La gestion des déchets à Parakou - E-monsite
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Université catholique de Louvain<br />
Faculté d es Sc ienc es Éc onomiq ues, Soc ia les et Politiq ues<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
Pascal LAVIOLETTE (ANTR 3DS)<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong><br />
Travail réalisé dans le cadre du<br />
Séminaire interdisciplinaire de politique du développement : Afrique (DVLP 3193).<br />
Professeurs : Bruno SCHOUMAKER et Jean-Marie WAUTELET<br />
Session de juin 2007
Introduction<br />
L'Afrique connaît depuis quelques décennies une urbanisation galopante : dans<br />
certaines villes, notamment Abidjan et <strong>La</strong>gos, deux capitales géographiquement<br />
proches de <strong>Parakou</strong>, la population a plus que sextuplé en 40 ans 1 . D'ici 10 ans, la<br />
moitié <strong>des</strong> populations d'Afrique subsaharienne vivra en ville.<br />
Logiquement, irrémédiablement, le taux élevé d'urbanisation entraîne une<br />
accumulation rapide <strong>des</strong> <strong>déchets</strong>, source de problèmes sanitaires et<br />
environnementaux, qu'il convient de gérer, au même titre que (voir en relation<br />
avec) les questions d'expansion de l'habitat, de développement et d'entretien <strong>des</strong><br />
infrastructures, de l'offre en services publics… dans <strong>des</strong> pays aux budgets<br />
étatiques et locaux trop souvent étriqués.<br />
Aujourd'hui, après avoir traversé une histoire lourde en ruptures (colonisation,<br />
décolonisation, indépendance), les populations de l'Afrique de l'Ouest se meuvent<br />
dans un univers radicalement neuf où, en raison du processus de décentralisation<br />
politique, de nouveaux acteurs gèrent, non sans difficulté mais avec une légitimité<br />
accrue, les collectivités urbaines et les débats locaux.<br />
<strong>La</strong> problématique <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers nous permettra d'entrer dans une ville<br />
importante du Bénin, <strong>Parakou</strong>, pour y saisir la complexité de la <strong>gestion</strong> urbaine. Le<br />
taux de croissance de la population 2 y a atteint, entre 1992 et 2002, 3,75% : en<br />
dix ans, les Parakois sont passés de 103.000 <strong>à</strong> près de 150.000. Cette<br />
augmentation de la population s'est accompagnée ici aussi de multiples<br />
bouleversements en matières d'habitat, d'étalement de la ville, de mobilité, de<br />
santé, d'éducation et d'environnement… En bref, nous tenterons d'examiner<br />
comment <strong>Parakou</strong> a pu (ou n'a pu) faire face <strong>à</strong> l'un <strong>des</strong> nombreux et importants<br />
défis de la <strong>gestion</strong> urbaine dans un contexte politique et administratif nouveau, et<br />
quels outils institutionnels elle a mobilisé.<br />
Par souci de clarté et parce que ceux-ci suffisent <strong>à</strong> une construction scientifique,<br />
l'article traitera essentiellement <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers soli<strong>des</strong>, laissant <strong>à</strong> d'autres<br />
1 ONIBOKUN Adepoju G., <strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> urbains. Des solutions pour l'Afrique, CRDI/Éditions<br />
Karthala, Paris, 2002.<br />
2 Troisième recensement général de la population et de l'habitation, Institut National de la<br />
Statistique et de l'Analyse économique, octobre 2003.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 2/23
le soin d'aborder la (quasi non) <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> liqui<strong>des</strong> domestiques 3 ou <strong>des</strong><br />
rejets industriels.<br />
Sans pour autant négliger une littérature plus distancée du terrain, l'approche se<br />
veut socio-anthropologique, c'est-<strong>à</strong>-dire accordant une place importante aux<br />
recherches empiriques (par le truchement de quelques auteurs), parce que la<br />
problématique de la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> impose la prise en compte de la parole<br />
<strong>des</strong> acteurs civils (ménages, associations, …) et publics.<br />
Enfin, il est utile de souligner la double difficulté <strong>à</strong> traiter d'un sujet comme celui-<br />
ci. D'abord, en raison de la rareté <strong>des</strong> données écrites sur de <strong>Parakou</strong> ; <strong>à</strong> titre<br />
illustratif, on notera que Les villes secondaires d'Afrique noire 1970-1997,<br />
bibliographie analytique et commentée, ne comporte que deux références<br />
"<strong>Parakou</strong>"… sur 1.200 4 . Une difficulté en partie, et en partie seulement, surmontée<br />
par un détour sur place 5/6 et par la collaboration efficace avec la ville d'Orléans,<br />
partenaire de <strong>Parakou</strong>. Ensuite, en raison du peu d'étu<strong>des</strong> scientifiques en<br />
sciences sociales sur les <strong>déchets</strong> urbains et ce "en dépit du fait que les <strong>déchets</strong><br />
urbains font partie intégrante <strong>des</strong> phénomènes observables 7 ".<br />
Repères<br />
Historiens et observateurs en conviennent, le Bénin est un pays surprenant <strong>à</strong> plus<br />
d'un titre. Ancienne colonie française, le Dahomey devient indépendant le 1 er août<br />
1960. Sommairement, trois gran<strong>des</strong> pério<strong>des</strong> caractérisent son histoire post-<br />
coloniale. D'abord, douze années d'instabilité politique et sociale, ponctuées de<br />
coups d'État quasi bisannuels, qui font du Dahomey "l'un <strong>des</strong> pays ouest-africains<br />
les plus instables pendant la première décennie de son indépendance 8 ". Ensuite,<br />
3 Même si ceux-ci méritent une attention toute particulière : leur rejet, faute d'équipement collectif<br />
d'assainissement, ne sont pas évacués ou quand ils le sont (latrines familiales ou collectives, fosses<br />
sceptiques) constituent une source potentielle de pollution <strong>des</strong> nappes phréatiques.<br />
4 BERTRAND Monique, CEAN, 1997.<br />
5 Qu'il me soit permis de remercier ici, pour ses conseils éclairés, Aziz Chabi Imorou, chercheur au<br />
LASDEL de <strong>Parakou</strong> (<strong>La</strong>boratoire d'étu<strong>des</strong> et de recherches sur les dynamiques sociales et le<br />
développement local).<br />
6 Hélas, durant les derniers jours de la campagne pour les élections législatives, rendant tout<br />
contact avec le maire ou ses adjoints impossible.<br />
7 BAMBILA MULUMBA Hubert, Problématique <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> soli<strong>des</strong> urbains en Afrique. Une analyse<br />
systémique <strong>des</strong> logiques d'acteurs dans les villes d'Abidjan, Dar-es-Salam, Rabat-Salé et Kinshasa,<br />
mémoire de DEA interuniversitaire ULg/UCL/Faculté Universitaire de Gembloux/Fucam en<br />
Développement, Environnement et Sociétés, 2005, p. 6.<br />
8 BIERSCHENK Thomas et DE SARDAN Jean-Pierre OLIVIER (éds), Les pouvoirs au village. Le Bénin rural<br />
entre démocratisation et décentralisation, Éditions Karthala, Paris, 1998, p. 51.<br />
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casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 3/23
dix-huit années de gouvernement militaire révolutionnaire marxiste-léniniste après<br />
que, le 26 octobre 1972, le commandant Mathieu Kérékou ait attaqué le palais<br />
présidentiel. Fin <strong>des</strong> années 80, le Dahomey, devenu République populaire du<br />
Bénin, après une décennie durant laquelle la majorité <strong>des</strong> États africains sont<br />
frappés par la crise économique internationale, est sinistré, "exsangue,<br />
pratiquement en état de cessation de paiement 9 ".<br />
Le régime, de son plein gré !, proclame en décembre 1989 l'abandon du<br />
marxisme-léninisme et annonce la tenue d'une Conférence nationale <strong>des</strong> Forces<br />
vives de la Nation. Celle-ci s'ouvre le 19 février 1990 et amorce la troisième<br />
grande période, celle du renouveau, c'est-<strong>à</strong>-dire l'installation pacifique et la<br />
<strong>gestion</strong> d'une démocratie réelle qui perdure toujours. On retiendra que le Bénin,<br />
avec sa Conférence nationale <strong>des</strong> Forces vives (durant laquelle Kérékou se<br />
confessera publiquement… et sera acclamé !) a "inventé une procédure politique<br />
originale qui va faire florès, qu'on lui enviera et qu'on se pressera d'imiter au sud<br />
