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La respiration : Comparaison entre les représentations ... - Restode

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<strong>La</strong> <strong>respiration</strong> :<br />

<strong>Comparaison</strong> <strong>entre</strong> <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> des élèves<br />

et l’évolution historique du concept<br />

Synthèse de la recherche en pédagogie 38/01<br />

Cécile Flammang et Joëlle Vlassis<br />

Service de Pédagogie expérimentale, Université de Liège sous la direction du Professeur Marcel Crahay<br />

Introduction<br />

Contexte du projet<br />

Récemment, le nouveau programme de sciences du premier<br />

degré de l’enseignement secondaire a été mis en<br />

place. Dans <strong>les</strong> considérations pédagogiques introduisant<br />

ce nouveau document, il est clairement stipulé de<br />

prendre en considération <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> menta<strong>les</strong><br />

des élèves afin «de passer de leurs conceptions … aux<br />

concepts».<br />

Or ces conceptions peuvent freiner <strong>les</strong> apprenants dans<br />

leurs apprentissages puisque croyant posséder une<br />

explication correcte des phénomènes présentés, ils ne<br />

voient pas l’intérêt d’expérimenter pour la confirmer ou<br />

l’infirmer. Partant du principe qu’apprendre c’est modifier<br />

son réseau conceptuel, il faut donc inciter <strong>les</strong> enseignants<br />

à partir des conceptions des élèves, et <strong>les</strong> amener<br />

à <strong>les</strong> dépasser.<br />

Dans ce nouveau programme, tout comme dans le document<br />

«Soc<strong>les</strong> de compétences» (1999), il est également<br />

prescrit d’aborder la problématique de l’histoire de la<br />

vie et des sciences.<br />

Cette dimension de l’histoire des sciences intéresse<br />

depuis quelques années déjà la didactique des sciences<br />

et ce pour diverses raisons.<br />

Tout d’abord, une revue de la littérature en psychologie<br />

cognitive et en sciences de l’éducation démontre qu’en<br />

sciences, <strong>les</strong> élèves ont souvent des conceptions intuitives,<br />

fondamentalement différentes des conceptions<br />

scientifiques, qui interfèrent avec l’apprentissage des<br />

sciences. Ces conceptions intuitives doivent donc être<br />

repérées et modifiées en cours d’instruction. De plus, un<br />

certain parallélisme <strong>entre</strong> ces conceptions intuitives dans<br />

certains domaines et, <strong>les</strong> conceptions pré-scientifiques a<br />

été mis en évidence par certains chercheurs en sciences<br />

de l’éducation. D’autres proposent que la restructuration<br />

des conceptions exigée des élèves soit similaire à celle<br />

qui se produit dans <strong>les</strong> révolutions scientifiques. Mais<br />

jusqu’à présent, aucune estimation n’a été réalisée sur le<br />

degré de correspondance <strong>entre</strong> <strong>les</strong> changements<br />

conceptuels historiques et individuels.<br />

D’un point de vue didactique, l’étude de l’évolution des<br />

conceptions scientifiques à travers <strong>les</strong> âges peut aider à<br />

mieux appréhender <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> et difficultés rencontrés<br />

par <strong>les</strong> apprenants dans leur développement cognitif et<br />

ainsi faciliter le dépassement de ces entraves à l’apprentissage.<br />

Ensuite, d’un point de vue éducatif, si l’on souhaite susciter<br />

chez <strong>les</strong> élèves un regard critique sur la nature des<br />

sciences et son fonctionnement, il faut rendre compte,<br />

dans <strong>les</strong> méthodes d’enseignement, de l’évolution épistémologique<br />

des concepts scientifiques.<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

19


<strong>La</strong> <strong>respiration</strong> : comparaison <strong>entre</strong> <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> des élèves et l’évolution historique du concept<br />

Enfin, dans la perspective d’une éducation citoyenne, il<br />

est crucial, d’amener <strong>les</strong> élèves à prendre conscience du<br />

caractère éphémère et évolutif des modè<strong>les</strong> scientifiques.<br />

Malgré ces diverses recommandations, il s’avère que,<br />

sur le terrain, <strong>les</strong> enseignants du fondamental ou du<br />

secondaire sont trop souvent démunis pour enseigner<br />

cette dimension de l’histoire des sciences. L’enquête réalisée<br />

dans le cadre de la recherche «Amélioration de<br />

l’enseignement des sciences au premier degré de l’enseignement<br />

secondaire» (Burton, R. et Flammang, C.,<br />

1999) a clairement mis en évidence que sur <strong>les</strong> 197<br />

enseignants dispensant des cours de sciences au premier<br />

degré en Communauté française et ayant répondu au<br />

questionnaire, 46.2% se sentent inaptes à enseigner<br />

l’histoire de la vie et des sciences au premier degré. De<br />

plus, c’est le domaine le plus sollicité en terme de besoin<br />

en formation continuée, puisqu’ils sont plus de 80% à<br />

estimer en avoir besoin pour enseigner cette dimension<br />

historique.<br />

Notre recherche-action se propose donc de <strong>les</strong> aider en<br />

leur fournissant <strong>les</strong> outils nécessaires à l’intégration,<br />

dans leur enseignement des sciences, d’une facette historique.<br />

Objectifs de la recherche<br />

Les objectifs principaux de cette recherche sont doub<strong>les</strong> :<br />

d’une part, promouvoir l’enseignement de l’histoire des<br />

sciences auprès des enseignants, et d’autre part, <strong>les</strong><br />

doter des outils nécessaires à cet enseignement afin<br />

qu’ils l’intègrent dans leurs pratiques de classe.<br />

<strong>La</strong> première année de ce projet de trois ans avait pour<br />

finalité de réaliser une étude comparative du développement<br />

psychogénétique et historique des <strong>représentations</strong><br />

en rapport avec le thème de la <strong>respiration</strong>.<br />

Plus précisément, trois objectifs ont été poursuivis :<br />

◆ Développer le curriculum relatif à l’évolution historique<br />

du concept de la <strong>respiration</strong> (thème repris dans le nouveau<br />

programme d’éducation scientifique du premier<br />

degré de l’enseignement secondaire), pour finaliser une<br />

synthèse diffusable auprès des enseignants concernés<br />

par la recherche ;<br />

◆ Appréhender <strong>les</strong> conceptions des élèves de fin du primaire<br />

et du premier degré du secondaire concernant la<br />

<strong>respiration</strong>.<br />

◆ Réaliser une étude comparative du développement<br />

psychogénétique et historique des <strong>représentations</strong> sur le<br />

thème de la <strong>respiration</strong>.<br />

Échantillon<br />

L’échantillon se composait d’élèves de 4e et 6e primaire<br />

et de 1re et 2e secondaire.<br />

Au total 489 élèves, répartis dans 13 établissements de<br />

la Communauté française, ont été sondés dans le cadre<br />

de cette première année de la recherche. Cet échantillon,<br />

bien que non représentatif, va néanmoins, par le<br />

biais des réponses aux questionnaires proposés, nous<br />

donner une première idée des <strong>représentations</strong> qu’ont <strong>les</strong><br />

élèves des niveaux concernés à propos du concept de la<br />

<strong>respiration</strong>. Le tableau ci-dessous détaille leur répartition<br />

en fonction des niveaux d’enseignement.<br />

Enseignement primaire<br />

4 établissements<br />

4e primaire : 105 élèves<br />

6e primaire : 122 élèves<br />

Total : 227 élèves<br />

Enseignement secondaire<br />

9 établissements<br />

1re secondaire : 123 élèves<br />

2e secondaire : 139 élèves<br />

Total : 262 élèves<br />

Instruments utilisés<br />

Afin d’appréhender et d’analyser <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> des<br />

élèves concernant le thème de la <strong>respiration</strong>, deux questionnaires<br />

ont été conçus et administrés à l’ensemble de<br />

l’échantillon.<br />

Différentes modalités ont été décidées, dont <strong>entre</strong> autres<br />

: lier au maximum <strong>les</strong> questions avec l’expérience personnelle,<br />

le vécu des élèves ; partir de ce vécu pour aller<br />

progressivement vers des concepts plus pointus ; choisir<br />

<strong>les</strong> termes <strong>les</strong> plus simp<strong>les</strong> (par exemple gaz carbonique<br />

au lieu de dioxyde de carbone) ; poser <strong>les</strong> mêmes questions<br />

à l’ensemble des élèves, même si certaines d’<strong>entre</strong><br />

el<strong>les</strong> sont plus adaptées aux élèves de 2e secondaire<br />

qu’aux élèves plus jeunes ; prévoir une modalité de<br />

réponse «Je ne sais pas» pour permettre aux élèves de<br />

ne pas avoir à répondre au hasard ; essayer de ne pas<br />

trop induire par <strong>les</strong> questions pour tenter d’approcher<br />

réellement ce que <strong>les</strong> élèves «ont dans la tête» et enfin,<br />

diversifier la forme des questions posées.<br />

20 Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55


<strong>La</strong> <strong>respiration</strong> : comparaison <strong>entre</strong> <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> des élèves et l’évolution historique du concept<br />

Le premier questionnaire se compose de huit questions<br />

ouvertes, non inductives, ayant pour objectif de laisser<br />

<strong>les</strong> élèves exprimer leurs conceptions. Notons dès à présent<br />

que nous sommes conscients que <strong>les</strong> questions<br />

ouvertes, requérant des élèves un travail de rédaction<br />

important, vont représenter une difficulté supplémentaire<br />

pour <strong>les</strong> élèves du primaire et plus particulièrement pour<br />

ceux de 4e année. Nous nous attendons donc à des taux<br />

d’omission plus importants à ce niveau scolaire.<br />

Le second questionnaire comprend quant à lui 18 questions<br />

dont 8 ouvertes. Ces items portent essentiellement<br />

sur <strong>les</strong> fonctions de la <strong>respiration</strong>, la composition de l’air<br />

inspiré et expiré, <strong>les</strong> mécanismes respiratoires, <strong>les</strong><br />

