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Illuminés de la joie du Ressuscité - Diocèse Poitiers

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Vie diocésaine<br />

accès aux origines<br />

naturellement à s’interroger<br />

sur ses origines biologiques ?<br />

On insiste aussi sur le nombre<br />

faible <strong>de</strong> sujets qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

à accé<strong>de</strong>r à leurs origines, argument<br />

quelque peu paradoxal<br />

car il refuse aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs<br />

les informations qu’ils sollicitent<br />

sur leurs origines pour ne pas<br />

effrayer <strong>de</strong>s donneurs potentiels<br />

alors même que le risque<br />

couru serait négligeable. On<br />

évoque aussi le risque <strong>de</strong> recours<br />

à <strong>de</strong>s fi lières c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stines<br />

ou étrangères au cas où l’accès<br />

aux origines serait permis. Mais<br />

on peut constater que cet argument<br />

a été considéré légitimement<br />

insuffi sant pour autoriser<br />

<strong>la</strong> gestation pour autrui.<br />

Certes <strong>de</strong>s arguments utilitaristes<br />

ont aussi été évoqués<br />

pour défendre le secret <strong>de</strong>s<br />

origines : l’enfant <strong>de</strong>vrait pouvoir<br />

accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s données<br />

médicales le concernant. Cet<br />

argument n’est pas déterminant<br />

car les CECOS transmettent<br />

les informations médicales<br />

sur le donneur quand elles<br />

sont nécessaires au mé<strong>de</strong>cin<br />

traitant. De même en est-il <strong>de</strong><br />

l’argumentation selon <strong>la</strong>quelle<br />

le maintien <strong>du</strong> secret <strong>de</strong>s origines<br />

pourrait con<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>ux<br />

personnes issues <strong>du</strong> sperme <strong>du</strong><br />

même donneur à se marier. Le<br />

risque est sinon nul <strong>du</strong> moins<br />

faible et, en cas <strong>de</strong> crainte, le<br />

CECOS pourrait répondre sans<br />

révéler l’i<strong>de</strong>ntité <strong>du</strong> donneur.<br />

Le droit d’accès<br />

aux origines<br />

Et pourtant sur le p<strong>la</strong>n déontologique,<br />

le droit d’accès aux<br />

origines est <strong>de</strong>venu une évi<strong>de</strong>nce<br />

pour les enfants adop-<br />

tés. De même <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> 22 janvier<br />

2002 permet aux enfants nés<br />

sous X d’avoir accès à leurs origines<br />

sous certaines conditions<br />

et notamment l’accord <strong>de</strong>s parents<br />

biologiques, ou s’ils sont<br />

décédés, l’absence d’opposition<br />

<strong>de</strong> leur part. Tout se passe<br />

donc comme si les enfants nés<br />

d’un don <strong>de</strong> gamètes faisaient<br />

exception à <strong>la</strong> reconnaissance<br />

d’un droit d’accès aux origines<br />

reconnu pourtant à d’autres<br />

sujets dont les parents réels<br />

ne sont pas les parents biologiques.<br />

En outre, <strong>la</strong> quête <strong>de</strong>s<br />

origines n’est pas <strong>la</strong> quête <strong>de</strong><br />

parents : les enfants nés d’une<br />

IAD ont leurs parents qui les ont<br />

élevés, é<strong>du</strong>qués, aimés. Toute<br />

fi liation est par essence adoptive<br />

dans ce mouvement fondamental<br />

d’accueil qui fait <strong>de</strong><br />

tout enfant l’enfant d’un couple,<br />

le membre d’une phratrie, qu’il<br />

y ait ou non un lien biologique.<br />

En vérité ce ne sont pas leurs<br />

parents que certains sujets nés<br />

d’IAD cherchent ; ils cherchent<br />

leurs géniteurs non pour en<br />

faire <strong>de</strong> nouveaux parents mais<br />

pour connaître, comprendre,<br />

intégrer leur propre histoire.<br />

On peut c<strong>la</strong>mer que <strong>la</strong> biologie<br />

est accessoire mais on ne peut<br />

exciper <strong>de</strong> cet argument pour<br />

négliger le souhait <strong>de</strong> certains<br />

sujets <strong>de</strong> connaître <strong>de</strong>s origines<br />

biologiques qui ne<br />

s’inscrivent pas sur le<br />

registre <strong>du</strong> mystère<br />

mais sur le registre<br />

d’un secret connu<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> République<br />

auquel il leur est<br />

interdit d’accé-<br />

D.R.<br />

<strong>de</strong>r. Ainsi certains<br />

savent ce que le<br />

ou <strong>la</strong> principale<br />

intéressé(e) ne saura<br />

jamais. Aussi même si l’on peut<br />

légitimement édicter que l’être<br />

humain n’est pas le pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong><br />

ses gènes, comment ne pas<br />

entendre ceux et celles qui vivent<br />

en eux <strong>la</strong> tension <strong>de</strong> leurs<br />

origines et qui interrogés par <strong>la</strong><br />

presse, disent qu’ils “veulent<br />

arrêter <strong>la</strong> machine à questions”,<br />

qu’ils veulent “s’inscrire dans<br />

une histoire humaine” ? Même<br />

si on minimise <strong>la</strong> biologie, comment<br />

nier le droit <strong>de</strong>s sujets nés<br />

d’IAD à connaître les éléments<br />

d’un puzzle qui leur sont nécessaires<br />

pour se reconnaître dans<br />

une histoire qui leur appartient<br />

et qu’ils veulent fi nir <strong>de</strong> reconstituer<br />

pour donner à leur vie sa<br />

cohérence i<strong>de</strong>ntitaire ?<br />

Les arguments utilitaristes<br />

tiendront-ils longtemps face à<br />

ce qui apparaît <strong>de</strong> plus en plus<br />

comme un droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne<br />

humaine ?<br />

Roger Gil,<br />

responsable<br />

<strong>du</strong> pôle diocésain<br />

<strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce éthique<br />

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