Lien de téléchargement de secours - Emergences
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L'Espace Pimprenelle ou la recherche<br />
d'éléments <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
<strong>de</strong>s familles <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP<br />
Timetis<br />
l’égalité<br />
hommes/femmes<br />
dans la vie personnelle<br />
et professionnelle
sommaire<br />
Introduction<br />
1 Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
familiaux, un enjeux <strong>de</strong> société 4<br />
2 Etat <strong>de</strong>s lieux : temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents,<br />
<strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> tensions 8<br />
2.1 Les temps <strong>de</strong>s parents 9<br />
a- L’évolution <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s salarié(e)s 9<br />
b- L’émergence du temps parental 13<br />
c- Les temps <strong>de</strong>s mères actives 15<br />
2.2 Les temps <strong>de</strong>s enfants 17<br />
a- Le temps scolaire 18<br />
b- Le temps physiologique 19<br />
c- Le temps “libre” 20<br />
d- Le temps <strong>de</strong> travail vu par les enfants 21<br />
2.3 La recherche <strong>de</strong> solutions <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s familles 22<br />
a- L’Europe et la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux 23<br />
b- Les solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> pour les enfants non scolarisés 26<br />
c- Le temps partiel 29<br />
d- La réduction collective du temps <strong>de</strong> travail 30<br />
3 L’espace pimprenelle comme element <strong>de</strong> conciliation<br />
<strong>de</strong>s temps familiaux 32<br />
3.1 La question <strong>de</strong>s temps à la RATP 33<br />
a- Les missions <strong>de</strong> l’entreprise 33<br />
b- Les agents <strong>de</strong> la RATP et leur temps <strong>de</strong> travail 35<br />
c- Le temps <strong>de</strong>s salariées <strong>de</strong> la RATP 39<br />
d- Les structures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> alternatives offertes au personnel 40<br />
3.2 Aux origines <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle 44<br />
a- Les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> utilisés pour les enfants non scolarisés <strong>de</strong>s agents 44<br />
b- Les frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP 47<br />
c- La position <strong>de</strong>s partenaires sociaux 50<br />
3.3 Fonctionnement <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle 51<br />
a- Les missions <strong>de</strong> Pimprenelle 51<br />
b- Bilan <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle 53<br />
c- D’autres pistes <strong>de</strong> réflexions <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle 56<br />
3.4 La conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux : <strong>de</strong>s questions collectives<br />
qui <strong>de</strong>meurent 58<br />
a- L’accueil <strong>de</strong>s enfants 58<br />
b- La flexibilité <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong>s agents 58<br />
c- Les missions <strong>de</strong> service public 59<br />
Conclusion 60<br />
Références 61
introduction<br />
Si la question <strong>de</strong> la conciliation<br />
<strong>de</strong>s temps sociaux est<br />
traditionnellement examinée au<br />
regard <strong>de</strong> la répartition du temps<br />
<strong>de</strong>s femmes entre sphères privée<br />
et professionnelle ou encore par<br />
ce que l’on nomme aujourd’hui<br />
le temps <strong>de</strong>s villes, cette étu<strong>de</strong><br />
du projet européen TIMETIS<br />
propose d’envisager la<br />
problématique sous l’angle <strong>de</strong>s<br />
équilibres entre temps familial<br />
et temps professionnel.<br />
2<br />
Dans ce cadre, l’Espace Pimprenelle, créé en<br />
1998 par la Régie autonome <strong>de</strong>s transports<br />
parisiens (RATP), tire son existence d’une<br />
réflexion tripartite <strong>de</strong>s élus du comité d’entreprise<br />
et plus particulièrement <strong>de</strong> la commission<br />
“Femmes et jeunes”, <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
organisations syndicales et <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong><br />
l’entreprise.<br />
Côté Régie, la logique <strong>de</strong>s temps est appréhendée<br />
d’une part, eu égard à un phénomène<br />
<strong>de</strong> dérégulation globale <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail<br />
<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s qui crée <strong>de</strong> nouveaux<br />
besoins en matière <strong>de</strong> transports collectifs,<br />
et d’autre part dans le cadre d’une mission<br />
dite <strong>de</strong> service public qui, à l’instar <strong>de</strong>s hôpitaux,<br />
inscrit les temps <strong>de</strong> travail dans une optique<br />
dite d’intérêt général. L’ensemble aboutit à<br />
une configuration <strong>de</strong>s horaires, au sein <strong>de</strong> la<br />
RATP, particulièrement atypique avec plus <strong>de</strong><br />
80% <strong>de</strong>s agents travaillant en horaires décalés<br />
et ne disposant pas <strong>de</strong> repos les samedi et<br />
dimanche et plus <strong>de</strong> 15% <strong>de</strong>s personnels<br />
ayant également <strong>de</strong>s horaires variant d’un jour<br />
à l’autre, d’une semaine à l’autre ou d’un mois<br />
à l’autre.<br />
Côté agents, ces conditions <strong>de</strong> travail impactent<br />
sensiblement sur le temps partagé en famille à<br />
l’interface <strong>de</strong> multiples temps : temps professionnel,<br />
temps parental, temps domestique,<br />
temps <strong>de</strong>s enfants… L’étu<strong>de</strong> montre ainsi que<br />
ces horaires <strong>de</strong> travail atypiques vont fortement<br />
contraindre les différents temps <strong>de</strong>s<br />
enfants <strong>de</strong>s agents, leurs temps “libre”, leurs<br />
temps physiologiques. Et si les enfants ont<br />
une notion plutôt floue <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> leurs<br />
parents, ils retiennent en revanche que ces<br />
<strong>de</strong>rniers travaillent trop et trop longtemps. Et<br />
lorsque les horaires sont atypiques, cette perception<br />
s’accompagne aussi pour les enfants,<br />
au même titre que leurs parents, d’un sentiment<br />
<strong>de</strong> fatigue, <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> manquer <strong>de</strong> temps,
d’être débordés. C’est donc dans un climat <strong>de</strong> stress et <strong>de</strong> culpabilité que les salarié(e)s<br />
parents tentent d’ajuster au mieux les temps sociaux et aboutissent dans bien <strong>de</strong>s cas à<br />
<strong>de</strong>s équilibres extrêmement précaires. Conséquence d’un compromis social selon lequel<br />
il reviendrait aux femmes et à elles seules, d’organiser les temps sociaux parmi les solutions<br />
individuelles, on compte à la RATP comme ailleurs, le travail à temps partiel <strong>de</strong>s femmes.<br />
Loin d’être un choix libre et en faveur <strong>de</strong> l’assouvissement <strong>de</strong> leurs aspirations personnelles,<br />
le temps partiel se pose alors comme un moyen <strong>de</strong> “combler” les déséquilibres afférents<br />
aux contraintes professionnelles du conjoint et <strong>de</strong>meure encore profondément discriminant<br />
quant aux salaires, à l’évolution <strong>de</strong> carrière et à la formation <strong>de</strong>s femmes. D’autres agents<br />
optent également pour <strong>de</strong>s horaires atypiques dans les <strong>de</strong>ux cas, mais décalés <strong>de</strong><br />
manière à assurer une présence continue auprès <strong>de</strong>s enfants. D’une manière générale,<br />
les solutions individuelles retenues par les agents ne permettent pas un véritable épanouissement<br />
<strong>de</strong>s femmes, <strong>de</strong>s hommes et du couple dans la sphère professionnelle<br />
comme dans la sphère privée.<br />
Dans ce contexte, les représentants <strong>de</strong>s salarié(e)s et les organisations syndicales ont<br />
donc posé la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps autour d’un élément cristallisateur<br />
relatif à la complexité <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s agents. Signe <strong>de</strong> l’importance<br />
<strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP en terme <strong>de</strong> soutien en la matière, le rôle <strong>de</strong> l’Espace<br />
Pimprenelle s’est progressivement enrichi au cours <strong>de</strong> ses six années d’activité, d’une<br />
mission d’information et <strong>de</strong> conseil auprès <strong>de</strong>s salarié(e)s, d’un rôle <strong>de</strong> relais en disposant<br />
d’un important réseau <strong>de</strong> personnels liés à la petite enfance, <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>urs et politiques,<br />
et <strong>de</strong> chercheurs dans le domaine.<br />
Enfin, la mission <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> l’allocation pour frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Régie en<br />
faveur <strong>de</strong>s agents, parents d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 7 ans, est <strong>de</strong>venue une activité<br />
majeure <strong>de</strong> la structure. A l’interface <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’entreprise et <strong>de</strong>s temps, l’Espace<br />
Pimprenelle s’est ainsi progressivement doté d’une véritable compétence d’expertise<br />
relative aux aspects conceptuels et financiers <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux.<br />
Si la réflexion <strong>de</strong> l’Espace s’oriente aujourd’hui vers un niveau interentreprises ou encore<br />
un niveau européen <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong> leurs enfants,<br />
c’est aussi que ce projet innovant témoigne <strong>de</strong> la nécessité d’une réflexion collective<br />
autour <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps, à laquelle les directions d’entreprise,<br />
les salarié(e)s, les représentants <strong>de</strong>s personnels et les organisations syndicales<br />
ne peuvent se soustraire.<br />
3
1 Enjeux :<br />
la conciliation <strong>de</strong>s<br />
temps professionnels<br />
et familiaux,<br />
un enjeu <strong>de</strong> société<br />
4
Les difficultés relatives à la conciliation<br />
<strong>de</strong>s temps professionnels et familiaux<br />
se matérialisent en France avant même<br />
la naissance <strong>de</strong>s enfants avec la<br />
recherche plus ou moins périlleuse <strong>de</strong><br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, et ce, du fait <strong>de</strong> l’insuffisance<br />
<strong>de</strong>s structures d’accueil à<br />
laquelle s’ajoute une inadéquation<br />
entre les heures d’ouvertures <strong>de</strong> ces<br />
<strong>de</strong>rnières et les horaires <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s<br />
salarié(e)s.<br />
Or, les solutions retenues par les ménages sont d’autant plus précaires qu’elles<br />
enten<strong>de</strong>nt donner une réponse individuelle à une problématique collective. A ce<br />
titre, considérant que les préoccupations afférentes aux temps parentaux ne peuvent<br />
revenir aux seules femmes et dans l’optique <strong>de</strong> rendre inopérants les facteurs <strong>de</strong> discriminations<br />
au travail fondés sur le genre, la création et les missions <strong>de</strong> l’Espace<br />
Pimprenelle révèlent la nécessité d’une prise en compte <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
familiaux et professionnels, dans un cadre élargi et tripartite associant les salarié(e)s,<br />
hommes et femmes, l’ensemble <strong>de</strong>s organisations syndicales et l’entreprise, en l’occurrence<br />
la RATP.<br />
La problématique <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps sociaux s’inscrit en effet, dans le cadre<br />
d’une réflexion collective à <strong>de</strong> multiples égards.<br />
D’un point <strong>de</strong> vue économique, sous l’influence <strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong> concurrence<br />
induisant <strong>de</strong> nouveaux mo<strong>de</strong>s d’organisation du travail et <strong>de</strong> gestion<br />
<strong>de</strong>s ressources humaines, l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s est aujourd’hui contraint<br />
d’intégrer le concept <strong>de</strong> flexibilité sous toutes ses formes, induisant une dérégulation<br />
générale du temps <strong>de</strong> travail principalement caractérisée par <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> variabilité,<br />
<strong>de</strong> discontinuité, d’intensification et d’accroissement <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s horaires. S’impose<br />
alors l’idée que la semaine dite “standard” du lundi au vendredi, <strong>de</strong> 9h00 à 17h00,<br />
constituerait un privilège <strong>de</strong> “nantis” auquel, d’une part, il faudrait renoncer dans un<br />
contexte <strong>de</strong> pénurie du travail et d’autre part, qui correspondrait à un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion<br />
dépassé face à l’évolution <strong>de</strong>s pratiques économiques présentée comme incontournable,<br />
unique et incontestable.<br />
5<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
La RATP<br />
c’est 81,5%<br />
du personnel en<br />
horaires décalés<br />
et 70 % en repos<br />
décalés…<br />
Certains services publics dans le cadre <strong>de</strong> leurs<br />
missions dites d’intérêt général, à l’instar <strong>de</strong>s<br />
hôpitaux, sont structurellement et historiquement<br />
soumis à une amplitu<strong>de</strong> horaire accrue<br />
indispensable aux usagers. Mais d’autres, dont<br />
la flexibilité <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail était jusqu’ici<br />
contenue, sont soumis aux mêmes pressions que<br />
les salarié(e)s <strong>de</strong> la sphère privée, sous l’influence<br />
<strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gestion <strong>de</strong>s personnels d’une part, et dans l’optique d’un complément Etat/marché<br />
d’autre part, selon lequel les entreprises publiques et leurs salarié(e)s supportent aussi<br />
et “récupèrent” les déréglementations <strong>de</strong> l’environnement marchand. Dans ce cadre, les<br />
transports collectifs publics évoquent toujours la possibilité d’étendre plus encore leur<br />
offre <strong>de</strong> services déjà marquée par un atypisme prégnant, à <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s d’horaires<br />
plus larges.<br />
En 2002, sur les 44601 agents <strong>de</strong> la RATP, 81,5% travaillent en horaires décalés et 70%<br />
sont en repos décalés, ne bénéficiant donc pas régulièrement <strong>de</strong> repos le samedi et le<br />
dimanche. La part <strong>de</strong>s salarié(e)s travaillant <strong>de</strong> nuit s’élève à 5% <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
effectifs. L’ensemble <strong>de</strong> ces conditions <strong>de</strong> travail peut être doublé d’un effet <strong>de</strong> variabilité<br />
qui concerne 15,9% <strong>de</strong>s agents dont les horaires sont modifiés d’un jour à l’autre, d’une<br />
semaine à l’autre.<br />
Au niveau familial, cette organisation du travail fragilise les éléments <strong>de</strong> cohésion,<br />
en termes <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> temps, dont la famille tire aussi son existence.<br />
Côté enfants, la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps soulève celle <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong>s temps<br />
scolaires en France qui à certains égards, vient aussi compenser les horaires professionnels<br />
<strong>de</strong>s parents.<br />
Les temps physiologiques comme les temps “libres” sont eux mêmes fortement<br />
contraints par les rythmes <strong>de</strong> travail, l’ensemble contribuant à une appréhension par les<br />
enfants plutôt floue et immanquablement critique <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> leurs parents.<br />
Côté parents, ces nouvelles pratiques <strong>de</strong> gestion imposent <strong>de</strong> recourir à <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong>s non déclarés, parfois combinés (gar<strong>de</strong> rémunérée-école, voisins-école, parentsécole/école-gar<strong>de</strong><br />
rémunérée, école-voisins, école-parents) et à réorganiser fréquemment<br />
et à tout moment.<br />
6
Cet ajustement individuel <strong>de</strong>s temps sociaux par les salarié(e)s, en plus <strong>de</strong> son caractère<br />
particulièrement onéreux, <strong>de</strong>vient alors générateur <strong>de</strong> stress et d’une charge mentale<br />
supplémentaire afférente à un phénomène largement répandu <strong>de</strong> désynchronisation <strong>de</strong>s<br />
temps et au final d’indisponibilité partielle et permanente tant dans la sphère privée que<br />
dans la sphère professionnelle.<br />
Pour autant, ces évolutions continuent d’être décrites comme les conséquences d’un<br />
accroissement <strong>de</strong> la concurrence que les théories économiques dominantes relayées par<br />
les pouvoirs politiques présentent comme une amélioration, une optimisation du bienêtre<br />
<strong>de</strong>s consommateurs et <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s agents économiques.<br />
Dans ce contexte, la problématique <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux et<br />
professionnels relève alors <strong>de</strong> choix collectifs <strong>de</strong> société intéressant l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s salarié(e)s, <strong>de</strong> leurs représentants et élus s’agissant :<br />
- d’une part, <strong>de</strong> la place et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail, entre une dérégulation en casca<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail dans les secteurs du commerce, <strong>de</strong>s transports<br />
publics, <strong>de</strong>s services <strong>de</strong>stinés à la petite enfance et une maîtrise, voire une réduction<br />
collective <strong>de</strong>s temps et amplitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail ;<br />
- et d’autre part, <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> service public dont la vocation <strong>de</strong> satisfaire l’intérêt général<br />
ne peut se soustraire à la prise en compte du bien-être <strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong> leurs<br />
enfants.<br />
7<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
2 Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants,<br />
temps <strong>de</strong>s parents,<br />
<strong>de</strong>s éléments<br />
<strong>de</strong> tensions<br />
8<br />
2.1- Les temps <strong>de</strong>s parents 9<br />
2.2- Les temps <strong>de</strong>s enfants 17<br />
2.3- La recherche <strong>de</strong> solutions<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
<strong>de</strong>s familles 22
La famille tire son existence et sa cohésion du partage <strong>de</strong> volume et <strong>de</strong> qualité<br />
<strong>de</strong> temps, toute la difficulté étant dès lors <strong>de</strong> faire coexister et d’harmoniser<br />
une multiplicité <strong>de</strong> temps, les temps <strong>de</strong>s enfants et ceux <strong>de</strong>s parents.<br />
2.1 Les temps <strong>de</strong>s parents<br />
Les parents se trouvent soumis à <strong>de</strong>s conflits entre la nécessité <strong>de</strong> travailler, en particulier<br />
avant d’avoir <strong>de</strong>s enfants et pour assurer le bien-être <strong>de</strong> ceux-ci – l’emploi est ainsi envisagé<br />
comme un préalable nécessaire à l’arrivée d’un enfant pour 82% <strong>de</strong>s femmes et 79% <strong>de</strong>s<br />
hommes 1 - et le désir d’accompagner au mieux les enfants dans leurs activités. Cette tension<br />
est d’autant plus prégnante que les salariés sont soumis à <strong>de</strong>s évolutions sensibles <strong>de</strong>s pratiques<br />
<strong>de</strong> gestion, souvent préjudiciables à l’équilibre <strong>de</strong>s temps sociaux dans un contexte<br />
socioculturel où émerge la préoccupation relative aux temps parentaux et qui s’impose plus<br />
particulièrement pour <strong>de</strong>s raisons culturelles aux mères actives.<br />
a- L’évolution <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s salariés : <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong><br />
stratégies <strong>de</strong>s entreprises françaises et <strong>de</strong>s politiques<br />
<strong>de</strong> logement fragilisant l’équilibre <strong>de</strong>s temps sociaux.<br />
Sous l’influence <strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong> concurrence symbolisées par les “zéros” : zéro<br />
défaut, zéro stock, zéro temps, initiés au Japon, les entreprises françaises fon<strong>de</strong>nt dans<br />
les années 80, leurs stratégies industrielles sur <strong>de</strong>ux principes majeurs : le renforcement<br />
<strong>de</strong> la standardisation <strong>de</strong>s composants d’une part, et la différenciation <strong>de</strong>s produits<br />
finaux, d’autre part. On parle alors “d’automatisation flexible 2 ” , tandis que le concept<br />
<strong>de</strong> flexibilité s’étend à l’ensemble <strong>de</strong>s secteurs, y compris aux services et à différents<br />
domaines : flexibilité organisationnelle, flexibilité technologique… Or, ce concept s’impose<br />
aussi à l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s dans <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources humaines<br />
renouvelées autour <strong>de</strong> :<br />
- l’intensification du travail avec une recherche <strong>de</strong> productivité accrue sans investissement<br />
technologique particulier;<br />
- la polyvalence <strong>de</strong>s salariés;<br />
- une mobilisation plus subjective <strong>de</strong> la main d’œuvre : les tâches directement productives<br />
régressent et l'on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux salariés une implication plus subjective dépassant <strong>de</strong><br />
loin la prescription telle que l'on pouvait l'envisager dans un système taylorien.<br />
Les salariés doivent interpréter <strong>de</strong>s situations, prendre <strong>de</strong>s initiatives, anticiper<br />
les éventuels dysfonctionnements au sein d'une organisation du travail où la responsabilité,<br />
la réactivité et l'adaptabilité <strong>de</strong>s travailleurs sont sollicitées;<br />
- une tentative d’occuper l’outil <strong>de</strong> production et une part <strong>de</strong> la main d’œuvre<br />
afférente au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la plage horaire 8h00-19h00 et <strong>de</strong> la semaine traditionnelle <strong>de</strong>s<br />
cinq jours, y compris pendant les pério<strong>de</strong>s estivales…<br />
Si ces pratiques s’inscrivent plus particulièrement dans le cadre <strong>de</strong> concepts et mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gestion renouvelés, elles font aussi écho aux travaux d’économistes du XIX e siècle qui se<br />
sont penchés sur la valeur <strong>de</strong>s marchandises, non en terme <strong>de</strong> valeur d’usage ou<br />
d’utilité, mais bien plus en terme <strong>de</strong> valeur du travail (au sens <strong>de</strong>s classiques et <strong>de</strong> Marx,<br />
voir encadré), selon lesquels la valeur <strong>de</strong>s biens serait à rechercher dans le<br />
travail. Dans la lignée <strong>de</strong>s travaux d’Adam Smith 3 , elles visent ainsi à accroître la productivité<br />
du travail par une nouvelle division du temps <strong>de</strong> travail.<br />
1- Devetter F.X. (2003), Approche socio-économique <strong>de</strong>s relations entre temps <strong>de</strong> travail et temps <strong>de</strong>s enfants, Dares.<br />
2- Santilli G., Du Tertre C. (1992), Automatisation et travail, Paris, PUF, Economie en Liberté.<br />
3- Smith A. (2002), Recherche sur la nature et les causes <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong>s nations, livre I et II, Economica.<br />
9<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
En savoir +<br />
L’analyse du temps au travers <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> la pensée économique : quelques<br />
éléments <strong>de</strong> repères<br />
L’analyse du temps dans l’histoire <strong>de</strong> la pensée économique varie en fonction du traitement<br />
<strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s biens retenu par les différents auteurs.<br />
Le mercantilisme (<strong>de</strong> la fin du XVI e au milieu du XVIII e siècle), principalement centré<br />
sur les questions d’économie politique et les modalités d’intervention <strong>de</strong> l’Etat, introduit<br />
la problématique du temps en la personne <strong>de</strong> William Petty (1623-1687, Gran<strong>de</strong>-<br />
Bretagne). Ses travaux mettent en évi<strong>de</strong>nce les relations entre temps et richesse, avec<br />
une théorie <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s biens reposant sur le travail et la terre. Il préconise que<br />
soit décrit le processus intégral du travail, <strong>de</strong>s opérations manuelles et <strong>de</strong>s applications<br />
par <strong>de</strong>s instruments et machines, avec l’ébauche d’une tentative <strong>de</strong> décomposition<br />
<strong>de</strong>s gestes dans un système spatial et temporel. Deux temps sont alors distingués : le<br />
temps <strong>de</strong> la conscience (celui <strong>de</strong> l’attention et <strong>de</strong> la mémorisation) et les temps <strong>de</strong>s<br />
“choses naturelles” qui mesurent les mouvements.<br />
Les physiocrates (1750 à 1770), en s’opposant à l’interventionnisme d’Etat, vont<br />
axer leurs travaux sur la nature et les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> circulation <strong>de</strong>s richesses, en développant<br />
<strong>de</strong>s analyses en termes <strong>de</strong> circuit et en abandonnant la question <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s biens<br />
sous l’angle <strong>de</strong> la valeur du travail. Dans ce cadre, François Quesnay (1694-1774,<br />
France) construira un tableau macroéconomique d’ensemble, dit “zizac”, consacré aux<br />
échanges globaux entre différentes classes : la classe productive <strong>de</strong>s fermiers, celle<br />
<strong>de</strong>s propriétaires fonciers et la classe stérile <strong>de</strong>s artisans, commerçants… L’auteur y<br />
développera les prémices d’une analyse du temps en terme <strong>de</strong> dynamique, avec un<br />
temps en T0 où sont décrites les avances primitives <strong>de</strong> capital fixe et les avances<br />
annuelles <strong>de</strong> capital circulant, et un temps en T1, temps <strong>de</strong> la production et <strong>de</strong>s<br />
échanges, en décrivant les flux et mouvements permettant le passage <strong>de</strong> l’un à l’autre<br />
<strong>de</strong> ces temps.<br />
L’école classique (1776 à 1848), en approfondissant les fon<strong>de</strong>ments du libéralisme<br />
notamment avec le concept <strong>de</strong> la “main invisible”, recherchera pour certains <strong>de</strong> ces<br />
auteurs les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s biens, autour <strong>de</strong> la valeur travail commandé.<br />
C’est dans ce cadre qu’Adam Smith (1723-1790, Ecosse), en s’interrogeant sur les<br />
moyens d’augmenter la richesse <strong>de</strong>s individus, exposera l’exemple d’une manufacture<br />
d’épingles, en recherchant les sources d’accroissement <strong>de</strong> la productivité du travail par<br />
une division accrue du travail. Le temps sera envisagé sous l’angle du gain <strong>de</strong> temps<br />
<strong>de</strong> travail engendré par la division du travail, du fait d’une part, que le même ouvrier<br />
ne change pas d’activité, ne se déplace pas d’un atelier à un autre et d’autre part, que<br />
l’expérience ou le temps faisant, un ouvrier exécutant une seule tâche toute sa vie<br />
acquiert <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>xtérité et d’habileté.<br />
10
Pour Karl Marx (1818-1883, Allemagne), la force <strong>de</strong> travail a pour propriété principale<br />
<strong>de</strong> créer <strong>de</strong> la valeur que l’on mesure en temps <strong>de</strong> travail moyen. L’auteur décompose<br />
une journée <strong>de</strong> travail en <strong>de</strong>ux temps. D’une part, le temps <strong>de</strong> travail nécessaire,<br />
correspondant à ce que le capitaliste paie en salaire, il s’agit ici du temps <strong>de</strong> travail<br />
rémunéré mais inférieur à la réelle production <strong>de</strong> valeurs. D’autre part, le temps <strong>de</strong><br />
sur-travail constitue le temps au cours duquel la sur-valeur est produite, c’est à dire le<br />
temps où le salarié continue <strong>de</strong> travailler et où la valeur produite revient au capitaliste.<br />
A partir <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux temps, Karl Marx expose le concept central <strong>de</strong> son analyse économique<br />
dit <strong>de</strong> plus-value absolue et plus-value relative. Le capitaliste cherchera en<br />
effet à accroître le taux d’exploitation, à travail nécessaire inchangé, soit en allongeant<br />
la journée <strong>de</strong> travail, il s’agit ici <strong>de</strong> la plus-value absolue, soit à journée <strong>de</strong> travail<br />
inchangé, en réduisant le temps <strong>de</strong> travail nécessaire en intensifiant le travail, on parle<br />
alors <strong>de</strong> plus-value relative.<br />
L’analyse néoclassique (XIX e siècle à nos jours) s’intéressera également à la valeur<br />
<strong>de</strong>s biens, mais en ne fondant plus cette <strong>de</strong>rnière sur le travail mais sur l’utilité<br />
subjective qu’en retire l’individu lors <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> la marchandise, on parle alors <strong>de</strong><br />
valeur d’usage. En abandonnant l’approche consacrée au travail et en se dotant<br />
d’une méthodologie axée sur la mathématisation <strong>de</strong> la discipline et le développement<br />
<strong>de</strong> concepts abstraits tels que celui <strong>de</strong> l’homo oeconomicus à rationalité illimitée ou<br />
encore celui <strong>de</strong> la concurrence pure et parfaite, les auteurs (Menger, Jevons, Marshall<br />
et Walras) vont centrer leurs analyses sur l’échange et le marché, lieu <strong>de</strong> rencontre <strong>de</strong><br />
comportements individuels déterminant une offre et une <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, et à l’issue un<br />
prix. Alfred Marshall (1842-1924) introduira une conception du temps en <strong>de</strong>ux étapes.<br />
D’une part, le court terme, c’est le temps où prime l’utilité d’un bien qui permet alors<br />
d’en déterminer le prix. D’autre part, le long terme, où prime le coût <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong><br />
production. Mais l’équilibre partiel ou général sur l’ensemble <strong>de</strong>s marchés se limite à<br />
un cadre statique où le temps en terme <strong>de</strong> mouvement et d’incertitu<strong>de</strong>, n’intervient<br />
pas. L’analyse néoclassique continue aujourd’hui d’approfondir son approche, y compris<br />
en tentant d’introduire les hypothèses d’anticipations rationnelles <strong>de</strong>s agents au sens<br />
<strong>de</strong> la nouvelle école classique.<br />
L’analyse keynésienne (1883-1946) s’axe sur le fonctionnement d’une économie<br />
monétaire <strong>de</strong> production. Dans ce cadre, il réintroduit le temps et avec lui, l’incertitu<strong>de</strong><br />
radicale qui le caractérise et qui induit un risque non probabilisable. Face à cette incertitu<strong>de</strong>,<br />
les agents ne peuvent qu’anticiper, mais leurs prévisions sont toujours imparfaites.<br />
Leurs comportements vont en faveur <strong>de</strong> la détention d’encaisse, avec donc une<br />
préférence pour la liquidité, c’est-à-dire pour un actif pouvant être transformé rapi<strong>de</strong>ment,<br />
sans risque, sans coût, sans perte <strong>de</strong> sa valeur nominale, en un moyen <strong>de</strong> paiement.<br />
Pour l’auteur, l’analyse du temps est liée à celle <strong>de</strong> la monnaie : “L’importance<br />
essentielle <strong>de</strong> la monnaie vient <strong>de</strong> ce qu’elle est le lien entre le présent et le futur 4 ”.<br />
4- Keynes J.M. (1990), Théorie générale <strong>de</strong> l’emploi, <strong>de</strong> l’intérêt et <strong>de</strong> la monnaie, Payot, p. 293.<br />
11<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Les temps<br />
d’une journée <strong>de</strong> travail<br />
6h00 Petit matin<br />
9h00 Matin<br />
11h30 Midi<br />
14h00 Début après-midi<br />
16h00 Fin après-midi<br />
…<br />
19h00 Soirée<br />
21h00<br />
…<br />
6h00<br />
TRAVAIL DE JOUR<br />
TRAVAIL DE NUIT<br />
Dans le cadre d’une analyse en terme<br />
<strong>de</strong> plus-value absolue et plus value<br />
relative au sens <strong>de</strong> Marx 5 , il s’agit<br />
également <strong>de</strong> tirer un avantage quant<br />
à l’écart entre :<br />
- le temps <strong>de</strong> travail réel et symbolisé par la<br />
production <strong>de</strong> biens et services, d’une part,<br />
- et le temps <strong>de</strong> travail rémunéré mais inférieur<br />
à la réelle production <strong>de</strong> valeurs,<br />
d’autre part.<br />
Ainsi, outre la prolongation <strong>de</strong> la journée<br />
<strong>de</strong> travail ou encore la prise en compte du<br />
seul travail effectif (excluant les pauses),<br />
le morcellement <strong>de</strong> ce temps <strong>de</strong> travail en<br />
différents horaires dits atypiques, permet<br />
d’accroître encore ce temps <strong>de</strong> production<br />
<strong>de</strong> richesses, dont une part ne sera pas<br />
reconnue par le salaire.<br />
Dès lors, la question du temps <strong>de</strong> travail ne se pose plus pour les salariés <strong>de</strong> la même<br />
manière, il s’agit bien plus “<strong>de</strong>s temps” <strong>de</strong> travail qu’offre une même journée et pouvant<br />
être distingués selon :<br />
- la continuité ou la discontinuité <strong>de</strong>s horaires sur une même journée,<br />
- la variabilité <strong>de</strong> ces horaires <strong>de</strong> travail d’une journée à l’autre, d’une semaine à l’autre,<br />
d’un mois à l’autre,<br />
- le travail <strong>de</strong> jour ou <strong>de</strong> nuit,<br />
- les journées <strong>de</strong> repos hebdomadaires : samedi et dimanche, consécutifs ou non.<br />
L’ensemble permet alors <strong>de</strong> distinguer la semaine standard <strong>de</strong> la semaine non<br />
standard pour les salarié(e)s à temps complet (voir encadré suivant).<br />
Typologie <strong>de</strong>s semaines standards et non standards au regard <strong>de</strong>s horaires<br />
Semaine standard<br />
- travail en continu sur la plage horaire 9h00-19h00,<br />
exceptées pause déjeuner et autres pauses,<br />
- travail <strong>de</strong> jour,<br />
- journées <strong>de</strong> repos : samedi et dimanche<br />
Semaine non standard<br />
Horaires décalés > <strong>de</strong> jour : travail matin et début et fin d’après<br />
midi ou petit matin, matin et midi,<br />
> repos hebdomadaire hors samedi et<br />
dimanche ou non consécutif.<br />
Horaires variables > journées variables d’un jour à l’autre, d’une<br />
semaine à l’autre ou d’un mois à l’autre,<br />
> repos hebdomadaire hors samedi et<br />
dimanche ou non consécutif.<br />
Travail <strong>de</strong> nuit > horaires <strong>de</strong> travail entre 21 heures<br />
et 6 heures et ce, 2 fois par semaine.<br />
5- Marx K. (1985), Le Capital, Livre I, section II à V, Champs-Flammarion.<br />
12
D’autres typologies considèrent le temps <strong>de</strong> travail atypique dans une vision plus large<br />
prenant en compte aussi le travail à temps partiel : “Tout travail qui n’est pas exercé à<br />
plein temps et <strong>de</strong> manière permanente. Il comprend le travail à temps partiel, du soir et<br />
le week-end, à durée déterminée, temporaire ou sous-traité à domicile, le télétravail et<br />
le travail à domicile”, Glossaire <strong>de</strong>s termes sur l’égalité entre les hommes et les femmes,<br />
Commission européenne, janvier 1988.<br />
Ces horaires <strong>de</strong> travail qu’ils soient décalés, variables ou <strong>de</strong> nuit, posent toujours<br />
pour les salarié(e)s <strong>de</strong>s questions relatives à 6 :<br />
- La régularité : cette <strong>de</strong>rnière peut être analysée eu égard à la variation <strong>de</strong>s horaires<br />
d’un jour à l’autre, d’une semaine à l’autre et d’un mois à l’autre.<br />
- La prévisibilité <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> travail : il s’agit <strong>de</strong> savoir si le salarié a connaissance ou<br />
non <strong>de</strong>s horaires d’un jour à l’autre, d’une semaine à l’autre et d’un mois à l’autre.<br />
- Les rythmes : le rythme <strong>de</strong> travail peut être envisagé autour <strong>de</strong>s contraintes liées<br />
à la “dépendance vis-à-vis d’un ou plusieurs collègues”, contraintes imposées par<br />
“une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> extérieure”, rythme imposé par “les contrôles <strong>de</strong> la hiérarchie” et <strong>de</strong><br />
“l’impression d’avoir à se dépêcher”.<br />
- L’autonomie : la détermination <strong>de</strong>s horaires du salarié peut être le fait du salarié dans<br />
l’optique d’un “choix” d’horaires ou encore peut être imposée par l’employeur.<br />
- La sociabilité : cette <strong>de</strong>rnière se pose s’agissant du travail <strong>de</strong> nuit et du travail le weekend.<br />
Les temps sociaux étant majoritairement organisés autour <strong>de</strong> la journée <strong>de</strong> travail<br />
et la norme <strong>de</strong>s cinq jours par semaine, exceptés le samedi et le dimanche, dès lors les<br />
salariés concernés par <strong>de</strong>s horaires décalés sont en <strong>de</strong>hors du standard social. Cette<br />
situation impacte d’une part, sur la structuration du collectif <strong>de</strong> travail et la sociabilité<br />
afférente, mais également sur l’ensemble <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> sociabilité hors travail.<br />
Ces horaires atypiques s’accompagnent par ailleurs, d’un phénomène d’accroissement<br />
<strong>de</strong>s trajets domicile/travail lié à une politique du logement ayant induit un surenchérissement<br />
<strong>de</strong>s loyers et prix d’achat s’agissant <strong>de</strong>s habitations situées au cœur <strong>de</strong>s villes et<br />
donc un déplacement <strong>de</strong>s populations aux revenus bas et moyen, à la périphérie <strong>de</strong>s villes.<br />
Ces modifications <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong>s entreprises françaises alliées à ce type <strong>de</strong><br />
politique du logement ont donc une influence sensible sur la sphère privée, fragilisant<br />
l’équilibre déjà précaire <strong>de</strong>s temps sociaux, en particulier s’agissant <strong>de</strong>s<br />
temps parentaux.<br />
b- L’émergence du temps parental<br />
L’émergence du temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s salarié(e)s est soumis à <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s tensions<br />
entre travailler pour élever leurs enfants et considérer le temps parental comme<br />
étant insuffisant compte tenu <strong>de</strong>s contraintes professionnelles<br />
Tandis que le temps était auparavant classiquement divisé en temps professionnel, temps<br />
physiologique, temps domestique et loisirs, les récentes étu<strong>de</strong>s créant <strong>de</strong>s typologies<br />
plus affinées témoignent <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> l’importance du temps parental.<br />
6- Cottrell M., Letremy P., Macaire S., Meilland C., Michon F. (2002), “Le temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s formes particulières d’emploi”, Economie et<br />
Statistique n° 352-353. Les auteurs s’intéressent plus spécifiquement aux conditions <strong>de</strong> travail et au rôle <strong>de</strong> la flexibilité pour les emplois<br />
en intérims, à temps partiel ou encore en contrat à durée déterminée. Ils ont défini à cet égard les différentes variables <strong>de</strong>scriptives du temps<br />
<strong>de</strong> travail citées.<br />
13<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
L’enquête Matisse<br />
évalue le temps<br />
parental à 12%<br />
du temps total,<br />
soit 19h37<br />
par individu<br />
et par semaine…<br />
Ainsi <strong>de</strong> plus en plus, les contraintes et les rythmes spécifiques<br />
liés aux enfants sont isolés <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
tâches domestiques. L'enquête menée par le Matisse en<br />
1999 7 distingue cinq temps associés à trois sphères <strong>de</strong><br />
travail.<br />
Les temps et les typologies <strong>de</strong> travail<br />
Le travail rémunéré > le temps professionnel : exercice ou recherche d'un emploi,<br />
formation et étu<strong>de</strong>s, trajets entre le domicile et le lieu <strong>de</strong> travail<br />
Le travail non rémunéré > le temps domestique : repas, vaisselle, courses, linge, nettoyage,<br />
jardinage, bricolage<br />
> le temps parental : temps parental domestique, temps parental<br />
scolaire, temps parental “taxi”<br />
Le non travail > le temps parental : temps parental <strong>de</strong> sociabilité<br />
> le temps personnel : repos, loisir, sociabilité, activité associative<br />
ou bénévole<br />
> le temps physiologique : sommeil, toilette, repas<br />
Ces différents temps se combinent, se juxtaposent et sont fortement interdépendants,<br />
l’ensemble créant <strong>de</strong> véritables tensions pour les salarié(e)s et plus encore lorsque<br />
ceux-ci sont parents.<br />
L’enquête Matisse 8 évalue en effet, le temps parental à 12% du temps total, soit 19h37<br />
par individu et par semaine, avec toutefois <strong>de</strong>s disparités selon le genre, l’activité et la<br />
situation matrimoniale.<br />
7- Barrère - Maurisson M., Marchand O., Rivier S. (2000), “le partage <strong>de</strong>s temps pour les hommes et les femmes : ou comment conjuguer<br />
le travail rémunéré, non rémunéré et non travail”, Premières synthèses, DARES, n°11.1 - mars.<br />
8- Barrère - Maurisson M., Marchand O., Rivier S. (2000), op. cité.<br />
14
Le temps parental selon le genre, l’activité et la situation matrimoniale<br />
Chef <strong>de</strong> famille Homme Femme Femme Femme<br />
mono- actif à active à active à inactive<br />
parentale temps temps temps<br />
complet complet partiel<br />
Durée 21 13 21 22 31<br />
hebdomadaire<br />
en heures<br />
Source : d’après Barrère – Maurisson M. et ali. (2000).<br />
La combinaison <strong>de</strong>s temps aboutit à un accroissement <strong>de</strong> l’étendue <strong>de</strong> la journée,<br />
<strong>de</strong>venant d’autant plus problématique que les parents salariés ont à faire face à <strong>de</strong>s<br />
horaires professionnels décalés. Le sentiment d’être fatigué du fait <strong>de</strong>s horaires atypiques<br />
est exprimé par une majorité <strong>de</strong> salariés en horaires décalés ou variables<br />
(contre 28 % <strong>de</strong>s personnes en horaires dits “standards 9 ”.<br />
Sous les contraintes <strong>de</strong> la sphère professionnelle, les étu<strong>de</strong>s révèlent que le temps<br />
parental est jugé insuffisant par les actifs eux-mêmes pour 89% <strong>de</strong>s femmes et 78%<br />
<strong>de</strong>s hommes, avec enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12 ans. Ce sentiment s’accompagne <strong>de</strong> celui <strong>de</strong><br />
manquer <strong>de</strong> temps. Les horaires professionnels sont peu ou pas adaptés aux responsabilités<br />
familiales pour 25 % <strong>de</strong>s pères comme <strong>de</strong>s mères. Dans ce cadre, les étu<strong>de</strong>s<br />
révèlent que la moitié <strong>de</strong>s parents sont avec leur enfant (<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12 ans) au moment<br />
du petit déjeuner et qu’un tiers d’entre eux sont présents le soir pour les <strong>de</strong>voirs.<br />
Et si l’ensemble <strong>de</strong>s salariés parents sont soumis à <strong>de</strong> véritables tensions entre<br />
travailler pour élever au mieux leurs enfants et estimer dans le même temps<br />
que le temps parental est insuffisant compte tenu <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> travail, ce<br />
sont les mères actives qui déclarent en souffrir le plus.<br />
c- Les temps <strong>de</strong>s mères actives :<br />
Des femmes <strong>de</strong> plus en plus actives mais à qui revient toujours la préoccupation<br />
<strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux<br />
Signe d’inégalités persistantes, les femmes françaises disposent encore du monopole <strong>de</strong><br />
l’organisation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> la famille. Dans ce cadre, elles adaptent leur activité, leurs<br />
temps et horaires <strong>de</strong> travail aux différents temps <strong>de</strong> chaque membre du foyer. Les<br />
étu<strong>de</strong>s révèlent ainsi que la présence d’enfants réduit fortement le taux d’activité <strong>de</strong>s<br />
femmes, en laissant inchangé celui <strong>de</strong>s hommes. Par ailleurs, ce taux d’activité féminine<br />
varie également en fonction <strong>de</strong> l’étape <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> l’enfant, plus faible dès lors<br />
9- Chenu A. (2002), “Les horaires et l’organisation du temps <strong>de</strong> travail”, Economie et statistique, n°352-353.<br />
15<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
que l’enfant est en bas âge, il remonte lorsque l’enfant est scolarisé en primaire, pour<br />
croître plus encore lorsqu’il <strong>de</strong>vient adolescent. Les horaires <strong>de</strong>s femmes se modifient<br />
majoritairement pour s’inscrire dans le cadre d’une semaine dite standard 10 dès lors que<br />
l’enfant atteint ses trois ans et est scolarisé.<br />
Les femmes ten<strong>de</strong>nt également à ajuster leur temps <strong>de</strong> travail en fonction <strong>de</strong>s contraintes<br />
<strong>de</strong> la vie professionnelle <strong>de</strong> leurs conjoints, en particulier lorsque ces <strong>de</strong>rniers sont soumis<br />
à <strong>de</strong>s horaires atypiques. Les étu<strong>de</strong>s révèlent par ailleurs, une tendance <strong>de</strong>s femmes à<br />
accepter dans ce cas, <strong>de</strong>s horaires décalés complémentaires à ceux <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong><br />
manière à assurer une présence continue auprès <strong>de</strong>s enfants. Ce sont par exemple <strong>de</strong>s<br />
infirmières rejoignant l’équipe <strong>de</strong> l’après-midi - début <strong>de</strong> nuit pour compléter la disponibilité<br />
<strong>de</strong> leurs maris facteurs.<br />
Taux d’activité <strong>de</strong>s mères selon leur nombre d’enfants en 1998 (en %)<br />
Femmes sans enfant 85<br />
Femmes et mères d’un enfant 69,4<br />
Femmes et mères <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enfants 60,2<br />
Femmes et mères <strong>de</strong> trois enfants 39<br />
Source : d’après Barrère – Maurisson M. et ali. (2000).<br />
La féminisation <strong>de</strong> l'emploi n'a donc pas engendré une recomposition profon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s rôles<br />
dans la sphère privée. Les étu<strong>de</strong>s 11 montrent en effet, que les femmes réalisent encore<br />
80% du travail domestique, ou encore plus du double <strong>de</strong> temps consacré au travail non<br />
rémunéré par rapport aux hommes. Le travail domestique est encore l'affaire <strong>de</strong>s<br />
femmes, et il y a donc toujours une division sexuelle <strong>de</strong> celui-ci fondée sur un<br />
partage inégalitaire du travail non rémunéré au détriment <strong>de</strong>s femmes, <strong>de</strong> leurs<br />
repos et <strong>de</strong> leurs loisirs.<br />
Paradoxalement, cette répartition inégalitaire s'accentue avec la venue du premier<br />
enfant et s'accroît plus encore avec le second enfant. Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, la participation<br />
<strong>de</strong>s hommes aux tâches domestiques diminue alors d'environ 10% lorsque les <strong>de</strong>ux<br />
conjoints sont actifs. Les étu<strong>de</strong>s montrent également que l'investissement <strong>de</strong>s hommes<br />
et celui <strong>de</strong>s femmes dans les temps parentaux sont tout à fait distincts. Les pères<br />
s'impliquent beaucoup plus dans les activités dites <strong>de</strong> sociabilité telles que les jeux ou<br />
encore les activités à l'extérieur et les mères s'investissent plus particulièrement dans<br />
l'habillement, les soins et les toilettes aux enfants.<br />
10- La semaine standard est définie en p.12 comme une semaine <strong>de</strong> cinq jours consécutifs, avec un repos hebdomadaire en principe le<br />
samedi et dimanche, et une durée <strong>de</strong> 35 à 39h00 <strong>de</strong> travail hebdomadaire.<br />
11- <strong>Emergences</strong> (2003), “Conciliation <strong>de</strong>s temps : état <strong>de</strong>s débats”, Timetis, l'égalité hommes/femmes dans la vie personnelle et professionnelle.<br />
16
Comme pour les hommes, les sphères <strong>de</strong> travail rémunéré, non rémunéré, et celles<br />
<strong>de</strong> non travail se confon<strong>de</strong>nt et s'influencent réciproquement, mais plus encore<br />
s’agissant <strong>de</strong>s femmes salariées qui font coexister en pratiques et en pensées<br />
vie professionnelle, vie privée et vie familiale par <strong>de</strong>s horaires réduits (c'est le cas<br />
avec le temps partiel), par <strong>de</strong>s horaires décalés mais aussi par <strong>de</strong> multiples stratégies qui<br />
sont autant <strong>de</strong> charges physiques et mentales : organiser la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants, prendre<br />
les ren<strong>de</strong>z-vous chez le pédiatre, faire les courses sur l'heure <strong>de</strong> table… Or les étu<strong>de</strong>s<br />
révèlent que c'est aux femmes et souvent à elles seules que revient la préoccupation<br />
mentale y compris pendant les heures <strong>de</strong> travail quant à concilier et faire coïnci<strong>de</strong>r les<br />
temps familiaux, comme en témoigne l’examen <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s enfants.<br />
2.2 Les temps <strong>de</strong>s enfants<br />
L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Dares 12 (2003) à partir d’une enquête (sous forme <strong>de</strong> questionnaires et<br />
d’entretiens semi-dirigés individuels et collectifs) auprès <strong>de</strong> 100 enfants <strong>de</strong> 8 à 11 ans<br />
constitue une première approche inédite indiquant <strong>de</strong>s tendances quant au vécu <strong>de</strong>s<br />
temps sociaux par les enfants. D’une manière générale, ces enfants pourtant assez<br />
grands ont une conception relativement floue du temps et en particulier <strong>de</strong>s heures, y<br />
compris lorsqu’ils sont directement concernés par un horaire. Ainsi, à la question :<br />
“à quelle heure finissez vous l’école?”, une majorité répond : “à l’heure où maman vient<br />
me chercher”.<br />
Pour autant, ils parviennent à distinguer différents temps <strong>de</strong>rrière l’appellation générique<br />
dite <strong>de</strong> temps parental, tels que :<br />
- les temps scolaires,<br />
- les temps physiologiques,<br />
- et les temps “libres”.<br />
Or si les temps <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trois ans sont caractérisés par la prégnance <strong>de</strong>s<br />
temps scolaires incompressibles, force est <strong>de</strong> constater également que les temps professionnels<br />
<strong>de</strong> leurs parents influent sur tous les autres temps <strong>de</strong>s enfants.<br />
Dès lors, dès que l’on ôte les temps scolaires pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, tous<br />
les temps <strong>de</strong>s enfants sont soumis aux contraintes d’activité <strong>de</strong> leurs parents.<br />
a- Le temps scolaire : un temps dominant dont la longueur pallie<br />
aussi aux temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s parents<br />
Ce temps reste le temps dominant pour les enfants comme pour leurs parents, en occupant<br />
une place centrale tant pour ce qui concerne la journée que pour la semaine. Par extension,<br />
s’agissant <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, on estime la durée <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> moyenne<br />
rémunérée à 22 heures par semaine, temps présentant dans ce cas aussi une place prépondérante.<br />
Par ailleurs, compte tenu d’un nombre <strong>de</strong> semaines réduit, la France se situe<br />
en tête <strong>de</strong>s pays européens pour le temps hebdomadaire passé à l’école et aux <strong>de</strong>voirs,<br />
au point que certains analystes n’hésitent pas à dire que ce <strong>de</strong>rnier aurait “pris possession<br />
12- Devetter F.X. (2003), op. cité.<br />
17<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
<strong>de</strong> l’enfance” 13 . Le temps scolaire entretient une sorte <strong>de</strong> relation “réciproque”<br />
avec le temps professionnel selon laquelle, il existe d’une part, une tendance à<br />
allonger le temps scolaire pour pallier aux exigences <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> dues au temps <strong>de</strong><br />
travail <strong>de</strong>s parents. D’autre part, les parents tentent au mieux d’adapter leurs horaires<br />
professionnels aux temps scolaires. On retrouve ce même phénomène s’agissant <strong>de</strong>s<br />
enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans.<br />
Mais surtout, il apparaît que ce temps scolaire organise tous les autres temps <strong>de</strong>s enfants :<br />
le matin, c’est aussi le temps avant l’école, les jours “libres”, ce sont les temps sans<br />
école, et les heures <strong>de</strong> coucher et <strong>de</strong> lever sont aussi fonction <strong>de</strong> l’école… Et c’est aussi<br />
au travers <strong>de</strong>s jours d’école que les enfants apprennent à structurer le temps : les jours<br />
<strong>de</strong> la semaine, la journée <strong>de</strong> 8h30 à 16h30, le matin et l’après midi…<br />
Les temps passés à l’école en Europe : quelques éléments <strong>de</strong> repères<br />
France<br />
Allemagne<br />
Espagne<br />
Italie<br />
Angleterre<br />
Pays-Bas<br />
Danemark<br />
