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La Préhistoire Intérêts pédagogiques de la discipline - CRDP ...

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DOCUMENTS –MEMOIRE DU STAGE<br />

<strong>La</strong> <strong>Préhistoire</strong><br />

<strong>Intérêts</strong> <strong>pédagogiques</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>discipline</strong><br />

Organisé par le Pôle National <strong>de</strong> Ressources en <strong>Préhistoire</strong><br />

Les 3-4-5 décembre 2003 à Sireuil (Dordogne)<br />

Partenaires :<br />

<strong>La</strong> Drac, le rectorat <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, L’inspection académique <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Dordogne, l’IUFM d’Aquitaine, le conseil régional d’Aquitaine, le conseil général<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Dordogne, le Pôle International <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Préhistoire</strong>


Avant-propos<br />

Depuis son instal<strong>la</strong>tion, le Pôle National <strong>de</strong> Ressources en préhistoire a mené une<br />

politique active tant dans le secteur documentaire que sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> l’animation et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

formation.<br />

Devenu dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire un partenaire respecté, pour son apport<br />

dans l’expertise pédagogique, il accompagne <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> formation<br />

initiale et continue <strong>de</strong>s enseignants et <strong>de</strong>s acteurs culturels<br />

Ce « document-mémoire » que vous avez en main aujourd’hui est le reflet <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

qualité <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> formation nationale proposée.<br />

Nous tenons à vous remercier, vous tous, stagiaires, intervenants, organisateurs,<br />

pour votre contribution à <strong>la</strong> rédaction <strong>de</strong> ce dossier.<br />

Le stage fut riche en échanges d’expériences. Que l’organisation <strong>de</strong> ces quelques<br />

notes puisse vous remettre en mémoire tous les regards portés en <strong>de</strong>ux jours sur<br />

l’évolution <strong>de</strong> l’homme, sur nous.<br />

Le Directeur du <strong>CRDP</strong> d’Aquitaine Le directeur du CDDP <strong>de</strong> <strong>la</strong> Dordogne<br />

Jean-Marie PUSLECKI Max GAILLARD<br />

2


Sommaire<br />

• Pourquoi une sensibilisation à <strong>la</strong> préhistoire ? ….……………………………………..………. 3<br />

Serge MAURY, conservateur départemental <strong>de</strong> l’archéologie<br />

• Le colloque <strong>de</strong>s enfants au Musée d’Aquitaine ……………………………………………..…… 9<br />

Sigolène LOIZEAU, assistante <strong>de</strong> conservation et I. Gubri-Lépine, enseignante détachée<br />

• Compte-rendu <strong>de</strong>s ateliers du 3 décembre 2003 ..……………………………..………………..12<br />

Ateliers d’é<strong>la</strong>boration d’un parcours à partir <strong>de</strong> 2 projets<br />

validés par l’Education nationale<br />

- Le statut <strong>de</strong> l’objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire à nos jours,<br />

Bruno CAUDRON, professeur <strong>de</strong>s écoles<br />

- Créations p<strong>la</strong>stiques à partir <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire,<br />

Patrick PICOLLIER, conseiller pédagogique<br />

• Compte-rendu <strong>de</strong>s ateliers du 4 décembre 2003 ………………………….…..……………..….. 19<br />

Décrypter les représentations<br />

- Images <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire au XIXè siècle : clefs <strong>de</strong> lecture et mo<strong>de</strong>s d’analyse,<br />

Noël COYE, docteur en <strong>Préhistoire</strong><br />

- Quels visages pour nos ancêtres ?<br />

Sigolène LOIZEAU, responsable <strong>de</strong>s collections préhistoire du Musée d’Aquitaine<br />

- Réflexions sur le thème <strong>de</strong> <strong>la</strong> représentation du corps humain,<br />

Patrick PICOLLIER, conseiller pédagogique<br />

- « Histoire d’Hommes »,<br />

B. CAUDRON, professeur <strong>de</strong>s écoles et M. O’FARELL, archéologue,<br />

- Représentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire dans <strong>la</strong> littérature pour <strong>la</strong> jeunesse,<br />

Valérie BALIER, documentaliste et Florence LANDAIS, conférencière nationale<br />

- Pour faire le portrait d’un objet,<br />

S MAURY, conservateur et archéologue et Y MALHACHE, Médiateur du Patrimoine<br />

3


Conférence inaugurale<br />

Pourquoi une<br />

sensibilisation à <strong>la</strong><br />

préhistoire ?<br />

Serge MAURY, conservateur départemental <strong>de</strong> l’archéologie<br />

4


POURQUOI UNE SENSIBILISATION A LA PREHISTOIRE?<br />

Universalité <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l'homme<br />

<strong>La</strong> préhistoire représente 99,9 % <strong>de</strong> l’histoire humaine. Imaginons 2 000 ans d’histoire dans son<br />

rapport à 2,5 millions d’années <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’humanité et matérialisons ces durées en espace. Sur 2,5<br />

km, seuls les 2 <strong>de</strong>rniers mètres appartiennent à l’histoire, les 10 <strong>de</strong>rniers à une sé<strong>de</strong>ntarisation progressive<br />

qui annonce nos mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie mo<strong>de</strong>rne fondés sur l’exploitation du sol et du vivant : agriculture et élevage.<br />

Les 2 490 mètres qui précè<strong>de</strong>nt sont le fait <strong>de</strong> chasseurs-collecteurs, vivant d’autres formes <strong>de</strong> vie en<br />

société, et constituent ce que l’on appelle <strong>la</strong> préhistoire ancienne ou paléolithique. Ce petit exercice n’est<br />

pas sans intérêt pour mesurer l’épaisseur du temps. Il redonne à l’histoire et à <strong>la</strong> préhistoire leurs<br />

dimensions respectives dans <strong>la</strong> genèse <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s sociétés.<br />

Pour être comprise, cette très longue pério<strong>de</strong> (très re<strong>la</strong>tive par rapport aux 500 millions d’années <strong>de</strong>s<br />

premiers vertébrés voire aux 3 milliards d’années <strong>de</strong>s premières bactéries) doit être évaluée et réévaluée<br />

constamment dans le temps et dans l’espace. Si l’on en réduit <strong>la</strong> complexité et les dynamiques, il est<br />

impossible d’en saisir <strong>la</strong> riche diversité malheureusement trop souvent compressée et caricaturée.<br />

Si aujourd’hui <strong>la</strong> préhistoire prend un sens nouveau, c’est non seulement grâce au progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

connaissance (nous y reviendrons) mais parce qu’elle nous oblige à avoir un regard sur l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>nète, qu’elle casse les frontières du temps et <strong>de</strong> l’espace. Elle n'est pas locale, pas nationale, elle est<br />

mondiale, car quelles que soient les nations du mon<strong>de</strong> qui en possè<strong>de</strong>nt les vestiges, les questions qu'elle<br />

nous pose appartiennent à tous. Elle contient l’universalité <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’homme dans ses fon<strong>de</strong>ments et<br />

ses développements.<br />

Universalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche en préhistoire<br />

Ce positionnement n’est pas anodin, ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui, dans les fouilles <strong>de</strong><br />

grands sites préhistoriques - <strong>de</strong> cette région par exemple - les col<strong>la</strong>borations internationales sont très<br />

développées. Il n’est pas rare que certains gisements aient vu passer une bonne dizaine <strong>de</strong> nationalités<br />

différentes, que leurs représentants soient chercheurs ou étudiants. Ils ont partagé et partagent toujours <strong>de</strong>s<br />

questionnements communs sur les origines malgré <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> culture qui, comme par le passé,<br />

n’expriment pas forcément les mêmes représentations du mon<strong>de</strong>.<br />

Nous passerons sur l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire qui est un sujet en soi : histoire très récente mais riche<br />

et signifiante dans l’expression <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong>s idéologies du XIXème siècle colonisateur, par<br />

exemple, et sur l’histoire <strong>de</strong> l’archéologie et les actions pionnières <strong>de</strong>s premiers découvreurs. (Je vous<br />

renvoie pour ce<strong>la</strong> au site du PIP qui en a rassemblé <strong>la</strong> riche expression et aux historiens <strong>de</strong> préhistoire, ici<br />

présents, comme Noël Coye). Je m’attacherai à l’examen <strong>de</strong> ces quarante <strong>de</strong>rnières années marquées par<br />

un fort développement <strong>de</strong>s implications scientifiques pluridisciplinaires.<br />

Archéologie médiatique : d’Habilis à Toumaï en passant par Lucy<br />

Cette longue distance <strong>de</strong> temps présentée tout à l’heure ne peut se documenter en un jour…<br />

Certaines pério<strong>de</strong>s contiennent <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s avec seulement quelques vestiges c<strong>la</strong>irsemés. C’est dans les<br />

années 60 que les recherches se sont accélérées dans une sorte <strong>de</strong> "ruée vers l’os" encouragées par les<br />

prémices <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s découvertes africaines mais aussi étayées par <strong>de</strong>s progrès méthodologiques et<br />

scientifiques certains… Les grands vi<strong>de</strong>s se comblent peu à peu, mais les questions sont <strong>de</strong> plus en plus<br />

nombreuses au fur et à mesure <strong>de</strong> l’enrichissement <strong>de</strong>s connaissances. Quand un chercheur semble<br />

détenir, enfin, une "vérité" qui le hisse vers une gloire naissante une nouvelle découverte vient mettre à bas<br />

ses pseudo certitu<strong>de</strong>s. Ce<strong>la</strong> nous rappelle à plus d’humilité face à <strong>de</strong>s vestiges extrêmement ténus…<br />

Affrontements d’os, affrontements d’homme… au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s découvertes, il y a souvent <strong>de</strong>s intérêts qui<br />

dépassent le seul fait scientifique.<br />

Les fondamentaux <strong>de</strong> l’Archéologie<br />

Cette médiatisation <strong>de</strong>s découvertes a eu pour effet <strong>de</strong> fortement développer l’intérêt du public pour <strong>la</strong><br />

préhistoire même si elle en a donné une vision déformante en sur valorisant <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s origines.<br />

5


En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces gran<strong>de</strong>s découvertes médiatiques liées aux vestiges pré-humains ou humains, <strong>de</strong>s<br />

milliers <strong>de</strong> fouilles d’habitats anciens ont eu lieu. Elles ont permis d’explorer, d’étudier, <strong>de</strong> questionner<br />

d’analyser jusqu’aux plus petits indices et vestiges constituants ces espaces <strong>de</strong> vie. C’est cette archéologie,<br />

beaucoup plus humble et patiente, qui a, aujourd’hui, rassemblé <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> données sur<br />

les socio-économies, les dép<strong>la</strong>cements, les savoir-faire techniques, les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie, les expressions<br />

symboliques… en un mot tout ce qui fait <strong>la</strong> culture <strong>de</strong>s groupes d’hommes du passé ancien. C’est dans ces<br />

domaines que les progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance ont été les plus significatifs et, plus particulièrement, pour les<br />

popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s cent <strong>de</strong>rniers millénaires.<br />

De nombreuses <strong>discipline</strong>s scientifiques ont été mises à contribution, et au-<strong>de</strong>là, avec le<br />

développement <strong>de</strong> nouveaux secteurs <strong>de</strong> recherche créés pour les besoins spécifiques <strong>de</strong> l’archéologie.<br />

C’est le cas, aussi bien, <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, du vivant comme <strong>de</strong>s sciences humaines, <strong>de</strong> <strong>la</strong> physique<br />

ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> chimie, nous l’évoquerons plus loin.<br />

Au-<strong>de</strong>là d’une meilleure connaissance du passé <strong>de</strong> l’humanité que nous enseigne l’archéologie en<br />

préhistoire ?<br />

Elle nous apprend à regar<strong>de</strong>r les hommes autrement… Pourquoi ?<br />

• parce qu’elle est confrontée au manque <strong>de</strong> témoignage direct (à part l’art qui est une représentation<br />

immédiate… mais sans glossaire, ni lexique) ;<br />

• qu’elle a pour seul recours l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s vestiges (leur seul inventaire n’apporte que très peu<br />

d’éc<strong>la</strong>irage) ;<br />

• parce que pour être étudié et prendre sens, ces mêmes vestiges doivent obligatoirement être<br />

contextualisé.<br />

<strong>La</strong> contextualisation, c’est quoi ?<br />

Leur mise en situation globale et toutes leurs interactions avec l’environnement, le climat, les<br />

ressources minérales, le milieu vivant, les matières disponibles, etc.<br />

<strong>La</strong> connaissance <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s groupes ne peut exister sans ces mises en re<strong>la</strong>tion avec les<br />

réalités matérielles <strong>de</strong> leur époque qu’ils ont gérées au regard <strong>de</strong> leur besoin et <strong>de</strong> ce que leur offrait leur<br />

milieu.<br />

Autrement dit, <strong>la</strong> préhistoire nous apprend que l’homme n’est pas qu’une représentation avec un<br />

menton ou pas, <strong>de</strong>s bourrelets sub-orbitaux ou pas, petit ou grand, trapu ou gracile, b<strong>la</strong>nc, noir ou<br />

rouge…tout ce<strong>la</strong> n'est qu'apparence.<br />

Il existe parce que :<br />

• il vit dans un environnement qui lui offre <strong>de</strong>s ressources... mais quelles ressources ?<br />

• il a <strong>de</strong>s besoins pour vivre... mais quels besoins ?<br />

• il maîtrise <strong>de</strong>s savoir-faire <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s techniques... mais quels savoir-faire ?…<br />

• il crée, il invente, il innove… mais que crée t’il ? En quoi innove t’il ?<br />

• il a <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie, une organisation socio-économique... mais quels mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie, quelle socioéconomie<br />

?<br />

• il a une vision du mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s expressions symboliques et artistiques... mais quelle vision du mon<strong>de</strong>,<br />

quelles… etc.<br />

C’est tout ce<strong>la</strong> (et encore plus) qui fait l’homme. L’enjeu principal <strong>de</strong> l’archéologie et d’essayer <strong>de</strong><br />

répondre à toutes ces questions. Cette démarche est porteuse d’ouverture du regard sur le phénomène<br />

humain, tout en se focalisant sur le moindre indice, le moindre détail elle va en rechercher le sens dans le<br />

contexte général en l’éc<strong>la</strong>irant et en l’analysant dans toutes ses composantes.<br />

Cette démarche est à l’inverse <strong>de</strong> l’obscurantisme qui ne connaît l’homme que par dés "a priori"<br />

projetés sur lui (souvent limités à son apparence physique individuelle juxtaposée à <strong>de</strong>s performances et<br />

<strong>de</strong>s comportements imaginés)… <strong>la</strong> préhistoire elle-même a eu beaucoup <strong>de</strong> mal (et en a toujours beaucoup)<br />

à se défaire <strong>de</strong>s idéologies. Un seul exemple encore d’actualité concerne l’homme <strong>de</strong> Nean<strong>de</strong>rtal qui nous<br />

renvoie à l’existence d’un homme "autre" qui partage pourtant nos préoccupations… peut-il exister en<br />