du Sahara avec <strong>des</strong> fortunes diverses 10 ".<br />
Dotée d'une nouvelle constitution et d'un nouveau cadre politique (système<br />
présidentiel, élections libres, multipartisme, libertés judiciaire et de la presse, …),<br />
la République – démocratique et non plus révolutionnaire – du Bénin, délabrée <strong>à</strong><br />
l'aube <strong>des</strong> années 90 doit encore réussir sa mutation économique.<br />
Pour réussir cette mutation, le Bénin a pu compter sur une aide extérieure<br />
conséquente : de 1992 <strong>à</strong> 1997 11 , celle-ci a financé 30% de la dépense publique<br />
totale et plus de 80% de l'investissement public, et ce en raison <strong>des</strong> bons résultats<br />
du pays en matière de démocratie et de droits de l'homme, au point que le Bénin<br />
traîne une réputation de pays sur-assisté : "on peut considérer que l'économie<br />
politique du Bénin est celle d'un « État rentier » 12 ".<br />
Malgré l’allégement de la dette (février 2004) et la mise en œuvre du DSRP, la<br />
croissance est passée de 4,4 % en 2002 <strong>à</strong> 3,9 % et 3 % respectivement en 2003<br />
et 2004 13 . Bien que la <strong>gestion</strong> macroéconomique prudente observée depuis le<br />
9 DAVID Philippe, Le Bénin, Éditions Karthala, Paris, 1998, p. 67.<br />
10 Ibidem, p. 69.<br />
11 BIERSCHENK Thomas, L'appropriation locale de la démocratie : analyse <strong>des</strong> élections municipales <strong>à</strong><br />
<strong>Parakou</strong>, République du Bénin, 2002/03, Working papers, n°39b, Institut d'anthropologie et<br />
d'étu<strong>des</strong> africaines, Université Johannes Gutenberg de Mayence, 2005, p. 7.<br />
12 Idem.<br />
13 Rapport sur la situation économique et sociale du Bénin, PNUD, 2005, "le taux de croissance<br />
économique réelle enregistré en 2004 est de 3% seulement contre une moyenne de l'ordre de 5%<br />
sur la période 1995 -2003", consulté le 20/05/07 sur http://www.undp.org.bj/publications/Rapport-<br />
Economique-Et-Social-BENIN-2004.pdf<br />
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milieu <strong>des</strong> années 90 a donné de bons résultats en matière de stabilité, la<br />
pauvreté ne recule pas; tout au plus, elle stagne et les inégalités s’aggravent. Les<br />
difficultés internes de <strong>gestion</strong> d’une filière cotonnière, poumon de l’économie et<br />
presque entièrement libéralisée et les chocs consécutifs <strong>à</strong> la chute <strong>des</strong> cours de ce<br />
produit expliquent en partie la contre-performance en matière de croissance. <strong>La</strong><br />
dégradation de la situation économique et sociale s’explique aussi par la lenteur<br />
<strong>des</strong> réformes surtout en ce qui concerne les privatisations, la création d’un climat<br />
favorable aux affaires, la promotion de la sécurité juridique et judiciaire et la lutte<br />
contre la corruption 14 .<br />
Aujourd'hui, le pays est dirigé par l'ancien directeur de la Banque Ouest-Africaine<br />
de Développement, Yayi Boni. Quatrième Président de la République depuis<br />
l'introduction du multipartisme en 1991 15 , ce docteur en sciences économiques a<br />
fait de la bonne gouvernance son cheval de bataille et a basé sa campagne sur la<br />
nécessité d'une révolution économique, déterminé <strong>à</strong> aboutir <strong>à</strong> une croissance <strong>à</strong><br />
deux chiffres 16 : "<strong>La</strong> croissance <strong>à</strong> 7% ne suffit plus et notre programme pour<br />
relever le défi est axé sur le document stratégique de croissance et de la réduction<br />
de la pauvreté 17 ".<br />
<strong>La</strong> décentralisation<br />
Au Bénin, la décentralisation administrative résulte du renouveau démocratique<br />
engagé en 1990 par les Forces vives de la Nation. Il faudra néanmoins près de dix<br />
ans pour que <strong>des</strong> textes législatifs (lois du 15 janvier 1999 et loi du 9 mars 2000)<br />
traduisent en droit ce processus et que se mette en œuvre l'organisation<br />
administrative du pays créant notamment 77 communes qui s'administrent<br />
librement par <strong>des</strong> conseils élus au suffrage universel. Ces communes se voient<br />
doter de la personnalité juridique, donc d'une autonomie, et se voient également<br />
attribuer <strong>des</strong> compétences (développement économique, aménagement, habitat,<br />
urbanisme ; infrastructures, équipements, transports ; environnement, hygiène,<br />
14 PNUD, 2005, op. cit.<br />
15 Pays surprenant, écrivions-nous : Mathieu Kérékou fut élu président en 1996 et réélu en 2001.<br />
16 Selon le Rapport sur la situation économique et sociale du Bénin, PNUD, 2005, "le taux de<br />
croissance économique réelle enregistré en 2004 est de 3% seulement contre une moyenne de<br />
l'ordre de 5% sur la période 1995 -2003", consulté le 20/05/07 sur<br />
http://www.undp.org.bj/publications/Rapport-Economique-Et-Social-BENIN-2004.pdf.<br />
17 DOSSOUMOU Angelo, « Boni Yayi fait son propre bilan », dans Fraternité consulté le 20/05/07 sur<br />
http://www.fraternite-info.com/article.php3?id_article=156.<br />
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salubrité) et <strong>des</strong> ressources financières. En d'autres termes, dorénavant, "l'État<br />
exerce un contrôle de tutelle en lieu et place d'un contrôle hiérarchique 18 ".<br />
L'enjeu de la décentralisation est triple : politique, administratif et financier. Il<br />
s'agit de réussir, d'une part, le passage d'un système du tout <strong>à</strong> l'État <strong>à</strong> un système<br />
de partage de pouvoir et de ressources entre l'État et les collectivités locales et,<br />
d'autre part, le passage d'un système sans collectivités locales <strong>à</strong> un système <strong>à</strong> 77<br />
communes.<br />
Sur le terrain, les nouvelles administrations communales disposent certes de<br />
l'autonomie fiscale leur permettant de percevoir impôts directs et indirects afin de<br />
mener leur politique mais se heurtent aux populations qui résistent <strong>à</strong> ce<br />
changement, provoquant nombre de difficultés budgétaires. En outre, les<br />
transferts financiers de l'État aux collectivités locales ne leur garantissent pas un<br />
appui suffisant pour le développement de leurs politiques. Enfin, les nouvelles<br />
communes souffrent d'un manque de ressources humaines aptes <strong>à</strong> assumer les<br />
missions nées de la décentralisation.<br />
<strong>La</strong> décentralisation, nouveau credo <strong>des</strong> bailleurs de fonds 19 , repose sur le postulat<br />
de l'effet démocratisant c'est-<strong>à</strong>-dire que les élites locales, jusqu'alors écartées du<br />
pouvoir, une fois légitimement élues mobiliseront les ressources locales et<br />
contribueront au développement économique de la commune par une saine<br />
gouvernance. Comme l'écrit Thomas Bierschenk, "le petit nombre d'étu<strong>des</strong><br />
empiriques disponibles ne partagent pas exactement l'optimisme <strong>des</strong> bailleurs<br />
quant au déclenchement d'un cycle vertueux entre démocratie, gouvernance et<br />
développement <strong>à</strong> l'échelon local 20 ".<br />
Si le processus demeure inachevé, il n'en demeure pas moins qu'il a entamé une<br />
transformation radicale du paysage politique, économique, social et administratif<br />
du pays. L'enjeu est énorme car le"Bénin (est) l'un <strong>des</strong> rares pays d'Afrique que<br />
l'on puisse qualifier de démocratie modèle 21 ". D'ailleurs, il n'est pas un maquis<br />
(restaurant populaire) où, chaque jour, les Béninois ne s'enorgueillissent pas d'une<br />
réelle culture de la démocratie en discutant, avec passion parfois mais toujours<br />
librement, <strong>des</strong> aléas de la vie politique nationale ou régionale, s'affichant<br />
clairement partisans ou opposants du président Boni.<br />
18 SAWADOGO Raogo Antoine et SEBAHARA Pamphile, "Historique de la décentralisation au Burkina<br />
Faso" dans Décentralisation et citoyenneté au Burkina Faso, Pierre-Joseph <strong>La</strong>urent (éd.), Bruylant-<br />
Academia, Louvain-la-Neuve, 2004, p. 60.<br />
19 Au Bénin, la décentralisation est essentiellement appuyée par l'Allemagne et la France.<br />
20 BIERSCHENK Thomas, op. cit, p. 2.<br />
21 Ibidem, p. 1.<br />
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<strong>Parakou</strong>, capitale cosmopolite du nord<br />