Dans l’optique d’un examen transversal <strong>de</strong> la problématique d’égalité <strong>de</strong> genre,<br />
il convient <strong>de</strong> souligner par ailleurs, que si le temps scolaire est prégnant pour les<br />
enfants, il l’est aussi pour les femmes puisque quelque soit la situation professionnelle du<br />
ménage : parents sans emploi, couple à un actif, à <strong>de</strong>ux actifs, c’est toujours la mère qui<br />
accompagne majoritairement les enfants à l’école et c’est encore à elle que revient<br />
l’accompagnement <strong>de</strong>s temps physiologiques.<br />
b- Le temps physiologique : un temps fortement contraint par<br />
les horaires professionnels <strong>de</strong>s parents<br />
On entend par temps physiologique : le sommeil, les repas et l’hygiène (toilettes, soins,<br />
habillement). Si chaque enfant, comme chaque adulte, possè<strong>de</strong> un rythme propre <strong>de</strong><br />
sommeil, les étu<strong>de</strong>s montrent que les temps physiologiques sont fortement<br />
contraints par les rythmes <strong>de</strong>s parents, en particulier l’heure du réveil déterminant<br />
le temps <strong>de</strong> sommeil. Ce phénomène est d’autant plus important que les enfants sont<br />
en bas âge, nécessitant un repos plus long. Or compte tenu <strong>de</strong>s contraintes liées à la<br />
13- Devetter F.X. (2003), op. cité, Dares, p.29.<br />
Temps <strong>de</strong> Temps effectif Nombre <strong>de</strong><br />
présence à d’enseignement semaines par<br />
l’école (en et <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir à année scolaire<br />
heures par la maison<br />
semaine) (en heures par<br />
semaine)<br />
Source : d’après Barrère – Maurisson M. et ali. (2000).<br />
33 43 36<br />
26 29,8 39<br />
26,7 34,1 44<br />
23,4 38,3 34<br />
33 38,5 38<br />
28,1 33,8 38<br />
24,6 38,8 39<br />
18
sphère professionnelle, les temps <strong>de</strong> sommeil conseillés sont parfois difficiles à respecter.<br />
Ainsi, les enfants dont les parents sont tous <strong>de</strong>ux actifs se réveillent en moyenne un<br />
quart d’heure plus tôt que ceux dont l’un <strong>de</strong>s parents est sans emploi.<br />
Mais plus encore, c’est l’heure à laquelle les parents partent qui sera déterminante pour<br />
l’heure <strong>de</strong> réveil <strong>de</strong>s enfants. Si les parents partent avant le début <strong>de</strong> l’école, la majorité<br />
<strong>de</strong>s enfants se réveille avant 7h00 du matin (en moyenne à 6h50). En revanche si le père<br />
et la mère partent après l’heure <strong>de</strong> l’entrée <strong>de</strong> l’école, les enfants gagnent une <strong>de</strong>mi-heure<br />
<strong>de</strong> sommeil en plus.<br />
Lorsque les horaires sont décalés, les enfants soulignent qu’ils sont contraints <strong>de</strong> se<br />
réveiller plus tôt, entre 6h00 et 6h30 et lorsque les parents sont soumis à <strong>de</strong>s horaires<br />
variables, l’heure du lever <strong>de</strong>s enfants fluctue également d’une journée à l’autre, avec<br />
<strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s moyennes d’une heure (entre 6h00 à 7h00 du matin). Là encore, il<br />
convient <strong>de</strong> souligner que ce sont en majorité les mères qui réveillent les enfants, puis<br />
viennent les sœurs, puis les frères et enfin les pères intervenant dans 10% <strong>de</strong>s cas. Les<br />
enfants dont les parents sont soumis à <strong>de</strong>s horaires variables, disposent plus souvent que<br />
les autres d’un réveil et déclarent quant à eux, se réveiller seuls.<br />
Le travail <strong>de</strong>s parents a également une influence sur l’heure du coucher <strong>de</strong>s enfants. Les<br />
enfants dont les <strong>de</strong>ux parents travaillent, se couchent en moyenne 20 minutes plus tard<br />
que ceux dont l’un <strong>de</strong>s parents ne travaille pas. Mais là encore, les étu<strong>de</strong>s révèlent la<br />
place prédominante <strong>de</strong>s femmes dans l’accompagnement <strong>de</strong>s temps physiologiques<br />
puisqu’il semblerait que lorsque la mère rentre plus tard du travail que le père, les temps<br />
<strong>de</strong> sommeil <strong>de</strong>s enfants se réduisent plus que dans toute autre configuration.<br />
L’heure du repas est également soumise à l’heure <strong>de</strong> retour d’un ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parents au<br />
foyer. Les heures <strong>de</strong> repas sont donc d’autant plus variables que les horaires <strong>de</strong>s parents<br />
se modifient d’un jour à l’autre, d’une semaine à l’autre ou d’un mois à l’autre. Par ailleurs,<br />
la proportion <strong>de</strong>s enfants dînant à <strong>de</strong>s heures atypiques, avant 19h00 ou après 20h30,<br />
est <strong>de</strong>terminée en fonction <strong>de</strong>s horaires plus ou moins décalés <strong>de</strong>s parents. La présence<br />
<strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille varie alors d’autant : “je mange parfois avec papa, <strong>de</strong>s fois<br />
avec maman, <strong>de</strong>s fois tout le mon<strong>de</strong> est là, ça dépend quoi 14 ”. Pourtant l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
Dares (2000) confirme que pour une majorité d’enfants interrogés, le repas apparaît<br />
comme un moment <strong>de</strong> convivialité (“on discute beaucoup, on reste au moins une heure à<br />
table 15 ”), un temps <strong>de</strong> discussion avec un parent privilégié (et dans ce cas principalement<br />
les mères), les <strong>de</strong>ux parents ou encore la famille élargie (plus particulièrement les<br />
grands-parents).<br />
14- Devetter F.X. (2003), op. cité, Dares, p.68.<br />
15- Devetter F.X. (2003), op. cité, Dares, p.38.<br />
19<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
L’investissement <strong>de</strong>s femmes dans les temps physiologiques<br />
Qui réveille les enfants le matin? Les mères dans 51% <strong>de</strong>s familles<br />
Qui prépare les enfants le matin? Les mères dans 70% <strong>de</strong>s familles<br />
Qui emmène les enfants à l’école le matin? 16 57,5% <strong>de</strong>s femmes actives utilisent leur<br />
trajet domicile-travail pour conduire<br />
les enfants à l’école ou faire les courses<br />
Source : d’après Barrère – Maurisson M. et ali. (2000).<br />
A l’opposé, le temps consacré à l’hygiène est décrit par les enfants en âge <strong>de</strong> verbaliser<br />
comme un temps caractérisé par l’urgence et la fragmentation d’activités courtes :<br />
“le soir, je me déshabille, je me lave, je mets mon pyjama… je mange, je me brosse les<br />
<strong>de</strong>nts, je vais me coucher”, “le matin, je me lève, je prends mon déjeuner, je m’habille,<br />
je pars à l’école”. Là encore, les horaires <strong>de</strong> travail ont une inci<strong>de</strong>nce sur ce temps. Ainsi,<br />
lorsque les parents actifs partent avant l’heure <strong>de</strong> l’entrée à l’école, les enfants disposent<br />
le matin en moyenne <strong>de</strong> 55 minutes, contre 1h20 pour ceux dont l’un ou l’autre <strong>de</strong>s<br />
parents part après. Il convient <strong>de</strong> souligner que là encore, c’est plus particulièrement aux<br />
mères que revient l’accompagnement <strong>de</strong> ces activités physiologiques - ce sont majoritairement<br />
les mères qui préparent les enfants -, contrairement aux activités relevant du<br />
temps “libre”, où l’on note une présence plus active du père.<br />
c- Le temps “libre” : un temps fonction <strong>de</strong> la disponibilité et<br />
<strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s parents<br />
Le terme <strong>de</strong> temps “libre” fait référence à un temps choisi, terme plutôt problématique,<br />
au regard <strong>de</strong> la plus ou moins gran<strong>de</strong> autonomie <strong>de</strong>s enfants dans ces choix. Si pour les<br />
enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, le temps libre est tout ce qui n’est pas un temps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>,<br />
pour les enfants scolarisés, ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>vient aussi un temps <strong>de</strong> loisirs. Ainsi, la majorité<br />
<strong>de</strong>s enfants scolarisés dispose <strong>de</strong> plus d’une heure et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> temps libre en fin d’aprèsmidi,<br />
tandis que pour tous les autres enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, le temps libre prend<br />
un autre sens, et se résume à une <strong>de</strong>mi-heure, <strong>de</strong> temps à autre. Ce temps <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong><br />
trois ans est constitué principalement <strong>de</strong> loisirs et d’activités autonomes à domicile. Dans<br />
ce cas, regar<strong>de</strong>r la télévision constitue la première activité autonome <strong>de</strong>s enfants tandis<br />
que la pratique d’un sport ou d’une activité artistique occupe 63% <strong>de</strong>s enfants. En ce<br />
qui concerne les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, au même titre que l’insuffisance <strong>de</strong> lieux<br />
d’accueil, toutes les étu<strong>de</strong>s soulignent également l’insuffisance d’offres <strong>de</strong> loisirs artistiques<br />
ou sportifs pour cette population, et parmi les rares offres, la faible part <strong>de</strong>s enfants<br />
investis dans ceux-ci, du fait <strong>de</strong> la nécessaire présence <strong>de</strong>s parents au regard <strong>de</strong> leurs<br />
multiples contraintes professionnelles, domestiques...<br />
La sphère du travail a ainsi un impact sur le temps libre <strong>de</strong>s enfants. Ainsi, lorsque les<br />
parents tous <strong>de</strong>ux actifs rentrent après la fin <strong>de</strong> l’école, les enfants arrivent en moyenne<br />
16- Notons ici que du fait <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> ces enfants entre 8 et 11 ans, certains d’entre eux vont seuls à l’école, ce qui n’est, bien sûr pas le<br />
cas <strong>de</strong>s enfants non scolarisés.<br />
20
à la maison à 17h15, perdant 15 minutes par rapport à leurs camara<strong>de</strong>s dont l’un <strong>de</strong>s<br />
parents est déjà présent à la maison. Enfin le travail <strong>de</strong>s parents aura un impact sur le<br />
temps <strong>de</strong> loisirs <strong>de</strong>s enfants, par le biais <strong>de</strong> la disponibilité <strong>de</strong>s parents – les enfants dont<br />
les parents ont <strong>de</strong>s horaires variables, parviendront difficilement à suivre régulièrement<br />
une activité culturelle ou sportive. Notons ici que les horaires atypiques ont un impact<br />
négatif sur la pratique d’activités associatives <strong>de</strong>s parents d’une part, et <strong>de</strong>s enfants,<br />
d’autre part, l’ensemble réduisant les temps et la qualité <strong>de</strong> la sociabilité pour l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille.<br />
Enfin, pour tous les enfants dont les parents sont actifs ou inactifs, l’impact <strong>de</strong><br />
la sphère professionnelle sur les temps <strong>de</strong> loisirs s’exprime au travers <strong>de</strong>s revenus<br />
du foyer. Ainsi, seuls 11 % <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cadres n’exerceront aucune activité<br />
extrascolaire contre 24 % <strong>de</strong>s enfants d’ouvriers.<br />
Compte tenu <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> ces interférences entre sphères professionnelles et sphères<br />
privées ressenties par l’ensemble <strong>de</strong> la famille, les enfants se font une opinion du travail<br />
et <strong>de</strong> ses temps.<br />
d- Le temps <strong>de</strong> travail vu par les enfants : <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail<br />
jugés trop long et qui font l’objet <strong>de</strong> fortes critiques <strong>de</strong> la<br />
part <strong>de</strong>s enfants<br />
Les étu<strong>de</strong>s 17 révèlent que les enfants ont en général, une idée assez floue du métier<br />
exercé par leurs parents : “maman, elle fait <strong>de</strong>s chèques”, “papa, il fait du bois”,<br />
“maman, elle travaille sur une imprimante”…<br />
Les enfants ont également, nous l’avons dit, une conscience assez vague du concept<br />
même <strong>de</strong> temps bien que les horaires <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> leurs parents les contraignent à intégrer<br />
cette notion. La possession et la consultation d’une montre sont révélatrices, à cet<br />
égard, du phénomène. Quand les parents sont actifs, 42% <strong>de</strong>s enfants possédant une<br />
montre la consulte souvent, contre 20% <strong>de</strong>s enfants dont l’un <strong>de</strong>s parents ne travaille<br />
pas, et ces chiffres augmentent encore lorsque le ménage est soumis à <strong>de</strong>s horaires<br />
décalés. D’une manière générale, la réaction prédominante <strong>de</strong>s enfants à l’égard<br />
du temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s parents, est <strong>de</strong> considérer que les parents travaillent<br />
trop et trop longtemps. Ils associent cette durée à la fatigue et à l’énervement <strong>de</strong>s<br />
parents, le soir, et plus encore lorsque les parents sont contraints par <strong>de</strong>s horaires atypiques.<br />
Notons ici que les enfants connaissent plus particulièrement les horaires <strong>de</strong> leurs mères,<br />
seuls 10% <strong>de</strong>s enfants interrogés ne connaissent pas les horaires <strong>de</strong> leur mère contre 30%<br />
s’agissant <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> leur père. Les étu<strong>de</strong>s notent paradoxalement que plus les<br />
horaires sont complexes, variables ou décalés, plus les enfants les retiennent : “Papa<br />
part très tôt une semaine sur <strong>de</strong>ux, vers 4h00 je crois. Et là il rentre vers 13h00. Sinon il<br />
part à 13h00 et là il rentre vers 9h00 le soir. Maman elle, elle part au travail à 6h30 et<br />
17- Devetter F.X. (2003), op. cité.<br />
21<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
elle rentre à 15h00 ou alors elle part à 12h30 et elle<br />
revient à 9h00 aussi” 18 . Autre impact <strong>de</strong> ces horaires<br />
atypiques sur la perception qu’en ont les enfants, ces<br />
<strong>de</strong>rniers font l’objet <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s enfants, <strong>de</strong> fortes critiques<br />
: “On n’a plus <strong>de</strong> temps, mes parents travaillent<br />
parfois le samedi ou le dimanche. J’aimerais les voir<br />
plus. Mais c’est pas possible avec leur travail 19 ”.<br />
Par ailleurs, comme leurs parents, les enfants subissant<br />
les horaires atypiques du ménage, ont également le<br />
sentiment <strong>de</strong> manquer <strong>de</strong> temps, d’être débordés. Outre<br />
l’insuffisance <strong>de</strong> temps partagé avec l’ensemble <strong>de</strong> la<br />
famille, ils sont aussi, contraints d’être plus autonomes et<br />
<strong>de</strong> participer un peu plus aux tâches collectives du foyer :<br />
mettre la table, mettre leur linge au sale, ranger leur chambre…<br />
D’une manière générale, les temps professionnels <strong>de</strong>s parents ont un impact d’une part,<br />
nous l’avons vu sur les temps <strong>de</strong>s enfants, mais aussi, sur la perception globale qu’ils ont<br />
du temps.<br />
Par ailleurs, on peut compter qu’ils ne seront certainement pas sans inci<strong>de</strong>nce quant à<br />
la façon dont ils envisagent le travail lui-même et leur avenir professionnel également.<br />
C’est dans cette mesure aussi que les parents tenteront <strong>de</strong> rechercher <strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong><br />
conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux.<br />
2.3 La recherche <strong>de</strong> solutions <strong>de</strong> conciliation<br />
<strong>de</strong>s temps familiaux<br />
Face aux solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> existante, plusieurs étu<strong>de</strong>s 20 font émerger <strong>de</strong>s préoccupations<br />
communes <strong>de</strong>s Européens quant à la conciliation <strong>de</strong>s temps. L’évolution <strong>de</strong>s textes<br />
européens en la matière fait état d’une volonté récente <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong> la problématique,<br />
en particulier eu égard aux objectifs d’égalité <strong>de</strong>s chances entre les hommes et<br />
les femmes. Au sein <strong>de</strong> l’Union européenne, le traitement <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la conciliation<br />
<strong>de</strong>s temps relève <strong>de</strong> logiques très différentes. A côté <strong>de</strong> ces mesures qui non encadrées,<br />
peuvent aussi générer précarité et renforcement <strong>de</strong>s mesures discriminatoires,<br />
(comme c’est le cas pour les femmes françaises à temps partiel), la France a aussi opté<br />
pour une réduction collective du temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s.<br />
18- Devetter F.X. (2003), op. cité, Dares, p.55.<br />
19- Devetter F.X. (2003), op. cité, Dares, p.56.<br />
20- OCDE (2002), Bébés et employeurs : comment réconcilier travail et vie <strong>de</strong> famille?<br />
22<br />
Seuls 11% <strong>de</strong>s<br />
enfants <strong>de</strong> cadres<br />
n’exerceront<br />
aucune activité<br />
extrascolaire<br />
contre 24% <strong>de</strong>s<br />
enfants d’ouvriers.
a- L’Europe et la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux : <strong>de</strong>s politiques<br />
européennes en matière <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s enfants plutôt<br />
ambiguës<br />
L’Union européenne est engagée <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> dix ans dans le développement <strong>de</strong>s<br />
modalités <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s, au nom d’une volonté affichée <strong>de</strong> lutte contre les inégalités <strong>de</strong><br />
genre. Elle encourage à ce titre, un véritable partage <strong>de</strong>s responsabilités professionnelles,<br />
familiales et d’éducation entre les hommes et les femmes.<br />
Pour autant, l’analyse <strong>de</strong>s textes en la matière révèle un certain nombre<br />
d’ambiguïtés.<br />
En effet, si les textes préconisent le développement <strong>de</strong> structures d’accueil <strong>de</strong> qualité<br />
pour lesquelles il convient d’ailleurs <strong>de</strong> disposer d’indicateurs pour en mesurer le <strong>de</strong>gré,<br />
et ce, en faveur du bien-être <strong>de</strong>s enfants et d’une meilleure harmonisation entre les<br />
temps scolaires et les horaires <strong>de</strong> travail, dans le même temps, ils encouragent aussi à <strong>de</strong>s<br />
horaires d’ouverture <strong>de</strong>s lieux d’accueil plus souples et plus flexibles.<br />
Par ailleurs, si les résolutions, recommandations et priorités du sommet <strong>de</strong> Barcelone<br />
enten<strong>de</strong>nt encourager les Etats membres à l’accroissement <strong>de</strong> l’accueil <strong>de</strong>s enfants (30%<br />
<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 ans doivent être accueillis et 90% pour les 3-6 ans), le seul<br />
texte véritablement coercitif que constitue la directive porte sur les congés parentaux,<br />
oeuvrant non plus pour les accueils externes mais pour un retour temporaire au foyer <strong>de</strong><br />
l’un <strong>de</strong>s parents. Or la mesure présente un certain nombre <strong>de</strong> limites dès lors qu’elle n’est<br />
accompagnée d’aucun outil favorisant l’égalité et la conciliation <strong>de</strong>s temps dans<br />
l’optique d’une meilleure répartition <strong>de</strong>s temps entre hommes et femmes ou encore<br />
d’incitations à la prise <strong>de</strong> congés parentaux par les hommes.<br />
La disposition révèle encore d’autres ambiguïtés, tout en visant à protéger le salarié<br />
en congé parental, la directive n’impose aucune obligation <strong>de</strong> rémunération <strong>de</strong> ce<br />
travailleur, ce qui en pratique réduit fortement ses droits et libertés.<br />
Par ailleurs, tandis que <strong>de</strong>s solutions innovantes telles que l’Espace Pimprenelle <strong>de</strong> la<br />
Ratp sont, nous le verrons, le fruit <strong>de</strong> la réflexion <strong>de</strong>s partenaires sociaux associant les<br />
employeurs, seul un texte (la résolution 2000/C218/02), qui là encore n’a aucune obligation<br />
coercitive, encourage les Etats membres à ce qu’employeurs et organisations syndicales<br />
intensifient leurs efforts pour une participation équilibrée <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes à<br />
la vie professionnelle et familiale.<br />
L’ensemble ne permet pas <strong>de</strong> disposer d’une véritable lisibilité <strong>de</strong> la politique<br />
européenne et d’une cohésion <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong>s Etats membres en matière <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
d’enfants.<br />
Ainsi, si le principe d’égalité hommes/femmes dans la sphère privée et professionnelle<br />
et les questions <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux sont portés dans certains pays tels<br />
que les pays nordiques, comme <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> bien être <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la société,<br />
23<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
tel n’est pas le cas pour d’autres pays européens qui les considèrent comme relevant <strong>de</strong><br />
la sphère strictement privée. De même, tandis que la situation <strong>de</strong>s femmes s’améliore<br />
dans certains pays européens, les femmes <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> l’Est ont connu une<br />
dégradation <strong>de</strong> leurs conditions <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> travail, en étant plus particulièrement soumise<br />
aux effets <strong>de</strong> la crise économique.<br />
Les droits relatifs au congé parental diffèrent également d’un Etat membre à un autre :<br />
rémunéré en Suè<strong>de</strong>, le Royaume Uni a été hostile jusqu’en 1999, à la création du congé<br />
parental 21 .<br />
Enfin, alors que la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps et celle du développement <strong>de</strong>s<br />
équipements et services consacrés aux enfants relève pour quelques pays <strong>de</strong>s prérogatives<br />
<strong>de</strong> l’action publique, elles sont considérées pour d’autres comme afférentes à la sphère privée.<br />
Dans ce contexte, la France présente un certain nombre <strong>de</strong> caractéristiques quant aux<br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. Tandis qu’elle est réputée pour son encouragement à une socialisation<br />
précoce <strong>de</strong>s enfants, en particulier eu égard à l’importance <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> scolarisation <strong>de</strong>s<br />
enfants <strong>de</strong> trois à six ans (99 %), l’école maternelle est pourtant non-obligatoire et<br />
l’insuffisance d’offre <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans est prégnante.<br />
Les gran<strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> la politique européenne concernant<br />
la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants, quelques éléments <strong>de</strong> repères<br />
DATE<br />
31/03/1992<br />
03/06/1996<br />
REFERENCES<br />
Recommandation<br />
du Conseil concernant<br />
la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants<br />
92/241/CEE<br />
Directive relative<br />
au congé parental<br />
96/34/CE<br />
24<br />
CONTENU<br />
Elle recomman<strong>de</strong> :<br />
- dans le cadre du développement <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong><br />
genre, l’encouragement au partage hommes/femmes<br />
<strong>de</strong>s responsabilités professionnelles, familiales<br />
et d’éducation,<br />
- la mise en place <strong>de</strong> services <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfants<br />
pendant que les parents travaillent, <strong>de</strong>s services<br />
à prix abordables prenant en compte les besoins<br />
<strong>de</strong>s enfants et ceux <strong>de</strong>s parents, en encourageant<br />
la diversité et la souplesse <strong>de</strong>s modalités<br />
d’accueil,<br />
- le renforcement <strong>de</strong>s droits aux congés pour les<br />
pères pour <strong>de</strong>s raisons familiales.<br />
La directive impose :<br />
- le droit au congé parental pour prendre soin <strong>de</strong>s<br />
enfants <strong>de</strong> 8 ans au plus, pour les hommes et les<br />
femmes travaillant,<br />
- un congé parental <strong>de</strong> 3 mois minimum, sans risque<br />
<strong>de</strong> licenciement, ni perte <strong>de</strong> droits, avec<br />
affectation au poste antérieur à l’issue,<br />
- la directive ne mentionne pas l’obligation <strong>de</strong> versement<br />
<strong>de</strong> prestations pendant le congés parental.<br />
21- Letablier M.T., Rienlaug (2001), “La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants : une affaire d’Etat ?” CEE, document <strong>de</strong> travail n°6.
DATE<br />
29/06/2000<br />
15 et<br />
16 Mars 2002<br />
2002<br />
REFERENCES<br />
Résolution du Conseil<br />
et <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong><br />
l’emploi et <strong>de</strong> la politique<br />
sociale, relative<br />
à la participation<br />
équilibrée <strong>de</strong>s femmes<br />
et <strong>de</strong>s hommes à la<br />
vie professionnelle et<br />
familiale<br />
2000/C218/02<br />
Priorités du sommet<br />
<strong>de</strong> Barcelone réunissant<br />
15 pays membres<br />
<strong>de</strong> l’Union européenne<br />
Recommandation du<br />
comité <strong>de</strong>s ministres<br />
<strong>de</strong>s Etats membres<br />
relative à l’accueil <strong>de</strong><br />
jour <strong>de</strong>s enfants<br />
Rec(2002)8<br />
CONTENU<br />
La résolution encourage les Etats membres :<br />
- au renforcement <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> développement<br />
<strong>de</strong>s services <strong>de</strong> soutien aux familles et d’amélioration<br />
<strong>de</strong>s structures d’accueil et <strong>de</strong> soins <strong>de</strong>s<br />
enfants,<br />
- à harmoniser les rythmes scolaires et les horaires<br />
<strong>de</strong> travail,<br />
- à ce que les employeurs, <strong>de</strong>s secteurs publics et<br />
privés, les travailleurs et les partenaires sociaux<br />
intensifient leurs efforts pour une participation<br />
équilibrée <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes à la vie<br />
professionnelle et familiale,<br />
- à ce que les partenaires sociaux œuvrent pour<br />
cet équilibre.<br />
Suite à la lettre commune <strong>de</strong>s Premiers ministres<br />
<strong>de</strong> Belgique et du Luxembourg, agissant dans<br />
l’optique <strong>de</strong> répondre aux “impératifs d’égalité, <strong>de</strong><br />
cohésion et <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s emplois qui sont au<br />
cœur du modèle social européen”, les Etats membres<br />
fixent la mise en place <strong>de</strong> structures d’accueil<br />
pour :<br />
- au moins 90 % <strong>de</strong>s enfants entre 3 ans et l’âge<br />
<strong>de</strong> scolarisation,<br />
- au moins 30% <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 ans.<br />
Elle recomman<strong>de</strong> que les Etats membres :<br />
- prennent <strong>de</strong>s mesures pour favoriser la création<br />
<strong>de</strong> services d’accueil <strong>de</strong> jour <strong>de</strong> qualité, à <strong>de</strong>s prix<br />
abordables et accessibles et organisés <strong>de</strong><br />
manière souple,<br />
- mettent en place <strong>de</strong>s mesures en faveur <strong>de</strong> la<br />
qualité concernant les personnels, les structures<br />
d’accueil, une participation <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong>s programmes<br />
d’activités, un environnement matériel<br />
et un nombre d’enfants déterminé,<br />
- établissent <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong>s procédures<br />
d’autorisation, <strong>de</strong> surveillance et d’inspection<br />
indépendante dans le souci du bien-être,<br />
du meilleur intérêt et <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s enfants.<br />
25<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
- Les solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> existantes pour les enfants non<br />
scolarisés : l’insuffisance <strong>de</strong>s lieux d’accueil pour les enfants<br />
<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans<br />
En France plus <strong>de</strong> 85% <strong>de</strong>s ménages avec au moins un enfant non scolarisé et dont la<br />
mère travaille ont recours à une gar<strong>de</strong> extérieure rémunérée ou non 22 . Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
payant reste encore le plus important <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s, et dans ce cadre, l’accueil chez une<br />
assistante maternelle est le plus répandu. 45% <strong>de</strong>s ménages ont donc opté pour cette<br />
formule. La durée moyenne <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>, s’agissant <strong>de</strong>s services rémunérés, est <strong>de</strong> 30h<br />
par semaine tandis que 33% <strong>de</strong>s ménages interrogés déclarent un volume hebdomadaire<br />
supérieur ou égal à 40h.<br />
Les solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> rémunérée qui s’offrent aux salarié(e)s<br />
MODES DE GARDE<br />
Crèches collectives<br />
Crèches familiales<br />
Crèches parentales<br />
Haltes gar<strong>de</strong>ries<br />
Crèches d’entreprise<br />
Assistantes maternelles<br />
Gar<strong>de</strong> par un(e) employé(e)<br />
CARACTERISTIQUES<br />
- accueil <strong>de</strong> 15 à 100 enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans<br />
- ouverture 10 heures par jour sans interruption<br />
- locaux sociaux ou <strong>de</strong> type F5 ou F6<br />
- personnel diplômé et qualifié<br />
- participation mensuelle en fonction <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s parents<br />
- accueil d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans<br />
- ouverture d’accueil allant <strong>de</strong> 7h00 à 19h00<br />
- locaux : domicile d’assistantes maternelles agréées et<br />
locaux collectifs avec salles <strong>de</strong> jeux et salles <strong>de</strong> réunion<br />
pour les assistantes affiliées<br />
- personnel formé et encadré par une puéricultrice directrice<br />
<strong>de</strong> la crèche<br />
- accueil <strong>de</strong> 15 personnes<br />
- locaux : petits établissements<br />
- parents participant à tour <strong>de</strong> rôle<br />
- enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 6 ans<br />
- accueil occasionnel ou à temps partiel<br />
- participation au tarif horaire journalier établi par la caisse<br />
d’allocations familiales<br />
- réservées au personnel <strong>de</strong> l’entreprise<br />
- soumises à la même réglementation que les crèches collectives<br />
- accueil d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, au maximum trois<br />
enfants<br />
- rémunération réglementée<br />
gar<strong>de</strong> au domicile assurée par un(e) employé(e) <strong>de</strong> maison,<br />
une jeune fille “au pair” ou un membre <strong>de</strong> la famille (sauf<br />
conjoint) avec la possibilité d’intégrer cet emploi dans le<br />
cadre réglementaire <strong>de</strong>s auxiliaires parentaux<br />
22- Guillot O. (2002), “Une analyse du recours aux services <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfants”, Economie et Statistique, n°352-353. L’étu<strong>de</strong> a été<br />
réalisée à partir <strong>de</strong> l’enquête Emploi du temps <strong>de</strong> l’Insee, réalisée entre 1998 et 1999, sur un échantillon <strong>de</strong> 8 196 ménages.<br />
26
Les étu<strong>de</strong>s soulignent que la France continue <strong>de</strong> souffrir d’une insuffisance <strong>de</strong><br />
lieux d’accueil collectifs pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans : seules 90 places<br />
pour 1000 enfants sont aujourd’hui disponibles dans les crèches et associations.<br />
Répartition <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants non scolarisés en 2002<br />
MODES DE GARDE<br />
MÉNAGES AVEC AU MOINS<br />
UN ENFANT NON SCOLARISÉ<br />
Mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> non payant dont :<br />
- Gar<strong>de</strong> par un membre du ménage<br />
- Gar<strong>de</strong> non rémunérée par un parent ou un ami<br />
(hors ménage)<br />
Un seul mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> payant dont :<br />
- Nourrice<br />
- Gar<strong>de</strong> à domicile<br />
- Crèche<br />
- Gar<strong>de</strong> rémunérée par un parent ou un ami (hors ménage)<br />
Plusieurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> payant :<br />
Total<br />
Source : d’après Guillot (2002).<br />
La question est d’autant plus alertante que la configuration démographique a considérablement<br />
évolué avec près <strong>de</strong> 800000 naissances en 2002, soient 37000 <strong>de</strong> plus qu’en<br />
1990 et <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans qui représentent en 2003 en France, 3067657<br />
personnes. Cette situation laisse alors peu <strong>de</strong> place à <strong>de</strong>s initiatives originales du point<br />
<strong>de</strong> vue du concept (voir encadré suivant) comme en termes d’amplitu<strong>de</strong>s horaires.<br />
La crèche Bout’chou : un échange intergénérationnel<br />
Ouverte en 2003 à Paris (13 e ), la crèche collective Bout’chou accueille 19 enfants du<br />
quartier <strong>de</strong> trois mois à trois ans à temps partiel. La structure est installée dans une<br />
maison <strong>de</strong> retraites accueillants 95 personnes âgées. Trois fois par semaine, les <strong>de</strong>ux<br />
générations se rencontrent autour d’une collation, d’un atelier musical, <strong>de</strong> contes ou<br />
encore d’une activité peinture, encadrés par les personnels <strong>de</strong> la crèche et ceux <strong>de</strong> la<br />
maison <strong>de</strong> retraite.<br />
Dès lors, signe du double impact <strong>de</strong>s ressources et <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> travail, le recours à<br />
une gar<strong>de</strong> rémunérée varie selon la catégorie socioprofessionnelle <strong>de</strong> la mère : 75% <strong>de</strong>s<br />
27<br />
33,4<br />
14,1<br />
13,9<br />
52,7<br />
34,3<br />
5,2<br />
13,2<br />
5,4<br />
13,9<br />
100<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
mères cadres font gar<strong>de</strong>r leurs enfants selon un mo<strong>de</strong> rémunéré, contre 41% <strong>de</strong>s mères<br />
ouvrières qui recourent le plus souvent aux parents ou aux amis.<br />
Les étu<strong>de</strong>s 23 montrent que face aux solutions officielles et aux temps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> proposés,<br />
les salarié(e)s en horaires atypiques, comme nous le verrons s’agissant <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la<br />
RATP, recourent à <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> “officieux” par les grands-parents, les amis, les<br />
nourrices non déclarées, offrant <strong>de</strong>s plages horaires plus flexibles.<br />
L’impact <strong>de</strong>s ressources financières du ménage (revenu net mensuel) sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans (en %)<br />
Gar<strong>de</strong> par<br />
un membre du ménage<br />
exclusivement<br />
Gar<strong>de</strong> non rémunérée<br />
par un parent<br />
ou un ami<br />
Gar<strong>de</strong> rémunérée<br />
Source : d’après Guillot (2002)<br />
Moins <strong>de</strong> De 1525 ¤<br />
1525 ¤ à 2135 ¤<br />
15,6<br />
26,8<br />
57,6<br />
Dans ce cadre, les femmes actives, ayant au moins un enfant non scolarisé qui n’utilisent<br />
aucun service <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ou qui se font ai<strong>de</strong>r par <strong>de</strong>s proches, présentent un certain nombre<br />
<strong>de</strong> caractéristiques quant à leurs temps et leurs horaires <strong>de</strong> travail. Une sur cinq travaillent<br />
moins <strong>de</strong> 5 heures par jour et près <strong>de</strong> 30% sont habituellement en activité après 18h.<br />
Si les <strong>de</strong>ux actifs du foyer sont soumis à <strong>de</strong>s horaires variables, les étu<strong>de</strong>s montrent que<br />
la probabilité <strong>de</strong> recourir à une gar<strong>de</strong> rémunérée diminue. Un <strong>de</strong>s facteurs explicatifs<br />
rési<strong>de</strong> dans ce que l’on appelle la gar<strong>de</strong> “intra-ménage” selon laquelle, les <strong>de</strong>ux actifs du<br />
ménage assument <strong>de</strong>s horaires atypiques et toujours en décalage, <strong>de</strong> manière à ce que<br />
l’un ou l’autre <strong>de</strong>s parents, comme nous l’avons souligné précé<strong>de</strong>mment, soit toujours<br />
présent auprès <strong>de</strong>s enfants.<br />
Bien entendu, ces solutions présentent un certain nombre <strong>de</strong> désavantages :<br />
- d’une part, les parents ne peuvent pas faire valoir leurs droits et per<strong>de</strong>nt ainsi les<br />
in<strong>de</strong>mnités <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfants, phénomène particulièrement problématique dès lors<br />
qu’ils recourent aux nourrices non déclarées ;<br />
- d’autre part, la précarité <strong>de</strong> ces mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ne permet pas toujours aux parents <strong>de</strong><br />
disposer d’une certaine sérénité attendue dans leur vie personnelle comme dans leur vie<br />
professionnelle.<br />
D’une manière générale, l’organisation <strong>de</strong>s temps sociaux pour les salarié(e)s en horaires<br />
atypiques, constitue une charge mentale supplémentaire. Dans ce cadre, les salarié(e)s<br />
auront aussi recours à la réduction individuelle <strong>de</strong> leurs temps <strong>de</strong> travail.<br />
23- Lacroix C. (1997), Pimprenelle, document <strong>de</strong> travail, RATP. Rapport réalisé à l’issue <strong>de</strong> réunions d’un groupe <strong>de</strong> travail composé<br />
d’assistants sociaux, <strong>de</strong> responsable <strong>de</strong> la CAF, <strong>de</strong> responsable du Département juridique, <strong>de</strong>s Directeurs <strong>de</strong>s lignes A et 1 et du centre Bus<br />
<strong>de</strong> La Maltournée.<br />
28<br />
De 2135 ¤<br />
à 2668 ¤<br />
19,6<br />
12,1<br />
68,8<br />
De 2668 ¤<br />
à 3200 ¤<br />
10<br />
15,9<br />
74,1<br />
3200 ¤<br />
ou plus<br />
7,9<br />
16,9<br />
75,2
c- Le temps partiel : une solution individuelle pour concilier les<br />
temps mais où <strong>de</strong>meure la question du choix<br />
En 1992, le gouvernement français incite les entreprises à la mise en place d'une réduction<br />
individuelle du temps <strong>de</strong> travail, avec un abattement <strong>de</strong> 30% sur les cotisations patronales<br />
pour toute création d'emploi à temps partiel (loi 92-1446 du 31 décembre 1992).<br />
L'enquête emploi du temps <strong>de</strong> la Dares 24 révèle qu’en 2002, 17% <strong>de</strong>s salariés français<br />
travaillent à temps partiel mais que la proportion s'accroît considérablement lorsqu'il<br />
s'agit <strong>de</strong>s femmes puisque 30% <strong>de</strong> la population active féminine travaille à temps<br />
partiel, contre 5% pour les hommes. Ainsi les femmes occupent à 83,4% <strong>de</strong>s emplois<br />
à temps partiel <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 heures, et à 82,1% <strong>de</strong>s emplois à temps partiel <strong>de</strong><br />
15 à 29 heures 25 .<br />
Le “choix” du temps partiel, en % <strong>de</strong>s salariés à temps partiel (2002)<br />
Temps partiel imposé<br />
à l'embauche<br />
“Choix” du temps partiel pour<br />
les enfants<br />
“Choix” du temps partiel pour<br />
d'autres raisons<br />
Source : d'après Dares (2002).<br />
Hommes<br />
70<br />
6<br />
24<br />
Femmes<br />
La question sous jacente à la problématique du développement du temps partiel pour<br />
les femmes est celle du choix <strong>de</strong> ce type d'emploi par les femmes. L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Dares<br />
(2002) 26 révèle que plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s salariés à temps partiel interrogés n'ont pas<br />
choisi cette forme d'emploi. Il convient <strong>de</strong> noter que dans ce cas, ces types d'emplois<br />
auront vocation à perdurer puisqu'ils se situent dans <strong>de</strong>s secteurs où ils représentent une<br />
forme <strong>de</strong> gestion permanente <strong>de</strong> la main d'œuvre comme c'est le cas par exemple dans<br />
le secteur du commerce 27 .<br />
Plus souvent que les hommes, les femmes (dans 34% <strong>de</strong>s cas) déclarent travailler à<br />
temps partiel pour s'occuper <strong>de</strong>s enfants. On évoque là encore le choix pour les mères<br />
<strong>de</strong> famille. Outre que ce temps “libre” n'est pas réservé aux femmes en propre mais qu’il<br />
s'agit d'un temps pour les enfants et pour la gestion domestique dans bien <strong>de</strong>s cas, c'est<br />
aussi un temps qui vient pallier les temps <strong>de</strong> travail du conjoint soumis aux exigences<br />
économiques, et ce, dans l'espoir d'un meilleur épanouissement <strong>de</strong>s enfants. Et si le<br />
choix du temps partiel pour la femme s'est fait conjointement par l'homme et la femme<br />
en raison du salaire moindre <strong>de</strong> la femme, ce passage à temps partiel pèse alors en retour<br />
défavorablement sur l'évolution salariale, la promotion et la retraite <strong>de</strong> la femme, et renforce<br />
plus encore les discriminations fondées sur le genre.<br />
24- DARES (2002), “Temps partiels <strong>de</strong>s femmes entre “choix” et contraintes”, Premières synthèses, informations, n°08.2 - février. L'enquête<br />
a été réalisée par l'Insee auprès <strong>de</strong> 16 000 personnes <strong>de</strong> 15 ans ou plus interrogées sur l'utilisation <strong>de</strong> leurs temps mais également sur les<br />
modalités <strong>de</strong> choix d'un emploi à temps partiel : imposé par l'employeur, choisi pour les enfants, ou choisi pour d'autres activités.<br />
25- INSEE (2004), op. cité.<br />
26- DARES (2002), op. cité.<br />
27- <strong>Emergences</strong> et Iseres (2003), “La difficile articulation <strong>de</strong>s temps familiaux et professionnels dans le commerce”, étu<strong>de</strong> réalisée dans le<br />
cadre du projet Timétis.<br />
29<br />
49<br />
34<br />
17<br />
Ensemble<br />
52<br />
30<br />
18<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Dès lors, il est important <strong>de</strong> considérer si les salariés, hommes ou femmes, ont<br />
la possibilité <strong>de</strong> choisir la répartition <strong>de</strong> leurs horaires <strong>de</strong> travail. Le temps libéré<br />
n'a en effet pas la même valeur s'il est choisi ou s'il est contraint par <strong>de</strong>s horaires atypiques,<br />
en particulier lorsque l’on s’intéresse aux temps <strong>de</strong> la famille et aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants. L'enquête <strong>de</strong> la Dares (2002) révèle ainsi que plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s<br />
salariés n'ont pu choisir librement leurs horaires. La flexibilité faisant, le risque économique<br />
passe insidieusement <strong>de</strong> la charge <strong>de</strong> l’employeur à celle du salarié et compromet<br />
toute chance <strong>de</strong> succès dans la conciliation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s temps parentaux.<br />
Les étu<strong>de</strong>s révèlent, dans ce cadre, que les femmes à temps partiel en “horaires dits<br />
à la carte” ont une plus gran<strong>de</strong> probabilité <strong>de</strong> prolonger leur journée au <strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />
ce qui est prévu que les femmes dont les horaires sont stables; ce qui n’est pas sans<br />
interpeller d’une part, sur l’usage du terme “à la carte” (<strong>de</strong> l’employeur ou du salarié) et<br />
d’autre part, sur les possibilités d’ajuster les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> dans ces conditions.<br />
Enfin, les étu<strong>de</strong>s montrent que le temps libre ne s'accompagne pas d'un accroissement<br />
d'activités culturelles et sportives au sein <strong>de</strong> la famille, du fait <strong>de</strong> la faiblesse <strong>de</strong>s revenus<br />
inhérent à l'emploi à temps partiel.<br />
D’une manière générale, le temps partiel comme élément <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps se<br />
trouve confronté à une limite qui tient aussi aux désavantages que peut présenter une<br />
solution individuelle face à un problème <strong>de</strong> nature collective et relevant <strong>de</strong> choix <strong>de</strong><br />
société quant à la place <strong>de</strong>s enfants et à celle <strong>de</strong> la famille.<br />
d- La réduction collective du temps <strong>de</strong> travail : <strong>de</strong>s effets<br />
nuancés sur la conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
En France, les lois du 13 juin 1998 (n° 98-461 et celle du 19 janvier 2000 n°2000-37)<br />
ont institué la réduction collective du temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> 39 à 35h accompagnée <strong>de</strong><br />
mesures en faveur <strong>de</strong> la création d'emplois. L’impact <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong>s 35h sur la<br />
vie familiale est ambiguë au regard <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps 28 .<br />
Globalement, cette réduction du temps <strong>de</strong> travail (RTT) été accueillie par les salariés<br />
comme un moyen <strong>de</strong> mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. 43% <strong>de</strong>s salariés<br />
estiment que la situation en termes d'articulation <strong>de</strong>s temps sociaux - vie familiale et vie<br />
professionnelle - s'est améliorée grâce à la RTT et ce, d'autant plus pour les parents <strong>de</strong><br />
jeunes enfants. Notons pourtant que 57% estiment que la situation reste inchangée.<br />
Parmi les satisfaits, ce sont les femmes qui le sont le plus (38% d’entre elles contre 32%<br />
<strong>de</strong>s hommes). Le rythme hors travail est jugé comme étant plus “calme” par une majorité<br />
<strong>de</strong> femmes et la possibilité d'investissement familial est mise en avant par plus <strong>de</strong> la moitié<br />
<strong>de</strong>s salariés, et plus encore par les femmes.<br />
28- Estra<strong>de</strong> M., Meda D., Orain R. (2001), “Les effets <strong>de</strong> la réduction du temps <strong>de</strong> travail sur les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie : qu'en pensent les salariés<br />
un an après ?”, Premières synthèses, Dares, n°21-1 - mai. L'enquête, qui s'est déroulée entre 2000 et 2001, repose sur un échantillon <strong>de</strong><br />
1618 salariés travaillant à temps complet et ayant connu un processus <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> la RTT <strong>de</strong>puis un an au moins.<br />
30
Pourtant, 21% <strong>de</strong>s salariés passés aux 35h considèrent aussi que leurs horaires sont plus<br />
variables qu’auparavant et 30% estiment que leurs conditions <strong>de</strong> travail se sont dégradées,<br />
signe que la mise en œuvre <strong>de</strong> la réduction collective du temps <strong>de</strong> travail s’est également<br />
accompagnée <strong>de</strong> modifications dans l’organisation du travail visant à accroître la flexibilité<br />
et compromettant toute tentative <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s salariés et <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong><br />
leurs enfants.<br />
Ceci explique aussi que la majorité <strong>de</strong>s enfants 29 affirme “ne pas avoir entendu parler <strong>de</strong>s<br />
35h… ne pas savoir comment c’était avant…”.<br />
Les seuls enfants sensibles à la question, disent avoir clairement perçu le changement du<br />
fait d’une présence plus fréquente <strong>de</strong> leur mère le mercredi, retenue par le ménage<br />
comme une solution <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps.<br />
Dans ce cadre, ont été mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong> la discrimination<br />
fondée sur le genre, les femmes en France étant plus particulièrement exposées aux<br />
emplois plus flexibles. Par ailleurs, puisque le législateur n'a que peu tenu compte <strong>de</strong> la<br />
question <strong>de</strong> l'égalité hommes/femmes, la tendance à une division sexuée du travail<br />
domestique a pu s'accroître.<br />
Ainsi, s'est établi une sorte <strong>de</strong> compromis social tacite entre les entreprises, les femmes,<br />
leurs conjoints et leurs enfants, selon lequel le jour <strong>de</strong> RTT s'imposant aux femmes doit<br />
être plus particulièrement le mercredi pour s'occuper <strong>de</strong>s enfants qui n'ont pas école ou<br />
encore le vendredi pour faire les courses et le ménage avant le week-end. Ainsi, plus<br />
<strong>de</strong> 40% <strong>de</strong>s femmes actives ayant <strong>de</strong> jeunes enfants scolarisés ne travaillent pas le<br />
mercredi 30 .<br />
Comme nous l'avons noté s'agissant du temps partiel, il ne s'agit pas là encore d'un<br />
temps pris par les femmes en faveur <strong>de</strong> leur épanouissement personnel, mais toujours<br />
d'un temps au service <strong>de</strong>s autres, <strong>de</strong>s enfants et du foyer et dans l'optique aussi d'un<br />
rééquilibrage <strong>de</strong>s contraintes que fait peser la sphère du travail sur le ménage.<br />
Enfin, les modalités <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> la réduction collective du temps <strong>de</strong> travail ont<br />
fait surgir, d'une manière globale, la question <strong>de</strong> l'accroissement <strong>de</strong> la productivité<br />
pesant sur l'ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s du fait d’une insuffisance d’embauches, les salariés<br />
ayant alors une même charge <strong>de</strong> travail pour un nombre d'heures réduit. Or cette pression<br />
ne s’arrête pas aux portes <strong>de</strong> l’entreprise mais a <strong>de</strong>s effets sensibles sur les temps privés.<br />
L’Espace Pimprenelle <strong>de</strong> la RATP s’inscrit alors dans le cadre d’une réflexion autour<br />
d’éléments <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s familles au niveau <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
29- Devetter F.X. (2003), op. cité.<br />
30- Guillot O. (2002), op. cité.<br />
31<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
3 L’espace<br />
Pimprenelle<br />
comme élément <strong>de</strong><br />
conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
à la RATP<br />
32<br />
3.1- La question <strong>de</strong>s temps à la RATP 33<br />
3.2- Aux origines <strong>de</strong> l’espace Pimprenelle 44<br />
3.3- Fonctionnement <strong>de</strong> l’espace Pimprenelle 51<br />
3.4- La conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux : 58<br />
<strong>de</strong>s questions collectives qui <strong>de</strong>meurent
Aux origines <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle, on retrouve la spécificité <strong>de</strong>s temps<br />
<strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP et l’impact sensible <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers sur les modalités<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong> retenues par les personnels. Le fonctionnement, les prérogatives et missions <strong>de</strong><br />
l’Espace Pimprenelle se sont inscrits et développés dans le cadre d’une réflexion <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> la Régie sur la nécessité d’apporter une réponse collective<br />
d’entreprise à la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps sociaux.<br />
3.1 La question <strong>de</strong>s temps à la RATP<br />
La question <strong>de</strong>s temps sociaux <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP est ici envisagée eu égard aux<br />
missions d’intérêt général <strong>de</strong> l’entreprise qui, en effet, justifie à ce titre la présence<br />
d’horaires décalés tout en veillant à une extension mal maîtrisée <strong>de</strong> ceux-ci. Ces horaires<br />
impactent sensiblement les temps sociaux <strong>de</strong>s familles d’agents et nécessitent <strong>de</strong> recourir<br />
à <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s “alternatives”.<br />
a- Les missions <strong>de</strong> l’entreprise : une offre <strong>de</strong> service qui<br />
impacte sur les temps sociaux<br />
Créée le 1 er janvier 1949, la Régie autonome <strong>de</strong>s transports parisiens (RATP) est un établissement<br />
public à caractère industriel et commercial ou EPIC, exploitant les transports<br />
publics d’Ile-<strong>de</strong>-France avec 4 réseaux : bus, métro, RER et tramway, sous la direction<br />
<strong>de</strong>puis septembre 2002 <strong>de</strong> Madame Anne-Marie Idrac et sous la coordination du<br />
Syndicat <strong>de</strong>s transports d’Ile-<strong>de</strong>-France (STIF). C’est en tant qu’EPIC et dans le cadre du<br />
STIF que sont définies ses missions. La RATP contribue ainsi à une mission dite d’intérêt<br />
général, et c’est au titre <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> service public que l’activité et les temps <strong>de</strong> travail<br />
<strong>de</strong>s agents doivent aussi être compris.<br />
La RATP : Entreprise Publique Industrielle et Commerciale (EPIC) 31<br />
Emanation <strong>de</strong> l’Etat, l’EPIC dispose d’une personne morale juridiquement autonome<br />
tout en conservant un lien avec l’Etat, via une tutelle avec un ou plusieurs ministères.<br />
Tandis que le patrimoine <strong>de</strong> l’EPIC est propriété <strong>de</strong> l’Etat, ses agents ne sont pas fonctionnaires.<br />
L’EPIC contribue à une mission d’intérêt général.<br />
La RATP : sous la coordination du Syndicat <strong>de</strong>s Transports d’Ile-<strong>de</strong>-France<br />
(STIF) 32<br />
Le STIF a été créé le 14 décembre 2000, en remplacement du Syndicat <strong>de</strong>s Transports<br />
Parisiens créé en 1959.<br />
Ses missions s’articulent autour <strong>de</strong> :<br />
- La coordination <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> la RATP, la SNCF et <strong>de</strong> 90 opérateurs privés ;<br />