6


<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille ? Le débat n’est pas que paléoanthropologique mais aussi philosophique : <strong>de</strong>s humains<br />

différents, ont-ils <strong>la</strong> même valeur que nous... ?!<br />

En bref, ce regard archéologique sur le passé n’est-il pas tout sauf passéiste. Il s'avère très pertinent<br />

pour examiner le présent, contrairement à <strong>la</strong> perception majoritaire du grand public. « Ils s’occupent <strong>de</strong>s<br />

vieux os et <strong>de</strong>s vieux cailloux » intérêt dérisoire parce que perçu comme un ailleurs tellement différent que<br />

l’on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si ce<strong>la</strong> peut avoir un sens. L’archéologie est avec l’ethnologie porteuse d’apprentissage<br />

d’un examen mo<strong>de</strong>rne pluri et interdisciplinaire du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s hommes. Elle nous permet <strong>de</strong> porter un<br />

autre regard sur les hommes d’aujourd’hui, un regard archéologique ancré dans les réalités et non dans les<br />

fantasmes.<br />

Contexte et protection du patrimoine<br />

Cette explicitation <strong>de</strong> l’importance majeure du contexte et <strong>de</strong> l’environnement <strong>de</strong> l’homme pour le<br />

connaître et le comprendre porte en lui-même les bases d’une prise <strong>de</strong> conscience sur <strong>la</strong> nécessité<br />

impérative <strong>de</strong> protéger les sites d’occupations et d’habitats anciens. Si les sites sont perturbés ou pillés les<br />

possibilités d’appliquer une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> recherche s’effondrent et les informations escomptées aussi… seul<br />

un inventaire <strong>de</strong>s dégâts restera possible permettant <strong>de</strong> mesurer l’ampleur <strong>de</strong>s connaissances à jamais<br />

perdues.<br />

C’est l’occasion dans toute action d’éducation ou <strong>de</strong> médiation d’une prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong><br />

l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection d’un patrimoine commun au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s barrières et <strong>de</strong>s interdits. L’intérêt partagé<br />

par le plus grand nombre pour <strong>la</strong> <strong>Préhistoire</strong> doit être pour nous un levier important pour cette prise <strong>de</strong><br />

conscience <strong>de</strong> <strong>la</strong> privation <strong>de</strong> connaissance que représente toute atteinte au patrimoine.<br />

<strong>Préhistoire</strong>, culture scientifique et construction <strong>de</strong>s savoirs<br />

Les nombreuses <strong>discipline</strong>s qui examinent les vestiges préhistoriques et leur contexte constituent<br />

avec les matières étudiées, leurs métho<strong>de</strong>s et leurs techniques un ensemble homogène riche et <strong>de</strong>s plus<br />

judicieux pour le développement d’une culture scientifique. Pourquoi ?<br />

• parce qu’elles partagent le même objet d’étu<strong>de</strong> global : les groupes humains du passé ;<br />

• parce ce que l’humain ne pouvant se comprendre que dans son contexte, les traces n’en étant que<br />

<strong>de</strong>s vestiges conservés <strong>de</strong> différentes natures : elles ont obligation <strong>de</strong> travailler ensemble dans <strong>la</strong><br />

tranversalité et l’interdisciplinarité.<br />

<strong>La</strong> préhistoire oblige au dialogue les sciences, dites exactes ou dures et les sciences humaines qui<br />

s’attachent aux comportements <strong>de</strong>s hommes. Ses différentes <strong>discipline</strong>s se confrontent aux mêmes<br />

ensembles <strong>de</strong> vestiges qui sont porteurs par leur origine même et le contexte <strong>de</strong> leur dépôt, d’intérêts : pour<br />

les sciences <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, du vivant, <strong>de</strong> <strong>la</strong> physique ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> chimie mais aussi <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> l’homme pour ses<br />

propres actions, ses comportements techniques ou symboliques qui en sous-ten<strong>de</strong>nt leur transport, leur<br />

transformation, leur mo<strong>de</strong> d’utilisation ou d’abandon. C’est cette communauté d’intérêts et <strong>de</strong><br />

questionnements multiples qui fon<strong>de</strong> l’archéologie mo<strong>de</strong>rne. Elle transcen<strong>de</strong> l’importance symbolique<br />

accordée à tels ou tels vestiges emblématiques qui peuvent à certains moments masquer <strong>la</strong> réalité<br />

matérielle quotidienne <strong>de</strong> ces groupes humains.<br />

<strong>La</strong> construction <strong>de</strong>s savoir : base pédagogique et <strong>de</strong> médiation <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire<br />

C’est à travers l’examen d’un ensemble archéologique <strong>de</strong> sites bien conservés et récemment fouillés<br />

que l’on peut visualiser les différentes <strong>discipline</strong>s scientifiques qui composent l’archéologie. L’archéologie est<br />

une approche dynamique qui examine ces ensembles conservés dans le temps et dans l’espace : macro<br />

temps macro espace, micro temps micro espace.<br />

Les vestiges étant décrits et définis dans leur nature, origine et éventuelle transformation, il reste à<br />

nommer les <strong>discipline</strong>s que ce<strong>la</strong> intéresse et leur métho<strong>de</strong> d’intervention : les questions qu’elles posent; <strong>la</strong><br />

façon <strong>de</strong> les traiter dans leur mise en œuvre, leur condition d’application et d’analyse; leurs limites; les<br />

résultats attendus et leur confrontation aux autres <strong>discipline</strong>s intéressées par les mêmes objets ou le<br />

contexte <strong>de</strong> ces objets. Les résultats peuvent faire part d’une impossibilité <strong>de</strong> réponse, <strong>de</strong> l’émission <strong>de</strong><br />

plusieurs hypothèses dans le meilleur <strong>de</strong>s cas d’une réponse argumentée qu’il reste à confronter aux<br />

résultats <strong>de</strong>s autres <strong>discipline</strong>s. (Les ateliers <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux journées permettront, pour certains d'entre eux, <strong>la</strong><br />

mise en pratique <strong>de</strong> ces processus).<br />

7


Ces démarches multiples confèrent à <strong>la</strong> connaissance sa valeur d’ouverture et <strong>de</strong> véritable aventure<br />

où transparaît <strong>la</strong> passionnante complexité <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche sur le passé lointain mais aussi <strong>la</strong> gran<strong>de</strong><br />

richesse <strong>de</strong> questions qui pénètrent <strong>de</strong>s horizons insoupçonnés. C’est le cas, par exemple :<br />

• <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> technologique et tracéologique <strong>de</strong>s matières transformées ou travaillées d’où<br />

émergent <strong>de</strong>s chaînes opératoires très é<strong>la</strong>borées, précieuses pour connaître les comportements socioéconomiques<br />

mais aussi pour mesurer les capacités et les potentialités techniques et leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion<br />

du milieu.<br />

• <strong>de</strong> <strong>la</strong> biologie et <strong>de</strong> ses rythmes qui nous précise les re<strong>la</strong>tions au milieu vivant, <strong>la</strong> microbiologie<br />

et <strong>de</strong>s liens qu’elle permet <strong>de</strong> tisser entre les espèces...<br />

• <strong>de</strong> <strong>la</strong> physique dans l’étu<strong>de</strong> du comportement mécanique <strong>de</strong>s matières minérales et dans <strong>la</strong><br />

mesure du temps par les faibles radioactivités...<br />

• <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre avec ses apports précieux pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s ressources naturelles<br />

minérales et <strong>de</strong> <strong>la</strong> climatologie...<br />

• <strong>de</strong> <strong>la</strong> paléontologie animale et <strong>de</strong> l’archéozoologie pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> faune et les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

prédation et <strong>de</strong> consommation par l'homme...<br />

• <strong>de</strong> <strong>la</strong> botanique avec <strong>la</strong> palynologie, l’anthracologie, <strong>la</strong> carpologie, etc., indispensables à <strong>la</strong><br />

connaissance du milieu végétal et <strong>de</strong> son exploitation par l'homme…<br />

Bref il nous faudrait plusieurs pages pour énumérer et détailler l’ensemble <strong>de</strong>s sciences connexes qui<br />

apportent leur contribution à l’archéologie et peuvent supporter <strong>de</strong>s démarches disciplinaires <strong>de</strong> construction<br />

<strong>de</strong> savoir ou du moins d’enrichissement du savoir. En effet, le savoir n’est pas accumu<strong>la</strong>tion mais remise en<br />

question, abandons d’hypothèses jusque là retenues, apparition <strong>de</strong> nouvelles questions… il s’é<strong>la</strong>rgit, se<br />

diversifie… il est à l’opposé du dogme et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité révélée.<br />

C’est justement parce que c’est autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> question <strong>de</strong> l’homme que s’ancrent les plus grands<br />

risques d’enfermement <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée que <strong>la</strong> préhistoire doit nous permettre par sa transversalité sa riche<br />

diversité <strong>de</strong> regard d’ouvrir <strong>de</strong> nouveaux champs <strong>de</strong> communication, <strong>de</strong> discussions, d’échange et <strong>de</strong><br />

médiation avec tous les publics.<br />

<strong>Préhistoire</strong> et outils <strong>pédagogiques</strong><br />

Pour ce<strong>la</strong> nous avons <strong>la</strong> possibilité d’utiliser un certain nombres d’outils et supports <strong>pédagogiques</strong>.<br />

Certains existent d’autres sont à inventer en fonction <strong>de</strong>s projets et <strong>de</strong>s situations. Nous en approfondirons<br />

certains durant ces journées, je n’en ferai pas l’inventaire ni ne les détaillerai. Je proposerai cependant<br />

quelques règles essentielles pour nous gui<strong>de</strong>r dans leur conception.<br />

Ils doivent, pour le public faciliter l’échange, <strong>la</strong> communication, l’expression et <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong><br />

construction <strong>de</strong>s connaissances telle que nous l’avons défini dans sa pluralité. Pour le médiateur, il est<br />

nécessaire qu’ils fassent l’objet d’une évaluation continue et qu’ils soient évolutifs afin <strong>de</strong> s’approcher au<br />

plus prêt d’une réponse aux besoins définis. S’ils facilitent <strong>la</strong> conduite d’activités éducatives ou ai<strong>de</strong>nt à<br />

structurer <strong>de</strong>s projets, il est souhaitable qu’ils ne provoquent pas <strong>la</strong> mise au p<strong>la</strong>card <strong>de</strong> <strong>la</strong> créativité et <strong>de</strong><br />

l’inventivité. <strong>La</strong> pédagogie doit être vivante et adaptée comme le public et vivant et varié.<br />

Médias et médiateurs<br />

Je terminerai par quelques constats et réflexions sur l’approche actuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire dans les<br />

grands médias. J’avais eu l’occasion <strong>de</strong> l’évoquer lors <strong>de</strong>s journées sur "le documentaire jeunesse en<br />

préhistoire". Je suis à peu près sûr que nous l’abor<strong>de</strong>rons lors du débat sur "l’Odyssée <strong>de</strong> l’espèce".<br />

Elle retraduit en fait cette archéologie à <strong>de</strong>ux vitesses du début <strong>de</strong> mon intervention. Il me paraît<br />

important qu’en tant que médiateur nous puissions prendre en compte ce phénomène dans notre re<strong>la</strong>tion<br />

avec le public.<br />

Ce<strong>la</strong> se traduit par <strong>de</strong>ux écueils principaux :<br />

• <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong> connaissances non questionnées comme abouties et chassées du champ<br />

<strong>de</strong>s dynamiques scientifiques pluridisciplinaires ;<br />

• l’ignorance ma<strong>la</strong>dive, dans les représentations proposées <strong>de</strong>s groupes d’hommes<br />

préhistoriques, <strong>de</strong>s avancées majeures <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>s cultures techniques et matérielles.<br />

8


Nous ne reviendrons pas sur le premier point. Quant au second, il traduit une "non prise en compte"<br />

<strong>de</strong> marqueurs importants qui particu<strong>la</strong>risent les différentes cultures. Ces manques sont faussement<br />

compensés par un recentrage sur <strong>la</strong> représentation humaine, très mo<strong>de</strong> et très médiatisée, <strong>de</strong><br />

l’hyperréalisme qui contraste fortement avec <strong>la</strong> pauvreté et le flou <strong>de</strong> <strong>la</strong> restitution <strong>de</strong> l’environnement<br />

culturel et <strong>de</strong> l’environnement tout court. Ce<strong>la</strong> a pour effet d’effacer toute documentation pouvant nous<br />

informer plus concrètement sur l’i<strong>de</strong>ntité culturelle <strong>de</strong>s groupes d’hommes présentés.<br />

Cette approche, centrée sur l’apparence <strong>de</strong> l’homme, est porteuse <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> simplification<br />

caricaturale Ce qui caractériserait un homme ou <strong>de</strong>s hommes par rapport à d’autres ne serait pas : ce qu’ils<br />

créent... ce qu’ils échangent... ce qu’ils expriment... ce qu’ils font et comment ils le font, mais : ce qu’ils<br />

paraissent être… ce qu’ils ont l’air d’être... à quoi ils ressemblent…!<br />

<strong>La</strong> différence d’apparence n’est pas en soi-même, surtout seule, support d’échanges, car elle n’éc<strong>la</strong>ire<br />

en rien ce qu’est l’autre, elle est potentiellement porteuse <strong>de</strong> curiosité, mais aussi, on le sait, <strong>de</strong> méfiance ou<br />

<strong>de</strong> rejet. Les différences montrées et perçues au travers <strong>de</strong>s savoirs, <strong>de</strong>s savoir-faire, <strong>de</strong>s adaptations aux<br />

différentes situations <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> créativité, <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> pensée définissent, elles, les<br />

contours <strong>de</strong> l’autre dans son altérité positive et donne matière à question et à échange. Cet autre regard est<br />

celui que porte l’archéologie, il va au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence et surtout s’en enrichit.<br />

Ces <strong>de</strong>ux trop courtes journées nous permettrons, je l’espère, d’en enclencher le processus puisque<br />

nous venons, riches <strong>de</strong> nos expériences et <strong>de</strong> nos différences, à partager et discuter.<br />

SERGE MAURY<br />

(janvier 2004)<br />

9


Colloque <strong>de</strong>s enfants au<br />

Musée d’Aquitaine<br />

Sigolène Loizeau, responsable préhistoire au Musée d’Aquitaine et<br />

Isabelle Gubri-Lépine, enseignante détachée au Musée d’Aquitaine<br />

10


1 - Idée/Concept<br />

Colloque <strong>de</strong>s enfants au musée d’Aquitaine.<br />

Le musée d’Aquitaine a organisé le 25 mars 2003, en partenariat avec l’inspection académique un colloque<br />

où les enfants étaient les principaux participants.<br />

Le déroulement est i<strong>de</strong>ntique aux colloques professionnels : recherche scientifique, présentation au public et<br />

réponses aux diverses questions.<br />

Cinq c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> niveaux CM1 et CM2 sont sélectionnées pour participer au colloque. Soit environ 150<br />

élèves. Chaque c<strong>la</strong>sse choisit un thème parmi 12 proposés.<br />

En 2003, les enfants ont travaillé sur <strong>la</strong> préhistoire en lien avec l’exposition Vénus et Caïn. Ce type <strong>de</strong><br />

rencontre pouvant être appliqué à toutes les époques historiques, nous avons choisi <strong>de</strong> commencer avec <strong>la</strong><br />

préhistoire.<br />

APPORTS DANS LE TRAVAIL EN CLASSE<br />

Nouveaux programmes : accent sur l’oral, l’éducation civique, le contact avec les professionnels.<br />

Aspect pluridisciplinaire, compétences transversales<br />

2 - Temps <strong>de</strong> préparation<br />

Sélection <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses<br />

<strong>La</strong> sélection <strong>de</strong>s enseignants se fait sur candidature et motivation.<br />

Le choix final est revenu à Isabelle Gubri-Lépine (enseignante détachée au musée). Elle a fait son choix<br />

selon <strong>de</strong>s critères géographique en 2003 : 2 c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, 2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> CUB et une extérieur. En 2004 : 2<br />

<strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, 1 <strong>de</strong> <strong>la</strong> CUB et 2 extérieures (Libournais, B<strong>la</strong>yais). A chaque fois, 2 c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> ZEP.<br />

Première visite au musée (en décembre)<br />

Vision globale <strong>de</strong>s collections <strong>de</strong> préhistoire.<br />