Troisième ville du Bénin, <strong>Parakou</strong> se situe <strong>à</strong> un peu plus de 430 km au nord de<br />
Cotonou (première ville, capitale économique) et de Porto-Novo (deuxième ville,<br />
capitale politique). Chef-lieu du Borgou, l'un <strong>des</strong> douze départements béninois,<br />
<strong>Parakou</strong> avec ses 150.000 habitants est la plus grande métropole septentrionale.<br />
Dans le cadre de la décentralisation, <strong>Parakou</strong> s'est vu attribuer, tout comme<br />
Cotonou et Porto-Novo, le statut de "commune <strong>à</strong> statut particulier" 22 . Ce statut<br />
dote la "capitale du nord" de compétences élargies (enseignement et formation<br />
professionnelle, transport et circulation) et de ressources financières<br />
subséquentes.<br />
Ancienne ville étape pour les caravanes jusqu'au 19 e siècle, <strong>Parakou</strong> a hérité de<br />
cette époque de deux caractéristiques fondamentales : d'une part, celle d'une<br />
importante ville de transit commercial ; d'autre part, celle d'une cité extrêmement<br />
cosmopolite qui a accueilli depuis <strong>des</strong> générations nombre de migrants allochtones<br />
(notamment les Bariba 23 venus du Nigeria) et autochtones (notamment les Fon<br />
venus du sud, accompagnant l'expansion coloniale).<br />
En raison de sa situation géographique et de son statut de ville relais vers les pays<br />
de l'hinterland (Niger, Burkina Faso, Mali), le secteur tertiaire y est le plus<br />
développé, employant près de 45% de la population 24 . Terminus du chemin de fer<br />
(point de rupture de charge train/camion) et important carrefour routier<br />
international, <strong>Parakou</strong> accueille quelques 400 transporteurs 25 , gérant une flotte de<br />
près d'un milliers de "titans" (camions gros porteurs). Le secteur informel<br />
(commerces, restauration, couture, mécanique, …), occupant près de 90% de la<br />
population active urbaine, y est prépondérant. L'agriculture urbaine est également<br />
présente mais essentiellement dans les quartiers péricentraux.<br />
<strong>Parakou</strong> se positionne comme le second pôle industriel du pays avec notamment<br />
ses usines de textile (COTEB) et d'égrainage du coton (SONAPRA), sa brasserie<br />
(SOBEBRA). Enfin, le chef-lieu du Borgou est également le siège de nombreuses<br />
22 Loi n°98-005 du 15 janvier 1999 ; pour être reconnue commune <strong>à</strong> statut particulier, il faut<br />
remplir trois conditions : avoir une population d'au moins 100.000 habitants ; s'étendre sur 10 km ;<br />
disposer de ressources budgétaires suffisantes pour faire face aux dépenses de fonctionnement et<br />
d'investissement.<br />
23 Communauté aujourd'hui considérée comme autochtone.<br />
24 CHABI IMOROU Azizou, Activités économiques et dysfonctionnement urbain : occupation <strong>des</strong> voies<br />
urbaines par la populati on de <strong>Parakou</strong>, Université d'Abomey-Calavi (Bénin), 2003-2004, p. 15.<br />
25 BAGNAN Chabi Ahmed, Les associations de développement et la <strong>gestion</strong> urbaine de <strong>Parakou</strong>,<br />
Université d'Abomey-Calavi (Bénin), 2005, p. 18.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
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administrations départementales, d'organismes financiers, d'ONG ; en 2001, une<br />
seconde université autonome créée pour désengorger l'université d'Abomey-<br />
Calavi, l'UNIPAR, s'y est installée.<br />
Très schématiquement, l'urbanisation de <strong>Parakou</strong>, ville de 300 km² dont 70 sont<br />
urbanisés 26 , s'organise autour de trois zones. Primo, un noyau central, cœur<br />
historique de la ville, organisé autour du marché international Arzèké et<br />
caractérisé par une certaine exiguïté, regroupe les équipements commerciaux,<br />
administratifs et de loisirs. Secundo, <strong>des</strong> quartiers péricentraux caractérisés par un<br />
habitat mo<strong>des</strong>te et <strong>des</strong> activités de commerce et d'artisanat. Tertio, <strong>des</strong> quartiers<br />
périphériques, certains populaires et d'autres moins, où <strong>des</strong> lotissements sont en<br />
cours de création, où sont également établies les principales industries<br />
(essentiellement <strong>à</strong> l'ouest).<br />
Le chemin de fer, facteur historique clé de l'urbanisation de <strong>Parakou</strong> dès 1937,<br />
année de l'inauguration de la gare, connaît aujourd'hui un marasme certain. Il est<br />
certes prévu de créer, en coopération avec la Malaisie, un port sec 27 non loin de la<br />
zone industrielle qui relancerait l'activité ferroviaire mais, <strong>à</strong> ce jour, seule une stèle<br />
inauguratrice occupe un site dépourvu de la moindre infrastructure, faisant dire <strong>à</strong><br />
certains Parakois qu'il s'agit encore d'"éléphants blancs" 28 …<br />
Si le réseau de voirie est important, seul un tiers <strong>des</strong> 327 km est bitumé ou pavé<br />
et souffre d'un manque d'entretien. Dans le cadre du Programme de <strong>gestion</strong><br />
urbaine décentralisée (voir infra), la ville a procédé <strong>à</strong> un plan d'urgence<br />
d'assainissement de certaines voies dans <strong>des</strong> quartiers défavorisés. <strong>Parakou</strong> a<br />
également bénéficié du Fonds Européen de Développement (FED) et de crédits de<br />
la Banque Ouest-Africaine de Développement afin de bitumer ou paver environ<br />
33 km de voirie. Les artères secondaires, souvent dans un état défectueux,<br />
obligent les associations de développement <strong>à</strong> "veiller quotidiennement <strong>à</strong> l'entretien<br />
de ces infrastructures 29 ".<br />
Ancienne circonscription urbaine, aujourd'hui commune, <strong>Parakou</strong> comprend trois<br />
arrondissements regroupant au total 41 quartiers. Les élections communales de<br />
décembre 2002 (mars 2003 pour le second tour), les premières depuis la<br />
décentralisation, ont installé, au suffrage universel, un conseil municipal composé<br />
26 http://www.parakou.net/culture_tourisme/tourisme/presentat/welcome.htm, consulté le<br />
20/05/07.<br />
27 Afin de décon<strong>gestion</strong>ner le port maritime de Cotonou ; l'activité principale étant le<br />
transbordement de marchandises entre les trains et les camions.<br />
28 Des promesses non tenues.<br />
29 BAGNAN Chabi Ahmed, op. cit.,p. 29.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
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d'une classe nouvelle de dirigeants politiques amenée <strong>à</strong> faire ses preuves en<br />
matière de bonne gouvernance… 30<br />
Les Parakois<br />
Le dernier recensement de la population 31 permet de dresser un portrait plus<br />
précis <strong>des</strong> 150.000 Parakois. Ville implantée dans l'aire culturelle musulmane, 56%<br />
de la population y pratiquent l'Islam, pour 26% la religion catholique ; le reliquat<br />
étant constitué <strong>des</strong> différentes formes de protestantisme, de sectes diverses et de<br />
cultes traditionnels.<br />
Multiethnique, la population comprend 39% de Bariba, 16% de Fon, 14% de<br />
Yoruba, 12,5% de Dendi pour ne reprendre que les groupes dominants ; on y<br />
dénombre également une importante proportion d'étrangers (3,5%) : Nigériens,<br />
Nigérians, Togolais, Ghanéens, …<br />
En matière d'enseignement, <strong>Parakou</strong> compte un taux d'alphabétisation de 31%,<br />
c'est-<strong>à</strong>-dire un taux inférieur <strong>à</strong> la moyenne nationale (37,7%) et <strong>à</strong> la moyenne en<br />
milieu urbain (55%) ; 36% de la population n'a aucun niveau d'instruction, 36% le<br />
primaire, 22% le secondaire et 1,3% le supérieur.<br />
Enfin, on compte deux fois plus de ménages pauvres (65%) <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> qu'<strong>à</strong><br />
Cotonou. Phénomène urbain, <strong>Parakou</strong> dénombrerait 13% de chômeurs (taux<br />
d'inoccupation par rapport au secteur formel), soit un peu plus de 900 de<br />
personnes. Un ménage sur trois n'a pas d'accès <strong>à</strong> l'eau potable.<br />
Les outils de développement urbain<br />
Le Plan directeur d'urbanisme (PDU)<br />
Le PDU est un document de planification qui indique de façon précise les élément<br />
de l'aménagement urbain : zones d'habitat, zones industrielles, tracé <strong>des</strong> voiries,<br />
30 Depuis, <strong>Parakou</strong> a été le théâtre d'un affrontement intense entre le maire Gbadamassi et son<br />
