3. - Tonnerre

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Bibliotheque municipale
Des livres et vous !
SYLVIE GERMAIN - MAGNUS
CHEZ ALBIN MICHEL
Dans les ruines de Hambourg, ce 28 juillet
1943, un petit garçon de cinq ans erre,
serrant un ours en peluche contre lui,
ultime vestige de sa mémoire brisée. Qui est-il ?
Que sera-t-il ? Adopté par un couple de nazis,
Clemens et Théa Dunkeltal, il est d'abord Franz-
Georg, vivant près d'un camp d'extermination
dont son père adoptif est médecin. Pour
échapper au châtiment, ce dernier s'enfuit au
Mexique laissant sa femme et l'enfant dans le
dénuement. Théa, avant de sombrer dans la
folie et la mort, le confie à son frère Lothar, pasteur
protestant réfugié en Angleterre. Son oncle
lui apprend la vérité sur son adoption et il choisit
d'être Adam, « le premier de l'humanité » en
commençant sa vie d'homme. Puis, quand il
décide de remonter vers ses origines, de régler
ses comptes avec l'ignominie qui a entaché
son enfance, il est Magnus, le nom de son ours
en peluche, lien ultime avec sa mémoire première.
De l'Angleterre au Mexique, de l'Autriche
au Morvan, Magnus, au fil des rencontres
amoureuses et amicales, remet peu à peu à
jour les mémoires enfouies et ira toujours plus
loin dans son exigence de vérité et d'humanité
jusqu'à la réconciliation avec lui-même.Dans
une langue admirable, chargée de poésie et
de symboles, Sylvie Germain ne cesse de tirer
de l'ombre les tourments et les désordres de
l'âme humaine pour en faire jaillir la lumière de
l'essentiel.
● Extrait p. 266-267
« Rien de plus - aucun flamboiement, aucune
agitation du corps assoupi, aucun râle ni bredouillement
proférés par sa bouche. Juste ce
souffle montant avec lenteur, avec ampleur,
des profondeurs du corps concentré à l'extrême
non sur lui-même, mais sur l'oubli de soi
- sur une excavation, un évidement de soi. Et
ce souffle s'affine, il s'allège, il est doux et pénétrant
comme le son d'un hautbois. Un soupir
de lumière s'échappant de l'obscurité, un sourire
vocal tintant discrètement dans l'air. Une
exhalation de silence.
Rien de plus, mais les deux hommes sont si
totalement abandonnés dans l'écoute de ce
soupir et si unis dans cet abandon que
Magnus en est bouleversé - ce chant grêle
sourd de son propre corps autant que de
celui de l'autre, il lui caresse la chair dessous la
peau, flue dans son sang.
Cette caresse ressentie au-dedans de son
corps l'émeut, l'éblouit et l'abîme en lui-même
plus puissamment qu'aucune caresse échangée
dans l'amour. La très fugace étreinte vient
de plus loin que tout ce qu'il connaît, elle est
radicalement neuve - un rapt charnel et mental
d'une délicatesse foudroyante. C'est la vie
même qui l'étreint du dedans, et qui l'enlace
par tous ses sens, d'un seul mouvement. »
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LE FONDS ANCIEN
De L’exposition d’Egypte...
● Le 19 mai 1798, dans le port de Toulon, trois cents
navires prennent la mer pour une destination encore tenue
secrète. A leurs bords : 40 000 soldats, 150 civils, ingénieurs, astronomes,
mathématiciens, chimistes, médecins, pharmaciens, peintres,
dessinateurs, écrivains, imprimeurs, plusieurs tonnes de matériel
scientifique, une bibliothèque, deux imprimeries …et un piano à
queue.
● Le 2 juillet, ils touchent terre à Alexandrie, en Egypte.
La grande aventure militaire, scientifique, culturelle, civilisatrice,
imaginée par Bonaparte et approuvée le 5 mars par le Directoire,
peut commencer. Conquérir l'Egypte mais aussi lui apporter les
lumières du monde occidental, recenser, décrire ses richesses, tel
est le grand projet que Bonaparte a proposé aux savants et artistes,
recrutés en quelques semaines et réunis dans la « Commission
des sciences et des arts de l'Armée d'Orient ».
Nombreux sont ceux à avoir répondu à l'appel, par désir
de voyager, d'acquérir de l'expérience pour les plus jeunes. Parmi
les plus connus : Monge, le père de la géométrie descriptive,
Berthollet le chimiste, Geoffroy Saint-Hilaire, le naturaliste, Vivant-
Denon, écrivain, illustrateur, diplomate, Redouté, le peintre, Conté,
l'inventeur de la mine de crayon artificielle.
Pendant trois ans, sur les pas des militaires, et malgré les difficultés
rencontrées (climat, hostilité des habitants), ils sillonnent le
pays, le passent au crible, mesurant, dessinant, décrivant tout ce
qu'ils peuvent appréhender. Les ingénieurs géographes explorent,
tracent des itinéraires et établissent des cartes détaillées.
Un inventaire archéologique très précis est mené. Les temples,
pyramides, monuments, statues, hiéroglyphes, mobilier funéraire,
fresques, bas-reliefs sont étudiés et décrits minutieusement.
Le présent de l'Egypte n'est pas délaissé par les savants qui
vont se pencher avec une attention très particulière sur la vie quotidienne,
les coutumes, l'habitat, les activités, les pratiques culturelles
des différentes ethnies. L'étude de la faune et la flore donne lieu
à de remarquables découvertes, comme ce poisson très rare du
Nil, découvert par Geoffroy Saint-Hilaire.
… à la Description de l'Egypte.
● Le 6 février 1802, un arrêté des Consuls décide que
« tous les mémoires, plans, dessins et généralement tous les résultats
relatifs aux sciences et arts, obtenus pendant le cours de l'expédition
d'Egypte seront publiés aux frais du gouvernement ».
Près de vingt ans seront nécessaires pour éditer toutes les données,
de 1809 à 1826.
Un comité de publication dirigé successivement par Nicolas-
Jacques Conté, Michel-Ange Lancret et Edme Jobard coordonne
le travail éditorial.
Quarante trois auteurs ont remis plus de 150 mémoires. Plus de 300
graveurs, aquafortistes, burinistes, coloristes travaillent sur les illustrations.
Certaines planches requièrent jusqu'à deux ans de travail.
L'impression est faite par l'Imprimerie impériale sur un papier
d'Arches filigrané « Egypte ancienne et moderne »L'ouvrage comprend
9 volumes in folio de textes et 11 tomes de planches en 13
volumes. Les planches sont divisées en 5 volumes d'Antiquité, 3
volumes d'Histoire naturelle, 2 volumes sur l'état moderne, 2 volumes
supplémentaires pour les planches de très grand format et 1
volume d'Atlas.
Imprimée à mille exemplaires, la première édition coûtera 5 millions
de francs. Plus de la moitié d'entre eux seront distribués gratuitement
à des personnalités, institutions et bibliothèques dont la nôtre.