Retour en c<strong>la</strong>sse<br />

Découverte <strong>de</strong>s 12 thèmes : habitat, feu, production manufacturée, art, environnement, homme <strong>de</strong><br />

Nean<strong>de</strong>rtal, homme <strong>de</strong> Cro-Magnon, Chasse-pêche-cueillette, Agriculture, Les sépultures, Age du bronze,<br />

Fouilles.<br />

Définition <strong>de</strong> chaque thème.<br />

Discussions sur le contenu.<br />

Vote et dépouillement.<br />

Communication <strong>de</strong>s différents choix au musée (3 par c<strong>la</strong>sse, avec un ordre <strong>de</strong> préférence).<br />

Chaque c<strong>la</strong>sse a émis plusieurs vœux, pour chacune, c’est le premier qui a été retenu.<br />

Le choix est définitif avant Noël.<br />

Entre Noël et février : recherches documentaires.<br />

Février à mars : synthèse, rédaction et entraînement <strong>de</strong>s élèves à présenter leurs résultats <strong>de</strong> recherches.<br />

Les textes ont été remis au musée 15 jours avant le colloque.<br />

<strong>La</strong> recherche s’est effectuée en c<strong>la</strong>sse et chez soi :<br />

Livres personnels<br />

Internet<br />

CD-Rom<br />

Bibliothèque du quartier, <strong>de</strong> l’école.<br />

<strong>La</strong> synthèse <strong>de</strong>s infos<br />

Travail en groupes<br />

Photocopies, découpages, col<strong>la</strong>ges et c<strong>la</strong>ssement <strong>de</strong>s informations dans <strong>de</strong>s boites thématiques.<br />

Rédaction <strong>de</strong>s textes<br />

Travail en groupe.<br />

Discussions.<br />

Choix iconographique pour illustrer le propos<br />

Ce choix est difficile. Les enfants ne se ren<strong>de</strong>nt pas compte du rendu et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pertinence <strong>de</strong>s images.<br />

11


Choix <strong>de</strong>s rapporteurs<br />

Ils sont volontaires, <strong>de</strong>s remp<strong>la</strong>çants sont prévus.<br />

<strong>La</strong> c<strong>la</strong>sse participe aux entraînements et donne son avis sur les interventions.<br />

Problèmes rencontrés<br />

1 : Difficulté pour trouver une chronologie unique. Chaque livre présente <strong>de</strong>s références différentes et <strong>de</strong>s<br />

termes parfois trop précis pour <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cet âge. Exemple : le feu 400.00, 450.000 ou 500.000 ans.<br />

Une chronologie unique et simple a été proposée par Isabelle à toutes les c<strong>la</strong>sses : tirée <strong>de</strong> « image doc. »<br />

2 : faire une synthèse <strong>de</strong> tous les documents n’est pas une chose facile.<br />

3 : <strong>la</strong> préparation du colloque a pris beaucoup <strong>de</strong> temps sur l’année.<br />

3 – Déroulement<br />

Présentation<br />

Toute <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse est mise en valeur, elle est assise en face <strong>de</strong>s autres. Les 2 à 6 intervenants volontaires sont<br />

installés sur une estra<strong>de</strong>.<br />

Trois c<strong>la</strong>sses ont utilisé <strong>de</strong>s nouvelles technologies (Power Point) pour présenter leurs résultats, une a<br />

présenté <strong>de</strong>s diapos, <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière a réalisé un mime.<br />

Intermè<strong>de</strong>s/ récréations<br />

Les présentations sont coupées par <strong>de</strong>s intermè<strong>de</strong>s cinématographiques : <strong>de</strong>s séquences <strong>de</strong> L’odyssée <strong>de</strong><br />

l’espèce ont été présentées, <strong>de</strong>s récréations et bien sûr le repas <strong>de</strong> midi pris sur p<strong>la</strong>ce, dans diverses salles<br />

du musée.<br />

Complément scientifique/ questions<br />

Après chaque intervention <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses, un conservateur du musée intervient, complète le discours <strong>de</strong>s<br />

enfants, et surtout, répond aux multiples questions.<br />

Les enfants sont restés attentifs tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée.<br />

Conclusion :<br />

Chaque élève a été récompensé nominativement et a reçu entre autre 2 livres.<br />

Les élèves ont gardé un bon souvenir <strong>de</strong> cette journée.<br />

Une couverture <strong>de</strong> presse importante a été réalisée.<br />

Des élus étaient présents à <strong>la</strong> remise <strong>de</strong>s prix, ainsi que plusieurs représentants <strong>de</strong> l’éducation Nationale et<br />

du CDDP.<br />

Suite<br />

En guise <strong>de</strong> conclusion à tout ce travail, les c<strong>la</strong>sses ont visité l’exposition temporaire Vénus et Caïn.<br />

4 - Conception et partenaires<br />

Conception<br />

Isabelle Gubri-Lépine, enseignante détachée : lien avec les enseignants, suivi du travail en c<strong>la</strong>sse.<br />

Christian Block, responsable du service pédagogique : conception, organisation.<br />

Philippe Chauveau : gestion <strong>de</strong> l’intendance et logistique.<br />

Tout le service éducatif : prise en charge <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses durant toute <strong>la</strong> journée.<br />

Sigolène Loizeau : présente le jour du colloque pour répondre aux diverses questions et présenter son point<br />

<strong>de</strong> vue sur les interventions.<br />

En tout, six mois <strong>de</strong> travail pour réaliser ce colloque.<br />

Partenariat<br />

CDDP : journée entièrement filmée. Actes du colloque sur le site Web du CDDP :<br />

http ://crdp.ac-bor<strong>de</strong>aux.fr/cddp33/art/colloque_prehistoire.htm<br />

Education Nationale, le partenariat se renforce pour l’année prochaine.<br />

12


5 – Reconduction<br />

Le partenariat se renforce entre l’éducation nationale et le musée.<br />

2004 : Mythologie, en re<strong>la</strong>tion avec l’expo Saint-Augustin<br />

2005 : Gallo-Romain<br />

2006 : Médiéval en re<strong>la</strong>tion avec l’exposition Gracia Deï<br />

Pour en savoir +<br />

Consulter le site Internet du CDDP <strong>de</strong> Mérignac :<br />

http://crdp.ac-bor<strong>de</strong>aux.fr/cddp33/art/colloque_prehistoire.htm<br />

Ce site regroupe :<br />

• les travaux réalisés par les élèves<br />

• Les interventions <strong>de</strong> Sigolène Loizeau, responsable <strong>de</strong>s collections <strong>de</strong> préhistoire musée<br />

d'Aquitaine, et <strong>de</strong> Joëlle Perroux, archéologue à l'Institut National <strong>de</strong> Recherches<br />

Archéologiques Préventives (INRAP)<br />

• <strong>de</strong>s bibliographies <strong>de</strong>stinées aux enfants et aux enseignants, é<strong>la</strong>borées par Sigolène Loizeau<br />

13


Compte-rendu <strong>de</strong>s ateliers du<br />

3 décembre 2003<br />

Ateliers d’é<strong>la</strong>boration d’un parcours à partir <strong>de</strong> 2 projets<br />

validés par l’Education nationale.<br />

14


« LE STATUT DE L’OBJET DE LA PREHISTOIRE A NOS JOURS »<br />

Faire raconter une histoire aux objets anciens<br />

Reconstituer <strong>de</strong>s scénarios à partir <strong>de</strong> traces enfouies<br />

Décrire l’itinéraire <strong>de</strong> l’objet archéologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> fouille au musée<br />

Bruno CAUDRON, professeur <strong>de</strong>s écoles<br />

Parcours avec qui et comment :<br />

les publics sco<strong>la</strong>ires du département<br />

Les dispositifs subventionnées (PAC, TPE…).<br />

Les dispositifs hors subventions (majorité <strong>de</strong>s parcours)<br />

Pas d’atelier hors projet.<br />

Proposition d’une procédure pour utiliser les ressources du PIP :<br />

définition du projet : modalités, thématiques à préciser, rencontres avec les enseignants<br />

chronogramme : durée du projet fixée avec l’enseignant en fonction <strong>de</strong>s questions posées, actions qui<br />

déterminent un calendrier.<br />

définitions <strong>de</strong>s besoins : visites <strong>de</strong> sites, lister les ressources pour servir le projet, préciser le temps que les<br />

enseignants peuvent y consacrer.<br />

analyse <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> réalisation du projet<br />

validation / Evaluation :<br />

<strong>La</strong> validation du projet n’est pas du ressort <strong>de</strong> l’animateur, mais il est <strong>de</strong> son ressort <strong>de</strong> préciser les<br />

modalités pour qu’il ait un sens pour l’élève (au moins 6 heures au préa<strong>la</strong>ble avec les enseignants).<br />

Première définition du projet :<br />

Définition <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie du projet avec les enseignants et les élèves. Re<strong>la</strong>tion contractuelle (IUFM,<br />

INRAS, DRAC, Musée…) et « partenariale ». Articu<strong>la</strong>tion entre les lieux ressources, les ressources<br />

humaines et le projet. Propositions <strong>de</strong> dispositifs <strong>pédagogiques</strong>.<br />

Exemple d’un parcours en cycle 1 (GS) :<br />

Ce parcours avait pour thème l’art pariétal.<br />

Premier atelier : outils et supports utilisés à partir d’un <strong>de</strong>ssin d’animal.<br />

Deuxième atelier : différentes techniques <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin.<br />

A l’issue <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux ateliers, l’enfant doit être capable <strong>de</strong> choisir son outil, son support, l’animal et<br />

l’éc<strong>la</strong>irage.<br />

Ce travail a été illustré par <strong>la</strong> visite d’une grotte : Font <strong>de</strong> Gaume.<br />

Exemple d’un parcours en cycle 2/3 (CE1/CE2) :<br />

Ce parcours s’est déroulé sur <strong>de</strong>ux trimestres<br />

Partir <strong>de</strong>s représentations initiales et <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> départ permettant <strong>de</strong> lister les problématiques.<br />

Première approche par le <strong>de</strong>ssin, permettant à l’élève <strong>de</strong> commenter ses représentations. Il est alors<br />

intéressant <strong>de</strong> vérifier si les représentations initiales sont remises en cause en fin <strong>de</strong> parcours.<br />

Exemples <strong>de</strong> questions <strong>de</strong> départ :<br />

« L’Homme <strong>de</strong> Cro-magnon par<strong>la</strong>it-il ?», « avait-il <strong>de</strong>s animaux domestiques ?», « se soignait-il ?»,<br />

« avaient-ils les même goûts que nous ?», « quel était le climat ?», « pourquoi existe t-il toujours <strong>de</strong>s<br />

singes ?»…<br />

On part alors <strong>de</strong>s questions et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins pour que l’enfant puisse exprimer ce qu’il sait et comment il le<br />

sait. Ce<strong>la</strong> évolue vers « comment obtient on <strong>de</strong> l’information en préhistoire ?», puis « comment les<br />

scientifiques g<strong>la</strong>nent-ils <strong>de</strong> l’information ? ». On peut alors choisir les outils et les ressources qui permettront<br />

<strong>de</strong> répondre, comme le module <strong>de</strong> fouille (outil pédagogique d’apprentissage <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> fouille<br />

reconstituant une partie d’un habitat du paléolithique supérieur) qui permet d’approcher <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong><br />

l’archéologue et <strong>de</strong> comprendre à quelles questions peut répondre <strong>la</strong> fouille. Cet outil permet d’insister alors<br />

sur <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> fouille, l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection du patrimoine et <strong>de</strong>s liens entre les objets sans<br />

lesquels ces <strong>de</strong>rniers ne sont plus porteurs d’informations. Le travail autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> fouille est particulièrement<br />

intéressant pour développer les repères dans l’espace et dans le temps.<br />

Etape suivante du parcours : réalisation d’un chantier <strong>de</strong> fouilles à l’école : les archéologues du futur vont<br />

fouiller un site dans lequel ont été p<strong>la</strong>cés <strong>de</strong>s objets du XXI ème siècle choisis pour raconter une histoire<br />

15


(habitat provisoire en tente). Les enfants étant trop jeunes pour assimiler l’enregistrement <strong>de</strong>s coordonnées,<br />

ils se sont servis d’un appareil photographique numérique. Pour l’enregistrement <strong>de</strong> l’information, ils<br />

disposaient d’une fiche simplifiée permettant <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssiner l’objet, <strong>de</strong> coller sa photographie, indiquer son<br />

utilisation éventuelle, si l’objet semble entier … Les objets ont ensuite été mis en re<strong>la</strong>tion, confrontés à une<br />

documentation après recherche documentaire. Ce travail a permis <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s hypothèses et <strong>de</strong> les<br />

confronter, pour évoluer vers le débat argumenté. Certains ont choisi l’exposition pour restituer l’information,<br />

ce qui a <strong>de</strong>mandé l’étu<strong>de</strong> du parcours <strong>de</strong> l’objet après <strong>la</strong> fouille jusqu’au musée et développé <strong>de</strong>s<br />

problématiques autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> muséographie.<br />

D’autres ont choisi <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s maquettes d’habitat à partir d’un sol archéologique carroyé, ce qui a<br />

permis <strong>de</strong> travailler sur les problèmes d’hypothèses et d’interprétations.<br />

Un troisième groupe a réalisé un diaporama du site, permettant une approche d’un paléo-environnement.<br />

Exemple <strong>de</strong> projet dans un lycée (Terminale) :<br />

Concerne les TPE <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse Terminale sur les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> datation. Les élèves ont été confrontés à <strong>la</strong><br />

mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s cadres chronologiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire au 19 ème siècle, ont rencontré <strong>de</strong>s professionnels<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> science (archéologues, palynologues…), ont testé l’adaptation <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> datation en fonction<br />

du type <strong>de</strong> site lors d’une visite d’un chantier <strong>de</strong> fouille préventive. Une ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> recherche documentaire<br />

leur a été fournie par une équipe formée d’un archéologue, d’un documentaliste et d’un enseignant qui s’est<br />

dép<strong>la</strong>cé dans l’établissement.<br />

16


« CREATIONS PLASTIQUES A PARTIR DES TECHNIQUES<br />

DE LA PREHISTOIRE »<br />

Intégration du projet PAC dans le projet d’école. Articu<strong>la</strong>tion avec un second<br />

projet PAC concernant une autre c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> l’école.<br />

Présentation du travail <strong>de</strong> l’artiste participant au projet.<br />

Réflexion sur les rapports à établir entre les techniques préhistoriques et une<br />

production contemporaine.<br />

Patrick PICOLLIER, conseiller pédagogique<br />

P<strong>la</strong>n <strong>de</strong> l’intervention :<br />

Proposition <strong>de</strong> départ : atelier à partir d’un projet validé<br />

Rappel du contexte institutionnel<br />

Présentation du projet <strong>de</strong> <strong>La</strong> Force<br />

Sources préhistoriques :<br />

o Thèmes<br />

o Techniques<br />

Sources contemporaines :<br />

o Connaissances scientifiques<br />

o Création artistique<br />

Quelques exemples<br />

Rappel du cadre institutionnel :<br />

Le projet d’école<br />

<strong>La</strong> c<strong>la</strong>sse à PAC<br />

Présentation du projet <strong>de</strong> <strong>La</strong> Force<br />

Intentions : créations contemporaines au moyen <strong>de</strong> :<br />

o Techniques anciennes<br />

o Mo<strong>de</strong>s d’expression anciens<br />

Rôle <strong>de</strong> l’artiste :<br />

o Intégrer ces démarches « préhistoriques » dans une création contemporaine et non<br />

pour une paraphrase « à <strong>la</strong> manière <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire »<br />

