus à l’étranger<br />

? Quel<strong>le</strong> formation <strong>pour</strong> quel<br />

métier ? Que faire après un Bac +<br />

2 : <strong>pour</strong>suivre ses études ou entrer<br />

dans la vie active ? Comment<br />

se réorienter après une année<br />

d’échec ?<br />

Les réponses ? El<strong>le</strong>s sont à<br />

Studyrama qui organise - <strong>pour</strong><br />

la première fois en partenariat<br />

avec <strong>le</strong> Rectorat de l’académie de<br />

Bordeaux et l’ONISEP Aquitaine –<br />

ce salon à Bayonne auquel, <strong>pour</strong><br />

la première fois aussi, l’Université<br />

de Bordeaux IV (UFR de droit,<br />

d’économie-gestion et AES)<br />

participe éga<strong>le</strong>ment.<br />

Studyrama donnera la<br />

possibilité aux futurs bacheliers<br />

et étudiants (de niveau Bac+1 à<br />

Bac+5) de découvrir de nombreux<br />

établissements, d’échanger avec<br />

<strong>le</strong>s professionnels et de se repérer<br />

parmi la multitude de formations<br />

existantes - 80 établissements<br />

représentant plus de 200<br />

formations post-bac.<br />

ENTRÉE GRATUITE<br />

Renseignements et Invitations sur<br />

www.studyrama.com<br />

(Rubrique salons)<br />

Lieu / Accès : 11 allée de Glain<br />

64100 BAYONNE<br />

Navette gratuite de Bayonne<br />

(ligne orange, arrêt Glain)<br />

Parking gratuit<br />

Une classe<br />

préparatoire intégrée<br />

à l’UPPA à la rentrée de<br />

septembre 2012<br />

Intégrée à l’Université de Pau et des Pays de<br />

l’Adour,l’ENSGTI est une éco<strong>le</strong> d’ingénieurs<br />

publique axée sur <strong>le</strong> génie des procédés et, depuis<br />

la rentrée 2008, sur l’énergie. Ces spécialités<br />

offrent une grande diversité de métiers allant de<br />

la conduite de procédés à la réfrigération, de la<br />

gestion environnementa<strong>le</strong> d’une unité industriel<strong>le</strong><br />

aux nouvel<strong>le</strong>s énergies.<br />

Distillation dans l’alambic <strong>pour</strong> produire de<br />

l’alcool de poire, distillation du pétro<strong>le</strong> <strong>pour</strong><br />

séparer l’essence, filtration d’un carburant<br />

issu d’une synthèse chimique : <strong>le</strong>s procédés<br />

utilisés sont identiques et trouvent <strong>le</strong>ur<br />

application dans l’industrie chimique, pétrolière,<br />

pharmaceutique ou encore dans l’agro –<br />

alimentaire. On retrouvera l’ingénieur ENSGTI<br />

« génie des procédés » dans des fonctions<br />

liées à l’expertise et à l’assistance technique,<br />

aux études scientifiques et à la recherche et au<br />

développement ou à la qualité, à la sécurité<br />

industriel<strong>le</strong> et à l’environnement. Quant aux<br />

métiers liés à l’énergie, ils traversent éga<strong>le</strong>ment<br />

de nombreux domaines, de la réfrigération<br />

(industriel<strong>le</strong>, commercia<strong>le</strong> ou cryogénique), à la<br />

climatisation en passant par <strong>le</strong> conditionnement<br />

d’air (transport, tertiaire ou résidentiel). Cette<br />

année verra donc la confirmation d’une classe<br />

préparatoire intégrée à Pau, qui donnera la<br />

possibilité à une dizaine de jeunes d’entrer à<br />

l’ENSGTI en 2013. Quant aux autres, ils auront<br />

toutes <strong>le</strong>s chances d’intègrer l’une des éco<strong>le</strong>s du<br />

cyc<strong>le</strong> préparatoire de Pau: l’ENSIACET, l’ENSCBP,<br />

l’ISA BTP et l’ESTIA. L’admission se fait sur dossier,<br />

en fonction des bul<strong>le</strong>tins des classes de première<br />

et de termina<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong> est gérée via <strong>le</strong> portail www.<br />

admission-postbac.org, qu’il s’agit de renseigner<br />

avant <strong>le</strong> 21 mars. C’est l’occasion de <strong>pour</strong>suivre<br />

ses études au sein d’une éco<strong>le</strong> d’ingénieur qui<br />

joue à fond sa complémentarité avec l’Université<br />

à laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> est adossée, qui a fait ses preuves<br />

et dont <strong>le</strong> taux d’insertion professionnel<strong>le</strong> est<br />

remarquab<strong>le</strong>. Et il permet d’intégrer sans concours<br />

la première année de 5 éco<strong>le</strong>s d’ingénieur du<br />

Sud-Ouest à l’issue du cyc<strong>le</strong> préparatoire.<br />

CONTACT :<br />

05 59 40 78 00<br />

http://ufr-sciences-pau.univ-pau.fr/live/<br />

cyc<strong>le</strong>prepa<br />

Mail : cpi@univ-pau.fr<br />

edito• edito• edito• edito'edito<br />

TOUS NOS VŒUX POUR 2012 !<br />

✖ Ça, c’est dit. Des fois que j’oublierais.<br />

Je voulais commencer cette année léger léger mais ça ne va pas être<br />

vraiment faci<strong>le</strong>. Pourtant, « on vit une époque formidab<strong>le</strong> », comme disait<br />

Jean-Marc Reiser, l’un de ceux qui nous manquent <strong>le</strong> plus, avec Roland<br />

Topor et Pierre Desproges. Époque formidab<strong>le</strong> parce que, dégradés ou<br />

pas, nous sommes en train de vivre un changement de société comme il<br />

s’en produit tous <strong>le</strong>s demi-sièc<strong>le</strong>s environ.<br />

Déjà, <strong>le</strong> mythe de la consommation est en train d’être reconsidéré par<br />

une partie de la population – même si c’est de manière contrainte et<br />

forcée <strong>pour</strong> certains. (Notons ici dans <strong>le</strong> rayon incongruité qu’on ne<br />

nous par<strong>le</strong> que de relance de la consommation tout en instaurant, en<br />

parallè<strong>le</strong>, des politiques d’austérité qui ne peuvent que plomber cette<br />

sacro sainte consommation sensée résoudre une bonne part de nos<br />

problèmes économiques !).<br />

L’idée d’une écologie politique fait el<strong>le</strong> aussi peu à peu son chemin.<br />

Cel<strong>le</strong>-ci, au-de<strong>là</strong> de la réconciliation de l’homme avec son milieu naturel<br />

sans vouloir l’exploiter à tout prix au point de se tirer une bal<strong>le</strong> dans<br />

<strong>le</strong> pied, <strong>pour</strong> soi-même et <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s générations futures, implique un<br />

redéploiement des va<strong>le</strong>urs d’autonomie, de partage, de solidarité <strong>pour</strong><br />

recréer un environnement social plus humain que celui que nous vivons<br />

en ce moment.<br />

Ensuite, la notion de partage du travail va bien finir par devenir au<br />

cœur des réf<strong>le</strong>xions dans un très proche avenir : comment peut-on laisser<br />

10% de la population au chômage, (souvent mal) indemnisée pendant<br />

qu’une autre partie des citoyens souffre sur son lieu de travail <strong>pour</strong> des<br />

raisons de sous effectif ? C’est <strong>pour</strong> ça que la proposition d’un passage<br />

aux 32h d’Europe Écologie Les verts mérite mieux qu’un laminage en<br />

bonne et due forme de la part de la droite et d’une bonne partie de la<br />

gauche. On nous dit que l’hôpital ne s’est jamais re<strong>le</strong>vé des 35h, mais<br />

on oublie que <strong>le</strong>s 35h avaient été imaginées <strong>pour</strong> créer des emplois…<br />

chose que l’État lui-même n’a pas mis en place dans <strong>le</strong> milieu hospitalier<br />

notamment, créant ainsi un fonctionnement vouée à l’implosion qui<br />

menace aujourd’hui.<br />

La question est donc la suivante : vaut-il mieux avoir 3 millions de<br />

chômeurs indemnisés par la col<strong>le</strong>ctivité ou un quasi p<strong>le</strong>in emploi avec<br />

des salariés qui conserveraient <strong>le</strong> même salaire, chose possib<strong>le</strong> si l’on<br />

taxait <strong>le</strong>s transactions financières par exemp<strong>le</strong> ?<br />

Dernier point de cette mutation : si la France a besoin d’un état fort, avec<br />

un service public revu à la hausse en matière de santé et d’éducation et<br />

un encadrement des établissements financiers, donnons aussi des moyens<br />

aux individus qui souhaitent entreprendre et prendre des risques, aux<br />

antipodes d’un assistanat qui ne permet pas à l’homme de rester debout<br />

mais qui <strong>le</strong> place dans une forme de dépendance dévalorisante et<br />

dégradante. Et ça, c’est beaucoup plus grave et douloureux que la perte<br />

du trip<strong>le</strong> A !<br />

Pierre de Nodrest<br />

EN BREF...<br />

Conférence La Pa<strong>le</strong>stine à l’ONU, enjeux, avancées, obstac<strong>le</strong>s<br />

avec DOMINIQUE VIDAL<br />

TARBES. Mardi 24 janvier à 20 h<br />

30, à la Bourse du Travail, place des<br />

Droits de l’Homme,<br />

à l’initiative de l’AFPS et des AMD.<br />

PAU. Mercredi 25 janvier à 20 h 30,<br />

à l’Amphithéâtre de la Présidence,<br />

Université de Pau,<br />

à l’initiative de l’AFPS, des AMD et du<br />

SNESup.<br />

L’ouvrage col<strong>le</strong>ctif rédigé sous<br />

la direction de Dominique Vidal:<br />

«Pa<strong>le</strong>stine, Israël, un État, deux États ?»<br />

(aux éditions Sinbad, Actes Sud) sera en<br />

vente à cette occasion.<br />

FEMMES,<br />

Arrêtez de geindre ou de p<strong>le</strong>urer<br />

La vie faci<strong>le</strong> n’existe pas .........<br />

Apprenez à vous connaître<br />

Appréciez votre environnement<br />

Vous découvrirez la beauté de la vie !<br />

FACTOTUM<br />

Directeur de publication - Redacteur en chef : Pierre de Nodrest<br />

Rédaction : Daniè<strong>le</strong> Sieg<strong>le</strong>r, Jean Ortiz, Anne-Marie Lambert,<br />

Christian Garrabos, Pierre de Nodrest, Catherine Vergnioux, Jean Laffarge<br />

Crédits photos : Jean-Luc Vertut - Pierre de Nodrest<br />

Dessins : Aurélie Vanario (http://souris.graph.free.fr )<br />

Conception graphique : Studio Les Artsba<strong>le</strong>tes - www.<strong>le</strong>sartsba<strong>le</strong>tes.com<br />

Impression : Pyrénées Presse<br />

▲ FACTOTUM est une publication de Pierre de Nodrest<br />

"La Renardière", chemin du lavoir – 64160 Serres-Morlaas<br />

06 60 43 19 42<br />

contact@journal-factotum.com /// www.journal-factotum.com<br />

ISSN 2117 - 4334<br />

2 3<br />

DRAGONFLY<br />

Exposition de<br />

photographies :<br />

« sur <strong>le</strong> fil »<br />

nus pyrénéens<br />

du 2 février au<br />

31 mars 2012<br />

Les Terrasses<br />

de Beaumont<br />

Palais Beaumont<br />

PAU<br />

Entrée libre


THON SAVOYARD (1 – 31 JANVIER)<br />

GYPAÈTE GLABRE (1 – 3O FÉVRIER selon <strong>le</strong>s années)<br />

s Ach, die grosse und schöne muzik, l’unique, la seu<strong>le</strong> qui<br />

vail<strong>le</strong> <strong>le</strong> coup d’être écoutée debout, sous un drapeau, l’un de<br />

tes points communs avec <strong>le</strong> Chi, l’ex-petit père des peup<strong>le</strong>s gaulois,<br />

j’ai nommé : la musique militaire. Tu vis intensément la<br />

musique soup<strong>le</strong> et mélodieuse de nos armées et ton épectase<br />

nocturne se conclut sous <strong>le</strong>s coups de boutoir martiaux de la<br />

Madelon. En bref : il ne te manque que la baguette…<br />

MOULE BAVEUSE (1 – 31 MARS)<br />

s Ce mois-ci est un grand mois <strong>pour</strong> toi : on va enfin reconnaître<br />

tous tes mérites, longtemps passés sous si<strong>le</strong>nce dans ces<br />

colonnes. Tout est musique en toi : <strong>le</strong> cliquetis d’un jeu de clés<br />

perdu depuis une heure, <strong>le</strong> bruissement des feuil<strong>le</strong>s de papier<br />

que tu compulses fébri<strong>le</strong>ment en tentant d’y découvrir LE mail<br />

qui te manque, tout, je dis bien tout, obéit à l’implacab<strong>le</strong> loi de<br />

la mélodie universel<strong>le</strong>. Tu n’y peut rien, c’est comme ça. C’est<br />

<strong>pour</strong> <strong>le</strong>s autres que c’est dur.<br />

LOMBRIC ÉRECTILE (1 – 30 AVRIL)<br />

s Voi<strong>là</strong> des mois qu’on souligne chez <strong>Factotum</strong> ton incapacité<br />

notoire à amorcer l’ombre d’un début d’une relation. Bon, il faut<br />

quand même relativiser : chez toi, une relation, c’est quand tu<br />

oses adresser la paro<strong>le</strong> à ta voisine de palier <strong>pour</strong> lui emprunter<br />

du beurre. Un tuyau : la musique ! On te déconseil<strong>le</strong> quand<br />

même <strong>le</strong> violon. Il faut pas loin de 3 ans <strong>pour</strong> en tirer un son<br />

vaguement mélodieux. Au rythme où tu vas, ta voisine de palier<br />

aura droit à la carte Vermeil, comme Germaine !<br />

SARKO DES BOIS (1 – 31 MAI)<br />

s Désolé. Te voi<strong>là</strong> depuis bientôt 5 ans avec une artiste. Avec<br />

un grand A. Auteur. Compositeur. Pondeuse, en plus, méfie-toi.<br />

Qui fait venir <strong>le</strong>s copains à pas d’heure <strong>pour</strong> d’improbab<strong>le</strong>s<br />

boeufs qui finiront en cuite. Qui te trouve étroit du bulbe parce<br />

que <strong>le</strong> matin, toi, tu pars bosser à un putain de boulot qui n’a<br />

Spécial Musique !<br />

Côté musique, la nuit, c’est vrai que tu t’ y entends. On te sent<br />

particulièrement à l’aise dans <strong>le</strong>s basses syncopées, entrecoupées de longues<br />

et sifflantes aspirations qui rappel<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s plongées en apnée de Jacques<br />

Mayol. Seuls de vio<strong>le</strong>nts coups de coude peuvent stopper tes élans lyriques<br />

peu appréciés à <strong>le</strong>ur juste va<strong>le</strong>ur. Pauvre incompris !<br />

rien d’artistique mais qui ramène des tunes à la maison (enfin,<br />

jusqu’en mai, norma<strong>le</strong>ment). En clair, t’es tombé sur <strong>le</strong> prototype<br />

de la larve musicophage qui profite de tout <strong>le</strong> monde. Tu crois<br />

qu’on va te plaindre ?<br />

CAMÉLÉON FARCI (1 – 30 JUIN)<br />

s Pour toi, la musique s’est arrêtée à Florent Pagny. Bon, je dis<br />

Florent Pagny comme j’aurais n’importe qui d’autre. Enfin, un<br />

peu d’oreil<strong>le</strong>, <strong>pour</strong> changer ! Et puis, <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s concerts, t’imagine<br />

un peu <strong>le</strong>s thons savoyards qu’on y trouve ? Du genre minette<br />

