La subluxation de l'épaule de la personne hémiplégique - Canadian ...

CJOT VOLUME 60 . NO 5
MOTS-CLÉS
Déficiences et incapacités
Hémiplégie
Subluxation gléno-humérale
KEY WORDS
Disabilities and impairments
Hemiplegia
Shoulder subluxation
Marie-José Durand, M.Sc. est
professeur remplacant au programme
d'ergothérapie de l'Université
d'Ottawa, 451 Smith Road, Ottawa,
Ontario, KI H 8M5.
Eli sa beth Dutil, M.Sc. est professeur
titulaire l'école de réadaptation de
l'Université de Montréal et chercheure
au centre de recherche de l'Institut de
réadaptation de Montréal.
MARIE-JOSÉ DURAND ELISABETH DUTIL
La subluxation de l'épaule de la
personne hémiplégique:
Une recension des écrits sur les
déficiences et les incapacités
associées
RÉSUMÉ La subluxation de l'épaule de la personne hémiplégique
est une complication fréquemment rencontrée en réadaptation. L'ergothérapeute
intervient quotidiennement par différentes stratégies pour la prévenir et la
réduire. Jusqu'à récemment la subluxation était surtout considérée comme une
simple complication orthopédique. Depuis quelques années, les recherches se
sOnt diversifiées. La subluxation est étudiée en, fonction d'un ensemble de
variables qui préoccupent l'ergothérapeute telles que la récupération motrice,
la douleur, le statut fonctionnel et la qualité de vie. Afin d'actualiser les
connaissances des clinicien-ne-s ou chercheur-e-s sur cette problématique, une
analyse en profondeur de la littérature a été réalisée.
ABSTRACT Shoulder dislocation is a frequently found complication in
the rehabilitation of persons with hemiplegia. Occupational therapists employ
a variety of daily intervention strategies to prevent or reduce this condition.
Until recently shoulder dislocation was considered a simple orthopaedic
complication, but during the last few years, research into this condition has
become more diversified. Shoulder dislocation has been studied through many
variables which preoccupy occupational therapists, such as regaining movement,
pain, functional status and quality of life. In order to present the current
state of knowledge from both the clinician and reSearcher; thiS paper reviews
the literature dealing with this problem.
DECEMBER 1993 241

La réadaptation de la personne hémiplégique est un
défi pour les ergothérapeutes depuis nombre d'années.
Les interrogations demeurent multiples sur l'efficacité,
la nature et la pertinence des interventions auprès de
cette clientèle. Une des complications post-accident
vasculaire cérébral fréquemment rencontrée est la
subluxation gléno-humérale de l'épaule (Chaco &
Wolf, 1971; De Bats, Bishop, Bardot & Salmon, 1974;
Kotila, Waltimo, Niemi, Laasksonen & Lempinen, 1984).
Face ce problème, l'ergothérapeute investie beaucoup
de temps l'éducation préventive, à. la fabrication
d'orthèses et au positionement (Boyd & Gaylard, 1986;
Roy, 1988). Les études actuelles sur l'efficacité de ces
interventions ne semblent pas laisser poindre de
méthodes radicalement efficientes (Brooke, Lateur,
Diana-Rigby & Questad, 1991; Haynes & Sullivan,
1989; Hurd, Farrell & Waylonis, 1974; Prévost, 1988;
Williams, Taffs & Minuk, 1988). Par ailleurs, étant
donné les contraintes inhérentes la recherche clinique,
il est impensable de ne pas traiter une personne
hémiparésique sous prétexte d'une meilleure
connaissance du processus de développement de la
subluxation. Ce paradoxe entre des interventions
répétées quotidiennement par les ergothérapeutes, le
manque d'efficacité démontrée par les traitements et
l'impossibilité d'utiliser des groupes de témoins, impose
que les clinicien-ne-s soient constamment la
fine pointe des connaissances reliées à. la subluxation
afin d'adapter leur intervention. Traditionnellement,
les recherches portant sur la subluxation étaient surtout
centrées sur l'incidence (Arsenault, Bilodeau, Dutil &
Riley, 1991; Van Langenberghe & Hogan, 1988), le
mécanisme de formation (Smith, Cruikshank, Dunbar
& Akhtar, 1982; Van Ouwenaller, Laplaca & Chantraine,
1986), et les types d'évaluation (Chino, 1981; Prévost,
Arsenault, Dutil & Drouin, 1987b).
Depuis quelques années, les recherches commencent
se diversifier; elles visent maintenant l'étude des
relations avec d'autres variables qui préoccupent de
façon plus marquée l'ergothérapeute. Par exemple, les
relations entre la fonction motrice (Durand, 1991;
Dutil, Arsenault & Drouin, 1986), la douleur (Bohannon
& Andrew, 1990; Van Ouwenaller et coll., 1986), la
proprioception (Arsenault & Dutil, 1991), le profil de
capacités des individus (Durand, 1991; Dutil et coll,
1986) et la subluxation sont de plus en plus explorées.