Les supports :<br />

Art pariétal (sur paroi)<br />

Art sur blocs<br />

Art mobilier<br />

- Les thèmes :<br />

Faune<br />

o Isolée<br />

o En panneaux <strong>La</strong>scaux salle <strong>de</strong>s taureaux<br />

Représentations humaines<br />

o Représentations figurées plus ou moins réalistes Vénus Willendorf<br />

o Figures composites Trois-Frères sorcier<br />

Signes <strong>La</strong>scaux b<strong>la</strong>son + tableaux + Pech-Merle points<br />

Traces du corps :<br />

o Fortuites (empreintes <strong>de</strong> pieds) Pech-Merle<br />

o Intentionnelles (mains) Gargas<br />

17


Les techniques préhistoriques :<br />

<strong>La</strong> peinture et le <strong>de</strong>ssin (au pinceau, soufflée…) <strong>La</strong>scaux, Cougnac, Pech-Merle<br />

<strong>La</strong> gravure Niaux, <strong>La</strong>ugerie-Basse, <strong>La</strong> Vache<br />

<strong>La</strong> sculpture sur paroi ou sur bloc Bour<strong>de</strong>illes, Cap-B<strong>la</strong>nc, Gorge d’Enfer<br />

<strong>La</strong> sculpture en ron<strong>de</strong>-bosse Be<strong>de</strong>ilhac, Willendorf<br />

Le mo<strong>de</strong><strong>la</strong>ge Tuc d’Audoubert<br />

Les objets <strong>de</strong> parure<br />

o Objets naturels (<strong>de</strong>nts, coquil<strong>la</strong>ges, fossiles…) Doni Vestonice<br />

o Objets fabriqués (perles, ron<strong>de</strong>lles, disques…)<br />

Quelques exemples <strong>de</strong> réalisations (travaux d’élèves ou d’artistes) :<br />

Tixador Pas <strong>de</strong> photos<br />

Quelquesexemples à éviter :<br />

o « pseudo-<strong>La</strong>scaux »<br />

o « pseudo-panneau »<br />

Dubuffet<br />

Merz<br />

Oppenheim<br />

Gabo<br />

Tapies<br />

Klein<br />

Fioretti<br />

o Matières, peinture <strong>de</strong> sable<br />

Pech-Merle (empreintes <strong>de</strong> pieds)<br />

o Traces<br />

o Marquages<br />

o Grattages<br />

o Empreintes<br />

Gargas (empreintes <strong>de</strong> mains)<br />

o Empreintes<br />

Emergence<br />

Cheval Mas d’Azil<br />

o Galets peints<br />

P<strong>la</strong>quette au bison<br />

o Interprétation<br />

Levielle + Silhouettes <strong>La</strong>lin<strong>de</strong><br />

Les c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> CM1 et CM2 <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> <strong>La</strong> Force ont choisi <strong>de</strong> travailler toute l’année sur un projet axé sur<br />

<strong>la</strong> préhistoire, sous forme d’un P.A.C. validé par l’Education Nationale. <strong>La</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> CM1 a travaillé sur un<br />

volet scientifique : « les techniques <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche en préhistoire ». <strong>La</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> CM2 a choisi <strong>de</strong> travailler<br />

sur l’art visuel. C’est ce projet que Monsieur Picollier nous présente à l’occasion <strong>de</strong> cet atelier.<br />

Le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> travail, réparti sur toute l’année sco<strong>la</strong>ire, comporte :<br />

- <strong>la</strong> présentation du contexte <strong>de</strong> l’art préhistorique aux élèves,<br />

- <strong>de</strong>s visites <strong>de</strong> sites alternées avec <strong>de</strong>s applications artistiques,<br />

- 12 à 15 heures <strong>de</strong> travail avec un artiste p<strong>la</strong>sticien dont les références sont préhistoriques,<br />

- <strong>la</strong> réalisation finale d’une fresque sous le préau.<br />

L’art préhistorique est utilisé dans ce projet comme support <strong>de</strong> création, il ne s’agit pas <strong>de</strong> copier <strong>de</strong>s<br />

œuvres <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire mais d’observer <strong>de</strong>s techniques, <strong>de</strong>s supports, <strong>de</strong> comprendre une démarche, et <strong>de</strong><br />

les transposer pour créer une nouvelle œuvre. Il ne s’agit pas non plus d’essayer d’interpréter les<br />

motivations <strong>de</strong>s artistes <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire, dont on ne sait rien, mais <strong>de</strong> transposer les indices témoignant <strong>de</strong><br />

leur comportement.<br />

18


Selon les instructions officielles <strong>de</strong> l’Education Nationale, l’enfant doit savoir produire un art visuel et, pour<br />

ceci, acquérir un bagage artistique et culturel. Lorsque l’on fait reproduire à un enfant un <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> cheval<br />

préhistorique sur un galet, il ne s’agit que <strong>de</strong> copie. Sans confrontation avec <strong>de</strong>s expériences d’artistes<br />

actuels, cette démarche est restrictive.<br />

1 - Présentation aux élèves du contexte <strong>de</strong> l’art préhistorique<br />

Tête <strong>de</strong> cheval, réalisée<br />

par Marion.<br />

Art du Paléolithique supérieur :<br />

– Les supports : pariétal, mobilier, sur bloc.<br />

– Les thèmes : les sujets représentés. <strong>La</strong> présentation aux élèves se fait sans essai d’interprétation.<br />

- <strong>la</strong> faune : animaux isolés / en groupe (<strong>La</strong>scaux) / enchevêtrés / en scène.<br />

- les humains : réalistes / figuratifs (<strong>La</strong>ussel) / hybri<strong>de</strong>s.<br />

- les signes (<strong>La</strong>scaux / recueil d’A. Leroi-Gourhan / ponctuations <strong>de</strong> Pech-Merle).<br />

- les traces : fortuites (Pech-Merle) / intentionnelles (Gargas) / tracés digitaux (Gargas).<br />

– Les techniques.<br />

- peinture et <strong>de</strong>ssin : cerfs <strong>de</strong> <strong>La</strong>scaux, bouquetin <strong>de</strong> Cougnac (utilisation du support), mammouth <strong>de</strong><br />

Pech-Merle (en volume).<br />

- l’outil<strong>la</strong>ge : les pinceaux (archéologie expérimentale), les bâtons, les tubes (crachats).<br />

- les matériaux : ocres, oxy<strong>de</strong>s, liants (chevaux <strong>de</strong> Pech-Merle : mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> techniques).<br />

- les pochoirs, les tamponnements (scène du puits <strong>de</strong> <strong>La</strong>scaux).<br />

Une première réaction <strong>de</strong>s élèves est provoquée par <strong>la</strong> comparaison <strong>de</strong> ces peintures avec leurs propres<br />

façons <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssiner : les œuvres du Paléolithique ne sont pas <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, il n’y a pas<br />

<strong>de</strong> paysage, pas <strong>de</strong> ligne <strong>de</strong> sol, pas <strong>de</strong> ciel. Une réflexion est menée sur les conventions <strong>de</strong> représentation.<br />

- gravure : au doigt (Niaux) / avec <strong>de</strong>s outils (bâtonnet, silex).<br />

<strong>La</strong> photographie d’une ron<strong>de</strong>lle décorée d’une biche <strong>de</strong> <strong>La</strong>ugerie-Basse sert à abor<strong>de</strong>r l’adaptation au<br />

support et le respect <strong>de</strong>s proportions. <strong>La</strong> lionne gravée sur os <strong>de</strong> <strong>La</strong> Vache permet d’illustrer l’association <strong>de</strong><br />

techniques <strong>de</strong> gravure : le tracé net est utilisé pour le contour <strong>de</strong> l’animal, les petites entailles légères<br />

figurent le pe<strong>la</strong>ge.<br />

- sculpture : aurochs <strong>de</strong> Bour<strong>de</strong>illes, cheval du Cap B<strong>la</strong>nc, salmonidé <strong>de</strong> l’abri du Poisson.<br />

- ron<strong>de</strong>-bosse : faon <strong>de</strong> Bé<strong>de</strong>ilhac, vénus <strong>de</strong> Willendorf, Lespugue, Brassempouy, Tursac,<br />

Sireuil. Ces vénus, dont les mou<strong>la</strong>ges sont présentés, permettent d’ouvrir une réflexion sur l’idée <strong>de</strong><br />

géométrisation du corps, <strong>de</strong> faire <strong>la</strong> différence entre réalisme et figuration.<br />

- mo<strong>de</strong><strong>la</strong>ge : bison du Tuc d’Audoubert.<br />

- objets <strong>de</strong> parure : <strong>de</strong>nts percées, reconstitution <strong>de</strong> colliers <strong>de</strong> Dolni Vestonice retrouvés en<br />

connexion, comprenant <strong>de</strong>s coquil<strong>la</strong>ges. Ces objets permettent d’abor<strong>de</strong>r les dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> préhistoire, leurs préoccupations esthétiques et l’utilisation <strong>de</strong> matériaux <strong>de</strong> récupération.<br />

19


2 - Présentation aux élèves <strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong> quelques artistes contemporains<br />

- <strong>La</strong>urent Tixador a voulu appliquer un principe <strong>de</strong> transposition du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie préhistorique, sans vouloir le<br />

copier, sous forme d’une instal<strong>la</strong>tion-performance. Pendant un mois, il a vécu dans un bunker en béton et a<br />

essayé <strong>de</strong> vivre en chassant les pigeons avec <strong>de</strong>s armes qu’il a fabriquées à partir <strong>de</strong> matériaux <strong>de</strong><br />

récupération. Cette tentative <strong>de</strong> chasse ayant échoué, l’artiste a survécu en faisant du troc avec les visiteurs<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> galerie. Pour cet artiste, <strong>la</strong> peinture <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire est un marquage <strong>de</strong> territoire. Il a donc utilisé ces<br />

co<strong>de</strong>s pour reproduire <strong>de</strong>s signes commerciaux actuels sur <strong>de</strong>s rochers.<br />

- Jean Dubuffet : pour abor<strong>de</strong>r l’intérêt du support (travail <strong>de</strong> « matériologie »).<br />

- L’Arte Povera, dont l’igloo <strong>de</strong> Merz.<br />

- <strong>La</strong>nd’s Art : <strong>la</strong> montagne marquée d’Oppenheim, permettant une réflexion sur les traces durables ou<br />

fugaces dans le paysage.<br />

- <strong>La</strong> sculpture <strong>de</strong>s arts premiers.<br />

- Les signes sur matériaux naturels <strong>de</strong> Tapiès.<br />

- Les « Anthropométries » <strong>de</strong> Klein.<br />

- Le travail du support, les traces <strong>de</strong> Gérard Fioretti.<br />

- Les toiles peintes avec <strong>de</strong>s matériaux naturels <strong>de</strong> Levielle, qui s’est inspiré <strong>de</strong>s silhouettes féminines <strong>de</strong><br />

<strong>La</strong>lin<strong>de</strong>, ont permis d’abor<strong>de</strong>r <strong>la</strong> suggestion dans <strong>la</strong> représentation.<br />

3 - Travaux <strong>de</strong>s élèves<br />

Les élèves ont travaillé sur <strong>la</strong> matière : ils ont tracé <strong>de</strong>s signes avec un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> pigments, <strong>de</strong> terre, <strong>de</strong><br />

sable et <strong>de</strong> résine.<br />

Ils ont ensuite travaillé sur l’empreinte : <strong>de</strong>s empreintes <strong>de</strong> pieds dans le sable sont <strong>de</strong>s traces fugaces,<br />

alors que ces empreintes dans l’argile sont transmissibles. En transposant <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> vers d’autres<br />

matériaux, les élèves ont marché dans <strong>la</strong> peinture pour <strong>la</strong>isser <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> plus en plus organisées.<br />

Les micro-traces d’usure <strong>de</strong>s outils préhistoriques forment <strong>de</strong>s figures abstraites. Elles sont mises en<br />

parallèle avec les mouvements graphiques <strong>de</strong> prises d’empreintes.<br />

Un autre travail a consisté à faire <strong>de</strong>s grattages sur <strong>de</strong>s supports périssables ou protégés, avec les doigts et<br />

avec divers objets.<br />

Des élèves ont peint <strong>de</strong>s galets dont les formes naturelles les inspiraient.<br />

L’objectif <strong>de</strong> ce travail est <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r le geste <strong>de</strong> l’artiste <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire en changeant le matériau et le<br />

support. Il a aussi permis d’apprendre à voir <strong>la</strong> forme du sujet (un animal par exemple) dans l’objet brut, à<br />

s’adapter au support.<br />

<strong>La</strong> leçon à retirer <strong>de</strong> ce travail est que tout le mon<strong>de</strong> a un bagage culturel, plus ou moins fort, qui ressort<br />

dans son travail artistique.<br />

NB : les élèves qui ont travaillé avec Monsieur Picollier ont réalisé <strong>de</strong>s œuvres splendi<strong>de</strong>s, qui illustrent très<br />

bien les différentes démarches présentées ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

Mammouth, réalisé par<br />

Marion.<br />

20


Compte-rendu <strong>de</strong>s ateliers du<br />

4 décembre 2003<br />

Décrypter les représentations<br />

21


IMAGES DE LA PREHISTOIRE AU XIX è SIECLE : CLEFS DE LECTURE<br />

ET MODES D’ANALYSE<br />

Cet exercice a un double but :<br />

montrer comment <strong>de</strong>s images qui nous semblent constituer une connaissance vaguement familière <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

préhistoire sont en fait <strong>de</strong> pures constructions intellectuelles du XIX e siècle et par là-même nous faire<br />

réfléchir sur les images <strong>de</strong> préhistoire actuellement produites.<br />

Noël COYE, Docteur en <strong>Préhistoire</strong> — Historien <strong>de</strong>s sciences<br />

Atelier d’analyse d’images du 19è siècle.<br />

Ce siècle est celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> l’archéologie, c’est aussi celui <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s idées sur l’origine <strong>de</strong><br />

l’Homme, idées qui ont encore leur p<strong>la</strong>ce dans notre imaginaire collectif. L’objet <strong>de</strong> cet atelier est <strong>de</strong><br />

permettre à l’homme du 20è siècle <strong>de</strong> remettre <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong>s images du 19 ème dans leur contexte.<br />

Cinq grands thèmes ont été dégagés par l’animateur : l’ancienneté <strong>de</strong> l’homme, l’ancêtre singe, les savants<br />

et vulgarisateurs, l’évolution biologique et culturelle, <strong>la</strong> lutte pour l’existence.<br />

Ancienneté <strong>de</strong> l’homme<br />

Figuier, Luis, <strong>La</strong> terre avant le déluge. 1862.<br />

Cet ouvrage a connu neuf éditions entre 1862 et 1883. Les <strong>de</strong>rniers chapitres illustrent l’apparition <strong>de</strong><br />

l’homme :<br />

Analyse <strong>de</strong> l’image « Scène <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie préhistorique par Rioux »<br />