à deux bal<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong> charisme d’une huître…Un peu de goût,<br />

bon sang !<br />

MOUSTIQUE DÉCHAÎNÉ (1 – 31 JUILLET)<br />

s Quel ta<strong>le</strong>nt <strong>pour</strong> dénicher l’artiste qui mérite de percer mais<br />

qui reste connu de ses seuls voisins de palier ! C’est ta croix<br />

à toi de soutenir ces musicos. Mais y’a pire comme sacrifice…<br />

En plus, t’as <strong>le</strong> chic <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s attirer. Moustique déchaîné, ou<br />

l’Homme des causes perdues…<br />

MÉDUSE DES OASIS (1 – 31 AOÛT)<br />

s Al<strong>le</strong>z, p<strong>le</strong>ure pas : ils se repar<strong>le</strong>ront peut-être un jour, <strong>le</strong>s<br />

frères Gallagher. Sinon, tu peux voir de temps à autre Beady<br />

Eye, <strong>le</strong> groupe de Liam. C’est franchement excel<strong>le</strong>nt : j’y étais<br />

cet été à Bilbao au BBK et <strong>le</strong> mauvais garçon n’a rien perdu de<br />

sa superbe. En attendant, tu peux toujours te rabattre sur Justin<br />

Bieber, en plus, il arrête pas de passer des tests de paternité en<br />

ce moment, y’a peut-être une ouverture !<br />

OPPOSSUM ADOURÉEN (1 – 30 SEPTEMBRE)<br />

s Ta consommation en la matière frise l’hyperactivité qui ne<br />

touche d’ordinaire que <strong>le</strong>s tout petits. T’es insatiab<strong>le</strong> : funk, pop,<br />

chanson française, rien ne t’arrête et <strong>le</strong> moindre son te met en<br />

transe. Calme – toi, un peu, c’est fatigant à la fin. Plonge dans<br />

de la musique indienne, tu vas voir, ça déstresse. Un conseil ?<br />

Un vieux duo Ravi Shankhar – Jan Garbarek, chez ECM. Ça va<br />

planer <strong>pour</strong> toi, promis !<br />

GUENON DÉLURÉE (1 – 31 OCTOBRE)<br />

s Ça y est, tu vas enfin lâcher ce qui te tient <strong>le</strong> plus à coeur<br />

lors de ton prochain passage au domici<strong>le</strong> parental. T’as décidé<br />

de laisser tomber tes études <strong>pour</strong> te consacrer corps et âme au<br />

biniou vendéen. Certes, y aura pas concurrence sur <strong>le</strong> marché.<br />

Reste à savoir si <strong>le</strong>s bars sont tous aux normes d’insonorisation<br />

requises, parce que <strong>le</strong>s plaintes du voisinage risquent de faire<br />

rage à ton arrivée. Courage, si tu savais ce que certains ont<br />

entendu lorsqu’ils ont parlé de monter un journal…<br />

PUTOIS DESSÉCHÉ (1 – 30 NOVEMBRE)<br />

s Un mot magique : dis Benabar et <strong>le</strong> moral remonte. C’est<br />

Benabar qui a guidé <strong>le</strong>s pas du petit Bach, toujours Benabar qui<br />

a terminé <strong>le</strong> Requiem de Mozart, encore Benabar qui a coécrit <strong>le</strong><br />

concerto <strong>pour</strong> la main gauche, dans ses instants de grande solitude.<br />

Un tel aveug<strong>le</strong>ment me sidère. Que des gens comme toi,<br />

qui as du goût et de la personnalité, puissent vouer <strong>le</strong>ur jeunesse<br />

à quelqu’un qui passe sa vie à raconter <strong>le</strong>s aventures d’une tasse<br />

à café, ça m’échappe…<br />

CHARPEY À REPASSER (1 – 31 DÉCEMBRE)<br />

s Que dire de tes goûts ? Qu’ils sont à ton image, rampant<br />

vers la facilité, refusant l’âpre découverte des vrais créateurs.<br />

Oui, grâce à toi, Jennifer et toutes ses copines ont de beaux jours<br />

devant el<strong>le</strong>s !<br />

La question est grave : tes tympans ont-ils été déformés à la<br />

naissance ? Nous abordons <strong>là</strong> un domaine purement médical,<br />

et ce point fera bientôt l’objet d’une thèse dont nous publierons<br />

<strong>le</strong>s résultats dans l’un des prochains <strong>Factotum</strong>.<br />

s Irma Ledoux<br />

L’Leil de Jean-Luc<br />

Un simp<strong>le</strong><br />

changement de point de vue<br />

peut nous faire<br />

ava<strong>le</strong>r n’importe quoi<br />

www.jlvertut.com<br />

4 5


LES INFORTUNES<br />

D’ANTOINE ICARIUS<br />

Aventures aériennes en 8 photos,<br />

enfin, 7 !<br />

Ça, c’est mon point de départ ! Un volcan,<br />

éteint bien sûr ! Pourquoi un volcan ? J’avais un<br />

peu <strong>le</strong> trac après mon stage d’apprentissage sur<br />

<strong>le</strong> « savoir vo<strong>le</strong>r ». Je ne voulais pas me ramasser<br />

en public. Alors, regardez, avec un volcan au lieu<br />

de s’envo<strong>le</strong>r vers l’extérieur, on peut <strong>le</strong> faire vers<br />

l’intérieur et, si on se vautre, ni vu ni connu, je<br />

tombe dans <strong>le</strong> trou ! Par contre, j’avais oublié <strong>le</strong>s<br />

arbres. Ah, je me suis griffé plusieurs fois sur <strong>le</strong>s<br />

branches. Mais avec <strong>le</strong>s volcans ce qui est bien<br />

c’est l’eau chaude, et je suis allé faire soigner<br />

mes ecchymoses en me faisant bichonner dans<br />

<strong>le</strong>s stations therma<strong>le</strong>s. J’ai commencé à Vichy et<br />

j’ai fini… aux urgences, car j’avais glissé sur <strong>le</strong><br />

carrelage !<br />

La dune du Pilat c’est à côté de chez moi, et<br />

puis c’est du sab<strong>le</strong> bordé d’eau, c’est rassurant ! Ce fut mon second vol. La montée de la dune, je<br />

l’ai faite à pied. Fatigant ! C’est bête me direz-vous quand on vo<strong>le</strong>. C’est vrai, mais je ne maîtrisais<br />

pas encore <strong>le</strong>s courants ascendants, une question de positionnement des doigts ou des pieds, je ne<br />

sais plus. Aucun mal <strong>pour</strong> décol<strong>le</strong>r, vent de face, j’ai juste eu à sauter d’un coup de jarret et déployer<br />

<strong>le</strong>s bras et j’y étais. Le temps était magnifique, j’ai fait <strong>le</strong> tour du bassin d’Arcachon. J’étais de plus<br />

en plus à l’aise, alors j’ai fait un al<strong>le</strong>r et retour devant la plage. Les fil<strong>le</strong>s étaient subjuguées, je peux<br />

<strong>le</strong> dire. Alors, j’ai fait l’hydravion et je me suis posé sur l’eau. Malheureusement dans <strong>le</strong> sillage d’un<br />

chalutier et j’ai fini dans <strong>le</strong> fi<strong>le</strong>t avec une mouette qui me picorait <strong>le</strong> crâne !<br />

Pour mon troisième vol, je n’ai pas de photo. Mais je vais vous raconter l’histoire. Nous étions<br />

en automne, fin octobre. Les grues passaient dans <strong>le</strong> ciel en criant. J’ai été aspiré par cet appel et,<br />

sans que j’y prenne garde, je me retrouvais dans <strong>le</strong>s airs à essayer de <strong>le</strong>s suivre. Il faut dire qu’el<strong>le</strong>s<br />

vont vite bien qu’el<strong>le</strong>s bavardent tout <strong>le</strong> temps. J’ai essayé de prendre <strong>le</strong>ur sillage. Je <strong>le</strong>s entendais<br />

m’encourager, mais je n’ai pas tenu. J’ai glissé d’un vol à l’autre et puis, au pied des Pyrénées, plus<br />

personne ! Je me retrouvais seul dans une superbe vallée. Tout d’un coup j’ai vu un oiseau s’envo<strong>le</strong>r<br />

sur la droite, je me suis approché. Puis, un autre est apparu un peu plus loin, à gauche. Je fonçais<br />

vers lui. Puis un autre, et encore un autre... Je me suis laissé guider. Quand tout d’un coup, un<br />

oiseau de proie m’agressa. Je plongeais vers <strong>le</strong> sol. Un petit col, <strong>le</strong> salut. Je m’y engouffrais… Et<br />

je me retrouvais pied par-dessus tête emmêlé dans un fi<strong>le</strong>t. Qu’est-ce qu’ils ont gueulé <strong>le</strong>s Basques<br />

d’avoir fichu en l’air <strong>le</strong>ur chasse à la palombe ! Vous comprenez <strong>pour</strong>quoi je n’ai pas de photo !<br />

Le sab<strong>le</strong> m’avait bien plu, alors je suis allé au Sahara. Là sur cette photo que j’ai prise on voit<br />

une caravane de dromadaires, el<strong>le</strong> faisait la traversée Addis-Abeba /Tombouctou. El<strong>le</strong> tombait bien<br />

d’ail<strong>le</strong>urs, car juste en passant au-dessus d’el<strong>le</strong> j’ai eu un coup de cha<strong>le</strong>ur et... panne sèche ! J’ai<br />

fini <strong>le</strong> voyage sur <strong>le</strong> dos d’un chameau à avoir <strong>le</strong> mal de mer. L’horreur !<br />

Là, c’est en Provence, l’été d’après. J’avais pris confiance en moi et je n’hésitais plus, je ne faisais<br />

plus ces petites erreurs de débutant. J’étais en vacances au camping de Bormes-<strong>le</strong>s-Mimosas. Il<br />

faisait très chaud et très sec et un peu de vent. Le feu à pris pas très loin. Tout <strong>le</strong> monde s’affolait,<br />

je <strong>le</strong>s ai rassurés en <strong>le</strong> disant que j’allais voir ça de près. En quelque cinq minutes, je voyais que <strong>le</strong><br />

vent poussait <strong>le</strong> feu de l’autre côté. On <strong>le</strong> voit bien sur la photo. J’allais rentrer quand un énorme<br />

vacarme m’est tombé dessus ainsi que des tonnes d’eau. Je suis parti en vril<strong>le</strong>. Par chance, j’ai<br />

atterri dans une piscine, mais j’ai failli me noyer. Les pompiers m’ont sorti de <strong>là</strong>. Imaginez, j’ai été<br />

accueilli en héros à mon retour au camping. C’est <strong>là</strong> que j’ai connu A<strong>le</strong>xandra, mais el<strong>le</strong> partait <strong>le</strong><br />

soir même !<br />

El<strong>le</strong> habitait Dunkerque et moi à Pau. Nous avons correspondu un moment et je l’ai invitée à<br />

venir en vacances avec moi en Nouvel<strong>le</strong>-Calédonie. J’avais ma petite idée en tête ! Je ne suis pas<br />

beau par<strong>le</strong>ur, donc je ne savais pas comment lui dire qu’el<strong>le</strong> me plaisait… Je lui ai appris à vo<strong>le</strong>r.<br />

Ses débuts ont été laborieux, mais je me suis accroché, jusqu’à ce que je puisse l’amener audessus<br />

de cette petite i<strong>le</strong> en forme de cœur qui a fait la fortune de Yann Arthus-Bertrand. Je lui ai<br />

montré et j’ai dit que c’était nos deux cœurs embrassés. El<strong>le</strong> m’a sauté dans <strong>le</strong>s bras en p<strong>le</strong>in vol.<br />

Nous sommes partis en loopings. On a chuté sur un bananier dont <strong>le</strong>s feuil<strong>le</strong>s nous ont servi de lit<br />

d’amour.<br />

El<strong>le</strong> a voulu al<strong>le</strong>r à Paris. Je l’ai amenée au-dessus du Louvre, la cour carrée, <strong>le</strong>s tui<strong>le</strong>ries, la<br />

pyramide… Une merveil<strong>le</strong>. Nous nous tenions la main. El<strong>le</strong> me serrait fort. Ravie. À notre passage<br />

<strong>le</strong>s pigeons affolés se sont envolés, quel bazar, il y en avait de partout. Je ne savais pas que j’étais<br />

al<strong>le</strong>rgique à <strong>le</strong>urs plumes. J’ai été pris d’une quinte de toux. Un éternuement plus fort que <strong>le</strong>s autres<br />

m’a envoyé dans une cabine de la grande roue sur laquel<strong>le</strong> je me suis assommé ! Sans rancune, on<br />

a été dîner au restaurant <strong>le</strong> Vieux Colombier !<br />

J’étais devenu un virtuose, j’ose <strong>le</strong> dire. On faisait appel à moi en toutes circonstances. J’ai battu<br />

p<strong>le</strong>in de records. J’ai fait des expériences scientifiques. C’est ainsi qu’un soir je suis parti <strong>pour</strong> un vol<br />

de nuit. Et je suis monté, monté, plus haut que je ne l’avais jamais fait. À un moment, la terre est<br />

devenue toute ronde et b<strong>le</strong>ue, <strong>le</strong> ciel tout noir. Puis, el<strong>le</strong> a rapetissé… J’étais bien dans ce Nirvana,<br />

comme Jaques Mayol dans <strong>le</strong> Grand B<strong>le</strong>u. J’étais euphorique. La terre diminuait, diminuait, puis<br />

el<strong>le</strong> a tota<strong>le</strong>ment disparu et tout est devenu noir.<br />

« Ah, <strong>le</strong> voi<strong>là</strong> qui se réveil<strong>le</strong> »… Une main d’une exquise fraicheur se posa sur mon front. La voix<br />

douce reprit « 23 jours dans <strong>le</strong> coma <strong>pour</strong> avoir pris un avion téléguidé sur la tête, c’est pas banal !<br />

» Dans mon brouillard, je vis une masse de cheveux auburn ondu<strong>le</strong>r, puis je distinguais une plaque<br />

sur laquel<strong>le</strong> je lus : « A<strong>le</strong>xandra ».<br />

Christian Garrabos<br />

GLADYS,<br />

LA BELLE APIS !<br />

« Chouette, tout un champ de trèf<strong>le</strong> ! Quel boulot !<br />

Pas grave, j’aime ça ! »<br />

Et el<strong>le</strong> fonce sur la première f<strong>le</strong>ur, se pose dessus.<br />

Sous <strong>le</strong> poids de l’abeil<strong>le</strong>, la f<strong>le</strong>ur se plie.<br />

« Où <strong>là</strong> ! El<strong>le</strong> est pas bien solide cel<strong>le</strong>-<strong>là</strong> ! Une toute<br />

jeune. Ouais, j’adore ! Le suc… Ah quel parfum ! De l’eau<br />

aromatisée, en plus. Tiens, el<strong>le</strong> n’a pas <strong>le</strong> goût d’anis<br />

comme cel<strong>le</strong> de tout à l’heure sur <strong>le</strong> verre du patron.<br />