Cet article a pour but de faire le bilan des connaissances
actuelles sur la subluxation de l'épaule de la personne
hémiplégique afin de favoriser une intervention plus
"éclairée" de l'ergothérapeute confronté fréquemment
cette complication. Après une revision des structures
anatomiques de l'épaule et des principales notions de
base reliées directement la subluxation, le modèle
conceptuel de processus de production des handicaps
(1991) (proposé par la Société Canadienne et le Comité
Québeçois de la Classification Internationale des
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déficiences, incapacités et handicaps (SCCIDIH et
CQCIDIH)) sera utilisé pour regrouper et analyser les
différentes variables associées celle-ci.
Rappel des structures anatomiques
Pour mieux comprendre les mécanismes sous-tendant
le développement de la subluxation, un rappel
anatomique est nécessaire. L'articulation glénohumérale,
de type énarthrose, permet de concilier les
aspects paradoxaux de mobilité et de stabilité articulaire.
En effet, la mobilité et la stabilité sont nécessaires pour
réaliser les activités de la vie quotidienne impliquant le
membre supérieur. Les mouvements de grande amplitude
sont favorisés par une capsule très lâche et mince
ainsi qu'une cavité glénoïde peu profonde (Figure 1).
Cette dernière (J) s'articule avec le tiers de la surface de
la tête humérale ce qui permet une grande mobilité
articulaire. Pour assurer une stabilité l'épaule, une
intégrité des ligaments et des muscles de la coiffe des
rotateurs est nécessaire. Plus particulièrement, le ligament
coraco-huméral (E), le muscle supraspinatus (G)
et la partie postérieure du deltoïde (I) participent
conjointement assurer cette stabilité (Basmajian &
Bazant, 1959; Gaillet, 1980). Le ligament acromiocoracoidien
(F) recouvert par le supraspinatus et par le
deltoïde, forme une arche de protection pour ses
structures lors cles mouvements de l'épaule.
Définition et incidence
La subluxation gléno-humérale est définie comme un
déplacement inférieur, latéral et antérieur de la tête
humérale en rapport avec la cavité glénoïde (Carpenter
& Millard, 1982; De Bats et co11.1974; Griffin, 1986;
Shai, Ring, Costeff & Solzi, 1984 ). L'incidence de la
subluxation gléno-humérale chez la personne
hémiplégique varie entre 17% (Fitzgerald-Finch &
Gibson, 1975) et 81% (Najenson, Yacubovich & Pikielni,
1971). Le tableau 1 présente une analyse comparative
des principales études sur l'incidence de la subluxation.
La grande variabilité peut s'expliquer principalement
par les méthodes diagnostiques de la subluxation et
l'hétérogénéité des échantillons. En effet, bien que
toutes ces études utilisent des méthodes radiologiques
pour identifier sa présence, les critères utilisés pour la
quantifier sont différents ou non définis. Ainsi la
subluxation n'est pas évaluée avec le même degré de
précision, d'où la difficulté comparer les études
existantes entre elles. De plus, l'hétérogénéité des
échantillons de sujets s'explique par plusieurs facteurs:
le degré de tonus musculaire, la sévérité de la paralysie,
la période de récupération spontanée et aussi par les
délais post-accidents vasculaires cérébraux. En somme,
ces deux derniers facteurs de variabilité entre les
études et les différences individuelles propres
l'accident vasculaire cérébral rendent l'étude de la
subluxation très difficile (Jensen, 1980) .

Figure 1
Structures anatomiques de l'articulation
gléno-humérale
Légende:
A: Omoplate; B: Humérus; C: Acromion; D: Apophise
coracoide; E: Ligament caraco-huméral; F: Ligament acromio-
coracoidien; G: Suprapinatus; H: Longue portion du
biceps; I: Deltoide; J: Cavité génoide
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Mécanisme sous-tendant le développement
de la subluxation
Bien que la subluxation chez les personnes
hémiplégiques soit étudiée depuis plus de 20 ans, le
mécanisme qui la cause n'est pas clairement défini.
Plusieurs chercheurs suggèrent que la subluxation se
développe pendant la phase de flaccidité qui suit
l'accident vasculaire cérébral (Chaco & Wolf, 1971; De
Bats et coll., 1974; Fitzgerald-Finch & Gibson, 1975;
Smith et coll.; 1982; Van Ouwenaller et coll., 1986). De
façon générale, le mécanisme est expliqué ainsi:
pendant la période de flaccidité qui suit l'accident
vasculaire cérébral, la musculature péri-articulaire de
l'épaule perd son rôle de coaptateur et de stabilisateur
de l'articulation gléno-humérale. En effet, la capsule
articulaire et les différents ligaments de cette articulation
doivent assurer une force inverse la force de
gravitation du membre pour la maintenir en place. Or,
cette force s'avère la plupart du temps insuffisante et,
sans l'aide d'activité musculaire pour maintenir un bon
alignement gléno-humérale, la tête humérale peut
effectuer une chute vers le bas. Deux études appuient
cette explication de mécanisme en trouvant une relation
significative entre la présence de la subluxation et
l'absence d'activité musculaire au membre supérieur
(Chaco & Wolf, 1971; Miglietta, Lewitan & Rogoff,
1959).