<strong>La</strong> juxtaposition <strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong>s animaux traduit bien <strong>la</strong> découverte d’ossements fossiles d’animaux et<br />

d’homme dans <strong>la</strong> même couche archéologique, impliquant que l’homme est aussi ancien que les animaux<br />

fossiles. Mais <strong>la</strong> convivialité totale qui existe entre le groupe humain et <strong>de</strong>s animaux actuels l’apparente à<br />

l’imagerie biblique où Adam nomme les animaux, et réfute <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong> Darwin sur l’évolution en illustrant<br />

celle du catastrophisme <strong>de</strong> Cuvier où <strong>de</strong>s créations multiples suivent <strong>de</strong>s déluges successifs. Cette<br />

illustration faussement scientifique conforte le récit biblique.<br />

Analyse <strong>de</strong> l’image « Faune quaternaire »<br />

Grand ours, mammouth, auroch, rhinocéros… sont mis en scène. Il s’agit d’une vue idéale, le propos n’est<br />

pas anecdotique, c’est une somme, et ce type <strong>de</strong> présentation est à l’origine <strong>de</strong>s panoramas présentés dans<br />

les musées actuels.<br />

« L’Homme primitif » chez Hachette. L’édition <strong>de</strong> 1870 est dépoussiérée en 1872 et utilise une autre<br />

gravure pour l’apparition <strong>de</strong> l’homme.<br />

Les animaux représentés sont bien <strong>de</strong>s animaux fossiles et l’homme est aussi ancien qu’eux. Mais il<br />

est désormais sorti du paradis, il y a séparation entre l’homme et l’animal, matérialisée sur l’image<br />

par un fossé. Cette séparation indique bien que l’homme n’appartient pas au règne animal, il est<br />

différent. Cette représentation se réfère au créationnisme où évolution et ancienneté sont <strong>de</strong>ux<br />

questions différentes.<br />

Ces <strong>de</strong>ux images montrent ainsi que tenants du catastrophisme et du créationnisme arrivent à <strong>la</strong> même<br />

conclusion par <strong>de</strong>s chemins différents.<br />

Ancêtre singe<br />

Boitard « Paris avant les hommes » 1861<br />

<strong>La</strong> vulgarisation du 19 ème refuse <strong>la</strong> représentation <strong>de</strong> l’homme singe. Il s’agit ici d’une vue idéale, l’homme<br />

est sur un îlot matérialisé par <strong>la</strong> terrasse d’une fa<strong>la</strong>ise, le singe fait pendant à droite sur un arbre.<br />

Boitard Frontispice <strong>de</strong> « L’homme fossile »<br />

Il apparaît que <strong>la</strong> différence entre l’homme fossile et l’homme actuel est <strong>la</strong> même qu’entre le mammouth et<br />

l’éléphant. Mais l’homme reste différent <strong>de</strong> l’animal. Il s’agit donc d’une image inspirée par le créationnisme,<br />

et qui peut donner l’idée fausse que l’on représente un homme-singe.<br />

Gravure apparue en 1838 en illustration d’un article <strong>de</strong> Boitard dans le « Magasin universel » et rééditée à<br />

l’infini jusqu’en 1886.<br />

22


Elle présente l’image défaitiste d’un homme fossile qui part en <strong>la</strong>issant traîner un outil, suggérant qu’il <strong>la</strong>isse<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce à l’homme préhistorique. C’est l’illustration c<strong>la</strong>ssique <strong>de</strong> l’origine <strong>de</strong> l’homme, toujours créé « exnihilo<br />

». C’est bien un ancêtre-singe mais pas un homme puisque ce <strong>de</strong>rnier est apparu après le déluge.<br />

Savants et vulgarisateurs<br />

Figuier « L’homme primitif », 1 ère édition.<br />

Scène anecdotique <strong>de</strong> l’affrontement entre l’homme et l’ours<br />

Du Cleuzioux « <strong>La</strong> création <strong>de</strong> l’homme » 1887<br />

Les hommes préhistoriques ressemblent à <strong>de</strong>s esquimaux. Leur présentation a été actualisée et ils sont tous<br />

accompagnés <strong>de</strong> leurs outils et bien différenciés (homme du Moustier, homme <strong>de</strong> <strong>La</strong> Ma<strong>de</strong>leine…).<br />

Vers 1870-1880, il y a passage <strong>de</strong> re<strong>la</strong>is <strong>de</strong> <strong>La</strong>rtet à Mortillet et sa c<strong>la</strong>ssification. L’outil <strong>de</strong>vient le moteur <strong>de</strong><br />

l’évolution humaine, au moment où l’homme est inclus dans le mon<strong>de</strong> animal et entre dans l’évolution.<br />

Evolution biologique et culturelle<br />

Jules Renga<strong>de</strong>, « <strong>La</strong> création naturelle et les êtres vivants »<br />

Evolutionniste et matérialiste.<br />

« Variation selon le milieux » :<br />

L’image suggère un parallèle entre l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> main humaine et celle du mon<strong>de</strong> marin. Elle présente<br />

également <strong>la</strong> transition <strong>de</strong>s poissons aux amphibiens et le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> grenouille. Cette<br />

présentation rappelle <strong>la</strong> théorie biologique p<strong>la</strong>quée sur <strong>la</strong> culture selon <strong>la</strong>quelle l’ontogenèse reproduit <strong>la</strong><br />

phylogenèse, et où apparaît une échelle <strong>de</strong>s êtres (gradation <strong>de</strong>s espèces) hiérarchisées où une espèce<br />

supérieure ancienne ressemble à l’espèce actuelle qui lui est directement inférieure (= loi <strong>de</strong> récapitu<strong>la</strong>tion,<br />

pilier <strong>de</strong> <strong>la</strong> théorie darwinienne, utilisée dans le comparatisme ethnographique). Dans cette optique, l’homme<br />

<strong>de</strong> Solutré ancien est illustré comme un esquimau actuel, ce qui revient à assimiler ces gens à une espèce<br />

directement inférieure à l’homme actuel. Cette analyse permet <strong>de</strong> retrouver les racines du comparatisme<br />

ethnographique dans <strong>la</strong> biologie.<br />

<strong>La</strong> démarche du comparatisme ethnographique peut ainsi illustrer <strong>de</strong>ux concepts radicalement différents,<br />

d’un côté le racisme et <strong>de</strong> l’autre l’expérimentation archéologique. Ce qui était au départ un comparatisme<br />

ethnographique basé sur <strong>la</strong> culture a glissé au comparatisme anthropologique par une assimi<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

culture et du sta<strong>de</strong> évolutif.<br />

<strong>La</strong> lutte pour l’existence<br />

« Combat contre l’ours <strong>de</strong>s cavernes ».<br />

Affrontement homme / animal où le p<strong>la</strong>ntigra<strong>de</strong> est <strong>de</strong>bout et se présente en tant que rival pour <strong>la</strong> chasse<br />

comme pour le logement. L’illustration transmet ainsi un message évolutionniste où l’homme à remp<strong>la</strong>cé<br />

l’ours dans <strong>la</strong> lutte pour <strong>la</strong> vie. Dans <strong>la</strong> théorie darwinienne, chaque espèce est en lutte en permanence<br />

contre toutes les autres, ce qui est facteur important <strong>de</strong> cohésion sociale.<br />

Comparaison avec une gravure <strong>de</strong> l’ouvrage <strong>de</strong> Du Cleuziou (1887) : « Gravure sur os <strong>de</strong> renne trouvée à<br />

<strong>La</strong> Ma<strong>de</strong>leine », où les hommes emportés par les animaux sont sans armes, symboles <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture qui a<br />

donné son véritable avantage à l’homme.<br />

« L’homme vainqueur <strong>de</strong> l’ours <strong>de</strong>s cavernes » :<br />

L’affrontement singulier homme/ours apparaît comme le raccourcis <strong>de</strong> l’histoire naturelle <strong>de</strong> l’homme. Dans<br />

le chapitre sur l’homme « moustérien », il y a conjonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux processus évolutifs : le processus<br />

<strong>de</strong>scendant <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> l’ours parallèlement au mouvement ascendant <strong>de</strong> l’homme (au moment du<br />

progrès industriel). Le moustérien étant considéré comme le moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> première industrie offensive où il<br />

assoit sa suprématie comme le montre <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> gravure qui ne présente plus un affrontement. Les<br />

os humains sont les restes d’hommes mangés appartenant à une espèce disparue. Idée évolutionniste <strong>de</strong><br />

célébration <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture, le progrès étant une loi immuable <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature.<br />

<strong>La</strong> préhistoire permet bien à cette époque <strong>de</strong> célébrer le mouvement industriel. Présente dans les<br />

expositions universelles, elle permet <strong>de</strong> constater rapi<strong>de</strong>ment le chemin parcouru. <strong>La</strong> préhistoire a alors un<br />

rôle vraiment social, permettant <strong>de</strong> démontrer que le progrès industriel est une loi <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature et <strong>la</strong> source<br />

d’un progrès global (éducation, morale…). A l’origine d’une mission civilisatrice qui justifie toutes les<br />

disparitions et tous les abus.<br />

23


QUEL VISAGE POUR NOS ANCETRES ?<br />

Au 19e siècle <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> reconstitutions se côtoient, certaines ne s'inspirent que vaguement <strong>de</strong>s<br />

découvertes archéologiques, les autres sont issues d'une col<strong>la</strong>boration étroite entre artistes et savants.<br />

Quelles sont les diverses sources d'inspirations ? Pourquoi les scientifiques ont-il souhaité mettre un visage<br />

sur les crânes qu'ils exhumaient ? Quels sont les type humains les plus souvent représentés au 19e siècle ?<br />

Sigolène LOIZEAU, Responsable <strong>de</strong>s collections préhistoire du Musée d’Aquitaine à Bor<strong>de</strong>aux<br />

Introduction<br />

L’exposition « Vénus et Caïn, figures <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire, 1830.1930 » a été conçue par le musée d’Aquitaine à<br />

Bor<strong>de</strong>aux où elle a été présentée <strong>de</strong> mars à juin 2003. Elle a ensuite été présentée à Altamira, haut lieu <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> préhistoire espagnole. Elle est actuellement au musée <strong>de</strong>s Beaux-arts <strong>de</strong> Québec.<br />

Près <strong>de</strong> 200 objets ont été réunis : un mé<strong>la</strong>nge d’objets archéologiques (ossements, silex taillés), manuscrits<br />

et publications <strong>de</strong> préhistoriens, sculptures, peintures, photos, mettant en scène l’homme préhistorique.<br />

Au 19 e siècle <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> reconstitutions se côtoient, certaines ne s’inspirent que vaguement <strong>de</strong>s<br />

découvertes archéologiques, les autres sont issues d’une col<strong>la</strong>boration étroite entre artistes et savants.<br />

Quelles sont les sources d’inspiration ?<br />

Quelles sont les re<strong>la</strong>tions entre savants et artistes ?<br />

I - LES RECONSTITUTIONS PUREMENT ARTISTIQUES.<br />

Des thématiques récurrentes<br />

Les <strong>la</strong>custres<br />

Toutes sortes d’images représentant <strong>de</strong>s cités <strong>la</strong>custres ont été produites.<br />

Ces scènes <strong>de</strong> vie sont imaginées suite aux découvertes faites, au cours <strong>de</strong>s années 1850, dans les <strong>la</strong>cs<br />

suisses et <strong>de</strong> l’Est <strong>de</strong> <strong>la</strong> France. Les artistes s’inspirent également <strong>de</strong> l’imagerie ethnographique présentant<br />

les cités <strong>la</strong>custres d’Océanie et d’Asie.<br />

Diapo : Hegi, 1865. Retour du chasseur au temps <strong>de</strong>s <strong>la</strong>custres.<br />

Aquarelle réalisée par un enseignant suisse pour les élèves <strong>de</strong> son école. C’est une <strong>de</strong>s plus anciennes<br />

représentations <strong>de</strong> l’homme préhistorique. <strong>La</strong> femme attend sur le ponton le retour <strong>de</strong> son mari, le chasseur<br />

et pourvoyeur.<br />

Diapo : Anker, Femme <strong>la</strong>custre, 1973<br />

Diapo : Hippolyte Couteau, Un soir dans un vil<strong>la</strong>ge <strong>la</strong>custre, 1896, Huile sur toile, 260 x 174 cm,<br />

musée d’art et d’Histoire <strong>de</strong> Genève.<br />

Cette toile présentée dans les salles <strong>de</strong> préhistoire du musée <strong>de</strong> Genève est le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> notre<br />

exposition.<br />

Diapo : Alfred Berthoud, sans date, Idylle <strong>la</strong>custre<br />

Diapo : Achille Lemoine, 1905-1908, vues stéréoscopiques. Nus <strong>de</strong> style préhistorique<br />

Les luttes<br />

Les artistes ont représenté les hommes luttant entre eux mais également les luttes hommes-animaux. Un<br />

animal est d’ailleurs fréquemment représenté, il s’agit <strong>de</strong> l’ours. L’homme est parfois chasseur mais aussi<br />

chassé.<br />

24


Diapo, Léon Perrault, Le premier meurtre, 1899<br />

Les scènes bibliques présentant Abel et Caïn sont traitées à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> préhistorique, les personnages sont<br />

vêtus <strong>de</strong> peaux <strong>de</strong> bêtes.<br />

Diapo : Léon Maxime FAIVRE, L’envahisseur, 1884, Huile sur toile, Vienne<br />

Diapo : Paul JAMIN, Rapt à l’âge du bronze, 1900, Huile sur toile, Reims<br />

Dans ces <strong>de</strong>ux toiles les artistes présentent <strong>de</strong>s luttes pour <strong>la</strong> possession <strong>de</strong>s femmes.<br />

Diapo : Paul JAMIN, <strong>La</strong> fuite <strong>de</strong>vant le mammouth, esquisse, 1885, Huile sur toile, Dédié « à l’ami<br />

Capitan », Paris, collection particulière<br />

Diapo : Paul JAMIN, Un drame à l’âge <strong>de</strong> pierre, esquisse, 1886, Huile sur toile, Dédié « à l’ami<br />

Capitan », Paris, collection particulière<br />

Pour ces <strong>de</strong>ux toiles, Paul Jamin s’est inspiré <strong>de</strong>s informations que lui fournissait son ami, le préhistorien<br />

Louis Capitan.<br />

Le mythe <strong>de</strong> l’ours <strong>de</strong>s cavernes<br />

Luttes pour l’habitat : au XIX e siècle on pensait que, comme l’ours, les hommes préhistoriques vivaient<br />

exclusivement dans les grottes. Les artistes ont régulièrement utilisé cette thématique dans leurs tableaux.<br />

Diapo : Emmanuel BENNER, L’alerte, dite aussi Une famille à l’âge <strong>de</strong> pierre, 1892, Huile sur toile,<br />

Colmar, musée d’Unterlin<strong>de</strong>n<br />

Diapo : Léon Maxime FAIVRE, Deux mères, 1888, Huile sur toile, Paris, musée d’Orsay<br />

Lutte entre <strong>de</strong>ux mères et leur progéniture, une ourse et une femme. <strong>La</strong> femme préhistorique, vêtue d’une<br />

peau <strong>de</strong> bête accrochée sur l’épaule, est armée d’une hache polie. Il existe un déca<strong>la</strong>ge chronologique entre<br />

l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> hache (Néolithique) et ce type <strong>de</strong> vêtement non cousu (<strong>la</strong> couture étant maîtrisée dès le<br />

Paléolithique).<br />

Le travail<br />

Diapo : <strong>La</strong> Chasse, Cormon. Décoration <strong>de</strong> l’amphi du muséum<br />

Cormon a été sélectionné pour réaliser le décor du p<strong>la</strong>fond <strong>de</strong> l’amphithéâtre du muséum d’Histoire<br />

Naturelle <strong>de</strong> Paris. Cet artiste a lu énormément d’ouvrages sur <strong>la</strong> préhistoire. Dans <strong>la</strong> fresque du muséum, il<br />

retrace l’évolution <strong>de</strong> l’homme, le <strong>la</strong> barbarie vers <strong>la</strong> civilisation.<br />

<strong>La</strong> famille<br />

Diapo : Emmanuel BENNER, L’affût, 1879, Huile sur toile, Limoux, musée Petiet<br />

Le thématique préhistorique est utilisée par les peintres pour réaliser <strong>de</strong>s corps nus.<br />