- La recherche d’un équilibre financier <strong>de</strong>s transports publics, avec une contribution<br />
publique aux transports publics ;<br />
- La création <strong>de</strong> titres <strong>de</strong> transports et la fixation <strong>de</strong> tarifs ;<br />
- La prévision, l’adaptation et la mo<strong>de</strong>rnisation du réseau en fonction d’analyses <strong>de</strong>s<br />
déplacements et <strong>de</strong>s opinions <strong>de</strong>s franciliens.<br />
31- http://www.ratp.fr<br />
32- http://www.stif-idf.fr<br />
33<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Son conseil d’administration est composé <strong>de</strong> représentants :<br />
- <strong>de</strong> l’Etat : du ministre <strong>de</strong> l’économie et <strong>de</strong>s finances, du ministre <strong>de</strong> l’Intérieur, du<br />
transport, du logement, <strong>de</strong> l’aménagement du territoire et <strong>de</strong> l’environnement ;<br />
- <strong>de</strong>s Préfets <strong>de</strong> Police et du Préfet <strong>de</strong> Paris ;<br />
- <strong>de</strong> collectivités locales : conseil régional d’Ile-<strong>de</strong>-France, conseil <strong>de</strong> Paris, conseils<br />
généraux <strong>de</strong>s Hauts-<strong>de</strong>-Seine, <strong>de</strong> la Seine-Saint-Denis, du Val-<strong>de</strong>-Marne, <strong>de</strong>s Yvelines,<br />
<strong>de</strong> l’Essonne, du Val-d’Oise, <strong>de</strong> Seine-et-Marne.<br />
Dans le cadre du mouvement <strong>de</strong> décentralisation, le STIF est amené à adopter au<br />
plus tard le 1 er juillet 2005, <strong>de</strong>s mesures en faveur du retrait complet <strong>de</strong> l’Etat du conseil<br />
d’administration du STIF, qui <strong>de</strong>viendra un établissement public territorial, présidé à l’avenir<br />
par un prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> conseil régional. L’Etat compensera aux collectivités locales le coût <strong>de</strong><br />
ce transfert <strong>de</strong> responsabilité.<br />
Dans le cadre du nouveau contrat tripartite (liant le STIF, la SNCF et la RATP) <strong>de</strong> 2004-<br />
2007 organisant le service <strong>de</strong> référence aux voyageurs, la relation <strong>de</strong> service et les transports<br />
en termes <strong>de</strong> kilomètres-voyageurs et eu égard à la mise en place d’indicateurs <strong>de</strong> qualité,<br />
le plan d’entreprise 2004-2007 se donne pour objectif d’adapter l’offre <strong>de</strong> transport aux<br />
nouveaux besoins <strong>de</strong>s voyageurs.<br />
Le plan d’entreprise 2004-2007<br />
- La réalisation <strong>de</strong> nouvelles Gran<strong>de</strong>s nuits33 et/ou le renforcement <strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s nuits<br />
existantes ;<br />
- La réalisation d’un réseau <strong>de</strong> nuit, irriguant l’Ile-<strong>de</strong>-France en étoile à partir <strong>de</strong>s<br />
différentes gares parisiennes ;<br />
- La réduction <strong>de</strong>s intervalles entre <strong>de</strong>ux rames sur la ligne 13 du métro aux heures<br />
<strong>de</strong> pointe ;<br />
- La mise en œuvre d’un projet d’automatisation <strong>de</strong> ligne 1 du métro ;<br />
- La mise en service <strong>de</strong> 7 trains à <strong>de</strong>ux étages sur la ligne A du RER.<br />
La RATP a fait en ce sens <strong>de</strong>s propositions au STIF <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong> l’offre : en soirées,<br />
en week-ends pour le réseau métro et aux heures <strong>de</strong> pointe et en nuit pour les bus et le<br />
tram. Si ces propositions montrent à quel point, les services publics sont soumis<br />
à la dérégulation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s salarié(e)s voyageurs, elles ont<br />
aussi un impact sur les temps sociaux <strong>de</strong>s salariés <strong>de</strong> la RATP, déjà marqué par<br />
la prégnance d’horaires <strong>de</strong> travail décalés.<br />
33- Les Gran<strong>de</strong>s nuits correspon<strong>de</strong>nt aux nuits où la RATP accroît son amplitu<strong>de</strong> horaire <strong>de</strong> nuit à l’occasion d’évènements particuliers,<br />
tels que la fête <strong>de</strong> la musique par exemple.<br />
34
- Les agents RATP et leur temps <strong>de</strong> travail : une prégnance <strong>de</strong><br />
l’atypisme <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s agents<br />
En 2002, l’effectif total au 31 décembre <strong>de</strong> la RATP représentait 44 601 personnes 34 ,<br />
avec une majorité d’opérateurs, soit 74,3% <strong>de</strong>s effectifs. On retrouve ces opérateurs<br />
plus particulièrement dans le domaine <strong>de</strong> l’exploitation pour 75,1% d’entre eux. Parmi<br />
ceux-ci, c’est la catégorie <strong>de</strong>s machinistes qui est la plus représentée.<br />
Répartition <strong>de</strong>s effectifs par catégories socioprofessionnelles en 2002<br />
Catégories<br />
socioprofessionnelles<br />
Cadres<br />
Maîtrises et techniciens<br />
supérieurs<br />
Opérateurs<br />
Ensemble<br />
En nombre<br />
3 758<br />
7 714<br />
33 129<br />
44 601<br />
Part <strong>de</strong> l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s agents en %<br />
Répartition <strong>de</strong>s opérateurs<br />
Les effectifs ont cru d’une manière générale <strong>de</strong> 2,2% <strong>de</strong> 2001 à 2002, et si les personnels<br />
contractuels ont fortement augmenté <strong>de</strong> 2000 à 2001 (<strong>de</strong> + 20,5%), leur part relative<br />
dans l’ensemble se stabilise autour <strong>de</strong>s 2,2% <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans.<br />
34- RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes en 2002.<br />
Sont exclus <strong>de</strong> ces effectifs les intérimaires, les salariés sous contrat emploi solidarité, les stagiaires et les mé<strong>de</strong>cins.<br />
35<br />
8,4<br />
17,3<br />
74,3<br />
Part <strong>de</strong><br />
femmes en %<br />
25,4<br />
23<br />
17,6<br />
19,2<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle hommes-femmes.<br />
Gestion <strong>de</strong>s ressources<br />
Maintenance<br />
Exploitation dont :<br />
- conducteurs<br />
- machinistes<br />
- autres<br />
Ensemble<br />
En nombre<br />
1 170<br />
7 086<br />
24 873<br />
3 881<br />
12 299<br />
8 683<br />
33 129<br />
100<br />
Part <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
opérateurs en %<br />
3,5<br />
21,4<br />
75,1<br />
(15,6)<br />
(49,5)<br />
(34,9)<br />
Part <strong>de</strong>s<br />
femmes<br />
en %<br />
43,2<br />
1,6<br />
21<br />
17,6<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle hommes-femmes.<br />
100<br />
Part <strong>de</strong>s<br />
hommes en %<br />
74,6<br />
77<br />
82,4<br />
80,8<br />
Part <strong>de</strong>s<br />
hommes<br />
en %<br />
56,8<br />
98,4<br />
79<br />
82,4<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Sous statut<br />
Contractuels<br />
Ensemble<br />
Progression <strong>de</strong>s effectifs <strong>de</strong>puis 2000<br />
Par ailleurs, les 36-45 ans représentent la tranche d’âge la plus importante <strong>de</strong> l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s effectifs, après les 26-35 ans et d’une manière générale, la gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong><br />
population jeune du dépôt laisse supposer que les naissances et donc les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong> sont nombreuses.<br />
Proportion <strong>de</strong>s différentes tranches d’âge dans l’ensemble en 2001 (en %) 35<br />
Or, si les salarié(e)s <strong>de</strong> la Régie ont <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s d’horaires différentes d’un département<br />
à l’autre et si en outre, ces horaires ne se reproduisent pas <strong>de</strong> façon régulière, il est<br />
toutefois possible <strong>de</strong> dégager les tendances auxquelles ces personnels sont soumis<br />
s’agissant <strong>de</strong> leurs temps <strong>de</strong> travail.<br />
Dans ce cadre, le temps partiel concerne certes peu <strong>de</strong> salariés à la RATP puisque seuls<br />
1,8% <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s salariés travaillent à temps partiel en 2002, dont 65,9% <strong>de</strong> femmes.<br />
En revanche, nombreux sont les salariés travaillant en horaires dits décalés.<br />
Les horaires décalés s’inscrivent dans le cadre d’une semaine non standard au sens où<br />
nous l’avons précé<strong>de</strong>mment défini, sur une plage horaire non continue <strong>de</strong> 9h à 19h, avec<br />
un travail s’effectuant par exemple au petit matin à partir <strong>de</strong> 6h jusqu’à midi ou encore<br />
<strong>de</strong> midi au début <strong>de</strong> soirée avant 21h.<br />
35- RATP (2001), Bilan social 2001.<br />
Evolution<br />
<strong>de</strong> 2000 à 2001<br />
+ 3,5 %<br />
+ 20,5 %<br />
+ 3,8 %<br />
36<br />
Evolution<br />
<strong>de</strong> 2001 à 2002<br />
+ 2,2%<br />
+ 2,5%<br />
+ 2,2%<br />
Evolution<br />
<strong>de</strong>s femmes<br />
+ 3,3 %<br />
+ 2,4 %<br />
+ 3,3 %<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle hommes-femmes.<br />
- <strong>de</strong> 26 ans<br />
26-35 ans<br />
36-45 ans<br />
46-55 ans<br />
56 ans et plus<br />
Ensemble<br />
Ensemble <strong>de</strong>s agents<br />
6,4<br />
29,3<br />
40,1<br />
21,7<br />
2,5<br />
100<br />
Source : d’après bilan social RATP (2001).<br />
Part <strong>de</strong>s femmes<br />
22,9<br />
23<br />
18<br />
14<br />
23,1<br />
19<br />
Evolution<br />
<strong>de</strong>s hommes<br />
+ 2 %<br />
+ 2,6 %<br />
+ 2 %<br />
Part <strong>de</strong>s hommes<br />
77,1<br />
77<br />
82<br />
86<br />
76,9<br />
81
Bien que le taux <strong>de</strong> croissance du nombre <strong>de</strong> personnes en horaires décalés tend à se<br />
réduire (+1,3% <strong>de</strong> l’année 2000 à l’année 2001 contre +3,7% <strong>de</strong> 1999 à 2000), ce travail<br />
en horaire décalé constitue le quotidien d’une majorité <strong>de</strong> salarié(e)s, soit <strong>de</strong> 81,5% <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s effectifs RATP en 2002. Ce chiffre se situant largement au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<br />
moyenne nationale, puisque 67,8% <strong>de</strong>s salarié(e)s à temps complet en France travaillent<br />
dans le cadre d’une semaine dite “non standard”, a ainsi largement contribué à la nécessité<br />
d’une réflexion autour <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps sociaux, en termes <strong>de</strong><br />
problématique collective pour l’ensemble <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la Régie.<br />
Hommes<br />
Femmes<br />
Ensemble<br />
Evolution <strong>de</strong>s horaires décalés pour l’ensemble <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP (en %)<br />
De 1999 à 2000<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle.<br />
3,5<br />
4,6<br />
3,7<br />
Parmi les éléments caractérisant la semaine dite “non standard”, on compte également<br />
le travail <strong>de</strong> nuit. Or, ce <strong>de</strong>rnier connaît à la RATP une progression sensible <strong>de</strong> 7,1% <strong>de</strong><br />
2001 à 2002. 36<br />
Par ailleurs, et dans le cadre <strong>de</strong> la semaine dite “non standard”, le travail fréquent <strong>de</strong>s<br />
agents <strong>de</strong> la RATP les samedi et dimanche constitue un autre phénomène à prendre en<br />
compte, eu égard aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants s’étalant <strong>de</strong> manière générale, du<br />
lundi au vendredi. L’enquête Pimprenelle (1998) 37 révèle à cet égard que 70 % <strong>de</strong>s<br />
salarié(e)s sont en repos décalés, ne bénéficiant donc pas régulièrement du repos <strong>de</strong> fin<br />
<strong>de</strong> semaine, et que 14 % <strong>de</strong>s conjoints non RATP n’ont également pas <strong>de</strong> repos les<br />
samedi et dimanche.<br />
Le travail <strong>de</strong> nuit <strong>de</strong>s salarié(e)s <strong>de</strong> la RATP en 2002 (en %)<br />
Part <strong>de</strong>s salarié(e)s travaillant <strong>de</strong> nuit par rapport<br />
à l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s<br />
Proportion <strong>de</strong> femmes travaillant <strong>de</strong> nuit par rapport<br />
à l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s travaillant <strong>de</strong> nuit<br />
36- Chenu A. (2002), op. cité.<br />
37- Espace Pimprenelle (1998), La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants du personnel RATP, Direction <strong>de</strong>s ressources humaines <strong>de</strong> la RATP.<br />
37<br />
2000<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle.<br />
3,8<br />
1<br />
De 2000 à 2001<br />
1,1<br />
2,1<br />
1,3<br />
2001<br />
3,4<br />
1,3<br />
2002<br />
3,5<br />
1,2<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Définition : articles et<br />
règlements L 213-1-1,<br />
L 213-2 et R 213-1<br />
du co<strong>de</strong> du travail<br />
Mise en place :<br />
articles et règlements<br />
L213-1 et R 213-5<br />
du co<strong>de</strong> du travail<br />
Les motifs<br />
Les contreparties<br />
proposées aux salariés :<br />
article L 213-4<br />
Durée du temps <strong>de</strong><br />
travail <strong>de</strong> nuit :<br />
articles et règlements<br />
L 213-3, R 213-2 à<br />
R 213-4 du co<strong>de</strong><br />
du travail<br />
Surveillance médicale :<br />
articles et règlements<br />
L 213-5 et R 213-6 à<br />
R 213-8 du co<strong>de</strong> du<br />
travail<br />
Eléments <strong>de</strong> repère sur les conditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> nuit<br />
Enfin, il convient <strong>de</strong> noter que ces horaires décalés peuvent être doublés d’un<br />
effet <strong>de</strong> variabilité, selon lequel le temps <strong>de</strong> travail est susceptible d’être modifié<br />
d’une journée, d’une semaine, ou d’un mois à l’autre. En France, cette variabilité<br />
concerne 35% <strong>de</strong>s actifs à temps plein 38 . En ce qui concerne les personnels RATP, 15,9%<br />
d’entre eux sont soumis en 2002 à <strong>de</strong>s horaires variables, parmi ceux-ci on compte 15,8%<br />
38- Chenu A. (2002), op. cité.<br />
Le travail <strong>de</strong> nuit<br />
Est considéré comme travailleur <strong>de</strong> nuit tout salarié qui effectue<br />
au moins 3 heures <strong>de</strong> son temps <strong>de</strong> travail entre 21 heures et<br />
6 heures et ce, 2 fois par semaine.<br />
Le travail <strong>de</strong> nuit doit être exceptionnel.<br />
Sa mise en place dans une entreprise doit être autorisée par une<br />
convention, un accord collectif <strong>de</strong> branche ou un accord d’entreprise,<br />
sans qu’il n’y ait eu opposition <strong>de</strong>s syndicats majoritaires <strong>de</strong><br />
l’entreprise.<br />
L’accord doit mentionner les motifs du recours au travail <strong>de</strong> nuit<br />
tels que la nécessité d’assurer la continuité <strong>de</strong>s services d’utilité<br />
sociale, ou la continuité <strong>de</strong> l’activité économique.<br />
Les contreparties proposées aux salariés peuvent être le repos<br />
compensateur et la compensation salariale.<br />
Par ailleurs, <strong>de</strong>s mesures sont mises en place, <strong>de</strong>stinées à améliorer<br />
les conditions <strong>de</strong> travail, à faciliter l’exercice <strong>de</strong>s responsabilités<br />
parentales et sociales, et à assurer l’égalité professionnelle.<br />
Les salariés travaillant <strong>de</strong> nuit ont un accès prioritaire pour occuper<br />
un emploi équivalent <strong>de</strong> jour.<br />
La durée maximale <strong>de</strong> travail que peut accomplir quotidiennement<br />
un travailleur <strong>de</strong> nuit est <strong>de</strong> 8 heures consécutives et ne peut<br />
dépasser 40 heures sur 12 semaines.<br />
Le repos obligatoire est <strong>de</strong> 11 heures par jour après la pério<strong>de</strong><br />
travaillée.<br />
Un repos compensateur doit être défini par accord ou par consultation<br />
<strong>de</strong>s délégués syndicaux et avis du comité d’entreprise ou<br />
<strong>de</strong>s délégués du personnel.<br />
Les travailleurs <strong>de</strong> nuit bénéficient d’une surveillance médicale<br />
particulière :<br />
- avant leur affectation sur un poste <strong>de</strong> nuit,<br />
- puis après tous les 6 mois au maximum,<br />
- et doivent être transférés sur un poste <strong>de</strong> jour en cas <strong>de</strong> problèmes<br />
<strong>de</strong> santé.<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport égalité professionnelle.<br />
38
<strong>de</strong> femmes. Il convient <strong>de</strong> noter ici qu’il est “plus facile” <strong>de</strong> trouver un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
lorsque les horaires, même s’ils sont atypiques, restent toujours les mêmes.<br />
Par ailleurs, la question <strong>de</strong>s horaires est d’autant plus déterminante quant au choix du<br />
mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> que le conjoint est lui aussi soumis à <strong>de</strong>s horaires atypiques. Elle va même<br />
jusqu’à remettre en cause la conception <strong>de</strong> l’enfant. “…c’est trop dur <strong>de</strong> jongler entre<br />
les horaires scolaires et nos <strong>de</strong>ux horaires irréguliers… je n’aurais jamais <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième<br />
enfant… je n’en peux plus…” 39 . Or, on note que lorsque le conjoint est également agent<br />
RATP 40 , ses horaires sont dans 62,5% <strong>de</strong>s cas également alternés sur plusieurs<br />
services (jour/nuit, nuit/mixte…), signe que le conjoint adaptera aussi ses horaires,<br />
comme nous l’avons souligné, quitte à ce que ces <strong>de</strong>rniers soient à leur tour atypiques,<br />
<strong>de</strong> manière à ce que les enfants bénéficient toujours <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> l’un ou l’autre <strong>de</strong><br />
leurs parents.<br />
Ces solutions très précaires ne sont évi<strong>de</strong>mment pas sans poser certaines difficultés pour<br />
l’épanouissement du couple. “…Nous avons l’avantage <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r l’enfant nous-mêmes<br />
sans faire appel à l’extérieur mais c’est mauvais pour notre couple <strong>de</strong> n’être jamais<br />
ensemble et <strong>de</strong> surcroît cela nuit à notre repos, trop <strong>de</strong> fatigue et <strong>de</strong> stress, mais pas<br />
d’autres solutions… 41 ”.<br />
L’ensemble <strong>de</strong> ces conditions <strong>de</strong> travail concourent, nous l’avons noté, à la diffusion du<br />
sentiment <strong>de</strong>s personnels RATP, d’être fatigués en fin <strong>de</strong> journée et d’être débordés 42 et<br />
a <strong>de</strong>s impacts sensibles sur les temps sociaux qui, comme nous l’avons souligné, sont<br />
particulièrement investis par les femmes.<br />
c- Le temps <strong>de</strong>s salariées <strong>de</strong> la RATP : <strong>de</strong>s discriminations<br />
ayant un impact sur la sphère privée<br />
La problématique du genre est une <strong>de</strong>s voies permettant d’abor<strong>de</strong>r la question <strong>de</strong> la<br />
conciliation <strong>de</strong>s temps et plus particulièrement celle <strong>de</strong>s rythmes <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s rythmes<br />
professionnels <strong>de</strong> leurs parents. Parce qu’on sait que les temps sociaux sont encore organisés<br />
et ajustés dans les pratiques par les femmes, il convient d’examiner la situation <strong>de</strong>s<br />
salariées <strong>de</strong> la RATP.<br />
La part <strong>de</strong>s femmes dans l’ensemble <strong>de</strong> l’entreprise croît lentement, elle est passée <strong>de</strong><br />
18,8% en 2000 à 19,2% <strong>de</strong> femmes en 2001.<br />
La situation <strong>de</strong>s femmes à la RATP illustre parfaitement un phénomène national et européen<br />
dit <strong>de</strong> “murs <strong>de</strong> verre”, ne permettant pas aux femmes d’accé<strong>de</strong>r dans la même proportion<br />
que les hommes à une entreprise encore caractérisée par une image “technicienne et<br />
donc masculine” et à certains services plus particulièrement ceux <strong>de</strong> l’exploitation.<br />
39- Espace Pimprenelle (1998), op. cité, p. 18.<br />
40- En 1987, 12,3% <strong>de</strong>s conjoints actifs <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP travaillent aussi à la régie.<br />
41- Espace Pimprenelle (1998), op. cité, p.19.<br />
42- Chenu A. (2002), op. cité.<br />
39<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Ainsi, la proportion <strong>de</strong> femmes “machinistes-receveurs” stagne <strong>de</strong>puis 2000 autour <strong>de</strong><br />
6,8% <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> cette catégorie. La part <strong>de</strong>s femmes conducteurs a elle aussi très<br />
faiblement augmenté <strong>de</strong> 15,6% en 2000 à 16,8% en 2002. Les femmes sont <strong>de</strong> préférence<br />
“cloisonnées” dans les services administratifs et commerciaux <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
Les femmes à la RATP font également l’objet d’une tendance nationalement i<strong>de</strong>ntifiée 43<br />
dite du “plafond <strong>de</strong> verre”, faisant obstacle à leur embauche ou à leur promotion à <strong>de</strong>s<br />
postes <strong>de</strong> décisions et <strong>de</strong> direction dans l’entreprise. Ainsi, seuls 25,4% <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong><br />
cadres en 2002 sont occupés par <strong>de</strong>s femmes. La part <strong>de</strong>s femmes opérateurs promues en<br />
2002 à l’échelon <strong>de</strong> la maîtrise et <strong>de</strong>s techniciens supérieurs sera sensiblement inférieure<br />
à celle <strong>de</strong>s hommes, à compétence et ancienneté égales.<br />
En 2000, les femmes étaient encore frappées d’inégalités vis-à-vis <strong>de</strong> leur statut:<br />
puisqu’elles assumaient 69,2% <strong>de</strong>s contrats à durée déterminée. En 2002, la situation<br />
s’améliore, elles ne représentent plus que 41,1% <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> contrat au détriment <strong>de</strong>s<br />
hommes. Mais ce phénomène <strong>de</strong> précarité n’est pas démenti par les données relatives<br />
aux embauches sous statut, puisqu’en 2002, seules 21,3% <strong>de</strong>s embauches sous statut<br />
reviennent aux femmes. Par ailleurs, les emplois à temps partiel restent majoritairement<br />
féminins, puisque 65,9 % <strong>de</strong> ceux-ci sont encore assumés par <strong>de</strong>s femmes.<br />
Enfin, confirmant la tendance française, les salaires <strong>de</strong>s femmes à la RATP restent inférieurs<br />
à ceux <strong>de</strong>s hommes, <strong>de</strong> 9,9% en 2002, soit <strong>de</strong> 219 euros brut en moyenne par mois.<br />
Tandis que le partage inégalitaire <strong>de</strong>s contraintes domestiques et parentales a <strong>de</strong>s conséquences<br />
sur la sphère professionnelle, en retour les discriminations à l’encontre <strong>de</strong>s<br />
femmes relevant <strong>de</strong> la sphère professionnelle auront un impact sur la sphère<br />
privée, sur la qualité du temps passé en famille.<br />
Dans ce contexte, les agents parents <strong>de</strong> la Régie se voient offrir un certain nombre <strong>de</strong><br />
places au sein <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> alternatives.<br />
d- Les structures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> alternatives : <strong>de</strong>s crèches d’entreprise<br />
qui posent toujours la question <strong>de</strong> l’éloignement lieu<br />
<strong>de</strong> travail/domicile<br />
Les étu<strong>de</strong>s réalisées en 1995 par l’Unité d’action sociale et prévention <strong>de</strong> la RATP 44 montrent<br />
qu’il existe très peu d’infrastructures pour la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants dont les parents<br />
sont contraints par <strong>de</strong>s horaires atypiques. La RATP dispose dans différentes structures<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s alternatives <strong>de</strong> “berceaux”, (lits réservés pour les enfants <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> la<br />
Régie) mais en nombre toutefois insuffisant. Parmi elles, on compte :<br />
43- Pour <strong>de</strong> plus amples informations sur la question <strong>de</strong>s discriminations hommes/femmes au travail, le lecteur pourra se reporter au site :<br />
http://www.no-discrim.fr, réalisé par émergences et qui regroupe différentes étu<strong>de</strong>s sur les discriminations au travail fondées sur le genre,<br />
le handicap, les convictions syndicales, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle et l’âge dans le cadre d’un projet regroupant différents<br />
partenaires européens.<br />
44- Unité d’action sociale et prévention <strong>de</strong> la RATP (1995), Propositions d’orientations pour la politique <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />
40
• Les crèches collectives “non stop” :<br />
Il en existe <strong>de</strong>ux à Paris et compte tenu <strong>de</strong> difficultés <strong>de</strong> fonctionnement, l’ouverture<br />
“24 heures sur 24” a été supprimée et <strong>de</strong>s tranches horaires certes plus étendues que<br />
dans les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> classiques ont été mis en place. Par ailleurs, les parents doivent<br />
laisser leurs enfants aux mêmes horaires chaque jour, ce qui ne convient pas toujours aux<br />
agents RATP soumis, comme nous l’avons dit, à <strong>de</strong>s horaires variables d’un jour à l’autre,<br />
d’une semaine à l’autre… Enfin, l’entreprise ne dispose que <strong>de</strong> cinq places dans cette<br />
structure, ce qui est loin <strong>de</strong> répondre aux besoins <strong>de</strong>s personnels. Depuis, d’autres crèches<br />
“non-stop” ont vu le jour en Ile-<strong>de</strong>-France.<br />
Principes <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> la crèche “non stop” :<br />
Ouvert 24/24 heures, cet établissement (le premier du genre) inauguré en 1991 était<br />
situé dans le 13 e arrondissement <strong>de</strong> Paris.<br />
Durée <strong>de</strong> présence maximum par mois : 14 nuits ou 22 jours.<br />
Plages horaires d’accueil :<br />
- 5h30 à 16h30,<br />
- 11h00 à 22h00,<br />
- et pour la nuit : 19h00 à 9h00.<br />
L’enfant retrouve tous les jours et toutes les nuits la même personne encadrante référente.<br />
Public cible : enfants <strong>de</strong> 3 mois à 3 ans dont les parents travaillent dans les secteurs<br />
<strong>de</strong> la restauration, du sanitaire et social, du spectacle, du tri postal…<br />
Financement <strong>de</strong> l’établissement :<br />
- ville <strong>de</strong> Paris : 40%,<br />
- Caisse d’Allocations Familiales : 40%,<br />
- PTT : 20%.<br />
Limite d’accueil :<br />
- 20 enfants maximum pour la nuit,<br />
- 21 le matin,<br />
- 21 l’après-midi.<br />
Son fonctionnement “non-stop” a été remis en cause pour <strong>de</strong>s questions financières.<br />
Aujourd’hui, l’accueil se fait <strong>de</strong> 5h30 à 22h00 du lundi au vendredi et <strong>de</strong> 7h30 à<br />
18h30 le samedi.<br />
Source : Le Mon<strong>de</strong> n° 13067, du 8 juillet 1993.<br />
• Les crèches familiales spécialisées à horaires décalés :<br />
On compte cinq structures <strong>de</strong> ce type réparties sur Paris, l’Essonne, le Val-d’Oise avec<br />
<strong>de</strong>s prévisions d’extension à d’autres départements <strong>de</strong> la région Ile-<strong>de</strong>-France. Les horaires<br />
d’accueil vont <strong>de</strong> 7h à 21h, avec <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> la nuit et le week-end par<br />
les assistantes maternelles.<br />
• Les crèches d’entreprise<br />
En 1993, la RATP s’engage dans une réflexion en faveur d’une crèche d’entreprise pour<br />
les enfants du personnel du Centre <strong>de</strong> Bus <strong>de</strong> Flandre 45 . Une enquête réalisée auprès <strong>de</strong><br />
84 agents ayant un enfant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, confirme la tendance nationale quant<br />
à la difficulté <strong>de</strong> trouver une place en crèche collective pour les parents actifs quelque<br />
45- RATP (1993), Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité d’une crèche pour le centre bus <strong>de</strong> Flandre, document interne.<br />
41<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
soient les caractéristiques <strong>de</strong> leurs emplois et <strong>de</strong> leurs conditions <strong>de</strong> travail. Deux villes<br />
d’un département périphérique soulignent que compte tenu <strong>de</strong> la faiblesse <strong>de</strong>s places<br />
disponibles, elles ne parviennent à satisfaire respectivement que 16% et 13% <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s croissantes d’inscriptions. Dans ce contexte, l’ensemble <strong>de</strong>s crèches avoisinant<br />
le centre Flandre se refuse à donner priorité à une quelconque entreprise et renvoient<br />
à <strong>de</strong>s démarches individuelles <strong>de</strong>s agents. Les “Diablotins” <strong>de</strong> la Banque <strong>de</strong> France,<br />
« Les petits canards » du journal Libération, “La Trottinette” du CEA et d’autres crèches<br />
<strong>de</strong>s entreprises Michelin, <strong>de</strong>s PTT, <strong>de</strong>s Centres Hospitaliers Universitaires et même la crèche<br />
<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> l’Elysée, concept bien implanté en Gran<strong>de</strong>-Bretagne<br />
ou encore au Japon, allaient donc inspirer les réflexions <strong>de</strong> la Régie. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la satisfaction<br />
<strong>de</strong>s parents quant à trouver un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> collectif pour leurs enfants, il<br />
s’agissait aussi <strong>de</strong> répondre aux exigences imposées par la sphère professionnelle : au<br />
Centre hospitalier <strong>de</strong> Clermont, la crèche ouvre ses portes dès 5h du matin pour les<br />
enfants du personnel médical, à Libération, les salarié(e)s bouclent la Une pendant que<br />
leurs enfants sont accueillis jusqu’à 21h30 aux “Petits Canards”… L’idée était donc <strong>de</strong><br />
disposer d’une infrastructure correspondant aux amplitu<strong>de</strong>s d’horaires <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la<br />
RATP. Or, dans cette perspective, la crèche d’entreprise “24/24” semblait la plus adéquate.<br />
La crèche du Crédit Lyonnais :<br />
un <strong>de</strong>mi-siècle <strong>de</strong> fonctionnement<br />
assuré par le Comité d’entreprise<br />
Datant <strong>de</strong> 1949, la crèche du Crédit<br />
Lyonnais est la plus ancienne <strong>de</strong><br />
France. Située dans les locaux <strong>de</strong><br />
l’entreprise, la crèche réservée aux<br />
seuls personnels, accueille environ<br />
60 enfants. Le Comité d’entreprise<br />
gère la politique tarifaire et le projet<br />
pédagogique, la direction finance le<br />
fonctionnement, l’investissement et<br />
la masse salariale. En 1990, eu égard<br />
aux difficultés financières du<br />
groupe, la crèche financée à 100 %<br />
par l’entreprise, est menacée <strong>de</strong> disparaître<br />
afin d’économiser sur le<br />
personnel en poste et <strong>de</strong> récupérer<br />
le patrimoine locatif et financier<br />
situé en plein cœur <strong>de</strong> Paris. La<br />
ténacité <strong>de</strong>s élus et <strong>de</strong>s personnels a<br />
finalement sauvé la structure.<br />
Source : Entreprises et carrières, n°674, du 17<br />
au 23 juin 2003.<br />
Tandis qu’il existe aujourd’hui en France, 224 crèches d’entreprises (particulièrement<br />
concentrées dans le secteur hospitalier), soit 15000 places sur les 200000 places <strong>de</strong><br />
l’hexagone et une volonté politique <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> ce type d’infrastructures, un<br />
certain nombre <strong>de</strong> voix s’élèvent contre ces structures.<br />
42<br />
Les petits canards <strong>de</strong> Libération :<br />
un lien <strong>de</strong> solidarité<br />
L’histoire <strong>de</strong> la crèche a commencé<br />
en 1990, quand trois salariés ont fait<br />
circuler un questionnaire sur l’intérêt<br />
<strong>de</strong> créer une crèche d’entreprise.<br />
Après avoir reçu une trentaine<br />
<strong>de</strong> réponses positives, “Les petits<br />
canards”, association relevant <strong>de</strong> la<br />
loi 1901, sont dotés d’un budget <strong>de</strong><br />
fonctionnement réparti entre 25 %<br />
pour chacun : CAF, Ville <strong>de</strong> Paris,<br />
parents et 6 % pour le journal<br />
Libération, la crèche ouvre ses portes<br />
<strong>de</strong> 9h à 21h30 aux enfants <strong>de</strong><br />
3 mois à 3 ans du personnel du journal<br />
pour 70 % <strong>de</strong>s places et aux<br />
enfants du quartier pour les 30 %<br />
restant. Originalité : les employés<br />
sont <strong>de</strong>s personnes en réinsertion<br />
professionnelle.<br />
Source : Entreprises et carrières, n°674, du 17 au<br />
23 juin 2003.
Sont contestés :<br />
- le coût financier d’une telle infrastructure et dès lors, les inégalités <strong>de</strong> prestations<br />
compte tenu <strong>de</strong>s différentes possibilités d’investissements <strong>de</strong>s entreprises, voire même<br />
la pérennité <strong>de</strong> la structure en cas <strong>de</strong> difficulté <strong>de</strong> l’entreprise ;<br />
- le cloisonnement <strong>de</strong>s enfants du personnel d’une même entreprise auquel peuvent<br />
pallier les crèches interentreprises ;<br />
- la banalisation <strong>de</strong>s mises en cause <strong>de</strong> l’équilibre affectif et moral <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s<br />
familles ;<br />
- le risque d’aggravation du phénomène <strong>de</strong> flexibilité du temps <strong>de</strong> travail. En effet, si les<br />
crèches, qui plus est en horaires décalés, sont à proximité <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> travail, les<br />
parents salarié(e)s, sous la pression <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> gestion, peuvent différer le<br />
retour au domicile ;<br />
- le risque d’ingérence <strong>de</strong>s directions d’entreprise sur la vie privée <strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong><br />
leur famille.<br />
Par ailleurs, est mis en évi<strong>de</strong>nce le défaut <strong>de</strong> proximité <strong>de</strong> ces crèches par rapport au domicile,<br />
imposant alors à l’enfant d’effectuer régulièrement le plus ou moins long trajet<br />
domicile-travail <strong>de</strong>s parents à <strong>de</strong>s heures variables, matinales et/ou tardives. L’analyse <strong>de</strong><br />
l’évolution <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s salarié(e)s ne peut, nous l’avons dit, se soustraire <strong>de</strong> la question<br />
d’un phénomène général d’allongement <strong>de</strong>s trajets domicile/travail prégnant pour<br />
tous les salarié(e)s. Dans ce cadre, les agents RATP bénéficiaires <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> l’Espace<br />
Pimprenelle résidants à Paris se sont réduits <strong>de</strong> 3,4% <strong>de</strong> 2002 à 2003, au profit d’autres<br />
domiciliations dans <strong>de</strong>s départements périphériques. Si l’on considère la répartition<br />
démographique <strong>de</strong> ces agents, on constate que seule une faible part <strong>de</strong> ceux-ci rési<strong>de</strong> à<br />
Paris donc proche du lieu <strong>de</strong> travail (6 %).<br />
Même si la Seine-Saint-Denis est le premier département pour les parents en horaires<br />
atypiques, celui <strong>de</strong> Seine-et-Marne constitue le premier département en termes <strong>de</strong><br />
domiciliation pour l’ensemble <strong>de</strong>s familles. Dans ces conditions, la question d’une crèche<br />
d’entreprise pose le problème <strong>de</strong> sa localisation et avec lui un certain nombre d’ambiguïtés.<br />
En effet, si la structure d’accueil est à proximité du lieu <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s agents RATP, elle<br />
permet aux salarié(e)s <strong>de</strong> disposer d’une certaine sérénité dans la sphère <strong>de</strong> travail, en<br />
conciliant au mieux les temps sociaux eu égard aux temps <strong>de</strong> trajets. Les parents optent<br />
d’ailleurs pour le département <strong>de</strong> la Seine-et-Marne, en particulier dès lors que leur<br />
enfant a plus <strong>de</strong> trois ans. En <strong>de</strong>çà, ils sont plus volontiers rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> départements<br />
plus proches <strong>de</strong> Paris, tels que la Seine-Saint-Denis ou encore le Val-<strong>de</strong>-Marne.<br />
Dans le même temps et plus encore pour les nombreux agents rési<strong>de</strong>nts dans la lointaine<br />
couronne, une crèche à proximité du lieu <strong>de</strong> travail, suppose toujours pour les enfants<br />
d’effectuer le trajet travail/domicile avec les parents. Or si les transports en commun ne<br />
sont pas toujours aisés pour les franciliens accompagnés d’enfants, ils ne le sont pas plus<br />
pour les agents et leurs enfants, du fait <strong>de</strong> difficultés d’accès <strong>de</strong>s poussettes, d’inconfort<br />
et <strong>de</strong> surcharge <strong>de</strong>s lignes. On connaît par ailleurs, les inconvénients <strong>de</strong>s transports individuels,<br />
en particulier du fait <strong>de</strong>s embouteillages dans la région Ile-<strong>de</strong>-France.<br />
Au final, la proximité <strong>de</strong>s crèches <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s parents transfère la question<br />
<strong>de</strong>s trajets domicile/travail sur les temps <strong>de</strong>s enfants, en suggérant l’idée que ces temps<br />
<strong>de</strong> transports, à toute heure lorsque les horaires sont atypiques, sont <strong>de</strong>s temps passés<br />
en famille et donc <strong>de</strong>s temps privés, sans lien avec les temps <strong>de</strong> travail et n’intéressant<br />
donc pas l’entreprise.<br />
43<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
77 – Seine-et-Marne<br />
93 – Seine-Saint-Denis<br />
94 – Val-<strong>de</strong>-Marne<br />
91 – Essonne<br />
95 – Val-d’Oise<br />
92 – Hauts-<strong>de</strong>-Seine<br />
75 – Paris<br />
78 - Yvelines<br />
Répartition géographique <strong>de</strong>s bénéficiaires <strong>de</strong>s services<br />
<strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle en 2004 (en %)<br />
C’est dans ce contexte que l’Espace Pimprenelle s’est créé, et ce, tout en ayant une<br />
réflexion innovante sur l’ensemble <strong>de</strong> ces temps.<br />
3.2 Aux origines <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle<br />
Les étu<strong>de</strong>s réalisées en 1998 par l’Espace Pimprenelle 46 révèlent que 47,2 % <strong>de</strong>s agents<br />
se déclarent insatisfaits <strong>de</strong> leurs solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. Et si 45% <strong>de</strong>s personnels se disent<br />
satisfaits, ces <strong>de</strong>rniers soulignent dans le même temps qu’il n’existe aucune autre solution<br />
possible compte tenu <strong>de</strong> leur situation <strong>de</strong> travail. L’examen <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s<br />
retenus par les agents <strong>de</strong> la RATP révèle en effet que l’important recours aux nourrices<br />
agréées ou non déclarées ne résout que peu les difficultés <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
auxquelles les personnels et leurs familles sont confrontés, tout en générant <strong>de</strong>s frais<br />
importants.<br />
a- Mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> retenus pour les enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans<br />
à la RATP une indisponibilité partielle et permanente dans<br />
la sphère privée et professionnelle<br />
En 1998, le personnel <strong>de</strong> la régie compte 5495 enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans et 8147<br />
enfants <strong>de</strong> trois à sept ans. 67,4% <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong> la Régie ayant <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins<br />
<strong>de</strong> 7 ans n’ont qu’un seul enfant, 29,5% <strong>de</strong>ux enfants et 3% ont trois enfants 47 .<br />
Sous l’impulsion du comité d’entreprise <strong>de</strong> la RATP et plus particulièrement <strong>de</strong> la commission<br />
“Femmes et jeunes”, la question <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants du personnel, eu<br />
égard aux horaires et temps <strong>de</strong> travail, est évoquée régulièrement <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 20 ans,<br />
donnant lieu à <strong>de</strong>ux enquêtes auprès <strong>de</strong>s salarié(e)s, l’une en 1983, l’autre en 1987<br />
46- Espace Pimprenelle (1998), op. cité.<br />
47- Espace Pimprenelle (1998), op. cité.<br />
Toute famille<br />
18,2<br />
44<br />
17<br />
16,6<br />
13,1<br />
11,2<br />
11<br />
6,9<br />
Source : D’après Espace Pimprenelle (2003).<br />
6<br />
Familles en horaires atypiques<br />
16,7<br />
18,7<br />
15,8<br />
12,7<br />
12,2<br />
11,7<br />
6,3<br />
5,8
menées par le Service social <strong>de</strong> la Régie 48 et ce, jusqu’à la création <strong>de</strong> l’Espace<br />
Pimprenelle en janvier 1998. Les travaux réalisés la même année par l’Espace<br />
Pimprenelle 49 révèlent alors que les parents dont les enfants ont moins <strong>de</strong> trois ans<br />
recourent moins aux structures collectives qu’aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> individuelle.<br />
Les nourrices non déclarées sont plus souvent sollicitées que les nourrices agréées. Outre<br />
le fait que les assistantes maternelles comme les crèches sont, nous l’avons dit, en nombre<br />
insuffisant, les parents disposent alors d’une plus gran<strong>de</strong> latitu<strong>de</strong> au niveau <strong>de</strong>s horaires.<br />
Par ailleurs, malgré la prédominance <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> journée pour 61% <strong>de</strong> ces enfants,<br />
les gar<strong>de</strong>s partielles 50 <strong>de</strong> jour, en soirée ou <strong>de</strong> nuit <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans restent<br />
sensibles pour 39% <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, expliquant aussi l’importance<br />
<strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s réalisées par la famille (hors parents).<br />
Répartition géographique <strong>de</strong>s bénéficiaires <strong>de</strong>s services<br />
<strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle en 2004 (en %)<br />
Nourrice non déclarée<br />
Famille (hors parents)<br />
Assistantes maternelles agréées<br />
Crèches<br />
Parents eux-mêmes<br />
Employé salarié à domicile<br />
Jeunes filles au pair<br />
Les gar<strong>de</strong>s partielles restent en effet, les plus répandues, avant même les gar<strong>de</strong>s continues<br />
<strong>de</strong> journée entre 7h et 19h. Toutefois, il convient <strong>de</strong> souligner l’importance <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s<br />
après 19h qu’il s’agisse <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s partielles ou non. Enfin, les agents ont besoin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
les week-ends et jours fériés pour 39,5% d’entre eux.<br />
48- RATP (1987), La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants du personnel d’exploitation <strong>de</strong>s réseaux ferrés et routiers en horaires décalés ou irréguliers, RATP<br />
Service Social.<br />
L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1983 ayant porté sur 522 parents d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans et celle <strong>de</strong> 1987 sur un échantillon global <strong>de</strong> 669 agents en<br />
horaires décalés, parents d’au moins un enfant âgé <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12 ans, ne permettent pas d’effectuer <strong>de</strong>s comparaisons en raison du défaut<br />
d’homogénéité <strong>de</strong>s séries. Qui plus est, l’ancienneté <strong>de</strong> celles-ci ne nous permet pas <strong>de</strong> nous y référer en termes <strong>de</strong> chiffres. Pour autant,<br />
elles nous permettent d’appréhen<strong>de</strong>r un certain nombre <strong>de</strong> tendances quant aux caractéristiques <strong>de</strong>s agents RATP, confirmées par l’étu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> 1998.<br />
49- Espace Pimprenelle (1998), op. cité.<br />
50- Les gar<strong>de</strong>s partielles recouvrent un nombre d’heures allant <strong>de</strong> 1h00 à 5h00 maximum par jour dans une fourchette <strong>de</strong> 6,7 à 14 jours par mois.<br />
45<br />
24<br />
21<br />
19<br />
17<br />
11<br />
Source : d’après Espace Pimprenelle (1998).<br />
5<br />
3<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Les horaires <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 7 ans en 1998 (en %)<br />
Bien entendu, les modalités <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> varient selon que les parents sont contraints par<br />
<strong>de</strong>s horaires atypiques ou <strong>de</strong>s horaires dits <strong>de</strong> bureau. Ainsi, lorsque les <strong>de</strong>ux conjoints<br />
sont soumis à <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> bureau, les enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> la Régie<br />
seront majoritairement accueillis en crèches collectives. Et dans ce cas, un complément<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong> autre est nécessaire pour 79% <strong>de</strong>s enfants.<br />
Lorsque les <strong>de</strong>ux parents sont en horaires atypiques, les enfants seront, pour le plus<br />
grand nombre, accueillis en nourrice non déclarée, signe qu’en plus <strong>de</strong>s difficultés<br />
potentielles <strong>de</strong>s adultes quant à entretenir <strong>de</strong>s liens sociaux, les enfants, dont les parents<br />
travaillent en horaires atypiques, ont aussi moins d’occasion que les autres <strong>de</strong> fréquenter<br />
<strong>de</strong>s collectifs d’enfants.<br />
L’organisation <strong>de</strong> ces mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> impactent en effet indistinctement sur la vie <strong>de</strong>s<br />
enfants, les préoccupations <strong>de</strong>s agents et plus largement les temps <strong>de</strong> la famille.<br />
A cet effet, les rapports préliminaires 51 à la mise en place <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle mettent<br />
en exergue la nécessité <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong> leurs temps. Parce que les premières<br />
années <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s enfants sont déterminantes dans leur équilibre social et affectif et<br />
pour leur avenir, la prise en compte <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> constitue pour les initiateurs <strong>de</strong><br />
l’Espace Pimprenelle une question d’intérêt général, au même titre que celle <strong>de</strong> l’acheminement<br />
<strong>de</strong>s franciliens.<br />
Côté parents, les solutions “officieuses” majoritairement “choisies” <strong>de</strong>meurent fragiles.<br />
- En premier lieu, le choix <strong>de</strong> la nourrice non déclarée se fait en toute opacité, à défaut<br />
<strong>de</strong> formation, <strong>de</strong> reconnaissance officielle <strong>de</strong> l’expérience et <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> la<br />
personne retenue. Outre le fait qu’il est comme tout “travail au noir” générateur <strong>de</strong><br />
précarités multiples quant à l’assurance vieillesse, l’assurance maladie et chômage et<br />
aux congés payés, il induit aussi un climat d’incertitu<strong>de</strong> pour les parents, particulièrement<br />
prégnant lors <strong>de</strong>s premiers mois d’adaptation <strong>de</strong> l’enfant (et <strong>de</strong>s parents dans le<br />
même temps) après les congés maternité et paternité.<br />
51- Lacroix C. (1997), op. cité.<br />
Horaires <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s<br />
Gar<strong>de</strong>s partielles dont :<br />
- gar<strong>de</strong>s partielles entre 7h et 21h<br />
- gar<strong>de</strong>s partielles après 19h<br />
- gar<strong>de</strong>s partielles avant 7h<br />
Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> 7h à 19h<br />
Gar<strong>de</strong> finissant après 19h<br />
Gar<strong>de</strong> débutant avant 7h<br />
Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> nuit<br />
De 17h-22h à 7h-8h30<br />
Source : d’après Espace Pimprenelle (1998).<br />
46<br />
Part <strong>de</strong>s enfants<br />
50,1<br />
45,5<br />
38,3<br />
16,2<br />
29,3<br />
10,6<br />
6,6<br />
3,4
- Par ailleurs, les solutions “officieuses” dans leur ensemble obligent les parents à réorganiser<br />
fréquemment et à tout moment les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> en fonction <strong>de</strong> leurs plannings,<br />
<strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s grands-parents, <strong>de</strong>s amis ou <strong>de</strong> la nourrice, induisant alors une<br />
préoccupation constante et un défaut <strong>de</strong> sérénité : “…j’aurais souhaité travailler en<br />
matin et pouvoir faire gar<strong>de</strong>r mon enfant à domicile mais je suis en nuit et je culpabilise<br />
au travail <strong>de</strong> voir mon enfant si peu…” 52 . Il ressort <strong>de</strong>s témoignages <strong>de</strong>s agents<br />
parents un phénomène <strong>de</strong> désynchronisation <strong>de</strong>s temps, selon lequel “au travail, on<br />
pense aux enfants et à la maison, on pense au travail”, dont le sentiment diffus d’une<br />
sphère à l’autre reste celui <strong>de</strong> la culpabilité : celle <strong>de</strong> ne pas être assez disponible pour<br />
le travail parce que l’on se soucie <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s enfants et celle <strong>de</strong> ne pas s’occuper<br />
correctement <strong>de</strong>s enfants parce que l’on songe à s’investir plus encore dans le travail.<br />
Dans ces conditions, la conciliation <strong>de</strong>s temps sociaux s’opèrent dans un climat générateur<br />
<strong>de</strong> stress et d’angoisse pour les salarié(e)s tout en créant les conditions requises d’une<br />
indisponibilité partielle ou permanente tant dans la sphère professionnelle que dans la<br />
sphère privée. Paradoxalement, cette indisponibilité est aussi un élément constitutif <strong>de</strong><br />
la charge mentale <strong>de</strong>s agents, influant sur le travail mais également sur la famille et l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s agents et <strong>de</strong> leurs enfants.<br />
En outre, ces solutions dites “officieuses” ont un impact sensible sur les budgets <strong>de</strong>s<br />
agents.<br />
b- Les frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s salarié(e)s <strong>de</strong> la RATP : <strong>de</strong>s agents<br />
financièrement pénalisés quelque soit le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
Le salaire moyen mensuel <strong>de</strong>s salariés <strong>de</strong> la RATP en 2002 est <strong>de</strong> 2442 euros brut, avec<br />
une évolution <strong>de</strong> 2,3% <strong>de</strong> 2000 à 2001.<br />
Hommes<br />
Femmes<br />
Ensemble<br />
Evolution <strong>de</strong>s salaires <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP (en %)<br />
En 1998, les étu<strong>de</strong>s révèlent que la part la plus importante <strong>de</strong>s salarié(e)s se situe<br />
dans la tranche <strong>de</strong> revenus compris entre 2744 euros brut mensuel et 3201 euros.<br />
52- Espace Pimprenelle (1998), op. cité, p. 19.<br />
2000/1999<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle.<br />
1,1<br />
2,8<br />
1,9<br />
47<br />
2001/2000<br />
2,3<br />
3,1<br />
2,7<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Répartition <strong>de</strong>s salarié(e)s selon leurs salaires bruts mensuels en 1998 (en %)<br />
Revenu 914 à<br />
mensuel 1463<br />
moyen euros<br />
Part <strong>de</strong>s<br />
salarié(e)s<br />
Répartition <strong>de</strong>s salariés selon leurs frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
par mois pour le premier enfant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans en 1998 (en %)<br />
Frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
(hors ai<strong>de</strong>s publiques)<br />
Pas <strong>de</strong> frais<br />
3,4<br />
Supérieur à 76 euros<br />
Entre 76 et 150 euros<br />
Entre 150 et 300 euros<br />
Entre 300 et 450 euros<br />
Plus <strong>de</strong> 450 euros<br />
Répartition <strong>de</strong>s salarié(e)s<br />
13,51<br />
6,75<br />
17,43<br />
33,12<br />
23,31<br />
5,88<br />
Source : d’après Espace Pimprenelle (1998).<br />
En effet, en ayant recours aux solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s dites “officielles”, les agents <strong>de</strong> la<br />
RATP soumis aux horaires décalés et variables sont confrontés à différentes difficultés.<br />
- En optant pour une assistante maternelle plutôt que pour un mo<strong>de</strong> d’accueil collectif<br />
en crèche, le rapport <strong>de</strong> 1995 montre que les parents (à un salaire donné) sont en<br />
moyenne lésés <strong>de</strong> 124 euros par mois.<br />
Comparatif <strong>de</strong>s frais engagés selon les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> (hors ai<strong>de</strong>s publiques)<br />
Coût <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> en structure collective<br />
18 euros par jour<br />
378 euros par mois*<br />
1463 à<br />
1829<br />
euros<br />
14,18<br />
1829 à<br />
2286<br />
euros<br />
10,41<br />
2286 à<br />
2744<br />
euros<br />
19,75<br />
Pour un couple agents <strong>de</strong> station percevant 2774 euros (brut mensuel)<br />
Source : d’après Espace Pimprenelle (1998).<br />
48<br />
2744 à<br />
3201<br />
euros<br />
22,48<br />
3201 à<br />
3811<br />
euros<br />
12,57<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle.<br />
Coût <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> auprès d’une assistante maternelle<br />
24 euros par jour (31 euros par jour - 7 euros<br />
d’Allocation d’ai<strong>de</strong>s à la famille)<br />
504 euros par mois<br />
3811 à<br />
4573<br />
euros<br />
4,31<br />
Plus <strong>de</strong><br />
4573<br />
euros<br />
3,05<br />
Non<br />
réponse<br />
3,41
Les ai<strong>de</strong>s financières aux parents<br />
(hors ai<strong>de</strong>s RATP) : quelques exemples<br />