Ouah, c’était bon, mais après je me suis pris un pet aux<br />

antennes. J’en volais tout de travers !<br />

Gladys, c’est son nom, à ce souvenir se pose quelques<br />

secondes et boit une lampée. Enfin, el<strong>le</strong> fait attention, car<br />

il y a pas longtemps, el<strong>le</strong> a sucé un peu trop fort, la goutte<br />

s’est déséquilibrée, lui est tombée dessus et el<strong>le</strong> a failli se<br />

noyer. Et, vo<strong>le</strong>r quand on a une quinte de toux, ce n’est<br />

pas pratique. D’ail<strong>le</strong>urs sur <strong>le</strong> coup el<strong>le</strong> a perdu toute sa<br />

récolte. Une heure de travail, vous pensez !<br />

« Al<strong>le</strong>z au boulot », se dit-el<strong>le</strong> après avoir claqué la<br />

langue de contentement. Et hop, el<strong>le</strong> rentre dans une<br />

coro<strong>le</strong>, d’un coup de patte vif et adroit, de sa brosse el<strong>le</strong><br />

agrippe un bout de pol<strong>le</strong>n et <strong>le</strong> coince dans sa réserve.<br />

« Ah quel<strong>le</strong> plaie ! se dit Gladys, ces grains de pol<strong>le</strong>n<br />

ça ne s’accroche pas bien. J’ai beau <strong>le</strong>s ranger, <strong>le</strong>s mettre<br />

en bou<strong>le</strong>, il y en a toujours qui tombent. Je <strong>le</strong>ur ai bien dit,<br />

il faudrait un petit sac et pas simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s accrocher aux<br />

poils. Ils ne veu<strong>le</strong>nt pas, « la tradition », qu’ils disent ! Et<br />

moi après je me fais disputer « C’est tout ce que t’as ! dit<br />

la chef. Tu ferais mieux de penser à ton travail ! » Penser<br />

à mon travail ? Je ne fais que ça ! Ah, el<strong>le</strong> est maline, on<br />

voit bien que ce n’est pas el<strong>le</strong> qui fait toutes ces allées et<br />

venues ! J’en ai p<strong>le</strong>in <strong>le</strong>s ai<strong>le</strong>s moi en fin de journée. Moi<br />

je dis : on n’est pas équipées, on n’a pas <strong>le</strong> matériel. On<br />

ne peut pas bosser comme ça ! »<br />

Tout à coup, un bruit, un vrombissement, tire Gladys<br />

de ses pensées. El<strong>le</strong> sort la tête de sa coro<strong>le</strong>, car el<strong>le</strong><br />

est curieuse la Gladys, <strong>le</strong> bruit se rapproche. BBBrrrrr. «<br />

Qu’est-ce que c’est ce bruit ? Ah je reconnais, c’est la<br />

grosse Bertha ! El<strong>le</strong> ferait bien de réviser sa carrosserie.<br />

El<strong>le</strong> fait plus de bruit qu’un frelon. À force de butiner du<br />

pavot… Un jour ça lui portera tort ! D’ail<strong>le</strong>urs, je me suis<br />

laissé dire… qu’el<strong>le</strong> se prenait <strong>pour</strong> un bourdon ! A-t-on<br />

idée ?<br />

Mélanie m’a raconté qu’el<strong>le</strong> en avait rencontré un<br />

près de la rivière. El<strong>le</strong> l’aurait trouvé vachement costaud.<br />

« Bodybuildé » qu’el<strong>le</strong> aurait dit, va savoir où el<strong>le</strong> va<br />

chercher ses mots ! En tout cas, el<strong>le</strong> en serait tombée raide<br />

dingue. El<strong>le</strong> est fol<strong>le</strong>, à sortir comme ça avec n’importe<br />

qui. Un jour el<strong>le</strong> va tomber sur un asiatique. El<strong>le</strong> aura<br />

bonne mine ! »<br />

Gladys a l’esprit facétieux. C’est la vedette du plateau<br />

d’envol. Après <strong>le</strong>s consignes el<strong>le</strong> a toujours une histoire<br />

à raconter. On l’aime bien, car c’est amusant et jamais<br />

méchant et c’est une vraie bosseuse ! El<strong>le</strong> se par<strong>le</strong> tout <strong>le</strong><br />

temps dans sa tête, mais el<strong>le</strong> ne rechigne pas à la tâche !<br />

Et puis, un coup d’œil du tonnerre, el<strong>le</strong> voit en un instant<br />

<strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s plus sucrées, jamais moins de 25 %, et zou,<br />

en un clin d’œil c’est nettoyé !<br />

Une petite source chante juste à côté. Une brise légère<br />

tourbillonne dans <strong>le</strong> jardin mettant en émoi tous <strong>le</strong>s boutons<br />

de rose. Gladys <strong>le</strong>s voit s’agiter ainsi, el<strong>le</strong> a l’impression<br />

que ces f<strong>le</strong>urs l’appel<strong>le</strong>nt. « Je n’ai pas <strong>le</strong> temps, je suis<br />

toute chargée de trèf<strong>le</strong>, crie-t-el<strong>le</strong> en s’enfuyant vers la<br />

ruche, et la chef ne veut pas qu’on mélange <strong>le</strong>s arômes ».<br />

Dès qu’el<strong>le</strong> a passé <strong>le</strong> petit mur, el<strong>le</strong> rit sous cape,<br />

pensant qu‘on ne peut plus lire dans ses pensées. El<strong>le</strong><br />

se dit qu’el<strong>le</strong> a quand même un chouchou, <strong>le</strong> cerisier, et<br />

qu’el<strong>le</strong> a une opération de fécondation à faire. Gladys<br />

rentre en soupirant : « Ah <strong>le</strong>s cerises et l’amour, j’ai<br />

toujours aimé çà ! »<br />

Jean Laffarge<br />

UN MONDE D’ICÔNES<br />

Ces derniers temps, la presse a largement relayé <strong>le</strong>s coups<br />

d’éclats de groupes catholiques qui s’en sont pris à des représentations<br />

théâtra<strong>le</strong>s. A Paris, la pièce de Roméo Castelluci, Sur <strong>le</strong> Concept du<br />

visage du fils de Dieu, a fait l’objet d’attaques plus ou moins vio<strong>le</strong>ntes, et<br />

à Toulouse, la pièce de Rodrigo Garcia, Golgota Picnic, est représentée<br />

au Théâtre Garonne sous haute protection.<br />

On se souvient aussi qu’au printemps dernier un tab<strong>le</strong>au, Piss<br />

Christ, a été lacéré à la col<strong>le</strong>ction Lambert d’Avignon, et qu’il y a vingt<br />

ans, la projection du film de Scorcese La Dernière Tentation du Christ,<br />

a donné lieu à un attentat et causé la mort d’un spectateur dans un<br />

cinéma parisien. Le motif invoqué, toujours <strong>le</strong> même, est lalutte contre la<br />

christianophobie et <strong>le</strong> discours blasphématoire que portent ces œuvres.<br />

Ce qui est revendiqué, c’est <strong>le</strong> respect d’une icône en soi intouchab<strong>le</strong>.<br />

Or <strong>le</strong>s artistes mis en cause n’ont jamais contesté la va<strong>le</strong>ur fondatrice de<br />

l’icône christique mais ils en interrogent la dimension humaine et la place<br />

précise à notre époque. Blasphème?<br />

Il est très tentant de reléguer ces manifestations au rayon désuet<br />

de l’obscurantisme ou à celui, moins innocent, de la manipulation<br />

idéologique. C’est peut-être éluder un aspect non négligeab<strong>le</strong> de notre<br />

société.<br />

Si l’on considère en effet l’inflation qui est faite de son utilisation,<br />

<strong>le</strong> mot «icône» a envahi tous <strong>le</strong>s domaines de notre quotidien, de la<br />

technologie à la politique en passant par <strong>le</strong> sport, la mode, <strong>le</strong> monde<br />

du spectac<strong>le</strong> etc… abus de langage et dévoiement du sens? en partie<br />

sans doute mais pas tout à fait car ce terme suppose respect, adhésion<br />

ou soumission, voire dévotion et cela est à l’œuvre actuel<strong>le</strong>ment. On<br />

conteste aussi que dans tous <strong>le</strong>s champs du discours, du quotidien au<br />

politique, <strong>le</strong> verbe «croire» tend à remplacer <strong>le</strong> verbe «penser». Ces mots<br />

sont-ils synonymes? «Croyance» et «pensée» sont-el<strong>le</strong>s interchangeab<strong>le</strong>s?<br />

L’adhésion immédiate remplacerait-el<strong>le</strong> la réf<strong>le</strong>xion?<br />

Voi<strong>là</strong> qui peut paraître bien plus inquiétant que <strong>le</strong>s happenings de<br />

quelques groupuscu<strong>le</strong>s car si une société a besoin d’images auxquel<strong>le</strong>s<br />

s’identifier, attention à ne pas substituer une «République « des Icônes à<br />

ce qui doit être, au prix d’un engagement constant, la République des<br />

Idées. Ce qu’assument nombre d’artistes, au prix de la vindicte.<br />

Père Noël<br />

Quelque part dans <strong>le</strong>s rêves…<br />

UN P’TIT VIN DE NOIX, Y’A PAS MIEUX<br />

POUR BALAYER LES MÉDISANCES !<br />

C’était pas plus tard qu’hier soir.<br />

J’étions <strong>là</strong>, tranquil<strong>le</strong>ment assise derrière la maison, en train de bourrer ma pipe, face à<br />

l’État Sauvage, c’est comme ça qu’appelions <strong>le</strong> bout d’mon jardin et la vue qui va avec : des<br />

herbes fol<strong>le</strong>s, des broussail<strong>le</strong>s, des arbustes et au fond, la forêt qui se pavane.<br />

Je l’allume pas tout de suite, ma bouffarde, histoire de laisser <strong>le</strong> temps aux choses de<br />

se poser dans ma caboche. En un mot, je fais ma <strong>le</strong>ssive du dedans : mon cul posé à ne<br />

rien faire, j’expulse la crasse du quotidien <strong>pour</strong> céder la place aux mil<strong>le</strong> petits bruits de mon<br />

État Sauvage. Quand je gratte l’allumette, c’est fait. Je suis enfin toute disposée à me laisser<br />

surprendre par cette verdure en pagail<strong>le</strong>.<br />

Je commençais sérieusement à me cou<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong> paysage quand soudain un son différent<br />

irruptionna dans cette cacophonie : des clochettes sonnèrent à mes esgourdes. Ses clochettes<br />

à el<strong>le</strong>. Cel<strong>le</strong>s de ma p’tite voisine, la Marjorie. Avant même de l’apercevoir sur <strong>le</strong> sentier qui<br />

passe tout près de mon bout d’herbe, je savais qu’el<strong>le</strong> arrivait. Une nouvel<strong>le</strong>. L’a emménagé<br />

dans la vieil<strong>le</strong> bicoque à moitié en ruine en bas du champ d’à côté, il y a quelques mois à<br />

peine. Une drô<strong>le</strong> de p’tite brune qu’a retapé la cahute toute seu<strong>le</strong>, sans biscoteaux mâ<strong>le</strong>s<br />

<strong>pour</strong> l’aider. On a vite copiné. L’avait l’air de rien, toute fluette, presque timide, mais p<strong>le</strong>ine<br />

de sauvagerie dans <strong>le</strong>s yeux... Je dois dire que je me suis vite habituée à ses petites clochettes<br />

accrochées aux chevil<strong>le</strong>s m’annonçant sa venue avant son arrivée.<br />

Hier soir, l’avait pas <strong>le</strong> moral. L’est arrivée avec sa petite bouteil<strong>le</strong> de vin de noix, mon<br />

nectar à moi ! Ma friandise alcoolisée préférée. L’a usiné ça el<strong>le</strong> même, c’est dire si c’est<br />

gou<strong>le</strong>yant...<br />

Donc hier soir, se bouteil<strong>le</strong> sous <strong>le</strong> bras, el<strong>le</strong> m’a dit comme ça : « Ah ! J’arrive à point,<br />

juste au moment du rituel de la bouffarde ! Tu nous mets deux verres Germaine ? »<br />

« Je veux, ma bel<strong>le</strong> ! Un vin de noix trouvera toujours une petit verre <strong>pour</strong> s’épancher, chez<br />

moi » Que j’y répondis...<br />

L’avait vraiment pas <strong>le</strong> moral la p’tite Marjorie. Des jaloux du village ont encore fait<br />

des frasques... Juste parc’qu’el<strong>le</strong> n’a pas fait <strong>le</strong> même choix qu’<strong>le</strong>s autres. Pourtant, el<strong>le</strong> ne<br />

regrette rien, la Marjorie. Mais <strong>le</strong>s autres, toujours <strong>le</strong>s autres, lui font payer sa différence.<br />

Qu’est-ce qu’il a d’impensab<strong>le</strong> son choix ? Vivre sans homme, et alors ? Ne pas vouloir de<br />

marmot, et alors ? C’est obligatoire, de porter une graine dans son ventre comme si on avait<br />

avalé la preuve de son intégration à la société ? Aux bonnes va<strong>le</strong>urs mora<strong>le</strong>s et tel<strong>le</strong>ment<br />

judéo-chrétiennes ? (enfin, mora<strong>le</strong>s, mon c... oui ! J’aimerais pas tremper mon nez dans ces<br />

modè<strong>le</strong>s de famil<strong>le</strong>s, qui derrière <strong>le</strong>ur paravent n’se privent pas <strong>pour</strong> en faire de bel<strong>le</strong>s, pas<br />

si catholiques, ni judaïques, ni musulmanes, que ça....) Pour des légions de zigotos circulant<br />

sur la planète une femme a forcément envie de procréer, <strong>pour</strong> ces simp<strong>le</strong>s d’esprit el<strong>le</strong> est<br />

carrément programmée <strong>pour</strong> ça. Et dire qu’il paraît qu’on est au 21ème sièc<strong>le</strong>... La connerie<br />

aussi c’est programmé apparemment !<br />

El<strong>le</strong> m’avait expliqué à moi : pas envie, pas <strong>le</strong> temps, pas <strong>le</strong> désir. Ça l’empêchait pas<br />

de comprendre ceux qui en voulaient ! Ni d’accepter la chose <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s autres. Alors qu’la<br />

réciproque, que chiche : <strong>pour</strong> eux, c’est l’incompréhension tota<strong>le</strong>, des oeillères à la place du<br />

cerveau. Déjà à mon époque, je m’souviens, m’avaient regardée d’un mauvais oeil parc’que<br />

j’en voulais pas plus d’un, de môme, alors tu penses, zéro... J’avions l’espoir qu’avec <strong>le</strong>s<br />

années <strong>le</strong>s esprits se s’raient un peu ouvert, tu par<strong>le</strong>s !<br />

Moi, el<strong>le</strong> m’fait rêver la p’tite Marjorie. Parfois ça m’questionne : comment qu’ça aurait été<br />

sans bambin, sans mon homme, <strong>le</strong> Pierrot ?<br />

Marjorie fait tout à l’envers et ça plaît pas beaucoup. Si encore el<strong>le</strong> pouvait pas en faire<br />

des p’tiots, ça sécuriserait l’angoisse populacière. Eh ben c’est même pas ça, c’est qu’el<strong>le</strong> ne<br />

veut pas. Tout simp<strong>le</strong>ment. Et ça, ça ne passe pas. Ça ne passe tel<strong>le</strong>ment pas qu’ça la met<br />

carrément en danger. Évidemment el<strong>le</strong> refuse d’admettre la chose : <strong>pour</strong>tant des gars mal<br />

intentionnés qui rêvent de salir <strong>le</strong>s indomptab<strong>le</strong>s ça court <strong>le</strong>s rues, même dans not’ minuscu<strong>le</strong><br />

village ! Ah ça m’fait du souci en plus, tiens ! Hier justement, el<strong>le</strong> s’est carrément fait insulter<br />

! Un moindre mal que j’dit, par rapport à c’qui <strong>pour</strong>rait <strong>le</strong>ur passer par la tête aux idiots du<br />

village. M’enfin, ça l’a fichue en rogne la Marjorie, et ensuite el<strong>le</strong> n’avait plus la patate.<br />