Conclusion/ Discussion<br />

Des reconstitutions à l’image <strong>de</strong> <strong>la</strong> société du XIX e siècle, on retrouve les valeurs importantes <strong>de</strong> l’époque (le<br />

travail, <strong>la</strong> famille...). NB : <strong>la</strong> préhistoire a été présentée pour <strong>la</strong> première fois dans une exposition universelle<br />

dans les années 1860 : le matériel était présenté dans une salle sur l’histoire du travail !<br />

Dans ces représentations les visages <strong>de</strong>s hommes préhistoriques sont très mo<strong>de</strong>rnes.<br />

Quelques anachronismes : les hommes domestiquent les chiens, utilisent <strong>de</strong>s haches polies mais sont vêtus<br />

<strong>de</strong> peaux <strong>de</strong> bêtes non cousues. Les <strong>de</strong>ux premières observations sont liées à <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> Néolithique alors<br />

que <strong>la</strong> couture apparaît dès le Paléolithique. Ces mé<strong>la</strong>nges s’expliquent en parti par une chronologie<br />

préhistorique encore mal établie à cette époque.<br />

Diapo : Lucien PORCHERON, Scène préhistorique, 1930, Huile sur toile, Le Grand-Pressigny<br />

Les sources d’inspiration <strong>de</strong>s artistes sont multiples :<br />

- Quelques découvertes archéologiques : les hommes représentés sont souvent armés <strong>de</strong> haches polies<br />

(ont-elles réellement servi d’arme ou d’outils)<br />

25


- Des informations ethnographiques : les citées <strong>la</strong>custres par exemple.<br />

- <strong>La</strong> vie courante et les valeurs du XIX e siècle.<br />

Ces représentations ne sont pas scientifiques.<br />

II - LES RECONSTITUTIONS SCIENTIFIQUES.<br />

Les scientifiques ne sont pas totalement d’accord avec les reconstitutions qui sont faites. Le plus bel<br />

exemple est celui <strong>de</strong> l’ouvrage <strong>de</strong> Figuier. <strong>La</strong> première édition <strong>de</strong> « L’homme primitif » sort au début <strong>de</strong><br />

l’année 1870, très vite épuisée, elle doit être réimprimée fin 1870. Entre temps les scientifiques critiquent les<br />

représentations, selon eux elles sont plus proches <strong>de</strong> l’homme actuel que <strong>de</strong> nos ancêtres qu’ils pensaient<br />

venir d’Asie. <strong>La</strong> secon<strong>de</strong> édition <strong>de</strong> l’ouvrage, revue et corrigée, présente <strong>de</strong>s hommes, non plus avec un<br />

faciès aryen mais mongoloï<strong>de</strong>.<br />

Diapo : Figuier, illustration <strong>de</strong> « L’homme primitif » (x 2)<br />

Peu à peu les préhistoriens fournissent <strong>de</strong>s preuves archéologiques aux artistes, ensembles ils tentent <strong>de</strong>s<br />

reconstitutions ; <strong>la</strong> plus remarquable col<strong>la</strong>boration est celle <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux Belges : Louis Mascré et Aimé Rutot.<br />

A- <strong>La</strong> col<strong>la</strong>boration Mascré, Rutot.<br />

Leurs reconstitutions sont basées sur <strong>de</strong>s découvertes archéologiques. Elles retracent l’état <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

connaissance en préhistoire entre 1909 et 1914.<br />

Diapo Précurseur <strong>de</strong> l’ère tertiaire. Industrie éolithique<br />

A Trinil en 1891, Eugène Dubois, savant hol<strong>la</strong>ndais, exhume quelques ossements humains (dont une calotte<br />

crânienne et un fémur) qu’il baptise Pithecanthropus erectus. Mascré et Rutot imaginent ce premier<br />

représentant <strong>de</strong> l’espèce humaine à <strong>la</strong> cime d’un arbre, s’apprêtant à cueillir un fruit.<br />

Diapo L’Homme <strong>de</strong> Galley-Hill. Industrie strépyenne, entre 1909 et 1914<br />

Découverts à Galley-Hill dans le Kent en 1888, <strong>de</strong>s ossements humains sont alors datés <strong>de</strong> 200 000 ans.<br />

Cet homme est considéré comme un contemporain <strong>de</strong> l’homme du Sussex. En 1949, on a prouvé qu’il<br />

s’agissait d’ossements récents attribués à <strong>de</strong>s couches plus anciennes.<br />

Selon Aimé Rutot, l’outil porté autour du cou est une arme <strong>de</strong> rechange qui rend l’homme<br />

redoutable ; Ce type d’arme <strong>de</strong>venu à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> est alors inutile, <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> l’outil diminue et c’est <strong>la</strong><br />

naissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> parure.<br />

(Lire le livre d’Herbert Thomas, récemment publié)<br />

Diapo Homme <strong>de</strong> Mauer. Descendant <strong>de</strong>s Précurseurs. Âge chelléen<br />

Une mâchoire inférieure d’Homo hei<strong>de</strong>lbergensis découverte en 1907 au sud d’Hei<strong>de</strong>lberg (Allemagne) est à<br />

l’origine <strong>de</strong> cette reconstitution. Cette mandibule est aujourd’hui attribuée aux Homo erectus d’Europe.<br />

Non loin <strong>de</strong>s restes humains, <strong>de</strong>s vestiges osseux <strong>de</strong> lions, <strong>de</strong> sangliers, <strong>de</strong> rhinocéros sont mis au jour.<br />

Aimé Rutot en déduit que l’homme <strong>de</strong> Mauer est un chasseur et lui associe un sanglier.<br />

Diapo Le Brachycéphale <strong>de</strong> Grenelle. Industrie moustérienne<br />

Le gisement <strong>de</strong> Grenelle a livré en 1867 <strong>de</strong>s restes osseux appartenant à un individu brachycéphale (<strong>de</strong><br />

crâne <strong>la</strong>rge) que Rutot attribue à une industrie moustérienne. L’individu reconstitué tient dans sa main un<br />

nucléus Levallois qu’il débite à l’ai<strong>de</strong> du percuteur.<br />

Diapo Chasseur <strong>de</strong> rennes <strong>de</strong> Furfooz. Industrie du magdalénien supérieur, entre 1909 et 1914<br />

Outre <strong>de</strong> nombreux vestiges <strong>de</strong> rennes et <strong>de</strong> rongeurs, <strong>de</strong>s ossements humains exhumés à Furfooz<br />

(Belgique), évoquant le type mongoloï<strong>de</strong>, ont inspiré Rutot et Mascré pour leur chasseur <strong>de</strong> rennes. Selon<br />

Rutot, il reste <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scendants <strong>de</strong> cette race <strong>de</strong> Furfooz dans les forêts ar<strong>de</strong>nnaises. Il les décrit comme <strong>de</strong>s<br />

hommes <strong>de</strong> petite taille, aux yeux et cheveux noirs, <strong>de</strong> caractère sournois, batailleurs et vivant <strong>de</strong>s produits<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt.<br />

Diapo Mineur néolithique d’Obourg. Industrie campignyenne, entre 1909 et 1914<br />

26


À Obourg (Belgique), les ossements d’un homme que l’on pensait préhistorique, un pic en bois <strong>de</strong> cerf en<br />

main, ont été exhumés. À l’époque on pensait qu’il <strong>de</strong>vait être en train d’extraire du silex d’une tranchée<br />

quand les parois se sont effondrées sur lui. Les vêtements et le chapeau <strong>de</strong>vaient le protéger <strong>de</strong>s éc<strong>la</strong>ts <strong>de</strong><br />

silex.<br />

Diapo Chef néolithique <strong>de</strong> Spiennes. Âge <strong>de</strong> <strong>la</strong> pierre polie (spiennien supérieur)<br />

Selon Rutot, cet homme protège les réserves <strong>de</strong> silex <strong>de</strong> sa tribu, son casque ailé signale à l’envahisseur<br />

son agilité au combat. Le Spiennien supérieur est considéré au XIX e comme l’âge <strong>de</strong> <strong>la</strong> hache polie, <strong>de</strong>s<br />

<strong>la</strong>nces et <strong>de</strong>s poignards, c’est donc une époque guerrière.<br />

B- Travaux d’autres préhistoriens.<br />

Les préhistoriens critiquent souvent les reconstitutions <strong>de</strong> leurs collègues.<br />

Plusieurs exemples <strong>de</strong> col<strong>la</strong>boration savants/artistes : Marcellin Boule et Joanny Durand, Henri Martin et<br />

Charles Bousquet, Faure et Parvillée.<br />

De nombreuses reconstitutions se sont inspirées <strong>de</strong>s restes <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> Nean<strong>de</strong>rtal. Les premiers<br />

restes sont découverts dans <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> Néan<strong>de</strong>r en Allemagne en 1856. Puis en 1909 à <strong>La</strong>-Chapelleaux-Saints<br />

en Corrèze, et en 1911 à <strong>La</strong> Quina.<br />

Diapo : Joanny DURAND et Marcellin BOULE, Reconstitution <strong>de</strong>s muscles <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête et du cou <strong>de</strong><br />

Néan<strong>de</strong>rtalien <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chapelle-aux-Saints, 1921<br />

Charles BOUSQUET et Léon HENRI-MARTIN, Reconstitution <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme <strong>de</strong> <strong>La</strong> Quina, 1913<br />

C- Conclusion/ Discussion<br />

Quels sont les type humains les plus souvent représentés au 19 e siècle ?<br />

Cro-Magnon/ artiste<br />

Diapo Figuier, artistes<br />

Diapo : Paul RICHER, Premier artiste, vers 1890, Plâtre, Le Puy-en-Ve<strong>la</strong>y<br />

Le mé<strong>de</strong>cin Paul Richer s’est inspiré du crâne <strong>de</strong> Cro-Magnon pour réaliser cette sculpture. Sur le socle, <strong>de</strong>s<br />

vestiges archéologiques sont représentés : gravure <strong>de</strong> mammouth sur fragment d’ivoire <strong>de</strong> mammouth<br />

retrouvé à <strong>La</strong> Ma<strong>de</strong>leine. Cette œuvre d’art est une preuve supplémentaire quant à l’ancienneté <strong>de</strong> l’homme<br />

(l’homme a été capable <strong>de</strong> graver un mammouth (animal disparu) ils ont donc été contemporains).<br />

Diapo L’artiste magdalénien <strong>de</strong> <strong>la</strong> race <strong>de</strong> Cro-magnon.<br />

Mascré et Rutot sont partis <strong>de</strong>s restes humains mis au jour à Cro-Magnon en Dordogne en 1968. Dans <strong>la</strong><br />

main <strong>de</strong> l’homme ils ont glissé le poignard exhumé à <strong>La</strong>ugerie-Basse. Dans <strong>la</strong> chevelure on retrouve <strong>la</strong><br />

parure en coquil<strong>la</strong>ges découverte sur le gisement <strong>de</strong> Cro-Magnon.<br />

Diapo : Jamin, Peintre décorateur à l’âge <strong>de</strong> pierre, 1903<br />

L’artiste s’est inspiré <strong>de</strong>s éléments fournis par son ami Louis Capitan, peu après <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong>s peintures<br />

paléolithiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> grotte <strong>de</strong> Font-<strong>de</strong>-Gaume.<br />

Nean<strong>de</strong>rtal<br />

Diapo L’homme <strong>de</strong> Nean<strong>de</strong>rtal. Descendant <strong>de</strong>s Précurseurs. Âge moustérien<br />

Réalisé d’après le crâne découvert dans <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> Néan<strong>de</strong>r en Allemagne à côté <strong>de</strong> Düsseldorf. Selon<br />

Rutot, l’homme <strong>de</strong> Nean<strong>de</strong>rtal serait asservi par les races <strong>de</strong> Cro-Magnon : « un esc<strong>la</strong>ve soumis, avachi,<br />

souvent mal traité, couvert à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> température, <strong>de</strong>s peaux <strong>de</strong> bêtes abandonnées après usage,<br />

exécutant d’un œil terne et résigné le travail commandé par le maître et consistant, dans le cas présent, à<br />

briser un os pour en extraire <strong>la</strong> moelle. ».<br />

Les reconstitutions <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> sont très fréquentes et très diverses, al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus g<strong>la</strong>bre <strong>de</strong>s<br />

représentations à <strong>la</strong> plus velue.<br />

27


Diapo <strong>La</strong> préhistoire <strong>de</strong> l’humanité reconstituée, Carnet <strong>de</strong> cartes postales édité par l’Institut<br />

international d’anthropologie à Nice ; Maurice Faure et Yvonne Parvillée<br />

Maurice Faure estime que les reconstitutions s’apparentent <strong>la</strong> plupart du temps à <strong>de</strong>s « fictions ou <strong>de</strong>s<br />

allégories [...] <strong>de</strong>s écorchés ou <strong>de</strong>s momies » 1 , elles manquent <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> mouvement. Avec <strong>la</strong><br />

col<strong>la</strong>boration du sculpteur Yvonne Parvillée, il exécute <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong> Nean<strong>de</strong>rtal à partir <strong>de</strong><br />

squelettes. Il met en scène ces figurines dans un décor végétal afin <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s photographies, diffusées<br />

ensuite sous forme <strong>de</strong> cartes postales.<br />

Diapo Habitant du Moustier il y a cinq mille ans, Tursac, collection Bernard Henriette<br />

Diapo Fre<strong>de</strong>rick BLASCHKE, Reconstitutions <strong>de</strong> Nean<strong>de</strong>rtal, 1920, Photographies <strong>de</strong>s étapes<br />

intermédiaires <strong>de</strong>s reconstitutions réalisées pour le Field Museum <strong>de</strong> Chicago<br />

Diapo Femme <strong>de</strong> <strong>la</strong> race <strong>de</strong> Nean<strong>de</strong>rtal. Descendant <strong>de</strong>s précurseurs. Âge moustérien<br />

Sculpture réalisée d’après le crâne <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme <strong>de</strong> <strong>la</strong> Quina découverte en Charente en 1911. Cette femme<br />

porte un enfant et « sort <strong>de</strong> <strong>la</strong> caverne sombre et enfumée qui sert <strong>de</strong> refuge à <strong>la</strong> famille, et se trouve tout à<br />

coup en présence d’un groupe <strong>de</strong> grands Ours <strong>de</strong>s Cavernes [...]<br />

Diapo Fre<strong>de</strong>rick BLASCHKE, Reconstitutions <strong>de</strong> Nean<strong>de</strong>rtal, 1920, Photographies <strong>de</strong>s étapes<br />

intermédiaires <strong>de</strong>s reconstitutions réalisées pour le Field Museum <strong>de</strong> Chicago<br />

Quelles sont les diverses sources d’inspirations ?<br />

Matériel archéologique connu à l’époque<br />

Les faux<br />

Diapo Homme du Sussex. Eonthropus Dawsoni. Sm. Wood. Industrie préchelléenne<br />

Entre 1911 et 1912, dans <strong>la</strong> gravière <strong>de</strong> Piltdown (Sussex) <strong>de</strong>s chercheurs ang<strong>la</strong>is mettent au jour un crâne<br />

fossile : Eonthropus Dawsoni. Une étu<strong>de</strong> réalisée en 1953 révèle qu’il s’agit d’un faux réalisé à partir d’un<br />

crâne d’homme actuel et d’une mandibule d’orang-outang dont les <strong>de</strong>nts auraient été limées et les os<br />

teintés.<br />

<strong>La</strong>ussel<br />

Diapo <strong>La</strong> femme négroï<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>La</strong>ussel. Industrie aurignacienne<br />

Diapo Vénus à <strong>la</strong> corne <strong>de</strong> <strong>La</strong>ussel<br />