- Allocation pour jeune enfant (AJE) : non liée<br />
aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, mais à la situation familiale,<br />
il s’agit d’une prestation attribuée aux<br />
parents d’enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans, sous conditions<br />
<strong>de</strong> ressources sans qu’il soit nécessaire que l’enfant<br />
soit mis en gar<strong>de</strong>.<br />
Des ai<strong>de</strong>s qui concernent directement la gar<strong>de</strong> :<br />
- Allocation d’ai<strong>de</strong> à la famille pour l’emploi d’une<br />
assistante maternelle agréée (AFEAMA) : sous<br />
condition <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> par une assistante maternelle<br />
agrée, elle est versée par la Caisse d’allocations<br />
familiales (CAF) trimestriellement qui règle<br />
aussi à la place <strong>de</strong>s parents les cotisations dues<br />
à l’URSSAF. Comme pour les gar<strong>de</strong>s en crèche,<br />
elle s’accompagne d’une déduction fiscale.<br />
- Allocation <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfant à domicile (AGED) :<br />
elle est versée par la CAF qui règle directement<br />
à l’URSSAF 50 à 75 % <strong>de</strong>s cotisations dues pour<br />
un(e) employé(e) à domicile et s’accompagne<br />
d’une déduction fiscale.<br />
- Allocation parentale d’éducation (APE) : elle est<br />
versée jusqu’à la troisième année <strong>de</strong> l’enfant s’il<br />
y a au moins <strong>de</strong>ux enfants à charge dont l’un est<br />
âgé <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 ans et si l’un <strong>de</strong>s parents (ou<br />
les <strong>de</strong>ux) le gar<strong>de</strong> à temps partiel ou si l’un <strong>de</strong>s<br />
parents a interrompu totalement son activité<br />
dans le cadre d’un congé parental.<br />
Source : d’après Espace Pimprenelle (1998).<br />
En ce sens, les propositions <strong>de</strong><br />
1995 <strong>de</strong> l’Unité d’action sociale<br />
<strong>de</strong> la RATP visaient à “ramener le<br />
tarif d’une assistante maternelle<br />
agréée à celui appliqué en crèche<br />
pour les agents” 53 .<br />
Par ailleurs, <strong>de</strong> manière à pallier<br />
aux horaires d’ouverture <strong>de</strong>s<br />
structures “officielles”, les parents<br />
engagent <strong>de</strong>s frais supplémentaires<br />
<strong>de</strong> recours à d’autres<br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s, en particulier<br />
après 19h.<br />
Dès lors, ils sont contraints<br />
d’avoir recours à <strong>de</strong>s solutions<br />
plus “officieuses”. Dans ce cadre,<br />
le recours aux nourrices non<br />
déclarées présente un certain<br />
nombre <strong>de</strong> désavantages financiers<br />
:<br />
- d’une part, la participation<br />
n’ayant pas pour assise les<br />
revenus <strong>de</strong>s parents, ce mo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>vient très vite proportionnellement<br />
plus onéreux<br />
pour les bas salaires que d’autres<br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> telles que<br />
les crèches collectives dont la<br />
participation est fonction <strong>de</strong>s<br />
salaires du ménage ; “…seule<br />
avec <strong>de</strong>ux enfants sans famille sur place, je paie très cher la gar<strong>de</strong> avec une nourrice au<br />
noir du fait <strong>de</strong> mes horaires décalés, cela grève mon budget…” 54 ;<br />
- d’autre part, parce que les nourrices ne sont pas déclarées, les parents ne peuvent<br />
accé<strong>de</strong>r aux ai<strong>de</strong>s publiques relatives aux frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />
Côté enfants, il convient <strong>de</strong> noter en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s aspects financiers dont ils peuvent aussi<br />
ressentir tout le poids au travers <strong>de</strong>s soucis <strong>de</strong> leurs parents, que les nourrices non déclarées<br />
ne peuvent disposer <strong>de</strong>s mêmes infrastructures d’accueil, en termes <strong>de</strong> jeux, d’éveils<br />
psychomoteurs et <strong>de</strong> suivi médical que les crèches collectives, les nourrices agréées, ou<br />
les haltes gar<strong>de</strong>ries…<br />
L’ensemble <strong>de</strong> ces préoccupations a donc été relayé par les partenaires sociaux.<br />
53- Unité d’action sociale et prévention <strong>de</strong> la RATP (1995), op. cité, p.6.<br />
54- Espace Pimprenelle (1998), op. cité, p. 19.<br />
49<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
c- La position <strong>de</strong>s partenaires sociaux : une mobilisation <strong>de</strong>s<br />
organisations syndicales à l’origine <strong>de</strong> la création <strong>de</strong><br />
l’Espace Pimprenelle<br />
Certaines organisations syndicales <strong>de</strong> la Régie se sont historiquement investies autour <strong>de</strong><br />
la question <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> d’enfants <strong>de</strong>s agents. Cette <strong>de</strong>rnière était ainsi régulièrement portée<br />
au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la scène, à l’occasion <strong>de</strong> la journée <strong>de</strong> la femme du 8 mars, lors <strong>de</strong> manifestations<br />
revendiquant la prise en compte <strong>de</strong>s difficultés d’accueil <strong>de</strong>s enfants par l’entreprise.<br />
La création <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle a ainsi procédé d’une “forte mobilisation et<br />
beaucoup <strong>de</strong> persévérance autour <strong>de</strong> ce sujet sensible et omniprésent”, avec une plus ou<br />
moins gran<strong>de</strong> implication selon les centrales syndicales et à l’intérieur même selon les<br />
métiers. Le corps <strong>de</strong>s agents “métro”, composé <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 60% <strong>de</strong> femmes, a ainsi très<br />
tôt largement investi la question.<br />
Les réunions intersyndicales se sont ainsi succédées <strong>de</strong>puis 1997 sur la problématique.<br />
Dans ce cadre, les élus <strong>de</strong>s différentes centrales syndicales réclamaient “une prise en<br />
charge par l’employeur <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s agents à la hauteur <strong>de</strong><br />
ses responsabilités” et ce, “en faveur d’une plus gran<strong>de</strong> sérénité <strong>de</strong>s agents”. Par ailleurs,<br />
les élus dénonçaient le recours massif à <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> “au noir”.<br />
Les gar<strong>de</strong>s d’enfants : une réflexion intersyndicale ancienne<br />
15/12/1997 Première réunion intersyndicale sur la question <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s d’enfants.<br />
1998 Différentes audiences intersyndicales sur ce thème.<br />
18/03/1999 Réunions intersyndicales sur les gar<strong>de</strong>s d’enfants avec propositions,<br />
simulations financières et présentation <strong>de</strong> l’enquête <strong>de</strong> 1998 effectuée<br />
par l’Espace Pimprenelle.<br />
1999 Différentes audiences intersyndicales sur ce thème.<br />
14/06/1999 Réunion intersyndicale <strong>de</strong> finalisation du projet.<br />
07/09/1999 Protocole d’accord entre les différentes organisations syndicales et la<br />
RATP sur les gar<strong>de</strong>s d’enfants et les allocations financières versées à<br />
ce titre par la Régie.<br />
Après la création <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle, les différentes organisations syndicales,<br />
alors convaincues <strong>de</strong> l’utilité <strong>de</strong> la structure, se sont engagées à véhiculer<br />
l’information concernant les services offerts, tout en regrettant les insuffisances en<br />
termes <strong>de</strong> communication <strong>de</strong>s directions <strong>de</strong>s ressources humaines <strong>de</strong> la Régie. Après la<br />
mise en œuvre <strong>de</strong> l’allocation pour frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> en 1999 qui engendrera comme nous<br />
le soulignerons ultérieurement, un accroissement <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> l’Espace,<br />
les organisations syndicales dénonceront plus encore, le manque <strong>de</strong> moyens mis à disposition<br />
tant en termes <strong>de</strong> personnel qu’en termes <strong>de</strong> budget au profit d’un véritable<br />
outil <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps pour les agents.<br />
Un certain nombre d’organisation va plus loin dans la réflexion en réclamant une autre<br />
ai<strong>de</strong> et ce, dans le cadre “d’une politique globale et transversale à toute l’entreprise en<br />
faveur d’un management intelligent, qui prenne en compte la question <strong>de</strong> la conciliation<br />
50
<strong>de</strong>s temps comme un immense enjeu social” 55 . A ce titre, ces <strong>de</strong>rnières proposent dès<br />
1999, un aménagement autre du temps <strong>de</strong> travail pour les parents, un nouveau statut<br />
au temps partiel en tant que temps réduit choisi et au final, une véritable réduction collective<br />
du temps <strong>de</strong> travail. Le caractère collectif <strong>de</strong> la problématique ne manquera pas<br />
d’être souligné et à ce titre, au <strong>de</strong>là d’une solution entreprise, les organisations syndicales<br />
s’interrogeront dès lors <strong>de</strong> manière permanente sur l’insuffisance <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong><br />
la problématique <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps par l’Etat 56 .<br />
Parce qu’il a été le fruit d’une importante mobilisation et d’une recherche <strong>de</strong><br />
convergences <strong>de</strong>s partenaires sociaux sur la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s<br />
temps, l’Espace Pimprenelle constitue un projet innovant, dans sa conception<br />
comme dans son fonctionnement.<br />
3.3 Fonctionnement <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle<br />
A partir <strong>de</strong> 1998, les missions et prérogatives <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle vont octroyer à la<br />
structure une véritable compétence d’expertise sur la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s<br />
temps professionnels et temps privés.<br />
a- Les missions <strong>de</strong> Pimprenelle : <strong>de</strong>s missions contribuant à<br />
une plus gran<strong>de</strong> sérénité <strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong> leur famille<br />
L’Espace Pimprenelle a été créé en janvier 1998 en vue d’apporter une réponse efficace<br />
à l’ensemble <strong>de</strong>s familles agents <strong>de</strong> la RATP concernées par la recherche d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong>. En 2004, l’équipe Pimprenelle compte trois postes à temps complets, dont <strong>de</strong>ux<br />
cadres et un agent <strong>de</strong> maîtrise. Par ailleurs, la structure est renforcée par la présence <strong>de</strong><br />
femmes enceintes en restriction d’emploi dont les salaires ne sont donc supportés par<br />
l’Espace Pimprenelle. Hormis le fait que cette affectation diffuse l’idée qu’il est possible<br />
pour les femmes le souhaitant <strong>de</strong> travailler durant leurs grossesses à condition d’un<br />
véritable aménagement <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail, elle permet aussi à l’Espace d’adapter<br />
ses informations et documentations à l’évolution <strong>de</strong>s besoins en termes <strong>de</strong> parentalité<br />
véhiculés par ces futures mères. Outre que cette affectation donne à ces <strong>de</strong>rnières toute<br />
information concernant la gar<strong>de</strong> d’enfants, elle constitue aussi une occasion supplémentaire<br />
<strong>de</strong> faire connaître les missions <strong>de</strong> la structure par le biais <strong>de</strong> ces femmes lors <strong>de</strong> leur<br />
retour à leurs services d’origine.<br />
En 2004, l’Espace entièrement financé par l’entreprise dispose d’un budget <strong>de</strong> 1,2 millions<br />
d’euros (contre 0,34 million en 1998) pour financer ses missions.<br />
Les missions <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle s’articule autour <strong>de</strong> trois axes :<br />
• Un rôle d’information stipulant :<br />
- informations systématiques aux femmes enceintes ;<br />
- conseils et orientations par entretiens personnalisés auprès <strong>de</strong> chaque agent concerné<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’une information sur les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ;<br />
- réalisation <strong>de</strong> plaquettes d’informations sur les différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> pour l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s agents ;<br />
55- Procès verbaux <strong>de</strong> séance du comité d’entreprise (1999), op. cité.<br />
56- Procès verbaux <strong>de</strong> séance du comité d’entreprise (2000), op. cité.<br />
51<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
- établissement d’une base <strong>de</strong> données sur les structures existantes en termes <strong>de</strong> crèches<br />
collectives, parentales, familiales, haltes gar<strong>de</strong>ries, assistantes maternelles ;<br />
- liaisons et informations auprès du service social, <strong>de</strong>s ressources humaines <strong>de</strong>s différentes<br />
unités, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ;<br />
- création d’une base documentaire.<br />
Au travers <strong>de</strong> ce rôle d’information, l’Espace Pimprenelle vise à contribuer, à créer et à<br />
développer <strong>de</strong>s emplois réglementés en permettant aussi aux agents <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong>s<br />
avantages prévus en termes d’ai<strong>de</strong>s publiques.<br />
• Un rôle <strong>de</strong> relais :<br />
- analyser et faire connaître les besoins <strong>de</strong> l’entreprise en matière <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> aux<br />
services compétents : caisses d’allocations familiales, conseils généraux et collectivités<br />
locales ;<br />
- constituer un réseau <strong>de</strong> partenaires spécialisés sur le sujet dans chaque département<br />
d’Ile-<strong>de</strong>-France afin <strong>de</strong> pouvoir négocier <strong>de</strong>s solutions adaptées ;<br />
- rechercher <strong>de</strong>s partenariats avec d’autres entreprises connaissant les mêmes situations<br />
problématiques afin d’établir <strong>de</strong>s propositions innovantes.<br />
• Un rôle <strong>de</strong> propositions :<br />
- établir <strong>de</strong>s projets pouvant être sectorisés sur <strong>de</strong>s zones restreintes et pris en charge<br />
par l’entreprise.<br />
En septembre 1999 57 , l’ensemble <strong>de</strong>s partenaires sociaux s’entend à nouveau sur la mise<br />
en œuvre d’une allocation étendue pour frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Régie en faveur <strong>de</strong>s agents,<br />
parents d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 7 ans. Les partenaires reprochaient à la politique antérieure<br />
d’attribution d’allocations :<br />
- son caractère discriminant : avant 1999, seuls les femmes agents et les hommes,<br />
parents isolés, disposaient <strong>de</strong> l’allocation ;<br />
- son incitation au travail non déclaré : la Régie ayant, pour un temps, versé <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong><br />
remboursement pour gar<strong>de</strong>s non agréées.<br />
L’Espace Pimprenelle se voit ainsi, à partir <strong>de</strong> 1999, attribuer une nouvelle prérogative,<br />
selon laquelle toute <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’allocation faite par les agents sur imprimé et accompagnée<br />
<strong>de</strong> pièces justificatives doit être transmise à l’Espace Pimprenelle. L’examen <strong>de</strong> ces<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s situations afférentes aux agents et à leurs familles revient ainsi à<br />
l’Espace Pimprenelle. Cette nouvelle prérogative <strong>de</strong>vient alors une <strong>de</strong>s fonctions majeure<br />
<strong>de</strong> l’Espace. Elle s’inscrit également dans la construction avec les agents <strong>de</strong> solutions <strong>de</strong><br />
conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux : “il est logique d’engager le paiement <strong>de</strong> l’allocation<br />
quand on a donné préalablement toutes les pistes pour la gar<strong>de</strong> ainsi que les éléments<br />
réglementaires.” 58<br />
57- Brun M., Chassagne M. (1999), Rapport d’activité N°2 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle, RATP – GIS/PSP.<br />
58- Brun M., Chassagne M. (1999), op. cité.<br />
52
Les modalités d’ai<strong>de</strong> financière <strong>de</strong> la RATP<br />
aux agents utilisant une gar<strong>de</strong> réglementée<br />
pour leurs enfants<br />
Les bénéficiaires : l’ai<strong>de</strong> est accordée au personnel contractuel ou permanent, dans<br />
l’obligation <strong>de</strong> placer leur enfant dans une structure <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> réglementée : crèche,<br />
halte gar<strong>de</strong>rie, assistante maternelle agrée, gar<strong>de</strong> déclarée à domicile…<br />
Conditions d’attribution : l’allocation versée est fonction :<br />
- d’un plafond <strong>de</strong> salaire du couple ou du parent isolé, croisé avec le nombre<br />
d’enfants à charge,<br />
- du type d’horaires dits “<strong>de</strong> bureau” <strong>de</strong> 7h00 à 19h00 ou atypiques avant 7h00<br />
et/ou après 19h00 ou <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s dites partielles (sans repas),<br />
- <strong>de</strong>s jours <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> : du lundi au samedi ou les dimanches, nuits et jours fériés,<br />
- <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> utilisées,<br />
- <strong>de</strong> la tranche d’âge <strong>de</strong> l’enfant : moins <strong>de</strong> 3 ans ou 3 à 7 ans.<br />
L’ensemble <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> l’Espace s’inscrit donc aux limites <strong>de</strong> la vie professionnelle et<br />
personnelle <strong>de</strong>s agents parents, en vue d’organiser et <strong>de</strong> préserver les meilleures relations<br />
possibles entre parents et enfants d’une part, mais également <strong>de</strong> contribuer à une plus<br />
gran<strong>de</strong> sérénité et à un mieux être <strong>de</strong>s personnels au travail.<br />
b- Bilan <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle : l’Espace<br />
Pimprenelle, une compétence d’expertise en matière <strong>de</strong><br />
conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
La mission d’information <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle s’est naturellement subdivisée au<br />
cours <strong>de</strong>s années entre l’information et le conseil auprès <strong>de</strong>s agents d’une part, et les<br />
échanges avec un certain nombre <strong>de</strong> relais externes liés à l’enfance et la petite enfance.<br />
Dans le cadre <strong>de</strong> ces missions d’information auprès <strong>de</strong>s parents agents <strong>de</strong> la RATP, les<br />
contacts pris par les agents avec l’Espace ont cru <strong>de</strong> manière sensible <strong>de</strong>puis 1998 : <strong>de</strong><br />
600 contacts en 1998 à 3600 contacts en 2002, année où la structure a considérablement<br />
vu son activité augmenter. L’Espace Pimprenelle a également organisé <strong>de</strong>s contacts<br />
systématiques avec les futurs parents agents <strong>de</strong> la Régie.<br />
53<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Nouveaux contacts entre l’Espace Pimprenelle et les agents <strong>de</strong> la RATP<br />
(hors contacts systématiques maternité)<br />
1998<br />
600<br />
1999<br />
897<br />
Différents supports d’information ont été mis en place en vue d’améliorer la communication<br />
sur les missions <strong>de</strong> l’Espace : plaquettes et notices d’informations à l’usage <strong>de</strong>s<br />
responsables <strong>de</strong> ressources humaines et <strong>de</strong>s salarié(e)s, informations dans les journaux<br />
<strong>de</strong> lignes, réunions sur sites avec prise <strong>de</strong> contacts direct auprès <strong>de</strong>s agents, utilisation<br />
du site intranet <strong>de</strong> l’entreprise, du journal du comité d’entreprise... L’ensemble <strong>de</strong> ces<br />
actions a bénéficié d’un relais opéré par les différentes organisations syndicales.<br />
A cette mission d’information, s’ajoutent celles <strong>de</strong> l’écoute, <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong> possibles, <strong>de</strong> simulations financières et d’ai<strong>de</strong>s à la contractualisation. Dans le<br />
cadre <strong>de</strong> ses missions <strong>de</strong> conseils auprès <strong>de</strong>s parents agents, l’Espace Pimprenelle s’attèle<br />
aussi à la résolution <strong>de</strong> situations sociales complexes fragilisant l’ensemble <strong>de</strong> la famille :<br />
longues maladies, ruptures…<br />
Enfin, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s dossiers <strong>de</strong>s agents permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s points d’imprécision<br />
et d’irrégularité <strong>de</strong>s contrats établis avec les personnels <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />
L’ensemble conduit à ce que l’équipe Pimprenelle développe une compétence<br />
d’expertise relative à l’évolution <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
sociaux au sein <strong>de</strong> la Régie, à un niveau microéconomique.<br />
Par ailleurs, les relations avec <strong>de</strong>s relais externes liés à l’enfance et à la petite enfance<br />
ont conduit l’Espace Pimprenelle à tisser un ensemble <strong>de</strong> relations avec :<br />
- la Caisse Nationale d’Assurance Familiale,<br />
- divers responsables locaux, départementaux et nationaux <strong>de</strong> la petite enfance,<br />
- <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins responsables <strong>de</strong> la Protection Maternelle et Infantile,<br />
- la participation à <strong>de</strong>s congrès mondiaux portant sur la gestion <strong>de</strong>s ressources humaines,<br />
- <strong>de</strong>s sénateurs et parlementaires,<br />
- la transmission d’informations sur l’Espace Pimprenelle auprès du ministre délégué<br />
à la famille et à l’enfance, du secrétaire d’Etat aux droits <strong>de</strong>s femmes et à la formation<br />
professionnelle.<br />
Bien entendu, l’Espace Pimprenelle a considérablement accru son réseau d’assistantes<br />
maternelles, en recherchant aussi <strong>de</strong>s interlocuteurs susceptibles <strong>de</strong> répondre aux<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s matinales ou tardives, ou encore pour les week-end et jours fériés,<br />
et ce, sur différents départements d’Ile-<strong>de</strong>-France en fonction <strong>de</strong>s domiciles <strong>de</strong>s agents.<br />
Ce réseau a été tissé avec la volonté <strong>de</strong> fidéliser <strong>de</strong>s assistantes maternelles, en dépit<br />
d’un versement direct d’in<strong>de</strong>mnité évitant l’avance préalable <strong>de</strong>s parents, comme c’est<br />
le cas dans d’autres entreprises telles que La Poste. L’équipe <strong>de</strong> l’Espace s’est fortement<br />
intéressée <strong>de</strong>puis sa création, aux projets innovants en matière <strong>de</strong> crèche associative<br />
cumulant différents horaires <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> atypique.<br />
54<br />
2000<br />
989<br />
Source : d’après les rapports d’activité <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle.<br />
2001<br />
1049<br />
2002<br />
3600
A l’interface entre les solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> qui s’offrent aux enfants et les contraintes<br />
horaires <strong>de</strong> leurs parents, l’Espace Pimprenelle dispose aussi d’arguments en faveur <strong>de</strong><br />
la création <strong>de</strong> places <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> par les collectivités territoriales. En plus d’être au cœur <strong>de</strong><br />
la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux, l’Espace Pimprenelle se situe par ailleurs dans une<br />
démarche ouverte sur la question <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s villes en lien avec sa situation géographique<br />
et l’activité <strong>de</strong> transports <strong>de</strong> la Régie.<br />
D’une manière générale, le maintien et l’enrichissement <strong>de</strong> ces échanges extérieurs<br />
a permis à l’Espace <strong>de</strong> développer une véritable compétence d’expertise quant<br />
aux évolutions <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong>s collectivités locales et <strong>de</strong>s politiques d’Etat<br />
en matière <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps sociaux, à un niveau macroéconomique.<br />
Le traitement <strong>de</strong>s allocations versées par la Régie pour la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s<br />
personnels constitue <strong>de</strong>puis 1999, une activité croissante <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle, supposant<br />
outre l’information <strong>de</strong>s parents en la matière, la simulation <strong>de</strong>s charges financières<br />
selon les différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, le contrôle <strong>de</strong>s justificatifs nécessaires au versement<br />
<strong>de</strong>s allocations.<br />
Les nouveaux dossiers <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’allocations examinés par l’Espace Pimprenelle<br />
Nouveaux dossiers <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />
d’allocation examinés<br />
1999<br />
113<br />
2000<br />
Les dossiers examinés par l’Espace Pimprenelle se sont ainsi fortement accrus en cinq<br />
ans, en particulier à partir <strong>de</strong> 2002, sous l’effet d’un nouveau protocole intersyndical<br />
relatif aux allocations <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, stipulant entre autres :<br />
- une augmentation <strong>de</strong>s plafonds salariaux <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> 7,1% par exemple <strong>de</strong> 2001<br />
à 2002 dans le cas d’un couple ou d’un parent isolé ayant un à <strong>de</strong>ux enfants,<br />
- un prolongement au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s trois ans jusqu’à la rentrée scolaire suivante, <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong><br />
financière, pour l’enfant ne disposant pas <strong>de</strong> place à l’école maternelle.<br />
Plafonds <strong>de</strong> revenus pour bénéficier <strong>de</strong> l’allocation RATP <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants<br />
(salaire brut mensuel pour un couple ou pour un agent parent isolé)<br />
1 à 2 enfants<br />
3 enfants<br />
4 enfants<br />
5 enfants et plus<br />
1998<br />
3707<br />
4078<br />
4264<br />
4449<br />
1999<br />
3713<br />
4085<br />
4270<br />
4456<br />
811<br />
Source : d’après les rapports d’activité <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle.<br />
2000<br />
3728<br />
4101<br />
4287<br />
4474<br />
Source : d’après les rapports d’activité <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle.<br />
55<br />
2001<br />
2001<br />
963<br />
3890<br />
4278<br />
4473<br />
4667<br />
2002<br />
4165<br />
4537<br />
4722<br />
4908<br />
2002<br />
1 179 (0-3 ans)<br />
105 (3-7 ans)<br />
2003<br />
4203<br />
4577<br />
4765<br />
4952<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
L’année 2001 a également consacré la hausse <strong>de</strong> contribution <strong>de</strong> la RATP, pour la gar<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans en crèche (<strong>de</strong> 3,9 euros à 4,6 euros) et pour la gar<strong>de</strong> à domicile<br />
(<strong>de</strong> 4,3 à 4,9 euros).<br />
Taux journalier <strong>de</strong> contribution <strong>de</strong> la RATP aux différentes gar<strong>de</strong>s en 2003 (en euros)<br />
Enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans pour les agents en horaires réguliers<br />
ou atypiques entre 7h00 et 19h00<br />
Crèches 4,6<br />
Assistantes maternelles 4,9<br />
Gar<strong>de</strong> à domicile 4,9<br />
Enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans pour les agents en horaires atypiques<br />
avant 7h00 et après 19h00<br />
Crèches 4,6<br />
Assistantes maternelles en jours <strong>de</strong> semaine 6,2<br />
Assistantes maternelles dimanches, nuits ou jours fériés 9,1<br />
Assistantes maternelles en gar<strong>de</strong>s partielles 3,1<br />
Gar<strong>de</strong>s à domicile 40% du coût<br />
Source : d’après rapports d’activité <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle.<br />
La contribution <strong>de</strong> la Régie pour tous les autres mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, quelque soit l’âge <strong>de</strong>s<br />
enfants, est au même niveau <strong>de</strong>puis 1998 pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans et<br />
<strong>de</strong>puis 2001 pour les enfants <strong>de</strong> trois à sept ans. Si, comme nous l’avons souligné précé<strong>de</strong>mment,<br />
les agents optent plus particulièrement pour <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> non collectifs,<br />
on constate que la politique <strong>de</strong> l’entreprise encourage aussi ces choix, en favorisant les<br />
assistantes maternelles au détriment <strong>de</strong>s crèches par une contribution supérieure qui en<br />
retour ne manquera pas <strong>de</strong> susciter une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante pour ce type d’accueil.<br />
D’une manière générale, l’Espace Pimprenelle s’est progressivement doté d’une véritable<br />
compétence relative aux aspects financiers <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux.<br />
c- D’autres pistes <strong>de</strong> réflexions <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle :<br />
la conciliation <strong>de</strong>s temps à un niveau agrégé<br />
Après seulement quatre années <strong>de</strong> fonctionnement, le rapport d’évaluation aux<br />
“Bonnes Pratiques <strong>de</strong> la RATP” recensait bon nombre d’actions <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
décrites comme favorisant une meilleure cohérence entre la vie professionnelle et la vie en<br />
famille <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP.<br />
Forte <strong>de</strong> ces différentes compétences d’expertise en la matière, l’équipe <strong>de</strong> l’Espace<br />
Pimprenelle poursuit sa réflexion principalement à <strong>de</strong>ux niveaux, à l’échelle européenne,<br />
d’une part, et à un niveau interentreprises d’autre part.<br />
56
A l’échelle européenne, l’équipe <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle s’intéresse <strong>de</strong> plus en plus à <strong>de</strong>s<br />
programmes promus par la Commission européenne. C’est à ce titre que l’Espace s’est<br />
engagé dans le projet Timetis développé par <strong>Emergences</strong> dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative<br />
communautaire Equal, visant à sensibiliser les membres <strong>de</strong>s Institutions représentatives<br />
du personnel et les organisations syndicales au thème <strong>de</strong> l’inégale répartition du temps<br />
<strong>de</strong> travail et <strong>de</strong>s temps sociaux entre les hommes et les femmes, afin qu’ils puissent<br />
prendre en compte cette question dans leurs actions pour plus d’égalité professionnelle.<br />
L’Espace Pimprenelle développe également une réflexion concernant <strong>de</strong>s innovations en<br />
termes <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfants pour l’équilibre du temps familial, du temps professionnel et<br />
social, à un niveau européen dans le cadre du programme Ghepetto.<br />
Une crèche interentreprises aux horaires<br />
multiples pour les enfants <strong>de</strong> la zone<br />
d’activité <strong>de</strong> Pau (64)<br />
L’initiative est issue d’un partenariat<br />
entre la ville <strong>de</strong> Lescar, l’association <strong>de</strong>s<br />
commerçants <strong>de</strong> la zone et la CAF à la<br />
suite <strong>de</strong> plusieurs enquêtes auprès <strong>de</strong>s<br />
salarié(e)s <strong>de</strong> la zone sur les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> leurs enfants. Située à 500<br />
mètres du lieu <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s différents<br />
personnels <strong>de</strong>s entreprises Carrefour,<br />
Castorama, Décathlon, Norauto, la crèche<br />
accueille les enfants selon <strong>de</strong>ux<br />
mo<strong>de</strong>s horaires : l’un traditionnel entre<br />
7h45 et 18h30, l’autre atypique s’étale<br />
<strong>de</strong> 6h à 21h, voire 22h le vendredi et<br />
selon <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> fréquentation :<br />
l’une régulière, <strong>de</strong> 4 à 5 jours par<br />
semaine et l’autre plus ponctuelle et<br />
s’étalant du lundi au samedi.<br />
Le financement est partagé entre la CAF,<br />
les familles, la commune <strong>de</strong> Lescar et les<br />
différents employeurs.<br />
Source : Entreprises et carrières, n°674, du 17 au 23<br />
juin 2003.<br />
Inspiré par <strong>de</strong>s expérimentations telles<br />
que celles menées par la Caisse d’allocations<br />
familiales dans le Morbihan avec<br />
un outil intitulé Bambino-Service-Plus, il<br />
s’agirait <strong>de</strong> développer un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
24h sur 24 et 7 jours sur 7 au domicile<br />
<strong>de</strong>s parents qui travaillent en horaires<br />
décalés. Ce dispositif présente la caractéristique<br />
d’être complémentaire <strong>de</strong>s<br />
autres mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s. Avant et/ou<br />
après l’accueil en crèche, en halte gar<strong>de</strong>rie<br />
ou auprès d’une assistante maternelle,<br />
les personnels <strong>de</strong> Bambino, récupère<br />
l’enfant pour le conduire à son domicile.<br />
Ce projet a été accueilli favorablement<br />
par différents Etats : le Portugal, la Grèce,<br />
le Luxembourg… Le programme soutenu<br />
par la Commission européenne vise à<br />
vérifier que cette initiative a un impact<br />
sur l’articulation vie familiale, vie professionnelle<br />
et constitue un élément<br />
favorable pour la vie quotidienne <strong>de</strong>s<br />
parents et en particulier celle <strong>de</strong>s<br />
femmes. Il s’inscrit également dans<br />
l’optique <strong>de</strong> lutte contre les inégalités<br />
hommes/femmes <strong>de</strong>vant l’emploi.<br />
Au niveau national, l’équipe <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle réfléchit à <strong>de</strong> possibles initiatives<br />
communes entre différentes entreprises concernées par les horaires décalées, telles que<br />
La Poste, la SNCF… Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> crèches interentreprises, il convient <strong>de</strong> noter<br />
que ces différents établissements sont caractérisés par une mission <strong>de</strong> service public.<br />
D’une manière générale, ces <strong>de</strong>ux pistes <strong>de</strong> réflexion révèlent à quel point la question <strong>de</strong><br />
la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux n’est pas une réflexion que seules les femmes ont à<br />
porter, ou que seule une entreprise pourrait résoudre, mais qu’elle relève bien plus d’une<br />
réflexion collective à mener.<br />
57<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
3.4 La conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux :<br />
<strong>de</strong>s questions collectives qui <strong>de</strong>meurent<br />
Les différents rapports d’activité soulignent un certain nombre <strong>de</strong> difficultés afférentes<br />
à la problématique <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps.<br />
a- L’accueil <strong>de</strong>s enfants : une charge financière trop lour<strong>de</strong><br />
pour <strong>de</strong> nombreux ménages<br />
Une <strong>de</strong>s difficultés rencontrées par l’Espace Pimprenelle rési<strong>de</strong> dans le fait d’organiser le<br />
financement <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. En dépit <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s existantes, l’avance <strong>de</strong> frais reste<br />
pour certaines familles résolument problématique. Dans ce cadre, la RATP, sous l’impulsion<br />
<strong>de</strong>s organisations syndicales, s’est engagée dans une politique <strong>de</strong> contribution financière<br />
aux gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s agents. Pour autant, un certain nombre <strong>de</strong> difficultés <strong>de</strong>meurent.<br />
Ainsi, le montant <strong>de</strong> contribution <strong>de</strong> l’entreprise a posteriori, suppose toujours une<br />
avance <strong>de</strong> frais <strong>de</strong>s familles, y compris dans les situations les plus difficiles. Par ailleurs,<br />
l’allocation n’excè<strong>de</strong> en aucun cas 50% <strong>de</strong>s frais restant à charge <strong>de</strong>s familles ou se limite<br />
à 150 euros lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> à domicile pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans,<br />
et ce, pour les agents dont les horaires <strong>de</strong> travail commencent avant 7h et finissent après 19h.<br />
Enfin, tandis que cette certaine forme d’organisation flexible du travail génère <strong>de</strong>s<br />
contraintes horaires sur la vie familiale <strong>de</strong>s personnels, il convient <strong>de</strong> noter aussi que la<br />
contribution financière <strong>de</strong> l’entreprise provient <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> richesses par les<br />
agents.<br />
b- La flexibilité <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong>s agents : une dérégulation <strong>de</strong>s<br />
horaires <strong>de</strong> travail en casca<strong>de</strong><br />
Les rapports d’activité <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle révèlent que les horaires variables, loin<br />
d’être marginaux, ne permettent pas <strong>de</strong> respecter un délai <strong>de</strong> prévenance nécessaire à<br />
l’équilibre <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. Il existe même un certain nombre d’incompatibilités<br />
entre les roulements <strong>de</strong> certains métiers <strong>de</strong> la RATP et les conventions collectives<br />
<strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, en particulier en ce qui concerne le délai <strong>de</strong> prévenance.<br />
Cette situation pose plus largement la question d’une dérégulation en casca<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
temps sociaux et familiaux certes, mais celle aussi <strong>de</strong> la dérégulation <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong>s<br />
personnels <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> et d’autres salarié(e)s qui ont en charge les enfants <strong>de</strong>s assistantes<br />
maternelles, puéricultrices, animateurs et animatrices <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> loisirs… Si ces horaires<br />
peuvent se justifier pour une part, par la mission d’intérêt général <strong>de</strong> l’entreprise, on<br />
note toutefois qu’ils sont à la fois cause et conséquence d’un accroissement d’une flexibilité<br />
globale du temps <strong>de</strong> travail en France. L’accroissement <strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong> horaire <strong>de</strong><br />
tous les salarié(e)s dans le commerce, l’industrie, certaines administrations nécessitent<br />
plus <strong>de</strong> transports en volume, en fréquence sur <strong>de</strong>s heures plus matinales, plus tardives,<br />
et y compris le samedi, le dimanche et les jours fériés. Ce faisant, les agents <strong>de</strong> la Régie<br />
sont à leur tour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’une plus gran<strong>de</strong> flexibilité <strong>de</strong>s personnels liés à la petite<br />
enfance.<br />
Se créent alors <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s besoins, <strong>de</strong>s nécessités et mêmes <strong>de</strong>s exigences, dont<br />
on ne perçoit plus les limites : pourquoi les centres commerciaux n’obtiendraient ils pas<br />
58
l’autorisation d’ouvrir plus tardivement, pourquoi les administrations publiques n’ouvriraientelles<br />
pas le dimanche si tous les autres salarié(e)s <strong>de</strong>s autres secteurs ont <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s<br />
horaires <strong>de</strong> plus en plus importantes qui ne leur permettent pas toujours <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong><br />
certains services? Dès lors, pourquoi les transports collectifs publics ne seraient ils pas<br />
accessibles 24h sur 24?<br />
Et si c’était le cas, cette amplitu<strong>de</strong> horaire serait à son tour autant d’opportunités pour<br />
d’autres entreprises, d’autres secteurs, <strong>de</strong> flexibiliser plus encore le temps <strong>de</strong> travail.<br />
Dans cette escala<strong>de</strong> sans fin, les conditions <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> travail et la qualité <strong>de</strong>s temps<br />
sociaux et familiaux afférentes sont reléguées au second rang, tandis que prime une certaine<br />
forme d’organisation présentée comme une évi<strong>de</strong>nce, solution unique incontestée et<br />
incontestable qui témoignerait d’une évolution incontournable et d’un progrès pour<br />
l’humanité. Or, on voit mal en quoi ce qui est décrit comme un “véritable progrès pour<br />
l’humanité” se traduit par une amélioration du bien-être <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s et<br />
<strong>de</strong> leurs enfants.<br />
c- Les missions <strong>de</strong> service public : intérêt général et bien-être<br />
<strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong> leurs enfants, les paradoxes<br />
La mission <strong>de</strong> service public s’accompagne d’une série d’ambiguïtés. Dans un cas, elle<br />
doit absolument être remplie lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> transports collectifs parisiens, y compris<br />
jusqu’à supporter les conséquences <strong>de</strong> la dérégulation globale <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail tandis<br />
que dans l’autre, lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> supprimer <strong>de</strong>s voies, <strong>de</strong>s lignes, <strong>de</strong>s bus, cette même<br />
mission <strong>de</strong>vient plus secondaire dans certaines zones rurales par exemple. Or quelque<br />
soit le cas <strong>de</strong> figure, c’est d’une part, l’usager et d’autre part, les salarié(e)s qui en pâtissent.<br />
Par ailleurs, les missions <strong>de</strong> service public se contredisent. Si le transport collectif constitue<br />
une mission d’intérêt général, il n’en va pas tout à fait <strong>de</strong> même dans les faits, quant à<br />
l’équilibre <strong>de</strong>s enfants, eu égard au temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> leurs parents, d’une part et à<br />
l’insuffisance <strong>de</strong>s lieux d’accueil qui leur sont consacrés, d’autre part.<br />
Bien entendu, d’autres services publics tels que les hôpitaux par exemple, ne peuvent<br />
avoir que peu <strong>de</strong> marge <strong>de</strong> manœuvres. Mais, il n’en va pas tout à fait <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s<br />
transports parisiens. La mission d’intérêt général <strong>de</strong> la RATP impose, certes, une certaine<br />
amplitu<strong>de</strong> horaire mais à maîtriser, en particulier au regard <strong>de</strong> ses conséquences sur les<br />
temps personnels.<br />
Côté parents, nous l’avons dit, c’est principalement la sérénité dans la sphère professionnelle<br />
comme dans la sphère privée qui est en cause, et avec elle, le stress et la charge mentale<br />
impactant sur les conditions <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s salarié(e)s. Côté enfants,<br />
c’est le respect <strong>de</strong> leurs rythmes physiologiques qui est en jeu mais également les conditions<br />
<strong>de</strong> leur développement au sein d’une fratrie, avec <strong>de</strong>s parents, une famille élargie<br />
et <strong>de</strong>s amis, dans un lieu <strong>de</strong> vie qu’ils s’approprient ou lors <strong>de</strong> loisirs, qui sont aussi <strong>de</strong>s<br />
occasions <strong>de</strong> partage et <strong>de</strong>s facteurs d’épanouissement et d’autonomie.<br />
Au final, il s’agit d’une part, <strong>de</strong> la cohérence et du rôle <strong>de</strong> la famille, quelque soit sa<br />
configuration, et d’autre part, <strong>de</strong> la place et <strong>de</strong> l’organisation du travail, questions relevant<br />
moins <strong>de</strong> solutions individuelles plus ou moins fragiles, que d’un choix <strong>de</strong> société où l’organisation<br />
<strong>de</strong>s temps serait le fruit d’une décision collective, dans le respect <strong>de</strong> chacun.<br />
59<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Conclusion<br />
Au nom <strong>de</strong> l’argument selon lequel le paternalisme d’entreprise constituerait une forme<br />
d’ingérence dans la vie privée <strong>de</strong>s salarié(e)s relevant d’une ère dépassée, un certain<br />
nombre d’entreprises s’est soustrait aux activités périphériques à leur propre production,<br />
en laissant seuls les salarié(e)s supporter <strong>de</strong>s coûts dits “sociaux”. Il en va ainsi <strong>de</strong> l’absence<br />
<strong>de</strong> contribution d’un grand nombre d’établissements aux frais <strong>de</strong> transports, <strong>de</strong> déjeuner<br />
<strong>de</strong>s salarié(e)s et plus encore aux frais générés par les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> leurs enfants,<br />
considérant la question <strong>de</strong> l’accueil <strong>de</strong>s enfants comme ne relevant pas <strong>de</strong> leurs prérogatives.<br />
A l’extrême, cette même logique est invoquée pour un désengagement financier<br />
<strong>de</strong>s entreprises quant aux temps <strong>de</strong> non travail, du fait <strong>de</strong> la maladie, <strong>de</strong> l’âge…<br />
Or, l’examen <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux et professionnels<br />
met en exergue le fait que les limites entre sphère <strong>de</strong> travail et sphère privée sont particulièrement<br />
floues et qu’il existe une véritable interaction entre ces <strong>de</strong>ux ensembles.<br />
Dans ce contexte, les temps <strong>de</strong>s enfants sont fortement contraints par les temps professionnels<br />
<strong>de</strong> leurs parents, et les temps <strong>de</strong>s parents sont à leur tour, marqués par la prégnance<br />
<strong>de</strong>s préoccupations relatives aux enfants, comme le révèlent les difficultés auxquelles<br />
sont confrontées les agents <strong>de</strong> la RATP s’agissant <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> leurs enfants. Cette interdépendance <strong>de</strong>s temps est d’autant plus importante que<br />
sous la diffusion du concept <strong>de</strong> flexibilité, l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s est aujourd’hui soumis<br />
aux phénomènes <strong>de</strong> variabilité, <strong>de</strong> discontinuité et <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s<br />
horaires. Ces <strong>de</strong>rniers constituent autant <strong>de</strong> leviers d’ajustement <strong>de</strong>s politiques économiques,<br />
en termes <strong>de</strong> rémunération, <strong>de</strong> nombre et également <strong>de</strong> volume et <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s heures<br />
<strong>de</strong> travail, induisant un glissement progressif <strong>de</strong> la responsabilité économique <strong>de</strong>s entreprises<br />
aux salarié(e)s.<br />
Dès lors, le défaut <strong>de</strong> prise en compte par les entreprises <strong>de</strong>s aménagements inévitables<br />
<strong>de</strong>s temps sociaux contribue à une véritable désynchronisation <strong>de</strong>s temps et à une indisponibilité<br />
partielle ou permanente <strong>de</strong>s salarié(e)s tant dans la sphère privée que dans la<br />
sphère professionnelle. Cette situation n’est pas sans effet sur la santé mentale et physique<br />
<strong>de</strong>s travailleurs et sur les conditions <strong>de</strong> vie et d’épanouissement <strong>de</strong> leurs enfants, générant<br />
en retour <strong>de</strong>s coûts dits “sociaux” dont la prise en charge revient encore souvent aux<br />
seuls salarié(e)s et à leurs familles.<br />
C’est aussi, en ce sens, et parce qu’il émane d’une réflexion <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs<br />
<strong>de</strong> l’entreprise, représentants <strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong>s organisations syndicales d’une part,<br />
et <strong>de</strong>s directions d’entreprise d’autre part, que l’Espace Pimprenelle constitue un projet<br />
innovant. Il dispose <strong>de</strong> manière tout à fait explicite que la conciliation <strong>de</strong>s temps ne peut<br />
plus être le seul fait <strong>de</strong>s femmes, tout en œuvrant pour une véritable transformation <strong>de</strong>s<br />
mentalités en faveur <strong>de</strong> l’égalité hommes/femmes dans la sphère privée comme dans la<br />
sphère professionnelle. Plus largement, l’examen <strong>de</strong> ces modalités <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s<br />
temps suggère, <strong>de</strong> manière plus implicite, qu’au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s missions dites d’intérêt général,<br />
l’évolution <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong>s services publics doit aussi être maîtrisée au regard d’une analyse<br />
<strong>de</strong>s besoins véritables <strong>de</strong>s usagers, d’une part, tout en se limitant au respect <strong>de</strong> la vie<br />
<strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong> leurs enfants, d’autre part. Enfin, parce que l’allocation d’ai<strong>de</strong><br />
aux frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants attribuée par la Régie aux enfants représente<br />
aussi une forme originale <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s richesses crées par les travailleurs,<br />
cette étu<strong>de</strong> constitue aussi une voie <strong>de</strong> réflexion quant à la possibilité pour<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s, leurs représentants et les organisations syndicales<br />
<strong>de</strong> mettre en œuvre <strong>de</strong>s politiques économiques alternatives aux pratiques <strong>de</strong><br />
gestion en vigueur.<br />
60
Références<br />
&<br />
documents<br />
internes<br />
<strong>de</strong> la RATP<br />
61
Références<br />
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Guillot O. (2002), “Une analyse du recours aux services <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfants”, Economie<br />
et Statistique, n°352-353.<br />
Letablier M.T., Rienlaug (2001), “La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants : une affaire d’Etat ?” CEE,<br />
document <strong>de</strong> travail n°6.<br />
Maruani M., Michon F. (1997), “Le temps <strong>de</strong> travail à l’épreuve du chômage. Discriminations,<br />
dérégulations, segementations?” dans G. Bosch, D. Meul<strong>de</strong>rs, F. Michon<br />
(eds), Le temps <strong>de</strong> travail: nouveaux enjuex, nouvelles normes, nouvelles mesures,<br />
Paris, éditions du Dulbea.<br />
Marx K. (1985), Le Capital, Livre I, section II à V, Champs-Flammarion.<br />
Méda D., Wierink M. (2003), “Pourquoi certaines femmes s’arrêtent-elles <strong>de</strong> travailler à<br />
la naissance d’un enfant ?”, Premières synthèses, Dares, n°29.2, juillet.<br />
OCDE (2002), Bébés et employeurs : comment réconcilier travail et vie <strong>de</strong> famille?<br />
Santilli G., Du Tertre C. (1992), Automatisation et travail, Paris, PUF, Economie en<br />
Liberté.<br />
Smith A. (2002), Recherche sur la nature et les causes <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong>s nations,<br />
livre I et II, Economica.<br />
Documents internes <strong>de</strong> la RATP<br />
Brun M., Chassagne M. (1998), Rapport d’activité N°1 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
RATP – GIS/PSP.<br />
Brun M., Chassagne M. (1999), Rapport d’activité N°2 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
RATP – GIS/PSP.<br />
Brun M., Chassagne M. (2000), Rapport d’activité N°3 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
RATP – GIS/PSP.<br />
Brun M., Chassagne M. (2001), Rapport d’activité N°4 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
RATP – GIS/PSP.<br />
Brun M., Chassagne M. (2002), Rapport d’activité N°5 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
RATP – GIS/PSP.<br />
63<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Espace Pimprenelle (1998), La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants du personnel RATP, Direction <strong>de</strong>s<br />
ressources humaines <strong>de</strong> la RATP.<br />
Lacroix C. (1997), Pimprenelle, document <strong>de</strong> travail, RATP.<br />
RATP (1987), La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants du personnel d’exploitation <strong>de</strong>s réseaux ferrés et<br />
routiers en horaires décalés ou irréguliers, RATP Service Social.<br />
RATP (1993), Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité d’une crèche pour le centre bus <strong>de</strong> Flandre,<br />
document interne.<br />
RATP (2001), Bilan social 2001.<br />
RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes en<br />
2002.<br />
Unité d’action sociale et prévention <strong>de</strong> la RATP (1995), Propositions d’orientations<br />
pour la politique <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, RATP.<br />
Sites<br />
http://www.travail.gouv.fr<br />
Informations du ministère du travail<br />
http://www.ratp.fr<br />
Informations <strong>de</strong> la RATP<br />
http//www.stif-idf.fr<br />
Informations du Syndicat <strong>de</strong>s Transports d’Ile-<strong>de</strong>-France<br />
http://www.no-discrim.fr<br />
Etu<strong>de</strong>s françaises et européennes sur les discriminations au travail dans le cadre<br />
d’un projet piloté par émergences.<br />
64
Le projet Timetis, développé par <strong>Emergences</strong> dans le cadre<br />
<strong>de</strong> l’initiative communautaire Equal, s’appuie sur le constat<br />