« Je ne comprends pas Germaine, je ne fais de mal à personne <strong>pour</strong>tant ! Je me suis<br />

installée à l’écart, <strong>pour</strong> ne pas déranger, <strong>pour</strong> vivre comme je l’entends ! Même ici, dans ce<br />

microscopique village, <strong>le</strong>s gens sont hargneux, méchants avec moi, uniquement parce que je<br />

ne veux ni mari ni enfant... Et merde, on est pas libre de choisir sa vie ou quoi ? » avait-el<strong>le</strong><br />

fini par crier hier soir au bout du troisième verre de vin de noix.<br />

« Désolée ma p’tite, que j’avais répondu, t’es une femme, et à c’que j’vois, l’est toujours<br />

pas venu <strong>le</strong> temps où la Femme peut vivre librement sa vie ! », sur ce, je m’étions resservi un<br />

verre, car il faut bien ça <strong>pour</strong> digérer cette honterie !<br />

Va<strong>le</strong>ntine<br />

6 7<br />

Catherine V.<br />

LETTRE OUVERTE À TOUS<br />

CEUX QUI M’ÉCRIVENT<br />

Je <strong>le</strong> dis sans prendre de gants : « J’en ai marre ! » C’est clair !<br />

J’en ai marre de recevoir toutes ces <strong>le</strong>ttres qui ne font que<br />

rabâcher : je veux ci, je veux ça !<br />

Dites-vous bien que je n’aime pas lire, surtout <strong>le</strong>s inepties que<br />

vous m’envoyez ! Toujours <strong>le</strong>s mêmes choses, ou à peu près,<br />

et répétées à des millions d’exemplaires, avec des gens qui en<br />

veu<strong>le</strong>nt toujours plus !<br />

Ah, il est loin <strong>le</strong> temps où je pouvais distribuer des oranges ou<br />

des mandarines, cela parfumait agréab<strong>le</strong>ment mon traineau.<br />

Et puis, je me suis mis aux poupons en celluloïd ou au train<br />

é<strong>le</strong>ctrique, cela a été <strong>le</strong> début de la fin. Je n’avais pas tous<br />

ces ennuis de courrier. J’avais une PME bien tranquil<strong>le</strong>, pas<br />

de stocks, pas de mouvement de personnel. Maintenant c’est<br />

la pagail<strong>le</strong> !<br />

Tout <strong>le</strong> monde s’y met. On m’écrit <strong>pour</strong> tout et rien. Passe <strong>pour</strong><br />

<strong>le</strong>s petits enfants. Ils me disent : « Père Noël on t’aime ! ».<br />

Même si je ne suis pas mégalo, et que je fais la part des<br />

choses, c’est toujours agréab<strong>le</strong> à lire. Parfois ils me font même<br />

des dessins. C’est mignon !<br />

Mais <strong>le</strong>s plus âgés me demandent des choses impossib<strong>le</strong>s. En<br />

plus, tout est fabriqué en Chine. Je ne vous dis pas la pacotil<strong>le</strong> !<br />

J’ai des retours tout <strong>le</strong> temps et cela me donne des al<strong>le</strong>rgies.<br />

Tiens, j’en ai la barbe toute rousse ! J’ai l’air malin !<br />

Mais cette année c’est pire que tout, c’est l’enfer. Imaginez.<br />

En p<strong>le</strong>ine crise économique et à quelques mois d’é<strong>le</strong>ctions !!!!<br />

J’ai une pi<strong>le</strong> spécia<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s banquiers. « Faites que mes<br />

achats d’actions soient payants ! » ou bien « Aidez-moi à ce<br />

que mes créanciers me remboursent ! ». Qu’est-ce que j’y peux<br />

moi ? Ils n’avaient pas à spécu<strong>le</strong>r ni à prêter à des politiciens !<br />

Les politiciens. Ah ! Eux aussi c’est la plaie. Ils veu<strong>le</strong>nt tous être<br />

élus ou réélus, alors qu’ils accumu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s conneries !!! Et puis,<br />

il y a ceux qui disent vouloir guérir <strong>le</strong>urs addictions. Il y en a<br />

même un qui a prétendu qu’il lui fallait une poupée habillée<br />

en soubrette !<br />

Bref, je suis dégoûté de croire en moi !<br />

Alors, rideau ! Je démissionne et je passe la main au Père<br />

Fouettard !<br />

Ciao. Je me rase et je pars en Polynésie.<br />

Jean Laffarge


POING<br />

DE VUE<br />

EMMAÜS<br />

LESCAR PAU :<br />

30 ANS D’UTOPIE !<br />

Partir à la rencontre d’Emmaüs Lescar, c’est un<br />

peu lâcher ses a priori et décider de prendre du<br />

temps <strong>pour</strong> écouter, interroger, confronter. Quitte à<br />

revenir plusieurs fois <strong>pour</strong> découvrir un nouveau pan<br />

de la Communauté. Fusée aux multip<strong>le</strong>s étages, el<strong>le</strong><br />

se transforme au fil des visites au gré des idées qui y<br />

germent, se lancent et aboutissent – ou pas. Comme<br />

cel<strong>le</strong> née il y a quelques semaines à peine, suite à un<br />

bac de pommes donné en nourriture aux cochons.<br />

«Et si l’on créait un atelier « Conserves », histoire de<br />

mieux gérer <strong>le</strong>s stocks et d’éviter <strong>le</strong> gaspillage ? ».<br />

C’est parti <strong>pour</strong> une nouvel<strong>le</strong> aventure, et bien malin<br />

qui peut savoir sous quel<strong>le</strong> forme on la retrouvera,<br />

cette suggestion pondue autour d’une tab<strong>le</strong> ronde<br />

forcément informel<strong>le</strong>.<br />

Un jour de mai 1982…<br />

30 ans que cette utopie dure aux portes de Pau.<br />

El<strong>le</strong> a démarré à Mirepeix, sur <strong>le</strong> terrain et dans <strong>le</strong>s<br />

murs d’une usine désaffectée. Avec Germain à bord du<br />

bateau, déjà. Capitaine d’un esquif qui se demande,<br />

en lien avec <strong>le</strong> message de l’Abbé Pierre, s’il y a une<br />

attente réel<strong>le</strong> en matière d’accueil inconditionnel et si <strong>le</strong><br />

potentiel de recyclage est <strong>là</strong> <strong>pour</strong> générer une activité,<br />

condition sine qua non <strong>pour</strong> remettre un homme<br />

debout et refuser l’assistanat. « Ici, on ne demande<br />

rien : pas de papiers, pas de casier judiciaire, pas<br />

d’antécédents. Juste un prénom. Ensuite, chacun trouve<br />

sa place <strong>pour</strong>vu qu’il souhaite vraiment s’intégrer et<br />

qu’il trouve un domaine d’activité où il <strong>pour</strong>ra exercer<br />

ou faire émerger ses compétences. Si, <strong>pour</strong> une raison<br />

ou <strong>pour</strong> une autre, il ne peut pas travail<strong>le</strong>r parmi nous,<br />

il ne peut pas rester », souligne Germain.<br />

Déménagement<br />

Les débuts sont diffici<strong>le</strong>s, avec des locaux qui<br />

vieillissent et rendent la vie pénib<strong>le</strong> : il y fait froid et<br />

humide…jusqu’au jour où 1,7 ha sont acquis à Lescar.<br />

Nouveau départ <strong>pour</strong> la Communauté qui va pouvoir<br />

enfin travail<strong>le</strong>r dans la durée <strong>pour</strong> construire, s’ancrer<br />

et devenir un acteur incontournab<strong>le</strong> de la cité. À Lescar<br />

et ail<strong>le</strong>urs. Inscrite dans cette fameuse Économie Socia<strong>le</strong><br />

et Solidaire dont on par<strong>le</strong> tant aujourd’hui mais qui a<br />

encore du mal à émerger tel<strong>le</strong>ment el<strong>le</strong> sort du cadre,<br />

comme on dit.<br />

Indépendance et désobéissance<br />

Mais un peu plus de 1000 visiteurs par jour, 17<br />

salariés en CDI et un peu plus de 3 millions d’euros<br />

de CA, ça pèse, dans notre région. Surtout lorsqu’il<br />

n’y a pas un centime de subventions. Histoire, encore<br />

une fois, de refuser l’assistanat et de pouvoir dire<br />

«Merde » quand on doit <strong>le</strong> dire. Et de se donner <strong>le</strong> droit<br />

de désobéir. En coulant des dal<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s sont<br />

posés <strong>le</strong>s premiers mobi<strong>le</strong> home, sur une zone non<br />

constructib<strong>le</strong>. En réintégrant sur <strong>le</strong> site de Lescar « Le Mur<br />

des expulsés » démoli à Billère à la demande du préfet.<br />

En manifestant même, dès <strong>le</strong> départ, son indépendance<br />

vis-à-vis de l’Union des Amis et des Compagnons<br />

d’Emmaüs, qui regroupe des communautés proches<br />

de la vision de l’Abbé Pierre et qui refuse la mixité en<br />

vigueur à Mirepeix. Au nom de quel fondement social<br />

rejetterait-on la confrontation au regard de l’autre,<br />

uti<strong>le</strong> dans la reconstruction de l’individu, et la vie en<br />

coup<strong>le</strong>, élément de stabilisation chez ces fracassés de<br />

la vie ? Désobéissance, donc. Qui rime par<br />

exemp<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> rejet d’une uniformisation du<br />

mouvement Emmaüs. Cel<strong>le</strong>-ci, toujours selon<br />

Germain, serait dévastatrice <strong>pour</strong> la créativité<br />

qui a émergé depuis <strong>le</strong> 20 mai 1982, dans<br />

une logique aux antipodes d’une gestion<br />

administrative forcément castratrice.<br />

Dépasser <strong>le</strong>s limites de<br />

l’associatif<br />

Ici, pas besoin d’une demande en 15<br />

exemplaires <strong>pour</strong> acheter un véhicu<strong>le</strong>.<br />

Responsab<strong>le</strong>s d’ateliers et salariés font émerger<br />

<strong>le</strong>s besoins, remplis en fonction, bien entendu, des<br />

possibilités financières du moment. Les schémas<br />

décisionnels sont donc courts et efficaces, ce qui surprend<br />

parfois, ce qui agace souvent. Nous ne sommes pas<br />

ici dans de la gestion mais dans du concret, ce qui<br />

oblige à agir rapidement, sans <strong>le</strong> carcans habituel de<br />

ce type d’organisation. Mais c’est <strong>le</strong> fonctionnement<br />

de cette Communauté, utopie qui résiste à l’épreuve<br />

du temps malgré <strong>le</strong>s soubresauts inhérents à une<br />

tel<strong>le</strong> structure. L’une des épreuves <strong>le</strong>s plus diffici<strong>le</strong>s à<br />

traverser fut d’ail<strong>le</strong>urs la trahison de quelques anciens<br />

compagnons de route qui, à moment donné, aurait pu<br />

faire bascu<strong>le</strong>r la Communauté. «Un porteur de projet<br />

doit rester décisionnaire et ne peut pas être mis sous<br />

tutel<strong>le</strong> pendant que d’autres dévoient l’objet social et<br />

<strong>le</strong> détournent à <strong>le</strong>ur compte, sinon, ça devient de la<br />

gestion et on perd de vue <strong>le</strong> projet fondateur», dit en<br />

substance Germain.<br />

(ndlr : tiens, ça arrive aussi aux autres…)<br />

« Nous en sommes fina<strong>le</strong>ment sortis plus forts, même<br />

si j’en garde quelques cicatrices physiques » ! Mais je<br />

préfère garder <strong>le</strong>s bons souvenirs, nombreux. Comme<br />

la naissance des enfants au sein de la Communauté. Et<br />

tant d’autres événements, petits et grands, qui se sont<br />

passés durant ces 30 ans ».<br />

Un vivier d’idées qui se mettent<br />

en place<br />

La machine s’est remise en route, avec sa cohorte<br />

d’idées qui se sont concrétisées. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong><br />

développement de l’éco-habitat, fruit d’une évolution<br />

nécessaire. En 30 ans, des locaux insalubres puis<br />

un bâtiment col<strong>le</strong>ctif sain ont abrité des chambres<br />

individuel<strong>le</strong>s, premiers refuges précieux mais qui<br />

n’incitaient pas forcément à poser son sac définitivement.<br />

Le manque de place a imposé <strong>le</strong>s premiers mobi<strong>le</strong><br />

home. Des maisons se sont construites et, en décembre<br />

2011, <strong>le</strong> Quartier 1 n’abrite plus de mobi<strong>le</strong> home<br />

et il est désormais composé par 8 maisons : 5 écohabitats,<br />

1 maison jumel<strong>le</strong> éco – habitat et 2 maisons<br />

individuel<strong>le</strong>s tout juste réhabilitées. Tout ceci pendant<br />

qu’une réf<strong>le</strong>xion col<strong>le</strong>ctive s’amorce sur l’aménagement<br />

urbain de la Communauté.<br />

Changer <strong>le</strong> regard<br />

30 ans. Plus que <strong>le</strong>s chiffres, c’est l’aventure<br />

humaine qui saute aux yeux. C’est la vingtaine<br />

d’ateliers qui fonctionnent en aval des marchandises<br />

récupérées, c’est cette impression de ruche qui saisit au<br />

premier regard, c’est ce respect de l’autre, aussi, qu’on<br />

pressent : chacun se salue et <strong>le</strong>s poignées de main sont<br />

franches. Un mirac<strong>le</strong>, si l’on imagine un instant par où<br />

sont passés ces hommes et ses femmes qui atterrissent<br />

à Lescar.<br />

Remettre l’homme debout. Et jeter <strong>le</strong> misérabilisme<br />

aux orties. On n’est pas dans une entreprise de charité.<br />

Ici, l’assistanat est honni.<br />

Le RSA et ses autres béquil<strong>le</strong>s ? « Il faudrait supprimer<br />

l’Aide Alimentaire, <strong>le</strong> RSA et tout ce qui empêche <strong>le</strong>s<br />

individus de lutter et de se révolter : à ce moment précis,<br />

<strong>le</strong>s gens n’auraient plus peur de perdre quoi que ce soit<br />

et seraient réel<strong>le</strong>ment prêt à faire <strong>le</strong>ur révolution ».<br />

La grande hypocrisie, si on traduit bien, c’est de<br />

maintenir <strong>le</strong>s individus tout juste hors de l’eau, de tel<strong>le</strong><br />

manière qu’ils puissent respirer mais quand même pas<br />

l’ouvrir ni se redresser tout à fait…<br />

Ouvrir la Communauté sur<br />

l’extérieur<br />

30 ans. L’heure de fêter ça, aussi. En continuant<br />

à ouvrir la Communauté sur l’extérieur. Tiens, par<br />

exemp<strong>le</strong>, dans cet esprit, une dernière idée vient de<br />

voir <strong>le</strong> jour : il s’agit de mettre en place une forme<br />

de tourisme solidaire. Qui donnerait la possibilité par<br />

http://souris.graph.free.fr<br />

exemp<strong>le</strong> à une famil<strong>le</strong> de venir passer une journée et<br />

une nuit à Lescar, en s’imprégnant de ce qui s’y vit.<br />

Avant de repartir <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain <strong>pour</strong> une journée de ski<br />

ou une balade en montagne.<br />

Osons !<br />

« Oser » sera l’un des mots clés de la campagne<br />

qui va accompagner ces 30 ans, concoctée par<br />

l’agence Zookeeper en étroite collaboration avec <strong>le</strong>s<br />

membres de la Communauté, avec un thème par<br />

mois. La récupération et <strong>le</strong> recyclage, <strong>pour</strong> insister sur<br />

l’importance crucia<strong>le</strong> de cette activité de base chez<br />

Emmaüs. La solidarité, avec une reprise de l’appel<br />

de l’Abbé Pierre, « Mes amis au secours… ». Rappel<br />

important au sein de la Communauté de Pau Lescar qui<br />

a su vivre, faire vivre et faire évoluer l’idéal du célèbre<br />

prêtre – député. L’habitat (en référence aux expulsions<br />

locatives du 15 mars), <strong>le</strong> combat contre toutes <strong>le</strong>s<br />

injustices, <strong>le</strong>s alternatives, <strong>le</strong>s jeunes, la culture (avec en<br />

point d’orgue <strong>le</strong> Festival qui s’étendra cette année sur<br />

3 jours, <strong>le</strong>s 24, 25 et 26 juil<strong>le</strong>t), l’accueil inconditionnel<br />