En 1911 les fouilleurs employés par le Docteur <strong>La</strong><strong>la</strong>nne sur le site <strong>de</strong> <strong>La</strong>ussel en Dordogne mettent au jour<br />

plusieurs bas-reliefs peints, dont un figurant une femme portant une corne dans sa main droite. <strong>La</strong><br />

corpulence <strong>de</strong> cette femme a parfois été associée à une grossesse en cours, ou encore assimilée à <strong>la</strong><br />

morphologie <strong>de</strong> certaines africaines (telle <strong>la</strong> célèbre Saartjie Baartman, surnommée <strong>la</strong> Vénus hottentote).<br />

Ainsi, lorsque Rutot et Mascré imaginent le portrait <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme <strong>de</strong> <strong>La</strong>ussel, c’est une femme noire qu’ils<br />

représentent.<br />

<strong>La</strong> découverte <strong>de</strong> ce bas-relief à figuration humaine a eu un retentissement considérable dans <strong>la</strong> presse<br />

internationale, chaque journaliste interprétant à loisir.<br />

Dans Paris Journal, en janvier 1912, on pouvait lire:<br />

C’est M. C. Jullian, professeur au Collège <strong>de</strong> France, qui a annoncé hier à l’Académie <strong>de</strong>s inscriptions et<br />

belles lettres cette sensationnelle découverte qui vient d’être faite par un préhistorien bien connu, le Dr<br />

Gaston <strong>La</strong><strong>la</strong>nne <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux [...] <strong>la</strong> Vénus <strong>de</strong> <strong>La</strong>ussel n’est pas un type raffiné <strong>de</strong> beauté : par ses jambes<br />

courtau<strong>de</strong>s et tassées, par ses seins tombants et f<strong>la</strong>sques, par son ventre flou et rebondi, elle évoque<br />

l’esthétique spéciale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vénus Hottentote [ethnie d’Afrique du Sud].<br />

Et dans Le Temps du 28 mars 1912 :<br />

L’accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> masses considérables <strong>de</strong> graisse dans <strong>la</strong> région inférieure du corps n’est pas d’ailleurs un<br />

caractère <strong>de</strong> race ; il paraît se rattacher plutôt à <strong>la</strong> vie sé<strong>de</strong>ntaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme, qui déjà était <strong>la</strong> ménagère<br />

1 Faure Maurice, « Reconstitution <strong>de</strong> l’Homo mousteriensis ou nean<strong>de</strong>rthalensis », Compte rendu <strong>de</strong> <strong>la</strong> 46 e<br />

session du Congrès <strong>de</strong> l’Association française pour l’avancement <strong>de</strong>s sciences, Paris, Masson, 1923, p. 439-444.<br />

28


attendant patiemment au fond <strong>de</strong> sa grotte, entourée <strong>de</strong> sa progéniture, le retour du hardi chasseur, son<br />

maître et pourvoyeur [...]<br />

Culte féminin, <strong>de</strong>stin biologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme - <strong>la</strong> Vénus serait enceinte - sont les convictions les plus<br />

partagées aujourd’hui.<br />

CONCLUSION<br />

Importance <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong>s visages sur <strong>de</strong>s squelettes, <strong>de</strong> même, nous souhaitons mettre un visage sur <strong>de</strong>s<br />

personnages historiques.<br />

Les reconstitutions sont le reflet <strong>de</strong> notre société.<br />

Diapo Nean<strong>de</strong>rtal, coll. Hamy<br />

Diapo Buste <strong>de</strong> <strong>La</strong><strong>la</strong>nne<br />

Les reconstitutions que l’on réalise aujourd’hui avec <strong>de</strong>s moyens mo<strong>de</strong>rnes, comme « L’Odyssée <strong>de</strong><br />

l’espèce », ne sont pas forcément plus exactes que les reconstitutions <strong>de</strong> Mascré au début du XX e siècle.<br />

En 1919, le musée <strong>de</strong> San Diego, aux Etats-Unis, a commandé une copie <strong>de</strong> <strong>la</strong> série <strong>de</strong>s bustes réalisés par<br />

Mascré et Rutot, mais les conservateurs n’ont pas voulu <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux reconstitutions <strong>de</strong> négroï<strong>de</strong>s.<br />

Diapo Le Négroï<strong>de</strong> <strong>de</strong> Menton. Industrie aurignacienne<br />

En 1901, <strong>de</strong>ux squelettes issus d’une même sépulture sont exhumés à Menton. Les crânes, en partie<br />

déformés par le poids <strong>de</strong>s sédiments, présentent un certain prognathisme ; rapi<strong>de</strong>ment, les anthropologues<br />

i<strong>de</strong>ntifient ces individus comme les ancêtres <strong>de</strong> <strong>la</strong> « race noire ».<br />

Cet homme achève <strong>la</strong> sculpture d’une statuette féminine retrouvée à Willendorf (Autriche). <strong>La</strong> couronne <strong>de</strong><br />

coquilles qu’il porte rappelle <strong>la</strong> parure exhumée à Menton, tout comme les bracelets <strong>de</strong> coquil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

femme.<br />

Diapo Cro Magon présenté à San Diego<br />

29


REFLEXIONS SUR LE THEME DE LA REPRESENTATION DU CORPS HUMAIN<br />

<strong>La</strong> figuration humaine au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire (peinture, sculpture, mo<strong>de</strong><strong>la</strong>ge…).<br />

<strong>La</strong> représentation du corps par les artistes préhistoriques : réalisme (« vénus stéatopyges », « sorciers »…)<br />

ou interprétation ?<br />

Les traces <strong>la</strong>issées par le corps (empreintes, tracés), <strong>la</strong> parure.<br />

Un regard actuel sur les productions préhistoriques (aspects techniques et esthétiques)<br />

Ateliers <strong>de</strong> pratique :<br />

Réalisation d’un production sur le thème du corps en utilisant <strong>de</strong>s techniques préhistoriques : mo<strong>de</strong><strong>la</strong>ge,<br />

gravure, empreintes.<br />

Réalisation d’objets <strong>de</strong> « parure » en utilisant <strong>de</strong>s matériaux actuels<br />

Patrick PICOLLIER, conseiller pédagogique<br />

On ne traitera ici que <strong>de</strong>s traces directes (empreintes) et <strong>de</strong>s représentations figurées du corps humain, et<br />

pas <strong>de</strong>s représentations animales ou <strong>de</strong>s signes, qui sont bien entendu <strong>de</strong>s traces <strong>la</strong>issées par l’homme.<br />

Problèmes posés par l’art préhistorique :<br />

Aucun texte d’accompagnement<br />

o Hypothèses fondées sur :<br />

<strong>La</strong> fouille archéologique (localisation, datation…)<br />

L’analyse scientifique <strong>de</strong>s traces (techniques, pigments…)<br />

L’archéologie expérimentale<br />

L’observation et l’analyse <strong>de</strong>s caractères p<strong>la</strong>stiques et stylistiques<br />

<strong>La</strong> comparaison ethnographique<br />

<strong>La</strong> comparaison avec les mythes et les religions<br />

<strong>La</strong> représentation du corps : plusieurs niveaux d’interprétation :<br />

l’homme préhistorique a une perception <strong>de</strong> son corps dans son environnement. <strong>La</strong>quelle ? on n’en<br />

sait rien.<br />

o Il marque l’environnement <strong>de</strong> ses empreintes :<br />

Fortuites (traces <strong>de</strong> pas) Pech-Merle<br />

Intentionnelles (mains, tracés digités…) Gargas (mains), Pech-Merle, Gargas<br />

o Il se représente (peinture, gravure, sculpture, mo<strong>de</strong><strong>la</strong>ge) :<br />

Silhouettes <strong>La</strong>lin<strong>de</strong><br />

Sexes Gorge d’Enfer, Monpazier<br />

« Vénus » Willendorf<br />

Individus composites (« chamanes », « sorciers »…) Trois Frères, Hollenstadt, Mas<br />

d’Azil<br />

« Portraits » Dolni Vestonice<br />

o Il orne son corps :<br />

Parure Collier ivoire, <strong>de</strong>nts percées, collier + sépultures<br />

Vêtements ?<br />

Peintures corporelles (traces d’ocre ?)<br />

Tatouages, scarifications ?<br />

Coiffure ? Brassempouy<br />

L’homme mo<strong>de</strong>rne interprète ces représentations :<br />

o L’exemple <strong>de</strong>s Vénus :<br />

Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’anatomie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> physiologie (représentation d’une réalité<br />

biologique) :<br />

• Réserves <strong>de</strong> graisse Vénus hottentote, Dora Maar<br />

• Femmes enceintes <strong>La</strong>ussel<br />

30


Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> mythologie et <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s religions :<br />

• Culte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fécondité, <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité Angles, .<strong>La</strong>urent<br />

• Déesses-mères Catal Hüyük<br />

Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art (analyse stylistique, évolution <strong>de</strong>s formes…) :<br />

• Analyse stylistique (géométrie) Tableau<br />

• Evolution <strong>de</strong>s formes Tableaux<br />

• Productions ultérieures Cap<strong>de</strong>nac, Cyc<strong>la</strong><strong>de</strong>s, Statue-menhir<br />

o L’exemple <strong>de</strong>s représentations composites :<br />

Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’ethnographie (comparaison avec d’autres civilisations) :<br />

• Scènes <strong>de</strong> chasse (cf. Indiens d’Amérique) Trois Frères<br />

• Scènes <strong>de</strong> guerre Hommes blessés, <strong>La</strong>scaux<br />

• Sorciers (cf. Breuil) Gabillou<br />

Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> mythologie et <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong>s religions :<br />

• Chamanes (cf. Clottes) Chamane 1705<br />

• Divinités (cf. Ganesh) Combarelles, Chauvet<br />

• Tabou <strong>de</strong> <strong>la</strong> représentation du corps ou du visage (cf. Is<strong>la</strong>m)<br />

Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art (analyse stylistique, évolution <strong>de</strong>s formes…) :<br />

• Incapacité à représenter le corps humain Marsou<strong>la</strong>s, Rouffignac<br />

• Caricatures Profils<br />

o Les représentations plus réalistes :<br />

• Des portraits ? Malta, <strong>La</strong> Marche<br />

Atelier <strong>de</strong> pratique :<br />

o Mo<strong>de</strong><strong>la</strong>ge<br />

o Gravure sur p<strong>la</strong>que d’argile<br />

Réaliser une production représentant tout ou partie d’un corps humain, en mettant<br />

en évi<strong>de</strong>nce une partie <strong>de</strong> ce corps.<br />

31


"HISTOIRE D'HOMMES"<br />

A partir <strong>de</strong> 4 restitutions humaines proposées dans le cadre <strong>de</strong> l'exposition "Histoire d'Hommes" au prieuré<br />

<strong>de</strong> Montignac, on pourra distinguer ce qui relève <strong>de</strong>s affirmations scientifiques du moment <strong>de</strong> ce qui<br />

appartient plutôt au champ <strong>de</strong> l'imaginaire.<br />

B. CAUDRON, professeur <strong>de</strong>s écoles et M. O’FARELL, archéologue<br />

Cette exposition présente l’évolution <strong>de</strong> l’Homme en partant <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s récentes (Paléolithique supérieur)<br />

pour aller vers les plus anciennes (époque <strong>de</strong> Lucy).<br />

Elle se compose <strong>de</strong> nombreux textes et surtout <strong>de</strong> plusieurs reconstitutions humaines pour moitié locale.<br />

L’intérêt pédagogique <strong>de</strong> cette exposition ne rési<strong>de</strong> pas tant dans l’information portée écrite mais plutôt dans<br />

ces quatre « interprétations très subjectives » <strong>de</strong> nos ancêtres : l’Homme mo<strong>de</strong>rne, l’Homme <strong>de</strong> Néan<strong>de</strong>rtal,<br />

l’Homo erectus et l’Australopithèque (Lucy).<br />

Elle peut s’adapter à tous les niveaux, <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> maternelle aux jeunes <strong>de</strong> lycée et introduire ou clore<br />

<strong>de</strong>s projets établis par les « éducateurs ».<br />

Elle constitue un bon support à une activité <strong>de</strong> découverte et à une approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche scientifique.<br />

Ce<strong>la</strong> dit il est c<strong>la</strong>ir qu’elle ne peut se suffire à elle-même. Certaines notions (abandon, enfouissement,<br />

conservation, fouilles, spécialités scientifiques, …) doivent être abordées afin <strong>de</strong> pouvoir porter une vue<br />

critique sur les éléments présentés.<br />

Il est évi<strong>de</strong>nt ces représentations humaines (et américaines) posent problème et soulèvent <strong>de</strong>s questions.<br />

Quelle est <strong>la</strong> part <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong>s et celle <strong>de</strong> l’imaginaire ?<br />

Les certitu<strong>de</strong>s scientifiques sont celles portées par les témoins archéologiques (<strong>la</strong>mpe à graisse, aiguilles à<br />

coudre, …) et anthropologiques (squelette : forme du crâne, taille).<br />

Le reste relève <strong>la</strong> plupart du temps d’hypothèses basées sur <strong>de</strong>s observations archéologiques, sur <strong>de</strong>s<br />

comparaisons actualistes, voire sur <strong>de</strong> pures spécu<strong>la</strong>tions : utilisation <strong>de</strong>s outils, forme <strong>de</strong>s vêtements,<br />

pilosité, couleur <strong>de</strong> peau, <strong>de</strong>s yeux…<br />

<strong>La</strong> morphologie et surtout les traits <strong>de</strong> visage sont aussi à c<strong>la</strong>sser dans cette catégorie, les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

police scientifique pour <strong>la</strong> reconstitution <strong>de</strong>s masses muscu<strong>la</strong>ires n’étant pas forcément fiable, d’autant plus<br />

les p<strong>la</strong>sticiens y projettent leurs propres représentations culturelles…<br />

32


REPRESENTATION DE LA PREHISTOIRE DANS LA LITTERATURE<br />

POUR LA JEUNESSE<br />

<strong>La</strong> documentation : élément clé du parcours. Présentation d’outils bibliographiques, ai<strong>de</strong>s au choix d’un<br />

documentaire ; réflexion autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation d’une fiche d’analyse pour enfants.<br />

Valérie BALIER, documentaliste et Florence LANDAIS , conférencière nationale<br />

Présentation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux bibliographies analytiques sur <strong>la</strong> préhistoire, jointes au dossier distribué aux<br />

stagiaires :<br />

<strong>la</strong> bibliographie complète conçue et éditée par le musée <strong>de</strong> préhistoire du Nord Pas <strong>de</strong> Ca<strong>la</strong>is ;<br />

les fiches d’analyse <strong>de</strong> documentaires pour <strong>la</strong> jeunesse qui ont plusieurs objectifs :<br />

- ai<strong>de</strong>r les enseignants non-spécialistes <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire à choisir <strong>de</strong>s documents <strong>de</strong> travail,<br />

- ai<strong>de</strong>r les bibliothécaires à orienter leurs achats d’ouvrages,<br />

- ai<strong>de</strong>r les lecteurs néophytes,<br />

- développer <strong>la</strong> lecture du documentaire, moins répandue que <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> fictions.<br />

Au vu <strong>de</strong> ces réalisations, il est c<strong>la</strong>ir qu’il manque au moins <strong>de</strong>ux produits :<br />

Une sélection thématique (vie quotidienne, art, anthropologie…) d’ouvrages en fonction <strong>de</strong> l’âge.<br />

Un modèle <strong>de</strong> fiche d’analyse <strong>de</strong>stiné aux enfants et conçu par eux auquel cet atelier se proposait <strong>de</strong><br />

réfléchir…., et a abouti à une réflexion sur l’intégration d’une démarche documentaire basée sur les<br />

représentations <strong>de</strong>s élèves dans le cadre d’un parcours préhistoire.<br />