échanges gazeux et la localisation des organes de l’appareil<br />

respiratoire. Ce second questionnaire, complémentaire<br />

au premier, est plus inductif. Les nombreuses<br />

questions fermées qu’il propose sont destinées à récolter<br />

des informations que nous n’aurions pas pu obtenir par<br />

le biais des questions ouvertes.<br />

Représentation des élèves sondés<br />

à propos de la <strong>respiration</strong><br />

Dans cette partie nous allons présenter <strong>les</strong> grandes tendances<br />

qui émergent des analyses réalisées ainsi que <strong>les</strong><br />

phénomènes marquants relevés aux différents niveaux<br />

scolaires sondés.<br />

Les constats réalisés dans le cadre de ce travail ne peuvent<br />

bien sûr pas être généralisés puisque <strong>les</strong> populations<br />

testées ne sont pas représentatives. Il ne s’agit donc<br />

pas ici de tracer un tableau des <strong>représentations</strong> qui<br />

caractériserait tous <strong>les</strong> élèves appartenant aux niveaux<br />

scolaires testés (4e et 6e primaire - 1re et 2e secondaire).<br />

Ces résultats doivent être considérés dans le cadre<br />

de notre échantillon. Cependant, la mise en évidence de<br />

ces tendances nous sera très utile dans la deuxième<br />

phase de la recherche où il s’agira de construire des<br />

séquences didactiques dans <strong>les</strong> classes des élèves testés.<br />

Ces réflexions pourront également servir de base de<br />

réflexion à un travail ultérieur sur ce thème.<br />

Pour présenter ces tendances, nous avons envisagé trois<br />

facettes distinctes : la fonction de la <strong>respiration</strong>, sa localisation<br />

et enfin, <strong>les</strong> mécanismes respiratoires.<br />

Fonction de la <strong>respiration</strong><br />

Deux questions demandaient explicitement aux élèves la<br />

fonction de la <strong>respiration</strong> :<br />

- une question ouverte : «Peut-on vivre sans respirer ?»<br />

- une question à choix multiple «Pourquoi respire-t-on ?»<br />

Trois grandes fonctions se dégagent des réponses des<br />

élèves.<br />

1 Nous respirons pour «apporter de l’oxygène aux<br />

organes ou aux cellu<strong>les</strong>»<br />

A la question ouverte «Peut-on vivre sans respirer ?», peu<br />

d’élèves du primaire évoquent de manière précise que la<br />

<strong>respiration</strong> sert à apporter de l’oxygène aux organes; ils<br />

répondent de façon plus vague qu’on respire parce<br />

qu’on a besoin d’air ou d’oxygène. En 2e secondaire, ils<br />

ne sont encore que 18% à écrire que la <strong>respiration</strong> sert à<br />

apporter de l’oxygène aux organes ou aux cellu<strong>les</strong>. Dans<br />

la question à choix multiple, par contre, on trouve un<br />

pourcentage plus élevé d’élèves du primaire et du secondaire<br />

qui sélectionne cette fonction : ils sont environ 50%<br />

en 4e primaire et 60% en 6e primaire à choisir la réponse<br />

«apporter de l’oxygène aux organes ou aux cellu<strong>les</strong>».<br />

En 2e secondaire, ce pourcentage atteint 70%.<br />

2 Nous respirons pour «faire battre le cœur»<br />

A la question à choix multiple, <strong>entre</strong> un quart et un tiers<br />

des élèves, tous niveaux confondus, entourent la catégorie<br />

«la <strong>respiration</strong> sert à faire battre le cœur». En 2e<br />

secondaire, près d’un quart des élèves pense encore de<br />

cette manière tandis qu’à la question ouverte, 14% de<br />

ceux-ci envisagent explicitement cette fonction pour la<br />

<strong>respiration</strong>. Cette centration sur le cœur est très forte ;<br />

elle apparaît également dans <strong>les</strong> trajets définis par <strong>les</strong><br />

élèves et analysés au point suivant sur la localisation.<br />

Comment expliquer l’importance accordée au cœur ?<br />

◆ L’analyse des réponses des élèves montre que la <strong>respiration</strong><br />

est liée à toute manifestation de la vie ; le cœur<br />

étant généralement considéré comme l’organe de la vie<br />

par excellence, <strong>les</strong> élèves associent <strong>les</strong> deux.<br />

◆ Beaucoup d’élèves savent que le sang joue un rôle<br />

dans le processus de la <strong>respiration</strong> (mais ce rôle n’est<br />

pas toujours clair pour tous). L’organe principal de la circulation<br />

sanguine étant le cœur, ces élèves pensent peutêtre<br />

qu’il a également un rôle important à jouer dans la<br />

<strong>respiration</strong>.<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

21


<strong>La</strong> <strong>respiration</strong> : comparaison <strong>entre</strong> <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> des élèves et l’évolution historique du concept<br />

3 Nous respirons pour «faire gonfler <strong>les</strong> poumons<br />

(<strong>les</strong> faire fonctionner, <strong>les</strong> purifier)»<br />

Cette fonction est régulièrement pointée par un petit<br />

pourcentage d’élèves. Par exemple, à la question ouverte,<br />

certains d’<strong>entre</strong> eux expliquent spontanément que la<br />

<strong>respiration</strong> sert à faire gonfler <strong>les</strong> poumons. A la question<br />

qui demandait aux élèves de dessiner l’appareil respiratoire,<br />

plusieurs élèves expliquent également leur dessin<br />

en précisant cette fonction.<br />

A la question à choix multiple, ils sont plus de 10% à<br />

entourer la catégorie «pour faire gonfler <strong>les</strong> poumons».<br />

C’est le 3e choix des élèves, après «apporter de l’oxygène<br />

aux organes ou aux cellu<strong>les</strong>» et «faire battre le<br />

cœur».<br />

Localisation de la <strong>respiration</strong><br />

Les <strong>représentations</strong> des élèves concernant la localisation<br />

des phénomènes respiratoires sont liées pour une bonne<br />

part à leurs conceptions sur la fonction de la <strong>respiration</strong>.<br />

C’est pourquoi nous observons différents niveaux de<br />

localisation.<br />

Respiration localisée dans le cœur<br />

Pour beaucoup d’élèves, l’air doit passer par le cœur.<br />

Cette conception est très marquée chez <strong>les</strong> élèves du primaire<br />

: quand on demande de représenter l’appareil<br />

respiratoire, le cœur est dessiné par environ 20% des<br />

élèves de 4e et 6e primaire. On observe également<br />

qu’environ la moitié des élèves, tous niveaux confondus,<br />

l’entoure parmi <strong>les</strong> organes impliqués dans l’inspiration<br />

et l’expiration. Il est régulièrement cité par <strong>les</strong> élèves qui<br />

expliquent le trajet de l’air. Enfin signalons que de 18%<br />

des élèves de 4e primaire et encore 15% de ceux de 1re<br />

secondaire pensent que l’air arrive en premier dans le<br />

cœur.<br />

Respiration localisée dans <strong>les</strong> poumons<br />

De nombreux élèves pensent que la <strong>respiration</strong> est un<br />

circuit qui part du nez, va aux poumons et puis ressort.<br />

En primaire, beaucoup d’<strong>entre</strong> eux n’envisagent pas que<br />

l’oxygène aille au-delà des poumons ; un quart des<br />

élèves de 4e et 6e primaire disent explicitement que<br />

l’oxygène qu’on inspire va jusqu’aux poumons. Ils sont<br />

encore 30% en 4e et 6e primaire, mais aussi en 1re<br />

secondaire à affirmer que l’oxygène arrive dans <strong>les</strong> poumons<br />

et en ressort directement. Enfin, quand il s’agit de<br />

représenter ou d’expliquer le trajet de l’air, une proportion<br />

non négligeable d’élèves limite le trajet aux organes<br />

de la partie supérieure du thorax.<br />

Comment expliquer l’importance accordée aux poumons?<br />

- Lorsque la <strong>respiration</strong> est enseignée, le dessin de l’appareil<br />

respiratoire est peut-être davantage mis en évidence<br />

ou plus longuement expliqué que ce qui concerne<br />

le trajet de l’oxygène. Il se peut également que <strong>les</strong> élèves<br />

aient davantage été marqués par le dessin de l’appareil<br />

respiratoire que par <strong>les</strong> explications données quant à<br />

son fonctionnement.<br />

- Les poumons représentent deux organes importants<br />

dans la <strong>respiration</strong> puisque c’est là que s’opèrent <strong>les</strong><br />

échanges gazeux à partir de l’air inspiré ; <strong>les</strong> élèves en<br />

déduisent peut-être alors que l’air ou l’oxygène passe<br />

pour l’essentiel dans cet organe.<br />

- Quand on respire, <strong>les</strong> enfants perçoivent clairement <strong>les</strong><br />

mouvements de la cage thoracique. Ces mouvements<br />

sont attribués massivement par <strong>les</strong> élèves aux poumons.<br />

Les poumons sont donc pour eux la manifestation la plus<br />

tangible de la <strong>respiration</strong>. Quand on ne respire plus, la<br />

cage thoracique ne bouge plus.<br />

Respiration localisée de façon diffuse dans tout le corps<br />

Certains élèves pensent que l’air <strong>entre</strong> dans <strong>les</strong> poumons<br />

pour ensuite aérer tout le corps. Environ 35% des élèves<br />

de 4e primaire et de 1re secondaire entourent «vrai» à<br />

la proposition «l’oxygène arrive dans <strong>les</strong> poumons et<br />

s’échappe par <strong>les</strong> pores pour aérer le corps». Ils sont<br />

près de 50% à cocher cette proposition en 6e primaire<br />

et encore près de 30% en 2e secondaire. On peut penser<br />

que ces pourcentages sont surestimés par le fait qu’il<br />

s’agit d’une question à choix multiple mais la proportion<br />

reste malgré tout très importante.<br />

Respiration localisée dans <strong>les</strong> organes, dans <strong>les</strong> cellu<strong>les</strong><br />