rival Moutari autour de la <strong>gestion</strong> du marché rénové Arzèké. Sans entrer dans les détails, retenons<br />
ceci : Moutari décèdera de mort naturelle quelques jours après avoir eu juridiquement gain de<br />
cause, en première instance, contre Gbadamassi (25/09/2003) ; le juge Coovi, chargé de la reprise<br />
du procès, sera assassiné la veille de siéger (06/11/2005) ; Gbadamassi, principal suspect, sera<br />
incarcéré (aujourd'hui en liberté mais toujours prévenu) et <strong>des</strong>titué ; un arrêté préfectoral<br />
nommera Adambi, premier adjoint de Gbadamassi, maire de <strong>Parakou</strong> (25/01/2006).<br />
31 Troisième recensement général de la population et de l'habitation, Institut National de la<br />
Statistique et de l'Analyse économique, octobre 2003.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 9/23
espaces boisés, etc. Élaboré une première fois en 1985 grâce <strong>à</strong> la Coopération<br />
française, le PDU a été actualisé en 2000 et reste opérationnel jusqu'en 2009.<br />
Cet outil de politique de <strong>gestion</strong> urbaine a permis de maîtriser l'urbanisation<br />
sauvage grâce <strong>à</strong> la planification de réserves foncières notamment pour la création<br />
d'un parking de 52 ha pour camions gros porteurs sur la route de Djougou (<strong>à</strong><br />
l'ouest, jouxtant la zone industrielle) et pour l'installation de l'Université sur une<br />
centaine d'hectares. "On peut aussi évoquer la réussite de la création <strong>des</strong> réserves<br />
<strong>des</strong> eaux et forêts (en plein centre urbain, poumon vert de la ville) et du Musée de<br />
plein air de <strong>Parakou</strong> 32 ". On notera également qu'en matière d'opération de<br />
lotissement, "la ville dispose d'importantes réserves en parcelles loties prêtes <strong>à</strong><br />
bâtir par rapport <strong>à</strong> la demande réelle. Cependant, en dehors <strong>des</strong> réseaux<br />
d'extension d'eau et d'électricité, la plupart de ces parcelles sont sous équipées et<br />
inaccessibles par manque de voie carrossable 33 ".<br />
Le Registre foncier urbain (RFU)<br />
Conçu par la Société d'étu<strong>des</strong> régionales d'habitat et d'aménagement urbain<br />
(SERHAUT-SA) et mis en place grâce <strong>à</strong> la Coopération française en 1990, le RFU a<br />
pour mission d'aider les communes <strong>à</strong> mobiliser <strong>des</strong> ressources financières. Il s'agit<br />
d'une forme de cadastre simplifié qui répond <strong>à</strong> un triple objectif : développer les<br />
ressources financières pour faire face aux dépenses d'investissement et<br />
d'entretien, maîtriser la <strong>gestion</strong> du patrimoine foncier et produire les données<br />
urbaines nécessaires <strong>à</strong> la programmation <strong>des</strong> actions de développement.<br />
Le RFU a permis, entre 1989 et 2002, de quintupler le recouvrement <strong>des</strong> taxes<br />
foncières 34 mais comme le précise le responsable de la cellule RFU : "malgré ces<br />
résultats très significatifs, la culture fiscale est très peu développée dans la ville de<br />
<strong>Parakou</strong> et influe négativement sur le recouvrement (…) L'un <strong>des</strong> défis majeurs<br />
est, d'une part, la maîtrise du potentiel fiscal et foncier <strong>à</strong> travers la réalisation<br />
d'une enquête exhaustive (…) et, d'autre part, l'amélioration du système<br />
d'adressage par la mise en œuvre <strong>des</strong> opérations de panneautage 35 ". En 2005, ce<br />
système d'adressage et de panneautage, indispensable au repérage <strong>des</strong> parcelles<br />
ou bâtis soumis <strong>à</strong> l'impôt, faisait toujours défaut. En outre, "on note que sur les<br />
32 BAGNAN Chabi Ahmed, op. cit.,p. 37.<br />
33 Revue permanente du secteur urbain, SERHAUT-SA, Cotonou, juin 2000, p. 101.<br />
34 De 45 millions FCFA, soit 68.600 EURO, <strong>à</strong> 209 millions, soit 318.600 EURO.<br />
35 CHABI Alimatou, « Les enjeux du RFU sur la décentralisation », dans <strong>Parakou</strong>-Info, décembre<br />
2003, n°6, p. 5.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 10/23
70.000 parcelles disponibles, seulement 18.000 sont inscrites au rôle d'où la<br />
nécessité d'organiser une enquête exhaustive 36 ".<br />
Le Programme pluriannuel de développement et d'investissement<br />
(PPDI)<br />
Mise en œuvre pour la première fois en 1994, le PPDI est un outil de planification<br />
et de programmation <strong>des</strong> investissements urbains. Élaboré en concertation avec le<br />
maire, les chefs d'arrondissements, les chefs de quartiers et la population, le PPDI<br />
permet d'opérer <strong>des</strong> arbitrages dans la confection budgétaire et dans l'affectation<br />
<strong>des</strong> ressources. "Avec cet outil de planification, aucune réalisation ni<br />
investissement ne se fait plus au hasard 37 ".<br />
Le Projet de <strong>gestion</strong> urbaine décentralisée (PGUD)<br />
L'objectif du PGDU, mis en œuvre dans les trois communes <strong>à</strong> statut particulier du<br />
Bénin (pour rappel, Cotonou, Porto-Novo et <strong>Parakou</strong>), vise <strong>à</strong> contribuer <strong>à</strong> la<br />
réduction de la pauvreté et <strong>à</strong> l'amélioration <strong>des</strong> conditions de vie <strong>des</strong> populations<br />
en leur offrant de meilleurs services urbains, dotés d'infrastructures de transport<br />
et d'assainissement, en particulier dans les quartiers défavorisés et sous-équipés.<br />
Ce projet gouvernemental a été initié en 1999 avec l'appui notamment de la<br />
Banque mondiale et de l'Agence française pour le développement (AFD).<br />
Le PGUD "a pour vocation d'intégrer les principes d'amélioration de la qualité de<br />
vie, de protection de l'environnement et de participation de la communauté, qui<br />
respectent les exigences du développement durable 38 ". Le projet développe <strong>des</strong><br />
actions autour de trois axes forts, les "composantes" A, B et C.<br />
<strong>La</strong> composante A vise le renforcement <strong>des</strong> capacités de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> services<br />
urbains. À <strong>Parakou</strong>, <strong>des</strong> formations spécifiques en informatique, en <strong>gestion</strong><br />
comptable et financière ou encore en <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ressources humaines ont permis<br />
au personnel de la mairie de renforcer ses compétences. Le PGUD a également<br />
doté le personnel de véhicules et d'équipements de bureau. En termes d'acquis<br />
36 <strong>Parakou</strong>-Info, mai 2005, n°7, p. 5.<br />
37 BAGNAN Chabi Ahmed, op. cit.,p. 39.<br />
38 Projet de Gestion Urbaine Décentralisée (PGUD). Rapport provisoire. Enquêtes socioéconomiques<br />
et appréciation <strong>des</strong> services urbains par la population dans les communes de<br />
Cotonou, <strong>Parakou</strong> et Porto-Novo, Dr. Albert TINGBE-AZALOU, Ministère de l'Environnement, de<br />
l'Habitation et de l'Urbanisme et Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation,<br />
mai 2005, p. 11.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 11/23
positifs, on peut relever l'amélioration <strong>des</strong> recettes municipales, l'amélioration de<br />
la <strong>gestion</strong> foncière et comptable et l'amélioration de la qualité <strong>des</strong> dépenses 39 .<br />
<strong>La</strong> composante B concerne les infrastructures prioritaires, c'est-<strong>à</strong>-dire la<br />
réhabilitation de voiries urbaines et la construction de réseaux de drainage.<br />
L'amélioration <strong>des</strong> conditions de vie et la participation communautaire dans les<br />
quartiers défavorisés font l'objet de la composante C et ce au moyen de<br />
réalisations d'équipements collectifs de base et de microprojets d'appui au<br />
développement communautaire. À Alaga et Camp Adagbè, les deux quartiers<br />
défavorisés retenus par le premier PGUD, de nouvelles infrastructures scolaires<br />
(écoles primaires) ont été construites ou rénovées ; <strong>des</strong> groupements d'intérêt<br />
économiques ont été créés pour la pré-collecte <strong>des</strong> ordures ménagères, <strong>des</strong><br />
comités de développement de quartier, dont l'objectif principal est de mobiliser les<br />
habitants aux questions de développement, ont été installés 40 . Relevons<br />