(matérialisé par <strong>le</strong>s masques, sur <strong>le</strong>s visuels), l’économie<br />

socia<strong>le</strong> et solidaire (un salarié vient d’ail<strong>le</strong>urs d’être<br />

embauché <strong>pour</strong> développer cette thématique) seront<br />

parmi <strong>le</strong>s sujets traités tout au long de cette année.<br />

Mûrement réfléchis avec l’ensemb<strong>le</strong> des compagnons.<br />

Comme tout ce qui se décide au sein de la Communauté<br />

Emmaüs Lescar, agitatrice d’alternatives, laboratoire<br />

d’idées et d’expérimentation permanente, en perpétuel<br />

mouvement, mûe par des utopies partagées, enragées,<br />

de cel<strong>le</strong>s qui remettent debout.<br />

On terminera par cette Petite citation d’Alphonse<br />

Allais, à la page « août » du ca<strong>le</strong>ndrier 2012 de la<br />

Communauté : « Il faut prendre l’argent <strong>là</strong> où il se<br />

trouve, c’est-à-dire chez <strong>le</strong>s pauvres. Bon, d’accord, ils<br />

n’ont pas beaucoup d’argent, mais il y a beaucoup de<br />

pauvres ».<br />

Chez Emmaüs Pau Lescar, il y a surtout beaucoup<br />

d’énergie.<br />

Pierre de Nodrest<br />

Emmaüs Lescar-Pau<br />

Chemin Salié<br />

64230 LESCAR<br />

Tél : 05 59 81 17 82<br />

Fax : 05 59 81 18 25<br />

Mail : com.emmaus-<strong>le</strong>scar-pau@orange.fr<br />

www.emmaus-<strong>le</strong>scar-pau.com<br />

www.chantier-solidaire.com<br />

http://fr-fr.facebook.com/Emmaus Lescar Pau<br />

L’Éco-habitat<br />

reconstruit <strong>le</strong>s hommes<br />

chez Emmaüs Lescar – Pau<br />

Le 23 janvier 2011, en commémoration du décès de<br />

l’Abbé Pierre, la Communauté lançait l’opération « …du<br />

sans toit au toit avec toi ! », en lien avec <strong>le</strong> but initial du<br />

fondateur des communautés Emmaüs : la lutte contre <strong>le</strong><br />

mal logement.<br />

La visite du Quartier 1 du village d’Ossau en cette<br />

veil<strong>le</strong> de Noël est saisissante : un magnifique so<strong>le</strong>il<br />

hivernal réchauffe une atmosphère fraîche et humide<br />

et on patauge un peu entre <strong>le</strong>s maisons aux cou<strong>le</strong>urs<br />

vives et aux formes origina<strong>le</strong>s. La lumière est magique<br />

aujourd’hui.<br />

« Tout ça, c’est réfléchi avec <strong>le</strong> compagnon », explique<br />

Philippe, <strong>le</strong> « salarié – maître d’œuvre » de l’atelier éco<br />

construction. « Denis, par exemp<strong>le</strong>, par exemp<strong>le</strong>, voulait<br />

quelque chose qui lui rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> mistral. On a donc fait<br />

une ébauche sous forme de dessin en tenant compte de<br />

ça, et ça a donné cette maison qui penche. Après, on<br />

travail<strong>le</strong> surtout sur l’intérieur, en fonction <strong>là</strong> encore des<br />

priorités de chacun. L’axe central est-il la cuisine ? La<br />

chambre ? Sachant qu’on dispose d’un budget réduit<br />

<strong>pour</strong> chaque construction, il faut tout calcu<strong>le</strong>r et utiliser<br />

<strong>le</strong>s matériaux à bon escient. L’important, c’est de réduire<br />

au maximum la consommation d’énergie. Lorsqu’un<br />

mobi<strong>le</strong> home occasionnait une dépense énergétique<br />

de 900 euros <strong>pour</strong> l’année, <strong>là</strong>, on passe à 200 euros !<br />

Donc, on fait attention à tout. Et tout a une cohérence.<br />

Par exemp<strong>le</strong>, <strong>pour</strong> la maison de Didier, l’isolation est<br />

faite avec de la ouate de cellulose fabriquée à partir de<br />

papiers récupérés à la Communauté et transformés par<br />

la société Ouateco. La maison de Joël, el<strong>le</strong>, a des murs<br />

en pail<strong>le</strong>. Contrairement à ce qu’on <strong>pour</strong>rait penser,<br />

c’est un matériau plutôt cher et compliqué à travail<strong>le</strong>r<br />

<strong>pour</strong> tout un tas de raisons ».<br />

C’est vrai que ce quartier a une tout autre allure.<br />

Et <strong>le</strong>s premiers habitants s’y sentent bien. Notamment<br />

Michel dit « Le Pouil<strong>le</strong>ux » qui vit dans une maison en<br />

forme de goutte d’eau. Avec ses fil<strong>le</strong>s, qui sont désormais<br />

plus à l’aise <strong>pour</strong> recevoir <strong>le</strong>urs amies.<br />

« Chacun s’implique à sa manière, en fonction de ses<br />

compétences. Mais tout est fait ici, hormis la plomberie<br />

et l’é<strong>le</strong>ctricité. Ça renforce ce sentiment d’apaisement<br />

et d’appropriation que ressentent <strong>le</strong>s compagnons qui,<br />

<strong>pour</strong> beaucoup, en ont bavé avant d’atterrir ici. Mais<br />

c’est une aventure unique, <strong>pour</strong> laquel<strong>le</strong> je ne regrette<br />

pas d’avoir laissé tomber mon ancien job », conclut<br />

Philippe. Qui peut quitter tranquil<strong>le</strong>ment l’atelier <strong>pour</strong><br />

al<strong>le</strong>r terminer ses cadeaux de Noël.<br />

Le programme<br />

2012<br />

Les 7 et 8 février : journées Architecture<br />

durab<strong>le</strong> et Qualité de vie animée par Franz van<br />

der Werf. Quatre demi-journées indépendantes<br />

qui causeront d’éco-quartier (<strong>le</strong> 7 au matin), d’écovoisinage<br />

<strong>le</strong> 7 après-midi, de logement durab<strong>le</strong><br />

(conception de l’intérieur d’un logement) <strong>le</strong> 8 au<br />

matin, <strong>pour</strong> terminer par un cas concret : <strong>le</strong> village<br />

d’Ossau, village des compagnons. Il est fortement<br />

conseillé de réserver par mail à com.emmaus.<br />

<strong>le</strong>scarpau@orange.fr en précisant <strong>le</strong> nombre de<br />

personnes et <strong>le</strong>s dates auxquel<strong>le</strong>s vous participerez.<br />

La participation est libre et <strong>le</strong>s repas sont pris au<br />

réfectoire de la Communauté.<br />

Du 25 février au 4 mars :<br />

participation de Vadrouil<strong>le</strong>, âne des Pyrénées de<br />

type gascon, au Salon de l’Agriculture de Paris.<br />

L’occasion <strong>pour</strong> la Communauté de présenter sa<br />

Ferme Alternative et d’inciter <strong>le</strong>s visiteurs du Salon<br />

à découvrir Emmaüs Pau Lescar<br />

Le 31 mars : soirée de clôture du festival<br />

Culturamérica, avec des débats et un concert.<br />

En mai : ouverture d’une épicerie qui proposera<br />

des produits alimentaires issus de petits producteurs.<br />

Et sortie d’un ouvrage d’entretiens entre Germain et<br />

Paul Ariès, politologue et éditeur du Sarkophage.<br />

Du 15 juin au 15 septembre :<br />

place aux chantiers solidaires, constitués de jeunes<br />

bénévo<strong>le</strong>s issus du monde entier.<br />

Du 24 au 26 juil<strong>le</strong>t : Festival Emmaüs<br />

Lescar Pau. Là encore, l’occasion de souligner<br />

la singularité de cet événement entièrement<br />

autofinancé sans l’ombre d’une subvention. Bon, il y<br />

a <strong>le</strong>s bénévo<strong>le</strong>s, mais quand même…Côté musique,<br />

Zebda sera <strong>là</strong> <strong>le</strong> 26.<br />

Et côté rencontres, il y aura du beau monde,<br />

avec, entre autres, Jean Zieg<strong>le</strong>r, et bien d’autres,<br />

<strong>pour</strong> un Forum mondial sur la pauvreté, en<br />

partenariat avec <strong>le</strong> Sarkophage. Sans compter <strong>le</strong><br />

village associatif dans la journée.<br />

Mi-septembre : ouverture de la<br />

Communauté au tourisme solidaire<br />

8 9<br />

Mémo<br />

∫17 Salariés<br />

∫Quelque 130 compagnons<br />

∫un peu plus de 3,3 Millions<br />

d’euros de CA<br />

∫Un principe absolu :<br />

l’accueil inconditionnel<br />

∫Statut du compagnon :<br />

il est nourri, logé, blanchi<br />

<strong>pour</strong>vu qu’il participe à une<br />

activité de la Communauté<br />

Il est déclaré à hauteur de<br />

40% du SMIC <strong>pour</strong> pouvoir<br />

toucher sa retraite<br />

Il perçoit un pécu<strong>le</strong> de 450<br />

euros par mois au bout d’un<br />

an au sein de la Communauté


http://souris.graph.free.fr<br />

LA DEMOIZELLE GABRIELLE<br />

Chansons morpionnes<br />

Naïa Music<br />

La Demoizel<strong>le</strong> Gabriel<strong>le</strong> qui nous sort un album, un vrai, ça<br />

fait tout drô<strong>le</strong> quand on a l’habitude de la voir sur scène.<br />

Nous l’aurait-on assagie ? Pas vraiment. Même si c’est dans un<br />

bistrot qu’on préfère partir à sa rencontre, cette ga<strong>le</strong>tte permet<br />

d’ancrer une toute petite partie de ce que la Demoizel<strong>le</strong><br />

sait faire. « Chansons morpionnes : tout est dans <strong>le</strong> titre, ou<br />

presque. El<strong>le</strong> n’a pas la langue dans sa poche, au service d’un<br />

humain au cœur de son répertoire bien plus important que ces 11 morceaux. El<strong>le</strong> dépote, el<strong>le</strong> chante<br />

cru, aussi. Il y a un côté brut de décoffrage, un peu naïf, aussi, qui rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> « C’est trop faci<strong>le</strong> »<br />

du Brel des débuts. Bref, on vous conseil<strong>le</strong> vivement ce disque d’une artiste plus que prometteuse.<br />

TRANSGUNNERS<br />

Très classe<br />

www.myspace.com/transgunner<br />

Rien à jeter dans cet album pondu par un trio lyonnais qui, paraît-il,<br />

cartonne sur scène. C’est du très bon rock, varié, sûr de ses influences<br />

(<strong>le</strong>s Clash, <strong>le</strong>s Stones) qui s’autorise quelques plages moins énervées<br />

(notamment l’excel<strong>le</strong>nt « Moksha ») à côté de morceaux davantage<br />

« tubesques » comme « Cocksucker Disco » ou « Jerk ». Pour résumer :<br />

c’est excel<strong>le</strong>nt de bout en bout !<br />

MUTUELLES : c’EST par ici<br />

L’aUgMEnTaTion !<br />

Là, on y est vraiment, dans la politique de rigueur. Et encore,<br />

on n’a certainement pas tout vu : la TVA socia<strong>le</strong> rode, quelque<br />

part au-dessus de nos têtes, ce ne serait plus qu’une question<br />

de jours, paraît-il…Malgré la difficulté de la mise en œuvre,<br />

malgré <strong>le</strong>s délais ridicu<strong>le</strong>ment courts, malgré <strong>le</strong>s conséquences<br />

probab<strong>le</strong>ment désastreuses sur <strong>le</strong> plan de la consommation,<br />

même si on nous assure que la compétitivité des entreprises va<br />

être décuplée.<br />

Une taxe a déjà vue <strong>le</strong> jour, c’est cel<strong>le</strong> qui touche <strong>le</strong>s<br />

complémentaires santé. Soit une taxe de 3,5% qui s’ajoute à<br />

une précédente ponction de 3,5%, déjà, <strong>le</strong> 1er janvier 2011,<br />

passée presque inaperçue car une bonne partie en avait parfois<br />

été prise sur <strong>le</strong>s réserves des mutuel<strong>le</strong>s et des assurances.<br />

Le tollé sur cette taxe est quasiment général, et certains<br />

responsab<strong>le</strong>s commencent à exprimer tout haut ce que <strong>le</strong>s élus<br />

n’osent pas avouer.<br />

Rencontre avec Alain Dumas, président de la Mutualité<br />

Française en Aquitaine.<br />

<strong>Factotum</strong> : que va rapporter cette taxe à l’État ?<br />

Alain Dumas : dans l’absolu, entre <strong>le</strong>s deux taxations<br />

consécutives, environ 2,2 milliards d’euros. Ce qui veut dire<br />

qu’il va y avoir mécaniquement une augmentation des frais de<br />

complémentaire santé d’au moins 7% directement à la charge des<br />

assurés, soit quelque 95% de la population française.<br />

<strong>Factotum</strong> : y avait-il des solutions plus équitab<strong>le</strong>s ?<br />

Alain Dumas : la solution la plus uti<strong>le</strong> et la plus rentab<strong>le</strong><br />

<strong>pour</strong> l’État aurait été d’augmenter la CSG. Mais on voit bien en<br />

observant <strong>le</strong> détail de ce budget que l’équité n’est pas forcément<br />

la priorité de ce gouvernement, surtout si l’on considère <strong>le</strong>s 200<br />

millions d’euros qu’auront à payer <strong>le</strong>s plus riches à côté des 2,2<br />

milliards déjà évoqués.<br />

Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s conséquences de ce nouveau dispositif<br />

financier ?<br />

On peut qualifier cette décision de régression dans <strong>le</strong>s<br />

garanties sur <strong>le</strong> plan de ce qui, déjà, est mal remboursé (ce<br />

qui relève notamment des domaines des dents, de la vue et de<br />

l’audition). Et <strong>le</strong>s conséquences sont pernicieuses. Qui dit manque<br />

de soins dentaire dit, surtout chez <strong>le</strong>s personnes âgées, mauvaise<br />

alimentation et, du coup, dégradation de l’état de santé général.<br />

Pourquoi ne pas avoir interpellé <strong>le</strong>s socialistes durant <strong>le</strong>urs<br />

primaires ?<br />

Tout simp<strong>le</strong>ment parce qu’on aurait pu appe<strong>le</strong>r ça de<br />

l’ingérence. En revanche, <strong>le</strong> débat doit s’inviter dans <strong>le</strong> débat des<br />

présidentiel<strong>le</strong>s <strong>pour</strong> savoir ce que <strong>le</strong>s futurs gouvernants veu<strong>le</strong>nt<br />

vraiment en matière de sécurité socia<strong>le</strong>. Nous devons absolument<br />

rencontrer <strong>le</strong>s politiques au plus haut niveau. Car, paradoxa<strong>le</strong>ment,<br />