En 2e secondaire, une majorité d’élèves admet que<br />

l’oxygène va jusqu’aux organes, voire jusqu’aux cellu<strong>les</strong>.<br />

Aux niveaux scolaires antérieurs, cette conception<br />

est présente mais de manière beaucoup moins marquée.<br />

A la question «Jusqu’où va l’oxygène que tu inspires?»,<br />

environ 35% d’élèves, tous niveaux confondus, entourent<br />

«jusqu’aux organes» ; on observe peu de variation <strong>entre</strong><br />

<strong>les</strong> différents niveaux. Cependant, en ce qui concerne la<br />

catégorie «jusqu’aux cellu<strong>les</strong>», 45% des élèves de 2e<br />

secondaire l’entourent alors que seulement 20% des<br />

élèves de 4e primaire le font. De même, quand il faut<br />

expliquer le rôle du sang, ce sont essentiellement <strong>les</strong><br />

élèves de 2e secondaire qui écrivent qu’il est d’apporter<br />

de l’oxygène aux organes (+ de 40%) ou, dans une<br />

moindre mesure, aux cellu<strong>les</strong> (près de 15%).<br />

22 Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55


<strong>La</strong> <strong>respiration</strong> : comparaison <strong>entre</strong> <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> des élèves et l’évolution historique du concept<br />

Mécanismes respiratoires<br />

Sous cette catégorie, nous présenterons <strong>les</strong> conceptions<br />

des élèves relatives à l’anatomie de l’appareil respiratoire,<br />

la mécanique respiratoire et <strong>les</strong> échanges gazeux.<br />

<strong>La</strong> question de l’énergétique n’a pas été abordée dans le<br />

questionnaire puisqu’elle dépasse le cadre des apprentissages<br />

des élèves des niveaux scolaires considérés.<br />

Anatomie de l’appareil respiratoire<br />

L’analyse des dessins des élèves révèle que, pour beaucoup<br />

d’<strong>entre</strong> eux, l’appareil respiratoire est constitué<br />

essentiellement d’une trachée et de poumons. Même si la<br />

trachée est représentée par une majorité d’élèves, son<br />

nom est peu connu. Beaucoup d’élèves n’annotent pas<br />

cette partie de leur dessin ou bien la confondent avec<br />

l’œsophage, le larynx ou encore le pharynx. Dans le<br />

schéma à annoter proposé dans le second questionnaire,<br />

cet organe n’est pas non plus facilement situé par <strong>les</strong><br />

élèves.<br />

Les bronches sont nettement moins représentées que la<br />

trachée et <strong>les</strong> poumons. El<strong>les</strong> ne sont pratiquement pas<br />

dessinées par <strong>les</strong> élèves de 4e primaire et sont représentées<br />

par 1/5 des élèves de 6e primaire et 1/4 de 1re<br />

secondaire. En 2e secondaire, 1/3 des élèves seulement<br />

pense à <strong>les</strong> dessiner. A la question qui demandait aux<br />

élèves de placer sur le dessin <strong>les</strong> organes cités, ce sont<br />

aussi <strong>les</strong> bronches qui sont <strong>les</strong> plus mal situées par <strong>les</strong><br />

élèves, quel que soit leur niveau scolaire. Ces résultats<br />

montrent que <strong>les</strong> élèves ne connaissent pas cet organe.<br />

En 2e secondaire, 1/3 des élèves seulement dessine un<br />

appareil respiratoire composé d’une trachée, de deux<br />

bronches et de deux poumons. Parmi eux, un élève sur<br />

dix y ajoute un organe supplémentaire tel que <strong>les</strong> bronchio<strong>les</strong><br />

ou <strong>les</strong> alvéo<strong>les</strong> pulmonaires. Un petit pourcentage<br />

d’élèves du secondaire pense à dessiner le diaphragme.<br />

Relevons enfin qu’en primaire, 20% des élèves pensent<br />

que le cœur fait partie de l’appareil respiratoire, 12%<br />

(4e primaire) ne dessinent qu’un seul poumon et 20%<br />

(6e primaire) dessinent 2 trachées.<br />

Mécanique respiratoire<br />

Seuls quelques élèves de 2e secondaire possèdent des<br />

conceptions correctes à propos des mécanismes respiratoires.<br />

En effet, une grande majorité d’élèves pense que<br />

<strong>les</strong> mouvements de la cage thoracique sont passifs et<br />

ignore le rôle du diaphragme. Ils n’en parlent pratiquement<br />

jamais quand on leur demande d’expliquer <strong>les</strong><br />

mouvements de la cage thoracique. En outre, quand il<br />

s’agit de classer dans l’ordre chronologique <strong>les</strong> mouvements<br />

des poumons et ceux du diaphragme, 30 à 50%<br />

des élèves, tous niveaux confondus, font dépendre des<br />

poumons <strong>les</strong> mouvements du diaphragme et environ<br />

20% des élèves de chaque niveau pensent que le diaphragme<br />

remonte en même temps que l’inspiration. De<br />

plus, quand on demande aux élèves d’expliquer pourquoi<br />

la cage thoracique augmente et diminue de volume,<br />

la plupart pensent qu’il s’agit de mouvements qui<br />

dépendent soit des poumons, soit de l’air qui <strong>entre</strong> dans<br />

la cage thoracique. Seuls 3% des élèves de 2e secondaire<br />

expliquent correctement <strong>les</strong> mouvements du diaphragme.<br />

Parmi <strong>les</strong> élèves testés, aucun n’envisage l’action<br />

des musc<strong>les</strong> intercostaux.<br />

Echanges gazeux et liens <strong>entre</strong> systèmes respiratoire et<br />

circulatoire<br />

Les élèves ont souvent des <strong>représentations</strong> vagues ou<br />

erronées sur la composition de l’air inspiré et expiré<br />

ainsi que sur <strong>les</strong> échanges gazeux. Un nombre non<br />

négligeable d’<strong>entre</strong> eux décrit l’air inspiré et expiré en<br />

des termes inappropriés tels que «sale» ou «propre» et<br />

non en terme de composition gazeuse. Le rôle du sang<br />

en tant que transporteur de gaz semble peu acquis par<br />

de nombreux élèves. Certains savent qu’il y a un lien<br />

<strong>entre</strong> le système respiratoire et le sang mais ils ne semblent<br />

pas le connaître précisément.<br />

L’analyse des questions montre que peu d’élèves de 4e<br />

primaire présentent des conceptions scientifiques sur le<br />

sujet. Les élèves de 2e secondaire se marginalisent des<br />

trois autres niveaux par une nette amélioration de leurs<br />

<strong>représentations</strong>. Les élèves de 6e primaire et des 1re<br />

secondaire sont en position intermédiaire.<br />

Voyons à présent <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> qu’ont <strong>les</strong> élèves à<br />

propos échanges gazeux.<br />

Plusieurs tendances se dégagent :<br />

- Les termes «oxygène» et «air» sont synonymes pour<br />

beaucoup d’élèves, ils utilisent l’un pour l’autre. Cette<br />

conception apparaît souvent quand <strong>les</strong> élèves doivent<br />

rédiger leurs explications aux questions ouvertes où<br />

quand ils sont amenés à commenter leur dessin. Le terme<br />

«air» est souvent employé à la place de celui d’«oxygène»<br />

pour expliquer que celui-ci va des poumons aux<br />

organes.<br />

Quand on demande explicitement aux élèves si l’air<br />

qu’on inspire contient uniquement de l’oxygène, 43%<br />

des élèves de 4e primaire disent que c’est vrai ; en 2e<br />

secondaire, ils ne sont plus que 10% dans ce cas.<br />

Dans la foulée, beaucoup plus d’élèves pensent que l’air<br />

expiré ne contient que du gaz carbonique : 39% l’affirment<br />

en 4e primaire, ils sont encore 25% en 2e secondaire.<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

23


<strong>La</strong> <strong>respiration</strong> : comparaison <strong>entre</strong> <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> des élèves et l’évolution historique du concept<br />

Certains élèves semblent donc avoir une représentation<br />

de corps simple pour l’air. A la question demandant<br />

d’entourer ce que contient l’air que nous inspirons (uniquement<br />

de l’oxygène, uniquement du gaz carbonique,<br />

uniquement de l’azote ou <strong>les</strong> trois,...), seul un tiers des<br />

élèves de 4e primaire répond <strong>les</strong> trois à cette question<br />

qu’on pourrait trouver pourtant assez inductive. En 2e<br />

secondaire, il reste encore un quart des élèves qui ne<br />

choisit pas cette composition.<br />

- <strong>La</strong> différence <strong>entre</strong> air inspiré et expiré est loin d’être<br />

établie, surtout pour <strong>les</strong> élèves <strong>les</strong> plus jeunes. En effet<br />

17% d’<strong>entre</strong> eux pensent qu’ils sont de même nature,<br />

que l’air reste le même parce qu’il passe dans le corps<br />

sans changer. Ils sont 27% à répondre de cette manière<br />

à la question à choix multiple portant sur ce point.<br />

Parmi ceux qui expliquent la différence <strong>entre</strong> <strong>les</strong> deux<br />

types d’air, près de 30% des élèves du secondaire utilisent<br />

une terminologie non scientifique pour parler de<br />

l’air inspiré qui est comparé à de l’air propre ou<br />

meilleur, ou pour qualifier l’air expiré d’air sale, pollué<br />

ou moins bon. Nos résultats montrent que ces images<br />

d’air bon ou d’air sale peuvent représenter un obstacle<br />

à la compréhension du processus. En effet, el<strong>les</strong> occultent<br />

la composition gazeuse de l’air et empêchent donc<br />

de donner du sens aux phénomènes d’échanges<br />

gazeux. Cette représentation est probablement à l’origine<br />

des conceptions de certains élèves qui pensent que<br />

l’air inspiré contient plus d’oxygène et plus de gaz carbonique<br />

(l’air inspiré est meilleur ou plus riche) et qu’à<br />

l’inverse l’air expiré contient moins d’oxygène et moins<br />

de gaz carbonique (l’air expiré est plus pauvre).<br />

- <strong>La</strong> présence de gaz carbonique dans <strong>les</strong> échanges<br />

gazeux est moins évidente que celle de l’oxygène. C’est<br />

un terme mal connu surtout des élèves plus jeunes. A la<br />

question portant sur la définition de la <strong>respiration</strong> avec<br />

5 mots imposés, ce terme est un de ceux le moins souvent<br />

employés. De manière générale, <strong>les</strong> questions portant<br />

plus spécifiquement sur le gaz carbonique sont<br />

moins bien réussies que cel<strong>les</strong> portant sur l’oxygène.<br />

Enfin, <strong>les</strong> élèves ont souvent une conception floue du rôle<br />

du sang dans <strong>les</strong> mécanismes respiratoires. A la question<br />

«à quoi sert le sang», <strong>les</strong> réponses des élèves du primaire<br />

et de 1re secondaire se répartissent <strong>entre</strong> «transporter»,<br />

«faire battre le cœur», «faire bouger» ou tout<br />

simplement «vivre». Ce dernier type de réponse est le<br />

plus fréquent chez <strong>les</strong> élèves de 4e primaire. Seuls, <strong>les</strong><br />