Basmajian et Bazant (1959) proposent une explication
différente. Ces auteurs présument que chez un
individu normal, la subluxation est prévenue par un
mécanisme de blocage qui résulte de la position de la
scapula en rotation latérale, ainsi que par de la tension
de la partie supérieure de la capsule articulaire et du
ligament coraco-huméral et par de l'activité du muscle
supraspinatus. Lors de la phase de flaccidité, il y a un
changement d'orientation de la scapula, celle-ci se
situe en rotation médiale donc en résulte une perte de
blocage et une chute de la tête humérale. Gaillet (1980)
abonde dans le même sens et spécifie qu'en plus de la
perte du mécanisme de blocage décrit précédemment,
la position de la scapula pourrait être aussi associée
la présence de spasticité dans les muscles suivants:
latissimus dorsi, rhomboideus et levator scapulae. En
ergothérapie, ce modèle est fréquemment adopté
comme explicatif de la subluxation, mais aussi comme
base théorique de planification de traitement. Par
exemple, Bobath (1990) dont l'approche
neurodévelopementale est fort répandue dans les
milieux cliniques au Canada, fonde en partie son
modèle d'intervention sur la perte de la rotation
latérale de la scapula. Toutefois, une étude auprès de
50 sujets hémiplégiques, démontre que la scapula est
en rotation médiale du côté non-atteint ainsi que du
coté atteint, mais de façon moins marquée (Prévost,
Arsenault, Dutil & Drouin, 1987a). Ainsi, les résultats
DECEMBER 1993 243

obtenus a l'hémicorps non-atteint qui sont associés a
l'individu normal ne corroborent pas le modèle de
Basmajian et Bazant (1959) et de Caillet (1980).
D'autres causes identifiées comme étant des agents
"provocateurs" de la subluxation de l'épaule pendant
la période de flaccidité se rapportent aux manipulations
et aux interventions de réadaptation. En effet,
Smith et coll. (1982) reconnaissent trois causes
particulières soit: 1) les mobilisations inadéquates lors
de traitement de physiothérapie; 2) le positionnement
incorrect au lit; 3) l'absence de support l'épaule
flasque lorsque l'individu se déplace ou se transfère.
Jensen (1980) note que les différents intervenants en
milieux hospitaliers sont des agents potentiels
"d'endommagement" de l'épaule hémiplégique, et ce,
lors des activités cle la vie quotidienne (par exemple
lors de l'habillement ou de l'hygiène au bain). De plus,
il constate que certaines interventions de réadaptation
(visant la prévention de la détérioration des structures
et les pertes de mobilité articulaire) sont trop agressives
et peuvent provoquer cies blessures et cles séquelles à
l'épaule atteinte. Plus précisément, Basmajian et
Bazant (1959) ainsi que Gaillet (1980) se basent sur leur
modèle spéculatif de formation cle la subluxation, pour
mentionner que le problème peut se développer
lorsque l'épaule est passivement mobilisée clans de
grandes amplitudes d'abduction sans rotation externe.
Ils prennent pour acquis que la scapula est en rotation
médiale, ce qui enlève le mécanisme cle blocage de
l'épaule.
Apparition et évolution
Bien que plusieurs auteurs (De Bats et coll., 1974;
Miglietta et coll., 1959) présument de l'apparition de la
subluxation très tôt dans la période de flaccidité, seule
l'étude de Smith et coll. (1982) tente d'identifier la
période d'apparition de ce phénomène. Dans cette
recherche portant stir 110 sujets hémiplégiques, des
radiographies des épaules sont prises 24 heures suite
a l'admission de la personne et répétées par la suite a
un, deux, trois, six et 12 mois. De cet échantillon, 79
sujets sont admis 48 heures après l'accident vasculaire
cérébral, 29 sujets le jour même et deux sujets seulement
après 14 jours post-accident. Parmi les personnes
ayant développé une subluxation lors de la première
année, 72,5% d'entre elles sont détectées grâce a la
radiographie initiale tandis que seulement 27,5% sont
identifiées par la suite. Ainsi, la subluxation de l'épaule
semble se produire a l'intérieur de 48 à 72 heures après
l'accident vasculaire cérébral dans une très forte proportion
de la population de cette étude. Une des limites
de cette recherche est l'absence d'évaluation de la
fidélité inter-juge pour l'identification sur les
radiographies de la subluxation
L'évolution de la subluxation dans le temps est peu
documentée. Une étude longitudinale a été faite a
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Montréal (Arsenault & Dutil, 1991) en utilisant des
mesures radiologiques de l'épaule répétées pendant la
période de réadaptation (trois a six mois post-accident
vasculaire cérébral). Les résultats démontrent que la
subluxation persiste dans le temps chez les sujets
subluxés, et ce, même avec un programme intensif de
réadaptation et qu'elle ne se développe pas de façon
significative chez les sujets non-subluxés. Les résultats
d'une -autre étude (Durand, 1991), comprenant 12 cles
sujets de la précédente recherche et réalisée après une
période moyenne cle 20 MoiS post-accident vasculaire
cérébral, appuient précédente conclusion. Ces
recherches corroborent indireetement les conclusions
cle Smith et coll. (1982). En ce sens que la subluxation
semble apparaître très tôt cheZ les: sujets, mais qu'elle
ne se développe pas cle façon marquée par la suite.
