Illuminés de la joie du Ressuscité - Diocèse Poitiers

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Question de bioéthique
Anonymat des dons de gamètes et
Les enfants devenus adultes, nés d’un don anonyme
de spermatozoïdes, pourront-ils,
une fois adultes, accéder à leurs origines,
c’est-à-dire connaître l’identité du donneur
dont ils sont biologiquement issus ?
Le projet de loi relatif à la
bioéthique avait initialement
prévu la levée de
l’anonymat à la demande explicite
de l’enfant une fois parvenu
à l’âge adulte et avec l’accord
du donneur. Après diverses
auditions et discussions, les
députés ont fi nalement interdit
la levée du “secret” de naissance,
rejetant et la position
adoptée par l’Espagne (accès
à certaines données biographiques
sans révélation de
l’état-civil) et la réponse anglosaxonne
majoritaire en Europe
levant le secret de l’identité du
donneur. Le Sénat maintiendrat-il
cette position qui a soulevé
l’émotion d’adultes nés d’une
insémination artifi cielle avec
donneur, certains regroupés au
sein de l’association “Procréation
Médicalement Anonyme”
afi n que ce droit leur soit enfi n
reconnu. Il vaut sans doute la
peine d’analyser les confl its
de valeurs qui ont conduit à
cette décision des députés
pour mieux en peser les enjeux
éthiques.
D.R.
Des arguments croisés
Il faut d’abord remarquer
que le problème posé montre
clairement ce qui sépare les
fécondations in vitro autologues
(les parents sont aussi les
géniteurs) des fécondations in
vitro hétérologues, qui entrent
dans le cadre plus général des
inséminations artifi cielles avec
donneur (IAD). Ces dernières
nécessitent en raison de l’infertilité
de l’un des membres
du couple le recours à un “don”
anonyme de gamètes, qu’il
s’agisse d’ovocytes ou le plus
souvent de spermatozoïdes
fournis par les CECOS (Centres
d’Étude et de Conservation des
Œufs et du Sperme humains),
habilités à recueillir et à congeler
les gamètes.
En somme ce débat éthique
voit se croiser des arguments
déontologiques (l’accès à ses
origines est un droit) et des arguments
utilitaristes et conséquentialistes
fondés sur les
conséquences d’une levée de
l’anonymat.
Ainsi dans l’optique conséquentialiste,
il a pu être dit que
la levée de l’anonymat pourrait
tarir les dons au motif que les
donneurs ne souhaiteront pas
prendre le risque de se trouver
face à face plusieurs dizaines
d’années plus tard avec un ou
plusieurs adultes nés de leurs
spermatozoïdes et qui demanderaient
à les rencontrer. Un
D.R.
certain nombre de donneurs
ont publiquement exprimé
leurs craintes. Il a même été
fait état de craintes “juridiques”
rigoureusement exclues par la
loi, qu’il s’agisse de la remise
en cause de la paternité ou
des sources de confl its d’héritages
! On a pu même scruter
les statistiques de l’évolution
des dons de sperme dans les
pays ayant autorisé la levée
de l’anonymat. Et pourtant une
enquête publiée dans la presse
en 2010 indiquait que 60 % des
donneurs renonceraient au don
de sperme si leur identité pouvait
être révélée, ce qui laisse
40 % de donneurs qui persisteraient
: le don est un processus
psychologiquement complexe
qu’il faut éviter de schématiser.
L’Académie de médecine
craint par ailleurs qu’une levée
de l’anonymat incite les parents
à renforcer le secret de la
conception et à cacher à leurs
enfants qu’ils sont nés d’une
insémination artifi cielle avec
donneur. Mais comment ne
pas penser humainement qu’à
l’instar des enfants adoptés,
une telle information appelle