élèves de 2e secondaire répondent majoritairement que<br />

le sang sert à transporter de l’oxygène (68% des élèves).<br />

Lorsque <strong>les</strong> élèves ont été amenés à rédiger une phrase<br />

pour définir la <strong>respiration</strong> avec certains mots imposés,<br />

c’est le terme «sang» qui a été le plus mal utilisé.<br />

Certains pensent par exemple que c’est l’oxygène qui<br />

fait circuler le sang (6% des élèves de 1re et de 2e<br />

années du secondaire).<br />

Du point de vue des échanges gazeux, seule la moitié<br />

des élèves de 2e secondaire pense que la proposition<br />

«l’oxygène r<strong>entre</strong> dans le sang au niveau du poumon»<br />

est vraie.<br />

L’ensemble des réflexions qui précèdent montre que <strong>les</strong><br />

élèves possèdent de nombreuses conceptions, parfois<br />

bien ancrées, à propos des concepts impliqués dans le<br />

système respiratoire. Cependant, <strong>les</strong> grandes tendances<br />

qui viennent d’être dégagées ne doivent pas laisser croire<br />

que <strong>les</strong> élèves sont cohérents et qu’ils présentent toujours<br />

la même conception pour répondre aux questions<br />

portant sur des concepts semblab<strong>les</strong>. Il arrive parfois que<br />

des <strong>représentations</strong> contradictoires coexistent chez <strong>les</strong><br />

élèves.<br />

Certains élèves peuvent par exemple entourer la catégorie<br />

«respirer sert à oxygéner <strong>les</strong> organes» pour expliquer<br />

à la question suivante que «la <strong>respiration</strong> sert à<br />

apporter de l’oxygène aux poumons». Les conceptions<br />

qui se dégagent des réponses des élèves peuvent être<br />

fortement influencées par le type de question posé.<br />

Joshua et Dupin (1993) soulignent à ce sujet «qu’à problème<br />

différent, <strong>les</strong> élèves mobilisent des conceptions<br />

différentes. Ceci peut amener à de très grandes contradictions<br />

logiques, mais peu importe puisque, dans le<br />

comportement d’un individu donné, la règle est celle de<br />

la cohabitation de conceptions différentes appelant des<br />

registres différents de fonctionnement cognitifs.»<br />

24 Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55


<strong>La</strong> <strong>respiration</strong> : comparaison <strong>entre</strong> <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> des élèves et l’évolution historique du concept<br />

Quel<strong>les</strong> comparaisons peut-on<br />

établir <strong>entre</strong> l’évolution des<br />

conceptions des élèves et l’évolution<br />

historique du concept de la<br />

<strong>respiration</strong> ?<br />

Mettre en évidence des similarités <strong>entre</strong> le développement<br />

des individus et l’évolution historique des concepts<br />

peut présenter un intérêt important dans l’identification<br />

d’obstac<strong>les</strong> épistémologiques chez <strong>les</strong> élèves. Ce parallélisme<br />

existe-t-il ? Dans le domaine des sciences, la<br />

question est complexe, peut-être davantage encore que<br />

dans le domaine mathématique, par exemple.<br />

En effet, cette comparaison peut être brouillée par plusieurs<br />

facteurs :<br />

- Au cours de l’histoire, des notions ont été découvertes<br />

tardivement non parce qu’el<strong>les</strong> constituaient des obstac<strong>les</strong><br />

cognitifs importants, mais parce que <strong>les</strong> savants ne<br />

disposaient pas de techniques suffisantes pour <strong>les</strong> observer<br />

1 (voir par exemple, la mise en évidence de l’anatomie<br />

de l’appareil respiratoire).<br />

- Par ailleurs, <strong>les</strong> conceptions des élèves en sciences, plus<br />

que dans d’autres matières, sont influencées non seulement<br />

par l’enseignement, mais aussi par une médiatisation<br />

importante et la possibilité d’y avoir accès (émissions<br />

de télévision, sites Internet, CD-rom, ...).<br />

- Enfin, nos analyses ont porté sur un échantillon<br />

d’élèves réparti sur une période d’enseignement limitée<br />

pour <strong>les</strong> besoins de la recherche à cinq années (de la 4e<br />

primaire à la 2e secondaire), avec des élèves différents<br />

pour chaque niveau scolaire considéré.<br />

Cependant, <strong>les</strong> tendances généra<strong>les</strong> qui viennent d’être<br />

développées peuvent certainement présenter certaines<br />

congruences avec la synthèse réalisée sur l’histoire de la<br />

<strong>respiration</strong> 2 . Voici pour chaque facette du système respiratoire<br />

envisagée (fonction-localisation-mécanismes), <strong>les</strong><br />

comparaisons qui émergent de nos données.<br />

Fonction de la <strong>respiration</strong><br />

Historiquement : Pendant des sièc<strong>les</strong>, <strong>les</strong> savants ont<br />

pensé que la <strong>respiration</strong> servait à refroidir la chaleur<br />

interne du corps. L’idée de la <strong>respiration</strong> qui sert à produire<br />

de l’énergie est très récente puisqu’elle date du<br />

XIXe siècle.<br />

Dans notre échantillon : Aucun élève ne pense que la<br />

<strong>respiration</strong> sert à refroidir le corps ; or c’était une proposition<br />

reprise dans la question à choix multiple portant<br />

sur la fonction de la <strong>respiration</strong>. Les élèves qui pensent<br />

que la <strong>respiration</strong> sert à apporter de l’oxygène aux<br />

organes sont essentiellement ceux de 2e secondaire.<br />

Certains élèves plus jeunes présentent également cette<br />

conception, mais sont nettement moins nombreux. Par<br />

contre, beaucoup d’<strong>entre</strong> eux pensent que la <strong>respiration</strong><br />

sert à faire battre le cœur.<br />

Localisation de la <strong>respiration</strong><br />

Historiquement : Durant l’Antiquité, <strong>les</strong> savants pensaient<br />

que le lieu de réception du souffle était le cœur.<br />

Ensuite, pendant 3 sièc<strong>les</strong> (du XVIIe au XIXe siècle), et<br />

grâce aux progrès de l’anatomie, <strong>les</strong> poumons ont été le<br />

c<strong>entre</strong> de la <strong>respiration</strong>. Actuellement c’est au niveau cellulaire<br />

que sont situés <strong>les</strong> phénomènes de la <strong>respiration</strong>.<br />

Dans notre échantillon :<br />

- Pour beaucoup d’élèves, l’air (ou l’oxygène) doit passer<br />

par le cœur. Cette représentation diminue au fur et à<br />

mesure qu’on progresse dans le cursus scolaire. Il<br />

semble donc qu’à ce niveau un certain parallélisme puisse<br />

être effectué avec l’évolution historique du concept de<br />

<strong>respiration</strong>.<br />

- <strong>La</strong> localisation de la <strong>respiration</strong> aux poumons est également<br />

très répandue chez <strong>les</strong> élèves et principalement<br />

au primaire. On peut dire que cette représentation se<br />

partage avec celle situant la <strong>respiration</strong> au cœur. Cette<br />

centration de la <strong>respiration</strong> aux poumons semble également<br />

correspondre à une étape de l’histoire. Cependant,<br />

l’évolution «cœur - poumons – cellu<strong>les</strong>» observée au fil<br />

des sièc<strong>les</strong> ne se retrouve pas telle que chez <strong>les</strong> élèves ;<br />

on observe plutôt une évolution en deux temps avec tout<br />

d’abord, la localisation au cœur ou aux poumons (bien<br />

présente chez <strong>les</strong> plus jeunes), puis la localisation aux<br />

organes ou aux cellu<strong>les</strong> (fort répandue chez <strong>les</strong> élèves de<br />

2e secondaire).<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

25


<strong>La</strong> <strong>respiration</strong> : comparaison <strong>entre</strong> <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> des élèves et l’évolution historique du concept<br />

Mécanismes respiratoires<br />

L’anatomie du système respiratoire<br />

Pour la plupart des élèves, <strong>les</strong> organes liés à la <strong>respiration</strong><br />

se limitent à la trachée et aux poumons. Peu d’élèves<br />

pensent à dessiner <strong>les</strong> bronches ; ils sont encore moins<br />

nombreux à connaître <strong>les</strong> bronchio<strong>les</strong> et <strong>les</strong> alvéo<strong>les</strong> pulmonaires.<br />