Chaco & Wolf (1971) vont clans le même sens, car ils
démontrent que chez six sujets hémiplégiques ayant
une subluxation trois semaines après l'accident
vasculaire cérébral, la subluxation demeure présente
chez tous les sujets huit semaines après l'accident, et
cc, malgré l'apparition d'activité musculaire chez deux
des huit sujets. Les auteurs suggèrent que la subluxation
est un phénomène persistant. Toutefois, il faut retenir
que ces résultats ne cloctimentent que les huit premières
semaines après l'accident cérébro-vaSctilaire; l'évolution
et le développement de la subluxation par la suite sont
inconnus. La persistance cle subluxation est expliqué
par Miglietta et coll. (1959): ainsi: elle est la résultante
de l'altération des structures musculaires et capsulaires
causée par l'étirement excessif lors de la période de
flaccidité lorsque le bras n'est pas supporté. De Bats
et coll (1974) conçoivent l'évolution de la subluxation
de façon légèrement différente: bien qu'ils croient eux
aussi que la subluxation ne semble pas pouvoir se
réduire spontanément et complètement, ils décrivent
toutefois une phase de régression partielle caractérisée
par une remontée de la :tête humérale sous l'effet de la
contraction du muscle deltoïde.
En résumé, le contenu de la littérature actuelle
semble adopter l'hypothèse que la subluxation s'établit
très rapidement après l'accident vasculaire cérébral
pendant la période de flaccidité. Elle est considérée
comme un phénomène persistant, et ce, grâce des
études portant sur une période documentée entre six
et 20 mois. Toutefois, bien que la persistance de la
subluxation revêt des implications cliniques importantes,
il faut être prudent avant d'initier de nouvelles formes
de traitements basés sur cette hypothèse puisque le
nombre de recherches est encore restreint.
Evaluation
En ce qui concerne l'évaluation de la subluxation de
l'épaule chez la personne hémiplégique, deux grandes
approches pour la quantifier sont retrouvées dans la
littérature. La première concerne une approche clinique

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Tableau 1.
Analyse comparative des principales études radiologiques portant sur l'incidence de la subluxation de
l'épaule de la personne hémiplégique.
Auteurs et année
Miglietta et coll. 50
(1959)
Najenson et coll. 32
(1971)
Fitzgerald-Finch et Gibson 100
(1975)
Smith et coll. 110
(1982)
Shai et coll. 33
(1984)
Ring et coll. 24
(1985)
Nombre
% avec Méthodes diaynostiques de la subluxation
de sujets suloluxation
(éche le de mesure)
28% La subluxation est mesurée en millimètres critère
et repère non-définis.
81% Les radiographies sont classifiées selon les grades
suivants: Grade 1: Tête hun-iérale plus basse que
"normal" mais demeure en contact avec la cavité
glénoïde. Grade 2: Tête humérale a un contact
minimal ou aucun avec la cavité glénoïde.
17% Critère et repère non-définis.
50% Les radiographies sont classifiées selon les grades
suivants: Grade 1: Normale ou perte du
parallélisme entre la cavité glénoïde et la surface
articulaire de la tête humérale; Grade 2:
Subluxation modérée Grade 3 : Subluxation sévère.
37 5% Les radiographies sont classifiées selon les grades
suivants: Grade 1: normale; Grade 2: Signe en
"V" *; Grade 3: Subluxation.
42% Les radiographies sont classifiées selon les grades
suivants: Grade 1 normale; Grade 2: Signe en
"V".; Grade 3: Subluxation légère Grade 4:
Subluxation sévère.
Van Ouwenaller et coll. 219 50% Critère et repère non-définis
(1986)
Van Langenberghe et coll. 48 54 5% Les radiographies sont classifiées selon les grades
(1988) suivants: Grade 0: Normale; Grade 1: Signe en
"V"; Grade 2: Subluxation modérée; Grade 3.
Subluxation sévère; Grade 4: Dislocation.
Arsenault e coll. 40 47 5% La subluxation est présente s existe une diffé-
(1991) rence de 1 cm. entre les mesures l'épaule saine et
celles de l'épaule atteinte. Les repères sont la
distance entre l'apex de la tête humérale et le bord
inférieur de la cavité glénoïde.