<strong>le</strong>s élus de terrain, au niveau des Conseils Généraux par exemp<strong>le</strong>,<br />

comprennent, individuel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s conséquences de ces décisions.<br />

En revanche, la discipline de groupe empêche souvent de<br />

s’exprimer au moment des votes.<br />

Y a-t-il vraiment des solutions <strong>pour</strong> conserver notre système<br />

de santé ?<br />

Oui, il y en a. Mais on en veut pas, en France, réformer la<br />

Sécurité Socia<strong>le</strong>. Le lobbying effrené d’une bonne partie des acteurs<br />

de la santé dans ce pays empêche <strong>le</strong>s choses d’avancer. Quand on<br />

taxe d’un côté <strong>le</strong>s assurés sociaux de 2,2 milliards d’euros et qu’en<br />

même temps, on augmente <strong>le</strong> tarif de consultation des médecins<br />

généralistes, on peut se poser des questions…<br />

Propos recueillis par Pierre de Nodrest<br />

Pour signer la pétition contre la nouvel<strong>le</strong> taxe sur la santé :<br />

http://www.mutualite.fr/Petition-non-a-la-taxe-sur-la-santequi-degrade-l-acces-aux-soins-des-Francais-!<br />

non a<br />

La TVa SociaLE !<br />

Jacques Le Cacheux, Professeur<br />

d’économie à l’Université de Pau, est<br />

un économiste de ta<strong>le</strong>nt, de dimension<br />

internationa<strong>le</strong>, et une université ne peut que<br />

s’en réjouir. Il a <strong>le</strong> courage de ses opinions :<br />

très «libéra<strong>le</strong>s».<br />

Dans <strong>le</strong> Sud-Ouest du 3 janvier<br />

(interview reprise par la «revue de presse» de<br />

l’université) cette bel<strong>le</strong> intelligence soutient<br />

une vieil<strong>le</strong> lune que Nicolas Sarkozy a<br />

ressortie de sa besace (il dut déjà la rembal<strong>le</strong>r<br />

en 2007), et n’a même pas osé nommer.<br />

J. Le Cacheux dit «Oui à la TVA socia<strong>le</strong>».<br />

Je ne suis pas économiste, mais cela sent<br />

l’arnaque socia<strong>le</strong> et politique. La TVA socia<strong>le</strong><br />

est un vieux rêve du MEDEF et des «libéraux».<br />

Ils voudraient transférer <strong>le</strong> financement de la<br />

Sécurité Socia<strong>le</strong>, actuel<strong>le</strong>ment assurée par<br />

<strong>le</strong>s cotisations socia<strong>le</strong>s, sur l’impôt. Ils rêvent<br />

de liquider <strong>le</strong> financement de la protection<br />

socia<strong>le</strong> par <strong>le</strong> prélèvement sur <strong>le</strong>s richesses<br />

créées par <strong>le</strong> travail, au sein des entreprises.<br />

C’est toute l’architecture des acquis de la<br />

Libération qui serait encore davantage mise<br />

à mal.<br />

Sous prétexte de diminuer <strong>le</strong>s charges<br />

des entreprises, il s’agit de <strong>le</strong>ur faire de<br />

nouveaux cadeaux, et d’en faire payer<br />

la note aux consommateurs. Nul besoin<br />

d’être économiste <strong>pour</strong> savoir que la TVA<br />

est l’impôt <strong>le</strong> plus injuste et <strong>le</strong> plus coûteux<br />

<strong>pour</strong> <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s populaires. Une hausse de<br />

2% de l’actuel<strong>le</strong> TVA à 19,6% entraînerait<br />

une ponction de 10 milliards d’euros sur<br />

<strong>le</strong>s consommateurs, plomberait <strong>le</strong> pouvoir<br />

d’achat et la demande. A quoi ont servi tous<br />

<strong>le</strong>s cadeaux fiscaux au patronat depuis des<br />

lunes, tous <strong>le</strong>s allègements de cotisations<br />

DÉBaT pUBLic LE<br />

1Er FÉVriEr 2012<br />

DE 18H30 À 20H30<br />

À L’ESpacE MÉDoqUinE<br />

224-226 coUrS gaLLiEni<br />

33400 TaLEncE<br />

A quelques mois des é<strong>le</strong>ctions présidentiel<strong>le</strong><br />

et législatives, la Mutualité Française rend<br />

publiques ses propositions <strong>pour</strong> réformer <strong>le</strong><br />

système de santé.<br />

Ces orientations, parmi <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> droit à<br />

une complémentaire santé <strong>pour</strong> tous, portent à<br />

la fois sur une réforme de l’assurance maladie<br />

obligatoire, sur <strong>le</strong>s rô<strong>le</strong>s respectifs de l’assurance<br />

maladie et du régime complémentaire ainsi que<br />

sur l’amélioration de la prise en charge des<br />

patients. El<strong>le</strong>s seront présentées lors de la<br />

conférence-débat organisée en partenariat<br />

avec la Mutualité Française Aquitaine, à<br />

laquel<strong>le</strong> participeront Etienne Caniard,<br />

Président de la Fédération Nationa<strong>le</strong> de<br />

la Mutualité Française ainsi que d’autres<br />

acteurs et décideurs régionaux.<br />

En voici <strong>le</strong> programme.<br />

18h30 - Ouverture par Alain DUMAS,<br />

Président de la Mutualité Française<br />

Aquitaine<br />

18h45 - Conférence- débat<br />

Présentation des propositions d’amélioration<br />

du système de santé par Etienne CANIARD,<br />

Président de la Mutualité Française<br />

Tab<strong>le</strong>-ronde : <strong>le</strong>s propositions de la<br />

Mutualité Française en débat<br />

Avec <strong>le</strong>s interventions de :<br />

Docteur Frédéric CORDET, représentant de<br />

l’Union Régiona<strong>le</strong> des Professionnels de<br />

Santé Médecins Libéraux d’Aquitaine<br />

Dominique GILLAIZEAU, Présidente<br />

du Col<strong>le</strong>ctif Interassociatif Sur la Santé<br />

d’Aquitaine<br />

Solange MENIVAL, Vice-Présidente du<br />

Conseil régional d’Aquitaine, en charge de<br />

la santé durab<strong>le</strong> et des formations sanitaires<br />

et socia<strong>le</strong>s<br />

Pierre TARTAKOWSKY, Président de la Ligue<br />

sur <strong>le</strong>s bas salaires (21,8 milliards d’euros<br />

dans <strong>le</strong> budget 2012), sinon à gonf<strong>le</strong>r la<br />

bul<strong>le</strong> spéculative, à accroître la logique fol<strong>le</strong><br />

et suicidaire de la rentabilité financière et de<br />

l’accumulation des profits, <strong>pour</strong> l’essentiel<br />

non réinvestis dans l’économie et l’emploi.<br />

Cette proposition de TVA socia<strong>le</strong>, en<br />

plus d’être un non-sens économique, ne<br />

peut qu’aggraver la crise. Ce n’est pas en<br />

baissant toujours plus <strong>le</strong> coût du travail que<br />

l’on crée des emplois. On nous assène cette<br />

vieil<strong>le</strong> rengaine depuis plus de 30 ans, avec<br />

<strong>le</strong>s résultats que l’on sait... La TVA Socia<strong>le</strong><br />

menacerait gravement <strong>le</strong> système actuel de<br />

Sécurité socia<strong>le</strong>, qui gère des milliards que<br />

lorgne <strong>le</strong> patronat. Faut-il rappe<strong>le</strong>r que <strong>le</strong><br />

patron de l’assureur privé Malakoff-Médéric<br />

n’est autre que Guillaume Sarkozy, frère du<br />

président? C’est donc à la logique du «tout<br />

financier» qu’il faut s’en prendre, et replacer<br />

l’homme et <strong>le</strong> travail au centre du système.<br />

Il n’y aurait pas d’argent? Les patrons du<br />

CAC 40 ont touché en moyenne 2,6 millions<br />

d’euros en 2010; Total réalise près de 15<br />

milliards de profits et ne paie quasiment pas<br />

d’impôts en France... Quant au prétexte des<br />

délocalisations, pas besoin de TVA socia<strong>le</strong><br />

<strong>pour</strong> lutter contre. Il faut de la volonté<br />

politique, et, par exemp<strong>le</strong>, mettre des visas<br />

d’entrée aux marchandises produites dans<br />

<strong>le</strong>s pays où l’on pratique <strong>le</strong> dumping salarial,<br />

comme <strong>le</strong> proposait Jean-Luc Mé<strong>le</strong>nchon,<br />

candidat du Front de Gauche. Les grands<br />

moments historiques ont prouvé que la<br />

revalorisation des salaires stimu<strong>le</strong>nt l’emploi,<br />

l’économie, la production... Jacques Le<br />

Cacheux <strong>le</strong> sait pertinemment...<br />

Donc, non à ces argumentations<br />

fallacieuses assénées en bouc<strong>le</strong>!<br />

NON A LA TVA SOCIALE<br />

10 11<br />

Jean Ortiz<br />

des Droits de l’Homme<br />

Dominique JOSEPH, membre du Conseil<br />

d’administration de la Mutualité Française.<br />

Débat avec la sal<strong>le</strong><br />

20h15 - Conclusion par Etienne CANIARD,<br />

Président de la Mutualité Française.<br />

20h30 - Clôture et cocktail.<br />

Ouvert à tous - inscription gratuite<br />

Pour s’inscrire au débat :<br />

Par internet, sur notre site www.aquitaine.<br />

mutualite.fr, dans la première colonne, tout en<br />

haut à droite de cette page<br />

Par courriel : contact@aquitaine.mutualite.fr en<br />

mentionnant votre nom, prénom, profession et<br />

coordonnées téléphoniques et en indiquant dans<br />

l’objet de votre message : inscription au débat<br />

public sur l’avenir de notre système de santé.<br />

Par téléphone au 05 56 96 00 51


porTraiT<br />

SEnSiBLE<br />

a S M a<br />

cœUr ET corpS<br />

En MoUVEMEnT<br />

Ça se passe il y a presque deux ans,<br />

dans l’arrière – sal<strong>le</strong> de l’Alguazil, à Pau, un<br />

jour de janvier 2000. Nous sortons du spectac<strong>le</strong><br />

« Ma cava<strong>le</strong> » qui nous avons organisé à Pau au<br />

Théâtre Saint-Louis en soutien à Cesare Battisti,<br />

écrivain italien alors dans <strong>le</strong>s geô<strong>le</strong>s brésiliennes<br />

et, surtout, sous la menace d’une extradition vers<br />

l’Italie après une condamnation par contumace et<br />

un procès défiant toutes <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de la justice. La<br />

sangria cou<strong>le</strong> à flot, <strong>le</strong>s langues se délient, <strong>le</strong>s petits<br />

groupes de discussion se forment. Et l’on par<strong>le</strong> de<br />

la justice en Italie, en France, puis de la répression<br />

et des vio<strong>le</strong>nces policières qui commencent à faire<br />

l’objet de vives inquiétudes dans la population.<br />

Quelques mois auparavant, Bebop, la chanteuse<br />

– accordéoniste paloise aux multip<strong>le</strong>s ta<strong>le</strong>nts<br />

(« Les poupées gonflées », entre autres…), a été<br />

méchamment « secouée » lors d’un contrô<strong>le</strong> de<br />

police. Et el<strong>le</strong> n’était pas la première. Le réseau<br />

A<strong>le</strong>rte s’était mobilisé quelques mois auparavant<br />

<strong>pour</strong> porter ces événements sur la place publique.<br />

Une jeune femme commence à par<strong>le</strong>r de ce qui<br />

lui est arrivé à el<strong>le</strong> aussi, en septembre 2008. El<strong>le</strong><br />

s’appel<strong>le</strong> Asma. Danseuse, chanteuse, conteuse.<br />

Rien que ça !<br />

Erreur sur la personne<br />

Pour faire court (voir <strong>le</strong> document en annexe),<br />

il y a, au départ, une perquisition suite à une plainte<br />

<strong>pour</strong> complicité d’enlèvement d’enfant – sombre<br />

erreur d’homonymie - . Puis, malgré la présentation<br />

de ses papiers et de ceux de son fils, l’embarquement<br />

sans ménagement d’Asma au commissariat <strong>pour</strong> une<br />

garde à vue musclée, parallè<strong>le</strong>ment au placement en<br />

foyer de son petit garçon alors âgé de 2 ans.<br />

La suite ? Une condamnation <strong>pour</strong> outrage<br />

à force de l’ordre, après un appel et un <strong>pour</strong>voi en<br />

cassation, à 100 heures de travail d’intérêt général<br />

et à une amende de 270 euros. Le réseau A<strong>le</strong>rte qui<br />

s’est mobilisé sur son cas n’a peut-être pas été saisi<br />

suffisamment tôt <strong>pour</strong> étudier tout ce qui était possib<strong>le</strong><br />

de mettre en place. Au moins lui a-t-il apporté son<br />

soutien au moment de <strong>pour</strong>voi en cassation et,<br />

aujourd’hui, <strong>pour</strong> la deuxième phase du dossier<br />

judiciaire.<br />

Car, parallè<strong>le</strong>ment, Asma a porté plainte<br />

<strong>pour</strong> vio<strong>le</strong>nces physiques et mora<strong>le</strong>s, ainsi que <strong>pour</strong><br />

violation des droits de garde-à-vue.<br />

Délit de facies<br />

Ce n’est pas la première fois qu’el<strong>le</strong> se trouve<br />

confrontée à ce qu’on <strong>pour</strong>rait appe<strong>le</strong>r un délit de<br />

facies. Le fait d’être noire n’a pas facilité son cas. De<br />

ça, el<strong>le</strong> en a presque pris l’habitude depuis qu’el<strong>le</strong><br />

réside en métropo<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> a beaucoup de recul sur<br />

<strong>le</strong> sujet. « Quand on devient adulte, on devient plus<br />

philosophe. Et dans <strong>le</strong> milieu artistique où j’évolue,<br />

<strong>le</strong>s influences sont très variées et, au contraire,<br />

l’apport d’une culture exogène est considéré comme<br />

un atout. En revanche, en arrivant à Pau, oui, ça a<br />

été plus dur. J’étais toute jeune et peu endurcie par<br />

rapport à ça. Par exemp<strong>le</strong>, lorsque j’étais étudiante à<br />

la fac, j’avais été embauchée par téléphone <strong>pour</strong> être<br />

démonstratrice de produits de la marque Cacharel<br />

auprès des jeunes femmes. J’avais même été chargée<br />

de recruter d’autres jeunes. Mais quand la personne<br />

chargée de superviser tout ça est arrivée à Pau, en<br />

me voyant, j’ai de suite vu qu’il y avait un problème.<br />

Les autres jeunes ont pu remplir <strong>le</strong>ur mission…sauf<br />

personne autour de moi n’a « bronché » ! À l’époque<br />

j’étais jeune, j’avais juste appelé <strong>le</strong> directeur à Paris<br />

qui s’était confondu en excuses et m’avait envoyé un<br />

chèque ridicu<strong>le</strong> « <strong>pour</strong> dédommagement » (quelque<br />

chose comme 200 F !). Il avait surtout peur que ça se<br />

sache et que je porte plainte ! Mauvais <strong>pour</strong> l’image<br />

de la marque Cacharel…Ensuite, à l’hôpital de Pau où<br />

j’ai travaillé, <strong>là</strong> encore, ça a été diffici<strong>le</strong> ».<br />