A ce niveau, on ne peut donc relever de<br />

parallélisme avec l’évolution historique, probablement<br />

parce qu’il s’agit moins de la construction d’un concept<br />

que de fait à observer ou à connaître.<br />

Les mécanismes respiratoires<br />

Dans notre échantillon : seuls quelques élèves de 2e<br />

secondaire expliquent correctement <strong>les</strong> mouvements de<br />

la cage thoracique en invoquant le fonctionnement du<br />

diaphragme. Aucun ne parle de l’intervention des<br />

musc<strong>les</strong> intercostaux.<br />

Historiquement : la mécanique respiratoire a été mise en<br />

évidence au XVIIe siècle. Un parallélisme semble difficile<br />

à établir.<br />

Les échanges gazeux et <strong>les</strong> relations <strong>entre</strong> systèmes<br />

respiratoire et circulatoire<br />

Dans notre échantillon : un pourcentage non négligeable<br />

d’élèves pense que l’air est un corps simple : ce<br />

sont surtout <strong>les</strong> élèves de 4e primaire qui pensent que<br />

l’air inspiré ne contient que de l’oxygène. Un quart des<br />

élèves de 2e secondaire pense que l’air expiré ne<br />

contient que du gaz carbonique. Par ailleurs, en 4e primaire,<br />

de nombreux élèves pensent que l’air inspiré est<br />

identique que l’air expiré.<br />

L’idée d’échanges gazeux est assez floue chez <strong>les</strong> élèves<br />

de même que le rôle de la circulation sanguine. A ce<br />

sujet, <strong>les</strong> conceptions des élèves de 2e secondaire sont<br />

nettement plus scientifiques que cel<strong>les</strong> des élèves des<br />

autres niveaux. En 4e primaire, peu d’élèves ont des<br />

idées précises sur le rôle du sang et <strong>les</strong> échanges<br />

gazeux.<br />

Historiquement : Pendant longtemps, l’air fut considéré<br />

comme un corps simple. <strong>La</strong> mise en évidence de la composition<br />

de l’air est récente. Elle a démarré avec <strong>les</strong> travaux<br />

de <strong>La</strong>voisier au XVIIIe siècle. Ce n’est qu’au XIXe<br />

siècle que <strong>les</strong> échanges gazeux avec le transport de<br />

l’oxygène dans le sang ont commencé à être définis.<br />

On peut mettre en parallèle ces découvertes qui datent<br />

d’une période très récente avec <strong>les</strong> difficultés des élèves<br />

à conceptualiser le rôle du sang et <strong>les</strong> échanges gazeux.<br />

Même si <strong>les</strong> élèves de 2e secondaire y parviennent nettement<br />

mieux que <strong>les</strong> plus jeunes, ces notions restent<br />

malgré tout peu maîtrisées par l’ensemble des élèves.<br />

26 Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55


Notes<br />

<strong>La</strong> <strong>respiration</strong> : comparaison <strong>entre</strong> <strong>les</strong> <strong>représentations</strong> des élèves et l’évolution historique du concept<br />

1 Il est clair que l’observation ne suffit pas à la découverte de nouveaux phénomènes mais ceux-ci peuvent difficilement<br />

être mis en évidence sans observation.<br />

2 Synthèse réalisée cette première année de recherche et figurant dans le rapport de recherche. Dans cette conclusion,<br />

nous ne présenterons que <strong>les</strong> grandes étapes de l’évolution historique du concept de la <strong>respiration</strong>.<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

27


28 Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55


Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

Le système digestif :<br />

Étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’enseignement<br />

primaire et de début d’enseignement secondaire<br />

Synthèse de la recherche en pédagogie 38/02<br />

Annick Fagnant et Cécile Flammang<br />

Service de Pédagogie expérimentale, Université de Liège sous la direction du Professeur Marcel Crahay<br />

Contexte<br />

Le présent article est issu d’une recherche visant à développer<br />

un enseignement scientifique intégrant l’histoire des<br />

sciences et un travail approfondi sur <strong>les</strong> conceptions des<br />

élèves 1 . <strong>La</strong> thématique investiguée porte sur <strong>les</strong> systèmes<br />

respiratoire, digestif et circulatoire, ainsi que sur leur mise<br />

en relation (voir Tavernier, 2001 pour une description<br />

détaillée de ces trois systèmes). L’objectif final (2003-2004)<br />

est de déboucher sur un document de transition primairesecondaire<br />

qui constituera un véritable outil méthodologique<br />

permettant aux enseignants des niveaux concernés<br />

de développer l’étude des différents systèmes «régissant» le<br />

corps humain, tout en y intégrant une dimension historique.<br />

<strong>La</strong> première étape de la recherche (Flammang, Vlassis et<br />

Burton, 2002, Fagnant & Flammang, 2003) a permis d’investiguer<br />

<strong>les</strong> conceptions des élèves de fin d’enseignement<br />

primaire (4e et 6e primaire) et de début d’enseignement<br />

secondaire (1re et 2e) face à ces trois systèmes. Elle a également<br />

permis de réaliser une étude historique relative au<br />

thème de la <strong>respiration</strong> dans le but de mettre en évidence<br />

un éventuel parallélisme <strong>entre</strong> <strong>les</strong> conceptions des élèves et<br />

<strong>les</strong> concepts scientifiques défendus au cours de l’histoire.<br />

<strong>La</strong> deuxième étape de la recherche (2003-2004) permettra<br />

de développer, en collaboration avec des enseignants du<br />

primaire et du secondaire, des séquences didactiques s’appuyant<br />

sur <strong>les</strong> conceptions des élèves comme levier de l’apprentissage<br />

(Paccaud, 1991). L’aspect temporaire et évolutif<br />

des théories scientifiques sera également abordé, au travers<br />

du thème de la <strong>respiration</strong> notamment (Flammang et<br />

al., 2002, Giordan, 1987).<br />

Le présent article porte sur <strong>les</strong> conceptions des élèves (leurs<br />

<strong>représentations</strong> menta<strong>les</strong>) relatives au système digestif. Un<br />

test composé de questions ouvertes assez généra<strong>les</strong> et de<br />

questions fermées plus inductives a été proposé aux environs<br />

du mois de mars à plus de 250 élèves de l’enseignement<br />

primaire (109 en 4e et 143 en 6e) et à plus de 200<br />

élèves du début de l’enseignement secondaire (127 en 1re<br />

et 79 en 2e). Les questions proposées ont permis d’envisager<br />

le système digestif sous différents ang<strong>les</strong> : la fonction de<br />

l’alimentation, le schéma de l’appareil digestif et le trajet<br />

des aliments, <strong>les</strong> mécanismes permettant l’orientation des<br />

aliments dans le «bon conduit» et leur progression dans ce<br />

conduit, la dégradation des aliments, <strong>les</strong> types de dents et<br />

leur rôle respectif dans la dégradation, <strong>les</strong> processus d’élimination<br />

et d’absorption, le stockage et l’utilisation des<br />

nutriments, la durée de certains phénomènes (ex. le<br />

nombre de jours pendant <strong>les</strong>quels on peut rester sans manger),<br />

la longueur et la position de certains organes (l’intestin<br />

grêle ici) et enfin, le lien <strong>entre</strong> le système digestif et le<br />

système excréteur.<br />

Il n’est évidemment pas possible de proposer ici l’ensemble<br />

des résultats (chacun des ang<strong>les</strong> ayant été envisagé, dans<br />

la mesure du possible, au départ d’une question ouverte<br />

générale et d’une question fermée inductive afin de voir la<br />

cohérence – ou l’apport de précision – des réponses dans<br />

ces deux types de contextes). Il est également peu concevable<br />

d’aborder l’ensemble des thèmes investigués. Nous<br />

avons donc décidé de sélectionner trois ang<strong>les</strong> d’analyse<br />

(le schéma de l’appareil digestif, la fonction de l’alimentation<br />

et <strong>les</strong> processus d’élimination - absorption) qui nous<br />

semblent pouvoir donner une vision générale des <strong>représentations</strong><br />

des élèves relatives au système digestif de l’homme.<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

29


Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

Schéma de l’appareil digestif<br />

Dessine l’appareil digestif sur le personnage ci-dessous :<br />

- dessin de la silhouette d’un personnage.<br />

Le tableau suivant présente une analyse des schémas réalisés par <strong>les</strong> élèves. Il est scindé en six grandes catégories permettant<br />

de définir l’allure générale des dessins en indiquant <strong>les</strong> organes représentés.<br />

Le tableau révèle que <strong>les</strong> élèves de quatrième année se situent majoritairement (70% des élèves) dans une représentation<br />

de type «tuyauterie» (tuyau seul – 22% - ou tuyau accompagné d’un estomac ou d’intestins – 48%). Ils sont très loin d’avoir<br />

une représentation claire de l’appareil digestif puisque seuls 17% (catégories 1 et 2) représentent <strong>les</strong> trois organes par<br />

<strong>les</strong>quels passent <strong>les</strong> aliments.<br />

30 Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55


Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

Les élèves de sixième année ont globalement des <strong>représentations</strong> plus complètes que ceux de quatrième puisqu’ils se «partagent»<br />

majoritairement <strong>entre</strong> <strong>les</strong> schémas de type «tuyau + estomac ou intestins» (38%) et ceux plus complets de type<br />

«œsophage – estomac – intestins» (43%).<br />

Aucun élève ne représente l’ensemble des organes de l’appareil digestif (catégorie 1).<br />

Tout comme <strong>les</strong> élèves de fin du primaire, <strong>les</strong> élèves de début de secondaire (première et deuxième années) se partagent<br />

majoritairement <strong>entre</strong> <strong>les</strong> schémas de type «œsophage – estomac – intestins» (+ généralement le foie) (38% en 1re et 41%<br />

en 2e) et ceux moins complets de type «tuyau + estomac ou intestins» (31% en 1re et 36% en 2e). Un progrès se marque<br />

néanmoins par rapport aux élèves de fin de primaire puisqu’on constate ici quelques élèves (7% en 1re et 6% en 2e) qui<br />

représentent l’ensemble des organes intervenant dans l’appareil digestif (catégorie 1).<br />

Enfin, il convient encore de pointer un aspect important : environ 30% des élèves de quatrième et plus de 10% des élèves<br />

de 6e primaire, 1re et 2e secondaire ont des <strong>représentations</strong> particulièrement pauvres de l’appareil digestif puisqu’ils limitent<br />

leur dessin à un tuyau seul ou à un estomac (ou des intestins) représenté(s) seul(s) au milieu du v<strong>entre</strong>.<br />

Les dessins représentés par <strong>les</strong> élèves permettent-ils de suivre le parcours des aliments de l’entrée dans l’organisme (par<br />

la bouche) à sa sortie (par l’anus) ? De plus, pour réaliser un trajet complet des aliments, il convient de représenter <strong>les</strong><br />

organes par <strong>les</strong>quels ils transitent : l’œsophage, l’estomac et <strong>les</strong> intestins.<br />

Quelle proportion d’élèves représente ces organes ?<br />

Le tableau suivant permet de synthétiser la situation :<br />

◆ Quels sont <strong>les</strong> dessins qui représentent au minimum l’œsophage, l’estomac et <strong>les</strong> intestins ?<br />