*Signe en "V": Lorsque toute la surface de la cavité glénoïde est opposée la tête humérale mais, l'espace intra-
articulaire est plus grand au sommet qu'el la partie inférieure. Cette position suggère la forme d'un "V".
quotidiennement utilisée dans les milieux de
réadaptation. L'évaluation se réalise soit par palpation
(Chino, 1981; Miglietta et coll., 1959)(M encore a l'aide
cle mesures anthropométriques (De Bats et coll., 1974,
Haynes & Sullivan, 1989). La seconde approche se
base sur une mesure radiologique de l'épaule. D'ailleurs,
plusieurs techniques radiologiques se sont développées
au cours des années. Les principales différences entre
elles se rapportent surtout au niveau du positionnement
du sujet, du choix des repères anatomiques et de la
méthode choisie pour quantifier la subluxation (Poppen
& Walker, 1976; Prévost et coll., 19871); Smith et coll.,
1982). A ce propos, une étude compare le niveau cle
précision de l'approche clinique (palpation et,
DECEMBER 1993 . 245

anthropométrique) et celui de quatre techniques
radiologiques pour mesurer la subluxation de l'épaule
chez la personne hémiplégique (Prévost et coll., 1987b).
Les auteurs concluent que les deux approches possèdent
un degré acceptable d'appréciation du problème, mais
qu'une mesure radiologique demeure supérieure en
terme de précision pour des fins de recherches cliniques.
Traitement
Selon Roy (1988), il existe trois catégories d'intervention
pour réduire ou diminuer la subluxation. La plus
courante consiste fournir au membre supérieur
atteint un support pour contrer la force de gravitation.
Ce support est généralement une orthèse ou encore un
positionnement fixé sur une surface, telle qu'une
gouttière placée sur une table de fauteuil roulant. Il
existe une gamme variée d'orthèses et de
positionnements (Roy, 1988). Une enquête canadienne
(Boyd & Gayllard, 1986) révèle que 95% des intervenants
(ergothérapeutes et physiothérapeutes) auprès d'une
clientèle hémiplégique, utilisent une forme quelconque
de support . Quelques études ( Brooke et coll, 1991;
Hurd et coll., 1974; Prévost, 1988; Williams et coll.,
1988) tentent de vérifier l'efficacité de certaines orthèses
et de positionnements en utilisant des radiographies
pour mesurer la réduction de la subluxation. Les
résultats sont variés et jusqu'à maintenant aucun support
n'est identifié comme étant une intervention
efficace pouvant réduire de façon irréversible la
subluxation. Par ailleurs, l'utilisation des supports
demeure controversée. En effet, des auteurs
s'interrogent si leur utilisation affecte l'image corporelle
(Najenson et coll., 1971), perturbe l'équilibre pendant
la marche, favorise une rotation interne de l'épaule
(Sodring, 1980) ou encore contribue au développement
de la subluxation (Prévost, 1988). Une alternative peu
répandue, qui peut être classée parmi les supports, est
le "strapping" (Tenette & Collignon, 1986). Les
principaux avantages de cette technique sont qu'elle
offre une grande stabilité et un meilleur contrôle de
l'alignement des surfaces articulaires. En effet,
généralement le "strapping" est appliqué sur
l'articulation pour un port d'une durée de plusieurs
jours consécutifs. Cette technique n'est donc pas
influençée par des facteurs extérieurs (mauvaise disposition
de l'orthèse par le client ou encore cessation
du port). Toutefois, lors des essais cliniques réalisés
jusqu'à présent, beaucoup de réactions cutanées
allergiques sont observées. De plus, jusqu'à. maintenant
aucune étude sur la validation de cette approche avec
une clientèle de personnes hémiplégiques n'a été
publiée.
Une deuxième avenue de traitement est la stimulation
électrique de la portion postérieure du deltoïde et
du supraspinatus (Baker & Parker, 1986). Jusqu'à
246 . DÉCEMBRE 1993
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maintenant, il semble que cette technique démontre
une certaine efficacité pour réduire la subluxation
après quelques semaines. Toutefois, cette intervention
ne peut être faite qu'a court terme, parce qu'un usage
long terme peut provoquer des effets secondaires
(exemple: irritation cutanée). De plus, cette technique
demeure difficile appliquer de façon autonome pour
une personne hémiplégique (Baker & Parker, 1986;
Roy, 1988). La rétroaction biologique est la dernière
catégorie d'intervention retrouvée pour réduire la
subluxation (Basmajian, 1989). Il existe peu d'études
l'heure actuelle qui documentent cette technique en
relation avec la subluxation consécutive un accident
vasculaire cérébral. De plus, elle demeure encore peu
répandue dans la pratique quotidienne de réadaptation
(Griffin, 1986).
Variables associées
Tel que mentionné précédemment, les recherches au
cours des dernières années se diversifient et mettent en
lumière des relations entre la subluxation de l'épaule
et certaines variables d'intérêt pour l'ergothérapeute.
Le tableau 2 rapporte l'ensemble des variables étudiées.
Le modèle conceptuel de la SCCIDIH et du CQCIDIH
(1991) est utilisé pour regrouper les variables selon
leur nature l'exception de celles de type descriptives.
Les trois concepts mentionnés au tableau sont définis
de la façon suivante. La déficience est une perte de
substance ou une altération d'une fonction ou d'une
structure psychologique, physiologique ou anatomique.