que le temps <strong>de</strong> travail et les autres temps sociaux sont différents<br />
suivant que l’on est homme ou femme, contribuant ainsi<br />
à <strong>de</strong>s inégalités professionnelles (temps partiel, salaires,<br />
plafond <strong>de</strong> verre, accès à la formation, niveau <strong>de</strong> retraite…).<br />
Immeuble “Le Mélies”<br />
261, rue <strong>de</strong> Paris<br />
93556 Montreuil Ce<strong>de</strong>x<br />
Projet cofinancé par le FSE, programme Equal.<br />
Le contenu <strong>de</strong> cette publication n’engage que le promoteur du projet,<br />
la Commission Européenne n’étant pas responsable du contenu <strong>de</strong> cette publication.<br />
Tél. : + 33 (0)1 55 82 17 30<br />
Fax : + 33 (0)1 55 82 17 65<br />
e-mail : info@emergences.fr<br />
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www.bleu-citron.fr<br />
2004
sommaire<br />
Introduction<br />
1 Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
familiaux, un enjeux <strong>de</strong> société 4<br />
2 Etat <strong>de</strong>s lieux : temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents,<br />
<strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> tensions 8<br />
2.1 Les temps <strong>de</strong>s parents 9<br />
a- L’évolution <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s salarié(e)s 9<br />
b- L’émergence du temps parental 13<br />
c- Les temps <strong>de</strong>s mères actives 15<br />
2.2 Les temps <strong>de</strong>s enfants 17<br />
a- Le temps scolaire 18<br />
b- Le temps physiologique 19<br />
c- Le temps “libre” 20<br />
d- Le temps <strong>de</strong> travail vu par les enfants 21<br />
2.3 La recherche <strong>de</strong> solutions <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s familles 22<br />
a- L’Europe et la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux 23<br />
b- Les solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> pour les enfants non scolarisés 26<br />
c- Le temps partiel 29<br />
d- La réduction collective du temps <strong>de</strong> travail 30<br />
3 L’espace pimprenelle comme element <strong>de</strong> conciliation<br />
<strong>de</strong>s temps familiaux 32<br />
3.1 La question <strong>de</strong>s temps à la RATP 33<br />
a- Les missions <strong>de</strong> l’entreprise 33<br />
b- Les agents <strong>de</strong> la RATP et leur temps <strong>de</strong> travail 35<br />
c- Le temps <strong>de</strong>s salariées <strong>de</strong> la RATP 39<br />
d- Les structures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> alternatives offertes au personnel 40<br />
3.2 Aux origines <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle 44<br />
a- Les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> utilisés pour les enfants non scolarisés <strong>de</strong>s agents 44<br />
b- Les frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP 47<br />
c- La position <strong>de</strong>s partenaires sociaux 50<br />
3.3 Fonctionnement <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle 51<br />
a- Les missions <strong>de</strong> Pimprenelle 51<br />
b- Bilan <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle 53<br />
c- D’autres pistes <strong>de</strong> réflexions <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle 56<br />
3.4 La conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux : <strong>de</strong>s questions collectives<br />
qui <strong>de</strong>meurent 58<br />
a- L’accueil <strong>de</strong>s enfants 58<br />
b- La flexibilité <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong>s agents 58<br />
c- Les missions <strong>de</strong> service public 59<br />
Conclusion 60<br />
Références 61
introduction<br />
Si la question <strong>de</strong> la conciliation<br />
<strong>de</strong>s temps sociaux est<br />
traditionnellement examinée au<br />
regard <strong>de</strong> la répartition du temps<br />
<strong>de</strong>s femmes entre sphères privée<br />
et professionnelle ou encore par<br />
ce que l’on nomme aujourd’hui<br />
le temps <strong>de</strong>s villes, cette étu<strong>de</strong><br />
du projet européen TIMETIS<br />
propose d’envisager la<br />
problématique sous l’angle <strong>de</strong>s<br />
équilibres entre temps familial<br />
et temps professionnel.<br />
2<br />
Dans ce cadre, l’Espace Pimprenelle, créé en<br />
1998 par la Régie autonome <strong>de</strong>s transports<br />
parisiens (RATP), tire son existence d’une<br />
réflexion tripartite <strong>de</strong>s élus du comité d’entreprise<br />
et plus particulièrement <strong>de</strong> la commission<br />
“Femmes et jeunes”, <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
organisations syndicales et <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong><br />
l’entreprise.<br />
Côté Régie, la logique <strong>de</strong>s temps est appréhendée<br />
d’une part, eu égard à un phénomène<br />
<strong>de</strong> dérégulation globale <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail<br />
<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s qui crée <strong>de</strong> nouveaux<br />
besoins en matière <strong>de</strong> transports collectifs,<br />
et d’autre part dans le cadre d’une mission<br />
dite <strong>de</strong> service public qui, à l’instar <strong>de</strong>s hôpitaux,<br />
inscrit les temps <strong>de</strong> travail dans une optique<br />
dite d’intérêt général. L’ensemble aboutit à<br />
une configuration <strong>de</strong>s horaires, au sein <strong>de</strong> la<br />
RATP, particulièrement atypique avec plus <strong>de</strong><br />
80% <strong>de</strong>s agents travaillant en horaires décalés<br />
et ne disposant pas <strong>de</strong> repos les samedi et<br />
dimanche et plus <strong>de</strong> 15% <strong>de</strong>s personnels<br />
ayant également <strong>de</strong>s horaires variant d’un jour<br />
à l’autre, d’une semaine à l’autre ou d’un mois<br />
à l’autre.<br />
Côté agents, ces conditions <strong>de</strong> travail impactent<br />
sensiblement sur le temps partagé en famille à<br />
l’interface <strong>de</strong> multiples temps : temps professionnel,<br />
temps parental, temps domestique,<br />
temps <strong>de</strong>s enfants… L’étu<strong>de</strong> montre ainsi que<br />
ces horaires <strong>de</strong> travail atypiques vont fortement<br />
contraindre les différents temps <strong>de</strong>s<br />
enfants <strong>de</strong>s agents, leurs temps “libre”, leurs<br />
temps physiologiques. Et si les enfants ont<br />
une notion plutôt floue <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> leurs<br />
parents, ils retiennent en revanche que ces<br />
<strong>de</strong>rniers travaillent trop et trop longtemps. Et<br />
lorsque les horaires sont atypiques, cette perception<br />
s’accompagne aussi pour les enfants,<br />
au même titre que leurs parents, d’un sentiment<br />
<strong>de</strong> fatigue, <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> manquer <strong>de</strong> temps,
d’être débordés. C’est donc dans un climat <strong>de</strong> stress et <strong>de</strong> culpabilité que les salarié(e)s<br />
parents tentent d’ajuster au mieux les temps sociaux et aboutissent dans bien <strong>de</strong>s cas à<br />
<strong>de</strong>s équilibres extrêmement précaires. Conséquence d’un compromis social selon lequel<br />
il reviendrait aux femmes et à elles seules, d’organiser les temps sociaux parmi les solutions<br />
individuelles, on compte à la RATP comme ailleurs, le travail à temps partiel <strong>de</strong>s femmes.<br />
Loin d’être un choix libre et en faveur <strong>de</strong> l’assouvissement <strong>de</strong> leurs aspirations personnelles,<br />
le temps partiel se pose alors comme un moyen <strong>de</strong> “combler” les déséquilibres afférents<br />
aux contraintes professionnelles du conjoint et <strong>de</strong>meure encore profondément discriminant<br />
quant aux salaires, à l’évolution <strong>de</strong> carrière et à la formation <strong>de</strong>s femmes. D’autres agents<br />
optent également pour <strong>de</strong>s horaires atypiques dans les <strong>de</strong>ux cas, mais décalés <strong>de</strong><br />
manière à assurer une présence continue auprès <strong>de</strong>s enfants. D’une manière générale,<br />
les solutions individuelles retenues par les agents ne permettent pas un véritable épanouissement<br />
<strong>de</strong>s femmes, <strong>de</strong>s hommes et du couple dans la sphère professionnelle<br />
comme dans la sphère privée.<br />
Dans ce contexte, les représentants <strong>de</strong>s salarié(e)s et les organisations syndicales ont<br />
donc posé la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps autour d’un élément cristallisateur<br />
relatif à la complexité <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s agents. Signe <strong>de</strong> l’importance<br />
<strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP en terme <strong>de</strong> soutien en la matière, le rôle <strong>de</strong> l’Espace<br />
Pimprenelle s’est progressivement enrichi au cours <strong>de</strong> ses six années d’activité, d’une<br />
mission d’information et <strong>de</strong> conseil auprès <strong>de</strong>s salarié(e)s, d’un rôle <strong>de</strong> relais en disposant<br />
d’un important réseau <strong>de</strong> personnels liés à la petite enfance, <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>urs et politiques,<br />
et <strong>de</strong> chercheurs dans le domaine.<br />
Enfin, la mission <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> l’allocation pour frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Régie en<br />
faveur <strong>de</strong>s agents, parents d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 7 ans, est <strong>de</strong>venue une activité<br />
majeure <strong>de</strong> la structure. A l’interface <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’entreprise et <strong>de</strong>s temps, l’Espace<br />
Pimprenelle s’est ainsi progressivement doté d’une véritable compétence d’expertise<br />
relative aux aspects conceptuels et financiers <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux.<br />
Si la réflexion <strong>de</strong> l’Espace s’oriente aujourd’hui vers un niveau interentreprises ou encore<br />
un niveau européen <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong> leurs enfants,<br />
c’est aussi que ce projet innovant témoigne <strong>de</strong> la nécessité d’une réflexion collective<br />
autour <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps, à laquelle les directions d’entreprise,<br />
les salarié(e)s, les représentants <strong>de</strong>s personnels et les organisations syndicales<br />
ne peuvent se soustraire.<br />
3
1 Enjeux :<br />
la conciliation <strong>de</strong>s<br />
temps professionnels<br />
et familiaux,<br />
un enjeu <strong>de</strong> société<br />
4
Les difficultés relatives à la conciliation<br />
<strong>de</strong>s temps professionnels et familiaux<br />
se matérialisent en France avant même<br />
la naissance <strong>de</strong>s enfants avec la<br />
recherche plus ou moins périlleuse <strong>de</strong><br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, et ce, du fait <strong>de</strong> l’insuffisance<br />
<strong>de</strong>s structures d’accueil à<br />
laquelle s’ajoute une inadéquation<br />
entre les heures d’ouvertures <strong>de</strong> ces<br />
<strong>de</strong>rnières et les horaires <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s<br />
salarié(e)s.<br />
Or, les solutions retenues par les ménages sont d’autant plus précaires qu’elles<br />
enten<strong>de</strong>nt donner une réponse individuelle à une problématique collective. A ce<br />
titre, considérant que les préoccupations afférentes aux temps parentaux ne peuvent<br />
revenir aux seules femmes et dans l’optique <strong>de</strong> rendre inopérants les facteurs <strong>de</strong> discriminations<br />
au travail fondés sur le genre, la création et les missions <strong>de</strong> l’Espace<br />
Pimprenelle révèlent la nécessité d’une prise en compte <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
familiaux et professionnels, dans un cadre élargi et tripartite associant les salarié(e)s,<br />
hommes et femmes, l’ensemble <strong>de</strong>s organisations syndicales et l’entreprise, en l’occurrence<br />
la RATP.<br />
La problématique <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps sociaux s’inscrit en effet, dans le cadre<br />
d’une réflexion collective à <strong>de</strong> multiples égards.<br />
D’un point <strong>de</strong> vue économique, sous l’influence <strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong> concurrence<br />
induisant <strong>de</strong> nouveaux mo<strong>de</strong>s d’organisation du travail et <strong>de</strong> gestion<br />
<strong>de</strong>s ressources humaines, l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s est aujourd’hui contraint<br />
d’intégrer le concept <strong>de</strong> flexibilité sous toutes ses formes, induisant une dérégulation<br />
générale du temps <strong>de</strong> travail principalement caractérisée par <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> variabilité,<br />
<strong>de</strong> discontinuité, d’intensification et d’accroissement <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s horaires. S’impose<br />
alors l’idée que la semaine dite “standard” du lundi au vendredi, <strong>de</strong> 9h00 à 17h00,<br />
constituerait un privilège <strong>de</strong> “nantis” auquel, d’une part, il faudrait renoncer dans un<br />
contexte <strong>de</strong> pénurie du travail et d’autre part, qui correspondrait à un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion<br />
dépassé face à l’évolution <strong>de</strong>s pratiques économiques présentée comme incontournable,<br />
unique et incontestable.<br />
5<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
La RATP<br />
c’est 81,5%<br />
du personnel en<br />
horaires décalés<br />
et 70 % en repos<br />
décalés…<br />
Certains services publics dans le cadre <strong>de</strong> leurs<br />
missions dites d’intérêt général, à l’instar <strong>de</strong>s<br />
hôpitaux, sont structurellement et historiquement<br />
soumis à une amplitu<strong>de</strong> horaire accrue<br />
indispensable aux usagers. Mais d’autres, dont<br />
la flexibilité <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail était jusqu’ici<br />
contenue, sont soumis aux mêmes pressions que<br />
les salarié(e)s <strong>de</strong> la sphère privée, sous l’influence<br />
<strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gestion <strong>de</strong>s personnels d’une part, et dans l’optique d’un complément Etat/marché<br />
d’autre part, selon lequel les entreprises publiques et leurs salarié(e)s supportent aussi<br />
et “récupèrent” les déréglementations <strong>de</strong> l’environnement marchand. Dans ce cadre, les<br />
transports collectifs publics évoquent toujours la possibilité d’étendre plus encore leur<br />
offre <strong>de</strong> services déjà marquée par un atypisme prégnant, à <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s d’horaires<br />
plus larges.<br />
En 2002, sur les 44601 agents <strong>de</strong> la RATP, 81,5% travaillent en horaires décalés et 70%<br />
sont en repos décalés, ne bénéficiant donc pas régulièrement <strong>de</strong> repos le samedi et le<br />
dimanche. La part <strong>de</strong>s salarié(e)s travaillant <strong>de</strong> nuit s’élève à 5% <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
effectifs. L’ensemble <strong>de</strong> ces conditions <strong>de</strong> travail peut être doublé d’un effet <strong>de</strong> variabilité<br />
qui concerne 15,9% <strong>de</strong>s agents dont les horaires sont modifiés d’un jour à l’autre, d’une<br />
semaine à l’autre.<br />
Au niveau familial, cette organisation du travail fragilise les éléments <strong>de</strong> cohésion,<br />
en termes <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> temps, dont la famille tire aussi son existence.<br />
Côté enfants, la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps soulève celle <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong>s temps<br />
scolaires en France qui à certains égards, vient aussi compenser les horaires professionnels<br />
<strong>de</strong>s parents.<br />
Les temps physiologiques comme les temps “libres” sont eux mêmes fortement<br />
contraints par les rythmes <strong>de</strong> travail, l’ensemble contribuant à une appréhension par les<br />
enfants plutôt floue et immanquablement critique <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> leurs parents.<br />
Côté parents, ces nouvelles pratiques <strong>de</strong> gestion imposent <strong>de</strong> recourir à <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong>s non déclarés, parfois combinés (gar<strong>de</strong> rémunérée-école, voisins-école, parentsécole/école-gar<strong>de</strong><br />
rémunérée, école-voisins, école-parents) et à réorganiser fréquemment<br />
et à tout moment.<br />
6
Cet ajustement individuel <strong>de</strong>s temps sociaux par les salarié(e)s, en plus <strong>de</strong> son caractère<br />
particulièrement onéreux, <strong>de</strong>vient alors générateur <strong>de</strong> stress et d’une charge mentale<br />
supplémentaire afférente à un phénomène largement répandu <strong>de</strong> désynchronisation <strong>de</strong>s<br />
temps et au final d’indisponibilité partielle et permanente tant dans la sphère privée que<br />
dans la sphère professionnelle.<br />
Pour autant, ces évolutions continuent d’être décrites comme les conséquences d’un<br />
accroissement <strong>de</strong> la concurrence que les théories économiques dominantes relayées par<br />
les pouvoirs politiques présentent comme une amélioration, une optimisation du bienêtre<br />
<strong>de</strong>s consommateurs et <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s agents économiques.<br />
Dans ce contexte, la problématique <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux et<br />
professionnels relève alors <strong>de</strong> choix collectifs <strong>de</strong> société intéressant l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s salarié(e)s, <strong>de</strong> leurs représentants et élus s’agissant :<br />
- d’une part, <strong>de</strong> la place et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail, entre une dérégulation en casca<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail dans les secteurs du commerce, <strong>de</strong>s transports<br />
publics, <strong>de</strong>s services <strong>de</strong>stinés à la petite enfance et une maîtrise, voire une réduction<br />
collective <strong>de</strong>s temps et amplitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail ;<br />
- et d’autre part, <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> service public dont la vocation <strong>de</strong> satisfaire l’intérêt général<br />
ne peut se soustraire à la prise en compte du bien-être <strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong> leurs<br />
enfants.<br />
7<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
2 Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants,<br />
temps <strong>de</strong>s parents,<br />
<strong>de</strong>s éléments<br />
<strong>de</strong> tensions<br />
8<br />
2.1- Les temps <strong>de</strong>s parents 9<br />
2.2- Les temps <strong>de</strong>s enfants 17<br />
2.3- La recherche <strong>de</strong> solutions<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
<strong>de</strong>s familles 22
La famille tire son existence et sa cohésion du partage <strong>de</strong> volume et <strong>de</strong> qualité<br />
<strong>de</strong> temps, toute la difficulté étant dès lors <strong>de</strong> faire coexister et d’harmoniser<br />
une multiplicité <strong>de</strong> temps, les temps <strong>de</strong>s enfants et ceux <strong>de</strong>s parents.<br />
2.1 Les temps <strong>de</strong>s parents<br />
Les parents se trouvent soumis à <strong>de</strong>s conflits entre la nécessité <strong>de</strong> travailler, en particulier<br />
avant d’avoir <strong>de</strong>s enfants et pour assurer le bien-être <strong>de</strong> ceux-ci – l’emploi est ainsi envisagé<br />
comme un préalable nécessaire à l’arrivée d’un enfant pour 82% <strong>de</strong>s femmes et 79% <strong>de</strong>s<br />
hommes 1 - et le désir d’accompagner au mieux les enfants dans leurs activités. Cette tension<br />
est d’autant plus prégnante que les salariés sont soumis à <strong>de</strong>s évolutions sensibles <strong>de</strong>s pratiques<br />
<strong>de</strong> gestion, souvent préjudiciables à l’équilibre <strong>de</strong>s temps sociaux dans un contexte<br />
socioculturel où émerge la préoccupation relative aux temps parentaux et qui s’impose plus<br />
particulièrement pour <strong>de</strong>s raisons culturelles aux mères actives.<br />
a- L’évolution <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s salariés : <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong><br />
stratégies <strong>de</strong>s entreprises françaises et <strong>de</strong>s politiques<br />
<strong>de</strong> logement fragilisant l’équilibre <strong>de</strong>s temps sociaux.<br />
Sous l’influence <strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong> concurrence symbolisées par les “zéros” : zéro<br />
défaut, zéro stock, zéro temps, initiés au Japon, les entreprises françaises fon<strong>de</strong>nt dans<br />
les années 80, leurs stratégies industrielles sur <strong>de</strong>ux principes majeurs : le renforcement<br />
<strong>de</strong> la standardisation <strong>de</strong>s composants d’une part, et la différenciation <strong>de</strong>s produits<br />
finaux, d’autre part. On parle alors “d’automatisation flexible 2 ” , tandis que le concept<br />
<strong>de</strong> flexibilité s’étend à l’ensemble <strong>de</strong>s secteurs, y compris aux services et à différents<br />
domaines : flexibilité organisationnelle, flexibilité technologique… Or, ce concept s’impose<br />
aussi à l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s dans <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s ressources humaines<br />
renouvelées autour <strong>de</strong> :<br />
- l’intensification du travail avec une recherche <strong>de</strong> productivité accrue sans investissement<br />
technologique particulier;<br />
- la polyvalence <strong>de</strong>s salariés;<br />
- une mobilisation plus subjective <strong>de</strong> la main d’œuvre : les tâches directement productives<br />
régressent et l'on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux salariés une implication plus subjective dépassant <strong>de</strong><br />
loin la prescription telle que l'on pouvait l'envisager dans un système taylorien.<br />
Les salariés doivent interpréter <strong>de</strong>s situations, prendre <strong>de</strong>s initiatives, anticiper<br />
les éventuels dysfonctionnements au sein d'une organisation du travail où la responsabilité,<br />
la réactivité et l'adaptabilité <strong>de</strong>s travailleurs sont sollicitées;<br />
- une tentative d’occuper l’outil <strong>de</strong> production et une part <strong>de</strong> la main d’œuvre<br />
afférente au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la plage horaire 8h00-19h00 et <strong>de</strong> la semaine traditionnelle <strong>de</strong>s<br />
cinq jours, y compris pendant les pério<strong>de</strong>s estivales…<br />
Si ces pratiques s’inscrivent plus particulièrement dans le cadre <strong>de</strong> concepts et mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gestion renouvelés, elles font aussi écho aux travaux d’économistes du XIX e siècle qui se<br />
sont penchés sur la valeur <strong>de</strong>s marchandises, non en terme <strong>de</strong> valeur d’usage ou<br />
d’utilité, mais bien plus en terme <strong>de</strong> valeur du travail (au sens <strong>de</strong>s classiques et <strong>de</strong> Marx,<br />
voir encadré), selon lesquels la valeur <strong>de</strong>s biens serait à rechercher dans le<br />
travail. Dans la lignée <strong>de</strong>s travaux d’Adam Smith 3 , elles visent ainsi à accroître la productivité<br />
du travail par une nouvelle division du temps <strong>de</strong> travail.<br />
1- Devetter F.X. (2003), Approche socio-économique <strong>de</strong>s relations entre temps <strong>de</strong> travail et temps <strong>de</strong>s enfants, Dares.<br />
2- Santilli G., Du Tertre C. (1992), Automatisation et travail, Paris, PUF, Economie en Liberté.<br />
3- Smith A. (2002), Recherche sur la nature et les causes <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong>s nations, livre I et II, Economica.<br />
9<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
En savoir +<br />
L’analyse du temps au travers <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> la pensée économique : quelques<br />
éléments <strong>de</strong> repères<br />
L’analyse du temps dans l’histoire <strong>de</strong> la pensée économique varie en fonction du traitement<br />
<strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s biens retenu par les différents auteurs.<br />
Le mercantilisme (<strong>de</strong> la fin du XVI e au milieu du XVIII e siècle), principalement centré<br />
sur les questions d’économie politique et les modalités d’intervention <strong>de</strong> l’Etat, introduit<br />
la problématique du temps en la personne <strong>de</strong> William Petty (1623-1687, Gran<strong>de</strong>-<br />
Bretagne). Ses travaux mettent en évi<strong>de</strong>nce les relations entre temps et richesse, avec<br />
une théorie <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s biens reposant sur le travail et la terre. Il préconise que<br />
soit décrit le processus intégral du travail, <strong>de</strong>s opérations manuelles et <strong>de</strong>s applications<br />
par <strong>de</strong>s instruments et machines, avec l’ébauche d’une tentative <strong>de</strong> décomposition<br />
<strong>de</strong>s gestes dans un système spatial et temporel. Deux temps sont alors distingués : le<br />
temps <strong>de</strong> la conscience (celui <strong>de</strong> l’attention et <strong>de</strong> la mémorisation) et les temps <strong>de</strong>s<br />
“choses naturelles” qui mesurent les mouvements.<br />
Les physiocrates (1750 à 1770), en s’opposant à l’interventionnisme d’Etat, vont<br />
axer leurs travaux sur la nature et les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> circulation <strong>de</strong>s richesses, en développant<br />
<strong>de</strong>s analyses en termes <strong>de</strong> circuit et en abandonnant la question <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s biens<br />
sous l’angle <strong>de</strong> la valeur du travail. Dans ce cadre, François Quesnay (1694-1774,<br />
France) construira un tableau macroéconomique d’ensemble, dit “zizac”, consacré aux<br />
échanges globaux entre différentes classes : la classe productive <strong>de</strong>s fermiers, celle<br />
<strong>de</strong>s propriétaires fonciers et la classe stérile <strong>de</strong>s artisans, commerçants… L’auteur y<br />
développera les prémices d’une analyse du temps en terme <strong>de</strong> dynamique, avec un<br />
temps en T0 où sont décrites les avances primitives <strong>de</strong> capital fixe et les avances<br />
annuelles <strong>de</strong> capital circulant, et un temps en T1, temps <strong>de</strong> la production et <strong>de</strong>s<br />
échanges, en décrivant les flux et mouvements permettant le passage <strong>de</strong> l’un à l’autre<br />
<strong>de</strong> ces temps.<br />
L’école classique (1776 à 1848), en approfondissant les fon<strong>de</strong>ments du libéralisme<br />
notamment avec le concept <strong>de</strong> la “main invisible”, recherchera pour certains <strong>de</strong> ces<br />
auteurs les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong>s biens, autour <strong>de</strong> la valeur travail commandé.<br />
C’est dans ce cadre qu’Adam Smith (1723-1790, Ecosse), en s’interrogeant sur les<br />
moyens d’augmenter la richesse <strong>de</strong>s individus, exposera l’exemple d’une manufacture<br />
d’épingles, en recherchant les sources d’accroissement <strong>de</strong> la productivité du travail par<br />
une division accrue du travail. Le temps sera envisagé sous l’angle du gain <strong>de</strong> temps<br />
<strong>de</strong> travail engendré par la division du travail, du fait d’une part, que le même ouvrier<br />
ne change pas d’activité, ne se déplace pas d’un atelier à un autre et d’autre part, que<br />
l’expérience ou le temps faisant, un ouvrier exécutant une seule tâche toute sa vie<br />
acquiert <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>xtérité et d’habileté.<br />
10
Pour Karl Marx (1818-1883, Allemagne), la force <strong>de</strong> travail a pour propriété principale<br />
<strong>de</strong> créer <strong>de</strong> la valeur que l’on mesure en temps <strong>de</strong> travail moyen. L’auteur décompose<br />
une journée <strong>de</strong> travail en <strong>de</strong>ux temps. D’une part, le temps <strong>de</strong> travail nécessaire,<br />
correspondant à ce que le capitaliste paie en salaire, il s’agit ici du temps <strong>de</strong> travail<br />
rémunéré mais inférieur à la réelle production <strong>de</strong> valeurs. D’autre part, le temps <strong>de</strong><br />
sur-travail constitue le temps au cours duquel la sur-valeur est produite, c’est à dire le<br />
temps où le salarié continue <strong>de</strong> travailler et où la valeur produite revient au capitaliste.<br />
A partir <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux temps, Karl Marx expose le concept central <strong>de</strong> son analyse économique<br />
dit <strong>de</strong> plus-value absolue et plus-value relative. Le capitaliste cherchera en<br />
effet à accroître le taux d’exploitation, à travail nécessaire inchangé, soit en allongeant<br />
la journée <strong>de</strong> travail, il s’agit ici <strong>de</strong> la plus-value absolue, soit à journée <strong>de</strong> travail<br />
inchangé, en réduisant le temps <strong>de</strong> travail nécessaire en intensifiant le travail, on parle<br />
alors <strong>de</strong> plus-value relative.<br />
L’analyse néoclassique (XIX e siècle à nos jours) s’intéressera également à la valeur<br />
<strong>de</strong>s biens, mais en ne fondant plus cette <strong>de</strong>rnière sur le travail mais sur l’utilité<br />
subjective qu’en retire l’individu lors <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> la marchandise, on parle alors <strong>de</strong><br />
valeur d’usage. En abandonnant l’approche consacrée au travail et en se dotant<br />
d’une méthodologie axée sur la mathématisation <strong>de</strong> la discipline et le développement<br />
<strong>de</strong> concepts abstraits tels que celui <strong>de</strong> l’homo oeconomicus à rationalité illimitée ou<br />
encore celui <strong>de</strong> la concurrence pure et parfaite, les auteurs (Menger, Jevons, Marshall<br />
et Walras) vont centrer leurs analyses sur l’échange et le marché, lieu <strong>de</strong> rencontre <strong>de</strong><br />
comportements individuels déterminant une offre et une <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, et à l’issue un<br />
prix. Alfred Marshall (1842-1924) introduira une conception du temps en <strong>de</strong>ux étapes.<br />
D’une part, le court terme, c’est le temps où prime l’utilité d’un bien qui permet alors<br />
d’en déterminer le prix. D’autre part, le long terme, où prime le coût <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong><br />
production. Mais l’équilibre partiel ou général sur l’ensemble <strong>de</strong>s marchés se limite à<br />
un cadre statique où le temps en terme <strong>de</strong> mouvement et d’incertitu<strong>de</strong>, n’intervient<br />
pas. L’analyse néoclassique continue aujourd’hui d’approfondir son approche, y compris<br />
en tentant d’introduire les hypothèses d’anticipations rationnelles <strong>de</strong>s agents au sens<br />
<strong>de</strong> la nouvelle école classique.<br />
L’analyse keynésienne (1883-1946) s’axe sur le fonctionnement d’une économie<br />
monétaire <strong>de</strong> production. Dans ce cadre, il réintroduit le temps et avec lui, l’incertitu<strong>de</strong><br />
radicale qui le caractérise et qui induit un risque non probabilisable. Face à cette incertitu<strong>de</strong>,<br />
les agents ne peuvent qu’anticiper, mais leurs prévisions sont toujours imparfaites.<br />
Leurs comportements vont en faveur <strong>de</strong> la détention d’encaisse, avec donc une<br />
préférence pour la liquidité, c’est-à-dire pour un actif pouvant être transformé rapi<strong>de</strong>ment,<br />
sans risque, sans coût, sans perte <strong>de</strong> sa valeur nominale, en un moyen <strong>de</strong> paiement.<br />
Pour l’auteur, l’analyse du temps est liée à celle <strong>de</strong> la monnaie : “L’importance<br />
essentielle <strong>de</strong> la monnaie vient <strong>de</strong> ce qu’elle est le lien entre le présent et le futur 4 ”.<br />
4- Keynes J.M. (1990), Théorie générale <strong>de</strong> l’emploi, <strong>de</strong> l’intérêt et <strong>de</strong> la monnaie, Payot, p. 293.<br />
11<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Les temps<br />
d’une journée <strong>de</strong> travail<br />
6h00 Petit matin<br />
9h00 Matin<br />
11h30 Midi<br />
14h00 Début après-midi<br />
16h00 Fin après-midi<br />
…<br />
19h00 Soirée<br />
21h00<br />
…<br />
6h00<br />
TRAVAIL DE JOUR<br />
TRAVAIL DE NUIT<br />
Dans le cadre d’une analyse en terme<br />
<strong>de</strong> plus-value absolue et plus value<br />
relative au sens <strong>de</strong> Marx 5 , il s’agit<br />
également <strong>de</strong> tirer un avantage quant<br />
à l’écart entre :<br />
- le temps <strong>de</strong> travail réel et symbolisé par la<br />
production <strong>de</strong> biens et services, d’une part,<br />
- et le temps <strong>de</strong> travail rémunéré mais inférieur<br />
à la réelle production <strong>de</strong> valeurs,<br />
d’autre part.<br />
Ainsi, outre la prolongation <strong>de</strong> la journée<br />
<strong>de</strong> travail ou encore la prise en compte du<br />
seul travail effectif (excluant les pauses),<br />
le morcellement <strong>de</strong> ce temps <strong>de</strong> travail en<br />
différents horaires dits atypiques, permet<br />
d’accroître encore ce temps <strong>de</strong> production<br />
<strong>de</strong> richesses, dont une part ne sera pas<br />
reconnue par le salaire.<br />
Dès lors, la question du temps <strong>de</strong> travail ne se pose plus pour les salariés <strong>de</strong> la même<br />
manière, il s’agit bien plus “<strong>de</strong>s temps” <strong>de</strong> travail qu’offre une même journée et pouvant<br />
être distingués selon :<br />
- la continuité ou la discontinuité <strong>de</strong>s horaires sur une même journée,<br />
- la variabilité <strong>de</strong> ces horaires <strong>de</strong> travail d’une journée à l’autre, d’une semaine à l’autre,<br />
d’un mois à l’autre,<br />
- le travail <strong>de</strong> jour ou <strong>de</strong> nuit,<br />
- les journées <strong>de</strong> repos hebdomadaires : samedi et dimanche, consécutifs ou non.<br />
L’ensemble permet alors <strong>de</strong> distinguer la semaine standard <strong>de</strong> la semaine non<br />
standard pour les salarié(e)s à temps complet (voir encadré suivant).<br />
Typologie <strong>de</strong>s semaines standards et non standards au regard <strong>de</strong>s horaires<br />
Semaine standard<br />
- travail en continu sur la plage horaire 9h00-19h00,<br />
exceptées pause déjeuner et autres pauses,<br />
- travail <strong>de</strong> jour,<br />
- journées <strong>de</strong> repos : samedi et dimanche<br />
Semaine non standard<br />
Horaires décalés > <strong>de</strong> jour : travail matin et début et fin d’après<br />
midi ou petit matin, matin et midi,<br />
> repos hebdomadaire hors samedi et<br />
dimanche ou non consécutif.<br />
Horaires variables > journées variables d’un jour à l’autre, d’une<br />
semaine à l’autre ou d’un mois à l’autre,<br />
> repos hebdomadaire hors samedi et<br />
dimanche ou non consécutif.<br />
Travail <strong>de</strong> nuit > horaires <strong>de</strong> travail entre 21 heures<br />
et 6 heures et ce, 2 fois par semaine.<br />
5- Marx K. (1985), Le Capital, Livre I, section II à V, Champs-Flammarion.<br />
12
D’autres typologies considèrent le temps <strong>de</strong> travail atypique dans une vision plus large<br />
prenant en compte aussi le travail à temps partiel : “Tout travail qui n’est pas exercé à<br />
plein temps et <strong>de</strong> manière permanente. Il comprend le travail à temps partiel, du soir et<br />
le week-end, à durée déterminée, temporaire ou sous-traité à domicile, le télétravail et<br />
le travail à domicile”, Glossaire <strong>de</strong>s termes sur l’égalité entre les hommes et les femmes,<br />
Commission européenne, janvier 1988.<br />
Ces horaires <strong>de</strong> travail qu’ils soient décalés, variables ou <strong>de</strong> nuit, posent toujours<br />
pour les salarié(e)s <strong>de</strong>s questions relatives à 6 :<br />
- La régularité : cette <strong>de</strong>rnière peut être analysée eu égard à la variation <strong>de</strong>s horaires<br />
d’un jour à l’autre, d’une semaine à l’autre et d’un mois à l’autre.<br />
- La prévisibilité <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> travail : il s’agit <strong>de</strong> savoir si le salarié a connaissance ou<br />
non <strong>de</strong>s horaires d’un jour à l’autre, d’une semaine à l’autre et d’un mois à l’autre.<br />
- Les rythmes : le rythme <strong>de</strong> travail peut être envisagé autour <strong>de</strong>s contraintes liées<br />
à la “dépendance vis-à-vis d’un ou plusieurs collègues”, contraintes imposées par<br />
“une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> extérieure”, rythme imposé par “les contrôles <strong>de</strong> la hiérarchie” et <strong>de</strong><br />
“l’impression d’avoir à se dépêcher”.<br />
- L’autonomie : la détermination <strong>de</strong>s horaires du salarié peut être le fait du salarié dans<br />
l’optique d’un “choix” d’horaires ou encore peut être imposée par l’employeur.<br />
- La sociabilité : cette <strong>de</strong>rnière se pose s’agissant du travail <strong>de</strong> nuit et du travail le weekend.<br />
Les temps sociaux étant majoritairement organisés autour <strong>de</strong> la journée <strong>de</strong> travail<br />
et la norme <strong>de</strong>s cinq jours par semaine, exceptés le samedi et le dimanche, dès lors les<br />
salariés concernés par <strong>de</strong>s horaires décalés sont en <strong>de</strong>hors du standard social. Cette<br />
situation impacte d’une part, sur la structuration du collectif <strong>de</strong> travail et la sociabilité<br />
afférente, mais également sur l’ensemble <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> sociabilité hors travail.<br />
Ces horaires atypiques s’accompagnent par ailleurs, d’un phénomène d’accroissement<br />
<strong>de</strong>s trajets domicile/travail lié à une politique du logement ayant induit un surenchérissement<br />
<strong>de</strong>s loyers et prix d’achat s’agissant <strong>de</strong>s habitations situées au cœur <strong>de</strong>s villes et<br />
donc un déplacement <strong>de</strong>s populations aux revenus bas et moyen, à la périphérie <strong>de</strong>s villes.<br />
Ces modifications <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong>s entreprises françaises alliées à ce type <strong>de</strong><br />
politique du logement ont donc une influence sensible sur la sphère privée, fragilisant<br />
l’équilibre déjà précaire <strong>de</strong>s temps sociaux, en particulier s’agissant <strong>de</strong>s<br />
temps parentaux.<br />
b- L’émergence du temps parental<br />
L’émergence du temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s salarié(e)s est soumis à <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s tensions<br />
entre travailler pour élever leurs enfants et considérer le temps parental comme<br />
étant insuffisant compte tenu <strong>de</strong>s contraintes professionnelles<br />
Tandis que le temps était auparavant classiquement divisé en temps professionnel, temps<br />
physiologique, temps domestique et loisirs, les récentes étu<strong>de</strong>s créant <strong>de</strong>s typologies<br />
plus affinées témoignent <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> l’importance du temps parental.<br />
6- Cottrell M., Letremy P., Macaire S., Meilland C., Michon F. (2002), “Le temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s formes particulières d’emploi”, Economie et<br />
Statistique n° 352-353. Les auteurs s’intéressent plus spécifiquement aux conditions <strong>de</strong> travail et au rôle <strong>de</strong> la flexibilité pour les emplois<br />
en intérims, à temps partiel ou encore en contrat à durée déterminée. Ils ont défini à cet égard les différentes variables <strong>de</strong>scriptives du temps<br />
<strong>de</strong> travail citées.<br />
13<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
L’enquête Matisse<br />
évalue le temps<br />
parental à 12%<br />
du temps total,<br />
soit 19h37<br />
par individu<br />
et par semaine…<br />
Ainsi <strong>de</strong> plus en plus, les contraintes et les rythmes spécifiques<br />
liés aux enfants sont isolés <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
tâches domestiques. L'enquête menée par le Matisse en<br />
1999 7 distingue cinq temps associés à trois sphères <strong>de</strong><br />
travail.<br />
Les temps et les typologies <strong>de</strong> travail<br />
Le travail rémunéré > le temps professionnel : exercice ou recherche d'un emploi,<br />
formation et étu<strong>de</strong>s, trajets entre le domicile et le lieu <strong>de</strong> travail<br />
Le travail non rémunéré > le temps domestique : repas, vaisselle, courses, linge, nettoyage,<br />
jardinage, bricolage<br />
> le temps parental : temps parental domestique, temps parental<br />
scolaire, temps parental “taxi”<br />
Le non travail > le temps parental : temps parental <strong>de</strong> sociabilité<br />
> le temps personnel : repos, loisir, sociabilité, activité associative<br />
ou bénévole<br />
> le temps physiologique : sommeil, toilette, repas<br />
Ces différents temps se combinent, se juxtaposent et sont fortement interdépendants,<br />
l’ensemble créant <strong>de</strong> véritables tensions pour les salarié(e)s et plus encore lorsque<br />
ceux-ci sont parents.<br />
L’enquête Matisse 8 évalue en effet, le temps parental à 12% du temps total, soit 19h37<br />
par individu et par semaine, avec toutefois <strong>de</strong>s disparités selon le genre, l’activité et la<br />
situation matrimoniale.<br />
7- Barrère - Maurisson M., Marchand O., Rivier S. (2000), “le partage <strong>de</strong>s temps pour les hommes et les femmes : ou comment conjuguer<br />
le travail rémunéré, non rémunéré et non travail”, Premières synthèses, DARES, n°11.1 - mars.<br />
8- Barrère - Maurisson M., Marchand O., Rivier S. (2000), op. cité.<br />
14
Le temps parental selon le genre, l’activité et la situation matrimoniale<br />
Chef <strong>de</strong> famille Homme Femme Femme Femme<br />
mono- actif à active à active à inactive<br />
parentale temps temps temps<br />
complet complet partiel<br />
Durée 21 13 21 22 31<br />
hebdomadaire<br />
en heures<br />
Source : d’après Barrère – Maurisson M. et ali. (2000).<br />
La combinaison <strong>de</strong>s temps aboutit à un accroissement <strong>de</strong> l’étendue <strong>de</strong> la journée,<br />
<strong>de</strong>venant d’autant plus problématique que les parents salariés ont à faire face à <strong>de</strong>s<br />
horaires professionnels décalés. Le sentiment d’être fatigué du fait <strong>de</strong>s horaires atypiques<br />
est exprimé par une majorité <strong>de</strong> salariés en horaires décalés ou variables<br />
(contre 28 % <strong>de</strong>s personnes en horaires dits “standards 9 ”.<br />
Sous les contraintes <strong>de</strong> la sphère professionnelle, les étu<strong>de</strong>s révèlent que le temps<br />
parental est jugé insuffisant par les actifs eux-mêmes pour 89% <strong>de</strong>s femmes et 78%<br />
<strong>de</strong>s hommes, avec enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12 ans. Ce sentiment s’accompagne <strong>de</strong> celui <strong>de</strong><br />
manquer <strong>de</strong> temps. Les horaires professionnels sont peu ou pas adaptés aux responsabilités<br />
familiales pour 25 % <strong>de</strong>s pères comme <strong>de</strong>s mères. Dans ce cadre, les étu<strong>de</strong>s<br />
révèlent que la moitié <strong>de</strong>s parents sont avec leur enfant (<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12 ans) au moment<br />
du petit déjeuner et qu’un tiers d’entre eux sont présents le soir pour les <strong>de</strong>voirs.<br />
Et si l’ensemble <strong>de</strong>s salariés parents sont soumis à <strong>de</strong> véritables tensions entre<br />
travailler pour élever au mieux leurs enfants et estimer dans le même temps<br />
que le temps parental est insuffisant compte tenu <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> travail, ce<br />
sont les mères actives qui déclarent en souffrir le plus.<br />
c- Les temps <strong>de</strong>s mères actives :<br />
Des femmes <strong>de</strong> plus en plus actives mais à qui revient toujours la préoccupation<br />
<strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux<br />
Signe d’inégalités persistantes, les femmes françaises disposent encore du monopole <strong>de</strong><br />
l’organisation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> la famille. Dans ce cadre, elles adaptent leur activité, leurs<br />
temps et horaires <strong>de</strong> travail aux différents temps <strong>de</strong> chaque membre du foyer. Les<br />
étu<strong>de</strong>s révèlent ainsi que la présence d’enfants réduit fortement le taux d’activité <strong>de</strong>s<br />
femmes, en laissant inchangé celui <strong>de</strong>s hommes. Par ailleurs, ce taux d’activité féminine<br />
varie également en fonction <strong>de</strong> l’étape <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> l’enfant, plus faible dès lors<br />
9- Chenu A. (2002), “Les horaires et l’organisation du temps <strong>de</strong> travail”, Economie et statistique, n°352-353.<br />
15<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
que l’enfant est en bas âge, il remonte lorsque l’enfant est scolarisé en primaire, pour<br />
croître plus encore lorsqu’il <strong>de</strong>vient adolescent. Les horaires <strong>de</strong>s femmes se modifient<br />
majoritairement pour s’inscrire dans le cadre d’une semaine dite standard 10 dès lors que<br />
l’enfant atteint ses trois ans et est scolarisé.<br />
Les femmes ten<strong>de</strong>nt également à ajuster leur temps <strong>de</strong> travail en fonction <strong>de</strong>s contraintes<br />
<strong>de</strong> la vie professionnelle <strong>de</strong> leurs conjoints, en particulier lorsque ces <strong>de</strong>rniers sont soumis<br />
à <strong>de</strong>s horaires atypiques. Les étu<strong>de</strong>s révèlent par ailleurs, une tendance <strong>de</strong>s femmes à<br />
accepter dans ce cas, <strong>de</strong>s horaires décalés complémentaires à ceux <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong><br />
manière à assurer une présence continue auprès <strong>de</strong>s enfants. Ce sont par exemple <strong>de</strong>s<br />
infirmières rejoignant l’équipe <strong>de</strong> l’après-midi - début <strong>de</strong> nuit pour compléter la disponibilité<br />
<strong>de</strong> leurs maris facteurs.<br />
Taux d’activité <strong>de</strong>s mères selon leur nombre d’enfants en 1998 (en %)<br />
Femmes sans enfant 85<br />
Femmes et mères d’un enfant 69,4<br />
Femmes et mères <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enfants 60,2<br />
Femmes et mères <strong>de</strong> trois enfants 39<br />
Source : d’après Barrère – Maurisson M. et ali. (2000).<br />
La féminisation <strong>de</strong> l'emploi n'a donc pas engendré une recomposition profon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s rôles<br />
dans la sphère privée. Les étu<strong>de</strong>s 11 montrent en effet, que les femmes réalisent encore<br />
80% du travail domestique, ou encore plus du double <strong>de</strong> temps consacré au travail non<br />
rémunéré par rapport aux hommes. Le travail domestique est encore l'affaire <strong>de</strong>s<br />
femmes, et il y a donc toujours une division sexuelle <strong>de</strong> celui-ci fondée sur un<br />
partage inégalitaire du travail non rémunéré au détriment <strong>de</strong>s femmes, <strong>de</strong> leurs<br />
repos et <strong>de</strong> leurs loisirs.<br />
Paradoxalement, cette répartition inégalitaire s'accentue avec la venue du premier<br />
enfant et s'accroît plus encore avec le second enfant. Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, la participation<br />
<strong>de</strong>s hommes aux tâches domestiques diminue alors d'environ 10% lorsque les <strong>de</strong>ux<br />
conjoints sont actifs. Les étu<strong>de</strong>s montrent également que l'investissement <strong>de</strong>s hommes<br />
et celui <strong>de</strong>s femmes dans les temps parentaux sont tout à fait distincts. Les pères<br />
s'impliquent beaucoup plus dans les activités dites <strong>de</strong> sociabilité telles que les jeux ou<br />
encore les activités à l'extérieur et les mères s'investissent plus particulièrement dans<br />
l'habillement, les soins et les toilettes aux enfants.<br />
10- La semaine standard est définie en p.12 comme une semaine <strong>de</strong> cinq jours consécutifs, avec un repos hebdomadaire en principe le<br />
samedi et dimanche, et une durée <strong>de</strong> 35 à 39h00 <strong>de</strong> travail hebdomadaire.<br />
11- <strong>Emergences</strong> (2003), “Conciliation <strong>de</strong>s temps : état <strong>de</strong>s débats”, Timetis, l'égalité hommes/femmes dans la vie personnelle et professionnelle.<br />
16
Comme pour les hommes, les sphères <strong>de</strong> travail rémunéré, non rémunéré, et celles<br />
<strong>de</strong> non travail se confon<strong>de</strong>nt et s'influencent réciproquement, mais plus encore<br />
s’agissant <strong>de</strong>s femmes salariées qui font coexister en pratiques et en pensées<br />
vie professionnelle, vie privée et vie familiale par <strong>de</strong>s horaires réduits (c'est le cas<br />
avec le temps partiel), par <strong>de</strong>s horaires décalés mais aussi par <strong>de</strong> multiples stratégies qui<br />
sont autant <strong>de</strong> charges physiques et mentales : organiser la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants, prendre<br />
les ren<strong>de</strong>z-vous chez le pédiatre, faire les courses sur l'heure <strong>de</strong> table… Or les étu<strong>de</strong>s<br />
révèlent que c'est aux femmes et souvent à elles seules que revient la préoccupation<br />
mentale y compris pendant les heures <strong>de</strong> travail quant à concilier et faire coïnci<strong>de</strong>r les<br />
temps familiaux, comme en témoigne l’examen <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s enfants.<br />
2.2 Les temps <strong>de</strong>s enfants<br />
L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Dares 12 (2003) à partir d’une enquête (sous forme <strong>de</strong> questionnaires et<br />
d’entretiens semi-dirigés individuels et collectifs) auprès <strong>de</strong> 100 enfants <strong>de</strong> 8 à 11 ans<br />
constitue une première approche inédite indiquant <strong>de</strong>s tendances quant au vécu <strong>de</strong>s<br />
temps sociaux par les enfants. D’une manière générale, ces enfants pourtant assez<br />
grands ont une conception relativement floue du temps et en particulier <strong>de</strong>s heures, y<br />
compris lorsqu’ils sont directement concernés par un horaire. Ainsi, à la question :<br />
“à quelle heure finissez vous l’école?”, une majorité répond : “à l’heure où maman vient<br />
me chercher”.<br />
Pour autant, ils parviennent à distinguer différents temps <strong>de</strong>rrière l’appellation générique<br />
dite <strong>de</strong> temps parental, tels que :<br />
- les temps scolaires,<br />
- les temps physiologiques,<br />
- et les temps “libres”.<br />
Or si les temps <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trois ans sont caractérisés par la prégnance <strong>de</strong>s<br />
temps scolaires incompressibles, force est <strong>de</strong> constater également que les temps professionnels<br />
<strong>de</strong> leurs parents influent sur tous les autres temps <strong>de</strong>s enfants.<br />
Dès lors, dès que l’on ôte les temps scolaires pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, tous<br />
les temps <strong>de</strong>s enfants sont soumis aux contraintes d’activité <strong>de</strong> leurs parents.<br />
a- Le temps scolaire : un temps dominant dont la longueur pallie<br />
aussi aux temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s parents<br />
Ce temps reste le temps dominant pour les enfants comme pour leurs parents, en occupant<br />
une place centrale tant pour ce qui concerne la journée que pour la semaine. Par extension,<br />
s’agissant <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, on estime la durée <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> moyenne<br />
rémunérée à 22 heures par semaine, temps présentant dans ce cas aussi une place prépondérante.<br />
Par ailleurs, compte tenu d’un nombre <strong>de</strong> semaines réduit, la France se situe<br />
en tête <strong>de</strong>s pays européens pour le temps hebdomadaire passé à l’école et aux <strong>de</strong>voirs,<br />
au point que certains analystes n’hésitent pas à dire que ce <strong>de</strong>rnier aurait “pris possession<br />
12- Devetter F.X. (2003), op. cité.<br />
17<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
<strong>de</strong> l’enfance” 13 . Le temps scolaire entretient une sorte <strong>de</strong> relation “réciproque”<br />
avec le temps professionnel selon laquelle, il existe d’une part, une tendance à<br />
allonger le temps scolaire pour pallier aux exigences <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> dues au temps <strong>de</strong><br />
travail <strong>de</strong>s parents. D’autre part, les parents tentent au mieux d’adapter leurs horaires<br />
professionnels aux temps scolaires. On retrouve ce même phénomène s’agissant <strong>de</strong>s<br />
enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans.<br />
Mais surtout, il apparaît que ce temps scolaire organise tous les autres temps <strong>de</strong>s enfants :<br />
le matin, c’est aussi le temps avant l’école, les jours “libres”, ce sont les temps sans<br />