◆ Parmi ces dessins, quels sont ceux qui présentent un trajet complet de la bouche à l’anus ?<br />

◆ Parmi <strong>les</strong> dessins présentant un trajet complet, quels sont ceux qui présentent une cohérence satisfaisante ?<br />

Les résultats du tableau sont très nets : on constate un progrès notable <strong>entre</strong> la quatrième année primaire et <strong>les</strong> autres<br />

années testées mais <strong>les</strong> résultats restent globalement assez faib<strong>les</strong> puisque moins de 50% des élèves représentent <strong>les</strong> trois<br />

organes par <strong>les</strong>quels passent <strong>les</strong> aliments. Ces taux «tombent» à 13% en 4e primaire et aux alentours de 30 à 35% en<br />

6e primaire et au secondaire si on ne prend en compte que <strong>les</strong> trajets complets ; ils passent à moins de 10% en 4e et sous<br />

<strong>les</strong> 20% pour <strong>les</strong> élèves plus âgés si on ne considère que <strong>les</strong> dessins cohérents. Il est important de souligner le peu de<br />

progrès observable <strong>entre</strong> <strong>les</strong> élèves de sixième année primaire et ceux de deuxième année secondaire.<br />

Finalement, l’analyse des trajets nous conduit donc à des conclusions assez pessimistes : à quoi peuvent bien servir <strong>les</strong><br />

quelques organes «flottants» que <strong>les</strong> élèves représentent plus ou moins au milieu du corps ?<br />

Fonction de l’alimentation<br />

A ton avis, à quoi servent <strong>les</strong> aliments que tu manges ?<br />

Le tableau suivant présente une répartition des réponses fournies par <strong>les</strong> élèves. El<strong>les</strong> ont été codées en quatre grandes<br />

catégories non exclusives (c’est-à-dire que la réponse complète de l’élève pouvait mentionner des éléments appartenant<br />

à chacune des catégories). Les aliments servent à :<br />

◆ fournir de l’énergie, donner des forces ;<br />

◆ apporter des composants alimentaires 3 nécessaires au fonctionnement de l’organisme (fournir de l’énergie et/ou apporter<br />

des éléments de construction) ;<br />

◆ vivre, survivre, ne pas mourir ;<br />

◆ remplir diverses fonctions tel<strong>les</strong> que nourrir le corps, le protéger, aider à son fonctionnement, …<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

31


Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

En quatrième année, la fonction la plus fréquemment citée (46% des élèves la mentionnent) est «vivre, survivre ou ne pas<br />

mourir». Ce type de réponse généraliste est valable pour toutes <strong>les</strong> fonctions vita<strong>les</strong> de l’organisme (<strong>respiration</strong>, battements<br />

du cœur, circulation du sang,…) ; elle n’explique rien de spécifique en lien avec l’alimentation et est finalement de<br />

très peu d’intérêt. On constate une diminution de ce type de réponse en 6e primaire, 1re et 2e secondaire mais cela<br />

concerne encore plus d’un élève sur cinq.<br />

Exemp<strong>les</strong> d’élèves - A vivre (réponse fréquemment citée) - Si on ne mange plus, on meurt mais pas tout de suite<br />

(6e primaire) - Sans ça, on ne sait plus vivre (6e primaire).<br />

Le regroupement des «autres idées généra<strong>les</strong>» sur l’alimentation nous montre des pourcentages très élevés pour chaque<br />

année scolaire. Ces taux sont en augmentation constante de la 4e primaire à la 2e secondaire (56% => 69% => 76% =><br />

80%). Pour <strong>les</strong> quatre années testées, c’est principalement la fonction de «nourrir le corps» qui est mentionnée. En secondaire,<br />

on trouve aussi plus de 20% de réponses liées à l’idée de «faire fonctionner le corps» ; la «combinaison» des différentes<br />

idées généra<strong>les</strong> a également une occurrence non négligeable.<br />

Exemp<strong>les</strong> d’élèves<br />

«Nourrir le corps» - A nourrir (ou à alimenter) notre corps (idées très souvent évoquées) - A alimenter notre corps<br />

et tous nos organes (6e primaire) - A nous nourrir quand on a faim (6e primaire) - On trouve aussi dans cette catégorie<br />

(mais de manière très épisodique) quelques réponses plus élaborées et plus proches d’une fonction correcte<br />

de l’alimentation. A alimenter nos musc<strong>les</strong> (1re secondaire) - A nourrir <strong>les</strong> cellu<strong>les</strong> et <strong>les</strong> organes de notre corps<br />

(2e secondaire).<br />

«Protéger le corps et le garder en forme» - A être en bonne santé (6e primaire) - A produire des anti-corps, des<br />

soldats (1re secondaire) - A être en forme (1re secondaire).<br />

«Faire fonctionner le corps» - A faire fonctionner (battre) le cœur (idée souvent évoquée et proche de «rester en<br />

vie») - Au bon fonctionnement de nos musc<strong>les</strong> (6e primaire) - A bien faire fonctionner notre organisme (6e primaire)<br />

- Pour aider à la croissance (1re secondaire) - A mieux réfléchir. Par exemple, quand l’homme préhistorique<br />

a découvert la viande, il a commencé à réfléchir (2e secondaire) - Notre corps est comme une voiture ; la<br />

voiture a besoin d’essence pour rouler. Alors notre corps a besoin d’aliments pour bouger, pour avoir des réserves<br />

pour faire du sport (6e primaire)<br />

«Autres» - Pour que notre corps puisse se débarrasser des «saletés» qui sont dans notre sang (6e primaire) -<br />

Produire du sang (2e secondaire) - Créer une digestion (2e secondaire).<br />

Les deux grandes fonctions de l’alimentation («fournir de l’énergie» et «apporter des composants alimentaires nécessaires<br />

au fonctionnement de l’organisme») sont respectivement citées par moins de 15% des élèves de 4e primaire. On constate<br />

une augmentation jusqu’au début du secondaire, tout en restant sous <strong>les</strong> 30% pour «énergie / force» et en atteignant<br />

presque <strong>les</strong> 40% pour «l’apport de composants alimentaires». Notons toutefois que l’apport de composants alimentaires se<br />

limite généralement aux vitamines et au calcium et que <strong>les</strong> glucides, lipides et protides sont très peu mentionnés.<br />

32 Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55


Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

Ce constat est assez intéressant dans la mesure où <strong>les</strong> composants mentionnés semblent relever plutôt de connaissances<br />

de la vie de tous <strong>les</strong> jours relatives à une alimentation équilibrée (manger des fruits pour avoir des vitamines, boire du<br />

lait pour l’apport de calcium nécessaire à la croissance,…) que de connaissances scolaires relatives, par exemple, à la<br />

décomposition chimique du sucre en molécu<strong>les</strong> de glucoses, à la décomposition des protéines en acides aminés, etc. ...<br />

Exemp<strong>les</strong> d’élèves<br />

«Fournir de l’énergie, donner des forces» - A nous donner des forces (de l’énergie) (idées souvent évoquées tel<strong>les</strong><br />

quel<strong>les</strong>) - Ils servent à me donner <strong>les</strong> énergies nécessaires au corps (6e primaire).<br />

«Apport de composants alimentaires» - A nous donner des vitamines (idée souvent évoquée)<br />

A fournir du glucose (1re secondaire) - A remplir l’estomac, le sang et <strong>les</strong> réserves de nutriments (2e secondaire)<br />

- A nous donner des vitamines, du fer, des protéines et du calcium (4e primaire).<br />

Pour compléter cette analyse, il paraît intéressant d’observer comment se répartissent <strong>les</strong> réponses des élèves à la question<br />

fermée qui leur était proposée : parviennent-ils à identifier <strong>les</strong> éléments corrects lorsque ceux-ci leur sont présentés<br />

explicitement ?<br />

Pourquoi mange-t-on de la nourriture ?<br />

Fais une croix à côté des deux propositions qui te paraissent <strong>les</strong> plus justes.<br />

Liste de 8 propositions<br />

Le tableau suivant présente le pourcentage d’élèves ayant coché chaque proposition ; <strong>les</strong> lignes grisées correspondent aux<br />

réponses considérées comme <strong>les</strong> plus correctes.<br />

Les élèves du primaire pensent essentiellement que nous devons nous nourrir pour rester en vie, viennent ensuite <strong>les</strong> idées<br />

de nourrir le corps et d’avoir de l’énergie puis, avec une proportion moindre, celle d’avoir des forces.<br />

Au secondaire, <strong>les</strong> élèves répondent avant tout que c’est pour avoir de l’énergie. Viennent ensuite <strong>les</strong> idées de rester en<br />

vie, de nourrir le corps et d’avoir des forces.<br />

Tous niveaux confondus, <strong>les</strong> quatre propositions susmentionnées sont donc <strong>les</strong> plus fréquemment choisies par <strong>les</strong> élèves ;<br />

c’est la façon dont el<strong>les</strong> s’ordonnent en suivant <strong>les</strong> fréquences de choix qui permet de distinguer <strong>les</strong> élèves du primaire de<br />

ceux du secondaire.<br />

<strong>La</strong> proposition «pour servir de matériaux de construction» est globalement peu choisie. On note toutefois une cassure qui<br />

se marque assez nettement au passage de la première à la deuxième secondaire (maximum 15% en primaire et en 1re<br />

secondaire ; 25% en 2e). Le choix relativement faible de cette proposition peut sembler interpellant puisque nombreux<br />

sont <strong>les</strong> parents qui répètent à leurs enfants de bien manger de tout pour «devenir grand». Bien qu’ils aient déjà sans<br />

doute entendu ce genre de réflexion, <strong>les</strong> élèves testés ne semblent pas avoir intériorisé le concept selon lequel <strong>les</strong> aliments<br />

aident notre corps à grandir et à se construire.<br />

Toutes <strong>les</strong> autres propositions ont globalement attiré peu d’élèves.<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

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Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

Élimination - Absorption<br />

Imagine que tu manges un sandwich. Que va-t-il devenir dans <strong>les</strong> heures qui suivent ton repas ?<br />