néanmoins que la mise en œuvre de la participation a fait l'objet d'un scepticisme<br />
affirmé de la part <strong>des</strong> populations qui y voyaient surtout "un projet politique, <strong>à</strong><br />
visée électoraliste 41 " d'autant plus qu'une participation financière de 5.000 FCFA<br />
(7,6 EURO) par maison leur était demandée.<br />
<strong>La</strong> première phase du PGUD s'est déroulée de mars 2000 <strong>à</strong> septembre 2004.<br />
Compte tenu <strong>des</strong> résultats obtenus, une seconde phase de trois ans a été décidée<br />
pour consolider les acquis <strong>des</strong> composantes A, B et C dans les quartiers Alaga et<br />
Camp-Adagbè tout en élargissant le programme <strong>à</strong> deux nouveaux quartiers<br />
défavorisés, Banikani et Titirou.<br />
<strong>La</strong> coopération avec la ville d'Orléans (France)<br />
<strong>La</strong> ville d'Orléans souhaitait, depuis 1989, nouer <strong>des</strong> relations avec une ville<br />
africaine. De son côté, <strong>Parakou</strong> avait développé, depuis le début <strong>des</strong> années 90,<br />
"une logique de décentralisation dont les objectifs ambitieux constituent <strong>à</strong> l'échelle<br />
du Bénin un véritable laboratoire 42 ", un programme soutenu par la coopération<br />
française depuis 1992. <strong>Parakou</strong> était alors <strong>à</strong> la recherche d'une collectivité locale<br />
39 <strong>Parakou</strong>-Info, mai 2005, n°7, pp. 13-15.<br />
40 Pour plus de détails : Projet de Gestion Urbaine Décentralisée (PGUD). Composante C.<br />
Identification et évaluation <strong>des</strong> appuis <strong>à</strong> apporter aux quartiers défavorisés retenus par les<br />
communes. Rapport préliminaire corrigé. Ville de <strong>Parakou</strong>, SERHAU-SA, décembre 2004.<br />
41 <strong>Parakou</strong>-Info, décembre 2003, n°6, p. 6.<br />
42 Partenariat de coopération décentralisée entre <strong>Parakou</strong> et Orléans. Convention 2007/2009.<br />
Conseil municipal 23 mars 2007.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 12/23
européenne pour soutenir ses efforts. C'est dans ce contexte que prend forme la<br />
coopération avec Orléans.<br />
Une convention de partenariat triennale a été ratifiée pour la première fois en<br />
mars 1993. <strong>La</strong> collaboration entre les deux villes n'a pas cessé depuis lors : les<br />
conventions ont été renouvelées tous les trois ans et la dernière, portant sur<br />
2007-2009, a été signée en mars.<br />
En 2007, Orléans s'engage <strong>à</strong> renforcer notamment "les capacités et compétences<br />
de la Ville de <strong>Parakou</strong> dans ses démarches de mise en œuvre de la<br />
décentralisation, de soutien <strong>à</strong> la <strong>gestion</strong> urbaine et environnementale, de mise en<br />
place de nouveaux services publics 43 " dans la logique du développement durable<br />
puisque la cité orléanaise a inscrit ce programme de coopération dans son Agenda<br />
21 44 , initié en 2006, sous le titre Favoriser un autre développement.<br />
Le programme d'actions 2007 requiert un budget total de 188.000 EURO, pris en<br />
charge par la Ville d'Orléans (25%), le Ministère <strong>des</strong> Affaires étrangères français<br />
(17,5%), la Région du Centre (15,5%) et la Ville de <strong>Parakou</strong> (42%). Environ un<br />
tiers de ce budget est consacré <strong>à</strong> l'aménagement urbain (la construction d'un<br />
ouvrage de franchissement pour le désenclavement d'un quartier ; l'étude d'un<br />
schéma de développement local), au développement durable (l'acquisition de 270<br />
poubelles) et <strong>à</strong> l'aide <strong>à</strong> la <strong>gestion</strong> locale. Un autre tiers du budget concerne la<br />
construction d'un module de quatre classes dans un collège.<br />
<strong>La</strong> problématique <strong>des</strong> <strong>déchets</strong><br />
À <strong>Parakou</strong>, comme dans les autres villes d'Afrique subsaharienne, les <strong>déchets</strong> sont<br />
partout. Il s'agit essentiellement, pour les <strong>déchets</strong> fabriqués, non biodégradables,<br />
d'"objets en fin de carrière 45 " dans la mesure où, dans une économie de la rareté,<br />
"la récupération est très présente et très imaginative 46 ". Une économie informelle<br />
43 Idem.<br />
44 L'Agenda 21 local s'inscrit dans la continuité de l'Agenda 21 adopté par 173 pays lors du<br />
Sommet de la Terre de Rio.<br />
45 BOUTON Emmanuel, Étude et réflexions sur la place et le sens <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers <strong>à</strong><br />
Koudougou, ville émergente du Burkina Faso, mémoire de DES en Anthropologie, UCL, 2003-2004,<br />
p. 16.<br />
46 WYNGAERDEN François, "<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> dans une ville émergente" dans Décentralisation<br />
et citoyenneté au Burkina Faso, Pierre-Joseph <strong>La</strong>urent (éd.), Bruylant-Academia, Louvain-la-Neuve,<br />
2004, p. 415.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 13/23
du déchet s'est installée : au marché, l'on revend <strong>des</strong> bouteilles plastiques<br />
usagées et <strong>des</strong> boîtes de conserve vi<strong>des</strong>…<br />
Les <strong>déchets</strong> organiques, biodégradables, occupent également une place<br />
importante dans la production <strong>des</strong> ordures ménagères qu'il s'agisse de restes<br />
d'aliments ou de détritus agricoles ; une partie de ceux-ci sont utilisés par les<br />
citadins cultivateurs – plus nombreux dans les quartiers périphériques – pour<br />
fertiliser le sol de la cour ou <strong>des</strong> parcelles vi<strong>des</strong> utilisées comme champs. Une<br />
troisième catégorie occupe le terrain : les reliquats de la construction tels que<br />
pierres, blocs de béton, sable, etc.<br />
Seule donc une partie de la production <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> termine in fine sur l'espace<br />
public, ce que François Wyngaerden appelle "le reste du reste", c'est-<strong>à</strong>-dire <strong>des</strong><br />
objets devenus définitivement inutiles. Parmi ceux-ci, une particularité africaine :<br />
le sac plastique noir, sac d'emballage <strong>des</strong> courses, qui, jeté ç<strong>à</strong> et l<strong>à</strong> après<br />
utilisation par dizaine de milliers chaque jour, assombrit le décor urbain (tandis<br />
que le sac plastique transparent, contenant de l'eau fraîche labellisée hygiénique,<br />
probablement tout aussi répandu, s'y confond).<br />
Paradoxalement, du moins <strong>à</strong> première vue, si <strong>à</strong> l'extérieur de la concession les<br />
<strong>déchets</strong> semblent acceptés, <strong>à</strong> l'intérieur, par contre, ils font l'objet d'une attention<br />
particulière : l'espace privé se défait de ses détritus – source d'odeurs<br />
nauséabon<strong>des</strong>, de vermines, de moustiques donc de maladies – "au profit" de la<br />
rue. "L'espace public est perçu comme le lieu permissif dans lequel le rejet est<br />
permis 47 ". Propreté soucieuse de l'espace domestique d'un côté, dégradation de<br />
l'espace public de l'autre.<br />
François Wyngaerden parle, lui, d'un mode particulier d'appropriation de l'espace :<br />
"Au village, la rue, vue comme un espace collectif géré par la collectivité, est<br />
absente. Il en est de même dans l'esprit de beaucoup de gens <strong>à</strong> Ziniaré. (…)<br />
L'utilisation de la rue est considérée comme légitime. Il en découle que les <strong>déchets</strong><br />
et l'espace public sont gérés de manière très personnelle 48 ".<br />
Cet espace public sans propriétaire, libre d'accès, trouve son fondement dans<br />
l'organisation traditionnelle <strong>des</strong> sociétés africaines, sur "une représentation qui<br />
oppose radicalement « l’intérieur » socialisé (la maison, la cour ou le village) <strong>à</strong><br />
47 BOUTON Emmanuel, op. cit, p. 35.<br />
48 WYNGAERDEN François, op. cit., p. 421.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 14/23
« l’extérieur » sauvage (la brousse) conçu comme un endroit non approprié par<br />
les hommes, en libre accès et où l’on peut tout prendre et tout abandonner ! 49/50 "<br />
Mais l'enjeu de la salissure peut également porter sur le politique. À Bobo-<br />
Dioulasso, deuxième ville du Burkina Faso, Fatoumata Ouattara a montré que le<br />