L'incapacité est une réduction (résultant d'une
déficience) partielle ou totale de la capacité d'accomplir
une activité d'une façon, ou dans les limites considérées
comme normales pour un être humain. Finalement, la
situation de handicap est une perturbation pour une
personne dans la réalisation d'habitudes de vie compte
tenu de l'âge, du sexe, de l'identité socio-culturelle,
résultant d'une part, de déficiences ou incapacités et,
d'autre part, d'obstacles découlant de facteurs
environnementaux. Les études se rapportant chaque
concepts sont résumées dans le texte qui suit.
Variables descriptives: Age, sexe des individus et
côté atteint
D'abord, des recherches (Miglietta et coll., 1959; Smith
et coll., 1982; Ring, Leillen, Server, Luz & Solzi, 1985)
tentent de tracer un profil de la personne hémiplégique
subluxée en fonction de caractéristiques personnelles
et médicale. L'influence de l'âge est controversée:
deux études réfutent cette variable (Miglietta et coll.,
1959; Smith et coll., 1982) tandis qu'une autre l'associe
fortement la présence de la subluxation (Ring et coll.
1985). Les résultats de l'étude de Smith et coll. (1982)
établissent qu'il n'y a pas de relations significatives
entre le sexe des individus, le côté de l'atteinte et la
subluxation.

Subluxation
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Tableau 2
Résumé des variables associées la subluxation de l'épaule de la personne hémiplégique et
analysées et l'aide du modèle conceptuel de processus de production des handicaps
(Réseau International CIDIH, 1991).
DÉFICIENCES
Les études sur les déficiences associées la subluxation
sont variées. Elles portent sur les relations entre la
subluxation de l'épaule et la composante sensorimotrice,
la lésion du plexus brachial, la déchirure de
la coiffe des rotateurs et finalement la douleur.
Déficience motrice: Composante sensori-motrice
Quelques recherches (Miglietta et coll.,1959; De Bats et
coll.,1974; Smith et coll. ,1982; Dutil et coll., 1986;
Durand,1991; Arsenault & Dutil, 1991) explorent les
composantes sensori-motrices des personnes
hémiplégiques présentant une subluxation. Bien qu'il
semble émerger un consensus entre les résultats, les
études sont hétérogènes. D'abord, Miglietta et coll.
(1959) soulèvent qu'il doit exister une relation entre les
amplitudes de mouvements actifs au membre supérieur
atteint et la présence de la subluxation. Toutefois, ils
ne documentent nullement la méthode d'analyse des
données, ce qui contribue les rendre difficiles
interpréter. De Bats et coll. (1974) affirment que les
performances motrices chez les personnes
hémiplégiques subluxées sont plus perturbées que
chez les individus non-subluxés. Ils postulent que la
récupération des mouvements dans l'articulation
Variables descriptives
Ag e
Sexe
Déficiences
Côté atteint
Composante sensori-motrice
Lésion du plexus brachial
Déchirure de la coiffe des ratateurs
Douleur
Incapacités
Statut fonctionnel
Activités de la vie domestique et de loisir
Situation de handicap
Qualité de vie
scapulo-humérale est plus lente et aléatoire, car la
subluxation de l'articulation ajoute des troubles
mécaniques aux troubles moteurs centraux. De plus,
la préhension chez la personne hémiplégique subluxée
paraît plus ardue parce qu'il n'arrive pas stabiliser son
articulation pour prendre l'objet. Malheureusement,
ces auteurs n'appuient pas leurs hypothèses sur des
données.
Pour leur part Smith et coll. (1982), démontrent qu'il
y a une relation significative entre le degré de paralysie,
mesuré par le "Medical Council Scale" et la présence
de la subluxation pour un échantillon de 96 sujets
hémiplégiques. Les travaux de Dutil et coll. (1986) et
de Durand (1991) portant sur le profil sensori-moteur
de la personne hémiplégique établissent une relation
significative et inverse entre la subluxation et la
récupération motrice au membre supérieur. Dans ces
recherches, la récupération motrice est mesurée par
l'évaluation de Fugl-Meyer (Fugl-Meyer, Jaasko, Leyman,
Olsson & Steglind, 1975). L'analyse des sous-items de
l'index révèle que la différence entre la fonction
motrice des personnes hémiplégiques subluxées et
non-subluxées est principalement située au niveau de
la main (p

de subluxation, n'ont aucun mouvement a la main
tandis que les autres 71% des non-subluxés peuvent
amorcer ou faire les mouvements dans les amplitudes
les plus complètes. Par ailleurs, suite des analyses de
regression multiple, il apparait que la fonction sensorielle
(sens de position et toucher léger) et que la présence
de la subluxation sont deux facteurs explicatifs de la
récupération motrice (R 0.39, p

coll., 1971), sa perception et les réactions des individus
(Dutil et coll., 1989). Il est aussi possible de l'étudier
selon son association avec les activités fonctionnelles
(Caciwell, Wilson & Braun, 1976). Toujours selon
Bruton (1985), certaines évaluations de la douleur ne
doivent pas être utilisées avec les personnes
hémiplégiques tandis que d'autres: doivent être
modifiées avant d'être administrées A:cette clientèle. A
la lumière des résultats actuels, la relation entre la
subluxation et la douleur est loin d'être élucidée. Roy
(1988) dans sa recension: des écrits sur Eépaule
douloureuse de la personne hémiplégique, estime que
les preuves que la subluxation cause ou accompagne
la douleur vont :toujours être évasives. En effet,
plusieurs auteurs décrivent le syndrome douloureux
l'épaule comme une résultante non pas d'un seul
agent, ni d'un ensemble d'agents isolés, mais bien par
une explication multifactorielle (Bruton, 1985; Griffin,
1986;: Roy, 1988). De façon générale, Bruton (1985)
considère que les recherches actuelles comprennent
trop peu de données expérimentales' pour statuer sur
la relation entre la subluxation et la douleur.