Le tableau suivant présente une répartition des réponses fournies par <strong>les</strong> élèves. Comme pour la question ouverte relative<br />

à la fonction de l’alimentation, el<strong>les</strong> ont été codées en quatre grandes catégories non exclusives :<br />

<strong>La</strong> question visait à analyser <strong>les</strong> conceptions des élèves en ce qui concerne <strong>les</strong> fonctions d’élimination et d’absorption de<br />

l’organisme. En ce sens, ce sont principalement <strong>les</strong> deux dernières catégories de réponses qui nous intéressent.<br />

On peut noter que l’élimination est assez souvent mentionnée par <strong>les</strong> élèves : plus d’un tiers des élèves de quatrième primaire<br />

et plus de la moitié des élèves de 6e primaire, 1re et 2e secondaire y font référence. Précisons cependant qu’il n’y<br />

a qu’une minorité d’élèves qui évoque clairement que seule une partie du sandwich digéré sera éliminée ; pour <strong>les</strong> autres,<br />

la formulation de la réponse laisse entendre que «le sandwich» (dans sa totalité ?) sera évacué par <strong>les</strong> sel<strong>les</strong>. Pour ces<br />

élèves, on peut se questionner sur la fonction et l’intérêt d’une alimentation qui s’élimine entièrement (serait-ce là une nouvelle<br />

recette miracle de régime ?).<br />

Exemp<strong>les</strong> d’élèves<br />

Une partie sera évacuée, éliminée - Le corps va prendre <strong>les</strong> vitamines (absorption ?) et le reste va partir par <strong>les</strong> sel<strong>les</strong> (6e<br />

primaire) - Les déchets inutilisab<strong>les</strong> vont se transformer en sel<strong>les</strong> (2e secondaire).<br />

Tout sera évacué, éliminé - Il va devenir des sel<strong>les</strong> (4e primaire) - Le sandwich sortira par <strong>les</strong> sel<strong>les</strong> (1re secondaire) -<br />

Il va partir en sel<strong>les</strong> (2e secondaire).<br />

Notons encore que quelques élèves de 6e année primaire (5%) font preuve dans leur réponse d’une confusion <strong>entre</strong> le<br />

système digestif et le système urinaire. Les élèves qui ont mentionné ce type d’idée se retrouvent massivement groupés<br />

dans une même classe et on peut donc penser que le système excréteur a été abordé et mal compris par ces élèves.<br />

34 Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55


Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

Exemp<strong>les</strong> d’élèves<br />

Confusion avec le système urinaire - Le sandwich est digéré et se trouve dans l’estomac puis ça passe dans <strong>les</strong> reins où<br />

cela va être filtré puis passer dans l’intestin grêle et dans le gros intestin (6e primaire) - (il est digéré) puis ils vont se diriger<br />

vers <strong>les</strong> reins où l’eau va <strong>les</strong> transformer en urine (6e primaire)<br />

(le sandwich est digéré) et pour finir, il se liquéfie avec l’eau qui donne l’urine où il est compressé et rejeté directement<br />

par <strong>les</strong> intestins (6e primaire) - Le plus gros de ton repas va dans ton estomac puis dans tes intestins et se dirige vers l’urine<br />

(6e primaire).<br />

L’idée selon laquelle <strong>les</strong> aliments digérés (<strong>les</strong> nutriments) seront absorbés par l’organisme et utilisés par le corps est évoquée<br />

nettement moins fréquemment que l’idée d’élimination. On constate un progrès en deuxième secondaire où plus de<br />

20% des élèves mentionnent cette idée alors qu’ils ne sont qu’environ 10% en primaire et en première secondaire. Notons<br />

encore que cette idée est majoritairement évoquée de manière relativement peu précise.<br />

Exemp<strong>les</strong> d’élèves<br />

Idée d’absorption évoquée de manière précise et correcte - Les intestins vont digérer <strong>les</strong> aliments qui vont devenir des<br />

nutriments. Ces nutriments <strong>entre</strong>nt dans le sang et <strong>les</strong> musc<strong>les</strong> vont consommer ces nutriments (2e secondaire) - Il va passer<br />

dans l’appareil digestif qui va en retirer <strong>les</strong> «matières» qui seront transformées et ensuite utilisées. Le reste sortira par<br />

l’anus (2e secondaire)<br />

Idée d’absorption évoquée de manière moins précise - Les vitamines et ce qui est bon pour notre corps reste, le reste est<br />

rejeté par <strong>les</strong> sel<strong>les</strong> (6e primaire) - Une partie va devenir de la pâte pour nourrir notre corps (1re secondaire) - Le corps<br />

va garder <strong>les</strong> meilleures parties (1re secondaire) - Les bons aliments vont aller dans le sang (2e secondaire)<br />

On peut noter que l’idée d’absorption (d’une partie des aliments, de ce qui est bon pour notre corps,…) est généralement<br />

liée à l’idée d’élimination (du reste, de ce qui n’est pas bon pour le corps,…). Inversement, lorsque l’idée d’élimination<br />

évoque clairement qu’il ne s’agit que de l’élimination d’une partie, l’idée d’absorption du reste est soit sous-jacente, soit<br />

clairement exprimée. Par contre, l’élimination de la totalité des aliments ne permet pas de percevoir l’idée d’absorption<br />

et dès lors la fonction de l’alimentation…<br />

Pour terminer ce premier angle d’analyse de la question, il convient encore de mentionner l’occurrence importante des<br />

deux autres catégories de réponses. En effet, l’idée selon laquelle le sandwich sera broyé, décomposé,… est évoquée par<br />

plus de la moitié des élèves de chaque niveau sondé, avec des taux qui atteignent plus de 70% en deuxième secondaire.<br />

Ce sont principalement l’action mécanique (broyage par <strong>les</strong> dents) et <strong>les</strong> idées généra<strong>les</strong> évoquant le processus de digestion<br />

qui sont mentionnées.<br />

Exemp<strong>les</strong> d’élèves<br />

Idée qu’il sera broyé par <strong>les</strong> dents (action mécanique) - Il va se détruire en petits morceaux (4e primaire) - Il sera mâché<br />

(6e primaire).<br />

Idée qu’il sera décomposé en petites particu<strong>les</strong> (action chimique ?) - Un genre d’acide va le transformer (6e primaire) -<br />

Il va être dissous par différents sucs digestifs : <strong>les</strong> sucs gastriques, <strong>les</strong> sucs pancréatiques, la bile,… (2e secondaire) - <strong>La</strong><br />

salive va commencer à décomposer l’aliment, puis dans l’estomac (6e primaire).<br />

Combinaison des actions mécaniques et chimiques - Le sandwich se fait couper en petits morceaux par la mâchoire puis<br />

se transforme en particu<strong>les</strong> qui ont été digérées par l’estomac (6e primaire).<br />

Idée générale indiquant qu’il sera digéré - Il va être digéré (idée souvent évoquée) - Il va être en miettes et comme de la<br />

pâte (1re secondaire) - Mon estomac va le digérer et après quelques heures, il aura de nouveau faim (2e secondaire).<br />

Une proportion non négligeable d’élèves évoque également le trajet suivi par le sandwich au cours de sa digestion et/ou<br />

son lieu d’arrivée : de 23 à 38% selon <strong>les</strong> niveaux sondés (avec une progression qui n’est pas continue de la 4e primaire<br />

à la 2e secondaire).<br />

Exemp<strong>les</strong> d’élèves<br />

Il va passer dans l’appareil digestif (idée souvent évoquée) - Il va dans l’estomac (idée souvent évoquée) - Il va être mis<br />

avec <strong>les</strong> autres aliments dans l’intestin grêle (1re secondaire).<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

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Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

Pour compléter cette analyse, il paraît intéressant d’observer comment <strong>les</strong> élèves réagissent face à<br />

la question fermée qui leur était proposée.<br />

Voici trois schémas qui expliquent de manière simplifiée certains mécanismes de la digestion. Coche le schéma qui te<br />

semble le plus correct. Attention, avant de répondre, lis bien <strong>les</strong> explications.<br />

Tout ce qu’on mange<br />

est éliminé par <strong>les</strong> sel<strong>les</strong>.<br />

Aliments Aliments Aliments<br />

Sel<strong>les</strong> Sel<strong>les</strong> Sel<strong>les</strong><br />

Une partie de ce qu’on mange est<br />

absorbée par le corps et le reste<br />

est éliminé par <strong>les</strong> sel<strong>les</strong>.<br />

Le tableau qui suit présente la répartition des choix des élèves sondés.<br />

Tout ce qu’on mange et <strong>les</strong><br />

déchets fabriqués par le corps<br />

sont éliminés par <strong>les</strong> sel<strong>les</strong><br />

36 Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55


Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

Notons tout d’abord que plus de 60% des élèves du primaire et près de 80% de ceux du secondaire ont choisi le dessin<br />

et l’explication correcte des mécanismes de la digestion : notre corps absorbe une partie de ce que nous mangeons et élimine<br />

le reste via <strong>les</strong> sel<strong>les</strong>.<br />

Les élèves du niveau primaire se distinguent de ceux du secondaire par le fait qu’ils sont plus nombreux (<strong>entre</strong> 10 et 14%<br />

contre maximum 6% au secondaire) à penser simplement que tout ce que nous mangeons est éliminé via <strong>les</strong> sel<strong>les</strong> et donc<br />

que <strong>les</strong> aliments ne font que transiter un certain temps dans le corps sans rien lui apporter. Ils sont encore 22% en 6e primaire<br />

et 14% au trois autres niveaux sondés à avoir une représentation erronée de ces mécanismes puisqu’ils pensent<br />

que tout ce que l’on mange ainsi que <strong>les</strong> déchets produits par notre organisme, sont éliminés par <strong>les</strong> sel<strong>les</strong>.<br />

<strong>La</strong> somme de ces deux distracteurs nous indique qu’environ 30% des élèves du primaire et 20% de ceux du secondaire<br />

ne perçoivent pas clairement la fonction d’absorption du système digestif. Dans ce cas, à quoi pensent-ils que <strong>les</strong> aliments<br />

servent ? Pourquoi devons-nous régulièrement nous alimenter puisque selon eux, rien n’est utilisé par le corps ? Comment<br />

le corps fait-il pour grandir, pour se protéger, pour réduire une fracture, .... ?<br />