déchet, surtout son mauvais usage, signifie "que les « pouvoirs publics » n’ont pas<br />
le contrôle de « l’espace public » ; que le maire est impuissant <strong>à</strong> faire régner<br />
« son ordre » symbolique, l’ordre hygiénique de la propreté urbaine, sur « son<br />
territoire » communal. Bref, c’est la légitimité <strong>des</strong> autorités communales <strong>à</strong><br />
gouverner l’espace publique qui est ici questionnée. (…) À travers « la résistance<br />
<strong>des</strong> ordures », c’est une opposition politique, informelle sans doute, mais bien<br />
réelle qui s’exprime directement contre les symboles concrets et proches du<br />
pouvoir municipal et de ses représentants 51 ".<br />
Enfin, lorsque les objets ordures changent de lieu, passant de la cour <strong>à</strong> la rue, il<br />
changent également de statut, ils redeviennent acceptables, voire invisibles parce<br />
qu'ils ont perdu toute utilité : "Leur présence et leur accumulation ne sont pas mal<br />
perçues (…). Ils ne vont (globalement) pas procurer un désagrément 52 ". Ce qui<br />
expliquerait un désintérêt pour la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> sur l'espace public, une<br />
interrogation posée uniquement aux personnes "qui, de par leur formation, leur<br />
travail ou leurs voyages sont confrontées <strong>à</strong> <strong>des</strong> modèles d'organisation différents,<br />
ou <strong>à</strong> <strong>des</strong> milieux où la question est débattue 53 ".<br />
À <strong>Parakou</strong>, sans doute en raison d'une déj<strong>à</strong> longue histoire urbaine et d'une<br />
population nombreuse, ce désintérêt n'existe pas…<br />
Autorité publique et secteur associatif<br />
"L'assainissement de la ville de <strong>Parakou</strong> peine sérieusement <strong>à</strong> se réaliser. Et pour<br />
cause, la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ordures ménagères constitue aujourd'hui un véritable casse-<br />
tête pour les autorités municipales", peut-on lire dans le trimestriel communal<br />
49 OUATTARA Fatoumata, Espace public et citoyenneté. <strong>La</strong> salissure de la ville comme enjeu<br />
politique. Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), consulté le 23/05/07 sur<br />
http://www.pseau.org/epa/gdda/Ateliers_rencontres/4_juillet_2002/Shadyc-txt.pdf.<br />
50 Dans son mémoire de DESS en Populations et dynamiques urbaines (op. cit.), Azizou Chabi<br />
Imorou montre bien, dans son analyse de l'occupation <strong>des</strong> voies et <strong>des</strong> trottoirs <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> par le<br />
commerce informel, que dans cet espace "libre d'accès où l'on peut tout prendre et tout<br />
abandonner" on peut également tout faire.<br />
51 Ibidem.<br />
52 WYNGAERDEN François, op. cit., p. 416.<br />
53 Ibidem.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 15/23
<strong>Parakou</strong>-Info 54 . Les <strong>déchets</strong>, variés, nombreux, omniprésents le long <strong>des</strong> rues et<br />
<strong>des</strong> faça<strong>des</strong>, dans les caniveaux ou sur les champs, n'incommodent donc pas que<br />
les Européens 55 ou les notables confrontés aux exigences <strong>des</strong> bailleurs de fonds.<br />
De l'avis même <strong>des</strong> populations, les <strong>déchets</strong> constituent une préoccupation<br />
fondamentale "notamment en matière de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> excréments humains et <strong>des</strong><br />
ordures ménagères 56 ".<br />
Très minime consolation, le cas parakois n'est pas isolé en Afrique, au contraire :<br />
"le bilan de la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> soli<strong>des</strong> et de l'assainissement <strong>des</strong> villes du sud<br />
est loin d'être positif 57 " ruinant les meilleurs objectifs de santé publique, sans<br />
parler de protection de l'environnement. En cause, la métropolisation <strong>des</strong> villes : le<br />
poids démographique toujours croissant induit, essentiellement faute de moyens<br />
financiers en conséquence, <strong>des</strong> difficultés de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> politiques de l'habitat, de<br />
l'éducation, de la santé et de l'environnement. "Les autorités municipales se<br />
désengagent de plus en plus, laissant les populations cohabiter tant bien que mal<br />
dans un environnement sanitaire précaire avec tous les risques que cela comporte.<br />
Ces populations doivent dès lors se démener dans un contexte d'ostracisme<br />
économique chaque jour plus intense 58 ".<br />
Cette double préoccupation (santé publique et environnement) a été prise en<br />
compte au Bénin, notamment dans le cadre du PGUD puisqu'au sein de la<br />
composante A (voir supra), un volet est consacré <strong>à</strong> la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ordures<br />
ménagères.<br />
<strong>La</strong> population parakoise produirait chaque année 30.295 tonnes d'ordures<br />
ménagères 59 et seuls 10 <strong>à</strong> 15% seraient réellement collectés… même si le chiffre<br />
54 Août 2006, n°8, p. 8 (« Un casse-tête <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> de Venceslas » OLOWO).<br />
55 Pour preuve de l'intérêt <strong>des</strong> Parakois pour ces questions, lire FADEGNON Maurice, Impact<br />
environnemental et socio-sanitaire de l'entreposage de soufre dans la commune de <strong>Parakou</strong>,<br />
mémoire de maîtrise en géographie, Université d'Abomey-Calavi (Bénin), 2006.<br />
56 Projet de Gestion Urbaine Décentralisée (PGUD). Rapport provisoire. Enquêtes socioéconomiques<br />
et appréciation <strong>des</strong> services urbains par la population dans les communes de<br />
Cotonou, <strong>Parakou</strong> et Porto-Novo, Dr. Albert TINGBE-AZALOU, Ministère de l'Environnement, de<br />
l'Habitation et de l'Urbanisme et Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation,<br />
mai 2005, p. 5.<br />
57 Gestion maîtrisée <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> soli<strong>des</strong> urbains et de l’assainissement dans les pays en voie de<br />
développement : les besoins en étu<strong>des</strong> scientifiques et techniques spécifiques, et en outils<br />
méthodologiques adaptés, consulté le 23/05/07 sur<br />
http://ajir.sud.free.fr/Fichiers%20a%20telecharger/Rapports%20d%20experts/Rapports%20Inter<br />
m%E9diaires/Bamako(Alep)/Rapport%20r%E9seaux%20(Bamako).pdf.<br />
58 Initiatives locales de développement urbain: lutte contre l'insalubrité et la prolifération <strong>des</strong><br />
ordures ménagères, fiche d'expérience consultée le 23/05/07 sur<br />
http://www.globenet.org/preceup/pages/fr/chapitre/capitali/experie/expmaco.html.<br />
59 En 2005, la moyenne annuelle en France est de 360 kg/hab. ; <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong>, elle est de 200 kg/hab.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 16/23
annoncé officiellement est de 26%, d'après un rapport de la SERHAU-SA qui<br />
dresse un tableau assez critique : "Le paysage urbain est fortement dégradé par<br />
<strong>des</strong> immondices qu'on rencontre partout dans la ville de <strong>Parakou</strong> et<br />
l'assainissement reste très précaire. On dénombre une multitude de décharges<br />
sauvages de tailles variées, malgré <strong>des</strong> tentatives pour limiter leur existence 60 ". Et<br />
de conclure que "En général, on s'adonne <strong>à</strong> une <strong>gestion</strong> archaïque <strong>des</strong> ordures<br />
ménagères dans l'ensemble de la ville".<br />
<strong>La</strong> responsabilité de cette <strong>gestion</strong> archaïque <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers est <strong>à</strong> partager<br />
ou <strong>à</strong> chercher entre les acteurs publics et privés. Du côté de la mairie, la Direction<br />
<strong>des</strong> Services techniques (DST) est censée superviser et organiser toute la filière :<br />
la pré-collecte (ramassage domiciliaire et transport jusqu'<strong>à</strong> un point de dépôt<br />
temporaire), la collecte (transport du point de dépôt temporaire jusqu'<strong>à</strong> la<br />
décharge), et la décharge.<br />
<strong>La</strong> pré-collecte domiciliaire a été confiée <strong>à</strong> une dizaine de structures privées (ONG,<br />
coopératives, associations, groupements d'intérêt économique) – sur un modèle<br />