école, et les heures <strong>de</strong> coucher et <strong>de</strong> lever sont aussi fonction <strong>de</strong> l’école… Et c’est aussi<br />
au travers <strong>de</strong>s jours d’école que les enfants apprennent à structurer le temps : les jours<br />
<strong>de</strong> la semaine, la journée <strong>de</strong> 8h30 à 16h30, le matin et l’après midi…<br />
Les temps passés à l’école en Europe : quelques éléments <strong>de</strong> repères<br />
France<br />
Allemagne<br />
Espagne<br />
Italie<br />
Angleterre<br />
Pays-Bas<br />
Danemark<br />
Dans l’optique d’un examen transversal <strong>de</strong> la problématique d’égalité <strong>de</strong> genre,<br />
il convient <strong>de</strong> souligner par ailleurs, que si le temps scolaire est prégnant pour les<br />
enfants, il l’est aussi pour les femmes puisque quelque soit la situation professionnelle du<br />
ménage : parents sans emploi, couple à un actif, à <strong>de</strong>ux actifs, c’est toujours la mère qui<br />
accompagne majoritairement les enfants à l’école et c’est encore à elle que revient<br />
l’accompagnement <strong>de</strong>s temps physiologiques.<br />
b- Le temps physiologique : un temps fortement contraint par<br />
les horaires professionnels <strong>de</strong>s parents<br />
On entend par temps physiologique : le sommeil, les repas et l’hygiène (toilettes, soins,<br />
habillement). Si chaque enfant, comme chaque adulte, possè<strong>de</strong> un rythme propre <strong>de</strong><br />
sommeil, les étu<strong>de</strong>s montrent que les temps physiologiques sont fortement<br />
contraints par les rythmes <strong>de</strong>s parents, en particulier l’heure du réveil déterminant<br />
le temps <strong>de</strong> sommeil. Ce phénomène est d’autant plus important que les enfants sont<br />
en bas âge, nécessitant un repos plus long. Or compte tenu <strong>de</strong>s contraintes liées à la<br />
13- Devetter F.X. (2003), op. cité, Dares, p.29.<br />
Temps <strong>de</strong> Temps effectif Nombre <strong>de</strong><br />
présence à d’enseignement semaines par<br />
l’école (en et <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir à année scolaire<br />
heures par la maison<br />
semaine) (en heures par<br />
semaine)<br />
Source : d’après Barrère – Maurisson M. et ali. (2000).<br />
33 43 36<br />
26 29,8 39<br />
26,7 34,1 44<br />
23,4 38,3 34<br />
33 38,5 38<br />
28,1 33,8 38<br />
24,6 38,8 39<br />
18
sphère professionnelle, les temps <strong>de</strong> sommeil conseillés sont parfois difficiles à respecter.<br />
Ainsi, les enfants dont les parents sont tous <strong>de</strong>ux actifs se réveillent en moyenne un<br />
quart d’heure plus tôt que ceux dont l’un <strong>de</strong>s parents est sans emploi.<br />
Mais plus encore, c’est l’heure à laquelle les parents partent qui sera déterminante pour<br />
l’heure <strong>de</strong> réveil <strong>de</strong>s enfants. Si les parents partent avant le début <strong>de</strong> l’école, la majorité<br />
<strong>de</strong>s enfants se réveille avant 7h00 du matin (en moyenne à 6h50). En revanche si le père<br />
et la mère partent après l’heure <strong>de</strong> l’entrée <strong>de</strong> l’école, les enfants gagnent une <strong>de</strong>mi-heure<br />
<strong>de</strong> sommeil en plus.<br />
Lorsque les horaires sont décalés, les enfants soulignent qu’ils sont contraints <strong>de</strong> se<br />
réveiller plus tôt, entre 6h00 et 6h30 et lorsque les parents sont soumis à <strong>de</strong>s horaires<br />
variables, l’heure du lever <strong>de</strong>s enfants fluctue également d’une journée à l’autre, avec<br />
<strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s moyennes d’une heure (entre 6h00 à 7h00 du matin). Là encore, il<br />
convient <strong>de</strong> souligner que ce sont en majorité les mères qui réveillent les enfants, puis<br />
viennent les sœurs, puis les frères et enfin les pères intervenant dans 10% <strong>de</strong>s cas. Les<br />
enfants dont les parents sont soumis à <strong>de</strong>s horaires variables, disposent plus souvent que<br />
les autres d’un réveil et déclarent quant à eux, se réveiller seuls.<br />
Le travail <strong>de</strong>s parents a également une influence sur l’heure du coucher <strong>de</strong>s enfants. Les<br />
enfants dont les <strong>de</strong>ux parents travaillent, se couchent en moyenne 20 minutes plus tard<br />
que ceux dont l’un <strong>de</strong>s parents ne travaille pas. Mais là encore, les étu<strong>de</strong>s révèlent la<br />
place prédominante <strong>de</strong>s femmes dans l’accompagnement <strong>de</strong>s temps physiologiques<br />
puisqu’il semblerait que lorsque la mère rentre plus tard du travail que le père, les temps<br />
<strong>de</strong> sommeil <strong>de</strong>s enfants se réduisent plus que dans toute autre configuration.<br />
L’heure du repas est également soumise à l’heure <strong>de</strong> retour d’un ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parents au<br />
foyer. Les heures <strong>de</strong> repas sont donc d’autant plus variables que les horaires <strong>de</strong>s parents<br />
se modifient d’un jour à l’autre, d’une semaine à l’autre ou d’un mois à l’autre. Par ailleurs,<br />
la proportion <strong>de</strong>s enfants dînant à <strong>de</strong>s heures atypiques, avant 19h00 ou après 20h30,<br />
est <strong>de</strong>terminée en fonction <strong>de</strong>s horaires plus ou moins décalés <strong>de</strong>s parents. La présence<br />
<strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille varie alors d’autant : “je mange parfois avec papa, <strong>de</strong>s fois<br />
avec maman, <strong>de</strong>s fois tout le mon<strong>de</strong> est là, ça dépend quoi 14 ”. Pourtant l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
Dares (2000) confirme que pour une majorité d’enfants interrogés, le repas apparaît<br />
comme un moment <strong>de</strong> convivialité (“on discute beaucoup, on reste au moins une heure à<br />
table 15 ”), un temps <strong>de</strong> discussion avec un parent privilégié (et dans ce cas principalement<br />
les mères), les <strong>de</strong>ux parents ou encore la famille élargie (plus particulièrement les<br />
grands-parents).<br />
14- Devetter F.X. (2003), op. cité, Dares, p.68.<br />
15- Devetter F.X. (2003), op. cité, Dares, p.38.<br />
19<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
L’investissement <strong>de</strong>s femmes dans les temps physiologiques<br />
Qui réveille les enfants le matin? Les mères dans 51% <strong>de</strong>s familles<br />
Qui prépare les enfants le matin? Les mères dans 70% <strong>de</strong>s familles<br />
Qui emmène les enfants à l’école le matin? 16 57,5% <strong>de</strong>s femmes actives utilisent leur<br />
trajet domicile-travail pour conduire<br />
les enfants à l’école ou faire les courses<br />
Source : d’après Barrère – Maurisson M. et ali. (2000).<br />
A l’opposé, le temps consacré à l’hygiène est décrit par les enfants en âge <strong>de</strong> verbaliser<br />
comme un temps caractérisé par l’urgence et la fragmentation d’activités courtes :<br />
“le soir, je me déshabille, je me lave, je mets mon pyjama… je mange, je me brosse les<br />
<strong>de</strong>nts, je vais me coucher”, “le matin, je me lève, je prends mon déjeuner, je m’habille,<br />
je pars à l’école”. Là encore, les horaires <strong>de</strong> travail ont une inci<strong>de</strong>nce sur ce temps. Ainsi,<br />
lorsque les parents actifs partent avant l’heure <strong>de</strong> l’entrée à l’école, les enfants disposent<br />
le matin en moyenne <strong>de</strong> 55 minutes, contre 1h20 pour ceux dont l’un ou l’autre <strong>de</strong>s<br />
parents part après. Il convient <strong>de</strong> souligner que là encore, c’est plus particulièrement aux<br />
mères que revient l’accompagnement <strong>de</strong> ces activités physiologiques - ce sont majoritairement<br />
les mères qui préparent les enfants -, contrairement aux activités relevant du<br />
temps “libre”, où l’on note une présence plus active du père.<br />
c- Le temps “libre” : un temps fonction <strong>de</strong> la disponibilité et<br />
<strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s parents<br />
Le terme <strong>de</strong> temps “libre” fait référence à un temps choisi, terme plutôt problématique,<br />
au regard <strong>de</strong> la plus ou moins gran<strong>de</strong> autonomie <strong>de</strong>s enfants dans ces choix. Si pour les<br />
enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, le temps libre est tout ce qui n’est pas un temps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>,<br />
pour les enfants scolarisés, ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>vient aussi un temps <strong>de</strong> loisirs. Ainsi, la majorité<br />
<strong>de</strong>s enfants scolarisés dispose <strong>de</strong> plus d’une heure et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> temps libre en fin d’aprèsmidi,<br />
tandis que pour tous les autres enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, le temps libre prend<br />
un autre sens, et se résume à une <strong>de</strong>mi-heure, <strong>de</strong> temps à autre. Ce temps <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong><br />
trois ans est constitué principalement <strong>de</strong> loisirs et d’activités autonomes à domicile. Dans<br />
ce cas, regar<strong>de</strong>r la télévision constitue la première activité autonome <strong>de</strong>s enfants tandis<br />
que la pratique d’un sport ou d’une activité artistique occupe 63% <strong>de</strong>s enfants. En ce<br />
qui concerne les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, au même titre que l’insuffisance <strong>de</strong> lieux<br />
d’accueil, toutes les étu<strong>de</strong>s soulignent également l’insuffisance d’offres <strong>de</strong> loisirs artistiques<br />
ou sportifs pour cette population, et parmi les rares offres, la faible part <strong>de</strong>s enfants<br />
investis dans ceux-ci, du fait <strong>de</strong> la nécessaire présence <strong>de</strong>s parents au regard <strong>de</strong> leurs<br />
multiples contraintes professionnelles, domestiques...<br />
La sphère du travail a ainsi un impact sur le temps libre <strong>de</strong>s enfants. Ainsi, lorsque les<br />
parents tous <strong>de</strong>ux actifs rentrent après la fin <strong>de</strong> l’école, les enfants arrivent en moyenne<br />
16- Notons ici que du fait <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> ces enfants entre 8 et 11 ans, certains d’entre eux vont seuls à l’école, ce qui n’est, bien sûr pas le<br />
cas <strong>de</strong>s enfants non scolarisés.<br />
20
à la maison à 17h15, perdant 15 minutes par rapport à leurs camara<strong>de</strong>s dont l’un <strong>de</strong>s<br />
parents est déjà présent à la maison. Enfin le travail <strong>de</strong>s parents aura un impact sur le<br />
temps <strong>de</strong> loisirs <strong>de</strong>s enfants, par le biais <strong>de</strong> la disponibilité <strong>de</strong>s parents – les enfants dont<br />
les parents ont <strong>de</strong>s horaires variables, parviendront difficilement à suivre régulièrement<br />
une activité culturelle ou sportive. Notons ici que les horaires atypiques ont un impact<br />
négatif sur la pratique d’activités associatives <strong>de</strong>s parents d’une part, et <strong>de</strong>s enfants,<br />
d’autre part, l’ensemble réduisant les temps et la qualité <strong>de</strong> la sociabilité pour l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille.<br />
Enfin, pour tous les enfants dont les parents sont actifs ou inactifs, l’impact <strong>de</strong><br />
la sphère professionnelle sur les temps <strong>de</strong> loisirs s’exprime au travers <strong>de</strong>s revenus<br />
du foyer. Ainsi, seuls 11 % <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cadres n’exerceront aucune activité<br />
extrascolaire contre 24 % <strong>de</strong>s enfants d’ouvriers.<br />
Compte tenu <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> ces interférences entre sphères professionnelles et sphères<br />
privées ressenties par l’ensemble <strong>de</strong> la famille, les enfants se font une opinion du travail<br />
et <strong>de</strong> ses temps.<br />
d- Le temps <strong>de</strong> travail vu par les enfants : <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail<br />
jugés trop long et qui font l’objet <strong>de</strong> fortes critiques <strong>de</strong> la<br />
part <strong>de</strong>s enfants<br />
Les étu<strong>de</strong>s 17 révèlent que les enfants ont en général, une idée assez floue du métier<br />
exercé par leurs parents : “maman, elle fait <strong>de</strong>s chèques”, “papa, il fait du bois”,<br />
“maman, elle travaille sur une imprimante”…<br />
Les enfants ont également, nous l’avons dit, une conscience assez vague du concept<br />
même <strong>de</strong> temps bien que les horaires <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> leurs parents les contraignent à intégrer<br />
cette notion. La possession et la consultation d’une montre sont révélatrices, à cet<br />
égard, du phénomène. Quand les parents sont actifs, 42% <strong>de</strong>s enfants possédant une<br />
montre la consulte souvent, contre 20% <strong>de</strong>s enfants dont l’un <strong>de</strong>s parents ne travaille<br />
pas, et ces chiffres augmentent encore lorsque le ménage est soumis à <strong>de</strong>s horaires<br />
décalés. D’une manière générale, la réaction prédominante <strong>de</strong>s enfants à l’égard<br />
du temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s parents, est <strong>de</strong> considérer que les parents travaillent<br />
trop et trop longtemps. Ils associent cette durée à la fatigue et à l’énervement <strong>de</strong>s<br />
parents, le soir, et plus encore lorsque les parents sont contraints par <strong>de</strong>s horaires atypiques.<br />
Notons ici que les enfants connaissent plus particulièrement les horaires <strong>de</strong> leurs mères,<br />
seuls 10% <strong>de</strong>s enfants interrogés ne connaissent pas les horaires <strong>de</strong> leur mère contre 30%<br />
s’agissant <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> leur père. Les étu<strong>de</strong>s notent paradoxalement que plus les<br />
horaires sont complexes, variables ou décalés, plus les enfants les retiennent : “Papa<br />
part très tôt une semaine sur <strong>de</strong>ux, vers 4h00 je crois. Et là il rentre vers 13h00. Sinon il<br />
part à 13h00 et là il rentre vers 9h00 le soir. Maman elle, elle part au travail à 6h30 et<br />
17- Devetter F.X. (2003), op. cité.<br />
21<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
elle rentre à 15h00 ou alors elle part à 12h30 et elle<br />
revient à 9h00 aussi” 18 . Autre impact <strong>de</strong> ces horaires<br />
atypiques sur la perception qu’en ont les enfants, ces<br />
<strong>de</strong>rniers font l’objet <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s enfants, <strong>de</strong> fortes critiques<br />
: “On n’a plus <strong>de</strong> temps, mes parents travaillent<br />
parfois le samedi ou le dimanche. J’aimerais les voir<br />
plus. Mais c’est pas possible avec leur travail 19 ”.<br />
Par ailleurs, comme leurs parents, les enfants subissant<br />
les horaires atypiques du ménage, ont également le<br />
sentiment <strong>de</strong> manquer <strong>de</strong> temps, d’être débordés. Outre<br />
l’insuffisance <strong>de</strong> temps partagé avec l’ensemble <strong>de</strong> la<br />
famille, ils sont aussi, contraints d’être plus autonomes et<br />
<strong>de</strong> participer un peu plus aux tâches collectives du foyer :<br />
mettre la table, mettre leur linge au sale, ranger leur chambre…<br />
D’une manière générale, les temps professionnels <strong>de</strong>s parents ont un impact d’une part,<br />
nous l’avons vu sur les temps <strong>de</strong>s enfants, mais aussi, sur la perception globale qu’ils ont<br />
du temps.<br />
Par ailleurs, on peut compter qu’ils ne seront certainement pas sans inci<strong>de</strong>nce quant à<br />
la façon dont ils envisagent le travail lui-même et leur avenir professionnel également.<br />
C’est dans cette mesure aussi que les parents tenteront <strong>de</strong> rechercher <strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong><br />
conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux.<br />
2.3 La recherche <strong>de</strong> solutions <strong>de</strong> conciliation<br />
<strong>de</strong>s temps familiaux<br />
Face aux solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> existante, plusieurs étu<strong>de</strong>s 20 font émerger <strong>de</strong>s préoccupations<br />
communes <strong>de</strong>s Européens quant à la conciliation <strong>de</strong>s temps. L’évolution <strong>de</strong>s textes<br />
européens en la matière fait état d’une volonté récente <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong> la problématique,<br />
en particulier eu égard aux objectifs d’égalité <strong>de</strong>s chances entre les hommes et<br />
les femmes. Au sein <strong>de</strong> l’Union européenne, le traitement <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la conciliation<br />
<strong>de</strong>s temps relève <strong>de</strong> logiques très différentes. A côté <strong>de</strong> ces mesures qui non encadrées,<br />
peuvent aussi générer précarité et renforcement <strong>de</strong>s mesures discriminatoires,<br />
(comme c’est le cas pour les femmes françaises à temps partiel), la France a aussi opté<br />
pour une réduction collective du temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s.<br />
18- Devetter F.X. (2003), op. cité, Dares, p.55.<br />
19- Devetter F.X. (2003), op. cité, Dares, p.56.<br />
20- OCDE (2002), Bébés et employeurs : comment réconcilier travail et vie <strong>de</strong> famille?<br />
22<br />
Seuls 11% <strong>de</strong>s<br />
enfants <strong>de</strong> cadres<br />
n’exerceront<br />
aucune activité<br />
extrascolaire<br />
contre 24% <strong>de</strong>s<br />
enfants d’ouvriers.
a- L’Europe et la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux : <strong>de</strong>s politiques<br />
européennes en matière <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s enfants plutôt<br />
ambiguës<br />
L’Union européenne est engagée <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> dix ans dans le développement <strong>de</strong>s<br />
modalités <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s, au nom d’une volonté affichée <strong>de</strong> lutte contre les inégalités <strong>de</strong><br />
genre. Elle encourage à ce titre, un véritable partage <strong>de</strong>s responsabilités professionnelles,<br />
familiales et d’éducation entre les hommes et les femmes.<br />
Pour autant, l’analyse <strong>de</strong>s textes en la matière révèle un certain nombre<br />
d’ambiguïtés.<br />
En effet, si les textes préconisent le développement <strong>de</strong> structures d’accueil <strong>de</strong> qualité<br />
pour lesquelles il convient d’ailleurs <strong>de</strong> disposer d’indicateurs pour en mesurer le <strong>de</strong>gré,<br />
et ce, en faveur du bien-être <strong>de</strong>s enfants et d’une meilleure harmonisation entre les<br />
temps scolaires et les horaires <strong>de</strong> travail, dans le même temps, ils encouragent aussi à <strong>de</strong>s<br />
horaires d’ouverture <strong>de</strong>s lieux d’accueil plus souples et plus flexibles.<br />
Par ailleurs, si les résolutions, recommandations et priorités du sommet <strong>de</strong> Barcelone<br />
enten<strong>de</strong>nt encourager les Etats membres à l’accroissement <strong>de</strong> l’accueil <strong>de</strong>s enfants (30%<br />
<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 ans doivent être accueillis et 90% pour les 3-6 ans), le seul<br />
texte véritablement coercitif que constitue la directive porte sur les congés parentaux,<br />
oeuvrant non plus pour les accueils externes mais pour un retour temporaire au foyer <strong>de</strong><br />
l’un <strong>de</strong>s parents. Or la mesure présente un certain nombre <strong>de</strong> limites dès lors qu’elle n’est<br />
accompagnée d’aucun outil favorisant l’égalité et la conciliation <strong>de</strong>s temps dans<br />
l’optique d’une meilleure répartition <strong>de</strong>s temps entre hommes et femmes ou encore<br />
d’incitations à la prise <strong>de</strong> congés parentaux par les hommes.<br />
La disposition révèle encore d’autres ambiguïtés, tout en visant à protéger le salarié<br />
en congé parental, la directive n’impose aucune obligation <strong>de</strong> rémunération <strong>de</strong> ce<br />
travailleur, ce qui en pratique réduit fortement ses droits et libertés.<br />
Par ailleurs, tandis que <strong>de</strong>s solutions innovantes telles que l’Espace Pimprenelle <strong>de</strong> la<br />
Ratp sont, nous le verrons, le fruit <strong>de</strong> la réflexion <strong>de</strong>s partenaires sociaux associant les<br />
employeurs, seul un texte (la résolution 2000/C218/02), qui là encore n’a aucune obligation<br />
coercitive, encourage les Etats membres à ce qu’employeurs et organisations syndicales<br />
intensifient leurs efforts pour une participation équilibrée <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes à<br />
la vie professionnelle et familiale.<br />
L’ensemble ne permet pas <strong>de</strong> disposer d’une véritable lisibilité <strong>de</strong> la politique<br />
européenne et d’une cohésion <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong>s Etats membres en matière <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
d’enfants.<br />
Ainsi, si le principe d’égalité hommes/femmes dans la sphère privée et professionnelle<br />
et les questions <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux sont portés dans certains pays tels<br />
que les pays nordiques, comme <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> bien être <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la société,<br />
23<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
tel n’est pas le cas pour d’autres pays européens qui les considèrent comme relevant <strong>de</strong><br />
la sphère strictement privée. De même, tandis que la situation <strong>de</strong>s femmes s’améliore<br />
dans certains pays européens, les femmes <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong> l’Est ont connu une<br />
dégradation <strong>de</strong> leurs conditions <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> travail, en étant plus particulièrement soumise<br />
aux effets <strong>de</strong> la crise économique.<br />
Les droits relatifs au congé parental diffèrent également d’un Etat membre à un autre :<br />
rémunéré en Suè<strong>de</strong>, le Royaume Uni a été hostile jusqu’en 1999, à la création du congé<br />
parental 21 .<br />
Enfin, alors que la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps et celle du développement <strong>de</strong>s<br />
équipements et services consacrés aux enfants relève pour quelques pays <strong>de</strong>s prérogatives<br />
<strong>de</strong> l’action publique, elles sont considérées pour d’autres comme afférentes à la sphère privée.<br />
Dans ce contexte, la France présente un certain nombre <strong>de</strong> caractéristiques quant aux<br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. Tandis qu’elle est réputée pour son encouragement à une socialisation<br />
précoce <strong>de</strong>s enfants, en particulier eu égard à l’importance <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> scolarisation <strong>de</strong>s<br />
enfants <strong>de</strong> trois à six ans (99 %), l’école maternelle est pourtant non-obligatoire et<br />
l’insuffisance d’offre <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans est prégnante.<br />
Les gran<strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> la politique européenne concernant<br />
la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants, quelques éléments <strong>de</strong> repères<br />
DATE<br />
31/03/1992<br />
03/06/1996<br />
REFERENCES<br />
Recommandation<br />
du Conseil concernant<br />
la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants<br />
92/241/CEE<br />
Directive relative<br />
au congé parental<br />
96/34/CE<br />
24<br />
CONTENU<br />
Elle recomman<strong>de</strong> :<br />
- dans le cadre du développement <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong><br />
genre, l’encouragement au partage hommes/femmes<br />
<strong>de</strong>s responsabilités professionnelles, familiales<br />
et d’éducation,<br />
- la mise en place <strong>de</strong> services <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfants<br />
pendant que les parents travaillent, <strong>de</strong>s services<br />
à prix abordables prenant en compte les besoins<br />
<strong>de</strong>s enfants et ceux <strong>de</strong>s parents, en encourageant<br />
la diversité et la souplesse <strong>de</strong>s modalités<br />
d’accueil,<br />
- le renforcement <strong>de</strong>s droits aux congés pour les<br />
pères pour <strong>de</strong>s raisons familiales.<br />
La directive impose :<br />
- le droit au congé parental pour prendre soin <strong>de</strong>s<br />
enfants <strong>de</strong> 8 ans au plus, pour les hommes et les<br />
femmes travaillant,<br />
- un congé parental <strong>de</strong> 3 mois minimum, sans risque<br />
<strong>de</strong> licenciement, ni perte <strong>de</strong> droits, avec<br />
affectation au poste antérieur à l’issue,<br />
- la directive ne mentionne pas l’obligation <strong>de</strong> versement<br />
<strong>de</strong> prestations pendant le congés parental.<br />
21- Letablier M.T., Rienlaug (2001), “La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants : une affaire d’Etat ?” CEE, document <strong>de</strong> travail n°6.
DATE<br />
29/06/2000<br />
15 et<br />
16 Mars 2002<br />
2002<br />
REFERENCES<br />
Résolution du Conseil<br />
et <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong><br />
l’emploi et <strong>de</strong> la politique<br />
sociale, relative<br />
à la participation<br />
équilibrée <strong>de</strong>s femmes<br />
et <strong>de</strong>s hommes à la<br />
vie professionnelle et<br />
familiale<br />
2000/C218/02<br />
Priorités du sommet<br />
<strong>de</strong> Barcelone réunissant<br />
15 pays membres<br />
<strong>de</strong> l’Union européenne<br />
Recommandation du<br />
comité <strong>de</strong>s ministres<br />
<strong>de</strong>s Etats membres<br />
relative à l’accueil <strong>de</strong><br />
jour <strong>de</strong>s enfants<br />
Rec(2002)8<br />
CONTENU<br />
La résolution encourage les Etats membres :<br />
- au renforcement <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> développement<br />
<strong>de</strong>s services <strong>de</strong> soutien aux familles et d’amélioration<br />
<strong>de</strong>s structures d’accueil et <strong>de</strong> soins <strong>de</strong>s<br />
enfants,<br />
- à harmoniser les rythmes scolaires et les horaires<br />
<strong>de</strong> travail,<br />
- à ce que les employeurs, <strong>de</strong>s secteurs publics et<br />
privés, les travailleurs et les partenaires sociaux<br />
intensifient leurs efforts pour une participation<br />
équilibrée <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes à la vie<br />
professionnelle et familiale,<br />
- à ce que les partenaires sociaux œuvrent pour<br />
cet équilibre.<br />
Suite à la lettre commune <strong>de</strong>s Premiers ministres<br />
<strong>de</strong> Belgique et du Luxembourg, agissant dans<br />
l’optique <strong>de</strong> répondre aux “impératifs d’égalité, <strong>de</strong><br />
cohésion et <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s emplois qui sont au<br />
cœur du modèle social européen”, les Etats membres<br />
fixent la mise en place <strong>de</strong> structures d’accueil<br />
pour :<br />
- au moins 90 % <strong>de</strong>s enfants entre 3 ans et l’âge<br />
<strong>de</strong> scolarisation,<br />
- au moins 30% <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 ans.<br />
Elle recomman<strong>de</strong> que les Etats membres :<br />
- prennent <strong>de</strong>s mesures pour favoriser la création<br />
<strong>de</strong> services d’accueil <strong>de</strong> jour <strong>de</strong> qualité, à <strong>de</strong>s prix<br />
abordables et accessibles et organisés <strong>de</strong><br />
manière souple,<br />
- mettent en place <strong>de</strong>s mesures en faveur <strong>de</strong> la<br />
qualité concernant les personnels, les structures<br />
d’accueil, une participation <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong>s programmes<br />
d’activités, un environnement matériel<br />
et un nombre d’enfants déterminé,<br />
- établissent <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong>s procédures<br />
d’autorisation, <strong>de</strong> surveillance et d’inspection<br />
indépendante dans le souci du bien-être,<br />
du meilleur intérêt et <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s enfants.<br />
25<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
- Les solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> existantes pour les enfants non<br />
scolarisés : l’insuffisance <strong>de</strong>s lieux d’accueil pour les enfants<br />
<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans<br />
En France plus <strong>de</strong> 85% <strong>de</strong>s ménages avec au moins un enfant non scolarisé et dont la<br />
mère travaille ont recours à une gar<strong>de</strong> extérieure rémunérée ou non 22 . Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
payant reste encore le plus important <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s, et dans ce cadre, l’accueil chez une<br />
assistante maternelle est le plus répandu. 45% <strong>de</strong>s ménages ont donc opté pour cette<br />
formule. La durée moyenne <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>, s’agissant <strong>de</strong>s services rémunérés, est <strong>de</strong> 30h<br />
par semaine tandis que 33% <strong>de</strong>s ménages interrogés déclarent un volume hebdomadaire<br />
supérieur ou égal à 40h.<br />
Les solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> rémunérée qui s’offrent aux salarié(e)s<br />
MODES DE GARDE<br />
Crèches collectives<br />
Crèches familiales<br />
Crèches parentales<br />
Haltes gar<strong>de</strong>ries<br />
Crèches d’entreprise<br />
Assistantes maternelles<br />
Gar<strong>de</strong> par un(e) employé(e)<br />
CARACTERISTIQUES<br />
- accueil <strong>de</strong> 15 à 100 enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans<br />
- ouverture 10 heures par jour sans interruption<br />
- locaux sociaux ou <strong>de</strong> type F5 ou F6<br />
- personnel diplômé et qualifié<br />
- participation mensuelle en fonction <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s parents<br />
- accueil d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans<br />
- ouverture d’accueil allant <strong>de</strong> 7h00 à 19h00<br />
- locaux : domicile d’assistantes maternelles agréées et<br />
locaux collectifs avec salles <strong>de</strong> jeux et salles <strong>de</strong> réunion<br />
pour les assistantes affiliées<br />
- personnel formé et encadré par une puéricultrice directrice<br />
<strong>de</strong> la crèche<br />
- accueil <strong>de</strong> 15 personnes<br />
- locaux : petits établissements<br />
- parents participant à tour <strong>de</strong> rôle<br />
- enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 6 ans<br />
- accueil occasionnel ou à temps partiel<br />
- participation au tarif horaire journalier établi par la caisse<br />
d’allocations familiales<br />
- réservées au personnel <strong>de</strong> l’entreprise<br />
- soumises à la même réglementation que les crèches collectives<br />
- accueil d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, au maximum trois<br />
enfants<br />
- rémunération réglementée<br />
gar<strong>de</strong> au domicile assurée par un(e) employé(e) <strong>de</strong> maison,<br />
une jeune fille “au pair” ou un membre <strong>de</strong> la famille (sauf<br />
conjoint) avec la possibilité d’intégrer cet emploi dans le<br />
cadre réglementaire <strong>de</strong>s auxiliaires parentaux<br />
22- Guillot O. (2002), “Une analyse du recours aux services <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfants”, Economie et Statistique, n°352-353. L’étu<strong>de</strong> a été<br />
réalisée à partir <strong>de</strong> l’enquête Emploi du temps <strong>de</strong> l’Insee, réalisée entre 1998 et 1999, sur un échantillon <strong>de</strong> 8 196 ménages.<br />
26
Les étu<strong>de</strong>s soulignent que la France continue <strong>de</strong> souffrir d’une insuffisance <strong>de</strong><br />
lieux d’accueil collectifs pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans : seules 90 places<br />
pour 1000 enfants sont aujourd’hui disponibles dans les crèches et associations.<br />
Répartition <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants non scolarisés en 2002<br />
MODES DE GARDE<br />
MÉNAGES AVEC AU MOINS<br />
UN ENFANT NON SCOLARISÉ<br />
Mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> non payant dont :<br />
- Gar<strong>de</strong> par un membre du ménage<br />
- Gar<strong>de</strong> non rémunérée par un parent ou un ami<br />
(hors ménage)<br />
Un seul mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> payant dont :<br />
- Nourrice<br />
- Gar<strong>de</strong> à domicile<br />
- Crèche<br />
- Gar<strong>de</strong> rémunérée par un parent ou un ami (hors ménage)<br />
Plusieurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> payant :<br />
Total<br />
Source : d’après Guillot (2002).<br />
La question est d’autant plus alertante que la configuration démographique a considérablement<br />
évolué avec près <strong>de</strong> 800000 naissances en 2002, soient 37000 <strong>de</strong> plus qu’en<br />
1990 et <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans qui représentent en 2003 en France, 3067657<br />
personnes. Cette situation laisse alors peu <strong>de</strong> place à <strong>de</strong>s initiatives originales du point<br />
<strong>de</strong> vue du concept (voir encadré suivant) comme en termes d’amplitu<strong>de</strong>s horaires.<br />
La crèche Bout’chou : un échange intergénérationnel<br />
Ouverte en 2003 à Paris (13 e ), la crèche collective Bout’chou accueille 19 enfants du<br />
quartier <strong>de</strong> trois mois à trois ans à temps partiel. La structure est installée dans une<br />
maison <strong>de</strong> retraites accueillants 95 personnes âgées. Trois fois par semaine, les <strong>de</strong>ux<br />
générations se rencontrent autour d’une collation, d’un atelier musical, <strong>de</strong> contes ou<br />
encore d’une activité peinture, encadrés par les personnels <strong>de</strong> la crèche et ceux <strong>de</strong> la<br />
maison <strong>de</strong> retraite.<br />
Dès lors, signe du double impact <strong>de</strong>s ressources et <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> travail, le recours à<br />
une gar<strong>de</strong> rémunérée varie selon la catégorie socioprofessionnelle <strong>de</strong> la mère : 75% <strong>de</strong>s<br />
27<br />
33,4<br />
14,1<br />
13,9<br />
52,7<br />
34,3<br />
5,2<br />
13,2<br />
5,4<br />
13,9<br />
100<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
mères cadres font gar<strong>de</strong>r leurs enfants selon un mo<strong>de</strong> rémunéré, contre 41% <strong>de</strong>s mères<br />
ouvrières qui recourent le plus souvent aux parents ou aux amis.<br />
Les étu<strong>de</strong>s 23 montrent que face aux solutions officielles et aux temps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> proposés,<br />
les salarié(e)s en horaires atypiques, comme nous le verrons s’agissant <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la<br />
RATP, recourent à <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> “officieux” par les grands-parents, les amis, les<br />
nourrices non déclarées, offrant <strong>de</strong>s plages horaires plus flexibles.<br />
L’impact <strong>de</strong>s ressources financières du ménage (revenu net mensuel) sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans (en %)<br />
Gar<strong>de</strong> par<br />
un membre du ménage<br />
exclusivement<br />
Gar<strong>de</strong> non rémunérée<br />
par un parent<br />
ou un ami<br />
Gar<strong>de</strong> rémunérée<br />
Source : d’après Guillot (2002)<br />
Moins <strong>de</strong> De 1525 ¤<br />
1525 ¤ à 2135 ¤<br />
15,6<br />
26,8<br />
57,6<br />
Dans ce cadre, les femmes actives, ayant au moins un enfant non scolarisé qui n’utilisent<br />
aucun service <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ou qui se font ai<strong>de</strong>r par <strong>de</strong>s proches, présentent un certain nombre<br />
<strong>de</strong> caractéristiques quant à leurs temps et leurs horaires <strong>de</strong> travail. Une sur cinq travaillent<br />
moins <strong>de</strong> 5 heures par jour et près <strong>de</strong> 30% sont habituellement en activité après 18h.<br />
Si les <strong>de</strong>ux actifs du foyer sont soumis à <strong>de</strong>s horaires variables, les étu<strong>de</strong>s montrent que<br />
la probabilité <strong>de</strong> recourir à une gar<strong>de</strong> rémunérée diminue. Un <strong>de</strong>s facteurs explicatifs<br />
rési<strong>de</strong> dans ce que l’on appelle la gar<strong>de</strong> “intra-ménage” selon laquelle, les <strong>de</strong>ux actifs du<br />
ménage assument <strong>de</strong>s horaires atypiques et toujours en décalage, <strong>de</strong> manière à ce que<br />
l’un ou l’autre <strong>de</strong>s parents, comme nous l’avons souligné précé<strong>de</strong>mment, soit toujours<br />
présent auprès <strong>de</strong>s enfants.<br />
Bien entendu, ces solutions présentent un certain nombre <strong>de</strong> désavantages :<br />
- d’une part, les parents ne peuvent pas faire valoir leurs droits et per<strong>de</strong>nt ainsi les<br />
in<strong>de</strong>mnités <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfants, phénomène particulièrement problématique dès lors<br />
qu’ils recourent aux nourrices non déclarées ;<br />
- d’autre part, la précarité <strong>de</strong> ces mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ne permet pas toujours aux parents <strong>de</strong><br />
disposer d’une certaine sérénité attendue dans leur vie personnelle comme dans leur vie<br />
professionnelle.<br />
D’une manière générale, l’organisation <strong>de</strong>s temps sociaux pour les salarié(e)s en horaires<br />
atypiques, constitue une charge mentale supplémentaire. Dans ce cadre, les salarié(e)s<br />
auront aussi recours à la réduction individuelle <strong>de</strong> leurs temps <strong>de</strong> travail.<br />
23- Lacroix C. (1997), Pimprenelle, document <strong>de</strong> travail, RATP. Rapport réalisé à l’issue <strong>de</strong> réunions d’un groupe <strong>de</strong> travail composé<br />
d’assistants sociaux, <strong>de</strong> responsable <strong>de</strong> la CAF, <strong>de</strong> responsable du Département juridique, <strong>de</strong>s Directeurs <strong>de</strong>s lignes A et 1 et du centre Bus<br />
<strong>de</strong> La Maltournée.<br />
28<br />
De 2135 ¤<br />
à 2668 ¤<br />
19,6<br />
12,1<br />
68,8<br />
De 2668 ¤<br />
à 3200 ¤<br />
10<br />
15,9<br />
74,1<br />
3200 ¤<br />
ou plus<br />
7,9<br />
16,9<br />
75,2
c- Le temps partiel : une solution individuelle pour concilier les<br />
temps mais où <strong>de</strong>meure la question du choix<br />
En 1992, le gouvernement français incite les entreprises à la mise en place d'une réduction<br />
individuelle du temps <strong>de</strong> travail, avec un abattement <strong>de</strong> 30% sur les cotisations patronales<br />
pour toute création d'emploi à temps partiel (loi 92-1446 du 31 décembre 1992).<br />
L'enquête emploi du temps <strong>de</strong> la Dares 24 révèle qu’en 2002, 17% <strong>de</strong>s salariés français<br />
travaillent à temps partiel mais que la proportion s'accroît considérablement lorsqu'il<br />
s'agit <strong>de</strong>s femmes puisque 30% <strong>de</strong> la population active féminine travaille à temps<br />
partiel, contre 5% pour les hommes. Ainsi les femmes occupent à 83,4% <strong>de</strong>s emplois<br />
à temps partiel <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 heures, et à 82,1% <strong>de</strong>s emplois à temps partiel <strong>de</strong><br />
15 à 29 heures 25 .<br />
Le “choix” du temps partiel, en % <strong>de</strong>s salariés à temps partiel (2002)<br />
Temps partiel imposé<br />
à l'embauche<br />
“Choix” du temps partiel pour<br />
les enfants<br />
“Choix” du temps partiel pour<br />
d'autres raisons<br />
Source : d'après Dares (2002).<br />
Hommes<br />
70<br />
6<br />
24<br />
Femmes<br />
La question sous jacente à la problématique du développement du temps partiel pour<br />
les femmes est celle du choix <strong>de</strong> ce type d'emploi par les femmes. L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Dares<br />
(2002) 26 révèle que plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s salariés à temps partiel interrogés n'ont pas<br />
choisi cette forme d'emploi. Il convient <strong>de</strong> noter que dans ce cas, ces types d'emplois<br />
auront vocation à perdurer puisqu'ils se situent dans <strong>de</strong>s secteurs où ils représentent une<br />
forme <strong>de</strong> gestion permanente <strong>de</strong> la main d'œuvre comme c'est le cas par exemple dans<br />
le secteur du commerce 27 .<br />
Plus souvent que les hommes, les femmes (dans 34% <strong>de</strong>s cas) déclarent travailler à<br />
temps partiel pour s'occuper <strong>de</strong>s enfants. On évoque là encore le choix pour les mères<br />
<strong>de</strong> famille. Outre que ce temps “libre” n'est pas réservé aux femmes en propre mais qu’il<br />
s'agit d'un temps pour les enfants et pour la gestion domestique dans bien <strong>de</strong>s cas, c'est<br />
aussi un temps qui vient pallier les temps <strong>de</strong> travail du conjoint soumis aux exigences<br />
économiques, et ce, dans l'espoir d'un meilleur épanouissement <strong>de</strong>s enfants. Et si le<br />
choix du temps partiel pour la femme s'est fait conjointement par l'homme et la femme<br />
en raison du salaire moindre <strong>de</strong> la femme, ce passage à temps partiel pèse alors en retour<br />
défavorablement sur l'évolution salariale, la promotion et la retraite <strong>de</strong> la femme, et renforce<br />
plus encore les discriminations fondées sur le genre.<br />
24- DARES (2002), “Temps partiels <strong>de</strong>s femmes entre “choix” et contraintes”, Premières synthèses, informations, n°08.2 - février. L'enquête<br />
a été réalisée par l'Insee auprès <strong>de</strong> 16 000 personnes <strong>de</strong> 15 ans ou plus interrogées sur l'utilisation <strong>de</strong> leurs temps mais également sur les<br />
modalités <strong>de</strong> choix d'un emploi à temps partiel : imposé par l'employeur, choisi pour les enfants, ou choisi pour d'autres activités.<br />
25- INSEE (2004), op. cité.<br />
26- DARES (2002), op. cité.<br />
27- <strong>Emergences</strong> et Iseres (2003), “La difficile articulation <strong>de</strong>s temps familiaux et professionnels dans le commerce”, étu<strong>de</strong> réalisée dans le<br />
cadre du projet Timétis.<br />
29<br />
49<br />
34<br />
17<br />
Ensemble<br />
52<br />
30<br />
18<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Dès lors, il est important <strong>de</strong> considérer si les salariés, hommes ou femmes, ont<br />
la possibilité <strong>de</strong> choisir la répartition <strong>de</strong> leurs horaires <strong>de</strong> travail. Le temps libéré<br />
n'a en effet pas la même valeur s'il est choisi ou s'il est contraint par <strong>de</strong>s horaires atypiques,<br />
en particulier lorsque l’on s’intéresse aux temps <strong>de</strong> la famille et aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants. L'enquête <strong>de</strong> la Dares (2002) révèle ainsi que plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s<br />
salariés n'ont pu choisir librement leurs horaires. La flexibilité faisant, le risque économique<br />
passe insidieusement <strong>de</strong> la charge <strong>de</strong> l’employeur à celle du salarié et compromet<br />
toute chance <strong>de</strong> succès dans la conciliation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s temps parentaux.<br />
Les étu<strong>de</strong>s révèlent, dans ce cadre, que les femmes à temps partiel en “horaires dits<br />
à la carte” ont une plus gran<strong>de</strong> probabilité <strong>de</strong> prolonger leur journée au <strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />
ce qui est prévu que les femmes dont les horaires sont stables; ce qui n’est pas sans<br />
interpeller d’une part, sur l’usage du terme “à la carte” (<strong>de</strong> l’employeur ou du salarié) et<br />
d’autre part, sur les possibilités d’ajuster les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> dans ces conditions.<br />
Enfin, les étu<strong>de</strong>s montrent que le temps libre ne s'accompagne pas d'un accroissement<br />
d'activités culturelles et sportives au sein <strong>de</strong> la famille, du fait <strong>de</strong> la faiblesse <strong>de</strong>s revenus<br />
inhérent à l'emploi à temps partiel.<br />
D’une manière générale, le temps partiel comme élément <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps se<br />
trouve confronté à une limite qui tient aussi aux désavantages que peut présenter une<br />
solution individuelle face à un problème <strong>de</strong> nature collective et relevant <strong>de</strong> choix <strong>de</strong><br />
société quant à la place <strong>de</strong>s enfants et à celle <strong>de</strong> la famille.<br />
d- La réduction collective du temps <strong>de</strong> travail : <strong>de</strong>s effets<br />
nuancés sur la conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
En France, les lois du 13 juin 1998 (n° 98-461 et celle du 19 janvier 2000 n°2000-37)<br />
ont institué la réduction collective du temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> 39 à 35h accompagnée <strong>de</strong><br />
mesures en faveur <strong>de</strong> la création d'emplois. L’impact <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>de</strong>s 35h sur la<br />
vie familiale est ambiguë au regard <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps 28 .<br />
Globalement, cette réduction du temps <strong>de</strong> travail (RTT) été accueillie par les salariés<br />
comme un moyen <strong>de</strong> mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. 43% <strong>de</strong>s salariés<br />
estiment que la situation en termes d'articulation <strong>de</strong>s temps sociaux - vie familiale et vie<br />
professionnelle - s'est améliorée grâce à la RTT et ce, d'autant plus pour les parents <strong>de</strong><br />
jeunes enfants. Notons pourtant que 57% estiment que la situation reste inchangée.<br />
Parmi les satisfaits, ce sont les femmes qui le sont le plus (38% d’entre elles contre 32%<br />
<strong>de</strong>s hommes). Le rythme hors travail est jugé comme étant plus “calme” par une majorité<br />
<strong>de</strong> femmes et la possibilité d'investissement familial est mise en avant par plus <strong>de</strong> la moitié<br />
<strong>de</strong>s salariés, et plus encore par les femmes.<br />
28- Estra<strong>de</strong> M., Meda D., Orain R. (2001), “Les effets <strong>de</strong> la réduction du temps <strong>de</strong> travail sur les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie : qu'en pensent les salariés<br />
un an après ?”, Premières synthèses, Dares, n°21-1 - mai. L'enquête, qui s'est déroulée entre 2000 et 2001, repose sur un échantillon <strong>de</strong><br />
1618 salariés travaillant à temps complet et ayant connu un processus <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> la RTT <strong>de</strong>puis un an au moins.<br />
30
Pourtant, 21% <strong>de</strong>s salariés passés aux 35h considèrent aussi que leurs horaires sont plus<br />
variables qu’auparavant et 30% estiment que leurs conditions <strong>de</strong> travail se sont dégradées,<br />
signe que la mise en œuvre <strong>de</strong> la réduction collective du temps <strong>de</strong> travail s’est également<br />
accompagnée <strong>de</strong> modifications dans l’organisation du travail visant à accroître la flexibilité<br />
et compromettant toute tentative <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s salariés et <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong><br />
leurs enfants.<br />
Ceci explique aussi que la majorité <strong>de</strong>s enfants 29 affirme “ne pas avoir entendu parler <strong>de</strong>s<br />
35h… ne pas savoir comment c’était avant…”.<br />
Les seuls enfants sensibles à la question, disent avoir clairement perçu le changement du<br />
fait d’une présence plus fréquente <strong>de</strong> leur mère le mercredi, retenue par le ménage<br />
comme une solution <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps.<br />
Dans ce cadre, ont été mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong> la discrimination<br />
fondée sur le genre, les femmes en France étant plus particulièrement exposées aux<br />
emplois plus flexibles. Par ailleurs, puisque le législateur n'a que peu tenu compte <strong>de</strong> la<br />
question <strong>de</strong> l'égalité hommes/femmes, la tendance à une division sexuée du travail<br />
domestique a pu s'accroître.<br />
Ainsi, s'est établi une sorte <strong>de</strong> compromis social tacite entre les entreprises, les femmes,<br />
leurs conjoints et leurs enfants, selon lequel le jour <strong>de</strong> RTT s'imposant aux femmes doit<br />
être plus particulièrement le mercredi pour s'occuper <strong>de</strong>s enfants qui n'ont pas école ou<br />
encore le vendredi pour faire les courses et le ménage avant le week-end. Ainsi, plus<br />
<strong>de</strong> 40% <strong>de</strong>s femmes actives ayant <strong>de</strong> jeunes enfants scolarisés ne travaillent pas le<br />
mercredi 30 .<br />
Comme nous l'avons noté s'agissant du temps partiel, il ne s'agit pas là encore d'un<br />
temps pris par les femmes en faveur <strong>de</strong> leur épanouissement personnel, mais toujours<br />
d'un temps au service <strong>de</strong>s autres, <strong>de</strong>s enfants et du foyer et dans l'optique aussi d'un<br />
rééquilibrage <strong>de</strong>s contraintes que fait peser la sphère du travail sur le ménage.<br />
Enfin, les modalités <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> la réduction collective du temps <strong>de</strong> travail ont<br />
fait surgir, d'une manière globale, la question <strong>de</strong> l'accroissement <strong>de</strong> la productivité<br />
pesant sur l'ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s du fait d’une insuffisance d’embauches, les salariés<br />
ayant alors une même charge <strong>de</strong> travail pour un nombre d'heures réduit. Or cette pression<br />
ne s’arrête pas aux portes <strong>de</strong> l’entreprise mais a <strong>de</strong>s effets sensibles sur les temps privés.<br />
L’Espace Pimprenelle <strong>de</strong> la RATP s’inscrit alors dans le cadre d’une réflexion autour<br />
d’éléments <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s familles au niveau <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
29- Devetter F.X. (2003), op. cité.<br />
30- Guillot O. (2002), op. cité.<br />
31<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
3 L’espace<br />
Pimprenelle<br />
comme élément <strong>de</strong><br />
conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
à la RATP<br />
32<br />
3.1- La question <strong>de</strong>s temps à la RATP 33<br />
3.2- Aux origines <strong>de</strong> l’espace Pimprenelle 44<br />
3.3- Fonctionnement <strong>de</strong> l’espace Pimprenelle 51<br />
3.4- La conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux : 58<br />
<strong>de</strong>s questions collectives qui <strong>de</strong>meurent
Aux origines <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle, on retrouve la spécificité <strong>de</strong>s temps<br />
<strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP et l’impact sensible <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers sur les modalités<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong> retenues par les personnels. Le fonctionnement, les prérogatives et missions <strong>de</strong><br />
l’Espace Pimprenelle se sont inscrits et développés dans le cadre d’une réflexion <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> la Régie sur la nécessité d’apporter une réponse collective<br />
d’entreprise à la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps sociaux.<br />
3.1 La question <strong>de</strong>s temps à la RATP<br />
La question <strong>de</strong>s temps sociaux <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP est ici envisagée eu égard aux<br />
missions d’intérêt général <strong>de</strong> l’entreprise qui, en effet, justifie à ce titre la présence<br />
d’horaires décalés tout en veillant à une extension mal maîtrisée <strong>de</strong> ceux-ci. Ces horaires<br />
impactent sensiblement les temps sociaux <strong>de</strong>s familles d’agents et nécessitent <strong>de</strong> recourir<br />
à <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s “alternatives”.<br />
a- Les missions <strong>de</strong> l’entreprise : une offre <strong>de</strong> service qui<br />
impacte sur les temps sociaux<br />
Créée le 1 er janvier 1949, la Régie autonome <strong>de</strong>s transports parisiens (RATP) est un établissement<br />
public à caractère industriel et commercial ou EPIC, exploitant les transports<br />
publics d’Ile-<strong>de</strong>-France avec 4 réseaux : bus, métro, RER et tramway, sous la direction<br />
<strong>de</strong>puis septembre 2002 <strong>de</strong> Madame Anne-Marie Idrac et sous la coordination du<br />
Syndicat <strong>de</strong>s transports d’Ile-<strong>de</strong>-France (STIF). C’est en tant qu’EPIC et dans le cadre du<br />
STIF que sont définies ses missions. La RATP contribue ainsi à une mission dite d’intérêt<br />
général, et c’est au titre <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> service public que l’activité et les temps <strong>de</strong> travail<br />
<strong>de</strong>s agents doivent aussi être compris.<br />
La RATP : Entreprise Publique Industrielle et Commerciale (EPIC) 31<br />
Emanation <strong>de</strong> l’Etat, l’EPIC dispose d’une personne morale juridiquement autonome<br />
tout en conservant un lien avec l’Etat, via une tutelle avec un ou plusieurs ministères.<br />
Tandis que le patrimoine <strong>de</strong> l’EPIC est propriété <strong>de</strong> l’Etat, ses agents ne sont pas fonctionnaires.<br />
L’EPIC contribue à une mission d’intérêt général.<br />