Conclusions<br />

Comment peut-on caractériser <strong>les</strong> conceptions des élèves à la lueur de ces trois ang<strong>les</strong> d’analyse ?<br />

Les élèves de 4e primaire ont principalement une conception de l’appareil digestif en tant que «tuyau imperméable»<br />

(Clément, 1991) dont la fonction pour l’organisme n’est pas clairement définie.<br />

◆ 70% des schémas évoquent une représentation de type «tuyauterie» (22% de «tuyaux seuls» et 48% de «tuyaux accompagnés<br />

d’un estomac ou d’intestins»).<br />

◆ Les aliments servent principalement à nourrir le corps ; ce qui permet de rester en vie.<br />

◆ Les aliments sont broyés, décomposés,… puis éliminés ! Très peu d’élèves (10%) évoquent spontanément l’idée d’absorption<br />

par l’organisme. Le tuyau est imperméable et rien ne s’en échappe (il n’y a donc pas d’absorption) avant la sortie<br />

par <strong>les</strong> sel<strong>les</strong>. Même dans la question fermée, seuls 60% choisissent de façon correcte la proposition selon laquelle<br />

«une partie de ce qu’on mange est absorbée par l’organisme et le reste est éliminé par <strong>les</strong> sel<strong>les</strong>».<br />

A partir de la 6e primaire et jusqu’à la deuxième secondaire, la conception de type «tuyauterie» reste présente mais des<br />

conceptions plus «évoluées» (et plus correctes) apparaissent avec une occurrence non négligeable.<br />

◆ Les schémas de l’appareil digestif restent rudimentaires puisqu’ils sont moins de 50% en 6P, 1S et 2S à représenter <strong>les</strong><br />

trois organes par <strong>les</strong>quels passent <strong>les</strong> aliments (œsophage, estomac et intestins) ; ils ne sont qu’un peu plus de 30% à dessiner<br />

un trajet complet de la bouche à l’anus.<br />

Plus de 30% des élèves de chaque année limitent leur représentation à un tuyau accompagné d’un estomac ou d’intestins.<br />

On observe encore 10% des élèves de 6P et 5 à 6% des élèves de secondaire qui représentent un tuyau seul. De plus,<br />

on rencontre aussi 5 à 6% de dessins en secondaire indiquant un estomac ou des intestins «perdus» au milieu du v<strong>entre</strong>…<br />

Enfin, notons quand même un léger progrès <strong>entre</strong> <strong>les</strong> élèves du primaire et ceux du secondaire, puisque ce n’est que chez<br />

ces derniers qu’on rencontre quelques dessins représentant l’ensemble des organes de l’appareil digestif (7% en 1S et 6%<br />

en 2S).<br />

◆ <strong>La</strong> fonction de l’alimentation n’est évoquée relativement clairement dans la question ouverte que par une minorité<br />

d’élèves de chacun des niveaux : ils sont moins de 30% à évoquer <strong>les</strong> idées de force ou d’énergie et ils sont de 22 à 38%<br />

à mentionner l’apport de composants alimentaires nécessaires au fonctionnement de l’organisme.<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

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Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

Notons que l’on observe un progrès <strong>entre</strong> la 4P et la 6P (14% => 22%), puis <strong>entre</strong> la 6P et le secondaire (22% => 29 et<br />

28%) pour <strong>les</strong> notions d’énergie et de force ; ainsi qu’un progrès continu de la 4P à la 2S pour l’apport de composants<br />

alimentaires (14% => 22% => 33% => 38%)<br />

Les idées généralistes «pour vivre» et «pour nourrir le corps» sont encore évoquées par plus de 20% des élèves de chacun<br />

des niveaux sondés.<br />

A la question fermée, s’ils sont plus de la moitié (de 52 à 67% selon <strong>les</strong> années) à choisir l’apport d’énergie, ils ne sont<br />

qu’environ 15% en 6P et 1S et 25% en 2S à identifier le rôle des aliments en tant qu’apport de matériaux de construction<br />

pour l’organisme…<br />

◆ Comme en 4e primaire, l’idée d’une «tuyauterie continue» ressort à travers l’analyse de la question ouverte : plus de<br />

50% des élèves de 6P, 1S et 2S évoquent l’idée d’excrétion mais ils ne sont qu’un peu plus de 10% en 6P et 1S (c’est-àdire<br />

à peine plus qu’en 4P) à évoquer spontanément l’absorption. Un léger progrès se marque en 2S où 22% des élèves<br />

évoquent l’absorption d’une partie des aliments digérés. <strong>La</strong> «tuyauterie» reste donc imperméable pour la plupart des<br />

élèves.<br />

A la question fermée, la proposition correcte évoquant le couple «élimination / absorption» n’est encore choisie que par<br />

environ deux tiers des élèves de 6P (c’est-à-dire à peine plus qu’en 4P). Un progrès se marque alors au secondaire<br />

puisque la proportion de choix corrects atteint presque <strong>les</strong> 80%.<br />

Finalement, malgré <strong>les</strong> progrès notab<strong>les</strong> <strong>entre</strong> la 4P et la 6P et <strong>les</strong> progrès plus légers qui interviennent encore en début<br />

de secondaire, <strong>les</strong> conceptions des élèves (et même cel<strong>les</strong> des plus âgés) restent encore fort éloignées des concepts partagés<br />

par la communauté scientifique à l’heure actuelle.<br />

Pour la construction des séquences didactiques, il conviendra de procéder à une ré-analyse fine des différentes conceptions<br />

mises en lueur au travers de l’ensemble du test (qui, pour rappel, envisageait de multip<strong>les</strong> ang<strong>les</strong> d’analyse). En effet,<br />

il conviendra de distinguer, parmi ces conceptions, quel<strong>les</strong> sont cel<strong>les</strong> qui doivent «simplement» être précisées pour être<br />

dépassées et quel<strong>les</strong> sont cel<strong>les</strong> qui risquent de créer un réel obstacle (Vuala, 1991) à l’apprentissage des concepts scientifiques<br />

visés.<br />

Dans l’analyse présentée dans le cadre de cet article, on peut voir un obstacle dans la conception de type «tuyauterie à<br />

paroi imperméable». C’est en effet la perméabilité de la paroi des intestins qui doit permettre de comprendre la fonction<br />

essentielle de l’alimentation (via le processus d’absorption notamment). Cette perméabilité est également nécessaire à la<br />

compréhension du système excréteur et, particulièrement, à une perception adéquate de l’élimination des liquides via l’urine<br />

(voir Clément, 1991, pour une analyse de la conception «tuyauterie continue digestion – excrétion»).<br />

38 Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55


Le système digestif : étude des <strong>représentations</strong> des élèves de fin d’ens. primaire et de début d’ens. secondaire<br />

Références<br />

CLÉMENT, P. Sur la persistance d’une conception : la tuyauterie continue digestion – excrétion. Aster,1991.pp. 13, 133-155<br />

FAGNANT, A. & FLAMMANG, C. Etude des <strong>représentations</strong> des élèves relatives aux systèmes digestif et circulatoire.<br />

Rapport final de 2e année de recherche – «Conception d’outils didactiques pour l’intégration et le développement d’une<br />

composante historique à l’éducation scientifique». Service de Pédagogie expérimentale, Université de Liège, document<br />

non publié. 2003.<br />

FLAMMANG, C., VLASSIS, J. & BURTON, R. <strong>La</strong> <strong>respiration</strong>: évolution historique des concepts et <strong>représentations</strong> menta<strong>les</strong><br />

des élèves. Rapport final de 1re année de recherche – «Conception d’outils didactiques pour l’intégration et le développement<br />

d’une composante historique à l’éducation scientifique». Service de Pédagogie expérimentale, Université de<br />

Liège, document non publié. 2002.<br />

GIORDAN, A. (sous la direction scientifique de). Histoire de la biologie. Paris, Technique & Documentation – <strong>La</strong>voisier :<br />

Petite collection d’histoire des sciences. 1987.<br />

PACCAUD, M. Les conceptions comme levier d’apprentissage du concept de <strong>respiration</strong>. Aster,1991. pp. 13, 35-58.<br />

TAVERNIER, R. Enseigner la biologie et la géologie à l’école. Guide des professeurs des éco<strong>les</strong>. IUFM. Bordas. 2001.<br />

VUALA, J. Le rôle d’un dessin animé dans l’évolution des conceptions des élèves sur la <strong>respiration</strong>. Aster, 1991. pp. 13, 7-34.<br />

Notes<br />

1 <strong>La</strong> recherche, commanditée par l’Administration Générale de l’Enseignement et de la Recherche Scientifique, s’intitule<br />

«Conception d’outils didactiques pour l’intégration et le développement d’une composante historique à l’éducation scientifique».<br />

2 En 4e et en 6e primaire, la grande majorité des dessins de cette catégorie ne comporte aucune glande digestive (14%<br />

sur <strong>les</strong> 16% de dessins de ce type en 4e et 36% sur 43% en 6e). En secondaire, <strong>les</strong> élèves représentent nettement plus fréquemment<br />

une glande (généralement le foie) : un peu moins de la moitié en 1re (16% sur 38%) et plus de la moitié en<br />

2e (25% sur 41%).<br />

3 L’apport de composants alimentaires peut être exprimé en termes corrects, approximatifs ou généraux : apport de glucides<br />

ou de sucre, apport de protéines, de protides ou d’acides aminés, apport de graisses ou de lipides, apport de vitamines,<br />

de fer, de calcium,… L’objectif de l’apport de ces aliments (c’est-à-dire fournir de l’énergie et/ou apporter des éléments<br />

de construction) n’est généralement pas mentionné explicitement par <strong>les</strong> élèves.<br />

4 L’idée précise et correcte doit évoquer qu’une partie des aliments digérés (<strong>les</strong> nutriments) est absorbée par l’organisme<br />

(ou qu’elle passe dans le corps) en vue d’être utilisée par <strong>les</strong> organes pour fonctionner.<br />

Bulletin d’informations pédagogiques Janvier 2004 - N° 55<br />

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