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E. Cassan-Pisani, Dossier thématique : Du castrum au fortalicium

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la « porte de la ville » 15 , et ceux localisés « dans le fort de Tonnac », confrontant, pour la plupart, avec<br />

le mur ou « petit mur » du « fort » 16 . La terminologie relevée, appuyée par une restitution spatiale du<br />

parcellaire grâce à la mention des confronts de chaque bien, révèle ainsi l'existence de deux noy<strong>au</strong>x<br />

fortifiés imbriqués : le « <strong>castrum</strong> » et le « <strong>fortalicium</strong> ».<br />

L’enceinte la plus vaste correspond globalement à l’emprise du <strong>castrum</strong> du XIII e siècle. Elle<br />

englobe la majeure partie de l’agglomération, à l’exception d’un f<strong>au</strong>bourg ouvert structuré <strong>au</strong>tour d’un<br />

ancien chemin qui s’est implanté à l’ouest de la place située <strong>au</strong> devant de la porte du noy<strong>au</strong> castral 17 .<br />

L’acte de 1505 évoqué ci-dessus et le compoix confirment que les anciennes fortifications castrales<br />

sont entretenues jusqu’à la période moderne. Le registre fiscal du début du 17 e siècle précise que les<br />

maisons forment elles-mêmes la muraille 18 .<br />

Au centre de l’ancien <strong>castrum</strong>, un ensemble de parcelles visibles sur le plan parcellaire du<br />

XIX e siècle définissent un îlot séparé de l’église et de la parcelle du châte<strong>au</strong> par une rue étroite. Cet<br />

ensemble pourrait correspondre à un réduit fortifié aménagé à proximité de l’église et du châte<strong>au</strong> mais<br />

qui semble rester distinct des pôles ecclésial et castral. L’alignement des limites parcellaires et la<br />

présence de murs de soutènement délimitant l’îlot sur le terrain permettent d’établir un rapprochement<br />

avec le <strong>fortalicium</strong> mentionné dès 1404. La confrontation des différents biens situés « dans le fort de<br />

Tonnac » par le compoix de 1603 confirme l’identification et la localisation de ce réduit qui s’inscrit,<br />

avec le châte<strong>au</strong>, l’église et le cimetière (exclus des fortifications), dans le noy<strong>au</strong> de l’agglomération<br />

anciennement fortifiée. Le fort commun<strong>au</strong>taire renforce ainsi les anciennes fortifications castrales dès<br />

la fin du XIV e siècle, en constituant probablement un refuge temporaire pour les habitants qui ne<br />

bénéficient pas de la protection de l’enceinte collective d’ensemble.<br />

6. LE FORT DE TONNAC : ORGANISATION SPATIALE, ASPECTS MONUMENTAUX<br />

ET FONCTIONNEMENT<br />

De plan quadrangulaire, le fort s’étend sur une surface réduite d’environ 10 mètres de large sur<br />

30 mètres de long. Il englobe plusieurs bâtiments mais exclue le châte<strong>au</strong>, l’église avec son cimetière<br />

ainsi que le presbytère 19 . Il s’élève toutefois à proximité immédiate de ces pôles initi<strong>au</strong>x de fixation de<br />

l’habitat, jouxtant directement le cimetière et à l’emplacement d’un probable enclos ecclésial<br />

« primitif ». L’enceinte est formée par les façades alignées des bâtiments qui sont fréquemment décrits<br />

dans le compoix comme « faisant mur » ou « faisant muraille » 20 . Elle semble délimiter un îlot bâti<br />

assez dense, traversé par des passages étroits et entouré par la rue périphérique située à l’extérieur des<br />

murs (fig. 8).<br />

Seuls subsistent du réduit fortifié des alignements parcellaires et un bâtiment conservant des<br />

vestiges d’ouvertures médiévales 21 (parcelle 21 – fig. 9, 10). Une maison a été construite <strong>au</strong> cours du<br />

XIX e siècle à l’emplacement de la partie sud du fort qui apparaît sous la forme d’une vaste parcelle<br />

rectangulaire sur le plan cadastral napoléonien. Des murs de soutènement semblent reprendre le tracé<br />

d’origine de l’enceinte qui était probablement doublée d’un fossé, comme en témoigne la présence, <strong>au</strong><br />

cœur du village, d’une large rue qui contourne le réduit et le pôle ecclésial.<br />

D’après le compoix de 1603, une dizaine de bâtiments constituent le réduit <strong>au</strong> début du 17 e<br />

siècle. Cependant, plus de la moitié est déjà en ruine à cette date. Le registre mentionne « dans le fort<br />

de Tonnac » deux maisons, dont une appartenant à la famille seigneuriale locale, deux bâtiments<br />

divisés en celliers 22 et chambres qui sont partagés entre plusieurs propriétaires, et six bâtiments en<br />

ruine qualifiés de « boigue » ou « cazal ». Quelques parcelles non bâties, servant probablement de<br />

jardins associés <strong>au</strong>x maisons, ainsi qu’un patus commun sont également recensés, mais il est difficile<br />

15<br />

A.D. 81, 300 EDT CC 1, fol. 30, 36 v., 65 v., 74 v., 86, etc.<br />

16<br />

Ibid., fol. 5, 7 v., 19 v., 43 v., 74 v., 83 v., 173 v., 290 v., et 287.<br />

17<br />

Barry mentionné dans le compoix de 1603, Ibid., fol. 107, 149 v.<br />

18<br />

Ibid., fol. 29 v., 62 v., 65 v., 91, etc.<br />

19<br />

Un bien située dans le fort confronte avec la « caminade » par dehors (A.D. 81, 300 EDT CC 1, fol. 74 v.).<br />

20<br />

A.D. 81, 300 EDT CC 1, fol. 74 v., 162 v., 173 v., 287, 290 v.<br />

21<br />

Porte en arc brisé ouvrant sur une ruelle étroite.<br />

22<br />

Ou sol de maison, <strong>au</strong> rez-de-ch<strong>au</strong>ssée.<br />

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