Les Cahiers de l'Observatoire - Observatoire Nivea

24 BEAUTÉS PLURIELLES
évoquées, mannequins (« petits hommes », selon l’étymologie du mot en
néerlandais) : cela n’en fait certes pas de « futurs grands hommes », mais
cela n’en fait pas pour autant de « futures grandes femmes ». En même
temps, la première est étudiante en journalisme : un monde où le journaliste
et son corps sont censés s’effacer derrière la réalité des faits dont ils
rendent compte. Quant à Zhang Zilin, elle est une athlète du sport : un des
lieux par excellence où le corps est fétichisé.
Que savons-nous en outre de la fonction de la « Vénus de Tanabatake » ?
Elle a aujourd’hui une teinte dorée. Elle doit cette teinte à du mica ajouté à de
l’argile au moment de sa fabrication. Mais elle était à l’origine de couleur
noire. Par ailleurs, elle est absolument intacte, hormis ses deux bras. Or la plupart
des statuettes de ce type ont été retrouvées volontairement brisées à
l’emplacement des mains, des jambes ou du cou. Autre question : que peuton
déduire des lignes acérées de sa bouche et de ses yeux ? Elles se
retrouvent bien chez d’autres figurines de la même époque. Et, à l’inverse, on
ne les retrouve pas chez une autre statuette, elle aussi appelée « Vénus du
Jômon », découverte dans le site de Nishinomae (préfecture de Yamagata). Et
pour cause : puisque celle-là est dépourvue de visage. On sait donc peu de
choses sur les « Vénus » antiques japonaises.
« Blanches »…
Sushmita Sen n’est certes pas aussi « blanche » de peau que Zhang Zilin.
Comme on l’a vu, l’une et l’autre ont des mensurations approchantes. La
première Chinoise à devenir Miss Monde est toutefois plus grande que la
première : elle mesure 1 m 86. Elle est plus grande que la moyenne (1 m 69)
des Chinois du Nord, dont elle est originaire. De
même, elle est d’une taille supérieure à celle (1 m
77) de la future héroïne dans le film Biwi No. 1. Et,
En Inde comme
en Chine, la
« blancheur » de
l’épiderme a (...)
été, depuis fort
longtemps, le
critère de
beauté physique
féminine par
excellence.
en effet, elle est nettement plus « blanche » de
peau que ne l’est la future actrice indienne. La
première Indienne à devenir Miss Univers présente
pourtant un teint légèrement hâlé qui est
plus clair que celui de la majorité des Indiens
du Nord-Est dont elle est, par sa famille bengalie,
originaire.
La majorité des Chinois n’ont toutefois pas
(non plus que les Indiens du Nord, et a fortiori du
Sud) la peau « blanche ». En se dirigeant de
Canton au sud vers Pékin au nord, la plupart
ont bien la peau de moins en moins foncée à la
naissance. Mais plus on va des régions de la
façade maritime vers le Xinjiang en direction de
l’Inde du Nord, plus augmente dans la peau la
mélanine, le pigment qui est responsable de la
teinte. Ethnie majoritaire (plus de 90 %) en Chine,
les Hans demeure également une population
agricole (80 % des 700 millions de Chinois restent
économiquement actifs). Or, travaillant dans les
champs en plein air en ayant des parties du
corps découvertes, ils acquièrent ce que l’on
appelle le « bronzage permanent ».
En Inde comme en Chine, la « blancheur » de l’épiderme a enfin été,
depuis fort longtemps, le critère de beauté physique féminine par excellence.
L’un des couples archétypaux mythologiques de la beauté féminine