Objectifs : s’initier à une démarche documentaire en accompagnant <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> lecture, d’oral,<br />

d’expression écrite, d’esprit critique ; et en enrichissant les connaissances scientifiques et leur construction.<br />

Méthodologie :<br />

Les documentaires jeunesse sur <strong>la</strong> préhistoire comportent certaines inexactitu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s stéréotypes. Pour<br />

que <strong>de</strong>s enfants, pour <strong>la</strong> plupart néophytes, puissent initier une analyse critique <strong>de</strong> ces ouvrages, il faut<br />

intégrer cette démarche dans un parcours culturel, permettant <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration d’un spécialiste.<br />

Cette démarche pourra s’intégrer au début ou au cours du parcours. Un travail sur le thème choisi par <strong>la</strong><br />

c<strong>la</strong>sse (habitat, scène <strong>de</strong> chasse, art, représentation <strong>de</strong> l’homme, représentation <strong>de</strong>s outils, <strong>de</strong>s animaux…),<br />

en col<strong>la</strong>boration avec un scientifique et en liaison avec les représentations initiales <strong>de</strong>s élèves sera donc<br />

complémentaire, soit en préa<strong>la</strong>ble, soit à l’occasion du travail sur les documentaires.<br />

Faut-il faire travailler <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse sur un ou plusieurs livres ? Pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> diversité, <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong> choix,<br />

<strong>de</strong> richesse <strong>de</strong> recherche et d’analyse permettant <strong>la</strong> vérification <strong>de</strong> l’information par <strong>la</strong> mise en réseau, il<br />

semble que plusieurs ouvrages soient préférables.<br />

Analyse du document :<br />

-Travailler par petits groupes, avec plusieurs livres <strong>de</strong> thème(s) comparable(s).<br />

-Faire circuler les livres parmi les groupes qui choisissent ensuite un titre. Les enfants peuvent-ils<br />

expliquer leur choix ?<br />

Retenir quelques critères qui pourront être intégrés à <strong>la</strong> fiche d’analyse.<br />

-A partir du titre du livre, faire réfléchir et argumenter sur les représentations globales <strong>de</strong>s élèves.<br />

- Analyse <strong>de</strong> l’image à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> première <strong>de</strong> couverture et/ou d’une double page illustrant <strong>la</strong><br />

thématique choisie par <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse :<br />

Lecture <strong>de</strong> l’image par <strong>de</strong>scription orale et confrontation <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong> l’enfant et <strong>de</strong><br />

l’auteur/illustrateur du document, <strong>de</strong> manière à contrer immédiatement les erreurs possibles et faire<br />

comprendre que les illustrateurs <strong>de</strong>s ouvrages ont aussi représenté leur propre préhistoire.<br />

<strong>La</strong> comparaison et <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong> vérification <strong>de</strong>s informations apportées par les images peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

une recherche sur l’origine <strong>de</strong> ces images, qui font partie <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’archéologie. Un spécialiste <strong>de</strong><br />

33


cette approche a un rôle à jouer dans <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong> <strong>la</strong> vulgarisation (voir les images du 19 ème<br />

siècle en ligne sur www.pole-prehistoire.com).<br />

Retenir quelques critères qui pourront être intégrés à <strong>la</strong> fiche d’analyse.<br />

Eventuellement, établissement <strong>de</strong> critères d’alerte transposables, comme l’absence <strong>de</strong> photographies (se<br />

servir <strong>de</strong> <strong>la</strong> fiche d’analyse documentaire et <strong>de</strong> sa bibliographie, ainsi que <strong>de</strong> <strong>la</strong> bibliographie d’Arras).<br />

Eventuelle restitution écrite.<br />

- Travail sur <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion image/texte et sur le texte : légen<strong>de</strong>s, chapitres et sous-chapitres, texte<br />

général.<br />

Etudier <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’image par rapport au texte (redondante…).<br />

Favoriser <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion et le repérage par <strong>la</strong> familiarisation avec le péritexte (auteurs, sommaire,<br />

glossaire…) à partir du texte (vérifier si les titres <strong>de</strong>s chapitres correspon<strong>de</strong>nt à leur contenu, s’il existe un<br />

glossaire lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong> termes scientifiques, à quelle partie du sommaire correspond <strong>la</strong> double<br />

page consultée, si ce sommaire est compréhensible sans préa<strong>la</strong>bles, s’il s’agit d’une traduction …).<br />

On peut se baser sur les questions posées dans <strong>la</strong> fiche d’analyse documentaire (adultes) pour lister les<br />

points à étudier.<br />

Retenir quelques critères qui pourront être intégrés à <strong>la</strong> fiche d’analyse.<br />

Eventuellement, établissement <strong>de</strong> critères d’alerte transposables : souligner les erreurs éventuelles<br />

relevées, vocabu<strong>la</strong>ire utilisé en fonction du type <strong>de</strong> texte annoncé (découverte ou approfondissement),<br />

image <strong>de</strong>s connaissances à un moment donné (date d’édition)….<br />

Etablir un parallèle entre les représentations <strong>de</strong>s enfants et celles <strong>de</strong> l’auteur et vali<strong>de</strong>r un choix.<br />

Les critères <strong>de</strong> choix d’un document ont-ils évolués, se sont-ils enrichis, sont-ils transposables à d’autres<br />

thématiques, aux revues ?<br />

Restitutions possibles :<br />

- Fiche listant les critères d’alerte dans <strong>la</strong> lecture d’un documentaire (confusion dans le temps, absence <strong>de</strong><br />

photographies…)<br />

- Constitution d’un « bêtisier <strong>de</strong> <strong>la</strong> préhistoire », un inventaire <strong>de</strong>s stéréotypes.<br />

- Le livre idéal est il possible ou souhaitable ? Débat à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation d’une page sur le thème.<br />

Comparaison <strong>de</strong>s pages produites avec celles <strong>de</strong>s livres étudiés, favorisant une re<strong>la</strong>tivisation du statut<br />

d’auteur.<br />

- Réalisation d’une fiche d’analyse terminale, qui peut s’articuler autour <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> choix.<br />

- Réalisation d’une fiche évolutive, qui permettra <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r trace <strong>de</strong>s représentations successives et <strong>de</strong><br />

vérifier si les représentations initiales ont été mises en cause en fin <strong>de</strong> parcours.<br />

34


POUR FAIRE LE PORTRAIT D’UN OBJET<br />

Serge MAURY (conservateur et archéologue) et Yann MALHACHE (Médiateur du Patrimoine)<br />

Encore aujourd’hui, à l’exception <strong>de</strong> quelques nouvelles muséographies, les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> présentation<br />

<strong>de</strong>s objets archéologiques restent très c<strong>la</strong>ssiques. Amorphes, décontextualisés, privés <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance<br />

dont ils sont porteurs, <strong>de</strong> leur dynamique <strong>de</strong> fabrication et <strong>de</strong> leur mo<strong>de</strong> éventuel d’utilisation, ces objets<br />

n’ont, <strong>de</strong> surcroît, le droit d’être exposés dans une vitrine <strong>de</strong> musée que lorsqu’ils sont représentatifs <strong>de</strong><br />

« leur catégorie». A leurs pieds, <strong>la</strong> lecture d’une épitaphe avec un nom et une date « grattoir sur <strong>la</strong>me<br />

Magdalénien, aux environs <strong>de</strong> 15000 ans » fige leur image <strong>la</strong>isse peu <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce au questionnement.<br />

L’atelier proposé dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation PNR avait pour but <strong>de</strong> casser ce modèle, en<br />

postu<strong>la</strong>nt que l’objet existe uniquement s’il est porteur <strong>de</strong> questionnement. Nous avons tenté <strong>de</strong> montrer<br />

que :<br />

• Bien plus que <strong>la</strong> seule fonction supposée <strong>de</strong> l’objet exposé, l’intérêt <strong>de</strong> celui-ci rési<strong>de</strong><br />

surtout dans ce qu’il peut nous raconter <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> structuration <strong>de</strong> <strong>la</strong> société et <strong>de</strong>s<br />

hommes qui l’ont fabriqué.<br />

• Cette histoire peut être racontée <strong>de</strong> manière différente mais complémentaire selon l’orateur<br />

: scientifiques, techniciens, géologues ou encore par ceux dont le savoir est habituellement<br />

considéré comme «vulgaire» c'est-à-dire le public directement.<br />

• Cette histoire évolue au rythme <strong>de</strong> nouvelles découvertes, <strong>de</strong> nouvelles hypothèses, elle est<br />

ainsi complétée, corrigée, remise en cause en permanence.<br />

C’est aussi <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong> l’objet qui a été abordée : qu’est-il vraiment ? <strong>La</strong><br />

représentation que l’on se fait aujourd’hui d’un burin par exemple, ou un objet fonctionnel différent <strong>de</strong> ce que<br />

l’on imaginait ? Il faut s’abstraire du déterminisme <strong>de</strong> l’objet, mettre <strong>de</strong> coté nos images, nos préjugés,<br />

essayer afin <strong>de</strong> ne négliger aucune piste, d’avoir un regard neuf et distancié.<br />

Nous avons mené pendant <strong>de</strong>ux heures une investigation, afin <strong>de</strong> faire émerger <strong>de</strong>s<br />

problématiques autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> reconstitution <strong>de</strong> l’histoire d’un objet.<br />

Les participants ont choisi dans l’ensemble <strong>de</strong> fac-similés d’objets archéologiques (bifaces,<br />

grattoirs…) proposés, un petit objet rouge d’environ 5 cm et ils l’ont soumis à un interrogatoire en règle.<br />

Nous l’avons <strong>de</strong>ssiné sous toutes ses faces. Nous avons cherché :<br />

à savoir s’il portait à sa surface : <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> fabrication, <strong>de</strong> façonnage et d’usage,<br />

liées à <strong>de</strong>s actions humaines et <strong>de</strong> qualifier mécaniquement et physiquement ces traces.<br />

à déterminer : sa nature ; <strong>la</strong> culture à <strong>la</strong>quelle il pourrait appartenir, donc son âge ;<br />

sa provenance, le pourquoi <strong>de</strong> sa couleur ? Etait- ce un outil ? Si oui était-il<br />

emmanché ? « Il est pointu, a-t-il servi à percer ? » Sa couleur impliquerait-elle un<br />

traitement particulier (thermique ?) ? Ce traitement est il intentionnel ? Si oui pourquoi ? A-til<br />

été appliqué avant ou après son façonnage?..........<br />

Après avoir posé toutes ces questions et bien d’autres, sans évi<strong>de</strong>mment apporter toutes les<br />

réponses nous avons listé les moyens et les ressources que nous avions et/ou qu’il faudrait mettre en œuvre<br />

pour y répondre. Ce questionnement nous a rapproché <strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche « hypothético-déductive » et permis<br />

<strong>de</strong> répertorier une partie du <strong>la</strong>rge éventail <strong>de</strong>s métiers et <strong>de</strong>s spécialités qui interviennent dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

traces du passé.<br />

35


Ainsi à travers ce petit bout <strong>de</strong> matière pourpre, nous avons abordé successivement : <strong>la</strong> géographie,<br />

<strong>la</strong> géologie 1 , <strong>la</strong> pétrographie 2 , <strong>la</strong> tracéologie 3 , <strong>la</strong> technologie 4 et l’archéologie expérimentale. Nous avons<br />

montré comment l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’origine <strong>de</strong>s matières premières lithiques (lithologie) utilisées pour façonner cet<br />

objet nous permettait <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce l’espace parcouru par l’homme, <strong>la</strong> socio économie <strong>de</strong>s<br />

groupes, et l’exploitation du milieu. (Certains types <strong>de</strong> silex, <strong>de</strong> bonne qualité, facilement i<strong>de</strong>ntifiables et<br />

ayant une origine géographique et géologique précise, comme les silex du « Bergeracois » ou « du<br />

Fumelois » ont une diffusion qui recouvre pratiquement <strong>la</strong> totalité du bassin aquitain. Les transports sur <strong>de</strong><br />

longues distances pourraient correspondre, en partie, à <strong>de</strong>s échanges.) Nous avons également évoqués <strong>la</strong><br />

paléontologie avec les microfossiles marins contenus dans le silex, <strong>la</strong> micromorphologie, et sommes rentré<br />

dans le détail <strong>de</strong> sciences très pointues comme les datations par thermoluminescences. Enfin nous avons<br />

fait un crochet par les sciences sociales telles que l’ethnologie et <strong>la</strong> sociologie. En bref nous avons abordé<br />

l’archéologie dans toute sa pluridisciplinarité.<br />

En conclusion même si l’archéologie est absente <strong>de</strong>s programmes sco<strong>la</strong>ires elle reste une véritable<br />

« mine » <strong>de</strong> par son contenu pluridisciplinaire. Elle est un excellent moyen <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s cas concrets et<br />

passionnants pour mener <strong>de</strong>s projets <strong>pédagogiques</strong> transdisciplinaires vivants et dynamiques, adaptés aux<br />

problématiques les plus diverses.<br />

Enfin n’oublions pas que d’ici quelques dizaines d’années, peut être même avant ce petit objet, que<br />

nous avons, grâce à un faisceau convergent d’indices reconnu comme un perçoir, sera peut être, au vue <strong>de</strong><br />

l’avancement <strong>de</strong>s moyens d’analyse, réexaminé, revisité et encore mieux documenté.<br />

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1 Le silex est une roche sédimentaire, formée à l'intérieur du calcaire. Un échantillon <strong>de</strong> silex présente, le<br />

plus souvent, <strong>de</strong>s caractéristiques qui permettent <strong>de</strong> le rattacher à l'étage géologique dans lequel il s'est<br />

formé. <strong>La</strong> carte géologique indique les endroits où affleurent l'étage. On détermine ainsi une aire<br />

géographique à l'intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle les hommes ont pu collecter le silex. Les raisonnements sont conduits<br />

en considérant l'origine <strong>la</strong> plus proche .Une fois l'origine géologique déterminée, l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s<br />

affleurements permet <strong>de</strong> proposer une origine géographique. En croisant ces données avec celles <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

technologie lithique, il est possible <strong>de</strong> déterminer à quels niveaux <strong>de</strong> transformation les objets ont été<br />

introduits dans le gisement : bloc brut, préforme, support, produit<br />

2 Pétrographie Science qui décrit les roches et étudie leurs structures et leur composition<br />

3 L'analyse tracéologique permet <strong>de</strong> préciser <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong>s outils à partir <strong>de</strong>s traces d'usure qu'ils portent,<br />

par comparaison avec <strong>de</strong>s répliques expérimentales dont on connaît précisément l'utilisation.<br />

4 <strong>La</strong> lecture technologique permet <strong>de</strong> reconstituer <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> séquence <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s outils. En<br />

effet, chaque éc<strong>la</strong>t porte, sur <strong>la</strong> face opposée à <strong>la</strong> surface d'éc<strong>la</strong>tement, les traces <strong>de</strong>s enlèvements<br />

précé<strong>de</strong>nts. L'observation <strong>de</strong> chaque éc<strong>la</strong>t permet <strong>de</strong> reconstituer <strong>la</strong> séquence <strong>de</strong>s gestes qui ont précédé<br />

son propre détachement. De proche en proche, il est possible <strong>de</strong> reconstituer les chaînes opératoires <strong>de</strong><br />

production <strong>de</strong>s outil<strong>la</strong>ges et <strong>de</strong> comprendre les métho<strong>de</strong>s é<strong>la</strong>borées par les hommes préhistoriques.<br />

Pour tous renseignements complémentaires concernant l’archéologie et les sciences connexes qui<br />

lui sont liées nous vous invitons à consulter notre site internet : www.perigord.tm.fr ou www.cg24.fr<br />

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