La RATP : sous la coordination du Syndicat <strong>de</strong>s Transports d’Ile-<strong>de</strong>-France<br />
(STIF) 32<br />
Le STIF a été créé le 14 décembre 2000, en remplacement du Syndicat <strong>de</strong>s Transports<br />
Parisiens créé en 1959.<br />
Ses missions s’articulent autour <strong>de</strong> :<br />
- La coordination <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> la RATP, la SNCF et <strong>de</strong> 90 opérateurs privés ;<br />
- La recherche d’un équilibre financier <strong>de</strong>s transports publics, avec une contribution<br />
publique aux transports publics ;<br />
- La création <strong>de</strong> titres <strong>de</strong> transports et la fixation <strong>de</strong> tarifs ;<br />
- La prévision, l’adaptation et la mo<strong>de</strong>rnisation du réseau en fonction d’analyses <strong>de</strong>s<br />
déplacements et <strong>de</strong>s opinions <strong>de</strong>s franciliens.<br />
31- http://www.ratp.fr<br />
32- http://www.stif-idf.fr<br />
33<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Son conseil d’administration est composé <strong>de</strong> représentants :<br />
- <strong>de</strong> l’Etat : du ministre <strong>de</strong> l’économie et <strong>de</strong>s finances, du ministre <strong>de</strong> l’Intérieur, du<br />
transport, du logement, <strong>de</strong> l’aménagement du territoire et <strong>de</strong> l’environnement ;<br />
- <strong>de</strong>s Préfets <strong>de</strong> Police et du Préfet <strong>de</strong> Paris ;<br />
- <strong>de</strong> collectivités locales : conseil régional d’Ile-<strong>de</strong>-France, conseil <strong>de</strong> Paris, conseils<br />
généraux <strong>de</strong>s Hauts-<strong>de</strong>-Seine, <strong>de</strong> la Seine-Saint-Denis, du Val-<strong>de</strong>-Marne, <strong>de</strong>s Yvelines,<br />
<strong>de</strong> l’Essonne, du Val-d’Oise, <strong>de</strong> Seine-et-Marne.<br />
Dans le cadre du mouvement <strong>de</strong> décentralisation, le STIF est amené à adopter au<br />
plus tard le 1 er juillet 2005, <strong>de</strong>s mesures en faveur du retrait complet <strong>de</strong> l’Etat du conseil<br />
d’administration du STIF, qui <strong>de</strong>viendra un établissement public territorial, présidé à l’avenir<br />
par un prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> conseil régional. L’Etat compensera aux collectivités locales le coût <strong>de</strong><br />
ce transfert <strong>de</strong> responsabilité.<br />
Dans le cadre du nouveau contrat tripartite (liant le STIF, la SNCF et la RATP) <strong>de</strong> 2004-<br />
2007 organisant le service <strong>de</strong> référence aux voyageurs, la relation <strong>de</strong> service et les transports<br />
en termes <strong>de</strong> kilomètres-voyageurs et eu égard à la mise en place d’indicateurs <strong>de</strong> qualité,<br />
le plan d’entreprise 2004-2007 se donne pour objectif d’adapter l’offre <strong>de</strong> transport aux<br />
nouveaux besoins <strong>de</strong>s voyageurs.<br />
Le plan d’entreprise 2004-2007<br />
- La réalisation <strong>de</strong> nouvelles Gran<strong>de</strong>s nuits33 et/ou le renforcement <strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s nuits<br />
existantes ;<br />
- La réalisation d’un réseau <strong>de</strong> nuit, irriguant l’Ile-<strong>de</strong>-France en étoile à partir <strong>de</strong>s<br />
différentes gares parisiennes ;<br />
- La réduction <strong>de</strong>s intervalles entre <strong>de</strong>ux rames sur la ligne 13 du métro aux heures<br />
<strong>de</strong> pointe ;<br />
- La mise en œuvre d’un projet d’automatisation <strong>de</strong> ligne 1 du métro ;<br />
- La mise en service <strong>de</strong> 7 trains à <strong>de</strong>ux étages sur la ligne A du RER.<br />
La RATP a fait en ce sens <strong>de</strong>s propositions au STIF <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong> l’offre : en soirées,<br />
en week-ends pour le réseau métro et aux heures <strong>de</strong> pointe et en nuit pour les bus et le<br />
tram. Si ces propositions montrent à quel point, les services publics sont soumis<br />
à la dérégulation <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s salarié(e)s voyageurs, elles ont<br />
aussi un impact sur les temps sociaux <strong>de</strong>s salariés <strong>de</strong> la RATP, déjà marqué par<br />
la prégnance d’horaires <strong>de</strong> travail décalés.<br />
33- Les Gran<strong>de</strong>s nuits correspon<strong>de</strong>nt aux nuits où la RATP accroît son amplitu<strong>de</strong> horaire <strong>de</strong> nuit à l’occasion d’évènements particuliers,<br />
tels que la fête <strong>de</strong> la musique par exemple.<br />
34
- Les agents RATP et leur temps <strong>de</strong> travail : une prégnance <strong>de</strong><br />
l’atypisme <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s agents<br />
En 2002, l’effectif total au 31 décembre <strong>de</strong> la RATP représentait 44 601 personnes 34 ,<br />
avec une majorité d’opérateurs, soit 74,3% <strong>de</strong>s effectifs. On retrouve ces opérateurs<br />
plus particulièrement dans le domaine <strong>de</strong> l’exploitation pour 75,1% d’entre eux. Parmi<br />
ceux-ci, c’est la catégorie <strong>de</strong>s machinistes qui est la plus représentée.<br />
Répartition <strong>de</strong>s effectifs par catégories socioprofessionnelles en 2002<br />
Catégories<br />
socioprofessionnelles<br />
Cadres<br />
Maîtrises et techniciens<br />
supérieurs<br />
Opérateurs<br />
Ensemble<br />
En nombre<br />
3 758<br />
7 714<br />
33 129<br />
44 601<br />
Part <strong>de</strong> l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s agents en %<br />
Répartition <strong>de</strong>s opérateurs<br />
Les effectifs ont cru d’une manière générale <strong>de</strong> 2,2% <strong>de</strong> 2001 à 2002, et si les personnels<br />
contractuels ont fortement augmenté <strong>de</strong> 2000 à 2001 (<strong>de</strong> + 20,5%), leur part relative<br />
dans l’ensemble se stabilise autour <strong>de</strong>s 2,2% <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans.<br />
34- RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes en 2002.<br />
Sont exclus <strong>de</strong> ces effectifs les intérimaires, les salariés sous contrat emploi solidarité, les stagiaires et les mé<strong>de</strong>cins.<br />
35<br />
8,4<br />
17,3<br />
74,3<br />
Part <strong>de</strong><br />
femmes en %<br />
25,4<br />
23<br />
17,6<br />
19,2<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle hommes-femmes.<br />
Gestion <strong>de</strong>s ressources<br />
Maintenance<br />
Exploitation dont :<br />
- conducteurs<br />
- machinistes<br />
- autres<br />
Ensemble<br />
En nombre<br />
1 170<br />
7 086<br />
24 873<br />
3 881<br />
12 299<br />
8 683<br />
33 129<br />
100<br />
Part <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
opérateurs en %<br />
3,5<br />
21,4<br />
75,1<br />
(15,6)<br />
(49,5)<br />
(34,9)<br />
Part <strong>de</strong>s<br />
femmes<br />
en %<br />
43,2<br />
1,6<br />
21<br />
17,6<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle hommes-femmes.<br />
100<br />
Part <strong>de</strong>s<br />
hommes en %<br />
74,6<br />
77<br />
82,4<br />
80,8<br />
Part <strong>de</strong>s<br />
hommes<br />
en %<br />
56,8<br />
98,4<br />
79<br />
82,4<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Sous statut<br />
Contractuels<br />
Ensemble<br />
Progression <strong>de</strong>s effectifs <strong>de</strong>puis 2000<br />
Par ailleurs, les 36-45 ans représentent la tranche d’âge la plus importante <strong>de</strong> l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s effectifs, après les 26-35 ans et d’une manière générale, la gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong><br />
population jeune du dépôt laisse supposer que les naissances et donc les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong> sont nombreuses.<br />
Proportion <strong>de</strong>s différentes tranches d’âge dans l’ensemble en 2001 (en %) 35<br />
Or, si les salarié(e)s <strong>de</strong> la Régie ont <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s d’horaires différentes d’un département<br />
à l’autre et si en outre, ces horaires ne se reproduisent pas <strong>de</strong> façon régulière, il est<br />
toutefois possible <strong>de</strong> dégager les tendances auxquelles ces personnels sont soumis<br />
s’agissant <strong>de</strong> leurs temps <strong>de</strong> travail.<br />
Dans ce cadre, le temps partiel concerne certes peu <strong>de</strong> salariés à la RATP puisque seuls<br />
1,8% <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s salariés travaillent à temps partiel en 2002, dont 65,9% <strong>de</strong> femmes.<br />
En revanche, nombreux sont les salariés travaillant en horaires dits décalés.<br />
Les horaires décalés s’inscrivent dans le cadre d’une semaine non standard au sens où<br />
nous l’avons précé<strong>de</strong>mment défini, sur une plage horaire non continue <strong>de</strong> 9h à 19h, avec<br />
un travail s’effectuant par exemple au petit matin à partir <strong>de</strong> 6h jusqu’à midi ou encore<br />
<strong>de</strong> midi au début <strong>de</strong> soirée avant 21h.<br />
35- RATP (2001), Bilan social 2001.<br />
Evolution<br />
<strong>de</strong> 2000 à 2001<br />
+ 3,5 %<br />
+ 20,5 %<br />
+ 3,8 %<br />
36<br />
Evolution<br />
<strong>de</strong> 2001 à 2002<br />
+ 2,2%<br />
+ 2,5%<br />
+ 2,2%<br />
Evolution<br />
<strong>de</strong>s femmes<br />
+ 3,3 %<br />
+ 2,4 %<br />
+ 3,3 %<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle hommes-femmes.<br />
- <strong>de</strong> 26 ans<br />
26-35 ans<br />
36-45 ans<br />
46-55 ans<br />
56 ans et plus<br />
Ensemble<br />
Ensemble <strong>de</strong>s agents<br />
6,4<br />
29,3<br />
40,1<br />
21,7<br />
2,5<br />
100<br />
Source : d’après bilan social RATP (2001).<br />
Part <strong>de</strong>s femmes<br />
22,9<br />
23<br />
18<br />
14<br />
23,1<br />
19<br />
Evolution<br />
<strong>de</strong>s hommes<br />
+ 2 %<br />
+ 2,6 %<br />
+ 2 %<br />
Part <strong>de</strong>s hommes<br />
77,1<br />
77<br />
82<br />
86<br />
76,9<br />
81
Bien que le taux <strong>de</strong> croissance du nombre <strong>de</strong> personnes en horaires décalés tend à se<br />
réduire (+1,3% <strong>de</strong> l’année 2000 à l’année 2001 contre +3,7% <strong>de</strong> 1999 à 2000), ce travail<br />
en horaire décalé constitue le quotidien d’une majorité <strong>de</strong> salarié(e)s, soit <strong>de</strong> 81,5% <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s effectifs RATP en 2002. Ce chiffre se situant largement au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<br />
moyenne nationale, puisque 67,8% <strong>de</strong>s salarié(e)s à temps complet en France travaillent<br />
dans le cadre d’une semaine dite “non standard”, a ainsi largement contribué à la nécessité<br />
d’une réflexion autour <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps sociaux, en termes <strong>de</strong><br />
problématique collective pour l’ensemble <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la Régie.<br />
Hommes<br />
Femmes<br />
Ensemble<br />
Evolution <strong>de</strong>s horaires décalés pour l’ensemble <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP (en %)<br />
De 1999 à 2000<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle.<br />
3,5<br />
4,6<br />
3,7<br />
Parmi les éléments caractérisant la semaine dite “non standard”, on compte également<br />
le travail <strong>de</strong> nuit. Or, ce <strong>de</strong>rnier connaît à la RATP une progression sensible <strong>de</strong> 7,1% <strong>de</strong><br />
2001 à 2002. 36<br />
Par ailleurs, et dans le cadre <strong>de</strong> la semaine dite “non standard”, le travail fréquent <strong>de</strong>s<br />
agents <strong>de</strong> la RATP les samedi et dimanche constitue un autre phénomène à prendre en<br />
compte, eu égard aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants s’étalant <strong>de</strong> manière générale, du<br />
lundi au vendredi. L’enquête Pimprenelle (1998) 37 révèle à cet égard que 70 % <strong>de</strong>s<br />
salarié(e)s sont en repos décalés, ne bénéficiant donc pas régulièrement du repos <strong>de</strong> fin<br />
<strong>de</strong> semaine, et que 14 % <strong>de</strong>s conjoints non RATP n’ont également pas <strong>de</strong> repos les<br />
samedi et dimanche.<br />
Le travail <strong>de</strong> nuit <strong>de</strong>s salarié(e)s <strong>de</strong> la RATP en 2002 (en %)<br />
Part <strong>de</strong>s salarié(e)s travaillant <strong>de</strong> nuit par rapport<br />
à l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s<br />
Proportion <strong>de</strong> femmes travaillant <strong>de</strong> nuit par rapport<br />
à l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s travaillant <strong>de</strong> nuit<br />
36- Chenu A. (2002), op. cité.<br />
37- Espace Pimprenelle (1998), La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants du personnel RATP, Direction <strong>de</strong>s ressources humaines <strong>de</strong> la RATP.<br />
37<br />
2000<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle.<br />
3,8<br />
1<br />
De 2000 à 2001<br />
1,1<br />
2,1<br />
1,3<br />
2001<br />
3,4<br />
1,3<br />
2002<br />
3,5<br />
1,2<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Définition : articles et<br />
règlements L 213-1-1,<br />
L 213-2 et R 213-1<br />
du co<strong>de</strong> du travail<br />
Mise en place :<br />
articles et règlements<br />
L213-1 et R 213-5<br />
du co<strong>de</strong> du travail<br />
Les motifs<br />
Les contreparties<br />
proposées aux salariés :<br />
article L 213-4<br />
Durée du temps <strong>de</strong><br />
travail <strong>de</strong> nuit :<br />
articles et règlements<br />
L 213-3, R 213-2 à<br />
R 213-4 du co<strong>de</strong><br />
du travail<br />
Surveillance médicale :<br />
articles et règlements<br />
L 213-5 et R 213-6 à<br />
R 213-8 du co<strong>de</strong> du<br />
travail<br />
Eléments <strong>de</strong> repère sur les conditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> nuit<br />
Enfin, il convient <strong>de</strong> noter que ces horaires décalés peuvent être doublés d’un<br />
effet <strong>de</strong> variabilité, selon lequel le temps <strong>de</strong> travail est susceptible d’être modifié<br />
d’une journée, d’une semaine, ou d’un mois à l’autre. En France, cette variabilité<br />
concerne 35% <strong>de</strong>s actifs à temps plein 38 . En ce qui concerne les personnels RATP, 15,9%<br />
d’entre eux sont soumis en 2002 à <strong>de</strong>s horaires variables, parmi ceux-ci on compte 15,8%<br />
38- Chenu A. (2002), op. cité.<br />
Le travail <strong>de</strong> nuit<br />
Est considéré comme travailleur <strong>de</strong> nuit tout salarié qui effectue<br />
au moins 3 heures <strong>de</strong> son temps <strong>de</strong> travail entre 21 heures et<br />
6 heures et ce, 2 fois par semaine.<br />
Le travail <strong>de</strong> nuit doit être exceptionnel.<br />
Sa mise en place dans une entreprise doit être autorisée par une<br />
convention, un accord collectif <strong>de</strong> branche ou un accord d’entreprise,<br />
sans qu’il n’y ait eu opposition <strong>de</strong>s syndicats majoritaires <strong>de</strong><br />
l’entreprise.<br />
L’accord doit mentionner les motifs du recours au travail <strong>de</strong> nuit<br />
tels que la nécessité d’assurer la continuité <strong>de</strong>s services d’utilité<br />
sociale, ou la continuité <strong>de</strong> l’activité économique.<br />
Les contreparties proposées aux salariés peuvent être le repos<br />
compensateur et la compensation salariale.<br />
Par ailleurs, <strong>de</strong>s mesures sont mises en place, <strong>de</strong>stinées à améliorer<br />
les conditions <strong>de</strong> travail, à faciliter l’exercice <strong>de</strong>s responsabilités<br />
parentales et sociales, et à assurer l’égalité professionnelle.<br />
Les salariés travaillant <strong>de</strong> nuit ont un accès prioritaire pour occuper<br />
un emploi équivalent <strong>de</strong> jour.<br />
La durée maximale <strong>de</strong> travail que peut accomplir quotidiennement<br />
un travailleur <strong>de</strong> nuit est <strong>de</strong> 8 heures consécutives et ne peut<br />
dépasser 40 heures sur 12 semaines.<br />
Le repos obligatoire est <strong>de</strong> 11 heures par jour après la pério<strong>de</strong><br />
travaillée.<br />
Un repos compensateur doit être défini par accord ou par consultation<br />
<strong>de</strong>s délégués syndicaux et avis du comité d’entreprise ou<br />
<strong>de</strong>s délégués du personnel.<br />
Les travailleurs <strong>de</strong> nuit bénéficient d’une surveillance médicale<br />
particulière :<br />
- avant leur affectation sur un poste <strong>de</strong> nuit,<br />
- puis après tous les 6 mois au maximum,<br />
- et doivent être transférés sur un poste <strong>de</strong> jour en cas <strong>de</strong> problèmes<br />
<strong>de</strong> santé.<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport égalité professionnelle.<br />
38
<strong>de</strong> femmes. Il convient <strong>de</strong> noter ici qu’il est “plus facile” <strong>de</strong> trouver un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
lorsque les horaires, même s’ils sont atypiques, restent toujours les mêmes.<br />
Par ailleurs, la question <strong>de</strong>s horaires est d’autant plus déterminante quant au choix du<br />
mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> que le conjoint est lui aussi soumis à <strong>de</strong>s horaires atypiques. Elle va même<br />
jusqu’à remettre en cause la conception <strong>de</strong> l’enfant. “…c’est trop dur <strong>de</strong> jongler entre<br />
les horaires scolaires et nos <strong>de</strong>ux horaires irréguliers… je n’aurais jamais <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième<br />
enfant… je n’en peux plus…” 39 . Or, on note que lorsque le conjoint est également agent<br />
RATP 40 , ses horaires sont dans 62,5% <strong>de</strong>s cas également alternés sur plusieurs<br />
services (jour/nuit, nuit/mixte…), signe que le conjoint adaptera aussi ses horaires,<br />
comme nous l’avons souligné, quitte à ce que ces <strong>de</strong>rniers soient à leur tour atypiques,<br />
<strong>de</strong> manière à ce que les enfants bénéficient toujours <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> l’un ou l’autre <strong>de</strong><br />
leurs parents.<br />
Ces solutions très précaires ne sont évi<strong>de</strong>mment pas sans poser certaines difficultés pour<br />
l’épanouissement du couple. “…Nous avons l’avantage <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r l’enfant nous-mêmes<br />
sans faire appel à l’extérieur mais c’est mauvais pour notre couple <strong>de</strong> n’être jamais<br />
ensemble et <strong>de</strong> surcroît cela nuit à notre repos, trop <strong>de</strong> fatigue et <strong>de</strong> stress, mais pas<br />
d’autres solutions… 41 ”.<br />
L’ensemble <strong>de</strong> ces conditions <strong>de</strong> travail concourent, nous l’avons noté, à la diffusion du<br />
sentiment <strong>de</strong>s personnels RATP, d’être fatigués en fin <strong>de</strong> journée et d’être débordés 42 et<br />
a <strong>de</strong>s impacts sensibles sur les temps sociaux qui, comme nous l’avons souligné, sont<br />
particulièrement investis par les femmes.<br />
c- Le temps <strong>de</strong>s salariées <strong>de</strong> la RATP : <strong>de</strong>s discriminations<br />
ayant un impact sur la sphère privée<br />
La problématique du genre est une <strong>de</strong>s voies permettant d’abor<strong>de</strong>r la question <strong>de</strong> la<br />
conciliation <strong>de</strong>s temps et plus particulièrement celle <strong>de</strong>s rythmes <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s rythmes<br />
professionnels <strong>de</strong> leurs parents. Parce qu’on sait que les temps sociaux sont encore organisés<br />
et ajustés dans les pratiques par les femmes, il convient d’examiner la situation <strong>de</strong>s<br />
salariées <strong>de</strong> la RATP.<br />
La part <strong>de</strong>s femmes dans l’ensemble <strong>de</strong> l’entreprise croît lentement, elle est passée <strong>de</strong><br />
18,8% en 2000 à 19,2% <strong>de</strong> femmes en 2001.<br />
La situation <strong>de</strong>s femmes à la RATP illustre parfaitement un phénomène national et européen<br />
dit <strong>de</strong> “murs <strong>de</strong> verre”, ne permettant pas aux femmes d’accé<strong>de</strong>r dans la même proportion<br />
que les hommes à une entreprise encore caractérisée par une image “technicienne et<br />
donc masculine” et à certains services plus particulièrement ceux <strong>de</strong> l’exploitation.<br />
39- Espace Pimprenelle (1998), op. cité, p. 18.<br />
40- En 1987, 12,3% <strong>de</strong>s conjoints actifs <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP travaillent aussi à la régie.<br />
41- Espace Pimprenelle (1998), op. cité, p.19.<br />
42- Chenu A. (2002), op. cité.<br />
39<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Ainsi, la proportion <strong>de</strong> femmes “machinistes-receveurs” stagne <strong>de</strong>puis 2000 autour <strong>de</strong><br />
6,8% <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> cette catégorie. La part <strong>de</strong>s femmes conducteurs a elle aussi très<br />
faiblement augmenté <strong>de</strong> 15,6% en 2000 à 16,8% en 2002. Les femmes sont <strong>de</strong> préférence<br />
“cloisonnées” dans les services administratifs et commerciaux <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
Les femmes à la RATP font également l’objet d’une tendance nationalement i<strong>de</strong>ntifiée 43<br />
dite du “plafond <strong>de</strong> verre”, faisant obstacle à leur embauche ou à leur promotion à <strong>de</strong>s<br />
postes <strong>de</strong> décisions et <strong>de</strong> direction dans l’entreprise. Ainsi, seuls 25,4% <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong><br />
cadres en 2002 sont occupés par <strong>de</strong>s femmes. La part <strong>de</strong>s femmes opérateurs promues en<br />
2002 à l’échelon <strong>de</strong> la maîtrise et <strong>de</strong>s techniciens supérieurs sera sensiblement inférieure<br />
à celle <strong>de</strong>s hommes, à compétence et ancienneté égales.<br />
En 2000, les femmes étaient encore frappées d’inégalités vis-à-vis <strong>de</strong> leur statut:<br />
puisqu’elles assumaient 69,2% <strong>de</strong>s contrats à durée déterminée. En 2002, la situation<br />
s’améliore, elles ne représentent plus que 41,1% <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> contrat au détriment <strong>de</strong>s<br />
hommes. Mais ce phénomène <strong>de</strong> précarité n’est pas démenti par les données relatives<br />
aux embauches sous statut, puisqu’en 2002, seules 21,3% <strong>de</strong>s embauches sous statut<br />
reviennent aux femmes. Par ailleurs, les emplois à temps partiel restent majoritairement<br />
féminins, puisque 65,9 % <strong>de</strong> ceux-ci sont encore assumés par <strong>de</strong>s femmes.<br />
Enfin, confirmant la tendance française, les salaires <strong>de</strong>s femmes à la RATP restent inférieurs<br />
à ceux <strong>de</strong>s hommes, <strong>de</strong> 9,9% en 2002, soit <strong>de</strong> 219 euros brut en moyenne par mois.<br />
Tandis que le partage inégalitaire <strong>de</strong>s contraintes domestiques et parentales a <strong>de</strong>s conséquences<br />
sur la sphère professionnelle, en retour les discriminations à l’encontre <strong>de</strong>s<br />
femmes relevant <strong>de</strong> la sphère professionnelle auront un impact sur la sphère<br />
privée, sur la qualité du temps passé en famille.<br />
Dans ce contexte, les agents parents <strong>de</strong> la Régie se voient offrir un certain nombre <strong>de</strong><br />
places au sein <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> alternatives.<br />
d- Les structures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> alternatives : <strong>de</strong>s crèches d’entreprise<br />
qui posent toujours la question <strong>de</strong> l’éloignement lieu<br />
<strong>de</strong> travail/domicile<br />
Les étu<strong>de</strong>s réalisées en 1995 par l’Unité d’action sociale et prévention <strong>de</strong> la RATP 44 montrent<br />
qu’il existe très peu d’infrastructures pour la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants dont les parents<br />
sont contraints par <strong>de</strong>s horaires atypiques. La RATP dispose dans différentes structures<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s alternatives <strong>de</strong> “berceaux”, (lits réservés pour les enfants <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> la<br />
Régie) mais en nombre toutefois insuffisant. Parmi elles, on compte :<br />
43- Pour <strong>de</strong> plus amples informations sur la question <strong>de</strong>s discriminations hommes/femmes au travail, le lecteur pourra se reporter au site :<br />
http://www.no-discrim.fr, réalisé par émergences et qui regroupe différentes étu<strong>de</strong>s sur les discriminations au travail fondées sur le genre,<br />
le handicap, les convictions syndicales, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle et l’âge dans le cadre d’un projet regroupant différents<br />
partenaires européens.<br />
44- Unité d’action sociale et prévention <strong>de</strong> la RATP (1995), Propositions d’orientations pour la politique <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />
40
• Les crèches collectives “non stop” :<br />
Il en existe <strong>de</strong>ux à Paris et compte tenu <strong>de</strong> difficultés <strong>de</strong> fonctionnement, l’ouverture<br />
“24 heures sur 24” a été supprimée et <strong>de</strong>s tranches horaires certes plus étendues que<br />
dans les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> classiques ont été mis en place. Par ailleurs, les parents doivent<br />
laisser leurs enfants aux mêmes horaires chaque jour, ce qui ne convient pas toujours aux<br />
agents RATP soumis, comme nous l’avons dit, à <strong>de</strong>s horaires variables d’un jour à l’autre,<br />
d’une semaine à l’autre… Enfin, l’entreprise ne dispose que <strong>de</strong> cinq places dans cette<br />
structure, ce qui est loin <strong>de</strong> répondre aux besoins <strong>de</strong>s personnels. Depuis, d’autres crèches<br />
“non-stop” ont vu le jour en Ile-<strong>de</strong>-France.<br />
Principes <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> la crèche “non stop” :<br />
Ouvert 24/24 heures, cet établissement (le premier du genre) inauguré en 1991 était<br />
situé dans le 13 e arrondissement <strong>de</strong> Paris.<br />
Durée <strong>de</strong> présence maximum par mois : 14 nuits ou 22 jours.<br />
Plages horaires d’accueil :<br />
- 5h30 à 16h30,<br />
- 11h00 à 22h00,<br />
- et pour la nuit : 19h00 à 9h00.<br />
L’enfant retrouve tous les jours et toutes les nuits la même personne encadrante référente.<br />
Public cible : enfants <strong>de</strong> 3 mois à 3 ans dont les parents travaillent dans les secteurs<br />
<strong>de</strong> la restauration, du sanitaire et social, du spectacle, du tri postal…<br />
Financement <strong>de</strong> l’établissement :<br />
- ville <strong>de</strong> Paris : 40%,<br />
- Caisse d’Allocations Familiales : 40%,<br />
- PTT : 20%.<br />
Limite d’accueil :<br />
- 20 enfants maximum pour la nuit,<br />
- 21 le matin,<br />
- 21 l’après-midi.<br />
Son fonctionnement “non-stop” a été remis en cause pour <strong>de</strong>s questions financières.<br />
Aujourd’hui, l’accueil se fait <strong>de</strong> 5h30 à 22h00 du lundi au vendredi et <strong>de</strong> 7h30 à<br />
18h30 le samedi.<br />
Source : Le Mon<strong>de</strong> n° 13067, du 8 juillet 1993.<br />
• Les crèches familiales spécialisées à horaires décalés :<br />
On compte cinq structures <strong>de</strong> ce type réparties sur Paris, l’Essonne, le Val-d’Oise avec<br />
<strong>de</strong>s prévisions d’extension à d’autres départements <strong>de</strong> la région Ile-<strong>de</strong>-France. Les horaires<br />
d’accueil vont <strong>de</strong> 7h à 21h, avec <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> la nuit et le week-end par<br />
les assistantes maternelles.<br />
• Les crèches d’entreprise<br />
En 1993, la RATP s’engage dans une réflexion en faveur d’une crèche d’entreprise pour<br />
les enfants du personnel du Centre <strong>de</strong> Bus <strong>de</strong> Flandre 45 . Une enquête réalisée auprès <strong>de</strong><br />
84 agents ayant un enfant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, confirme la tendance nationale quant<br />
à la difficulté <strong>de</strong> trouver une place en crèche collective pour les parents actifs quelque<br />
45- RATP (1993), Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité d’une crèche pour le centre bus <strong>de</strong> Flandre, document interne.<br />
41<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
soient les caractéristiques <strong>de</strong> leurs emplois et <strong>de</strong> leurs conditions <strong>de</strong> travail. Deux villes<br />
d’un département périphérique soulignent que compte tenu <strong>de</strong> la faiblesse <strong>de</strong>s places<br />
disponibles, elles ne parviennent à satisfaire respectivement que 16% et 13% <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s croissantes d’inscriptions. Dans ce contexte, l’ensemble <strong>de</strong>s crèches avoisinant<br />
le centre Flandre se refuse à donner priorité à une quelconque entreprise et renvoient<br />
à <strong>de</strong>s démarches individuelles <strong>de</strong>s agents. Les “Diablotins” <strong>de</strong> la Banque <strong>de</strong> France,<br />
« Les petits canards » du journal Libération, “La Trottinette” du CEA et d’autres crèches<br />
<strong>de</strong>s entreprises Michelin, <strong>de</strong>s PTT, <strong>de</strong>s Centres Hospitaliers Universitaires et même la crèche<br />
<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> l’Elysée, concept bien implanté en Gran<strong>de</strong>-Bretagne<br />
ou encore au Japon, allaient donc inspirer les réflexions <strong>de</strong> la Régie. Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la satisfaction<br />
<strong>de</strong>s parents quant à trouver un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> collectif pour leurs enfants, il<br />
s’agissait aussi <strong>de</strong> répondre aux exigences imposées par la sphère professionnelle : au<br />
Centre hospitalier <strong>de</strong> Clermont, la crèche ouvre ses portes dès 5h du matin pour les<br />
enfants du personnel médical, à Libération, les salarié(e)s bouclent la Une pendant que<br />
leurs enfants sont accueillis jusqu’à 21h30 aux “Petits Canards”… L’idée était donc <strong>de</strong><br />
disposer d’une infrastructure correspondant aux amplitu<strong>de</strong>s d’horaires <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la<br />
RATP. Or, dans cette perspective, la crèche d’entreprise “24/24” semblait la plus adéquate.<br />
La crèche du Crédit Lyonnais :<br />
un <strong>de</strong>mi-siècle <strong>de</strong> fonctionnement<br />
assuré par le Comité d’entreprise<br />
Datant <strong>de</strong> 1949, la crèche du Crédit<br />
Lyonnais est la plus ancienne <strong>de</strong><br />
France. Située dans les locaux <strong>de</strong><br />
l’entreprise, la crèche réservée aux<br />
seuls personnels, accueille environ<br />
60 enfants. Le Comité d’entreprise<br />
gère la politique tarifaire et le projet<br />
pédagogique, la direction finance le<br />
fonctionnement, l’investissement et<br />
la masse salariale. En 1990, eu égard<br />
aux difficultés financières du<br />
groupe, la crèche financée à 100 %<br />
par l’entreprise, est menacée <strong>de</strong> disparaître<br />
afin d’économiser sur le<br />
personnel en poste et <strong>de</strong> récupérer<br />
le patrimoine locatif et financier<br />
situé en plein cœur <strong>de</strong> Paris. La<br />
ténacité <strong>de</strong>s élus et <strong>de</strong>s personnels a<br />
finalement sauvé la structure.<br />
Source : Entreprises et carrières, n°674, du 17<br />
au 23 juin 2003.<br />
Tandis qu’il existe aujourd’hui en France, 224 crèches d’entreprises (particulièrement<br />
concentrées dans le secteur hospitalier), soit 15000 places sur les 200000 places <strong>de</strong><br />
l’hexagone et une volonté politique <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> ce type d’infrastructures, un<br />
certain nombre <strong>de</strong> voix s’élèvent contre ces structures.<br />
42<br />
Les petits canards <strong>de</strong> Libération :<br />
un lien <strong>de</strong> solidarité<br />
L’histoire <strong>de</strong> la crèche a commencé<br />
en 1990, quand trois salariés ont fait<br />
circuler un questionnaire sur l’intérêt<br />
<strong>de</strong> créer une crèche d’entreprise.<br />
Après avoir reçu une trentaine<br />
<strong>de</strong> réponses positives, “Les petits<br />
canards”, association relevant <strong>de</strong> la<br />
loi 1901, sont dotés d’un budget <strong>de</strong><br />
fonctionnement réparti entre 25 %<br />
pour chacun : CAF, Ville <strong>de</strong> Paris,<br />
parents et 6 % pour le journal<br />
Libération, la crèche ouvre ses portes<br />
<strong>de</strong> 9h à 21h30 aux enfants <strong>de</strong><br />
3 mois à 3 ans du personnel du journal<br />
pour 70 % <strong>de</strong>s places et aux<br />
enfants du quartier pour les 30 %<br />
restant. Originalité : les employés<br />
sont <strong>de</strong>s personnes en réinsertion<br />
professionnelle.<br />
Source : Entreprises et carrières, n°674, du 17 au<br />
23 juin 2003.
Sont contestés :<br />
- le coût financier d’une telle infrastructure et dès lors, les inégalités <strong>de</strong> prestations<br />
compte tenu <strong>de</strong>s différentes possibilités d’investissements <strong>de</strong>s entreprises, voire même<br />
la pérennité <strong>de</strong> la structure en cas <strong>de</strong> difficulté <strong>de</strong> l’entreprise ;<br />
- le cloisonnement <strong>de</strong>s enfants du personnel d’une même entreprise auquel peuvent<br />
pallier les crèches interentreprises ;<br />
- la banalisation <strong>de</strong>s mises en cause <strong>de</strong> l’équilibre affectif et moral <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s<br />
familles ;<br />
- le risque d’aggravation du phénomène <strong>de</strong> flexibilité du temps <strong>de</strong> travail. En effet, si les<br />
crèches, qui plus est en horaires décalés, sont à proximité <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> travail, les<br />
parents salarié(e)s, sous la pression <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> gestion, peuvent différer le<br />
retour au domicile ;<br />
- le risque d’ingérence <strong>de</strong>s directions d’entreprise sur la vie privée <strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong><br />
leur famille.<br />
Par ailleurs, est mis en évi<strong>de</strong>nce le défaut <strong>de</strong> proximité <strong>de</strong> ces crèches par rapport au domicile,<br />
imposant alors à l’enfant d’effectuer régulièrement le plus ou moins long trajet<br />
domicile-travail <strong>de</strong>s parents à <strong>de</strong>s heures variables, matinales et/ou tardives. L’analyse <strong>de</strong><br />
l’évolution <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s salarié(e)s ne peut, nous l’avons dit, se soustraire <strong>de</strong> la question<br />
d’un phénomène général d’allongement <strong>de</strong>s trajets domicile/travail prégnant pour<br />
tous les salarié(e)s. Dans ce cadre, les agents RATP bénéficiaires <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> l’Espace<br />
Pimprenelle résidants à Paris se sont réduits <strong>de</strong> 3,4% <strong>de</strong> 2002 à 2003, au profit d’autres<br />
domiciliations dans <strong>de</strong>s départements périphériques. Si l’on considère la répartition<br />
démographique <strong>de</strong> ces agents, on constate que seule une faible part <strong>de</strong> ceux-ci rési<strong>de</strong> à<br />
Paris donc proche du lieu <strong>de</strong> travail (6 %).<br />
Même si la Seine-Saint-Denis est le premier département pour les parents en horaires<br />
atypiques, celui <strong>de</strong> Seine-et-Marne constitue le premier département en termes <strong>de</strong><br />
domiciliation pour l’ensemble <strong>de</strong>s familles. Dans ces conditions, la question d’une crèche<br />
d’entreprise pose le problème <strong>de</strong> sa localisation et avec lui un certain nombre d’ambiguïtés.<br />
En effet, si la structure d’accueil est à proximité du lieu <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s agents RATP, elle<br />
permet aux salarié(e)s <strong>de</strong> disposer d’une certaine sérénité dans la sphère <strong>de</strong> travail, en<br />
conciliant au mieux les temps sociaux eu égard aux temps <strong>de</strong> trajets. Les parents optent<br />
d’ailleurs pour le département <strong>de</strong> la Seine-et-Marne, en particulier dès lors que leur<br />
enfant a plus <strong>de</strong> trois ans. En <strong>de</strong>çà, ils sont plus volontiers rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> départements<br />
plus proches <strong>de</strong> Paris, tels que la Seine-Saint-Denis ou encore le Val-<strong>de</strong>-Marne.<br />
Dans le même temps et plus encore pour les nombreux agents rési<strong>de</strong>nts dans la lointaine<br />
couronne, une crèche à proximité du lieu <strong>de</strong> travail, suppose toujours pour les enfants<br />
d’effectuer le trajet travail/domicile avec les parents. Or si les transports en commun ne<br />
sont pas toujours aisés pour les franciliens accompagnés d’enfants, ils ne le sont pas plus<br />
pour les agents et leurs enfants, du fait <strong>de</strong> difficultés d’accès <strong>de</strong>s poussettes, d’inconfort<br />
et <strong>de</strong> surcharge <strong>de</strong>s lignes. On connaît par ailleurs, les inconvénients <strong>de</strong>s transports individuels,<br />
en particulier du fait <strong>de</strong>s embouteillages dans la région Ile-<strong>de</strong>-France.<br />
Au final, la proximité <strong>de</strong>s crèches <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s parents transfère la question<br />
<strong>de</strong>s trajets domicile/travail sur les temps <strong>de</strong>s enfants, en suggérant l’idée que ces temps<br />
<strong>de</strong> transports, à toute heure lorsque les horaires sont atypiques, sont <strong>de</strong>s temps passés<br />
en famille et donc <strong>de</strong>s temps privés, sans lien avec les temps <strong>de</strong> travail et n’intéressant<br />
donc pas l’entreprise.<br />
43<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
77 – Seine-et-Marne<br />
93 – Seine-Saint-Denis<br />
94 – Val-<strong>de</strong>-Marne<br />
91 – Essonne<br />
95 – Val-d’Oise<br />
92 – Hauts-<strong>de</strong>-Seine<br />
75 – Paris<br />
78 - Yvelines<br />
Répartition géographique <strong>de</strong>s bénéficiaires <strong>de</strong>s services<br />
<strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle en 2004 (en %)<br />
C’est dans ce contexte que l’Espace Pimprenelle s’est créé, et ce, tout en ayant une<br />
réflexion innovante sur l’ensemble <strong>de</strong> ces temps.<br />
3.2 Aux origines <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle<br />
Les étu<strong>de</strong>s réalisées en 1998 par l’Espace Pimprenelle 46 révèlent que 47,2 % <strong>de</strong>s agents<br />
se déclarent insatisfaits <strong>de</strong> leurs solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. Et si 45% <strong>de</strong>s personnels se disent<br />
satisfaits, ces <strong>de</strong>rniers soulignent dans le même temps qu’il n’existe aucune autre solution<br />
possible compte tenu <strong>de</strong> leur situation <strong>de</strong> travail. L’examen <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s<br />
retenus par les agents <strong>de</strong> la RATP révèle en effet que l’important recours aux nourrices<br />
agréées ou non déclarées ne résout que peu les difficultés <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
auxquelles les personnels et leurs familles sont confrontés, tout en générant <strong>de</strong>s frais<br />
importants.<br />
a- Mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> retenus pour les enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans<br />
à la RATP une indisponibilité partielle et permanente dans<br />
la sphère privée et professionnelle<br />
En 1998, le personnel <strong>de</strong> la régie compte 5495 enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans et 8147<br />
enfants <strong>de</strong> trois à sept ans. 67,4% <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong> la Régie ayant <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins<br />
<strong>de</strong> 7 ans n’ont qu’un seul enfant, 29,5% <strong>de</strong>ux enfants et 3% ont trois enfants 47 .<br />
Sous l’impulsion du comité d’entreprise <strong>de</strong> la RATP et plus particulièrement <strong>de</strong> la commission<br />
“Femmes et jeunes”, la question <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants du personnel, eu<br />
égard aux horaires et temps <strong>de</strong> travail, est évoquée régulièrement <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 20 ans,<br />
donnant lieu à <strong>de</strong>ux enquêtes auprès <strong>de</strong>s salarié(e)s, l’une en 1983, l’autre en 1987<br />
46- Espace Pimprenelle (1998), op. cité.<br />
47- Espace Pimprenelle (1998), op. cité.<br />
Toute famille<br />
18,2<br />
44<br />
17<br />
16,6<br />
13,1<br />
11,2<br />
11<br />
6,9<br />
Source : D’après Espace Pimprenelle (2003).<br />
6<br />
Familles en horaires atypiques<br />
16,7<br />
18,7<br />
15,8<br />
12,7<br />
12,2<br />
11,7<br />
6,3<br />
5,8
menées par le Service social <strong>de</strong> la Régie 48 et ce, jusqu’à la création <strong>de</strong> l’Espace<br />
Pimprenelle en janvier 1998. Les travaux réalisés la même année par l’Espace<br />
Pimprenelle 49 révèlent alors que les parents dont les enfants ont moins <strong>de</strong> trois ans<br />
recourent moins aux structures collectives qu’aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> individuelle.<br />
Les nourrices non déclarées sont plus souvent sollicitées que les nourrices agréées. Outre<br />
le fait que les assistantes maternelles comme les crèches sont, nous l’avons dit, en nombre<br />
insuffisant, les parents disposent alors d’une plus gran<strong>de</strong> latitu<strong>de</strong> au niveau <strong>de</strong>s horaires.<br />
Par ailleurs, malgré la prédominance <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> journée pour 61% <strong>de</strong> ces enfants,<br />
les gar<strong>de</strong>s partielles 50 <strong>de</strong> jour, en soirée ou <strong>de</strong> nuit <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans restent<br />
sensibles pour 39% <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, expliquant aussi l’importance<br />
<strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s réalisées par la famille (hors parents).<br />
Répartition géographique <strong>de</strong>s bénéficiaires <strong>de</strong>s services<br />
<strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle en 2004 (en %)<br />
Nourrice non déclarée<br />
Famille (hors parents)<br />
Assistantes maternelles agréées<br />
Crèches<br />
Parents eux-mêmes<br />
Employé salarié à domicile<br />
Jeunes filles au pair<br />
Les gar<strong>de</strong>s partielles restent en effet, les plus répandues, avant même les gar<strong>de</strong>s continues<br />
<strong>de</strong> journée entre 7h et 19h. Toutefois, il convient <strong>de</strong> souligner l’importance <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s<br />
après 19h qu’il s’agisse <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s partielles ou non. Enfin, les agents ont besoin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
les week-ends et jours fériés pour 39,5% d’entre eux.<br />
48- RATP (1987), La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants du personnel d’exploitation <strong>de</strong>s réseaux ferrés et routiers en horaires décalés ou irréguliers, RATP<br />
Service Social.<br />
L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1983 ayant porté sur 522 parents d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans et celle <strong>de</strong> 1987 sur un échantillon global <strong>de</strong> 669 agents en<br />
horaires décalés, parents d’au moins un enfant âgé <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12 ans, ne permettent pas d’effectuer <strong>de</strong>s comparaisons en raison du défaut<br />
d’homogénéité <strong>de</strong>s séries. Qui plus est, l’ancienneté <strong>de</strong> celles-ci ne nous permet pas <strong>de</strong> nous y référer en termes <strong>de</strong> chiffres. Pour autant,<br />
elles nous permettent d’appréhen<strong>de</strong>r un certain nombre <strong>de</strong> tendances quant aux caractéristiques <strong>de</strong>s agents RATP, confirmées par l’étu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> 1998.<br />
49- Espace Pimprenelle (1998), op. cité.<br />
50- Les gar<strong>de</strong>s partielles recouvrent un nombre d’heures allant <strong>de</strong> 1h00 à 5h00 maximum par jour dans une fourchette <strong>de</strong> 6,7 à 14 jours par mois.<br />
45<br />
24<br />
21<br />
19<br />
17<br />
11<br />
Source : d’après Espace Pimprenelle (1998).<br />
5<br />
3<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Les horaires <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 7 ans en 1998 (en %)<br />
Bien entendu, les modalités <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> varient selon que les parents sont contraints par<br />
<strong>de</strong>s horaires atypiques ou <strong>de</strong>s horaires dits <strong>de</strong> bureau. Ainsi, lorsque les <strong>de</strong>ux conjoints<br />
sont soumis à <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> bureau, les enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> la Régie<br />
seront majoritairement accueillis en crèches collectives. Et dans ce cas, un complément<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong> autre est nécessaire pour 79% <strong>de</strong>s enfants.<br />
Lorsque les <strong>de</strong>ux parents sont en horaires atypiques, les enfants seront, pour le plus<br />
grand nombre, accueillis en nourrice non déclarée, signe qu’en plus <strong>de</strong>s difficultés<br />
potentielles <strong>de</strong>s adultes quant à entretenir <strong>de</strong>s liens sociaux, les enfants, dont les parents<br />
travaillent en horaires atypiques, ont aussi moins d’occasion que les autres <strong>de</strong> fréquenter<br />
<strong>de</strong>s collectifs d’enfants.<br />
L’organisation <strong>de</strong> ces mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> impactent en effet indistinctement sur la vie <strong>de</strong>s<br />
enfants, les préoccupations <strong>de</strong>s agents et plus largement les temps <strong>de</strong> la famille.<br />
A cet effet, les rapports préliminaires 51 à la mise en place <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle mettent<br />
en exergue la nécessité <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong> leurs temps. Parce que les premières<br />
années <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s enfants sont déterminantes dans leur équilibre social et affectif et<br />
pour leur avenir, la prise en compte <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> constitue pour les initiateurs <strong>de</strong><br />
l’Espace Pimprenelle une question d’intérêt général, au même titre que celle <strong>de</strong> l’acheminement<br />
<strong>de</strong>s franciliens.<br />
Côté parents, les solutions “officieuses” majoritairement “choisies” <strong>de</strong>meurent fragiles.<br />
- En premier lieu, le choix <strong>de</strong> la nourrice non déclarée se fait en toute opacité, à défaut<br />
<strong>de</strong> formation, <strong>de</strong> reconnaissance officielle <strong>de</strong> l’expérience et <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> la<br />
personne retenue. Outre le fait qu’il est comme tout “travail au noir” générateur <strong>de</strong><br />
précarités multiples quant à l’assurance vieillesse, l’assurance maladie et chômage et<br />
aux congés payés, il induit aussi un climat d’incertitu<strong>de</strong> pour les parents, particulièrement<br />
prégnant lors <strong>de</strong>s premiers mois d’adaptation <strong>de</strong> l’enfant (et <strong>de</strong>s parents dans le<br />
même temps) après les congés maternité et paternité.<br />
51- Lacroix C. (1997), op. cité.<br />
Horaires <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s<br />
Gar<strong>de</strong>s partielles dont :<br />
- gar<strong>de</strong>s partielles entre 7h et 21h<br />
- gar<strong>de</strong>s partielles après 19h<br />
- gar<strong>de</strong>s partielles avant 7h<br />
Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> 7h à 19h<br />
Gar<strong>de</strong> finissant après 19h<br />
Gar<strong>de</strong> débutant avant 7h<br />
Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> nuit<br />
De 17h-22h à 7h-8h30<br />
Source : d’après Espace Pimprenelle (1998).<br />
46<br />
Part <strong>de</strong>s enfants<br />
50,1<br />
45,5<br />
38,3<br />
16,2<br />
29,3<br />
10,6<br />
6,6<br />
3,4
- Par ailleurs, les solutions “officieuses” dans leur ensemble obligent les parents à réorganiser<br />
fréquemment et à tout moment les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> en fonction <strong>de</strong> leurs plannings,<br />
<strong>de</strong> ceux <strong>de</strong>s grands-parents, <strong>de</strong>s amis ou <strong>de</strong> la nourrice, induisant alors une<br />
préoccupation constante et un défaut <strong>de</strong> sérénité : “…j’aurais souhaité travailler en<br />
matin et pouvoir faire gar<strong>de</strong>r mon enfant à domicile mais je suis en nuit et je culpabilise<br />
au travail <strong>de</strong> voir mon enfant si peu…” 52 . Il ressort <strong>de</strong>s témoignages <strong>de</strong>s agents<br />
parents un phénomène <strong>de</strong> désynchronisation <strong>de</strong>s temps, selon lequel “au travail, on<br />
pense aux enfants et à la maison, on pense au travail”, dont le sentiment diffus d’une<br />
sphère à l’autre reste celui <strong>de</strong> la culpabilité : celle <strong>de</strong> ne pas être assez disponible pour<br />
le travail parce que l’on se soucie <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s enfants et celle <strong>de</strong> ne pas s’occuper<br />
correctement <strong>de</strong>s enfants parce que l’on songe à s’investir plus encore dans le travail.<br />
Dans ces conditions, la conciliation <strong>de</strong>s temps sociaux s’opèrent dans un climat générateur<br />
<strong>de</strong> stress et d’angoisse pour les salarié(e)s tout en créant les conditions requises d’une<br />
indisponibilité partielle ou permanente tant dans la sphère professionnelle que dans la<br />
sphère privée. Paradoxalement, cette indisponibilité est aussi un élément constitutif <strong>de</strong><br />
la charge mentale <strong>de</strong>s agents, influant sur le travail mais également sur la famille et l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s agents et <strong>de</strong> leurs enfants.<br />
En outre, ces solutions dites “officieuses” ont un impact sensible sur les budgets <strong>de</strong>s<br />
agents.<br />
b- Les frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s salarié(e)s <strong>de</strong> la RATP : <strong>de</strong>s agents<br />
financièrement pénalisés quelque soit le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
Le salaire moyen mensuel <strong>de</strong>s salariés <strong>de</strong> la RATP en 2002 est <strong>de</strong> 2442 euros brut, avec<br />
une évolution <strong>de</strong> 2,3% <strong>de</strong> 2000 à 2001.<br />
Hommes<br />
Femmes<br />
Ensemble<br />
Evolution <strong>de</strong>s salaires <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP (en %)<br />
En 1998, les étu<strong>de</strong>s révèlent que la part la plus importante <strong>de</strong>s salarié(e)s se situe<br />
dans la tranche <strong>de</strong> revenus compris entre 2744 euros brut mensuel et 3201 euros.<br />
52- Espace Pimprenelle (1998), op. cité, p. 19.<br />
2000/1999<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle.<br />
1,1<br />
2,8<br />
1,9<br />
47<br />
2001/2000<br />
2,3<br />
3,1<br />
2,7<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Répartition <strong>de</strong>s salarié(e)s selon leurs salaires bruts mensuels en 1998 (en %)<br />
Revenu 914 à<br />
mensuel 1463<br />
moyen euros<br />
Part <strong>de</strong>s<br />
salarié(e)s<br />
Répartition <strong>de</strong>s salariés selon leurs frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
par mois pour le premier enfant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans en 1998 (en %)<br />
Frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
(hors ai<strong>de</strong>s publiques)<br />
Pas <strong>de</strong> frais<br />
3,4<br />
Supérieur à 76 euros<br />
Entre 76 et 150 euros<br />
Entre 150 et 300 euros<br />
Entre 300 et 450 euros<br />
Plus <strong>de</strong> 450 euros<br />
Répartition <strong>de</strong>s salarié(e)s<br />
13,51<br />
6,75<br />
17,43<br />
33,12<br />
23,31<br />
5,88<br />
Source : d’après Espace Pimprenelle (1998).<br />
En effet, en ayant recours aux solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s dites “officielles”, les agents <strong>de</strong> la<br />
RATP soumis aux horaires décalés et variables sont confrontés à différentes difficultés.<br />
- En optant pour une assistante maternelle plutôt que pour un mo<strong>de</strong> d’accueil collectif<br />
en crèche, le rapport <strong>de</strong> 1995 montre que les parents (à un salaire donné) sont en<br />
moyenne lésés <strong>de</strong> 124 euros par mois.<br />
Comparatif <strong>de</strong>s frais engagés selon les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> (hors ai<strong>de</strong>s publiques)<br />
Coût <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> en structure collective<br />
18 euros par jour<br />
378 euros par mois*<br />
1463 à<br />
1829<br />
euros<br />
14,18<br />
1829 à<br />
2286<br />
euros<br />
10,41<br />
2286 à<br />
2744<br />
euros<br />
19,75<br />
Pour un couple agents <strong>de</strong> station percevant 2774 euros (brut mensuel)<br />
Source : d’après Espace Pimprenelle (1998).<br />
48<br />
2744 à<br />
3201<br />
euros<br />
22,48<br />
3201 à<br />
3811<br />
euros<br />
12,57<br />