Oiseau des î<strong>le</strong>s<br />

Asma vient de Mayotte, une î<strong>le</strong> qui fait partie de<br />

l’archipel des Comores. Une enfance passée entre <strong>le</strong><br />

théâtre et la danse, par l’entremise de grands-parents<br />

artistes. Passée très vite, aussi, entre <strong>le</strong>s mail<strong>le</strong>s de<br />

l’enseignement du Coran, <strong>pour</strong>tant obligatoire <strong>là</strong>bas<br />

tous <strong>le</strong>s après-midi. Mais la religion s’oppose aux<br />

sentiments d’autonomie et de liberté qu’el<strong>le</strong> exprime<br />

très tôt.<br />

Asma grandit et étudie entre Mayotte et l’î<strong>le</strong> de<br />

la Réunion avant de quitter son petit coin de paradis<br />

<strong>pour</strong> goûter à l’indépendance et, surtout, s’arracher<br />

au mariage forcé auquel el<strong>le</strong> n’aurait pu échapper si<br />

el<strong>le</strong> était restée avec <strong>le</strong>s siens. Le bac arrive à point<br />

nommé <strong>pour</strong> récuser <strong>le</strong> troisième prétendant, couper<br />

<strong>le</strong> cordon familial et débarquer à Pau.<br />

La danse et <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong>,<br />

avant tout<br />

Là, c’est <strong>le</strong> choc…thermique et affectif. La<br />

capita<strong>le</strong> béarnaise n’est pas réputée <strong>pour</strong> sa cha<strong>le</strong>ur<br />

humaine et Asma se sent très vite isolée à l’UPPA, n’étant<br />

en contact qu’avec quelques étudiants originaires de<br />

Mayotte. Une expérience mitigée à l’hôpital de Pau<br />

plus tard, <strong>le</strong> démon du spectac<strong>le</strong> la reprend assez vite.<br />

El<strong>le</strong> reprend des cours à Tarbes avec Marie-Claude<br />

Zordan, el<strong>le</strong>-même élève de Germaine Acogny. « Je<br />

me rends compte que ce sont <strong>là</strong> <strong>le</strong>s fondations du sty<strong>le</strong><br />

de danse afro contemporaine que j’ai développé par<br />

la suite, en même temps que ce passage m’a appris<br />

à construire un cours de danse », confie Asma. El<strong>le</strong><br />

commence à donner des cours et s’intègre en tant<br />

que chanteuse, danseuse et régisseuse au groupe<br />

Malinké, composé de son ami Slim et de musiciens<br />

originaires de Mali, du Congo, du Burkina Fasso et<br />

de Guinée et ayant <strong>pour</strong> vocation de faire connaître <strong>le</strong><br />

chant traditionnel des Comores. La fin des années 90,<br />

c’est donc beaucoup de scène et de tournée, c’est un<br />

énorme concert à l’occasion du 150ème anniversaire<br />

de l’abolition de l’esclavage – avec l’aide notamment<br />

de Jacky Bert, à laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> rend hommage – et, <strong>pour</strong><br />

clôturer cette aventure, un voyage en Afrique qui <strong>le</strong>s<br />

conduit un peu partout sur <strong>le</strong> continent, jusqu’à l’î<strong>le</strong> de<br />

Gorée, chargée de tel<strong>le</strong>ment d’histoire…<br />

Après ? C’est la création de Mawana Slim, en<br />

2001 : 10 musiciens et 1 technicien « son » font vibrer<br />

des tempos reggae ska afro. Des concerts, <strong>là</strong> encore,<br />

et toujours l’envie de continuer à se former.<br />

Un bébé et une séparation plus tard, <strong>là</strong> revoi<strong>là</strong><br />

prête à continuer à donner des cours, à rencontrer<br />

d’autres artistes comme Norma Clair, chorégraphe<br />

guyannaise, Issiakou Batouré, danseur béninois et<br />

Koffi Koko, chorégraphe béninois. Dernière corde à<br />

l’arc d’Asma : une formation au stretching postural<br />

sous la hou<strong>le</strong>tte de Jean-Pierre Moreau, qui lui<br />

donnera la possibilité de donner des cours dans un<br />

futur assez proche.<br />

Asma conteuse<br />

Et puis il y a <strong>le</strong> conte.<br />

C’est en participant au Festival de la Petite<br />

enfance à Pau, qu’Asma se découvre des ta<strong>le</strong>nts<br />

de conteuse. Ses contes présentent la particularité<br />

d’être interactifs. Tous <strong>le</strong>s personnages du conte sont<br />

représentés par des personnes du public, enfants et<br />

adultes, qui viennent sur scène <strong>pour</strong> jouer, chanter,<br />

danser ou pi<strong>le</strong>r du riz…. Partant d’une trame inspirée<br />

des histoires de son enfance, chaque conte change en<br />

fonction du public et de l’imagination du moment.<br />

Et el<strong>le</strong> est parfois accompagnée par un musicien qui<br />

joue du balafon. Avec l’association Scott Production,<br />

el<strong>le</strong> intervient <strong>pour</strong> des comités d’entreprise et pendant<br />

<strong>le</strong>s vacances, à Gourette et aux Eaux Bonnes.<br />

Mon fils, ma batail<strong>le</strong><br />

Le conte ? La transition est toute trouvée <strong>pour</strong><br />

qu’on évoque son fils, celui qui lui a donné l’envie de<br />

se battre encore plus dans <strong>le</strong> cadre de cette pénib<strong>le</strong><br />

affaire.<br />

Asma éprouve une certaine inquiétude par<br />

rapport à l’éducation de son petit garçon (Asma<br />

souhaite qu’on ne donne pas son prénom), consciente<br />

qu’el<strong>le</strong> ne peut lui offrir ce qu’el<strong>le</strong> a vécu lors de sa<br />

propre enfance : un entourage familial proche, la vie<br />

communautaire du village et une certaine liberté.<br />

Alors qu’el<strong>le</strong> a toujours <strong>le</strong> sentiment d’être une<br />

Comorienne vivant en France, el<strong>le</strong> est convaincue que<br />

son fils possède la culture d’un petit Français. El<strong>le</strong> lui<br />

par<strong>le</strong> parfois en Swahili mais cette langue reste un<br />

charabia <strong>pour</strong> lui. De même, il connaît <strong>le</strong> manioc mais<br />

préfère <strong>le</strong>s pâtes au fromage !<br />

Lui se voit d’entrée confronté au problème de<br />

la cou<strong>le</strong>ur de peau.<br />

« Au cours de l’année dernière, petit à petit,<br />

alors qu’auparavant il allait à l’éco<strong>le</strong> sans aucun<br />

problème, il s’est replié sur lui-même. J’en ai parlé<br />

à sa maîtresse qui a abordé <strong>le</strong> sujet avec <strong>le</strong>s autres<br />

enfants. En fait, il était devenu <strong>le</strong> souffre – dou<strong>le</strong>ur de<br />

4 élèves. Les parents ont été avertis de l’attitude de <strong>le</strong>ur<br />

enfant. Seu<strong>le</strong> une famil<strong>le</strong> m’a transmis des excuses à<br />

moi et à mon fils et a reconnu qu’el<strong>le</strong> était au courant<br />

de ce qui se passait. Rien de la part des autres parents.<br />

Tout ça traduit un malaise réel dans notre société<br />

qui, dans certains milieux, n’est pas du tout prête à<br />

accepter la diversité ».<br />

Suite du dossier judiciaire<br />

Et maintenant ? Forte de ses expériences riches<br />

et douloureuses, Asma est aujourd’hui prête à assumer<br />

<strong>le</strong> dossier qui la préoccupe sur la place publique.<br />

« Je me suis tu pendant longtemps en pensant que<br />

c’était <strong>le</strong> seul moyen de continuer à avancer. Mais je<br />

me rends compte que ce choc-<strong>là</strong> n’est pas évacué, ni<br />

physiquement ni émotionnel<strong>le</strong>ment. Il est toujours très<br />

présent. Même si je l’oublie pendant quelque temps,<br />

il y a toujours quelque chose, un recommandé ou un<br />

mail <strong>pour</strong> me rappe<strong>le</strong>r cette affaire. Là, je me suis<br />

rendue compte qu’une fois que vous êtes pris au piège<br />

du système judiciaire, c’est une machine fol<strong>le</strong> qui se<br />

met en marche, qui vous dépasse complètement et qui,<br />

en plus, refuse de reconnaître l’erreur d’origine. Lors<br />

du procès <strong>pour</strong> outrage aux forces de l’ordre, <strong>le</strong> fait<br />

que <strong>le</strong>s policiers se soient trompés en m’interpellant<br />

et en me mettant en garde à vue ne faisait pas partie<br />

du dossier. Il aurait peut-être fallu que je me laisse<br />

embarquer comme ça, sans protester, devant mon fils,<br />

en plus ? ».<br />

Nous laissons une jeune femme b<strong>le</strong>ssée,<br />

combative et, surtout, artiste jusqu’au bout des orteils.<br />

Philosophe, aussi.<br />

« Dans la vie comme dans la danse avoir de l’humilité, prendre conscience de nos<br />

peurs, <strong>le</strong>s affronter <strong>pour</strong> rebondir, al<strong>le</strong>r de l’avant, oser ouvrir des portes …voi<strong>là</strong> ce qui est<br />

important <strong>pour</strong> moi. De même que l’Amour occupe une place essentiel<strong>le</strong>. J’ai conscience<br />

qu’il faut pouvoir s’aimer, partager, donner et recevoir.<br />

Si j’étais un animal, je serais un oiseau très libre et un félin car je me sens liée<br />

autant à la Terre comme au Ciel. Pouvoir être dans un mouvement sans fin, vivre l’instant<br />

p<strong>le</strong>inement, continuer à sourire à la vie en restant pétillante et ouverte à l’inconnu : voi<strong>là</strong><br />

la vie tel<strong>le</strong> que je la conçois».<br />

moi,écartée 12 en raison de la cou<strong>le</strong>ur de ma peau. Et<br />

13<br />

Jolie conclusion !<br />

Pierre de Nodrest, avec l’aide précieuse de Béatrice Moravie<br />

COURS<br />

MJC Arts et Loisirs à Gelos, Maison Patie à Pau, sal<strong>le</strong> des fêtes de Bordes<br />

(Adultes, ado<strong>le</strong>scents et enfants à partir de 4 ans)<br />

Contact: 06 14 50 81 23 - E-mail: dansemalinke@live.fr<br />

A venir : cours de stretching postural…<br />

Voici <strong>le</strong> résumé<br />

de l’affaire raconté<br />

par Asma<br />

Le 1er septembre 2008, en début<br />

d’après midi, deux policiers en civil<br />

frappent vio<strong>le</strong>mment à ma porte <strong>pour</strong><br />

m’informer que j’étais accusée de<br />

complicité d’enlèvement d’enfant.<br />

Une fois dans la maison ils prennent<br />

mon fils, alors âgé de 2 ans, <strong>pour</strong><br />

l’enfant recherché. Malgré nos papiers<br />

d’identité et autres documents prouvant<br />

<strong>le</strong> contraire, je me retrouve menottée aux<br />

poignets, pieds nus, embarquée avec<br />

mon fils au poste de police où suivra une<br />

longue<br />

attente dans l’incompréhension la<br />

plus tota<strong>le</strong> de ce qui m’arrive, sans<br />

connaître l’objet de ma présence dans ce<br />

poste de police.<br />

Pendant tout ce temps, l’un des<br />

policiers est occupé à taper un rapport.<br />

Vers 18H30 <strong>le</strong>s policiers acceptent<br />

enfin de contacter mon avocat, qui me<br />

rassure sur ma situation («vous al<strong>le</strong>z<br />

vite sortir d’ici car ils n’ont rien contre<br />

vous», me dit-el<strong>le</strong>). Mais après son<br />

départ, <strong>le</strong>s agents exigent de moi que<br />

je signe une déposition, m’accusant<br />

d’outrages à magistrats.<br />

Face à mon refus de signer ce<br />

document monté de toute pièce, je me<br />

retrouve alors séparée de mon enfant<br />

vers 19h30, sans savoir où il se trouve.<br />

Je subis alors de vio<strong>le</strong>ntes pressions de<br />

la part de plusieurs agents (mise à nue,<br />

fouil<strong>le</strong> au corps, incarcération dans un<br />

lieu insalubre, rail<strong>le</strong>ries, humiliations…)<br />

Le <strong>le</strong>ndemain matin, malgré la même<br />

pression à laquel<strong>le</strong> s’ajoute <strong>le</strong> chantage<br />

lié mon fils, je refuse de signer.<br />

Vers 13H30, je suis ensuite relâchée<br />

dans la rue, pieds nus, sans argent, sans<br />

véhicu<strong>le</strong> (J’habitais à 20 km), me sentant<br />

sa<strong>le</strong> et humiliée, juste<br />

munie d’un post- it avec un numéro de<br />

téléphone <strong>pour</strong> récupérer mon fils.<br />

J’étais en état de choc et c’est une<br />

connaissance qui me trouve en p<strong>le</strong>urs sur<br />

<strong>le</strong> perron du commissariat.<br />

J’appel<strong>le</strong> ensuite <strong>le</strong>s membres du<br />

foyer d’accueil <strong>pour</strong> récupérer mon<br />

fils et j’apprends alors que la police<br />

<strong>le</strong>s avait informés que j’avais été libérée<br />

à 11heures, ce matin <strong>là</strong>. Suite à cette<br />

histoire, j’ai fait constater par un médecin<br />

mon état physique et moral, j’ai ensuite<br />

perdu un procès, après appel et après<br />

cassation, accusée d’outrage et de<br />

rébellion car l’un des policiers a porté<br />

plainte contre moi et s’est constitué partie<br />

civi<strong>le</strong>, sans toutefois présenter de<br />

témoignage <strong>pour</strong> appuyer ses dires.<br />

Aujourd’hui, je suis convaincue que<br />

<strong>le</strong>s policiers m’ont accusée<br />

<strong>pour</strong> se couvrir suite à <strong>le</strong>ur erreur sur<br />

la personne dans l’enquête<br />

initia<strong>le</strong> qui <strong>le</strong>s a menés à mon<br />

domici<strong>le</strong>.<br />

Animée par une forte envie de me<br />

battre, en tant que mère et femme<br />

ayant subi des humiliations, j’ai<br />

donc engagé une procédure de dépôt<br />

de plainte et je souhaite sortir de<br />

mon si<strong>le</strong>nce en racontant ce qui m’est<br />

arrivé <strong>pour</strong> obtenir la reconnaissance de<br />

cette injustice.<br />

Réseau A<strong>le</strong>rte<br />

Comment définir<br />

<strong>le</strong> Réseau A<strong>le</strong>rte ?<br />

C’est un rassemb<strong>le</strong>ment d’individus<br />

et de personnes mora<strong>le</strong>s<br />

comme Attac 64 constitué <strong>pour</strong><br />

défendre la citoyenneté face<br />

à la vio<strong>le</strong>nce policière et <strong>pour</strong><br />

faire circu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s informations.<br />