Jusqu'à récemment, les relations entre la présence
de la sUbluxation ét lesperturbations des capacités des
personnes hémiplégiques avaient:été peu considérées.
Dans l'ensemble des capacités d'un individu, seules les
relations avec le statut fonctionnel, les 2tctivités de la
vie domestique et les loisirs sont documentées.
INCAPACITES
Incapacités concernant les soins corporels Statut
fonctionnel
Les interventions en ergothérapie clans les premiers
mois après l'accident cérébro-vasculaire se centrent
stir l'optimisation clu statut fonctionnel de l'individu.
C'est donc dire toute l'importance de la relation entre
la subluxation et le statut fonctionnel. Ce dernier est
généralement défini comme le niveau d'indépendance
lors des activités de la vie quotidienne. L'hygiène,
l'habillement, l'alimentation et la mobilité sont les
activités généralement considérées pour évaluer le
statut fonctionnel (Anderson et coll., 1979; Bishop,
Epstein, Keitner, Miller & Srinivasan, 1986; Granger,
Greer, Liset, Coulombe & O'Brien, 1975; Labi, Phillips
& Gresham, 1980; Lehmann, DeLateur, Fowler, Warren,
Arnhold & Schertzer, 1975; Moskowitz, Lithbicly &
Freitag, 1972; Sunciet, Finset & Reinvang, 1988). Le
concept de mobilité correspond habituellement aux
capacités de l'individu A se transférer, A se propulser en
fauteuil roulant ou A marcher.
Récemment, une étude pilote (Duranc1,1991)
rapporte qu'il n'y a pas de différence significative entre
le statut fonctionnel (soins personnels et mobilité)
entre un groupe de personnes hémiplégiques subluxées
et non-subluxées vivant A domicile. Selon l'auteur,
CJOT VOLUME 60 . NO 5
cette homogéniété peut être expliquée par l'utilisation
de l'index de Barthel comme mesure du statut
fonctionnel et également par le type d'hébergement et
de situation de vie. En effet, la majorité des taches
contenues dans l'index peuvent s'effectuer de façon
unilatérale en utilisant des méthodes appropriées
(Filliatrault, Arsenault, Dutil & Bourbonnais, 1991;
Pedretti & Zoltan, 1990; Wade, Skilbeck & Langton
Hewer, 1983). Ces résultats suggèrent que le but
primaire de l'ergothérapeute, l'autonomie du client
dans les soins personnels, est globalement atteint. Par
contre, bien que le score global A l'index soit peu
affecté, l'analyse détaillée des sous-items de l'index
révèle que les personnes subluxées semblent demander
plus d'assistance que les non-subluxées, et ce,
dans les taches qui requiert une participation des deux
membres supérieurs: l'alimentation, l'hygiène au bain
et l'habillement (Durand, 1991). Le type d'hébergement
et la situation de vie des sujets de cette étude, vivant
A domicile avec enfants ou conjoints, semblent être un
autre facteur déterminant d'un score élevé A l'index de
Barthel selon certaines recherches (De Jong &
Branch,1982; Granger, Hamilton, Gresham & Kramer,
1989). Ainsi, étudier cies personnes hémiplégiques
vivant A domicile peut être considéré comme un
facteur confondant lors de l'évaluation (lu statut
fonctionnel.
Incapacités dans les activités de la vie domestique
et de loisir
La reprise cles activités de la vie domestique et de loisir
est également une facette importante de la réadaptation
des personnes hémiplég,iques. Or, une setile étude
pilote s'est attardée A l'association entre la subluxation
et des activités journalières plus complexes, soit les
travaux ménagers et la participation A des loisirs
( Durand, 1991). Les résultats suggèrent que les
personnes hémiplégiques subluxées participent de
l'acon beaucoup moindre que les non-subluxées A ces
activités. Toutefois, cette différence observée entre les
deux groupes est également influencée par un ensemble
cle variables telles que l'identité sexuelle des
individus pour la reprise des trava LI x ménagers
(Gresh2tm, Fitzpatrick, Wolf, McNamara, Kannel &
Dawber, 1975), rage et le statut social pour les loisirs
(Fugl-Meyer & Jaasko, 1980; Morgan & Jongbloed,
1990). Étant donne l'association existante entre la
subluxation de l'épaule et la fonction motrice, il est
acceptable cle croire que les personnes hémiplégiques
subluxées réussissent A compenser dans leurs soins
personnels, mais qu'elles éprouvent de la difficulté
clans les activités bilatérales. Par conséquent, l'ensemble
des résultats suggèrent que la présence cle la subluxation
n'entrave pas la maîtrise d'un environnement limité,
mais qu'elle restreint les interactions clans LID milieu
plus élargi (exemple: sortir de la maison ).