Source : d’après RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle.<br />
Coût <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> auprès d’une assistante maternelle<br />
24 euros par jour (31 euros par jour - 7 euros<br />
d’Allocation d’ai<strong>de</strong>s à la famille)<br />
504 euros par mois<br />
3811 à<br />
4573<br />
euros<br />
4,31<br />
Plus <strong>de</strong><br />
4573<br />
euros<br />
3,05<br />
Non<br />
réponse<br />
3,41
Les ai<strong>de</strong>s financières aux parents<br />
(hors ai<strong>de</strong>s RATP) : quelques exemples<br />
- Allocation pour jeune enfant (AJE) : non liée<br />
aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, mais à la situation familiale,<br />
il s’agit d’une prestation attribuée aux<br />
parents d’enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans, sous conditions<br />
<strong>de</strong> ressources sans qu’il soit nécessaire que l’enfant<br />
soit mis en gar<strong>de</strong>.<br />
Des ai<strong>de</strong>s qui concernent directement la gar<strong>de</strong> :<br />
- Allocation d’ai<strong>de</strong> à la famille pour l’emploi d’une<br />
assistante maternelle agréée (AFEAMA) : sous<br />
condition <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> par une assistante maternelle<br />
agrée, elle est versée par la Caisse d’allocations<br />
familiales (CAF) trimestriellement qui règle<br />
aussi à la place <strong>de</strong>s parents les cotisations dues<br />
à l’URSSAF. Comme pour les gar<strong>de</strong>s en crèche,<br />
elle s’accompagne d’une déduction fiscale.<br />
- Allocation <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfant à domicile (AGED) :<br />
elle est versée par la CAF qui règle directement<br />
à l’URSSAF 50 à 75 % <strong>de</strong>s cotisations dues pour<br />
un(e) employé(e) à domicile et s’accompagne<br />
d’une déduction fiscale.<br />
- Allocation parentale d’éducation (APE) : elle est<br />
versée jusqu’à la troisième année <strong>de</strong> l’enfant s’il<br />
y a au moins <strong>de</strong>ux enfants à charge dont l’un est<br />
âgé <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 ans et si l’un <strong>de</strong>s parents (ou<br />
les <strong>de</strong>ux) le gar<strong>de</strong> à temps partiel ou si l’un <strong>de</strong>s<br />
parents a interrompu totalement son activité<br />
dans le cadre d’un congé parental.<br />
Source : d’après Espace Pimprenelle (1998).<br />
En ce sens, les propositions <strong>de</strong><br />
1995 <strong>de</strong> l’Unité d’action sociale<br />
<strong>de</strong> la RATP visaient à “ramener le<br />
tarif d’une assistante maternelle<br />
agréée à celui appliqué en crèche<br />
pour les agents” 53 .<br />
Par ailleurs, <strong>de</strong> manière à pallier<br />
aux horaires d’ouverture <strong>de</strong>s<br />
structures “officielles”, les parents<br />
engagent <strong>de</strong>s frais supplémentaires<br />
<strong>de</strong> recours à d’autres<br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s, en particulier<br />
après 19h.<br />
Dès lors, ils sont contraints<br />
d’avoir recours à <strong>de</strong>s solutions<br />
plus “officieuses”. Dans ce cadre,<br />
le recours aux nourrices non<br />
déclarées présente un certain<br />
nombre <strong>de</strong> désavantages financiers<br />
:<br />
- d’une part, la participation<br />
n’ayant pas pour assise les<br />
revenus <strong>de</strong>s parents, ce mo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>vient très vite proportionnellement<br />
plus onéreux<br />
pour les bas salaires que d’autres<br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> telles que<br />
les crèches collectives dont la<br />
participation est fonction <strong>de</strong>s<br />
salaires du ménage ; “…seule<br />
avec <strong>de</strong>ux enfants sans famille sur place, je paie très cher la gar<strong>de</strong> avec une nourrice au<br />
noir du fait <strong>de</strong> mes horaires décalés, cela grève mon budget…” 54 ;<br />
- d’autre part, parce que les nourrices ne sont pas déclarées, les parents ne peuvent<br />
accé<strong>de</strong>r aux ai<strong>de</strong>s publiques relatives aux frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />
Côté enfants, il convient <strong>de</strong> noter en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s aspects financiers dont ils peuvent aussi<br />
ressentir tout le poids au travers <strong>de</strong>s soucis <strong>de</strong> leurs parents, que les nourrices non déclarées<br />
ne peuvent disposer <strong>de</strong>s mêmes infrastructures d’accueil, en termes <strong>de</strong> jeux, d’éveils<br />
psychomoteurs et <strong>de</strong> suivi médical que les crèches collectives, les nourrices agréées, ou<br />
les haltes gar<strong>de</strong>ries…<br />
L’ensemble <strong>de</strong> ces préoccupations a donc été relayé par les partenaires sociaux.<br />
53- Unité d’action sociale et prévention <strong>de</strong> la RATP (1995), op. cité, p.6.<br />
54- Espace Pimprenelle (1998), op. cité, p. 19.<br />
49<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
c- La position <strong>de</strong>s partenaires sociaux : une mobilisation <strong>de</strong>s<br />
organisations syndicales à l’origine <strong>de</strong> la création <strong>de</strong><br />
l’Espace Pimprenelle<br />
Certaines organisations syndicales <strong>de</strong> la Régie se sont historiquement investies autour <strong>de</strong><br />
la question <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> d’enfants <strong>de</strong>s agents. Cette <strong>de</strong>rnière était ainsi régulièrement portée<br />
au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la scène, à l’occasion <strong>de</strong> la journée <strong>de</strong> la femme du 8 mars, lors <strong>de</strong> manifestations<br />
revendiquant la prise en compte <strong>de</strong>s difficultés d’accueil <strong>de</strong>s enfants par l’entreprise.<br />
La création <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle a ainsi procédé d’une “forte mobilisation et<br />
beaucoup <strong>de</strong> persévérance autour <strong>de</strong> ce sujet sensible et omniprésent”, avec une plus ou<br />
moins gran<strong>de</strong> implication selon les centrales syndicales et à l’intérieur même selon les<br />
métiers. Le corps <strong>de</strong>s agents “métro”, composé <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 60% <strong>de</strong> femmes, a ainsi très<br />
tôt largement investi la question.<br />
Les réunions intersyndicales se sont ainsi succédées <strong>de</strong>puis 1997 sur la problématique.<br />
Dans ce cadre, les élus <strong>de</strong>s différentes centrales syndicales réclamaient “une prise en<br />
charge par l’employeur <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s agents à la hauteur <strong>de</strong><br />
ses responsabilités” et ce, “en faveur d’une plus gran<strong>de</strong> sérénité <strong>de</strong>s agents”. Par ailleurs,<br />
les élus dénonçaient le recours massif à <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> “au noir”.<br />
Les gar<strong>de</strong>s d’enfants : une réflexion intersyndicale ancienne<br />
15/12/1997 Première réunion intersyndicale sur la question <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s d’enfants.<br />
1998 Différentes audiences intersyndicales sur ce thème.<br />
18/03/1999 Réunions intersyndicales sur les gar<strong>de</strong>s d’enfants avec propositions,<br />
simulations financières et présentation <strong>de</strong> l’enquête <strong>de</strong> 1998 effectuée<br />
par l’Espace Pimprenelle.<br />
1999 Différentes audiences intersyndicales sur ce thème.<br />
14/06/1999 Réunion intersyndicale <strong>de</strong> finalisation du projet.<br />
07/09/1999 Protocole d’accord entre les différentes organisations syndicales et la<br />
RATP sur les gar<strong>de</strong>s d’enfants et les allocations financières versées à<br />
ce titre par la Régie.<br />
Après la création <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle, les différentes organisations syndicales,<br />
alors convaincues <strong>de</strong> l’utilité <strong>de</strong> la structure, se sont engagées à véhiculer<br />
l’information concernant les services offerts, tout en regrettant les insuffisances en<br />
termes <strong>de</strong> communication <strong>de</strong>s directions <strong>de</strong>s ressources humaines <strong>de</strong> la Régie. Après la<br />
mise en œuvre <strong>de</strong> l’allocation pour frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> en 1999 qui engendrera comme nous<br />
le soulignerons ultérieurement, un accroissement <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> l’Espace,<br />
les organisations syndicales dénonceront plus encore, le manque <strong>de</strong> moyens mis à disposition<br />
tant en termes <strong>de</strong> personnel qu’en termes <strong>de</strong> budget au profit d’un véritable<br />
outil <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps pour les agents.<br />
Un certain nombre d’organisation va plus loin dans la réflexion en réclamant une autre<br />
ai<strong>de</strong> et ce, dans le cadre “d’une politique globale et transversale à toute l’entreprise en<br />
faveur d’un management intelligent, qui prenne en compte la question <strong>de</strong> la conciliation<br />
50
<strong>de</strong>s temps comme un immense enjeu social” 55 . A ce titre, ces <strong>de</strong>rnières proposent dès<br />
1999, un aménagement autre du temps <strong>de</strong> travail pour les parents, un nouveau statut<br />
au temps partiel en tant que temps réduit choisi et au final, une véritable réduction collective<br />
du temps <strong>de</strong> travail. Le caractère collectif <strong>de</strong> la problématique ne manquera pas<br />
d’être souligné et à ce titre, au <strong>de</strong>là d’une solution entreprise, les organisations syndicales<br />
s’interrogeront dès lors <strong>de</strong> manière permanente sur l’insuffisance <strong>de</strong> prise en compte <strong>de</strong><br />
la problématique <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps par l’Etat 56 .<br />
Parce qu’il a été le fruit d’une importante mobilisation et d’une recherche <strong>de</strong><br />
convergences <strong>de</strong>s partenaires sociaux sur la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s<br />
temps, l’Espace Pimprenelle constitue un projet innovant, dans sa conception<br />
comme dans son fonctionnement.<br />
3.3 Fonctionnement <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle<br />
A partir <strong>de</strong> 1998, les missions et prérogatives <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle vont octroyer à la<br />
structure une véritable compétence d’expertise sur la question <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s<br />
temps professionnels et temps privés.<br />
a- Les missions <strong>de</strong> Pimprenelle : <strong>de</strong>s missions contribuant à<br />
une plus gran<strong>de</strong> sérénité <strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong> leur famille<br />
L’Espace Pimprenelle a été créé en janvier 1998 en vue d’apporter une réponse efficace<br />
à l’ensemble <strong>de</strong>s familles agents <strong>de</strong> la RATP concernées par la recherche d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong>. En 2004, l’équipe Pimprenelle compte trois postes à temps complets, dont <strong>de</strong>ux<br />
cadres et un agent <strong>de</strong> maîtrise. Par ailleurs, la structure est renforcée par la présence <strong>de</strong><br />
femmes enceintes en restriction d’emploi dont les salaires ne sont donc supportés par<br />
l’Espace Pimprenelle. Hormis le fait que cette affectation diffuse l’idée qu’il est possible<br />
pour les femmes le souhaitant <strong>de</strong> travailler durant leurs grossesses à condition d’un<br />
véritable aménagement <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail, elle permet aussi à l’Espace d’adapter<br />
ses informations et documentations à l’évolution <strong>de</strong>s besoins en termes <strong>de</strong> parentalité<br />
véhiculés par ces futures mères. Outre que cette affectation donne à ces <strong>de</strong>rnières toute<br />
information concernant la gar<strong>de</strong> d’enfants, elle constitue aussi une occasion supplémentaire<br />
<strong>de</strong> faire connaître les missions <strong>de</strong> la structure par le biais <strong>de</strong> ces femmes lors <strong>de</strong> leur<br />
retour à leurs services d’origine.<br />
En 2004, l’Espace entièrement financé par l’entreprise dispose d’un budget <strong>de</strong> 1,2 millions<br />
d’euros (contre 0,34 million en 1998) pour financer ses missions.<br />
Les missions <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle s’articule autour <strong>de</strong> trois axes :<br />
• Un rôle d’information stipulant :<br />
- informations systématiques aux femmes enceintes ;<br />
- conseils et orientations par entretiens personnalisés auprès <strong>de</strong> chaque agent concerné<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur d’une information sur les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ;<br />
- réalisation <strong>de</strong> plaquettes d’informations sur les différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> pour l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s agents ;<br />
55- Procès verbaux <strong>de</strong> séance du comité d’entreprise (1999), op. cité.<br />
56- Procès verbaux <strong>de</strong> séance du comité d’entreprise (2000), op. cité.<br />
51<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
- établissement d’une base <strong>de</strong> données sur les structures existantes en termes <strong>de</strong> crèches<br />
collectives, parentales, familiales, haltes gar<strong>de</strong>ries, assistantes maternelles ;<br />
- liaisons et informations auprès du service social, <strong>de</strong>s ressources humaines <strong>de</strong>s différentes<br />
unités, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ;<br />
- création d’une base documentaire.<br />
Au travers <strong>de</strong> ce rôle d’information, l’Espace Pimprenelle vise à contribuer, à créer et à<br />
développer <strong>de</strong>s emplois réglementés en permettant aussi aux agents <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong>s<br />
avantages prévus en termes d’ai<strong>de</strong>s publiques.<br />
• Un rôle <strong>de</strong> relais :<br />
- analyser et faire connaître les besoins <strong>de</strong> l’entreprise en matière <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> aux<br />
services compétents : caisses d’allocations familiales, conseils généraux et collectivités<br />
locales ;<br />
- constituer un réseau <strong>de</strong> partenaires spécialisés sur le sujet dans chaque département<br />
d’Ile-<strong>de</strong>-France afin <strong>de</strong> pouvoir négocier <strong>de</strong>s solutions adaptées ;<br />
- rechercher <strong>de</strong>s partenariats avec d’autres entreprises connaissant les mêmes situations<br />
problématiques afin d’établir <strong>de</strong>s propositions innovantes.<br />
• Un rôle <strong>de</strong> propositions :<br />
- établir <strong>de</strong>s projets pouvant être sectorisés sur <strong>de</strong>s zones restreintes et pris en charge<br />
par l’entreprise.<br />
En septembre 1999 57 , l’ensemble <strong>de</strong>s partenaires sociaux s’entend à nouveau sur la mise<br />
en œuvre d’une allocation étendue pour frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Régie en faveur <strong>de</strong>s agents,<br />
parents d’enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 7 ans. Les partenaires reprochaient à la politique antérieure<br />
d’attribution d’allocations :<br />
- son caractère discriminant : avant 1999, seuls les femmes agents et les hommes,<br />
parents isolés, disposaient <strong>de</strong> l’allocation ;<br />
- son incitation au travail non déclaré : la Régie ayant, pour un temps, versé <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong><br />
remboursement pour gar<strong>de</strong>s non agréées.<br />
L’Espace Pimprenelle se voit ainsi, à partir <strong>de</strong> 1999, attribuer une nouvelle prérogative,<br />
selon laquelle toute <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’allocation faite par les agents sur imprimé et accompagnée<br />
<strong>de</strong> pièces justificatives doit être transmise à l’Espace Pimprenelle. L’examen <strong>de</strong> ces<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s situations afférentes aux agents et à leurs familles revient ainsi à<br />
l’Espace Pimprenelle. Cette nouvelle prérogative <strong>de</strong>vient alors une <strong>de</strong>s fonctions majeure<br />
<strong>de</strong> l’Espace. Elle s’inscrit également dans la construction avec les agents <strong>de</strong> solutions <strong>de</strong><br />
conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux : “il est logique d’engager le paiement <strong>de</strong> l’allocation<br />
quand on a donné préalablement toutes les pistes pour la gar<strong>de</strong> ainsi que les éléments<br />
réglementaires.” 58<br />
57- Brun M., Chassagne M. (1999), Rapport d’activité N°2 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle, RATP – GIS/PSP.<br />
58- Brun M., Chassagne M. (1999), op. cité.<br />
52
Les modalités d’ai<strong>de</strong> financière <strong>de</strong> la RATP<br />
aux agents utilisant une gar<strong>de</strong> réglementée<br />
pour leurs enfants<br />
Les bénéficiaires : l’ai<strong>de</strong> est accordée au personnel contractuel ou permanent, dans<br />
l’obligation <strong>de</strong> placer leur enfant dans une structure <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> réglementée : crèche,<br />
halte gar<strong>de</strong>rie, assistante maternelle agrée, gar<strong>de</strong> déclarée à domicile…<br />
Conditions d’attribution : l’allocation versée est fonction :<br />
- d’un plafond <strong>de</strong> salaire du couple ou du parent isolé, croisé avec le nombre<br />
d’enfants à charge,<br />
- du type d’horaires dits “<strong>de</strong> bureau” <strong>de</strong> 7h00 à 19h00 ou atypiques avant 7h00<br />
et/ou après 19h00 ou <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s dites partielles (sans repas),<br />
- <strong>de</strong>s jours <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> : du lundi au samedi ou les dimanches, nuits et jours fériés,<br />
- <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> utilisées,<br />
- <strong>de</strong> la tranche d’âge <strong>de</strong> l’enfant : moins <strong>de</strong> 3 ans ou 3 à 7 ans.<br />
L’ensemble <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> l’Espace s’inscrit donc aux limites <strong>de</strong> la vie professionnelle et<br />
personnelle <strong>de</strong>s agents parents, en vue d’organiser et <strong>de</strong> préserver les meilleures relations<br />
possibles entre parents et enfants d’une part, mais également <strong>de</strong> contribuer à une plus<br />
gran<strong>de</strong> sérénité et à un mieux être <strong>de</strong>s personnels au travail.<br />
b- Bilan <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle : l’Espace<br />
Pimprenelle, une compétence d’expertise en matière <strong>de</strong><br />
conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
La mission d’information <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle s’est naturellement subdivisée au<br />
cours <strong>de</strong>s années entre l’information et le conseil auprès <strong>de</strong>s agents d’une part, et les<br />
échanges avec un certain nombre <strong>de</strong> relais externes liés à l’enfance et la petite enfance.<br />
Dans le cadre <strong>de</strong> ces missions d’information auprès <strong>de</strong>s parents agents <strong>de</strong> la RATP, les<br />
contacts pris par les agents avec l’Espace ont cru <strong>de</strong> manière sensible <strong>de</strong>puis 1998 : <strong>de</strong><br />
600 contacts en 1998 à 3600 contacts en 2002, année où la structure a considérablement<br />
vu son activité augmenter. L’Espace Pimprenelle a également organisé <strong>de</strong>s contacts<br />
systématiques avec les futurs parents agents <strong>de</strong> la Régie.<br />
53<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Nouveaux contacts entre l’Espace Pimprenelle et les agents <strong>de</strong> la RATP<br />
(hors contacts systématiques maternité)<br />
1998<br />
600<br />
1999<br />
897<br />
Différents supports d’information ont été mis en place en vue d’améliorer la communication<br />
sur les missions <strong>de</strong> l’Espace : plaquettes et notices d’informations à l’usage <strong>de</strong>s<br />
responsables <strong>de</strong> ressources humaines et <strong>de</strong>s salarié(e)s, informations dans les journaux<br />
<strong>de</strong> lignes, réunions sur sites avec prise <strong>de</strong> contacts direct auprès <strong>de</strong>s agents, utilisation<br />
du site intranet <strong>de</strong> l’entreprise, du journal du comité d’entreprise... L’ensemble <strong>de</strong> ces<br />
actions a bénéficié d’un relais opéré par les différentes organisations syndicales.<br />
A cette mission d’information, s’ajoutent celles <strong>de</strong> l’écoute, <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong> possibles, <strong>de</strong> simulations financières et d’ai<strong>de</strong>s à la contractualisation. Dans le<br />
cadre <strong>de</strong> ses missions <strong>de</strong> conseils auprès <strong>de</strong>s parents agents, l’Espace Pimprenelle s’attèle<br />
aussi à la résolution <strong>de</strong> situations sociales complexes fragilisant l’ensemble <strong>de</strong> la famille :<br />
longues maladies, ruptures…<br />
Enfin, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s dossiers <strong>de</strong>s agents permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s points d’imprécision<br />
et d’irrégularité <strong>de</strong>s contrats établis avec les personnels <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />
L’ensemble conduit à ce que l’équipe Pimprenelle développe une compétence<br />
d’expertise relative à l’évolution <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps<br />
sociaux au sein <strong>de</strong> la Régie, à un niveau microéconomique.<br />
Par ailleurs, les relations avec <strong>de</strong>s relais externes liés à l’enfance et à la petite enfance<br />
ont conduit l’Espace Pimprenelle à tisser un ensemble <strong>de</strong> relations avec :<br />
- la Caisse Nationale d’Assurance Familiale,<br />
- divers responsables locaux, départementaux et nationaux <strong>de</strong> la petite enfance,<br />
- <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins responsables <strong>de</strong> la Protection Maternelle et Infantile,<br />
- la participation à <strong>de</strong>s congrès mondiaux portant sur la gestion <strong>de</strong>s ressources humaines,<br />
- <strong>de</strong>s sénateurs et parlementaires,<br />
- la transmission d’informations sur l’Espace Pimprenelle auprès du ministre délégué<br />
à la famille et à l’enfance, du secrétaire d’Etat aux droits <strong>de</strong>s femmes et à la formation<br />
professionnelle.<br />
Bien entendu, l’Espace Pimprenelle a considérablement accru son réseau d’assistantes<br />
maternelles, en recherchant aussi <strong>de</strong>s interlocuteurs susceptibles <strong>de</strong> répondre aux<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s matinales ou tardives, ou encore pour les week-end et jours fériés,<br />
et ce, sur différents départements d’Ile-<strong>de</strong>-France en fonction <strong>de</strong>s domiciles <strong>de</strong>s agents.<br />
Ce réseau a été tissé avec la volonté <strong>de</strong> fidéliser <strong>de</strong>s assistantes maternelles, en dépit<br />
d’un versement direct d’in<strong>de</strong>mnité évitant l’avance préalable <strong>de</strong>s parents, comme c’est<br />
le cas dans d’autres entreprises telles que La Poste. L’équipe <strong>de</strong> l’Espace s’est fortement<br />
intéressée <strong>de</strong>puis sa création, aux projets innovants en matière <strong>de</strong> crèche associative<br />
cumulant différents horaires <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> atypique.<br />
54<br />
2000<br />
989<br />
Source : d’après les rapports d’activité <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle.<br />
2001<br />
1049<br />
2002<br />
3600
A l’interface entre les solutions <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> qui s’offrent aux enfants et les contraintes<br />
horaires <strong>de</strong> leurs parents, l’Espace Pimprenelle dispose aussi d’arguments en faveur <strong>de</strong><br />
la création <strong>de</strong> places <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> par les collectivités territoriales. En plus d’être au cœur <strong>de</strong><br />
la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux, l’Espace Pimprenelle se situe par ailleurs dans une<br />
démarche ouverte sur la question <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>s villes en lien avec sa situation géographique<br />
et l’activité <strong>de</strong> transports <strong>de</strong> la Régie.<br />
D’une manière générale, le maintien et l’enrichissement <strong>de</strong> ces échanges extérieurs<br />
a permis à l’Espace <strong>de</strong> développer une véritable compétence d’expertise quant<br />
aux évolutions <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong>s collectivités locales et <strong>de</strong>s politiques d’Etat<br />
en matière <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps sociaux, à un niveau macroéconomique.<br />
Le traitement <strong>de</strong>s allocations versées par la Régie pour la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s<br />
personnels constitue <strong>de</strong>puis 1999, une activité croissante <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle, supposant<br />
outre l’information <strong>de</strong>s parents en la matière, la simulation <strong>de</strong>s charges financières<br />
selon les différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, le contrôle <strong>de</strong>s justificatifs nécessaires au versement<br />
<strong>de</strong>s allocations.<br />
Les nouveaux dossiers <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’allocations examinés par l’Espace Pimprenelle<br />
Nouveaux dossiers <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />
d’allocation examinés<br />
1999<br />
113<br />
2000<br />
Les dossiers examinés par l’Espace Pimprenelle se sont ainsi fortement accrus en cinq<br />
ans, en particulier à partir <strong>de</strong> 2002, sous l’effet d’un nouveau protocole intersyndical<br />
relatif aux allocations <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, stipulant entre autres :<br />
- une augmentation <strong>de</strong>s plafonds salariaux <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> 7,1% par exemple <strong>de</strong> 2001<br />
à 2002 dans le cas d’un couple ou d’un parent isolé ayant un à <strong>de</strong>ux enfants,<br />
- un prolongement au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s trois ans jusqu’à la rentrée scolaire suivante, <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong><br />
financière, pour l’enfant ne disposant pas <strong>de</strong> place à l’école maternelle.<br />
Plafonds <strong>de</strong> revenus pour bénéficier <strong>de</strong> l’allocation RATP <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants<br />
(salaire brut mensuel pour un couple ou pour un agent parent isolé)<br />
1 à 2 enfants<br />
3 enfants<br />
4 enfants<br />
5 enfants et plus<br />
1998<br />
3707<br />
4078<br />
4264<br />
4449<br />
1999<br />
3713<br />
4085<br />
4270<br />
4456<br />
811<br />
Source : d’après les rapports d’activité <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle.<br />
2000<br />
3728<br />
4101<br />
4287<br />
4474<br />
Source : d’après les rapports d’activité <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle.<br />
55<br />
2001<br />
2001<br />
963<br />
3890<br />
4278<br />
4473<br />
4667<br />
2002<br />
4165<br />
4537<br />
4722<br />
4908<br />
2002<br />
1 179 (0-3 ans)<br />
105 (3-7 ans)<br />
2003<br />
4203<br />
4577<br />
4765<br />
4952<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
L’année 2001 a également consacré la hausse <strong>de</strong> contribution <strong>de</strong> la RATP, pour la gar<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans en crèche (<strong>de</strong> 3,9 euros à 4,6 euros) et pour la gar<strong>de</strong> à domicile<br />
(<strong>de</strong> 4,3 à 4,9 euros).<br />
Taux journalier <strong>de</strong> contribution <strong>de</strong> la RATP aux différentes gar<strong>de</strong>s en 2003 (en euros)<br />
Enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans pour les agents en horaires réguliers<br />
ou atypiques entre 7h00 et 19h00<br />
Crèches 4,6<br />
Assistantes maternelles 4,9<br />
Gar<strong>de</strong> à domicile 4,9<br />
Enfants <strong>de</strong> 0 à 3 ans pour les agents en horaires atypiques<br />
avant 7h00 et après 19h00<br />
Crèches 4,6<br />
Assistantes maternelles en jours <strong>de</strong> semaine 6,2<br />
Assistantes maternelles dimanches, nuits ou jours fériés 9,1<br />
Assistantes maternelles en gar<strong>de</strong>s partielles 3,1<br />
Gar<strong>de</strong>s à domicile 40% du coût<br />
Source : d’après rapports d’activité <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle.<br />
La contribution <strong>de</strong> la Régie pour tous les autres mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, quelque soit l’âge <strong>de</strong>s<br />
enfants, est au même niveau <strong>de</strong>puis 1998 pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans et<br />
<strong>de</strong>puis 2001 pour les enfants <strong>de</strong> trois à sept ans. Si, comme nous l’avons souligné précé<strong>de</strong>mment,<br />
les agents optent plus particulièrement pour <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> non collectifs,<br />
on constate que la politique <strong>de</strong> l’entreprise encourage aussi ces choix, en favorisant les<br />
assistantes maternelles au détriment <strong>de</strong>s crèches par une contribution supérieure qui en<br />
retour ne manquera pas <strong>de</strong> susciter une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante pour ce type d’accueil.<br />
D’une manière générale, l’Espace Pimprenelle s’est progressivement doté d’une véritable<br />
compétence relative aux aspects financiers <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux.<br />
c- D’autres pistes <strong>de</strong> réflexions <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle :<br />
la conciliation <strong>de</strong>s temps à un niveau agrégé<br />
Après seulement quatre années <strong>de</strong> fonctionnement, le rapport d’évaluation aux<br />
“Bonnes Pratiques <strong>de</strong> la RATP” recensait bon nombre d’actions <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
décrites comme favorisant une meilleure cohérence entre la vie professionnelle et la vie en<br />
famille <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la RATP.<br />
Forte <strong>de</strong> ces différentes compétences d’expertise en la matière, l’équipe <strong>de</strong> l’Espace<br />
Pimprenelle poursuit sa réflexion principalement à <strong>de</strong>ux niveaux, à l’échelle européenne,<br />
d’une part, et à un niveau interentreprises d’autre part.<br />
56
A l’échelle européenne, l’équipe <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle s’intéresse <strong>de</strong> plus en plus à <strong>de</strong>s<br />
programmes promus par la Commission européenne. C’est à ce titre que l’Espace s’est<br />
engagé dans le projet Timetis développé par <strong>Emergences</strong> dans le cadre <strong>de</strong> l’initiative<br />
communautaire Equal, visant à sensibiliser les membres <strong>de</strong>s Institutions représentatives<br />
du personnel et les organisations syndicales au thème <strong>de</strong> l’inégale répartition du temps<br />
<strong>de</strong> travail et <strong>de</strong>s temps sociaux entre les hommes et les femmes, afin qu’ils puissent<br />
prendre en compte cette question dans leurs actions pour plus d’égalité professionnelle.<br />
L’Espace Pimprenelle développe également une réflexion concernant <strong>de</strong>s innovations en<br />
termes <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’enfants pour l’équilibre du temps familial, du temps professionnel et<br />
social, à un niveau européen dans le cadre du programme Ghepetto.<br />
Une crèche interentreprises aux horaires<br />
multiples pour les enfants <strong>de</strong> la zone<br />
d’activité <strong>de</strong> Pau (64)<br />
L’initiative est issue d’un partenariat<br />
entre la ville <strong>de</strong> Lescar, l’association <strong>de</strong>s<br />
commerçants <strong>de</strong> la zone et la CAF à la<br />
suite <strong>de</strong> plusieurs enquêtes auprès <strong>de</strong>s<br />
salarié(e)s <strong>de</strong> la zone sur les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> leurs enfants. Située à 500<br />
mètres du lieu <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s différents<br />
personnels <strong>de</strong>s entreprises Carrefour,<br />
Castorama, Décathlon, Norauto, la crèche<br />
accueille les enfants selon <strong>de</strong>ux<br />
mo<strong>de</strong>s horaires : l’un traditionnel entre<br />
7h45 et 18h30, l’autre atypique s’étale<br />
<strong>de</strong> 6h à 21h, voire 22h le vendredi et<br />
selon <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> fréquentation :<br />
l’une régulière, <strong>de</strong> 4 à 5 jours par<br />
semaine et l’autre plus ponctuelle et<br />
s’étalant du lundi au samedi.<br />
Le financement est partagé entre la CAF,<br />
les familles, la commune <strong>de</strong> Lescar et les<br />
différents employeurs.<br />
Source : Entreprises et carrières, n°674, du 17 au 23<br />
juin 2003.<br />
Inspiré par <strong>de</strong>s expérimentations telles<br />
que celles menées par la Caisse d’allocations<br />
familiales dans le Morbihan avec<br />
un outil intitulé Bambino-Service-Plus, il<br />
s’agirait <strong>de</strong> développer un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
24h sur 24 et 7 jours sur 7 au domicile<br />
<strong>de</strong>s parents qui travaillent en horaires<br />
décalés. Ce dispositif présente la caractéristique<br />
d’être complémentaire <strong>de</strong>s<br />
autres mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s. Avant et/ou<br />
après l’accueil en crèche, en halte gar<strong>de</strong>rie<br />
ou auprès d’une assistante maternelle,<br />
les personnels <strong>de</strong> Bambino, récupère<br />
l’enfant pour le conduire à son domicile.<br />
Ce projet a été accueilli favorablement<br />
par différents Etats : le Portugal, la Grèce,<br />
le Luxembourg… Le programme soutenu<br />
par la Commission européenne vise à<br />
vérifier que cette initiative a un impact<br />
sur l’articulation vie familiale, vie professionnelle<br />
et constitue un élément<br />
favorable pour la vie quotidienne <strong>de</strong>s<br />
parents et en particulier celle <strong>de</strong>s<br />
femmes. Il s’inscrit également dans<br />
l’optique <strong>de</strong> lutte contre les inégalités<br />
hommes/femmes <strong>de</strong>vant l’emploi.<br />
Au niveau national, l’équipe <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle réfléchit à <strong>de</strong> possibles initiatives<br />
communes entre différentes entreprises concernées par les horaires décalées, telles que<br />
La Poste, la SNCF… Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> crèches interentreprises, il convient <strong>de</strong> noter<br />
que ces différents établissements sont caractérisés par une mission <strong>de</strong> service public.<br />
D’une manière générale, ces <strong>de</strong>ux pistes <strong>de</strong> réflexion révèlent à quel point la question <strong>de</strong><br />
la conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux n’est pas une réflexion que seules les femmes ont à<br />
porter, ou que seule une entreprise pourrait résoudre, mais qu’elle relève bien plus d’une<br />
réflexion collective à mener.<br />
57<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
3.4 La conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux :<br />
<strong>de</strong>s questions collectives qui <strong>de</strong>meurent<br />
Les différents rapports d’activité soulignent un certain nombre <strong>de</strong> difficultés afférentes<br />
à la problématique <strong>de</strong> la conciliation <strong>de</strong>s temps.<br />
a- L’accueil <strong>de</strong>s enfants : une charge financière trop lour<strong>de</strong><br />
pour <strong>de</strong> nombreux ménages<br />
Une <strong>de</strong>s difficultés rencontrées par l’Espace Pimprenelle rési<strong>de</strong> dans le fait d’organiser le<br />
financement <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. En dépit <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s existantes, l’avance <strong>de</strong> frais reste<br />
pour certaines familles résolument problématique. Dans ce cadre, la RATP, sous l’impulsion<br />
<strong>de</strong>s organisations syndicales, s’est engagée dans une politique <strong>de</strong> contribution financière<br />
aux gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s agents. Pour autant, un certain nombre <strong>de</strong> difficultés <strong>de</strong>meurent.<br />
Ainsi, le montant <strong>de</strong> contribution <strong>de</strong> l’entreprise a posteriori, suppose toujours une<br />
avance <strong>de</strong> frais <strong>de</strong>s familles, y compris dans les situations les plus difficiles. Par ailleurs,<br />
l’allocation n’excè<strong>de</strong> en aucun cas 50% <strong>de</strong>s frais restant à charge <strong>de</strong>s familles ou se limite<br />
à 150 euros lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> à domicile pour les enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans,<br />
et ce, pour les agents dont les horaires <strong>de</strong> travail commencent avant 7h et finissent après 19h.<br />
Enfin, tandis que cette certaine forme d’organisation flexible du travail génère <strong>de</strong>s<br />
contraintes horaires sur la vie familiale <strong>de</strong>s personnels, il convient <strong>de</strong> noter aussi que la<br />
contribution financière <strong>de</strong> l’entreprise provient <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> richesses par les<br />
agents.<br />
b- La flexibilité <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong>s agents : une dérégulation <strong>de</strong>s<br />
horaires <strong>de</strong> travail en casca<strong>de</strong><br />
Les rapports d’activité <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle révèlent que les horaires variables, loin<br />
d’être marginaux, ne permettent pas <strong>de</strong> respecter un délai <strong>de</strong> prévenance nécessaire à<br />
l’équilibre <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. Il existe même un certain nombre d’incompatibilités<br />
entre les roulements <strong>de</strong> certains métiers <strong>de</strong> la RATP et les conventions collectives<br />
<strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, en particulier en ce qui concerne le délai <strong>de</strong> prévenance.<br />
Cette situation pose plus largement la question d’une dérégulation en casca<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
temps sociaux et familiaux certes, mais celle aussi <strong>de</strong> la dérégulation <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong>s<br />
personnels <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> et d’autres salarié(e)s qui ont en charge les enfants <strong>de</strong>s assistantes<br />
maternelles, puéricultrices, animateurs et animatrices <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> loisirs… Si ces horaires<br />
peuvent se justifier pour une part, par la mission d’intérêt général <strong>de</strong> l’entreprise, on<br />
note toutefois qu’ils sont à la fois cause et conséquence d’un accroissement d’une flexibilité<br />
globale du temps <strong>de</strong> travail en France. L’accroissement <strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong> horaire <strong>de</strong><br />
tous les salarié(e)s dans le commerce, l’industrie, certaines administrations nécessitent<br />
plus <strong>de</strong> transports en volume, en fréquence sur <strong>de</strong>s heures plus matinales, plus tardives,<br />
et y compris le samedi, le dimanche et les jours fériés. Ce faisant, les agents <strong>de</strong> la Régie<br />
sont à leur tour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’une plus gran<strong>de</strong> flexibilité <strong>de</strong>s personnels liés à la petite<br />
enfance.<br />
Se créent alors <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s besoins, <strong>de</strong>s nécessités et mêmes <strong>de</strong>s exigences, dont<br />
on ne perçoit plus les limites : pourquoi les centres commerciaux n’obtiendraient ils pas<br />
58
l’autorisation d’ouvrir plus tardivement, pourquoi les administrations publiques n’ouvriraientelles<br />
pas le dimanche si tous les autres salarié(e)s <strong>de</strong>s autres secteurs ont <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s<br />
horaires <strong>de</strong> plus en plus importantes qui ne leur permettent pas toujours <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong><br />
certains services? Dès lors, pourquoi les transports collectifs publics ne seraient ils pas<br />
accessibles 24h sur 24?<br />
Et si c’était le cas, cette amplitu<strong>de</strong> horaire serait à son tour autant d’opportunités pour<br />
d’autres entreprises, d’autres secteurs, <strong>de</strong> flexibiliser plus encore le temps <strong>de</strong> travail.<br />
Dans cette escala<strong>de</strong> sans fin, les conditions <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> travail et la qualité <strong>de</strong>s temps<br />
sociaux et familiaux afférentes sont reléguées au second rang, tandis que prime une certaine<br />
forme d’organisation présentée comme une évi<strong>de</strong>nce, solution unique incontestée et<br />
incontestable qui témoignerait d’une évolution incontournable et d’un progrès pour<br />
l’humanité. Or, on voit mal en quoi ce qui est décrit comme un “véritable progrès pour<br />
l’humanité” se traduit par une amélioration du bien-être <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s et<br />
<strong>de</strong> leurs enfants.<br />
c- Les missions <strong>de</strong> service public : intérêt général et bien-être<br />
<strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong> leurs enfants, les paradoxes<br />
La mission <strong>de</strong> service public s’accompagne d’une série d’ambiguïtés. Dans un cas, elle<br />
doit absolument être remplie lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> transports collectifs parisiens, y compris<br />
jusqu’à supporter les conséquences <strong>de</strong> la dérégulation globale <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> travail tandis<br />
que dans l’autre, lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> supprimer <strong>de</strong>s voies, <strong>de</strong>s lignes, <strong>de</strong>s bus, cette même<br />
mission <strong>de</strong>vient plus secondaire dans certaines zones rurales par exemple. Or quelque<br />
soit le cas <strong>de</strong> figure, c’est d’une part, l’usager et d’autre part, les salarié(e)s qui en pâtissent.<br />
Par ailleurs, les missions <strong>de</strong> service public se contredisent. Si le transport collectif constitue<br />
une mission d’intérêt général, il n’en va pas tout à fait <strong>de</strong> même dans les faits, quant à<br />
l’équilibre <strong>de</strong>s enfants, eu égard au temps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> leurs parents, d’une part et à<br />
l’insuffisance <strong>de</strong>s lieux d’accueil qui leur sont consacrés, d’autre part.<br />
Bien entendu, d’autres services publics tels que les hôpitaux par exemple, ne peuvent<br />
avoir que peu <strong>de</strong> marge <strong>de</strong> manœuvres. Mais, il n’en va pas tout à fait <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s<br />
transports parisiens. La mission d’intérêt général <strong>de</strong> la RATP impose, certes, une certaine<br />
amplitu<strong>de</strong> horaire mais à maîtriser, en particulier au regard <strong>de</strong> ses conséquences sur les<br />
temps personnels.<br />
Côté parents, nous l’avons dit, c’est principalement la sérénité dans la sphère professionnelle<br />
comme dans la sphère privée qui est en cause, et avec elle, le stress et la charge mentale<br />
impactant sur les conditions <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s salarié(e)s. Côté enfants,<br />
c’est le respect <strong>de</strong> leurs rythmes physiologiques qui est en jeu mais également les conditions<br />
<strong>de</strong> leur développement au sein d’une fratrie, avec <strong>de</strong>s parents, une famille élargie<br />
et <strong>de</strong>s amis, dans un lieu <strong>de</strong> vie qu’ils s’approprient ou lors <strong>de</strong> loisirs, qui sont aussi <strong>de</strong>s<br />
occasions <strong>de</strong> partage et <strong>de</strong>s facteurs d’épanouissement et d’autonomie.<br />
Au final, il s’agit d’une part, <strong>de</strong> la cohérence et du rôle <strong>de</strong> la famille, quelque soit sa<br />
configuration, et d’autre part, <strong>de</strong> la place et <strong>de</strong> l’organisation du travail, questions relevant<br />
moins <strong>de</strong> solutions individuelles plus ou moins fragiles, que d’un choix <strong>de</strong> société où l’organisation<br />
<strong>de</strong>s temps serait le fruit d’une décision collective, dans le respect <strong>de</strong> chacun.<br />
59<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Conclusion<br />
Au nom <strong>de</strong> l’argument selon lequel le paternalisme d’entreprise constituerait une forme<br />
d’ingérence dans la vie privée <strong>de</strong>s salarié(e)s relevant d’une ère dépassée, un certain<br />
nombre d’entreprises s’est soustrait aux activités périphériques à leur propre production,<br />
en laissant seuls les salarié(e)s supporter <strong>de</strong>s coûts dits “sociaux”. Il en va ainsi <strong>de</strong> l’absence<br />
<strong>de</strong> contribution d’un grand nombre d’établissements aux frais <strong>de</strong> transports, <strong>de</strong> déjeuner<br />
<strong>de</strong>s salarié(e)s et plus encore aux frais générés par les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> leurs enfants,<br />
considérant la question <strong>de</strong> l’accueil <strong>de</strong>s enfants comme ne relevant pas <strong>de</strong> leurs prérogatives.<br />
A l’extrême, cette même logique est invoquée pour un désengagement financier<br />
<strong>de</strong>s entreprises quant aux temps <strong>de</strong> non travail, du fait <strong>de</strong> la maladie, <strong>de</strong> l’âge…<br />
Or, l’examen <strong>de</strong> la problématique <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux et professionnels<br />
met en exergue le fait que les limites entre sphère <strong>de</strong> travail et sphère privée sont particulièrement<br />
floues et qu’il existe une véritable interaction entre ces <strong>de</strong>ux ensembles.<br />
Dans ce contexte, les temps <strong>de</strong>s enfants sont fortement contraints par les temps professionnels<br />
<strong>de</strong> leurs parents, et les temps <strong>de</strong>s parents sont à leur tour, marqués par la prégnance<br />
<strong>de</strong>s préoccupations relatives aux enfants, comme le révèlent les difficultés auxquelles<br />
sont confrontées les agents <strong>de</strong> la RATP s’agissant <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> leurs enfants. Cette interdépendance <strong>de</strong>s temps est d’autant plus importante que<br />
sous la diffusion du concept <strong>de</strong> flexibilité, l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s est aujourd’hui soumis<br />
aux phénomènes <strong>de</strong> variabilité, <strong>de</strong> discontinuité et <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s<br />
horaires. Ces <strong>de</strong>rniers constituent autant <strong>de</strong> leviers d’ajustement <strong>de</strong>s politiques économiques,<br />
en termes <strong>de</strong> rémunération, <strong>de</strong> nombre et également <strong>de</strong> volume et <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s heures<br />
<strong>de</strong> travail, induisant un glissement progressif <strong>de</strong> la responsabilité économique <strong>de</strong>s entreprises<br />
aux salarié(e)s.<br />
Dès lors, le défaut <strong>de</strong> prise en compte par les entreprises <strong>de</strong>s aménagements inévitables<br />
<strong>de</strong>s temps sociaux contribue à une véritable désynchronisation <strong>de</strong>s temps et à une indisponibilité<br />
partielle ou permanente <strong>de</strong>s salarié(e)s tant dans la sphère privée que dans la<br />
sphère professionnelle. Cette situation n’est pas sans effet sur la santé mentale et physique<br />
<strong>de</strong>s travailleurs et sur les conditions <strong>de</strong> vie et d’épanouissement <strong>de</strong> leurs enfants, générant<br />
en retour <strong>de</strong>s coûts dits “sociaux” dont la prise en charge revient encore souvent aux<br />
seuls salarié(e)s et à leurs familles.<br />
C’est aussi, en ce sens, et parce qu’il émane d’une réflexion <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs<br />
<strong>de</strong> l’entreprise, représentants <strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong>s organisations syndicales d’une part,<br />
et <strong>de</strong>s directions d’entreprise d’autre part, que l’Espace Pimprenelle constitue un projet<br />
innovant. Il dispose <strong>de</strong> manière tout à fait explicite que la conciliation <strong>de</strong>s temps ne peut<br />
plus être le seul fait <strong>de</strong>s femmes, tout en œuvrant pour une véritable transformation <strong>de</strong>s<br />
mentalités en faveur <strong>de</strong> l’égalité hommes/femmes dans la sphère privée comme dans la<br />
sphère professionnelle. Plus largement, l’examen <strong>de</strong> ces modalités <strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s<br />
temps suggère, <strong>de</strong> manière plus implicite, qu’au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s missions dites d’intérêt général,<br />
l’évolution <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong>s services publics doit aussi être maîtrisée au regard d’une analyse<br />
<strong>de</strong>s besoins véritables <strong>de</strong>s usagers, d’une part, tout en se limitant au respect <strong>de</strong> la vie<br />
<strong>de</strong>s salarié(e)s et <strong>de</strong> leurs enfants, d’autre part. Enfin, parce que l’allocation d’ai<strong>de</strong><br />
aux frais <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants attribuée par la Régie aux enfants représente<br />
aussi une forme originale <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s richesses crées par les travailleurs,<br />
cette étu<strong>de</strong> constitue aussi une voie <strong>de</strong> réflexion quant à la possibilité pour<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s salarié(e)s, leurs représentants et les organisations syndicales<br />
<strong>de</strong> mettre en œuvre <strong>de</strong>s politiques économiques alternatives aux pratiques <strong>de</strong><br />
gestion en vigueur.<br />
60
Références<br />
&<br />
documents<br />
internes<br />
<strong>de</strong> la RATP<br />
61
Références<br />
Ouvrages et articles<br />
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hommes/femmes dans la vie personnelle et professionnelle.<br />
<strong>Emergences</strong> (2003), La difficile articulation <strong>de</strong>s temps familiaux et professionnels dans<br />
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social territorial, Timetis, l'égalité hommes/femmes dans la vie personnelle et<br />
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sur les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie : qu’en pensent les salariés un an après?” Premières synthèses,<br />
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62
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RATP – GIS/PSP.<br />
Brun M., Chassagne M. (1999), Rapport d’activité N°2 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
RATP – GIS/PSP.<br />
Brun M., Chassagne M. (2000), Rapport d’activité N°3 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
RATP – GIS/PSP.<br />
Brun M., Chassagne M. (2001), Rapport d’activité N°4 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
RATP – GIS/PSP.<br />
Brun M., Chassagne M. (2002), Rapport d’activité N°5 <strong>de</strong> l’Espace Pimprenelle,<br />
RATP – GIS/PSP.<br />
63<br />
1<br />
Enjeux : la conciliation <strong>de</strong>s temps professionnels<br />
et familiaux, un enjeu <strong>de</strong> société<br />
2<br />
Etat <strong>de</strong>s lieux :<br />
temps <strong>de</strong>s enfants, temps <strong>de</strong>s parents<br />
3<br />
L’espace Pimprenelle comme élément<br />
<strong>de</strong> conciliation <strong>de</strong>s temps familiaux
Espace Pimprenelle (1998), La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants du personnel RATP, Direction <strong>de</strong>s<br />
ressources humaines <strong>de</strong> la RATP.<br />
Lacroix C. (1997), Pimprenelle, document <strong>de</strong> travail, RATP.<br />
RATP (1987), La gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s enfants du personnel d’exploitation <strong>de</strong>s réseaux ferrés et<br />
routiers en horaires décalés ou irréguliers, RATP Service Social.<br />
RATP (1993), Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité d’une crèche pour le centre bus <strong>de</strong> Flandre,<br />
document interne.<br />
RATP (2001), Bilan social 2001.<br />
RATP (2002), Rapport sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes en<br />
2002.<br />
Unité d’action sociale et prévention <strong>de</strong> la RATP (1995), Propositions d’orientations<br />
pour la politique <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, RATP.<br />
Sites<br />
http://www.travail.gouv.fr<br />
Informations du ministère du travail<br />
http://www.ratp.fr<br />
Informations <strong>de</strong> la RATP<br />
http//www.stif-idf.fr<br />
Informations du Syndicat <strong>de</strong>s Transports d’Ile-<strong>de</strong>-France<br />
http://www.no-discrim.fr<br />
Etu<strong>de</strong>s françaises et européennes sur les discriminations au travail dans le cadre<br />
d’un projet piloté par émergences.<br />
64