Comment agit<br />

<strong>le</strong> Réseau A<strong>le</strong>rte ?<br />

Son rô<strong>le</strong> est d’interpel<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s élus<br />

et la population face aux comportements<br />

policiers, d’informer<br />

<strong>le</strong>s citoyens des dérives qui<br />

peuvent se produire et de soutenir<br />

<strong>le</strong>s personnes impliquées<br />

dans ces dossiers. Ce soutien se<br />

manifeste par une aide sur <strong>le</strong>s<br />

démarches juridiques à entreprendre<br />

et par une assistance<br />

psychologique.<br />

Comment se montrer<br />

efficace ?<br />

Les expériences récentes<br />

montrent qu’un dossier étudié<br />

à sa source a davantage de<br />

chances d’aboutir à un résultat<br />

concret. Il est donc uti<strong>le</strong><br />

d’a<strong>le</strong>rter <strong>le</strong> Réseau dès qu’il y<br />

a « soupçon » : ce sera ensuite<br />

aux membres du réseau de juger<br />

s’il y a lieu ou pas de <strong>pour</strong>suivre<br />

<strong>le</strong>s investigations et <strong>le</strong> soutien<br />

à la personne désignée comme<br />

victime.<br />

Comment rejoindre<br />

<strong>le</strong> Réseau A<strong>le</strong>rte ?<br />

En contactant <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif à<br />

l’adresse suivante :<br />

reseau.a<strong>le</strong>rte-asma@orange.fr<br />

En allant s’informer sur <strong>le</strong> blog<br />

http://reseau.a<strong>le</strong>rte-pau.overblog.com<br />

CONCERT DE SOUTIEN <strong>le</strong> vendredi 13 avril au Show Case (Pau)<br />

programmation à venir et à découvrir sur <strong>le</strong> blog du réseau A<strong>le</strong>rte


LE JEUNE CINEMA MAROCAIN<br />

Le festival international de cinéma de Marrakech, qui s’est déroulé en<br />

décembre 2011, est une manifestation culturel<strong>le</strong> unique dans <strong>le</strong> Maghreb.<br />

Pendant huit jours, il a présenté une programmation ambitieuse :<br />

- 15 films en sé<strong>le</strong>ction officiel<strong>le</strong>.<br />

- 10 films hors-compétition.<br />

- Des hommages à : Mohammed Bastaoui, Roschdy Zem, Forest<br />

Whitaker, Marco Bellochio et Terry Gillian.<br />

- une sé<strong>le</strong>ction de 20 films mexicains.<br />

- une présentation du jeune cinéma marocain.<br />

C’est celui-ci et plus précisément <strong>le</strong>s quatre films proposés<br />

comme <strong>le</strong>s « coups de cœur » du festival qui nous intéressent maintenant.<br />

Avec Le retour du fils (2011), Ahmed Boulane signe un film à la<br />

thématique très actuel<strong>le</strong>.<br />

Né d’un mariage mixte, Mehdi a grandi en France avec sa mère et<br />

décide, à 18 ans, de redécouvrir <strong>le</strong> Maroc et de vivre avec son père Aziz,<br />

un acteur très sollicité. S’ensuit une série de situations plus ou moins<br />

attendues : difficulté ce vivre une histoire d’amour avec une jeune fil<strong>le</strong><br />

marocaine, confrontation avec l’autorité, expérience de la prison, retour<br />

aux sources dans un paysage grandiose.<br />

Porté par <strong>le</strong> personnage de Mehdi, <strong>le</strong> film se dérou<strong>le</strong> sans grande<br />

surprise et sans déplaisir. Toutefois une certaine gêne s’instal<strong>le</strong> car on ne<br />

sait fina<strong>le</strong>ment pas où il se situe : dénonciation ou satire complaisante.<br />

The End (2010) d’Isham Lasri est un film résolument expérimental,<br />

tourné à Casablanca en noir et blanc. I.Lasri, éga<strong>le</strong>ment dramaturge et<br />

publiciste, enchaîne des séquences d’une parfaite beauté et crée une<br />

atmosphère baroque et surréaliste <strong>pour</strong> traiter une histoire simp<strong>le</strong> : Mikkhi,<br />

dont <strong>le</strong> métier consiste à poser des sabots sur <strong>le</strong>s voitures mal stationnées,<br />

veut arracher la fil<strong>le</strong> qu’il aime, Rita, à ses frères gangsters. D’où une<br />

succession de courses-<strong>pour</strong>suites et de situations étranges, sur fond de<br />

SANGUE DO MEU SANGUE de Joao Canijo<br />

@ Bel<strong>le</strong> histoire de femmes ici. Des rô<strong>le</strong>s marquants et des interprétations<br />

de premier plan <strong>pour</strong> un film remarqué lors du Festival<br />

International du Film de Pau et qui y a reçu <strong>le</strong> Pyrénée du meil<strong>le</strong>ur<br />

film de l’édition 2012. Incroyab<strong>le</strong> qu’il n’ait pas encore trouvé de<br />

distributeur en France, d’ail<strong>le</strong>urs. C’est l’histoire de deux femmes<br />

qui se sacrifient <strong>pour</strong> ceux qu’el<strong>le</strong>s aiment au-de<strong>là</strong> de tout. L’une<br />

est <strong>le</strong> pilier de la tribu. La mère, la sœur, la bel<strong>le</strong>-mère. Et la<br />

garante du bonheur de sa fil<strong>le</strong>, surtout lorsqu’el<strong>le</strong> sent que cel<strong>le</strong>-ci<br />

part au casse – pipe dans une histoire d’amour qui va la ramener plusieurs années en<br />

arrière. L’autre cherche sa place et voit <strong>le</strong> temps passer malgré son charme et l’empathie<br />

dont el<strong>le</strong> est capab<strong>le</strong>, jusqu’au bout du bout, même…Les hommes n’ont pas <strong>le</strong> beau rô<strong>le</strong>.<br />

Disons qu’ils sont inconsistants, lorsqu’ils ne versent pas dans l’horreur absolue. Et que<br />

dire de l’interprétation bou<strong>le</strong>versante de Rita Blanco et d’Anabela Moreira sur fond de<br />

précarité et de vio<strong>le</strong>nce en banlieue de lisbonne ?<br />

J’espère juste que ce festival sera une rampe de lancement idéa<strong>le</strong> <strong>pour</strong> ce film. Et que<br />

d’autres <strong>pour</strong>ront profiter de ce beau moment de cinéma.<br />

Oslo 31 août, de Joachim Trier<br />

@ C’est une sortie un peu particulière <strong>pour</strong> Anders : il rejoint la<br />

vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong> temps d’un entretien, après un iso<strong>le</strong>ment rural dans <strong>le</strong><br />

cadre d’un programme de réhabilitation <strong>pour</strong> toxicomanes. La<br />

vil<strong>le</strong>. Lieu de toutes <strong>le</strong>s tentations, symbo<strong>le</strong> d’un passé qu’il fuit et<br />

qui l’attire en même temps. Anders revient sur ses lieux de crime,<br />

en quelque sorte. Renoue avec ses fantômes. Veut savoir s’il est<br />

possib<strong>le</strong>, souhaitab<strong>le</strong> ou carrément inenvisageab<strong>le</strong> de repartir à<br />

l’assaut de ses illusions. Quelques scènes sont mémorab<strong>le</strong>s. Les<br />

retrouvail<strong>le</strong>s avec un ancien ami. L’entretien d’embauche dans un journal. Ce qu’il dit de<br />

ses parents aussi. Ce portrait d’un jeune brillant qui disposait de tous <strong>le</strong>s atouts et qui, à<br />

moment donné, a basculé est proprement fascinant. Pas étonnant qu’Anders Danielsen<br />

Lie ait reçu <strong>le</strong> prix d’interprétation du Festival International du Film de Pau.<br />

troub<strong>le</strong>s politiques, de misère et de vio<strong>le</strong>nce. On peut reprocher au film un<br />

certain maniérisme mais <strong>le</strong> projet en lui-même est si audacieux qu’il mérite<br />

d’être salué.<br />

Andalusia my love (2011) de Mohammed Nadif est lui une comédie<br />

populaire qui raconte <strong>le</strong> quotidien d’un petit village de la côte, face à<br />

l’Espagne...ses rêves aussi : désir de faire la traversée et de trouver<br />

l’Eldorado. Sauf que quelques grigous se sont entendus <strong>pour</strong> organiser<br />

<strong>le</strong>s traversées, <strong>le</strong>s naufrages et l’accostage dans une Espagne où une petite<br />

colonie de « migrants » se fait exploiter sans vergogne dans <strong>le</strong> traitement<br />

du cannabis. Le film multiplie <strong>le</strong>s situations d’une cocasserie tota<strong>le</strong>ment<br />

irrévérencieuse et campe des personnages attachants. Quant-à Mohammed<br />

Nadif, il joue <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> d’un instituteur trucu<strong>le</strong>nt et tout-à-fait hors-norme !<br />

Sur la planche (2011) de Leïla Ketani est de loin <strong>le</strong> film <strong>le</strong> plus<br />

percutant. L’histoire se dérou<strong>le</strong> à Tanger dans <strong>le</strong> monde de l’exploitation<br />

des femmes. Badia et Imane décortiquent des crevettes dans une<br />

conserverie, tâche jugée humiliante comparée aux emplois dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>.<br />

El<strong>le</strong>s rêvent d’autre chose et avec deux ouvrières, travaillant el<strong>le</strong>s dans la<br />

zone des texti<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong>s se lancent dans la délinquance nocturne. Badia, <strong>le</strong><br />

personnage principal, fait parfois penser à la Rosetta des frères Dardenne<br />

mais son âpreté, sa sensibilité et son intelligence la placent bien au-dessus.<br />

Sa révolte est sans fail<strong>le</strong>, tout comme sa lucidité...quant-à la fin... il ne faut<br />

tout simp<strong>le</strong>ment pas manquer ce film.<br />

On souhaite à LeÏla Ketani de ne jamais renoncer à ce cinéma-<strong>là</strong>.<br />

On souhaite plus généra<strong>le</strong>ment au jeune cinéma marocain de continuer<br />

à investir <strong>le</strong>s genres cinématographiques avec la même fougue et la<br />

même créativité que cel<strong>le</strong>s dont témoignent ces films ! Catherine V.<br />

LES CHAUSSONS ROUGES<br />

Michael Powell et<br />

Emeric Pressburger<br />

Avec Anton walbrook, Marius<br />

Goring, Moira Shearer, Leonide<br />

Massine, Robert Helpmann,<br />

Ludmilla Tcherina…<br />

1948 – 135mn – Cou<strong>le</strong>urs<br />

version restaurée Carlotta Films<br />

@ Attention, chef d’œuvre. Adulé par Coppola,<br />

Sorcese et d’autres monstres du cinéma, ce mélo<br />

génial (qui a notamment inspiré Darren Aronofsky et<br />

son Black Swam) aborde <strong>le</strong> di<strong>le</strong>mme de la création et<br />

<strong>le</strong>s sacrifices auxquels il faut (toujours ?) sacrifier <strong>pour</strong><br />

parvenir à la quintessence de son art. Les amateurs<br />

de bal<strong>le</strong>t…et <strong>le</strong>s autres se retrouveront fascinés par<br />

la force des personnages, littéra<strong>le</strong>ment portés par<br />

<strong>le</strong>ur passion et <strong>le</strong>urs ambitions que certains peuvent<br />

juger inhumaines. Le fait d’avoir quasiment créé une<br />

troupe de danseurs <strong>pour</strong> ce film donne une cohérence<br />

à cette<br />

œuvre faite de<br />

chair et de sang.<br />

Quant aux bonus,<br />

ils sont eux<br />

aussi passionnants<br />

!<br />

LES OMBRES DE LA MÉMOIRE<br />

Dominique Gautier et Jean Ortiz<br />

Creav Atlantique<br />

@ 3 facettes de la guerre d’Espagne sont ici abordées, et<br />

pas <strong>le</strong>s plus connues : <strong>le</strong> travail esclave des prisonniers<br />

politiques, <strong>le</strong>s milliers d’enfants volés par <strong>le</strong>s franquistes<br />

à <strong>le</strong>urs mères républicaines et la résistance dans <strong>le</strong>s prisons<br />

franquistes. Pourquoi ce retour vers un passé douloureux<br />

? Pour faire la lumière sur un pan de l’histoire<br />

méconnu et éclairer ce qui se passe en ce moment. Car<br />

<strong>le</strong>s entreprises capitalistes d’aujourd’hui qui précarisent<br />

<strong>le</strong>s salariés sont cel<strong>le</strong>s qui ont créé <strong>le</strong>ur richesse durant<br />

<strong>le</strong>s années franquistes en pratiquant l’esclavagisme dénoncé<br />

dans <strong>le</strong> film et qui a touché 10% de la population<br />

active entre 1938 et 1945. Au nom de la réconciliation<br />

nationa<strong>le</strong> et de la transition démocratique il y a eu un<br />

renoncement à la justice, notamment à travers la loi<br />

d’amnestie de 1977. Très instructif.<br />

Et laissons <strong>le</strong> mot de la fin à Jean Ortiz.<br />

« La commission d’experts sur <strong>le</strong> «Val<strong>le</strong> de los Caidos»,<br />

nommée par <strong>le</strong> ministre socialiste de la présidence, Ramon<br />

Jauregui, vient d’accoucher ce 29 novembre, d’une<br />

dernière zapatérade, après de longs mois d’un insupportab<strong>le</strong><br />

suspens; el<strong>le</strong> propose de retirer <strong>le</strong>s restes de<br />

Franco du mémorial et parc thématique fascistes, «Val<strong>le</strong><br />

de los Caidos», <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s remettre à la famil<strong>le</strong>...Par contre,<br />

el<strong>le</strong> ne propose aucune solution <strong>pour</strong> en finir avec <strong>le</strong>s<br />

restes du franquisme.<br />

Les restes du dictateur, qui «reposent» au fond d’une<br />

monumenta<strong>le</strong> basilique ,creusée dans la roche par des<br />

milliers de prisonniers politiques esclaves, devront, avant<br />

de quitter <strong>le</strong>s lieux, obtenir l’autorisation de l’Eglise.<br />

C’est comme si <strong>le</strong>s patrons demandaient l’autorisation<br />

d’exploiter...C’est dans <strong>le</strong>ur nature. On ne peut demander<br />

à l’Eglise espagno<strong>le</strong> de renier <strong>le</strong> bon vieux temps où<br />

<strong>le</strong>s évêques faisaient <strong>le</strong> salut fasciste aux côtés du «caudillo<br />

par la grâce de Dieu».<br />

De plus, <strong>pour</strong> que cela soit possib<strong>le</strong>, il faudra l’accord du<br />

parti populaire de Aznar et Rajoy. Faut pas pousser! Tu<br />

peux pas inciter un fils à tuer son père!<br />

La commission d’experts propose de laisser dans la basilique<br />

l’autre fasciste, Primo de Rivera, au nom de considérations<br />

oiseuses.<br />

Bonne fil<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> va plus loin dans la «réconciliation». El<strong>le</strong><br />

propose que sur l’esplanade, devant la basilique, soit<br />

érigé un «mémorial» artistique qui rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s noms de<br />

TOUTES <strong>le</strong>s victimes de la guerre, renvoyant dos-à-dos<br />

franquistes et républicains. Il faut savoir que <strong>le</strong>s cryptes<br />

de la basilique ont été remplies de corps de «martyrs de<br />

la croisade», et surtout de milliers de républicains, dont<br />

<strong>le</strong>s cadavres ont été exhumés des fosses communes, sans<br />

en informer <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s, par <strong>le</strong>s autorités franquistes. Au<br />

total, 33 847 corps (impossib<strong>le</strong>s à identifier disent <strong>le</strong>s<br />

experts), font du «Val<strong>le</strong> de los Caidos» la plus grande<br />

fosse commune d’Espagne. Et comme <strong>le</strong>s «crimes contre<br />

l’humanité» sont imprescriptib<strong>le</strong>s, il y a du boulot <strong>pour</strong><br />

BHL.<br />

Ainsi va l’Espagne. La<br />

décision fina<strong>le</strong> appartiendra<br />

au prochain<br />

gouvernement espagnol,<br />

qui utilisera,<br />

nul n’en doute, étant<br />

donné la gravité de la<br />

crise, <strong>le</strong> rapport de la<br />

commission d’experts<br />

comme papier Lotus,<br />

non déodorant. »<br />

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