déj<strong>à</strong> testé en 1994… suite <strong>à</strong> la faillite d'une société privée concessionnaire, après<br />
une seule année d'exercice 61 . Globalement, cette collecte s'opère, en principe deux<br />
fois par semaine, au moyen de charrettes et très rarement avec <strong>des</strong> tracteurs<br />
motorisés. Pour organiser la pré-collecte, un découpage de <strong>Parakou</strong> en douze<br />
secteurs a été réalisé, chaque secteur étant confié <strong>à</strong> l'une <strong>des</strong> structures privées.<br />
Sur le terrain, ce "zonage existe mais n'est pas très bien respecté 62 ", ce qui<br />
diminue l'efficacité du ramassage et provoque un taux important d'insatisfaction<br />
quant <strong>à</strong> la qualité <strong>des</strong> prestations puisque les fréquences de ramassages ne sont<br />
pas assurées 63 .<br />
<strong>La</strong> pré-collecte repose sur un système d'abonnement mensuel par ménage (500<br />
FCFA, soit 0,76 EURO) ou par maison (1.500 FCFA, soit 2,30 EURO), montants<br />
raisonnables, mais néanmoins plusieurs structures privées ont cessé leurs<br />
activités, essentiellement en raison de problèmes financiers dus <strong>à</strong> l'irrégularité<br />
dans le payement <strong>des</strong> abonnés et <strong>à</strong> l'irrégularité de certaines ONG dans leurs<br />
prestations. L'ensemble <strong>des</strong> douze zones n'est donc plus couvert.<br />
60 Projet de Gestion Urbaine Décentralisée (PGUD). Étude diagnostic de la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> <strong>des</strong><br />
villes de <strong>Parakou</strong> et Porto-Novo, SERHAU SA, juillet 2003, p. 5.<br />
61 <strong>Parakou</strong>-Info, avril 2001, n°4. Sur ce même modèle, la mairie a concédé l'entretien <strong>des</strong> voies<br />
bitumées et pavées, en février 2003, <strong>à</strong> une trentaine d'associations féminines (Cf. <strong>Parakou</strong>-Info,<br />
décembre 2003, n°6).<br />
62 Ibidem, p. 10.<br />
63 75% de ménages insatisfaits selon BAGNAN Chabi Ahmed, op. cit., p. 33.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 17/23
<strong>Parakou</strong> ne disposant pas de décharge, la collecte semble fort aléatoire et<br />
partielle. Puisque le matériel roulant fait défaut <strong>à</strong> la mairie, ce sont les structures<br />
privées qui sont chargées, moyennant rétribution, de transporter les <strong>déchets</strong> en-<br />
dehors de la ville où "une partie est évacuée vers <strong>des</strong> champs pour engraisser les<br />
terres, l<strong>à</strong> où les paysans sont demandeurs 64 ". Dès lors, nombre de <strong>déchets</strong><br />
demeurent en ville où se créent <strong>des</strong> dépotoirs sauvages avec les conséquences<br />
socio-sanitaires que l'on devine 65 .<br />
Quant <strong>à</strong> la population, elle n'est que peu impliquée dans la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong><br />
notamment en raison de "l'inexistence d'un plan de sensibilisation et de<br />
communication <strong>à</strong> l'échelle de la ville 66 ". On notera que la ville dispose d'une police<br />
de l'environnement, mais que celle-ci n'inflige que rarement <strong>des</strong> amen<strong>des</strong> sinon<br />
lors de flagrants délits. Ce qui irrite les opérateurs privés qui "déplorent le laxisme<br />
de la police environnementale qui, au lieu de sévir pour dissuader les abonnés<br />
indélicats et récidivistes préfère faire de la sensibilisation qui n'est pas de son<br />
ressort 67 ".<br />
En matière de <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers, la situation semble moins sombre<br />
dans les deux quartiers où opère le PGUD (Alaga et Camp Adagbè, un secteur sur<br />
les douze du zonage) essentiellement en raison d'une meilleure implication <strong>des</strong><br />
structures privées, <strong>des</strong> autorités locales et <strong>des</strong> populations, et d'une coordination<br />
efficace entre ces acteurs. Alaga, en tant que quartier pilote, a fait l'objet en 2005<br />
d'une investigation plus poussée 68 . Dans ce quartier d'une soixantaine d'hectares,<br />
faiblement équipé en services sociaux de base, situé <strong>à</strong> la périphérie ouest de la<br />
ville, près de 70% <strong>des</strong> ménages ont opté, contre une modique somme (100 <strong>à</strong><br />
200 FCFA, soit 0,15 <strong>à</strong> 0,30 EURO), pour la pré-collecte assurée par <strong>des</strong><br />
Groupements d'intérêt économique (GIE), c'est-<strong>à</strong>-dire <strong>des</strong> associations de jeunes<br />
mises en place par une ONG dans le cadre du PGUD.<br />
Même si "maints ménages riverains non abonnés continuent de déverser les<br />
ordures dans la nature et dans les parcelles vi<strong>des</strong> (…) de façon globale, on<br />
observe une meilleure <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> ordures ménagères 69 " qu'autrefois dans<br />
64 Ibidem, p. 10.<br />
65 On ajoutera, en la matière, que les latrines publiques sont en nombre limités et que près de<br />
70% <strong>des</strong> familles ne dispose pas de w.-c. et que, dès lors, de nombreuses personnes défèquent et<br />
urinent dans la nature, le long <strong>des</strong> rails, sur les parcelles vi<strong>des</strong>, voire sur la voie publique.<br />
66 Ibidem, p 12.<br />
67 BAGNAN Chabi Ahmed, op. cit., p.34.<br />
68 Projet de Gestion Urbaine Décentralisée (PGUD). Rapport provisoire, mai 2005, op.cit.,<br />
pp. 52-60.<br />
69 Ibidem, p. 53.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 18/23
<strong>Parakou</strong>. Pour autant, la situation est loin d'être pérenne : le caractère non<br />
obligatoire de l'abonnement mais également le faible niveau de recouvrement <strong>des</strong><br />
redevances "met les GIE dans une situation d'inconfort et précarité financiers qui<br />
s'illustre par <strong>des</strong> difficultés <strong>à</strong> honorer leurs engagements salariaux vis-<strong>à</strong>-vis <strong>des</strong><br />
ouvriers tracteurs de charrettes. Le circuit mis en place prend un coup <strong>à</strong> travers<br />
une mauvaise prestation caractérisée par l'irrégularité dans l'enlèvement <strong>des</strong><br />
ordures ménagères au niveau <strong>des</strong> ménages et les invectives répétées 70 ".<br />
À défaut d'État…<br />
Ce modèle d'organisation, ses forces et ses faiblesses, basé sur l'implication<br />
d'acteurs civils (informel, associatif, …) dans la <strong>gestion</strong> de la collectivité faute<br />
d'État caractérise d'autres villes de la sous-région.<br />
À titre d'exemple : Bamako 71 . Dans la capitale malienne, face <strong>à</strong> l'urbanisation<br />
rapide, la non-<strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> a incité, dès 1990, de jeunes cadres sans<br />
emploi <strong>à</strong> créer <strong>des</strong> groupements d'intérêt économique et <strong>des</strong> associations assurant<br />
la pré-collecte avec l'autorisation du District 72 . Globalement, on y retrouve le<br />
même modus operandi qu'<strong>à</strong> <strong>Parakou</strong>. Une fois collectés, les détritus sont<br />
acheminés par charrettes tirées par <strong>des</strong> ânes vers <strong>des</strong> dépôts de collecte primaire.<br />
Des camions de la Direction <strong>des</strong> Services de Voirie et d'Assainissement (DSUVA) se<br />
chargent de l'évacuation <strong>des</strong> détritus de ces sites primaires vers les décharges<br />
secondaires (<strong>des</strong> dépôts de transit) ou finales. Celles-ci "se font pour moitié<br />
d'entre elles dans le lit <strong>des</strong> rivières. Certaines sont situées au cœur <strong>des</strong> sites<br />
d'habitation. (…) À leur arrivée, les <strong>déchets</strong> sont soit incinérés <strong>à</strong> l'air libre, soit<br />
enfouis. <strong>La</strong> fabrication de compost ou de terreau ne permet de recycler qu'une<br />
très petite quantité <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> récoltés 73 ".<br />
Néanmoins, même insuffisantes ou imparfaites, ces interventions, génératrices<br />
d'emplois (<strong>à</strong> l'échelle d'une grande ville, on parle de plusieurs centaines)<br />
contribuent <strong>à</strong> l'assainissement urbain tant par la sensibilisation <strong>des</strong> ménages que<br />
par l'action concrète. Bien souvent, les projets associatifs développent d'autres<br />
70 Idem.<br />
71 Pour une situation très comparable <strong>à</strong> celle de Bamako : Recyclage et pré-collecte <strong>à</strong> Cotonou :<br />