DECEMBER1993.249

Situation de handicap: Qualité de vie
Finalement, tout l'impact des relations entre la
subluxation et certaines déficiences ou incapacités se
traduisent dans la notion de situation de handicap
(perturbation dans la réalisation d'habitudes de vie). Le
concept rapporté sous cette rubrique est la qualité de
la vie des individus. Définir et mesurer la qualité de vie
des clients remonte; selon Spitzer (1986), des études
datant de 1975. Ilexiste seulement quelques recherches
qui ont traité de la qualité de vie des personnes
hémiplégiques (Ahlsio, Britton, Murray & Theore11,1984;
Niemi, Laaksonen, Kotila & Waltimo, 1988; Viitanen &
Fugl-Meyer, 1988). La majorité d'entre elles la définisse
comme étant "la perception du bien-être" et "la satisfaction
face la vie" de l'individu. A cette définition
générale se greffe, selon les auteurs, la satisfaction
dans les loisirs, la sexualité et le mariage (Viitanen &
Fugl-Meyer, 1988) ou encore le retour aux activités
la maison et la reprise des relations interpersonnelles
l'intérieur et l'extérieur de la famille (Niemi et coll.,
1988). Malgré la divergence des définitions et
l'hétérogénéité des outils de mesure, les résultats vont
tous dans le même sens; ils montrent une diminution
de la qualité de vie dans une proportion variant de 61%
(Ahlsio et coll., 1984; Viitanen & Fugl-Meyer, 1988)
83% (Nierni et coll., 1988) des échantillons des personnes
évaluées. Seule l'étude de Durand (1991) a examiné,
l'aide de l'index de qualité de vie de Spitzer (1987),
l'association entre la subluxation et la qualité de vie des
personnes hémiplégiques vivant domicile. Cet index
mesure cinq concepts: activité (investissement clans
une occupation), activité de la vie quotidienne, santé
(perception du client), support (support cle la famille
et ou des amis) et attitude face la vie (Spitzer, Dobson,
Hall, Chesterman, Levi, Shepherd, Battista & Catchlove,
1981). Les résultats semblent démontrer qu'il existe
une relation statistiquement significative entre la
présence de la subluxation et une détérioration de la
qualité de vie. Ces résultats ne sont pas très surprenants;
40% du score total de l'index de qualité de vie est
attribué la pratique d'activités présentant un niveau
élevé d'intégration d'habiletés variées. Ces conclusions
renforcent l'hypothèse précédemment formulée;
la présence de la subluxation pourrait être un facteur
qui pertube les activiiés journalières complexes et
conséquemment affecte la qualité de vie de ces individus
long terme. Bien que la littérature révèle que
généralement la qualité de vie suite un accident
vasculaire cérébral est diminuée, la subluxation peut
par son association avec la fonction motrice être un
facteur supplémentaire qui contribue la détériorer.
CONCLUSION
L'analyse globale de cette recension des écrits faite en
fonction de la classification internationale des handi-
250 . DÉCEMBRE 1993
CJOT . VOLUME 60 * NO 5
caps, permet de constater que l'orientation majeure
des études sur la subluxation de la personne
hémiplégique s'est surtout centrée sur les déficiences.
L'étude des incapacités et des situations d'handicaps
associées a. la présence de la subluxation est récente,
mais elle laisse émerger un nouveau questionnement.
S'il existe un profil occupationnel et une dégradation
de la qualité de vie a. long terme pour la personne
hémiplégique subluxée, l'ergothérapeute se doit
d'ajuster ces traitements en conséquence. En effet, si la
présence de la subluxation par son association avec la
fonction sensori-motrice perturbe les interactions de
l'individu avec son environnement humain et nonhumain,
le milieu clinique doit être en mesure d'offrir
une inteivention plus adaptée, donc différente, aux
personnes hémiplégiques subluxées. Par conséquent,
l'ergothérapeute doit agir d'une part, de façon plus
agressive sur l'apprentissage de stratégies de compensations
et d'autre part, se centrer sur l'amenuisement
des situations d'handicap (personnels et sociaux) en
travaillant de façon plus étroite avec le réseau social du
client et les ressources du milieu.
Étant donné que la subluxation semble apparaître
très tôt et ne pas se résorber de façon significative dans
le temps, sa présence devrait être perçue comme un
indicateur de capacités perturbant les habitudes de vie
de la personne plutôt qu'une simple complication
orthopédique. Les recherches devraient être poursuivies
afin de tracer un profil plus précis de la personne
hémiplégique subluxée tant au niveau des incapacités
que des situations de handicap. Ceci permettera
d'améliorer les interventions et de développer de
nouvelles stratégies de traitement afin de favoriser une
meilleure qualité de vie de cette clientèle.
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