<strong>des</strong> citoyens s'organisent, consulté le 23/05/07 sur http://www.acdicida.gc.ca/CIDAWEB/acdicida.nsf/Fr/EMA-218121543-PB4.<br />
72<br />
Rapport intermédiaire – Bamako, IEP Rennes – MASTER ISUR – ISTED, janvier 2005, consulté le<br />
20/05/07 sur<br />
http://ajir.sud.free.fr/Fichiers%20a%20telecharger/Rapports%20d%20experts/Rapports%20Inter<br />
m%E9diaires/Bamako(Alep)/Rapport%20r%E9seaux%20(Bamako).pdf.<br />
73 Ibidem.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 19/23
activités d'amélioration du cadre de vie, balayage <strong>des</strong> voiries ou installation de<br />
puisards 74 par exemple, le tout dans une dynamique de participation citoyenne.<br />
Conclusion<br />
<strong>La</strong> ville africaine se construit, s'imagine au quotidien. C'est vrai pour les villes<br />
émergentes qui, il y a dix ou vingt ans pour certaines, n'étaient que de gros<br />
villages. C'est vrai également pour les villes <strong>à</strong> forte culture urbaine, comme<br />
<strong>Parakou</strong>, aujourd'hui confrontées <strong>à</strong> la décentralisation. Dans ces contextes<br />
nouveaux où l'autorité publique tente une "relégitimation", le rapport aux autres<br />
dans la cité s'invente et les populations n'ont d'autres possibilités que de bricoler<br />
le social.<br />
<strong>La</strong> problématique <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> illustre alors la complexité de la <strong>gestion</strong> urbaine en<br />
Afrique où la notion d'espace public est relative. Le détritus devient un enjeu<br />
symbolique et politique : "le problème contemporain de la salissure de la ville est<br />
bien autre chose qu’une simple question de sensibilisation au manque d’hygiène<br />
domestique et aux dangers de la pollution urbaine pour la santé publique. <strong>La</strong><br />
salissure volontaire de l’espace public urbain constituerait pour les « muets » de<br />
l’arène politique locale le locus de leur expression politique et son enjeu serait de<br />
subvertir la réglementation municipale de l’hygiène et de la propreté qui, pour la<br />
population pauvre de la ville, semble symboliser et incarner toute l’autorité<br />
politique <strong>des</strong> pouvoirs municipaux 75 ".<br />
En outre, il existe peut-être, comme l'affirme François Wyngaerden, une<br />
contradiction entre la réalité locale et les solutions qu'il faudrait appliquer : "On<br />
sent l'autorité publique quelque peu coincée. Elle tente de faire respecter <strong>des</strong><br />
normes dont l'importance se situe essentiellement dans les rapports avec<br />
l'étranger occidental, pourvoyeur de modernité, tout en sachant qu'elles ne sont<br />
pas dans une véritable adéquation avec la réalité 76 ".<br />
Cela posé, on ne peut nier ni l'impact réellement nocif d'une non-<strong>gestion</strong> <strong>des</strong><br />
<strong>déchets</strong> sur le plan sanitaire et environnemental ni l'effort fourni par <strong>des</strong> autorités<br />
74 Le puisard est un trou de deux <strong>à</strong> trois mètres de profondeur <strong>des</strong>tiné <strong>à</strong> recueillir les eaux usées<br />
où <strong>des</strong> pierres poreuses servant de filtre sont disposées ; cf. Initiatives locales de développement<br />
urbain: lutte contre l'insalubrité et la prolifération <strong>des</strong> ordures ménagères, op. cit.<br />
75 OUATTARA Fatoumata, Espace public et citoyenneté. <strong>La</strong> salissure de la ville comme enjeu<br />
politique. Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), op. cit.<br />
76 WYNGAERDEN François, op. cit., p. 422.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 20/23
publiques, <strong>des</strong> comités scientifiques ou <strong>des</strong> associations citoyennes pour enrayer<br />
la salissure urbaine. Manque de données sur la composition et le flux <strong>des</strong> produits,<br />
insuffisance de voiries, redevance de collecte insuffisante et trop partiellement<br />
recouvrée, insuffisance ou absence de subventions publiques, multiplication<br />
d'acteurs trop peu coordonnés, inexistence de réglementation locales, etc. On le<br />
voit, la <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> en Afrique subsaharienne, comme dans la plupart <strong>des</strong><br />
pays en développement d'ailleurs, souffre de multiples contraintes.<br />
Dans beaucoup de villes africaines, <strong>à</strong> problèmes identiques, réponses similaires.<br />
Celles-ci passent par la mise sur pied, souvent par <strong>des</strong> jeunes qualifiés sans<br />
emploi (création d'emploi ou environnement, quel est l'objectif premier ?), avec<br />
l'aide de partenaires locaux ou étrangers, de groupements d'intérêt économique<br />
ou d'associations chargés de la pré-collecte <strong>des</strong> <strong>déchets</strong>. Un ramassage assuré<br />
auprès <strong>des</strong> ménages contre la perception d'un abonnement (trop faible, pas<br />
toujours payé ou réellement recouvré), sans matériel motorisé, vers <strong>des</strong> dépôts<br />
provisoires anarchiques, en principe sous la coordination de l'administration locale<br />
et parfois avec son soutien financier.<br />
Malgré un climat socio-économique difficile et dans un contexte politique nouveau,<br />
<strong>Parakou</strong>, elle aussi, se débrouille. <strong>La</strong> mairie affiche une réelle volonté <strong>à</strong> faire face<br />
aux nombreux défis urbains qui se posent <strong>à</strong> elle. Pour y parvenir, elle bénéficie<br />
entre autres du soutien du programme de <strong>gestion</strong> urbaine décentralisée et du<br />
partenariat avec la Ville d'Orléans. Il est sans aucun doute trop tôt pour évaluer si<br />
la nouvelle classe politique issue de la décentralisation, légitimée par <strong>des</strong> élections<br />
au suffrage universel, réussira <strong>à</strong> gérer l'urbanisation de <strong>Parakou</strong>, un enjeu <strong>à</strong> la<br />
taille de la troisième ville du pays.<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 21/23
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Problématique <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> soli<strong>des</strong> urbains en Afrique. Une analyse systémique <strong>des</strong> logiques<br />
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interuniversitaire ULg/UCL/Faculté universitaire de Gembloux/Fucam en Développement,<br />
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Les pouvoirs au village. Le Bénin rural entre démocratisation et décentralisation, Éditions Karthala,<br />
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<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 22/23
Gestion maîtrisée <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> soli<strong>des</strong> urbains et de l’assainissement dans les pays en voie de<br />
développement : les besoins en étu<strong>des</strong> scientifiques et techniques spécifiques, et en outils<br />
méthodologiques adaptés,<br />
http://ajir.sud.free.fr/Fichiers%20a%20telecharger/Rapports%20d%20experts/Rapports%20Inter<br />
m%E9diaires/Bamako(Alep)/Rapport%20r%E9seaux%20(Bamako).pdf.<br />
Initiatives locales de développement urbain: lutte contre l'insalubrité et la prolifération <strong>des</strong> ordures<br />
ménagères, fiche d'expérience,<br />
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Projet de Gestion Urbaine Décentralisée (PGUD). Composante C. Identification et évaluation <strong>des</strong><br />
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corrigé. Ville de <strong>Parakou</strong>, SERHAU-SA, décembre 2004.<br />
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Rapport intermédiaire – Bamako, IEP Rennes – MASTER ISUR – ISTED, janvier 2005,<br />
http://ajir.sud.free.fr/Fichiers%20a%20telecharger/Rapports%20d%20experts/Rapports%20Inter<br />
m%E9diaires/Bamako(Alep)/Rapport%20r%E9seaux%20(Bamako).pdf.<br />
Rapport sur la situation économique et sociale au Bénin en 2004, PNUD, 2005,<br />
http://www.undp.org.bj/publications/Rapport-Economique-Et-Social-BENIN-2004.pdf.<br />
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Ville de <strong>Parakou</strong><br />
http://www.parakou.net/culture_tourisme/tourisme/presentat/welcome.htm<br />
<strong>La</strong> <strong>gestion</strong> <strong>des</strong> <strong>déchets</strong> ménagers,<br />
casse-tête urbain <strong>à</strong> <strong>Parakou</strong> – p. 23/23