18.07.2013 Views

L'école et les sociétés traditionnelles au Cameroun septentrional - IRD

L'école et les sociétés traditionnelles au Cameroun septentrional - IRD

L'école et les sociétés traditionnelles au Cameroun septentrional - IRD

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

OFFICE DE LA RECHERCHE<br />

SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE<br />

OUTRE-MER<br />

CENTRE OR5rOM<br />

DE<br />

YAOUNDE<br />

REPUBLIQUE FEDERALE<br />

DU CAMEROUN<br />

L'ECOLE ET LES SOCIETES TRADITIONNELLES<br />

8. P. 193<br />

,<br />

AU CAMEROUN SEPTENTRIONAL<br />

par<br />

Jean-Yves MARTIN<br />

Sociologue à l'ORSrOM<br />

YAOUNl:>f Juin 1970


AVANT-PROPOS<br />

- 1 -<br />

C<strong>et</strong>te étude entre dans le cadre de la Convention particulière<br />

ORSTOM - République Fédérale du <strong>Cameroun</strong> pour l'année 1969-1970. Elle fait partie<br />

d'une recherche plus générale sur <strong>les</strong> incidences sociologiques de l'éducation sco­<br />

laire dans le contexte des <strong>sociétés</strong> traditionnel<strong>les</strong> du <strong>Cameroun</strong> <strong>septentrional</strong>, dont<br />

il ne sera rendu compte que dans l'introduction. L'<strong>au</strong>teur effectue ici la première<br />

tentative de synthèse de la documentation recueillie de novembre 1.968 à février 1970<br />

sur le terrain. dans <strong>les</strong> Inspections d'enseignement primaire <strong>et</strong> à la Délégation<br />

Culturelle de la région du Nord, <strong>et</strong> <strong>au</strong>x Archives Nationa<strong>les</strong> de Yaoundé. Que tous<br />

ceux qui l'ont aidé dans ce travail - en particulier <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> de l'ensei­<br />

gnement primaire (1) - trouvent ici l'expression de ses remerciements.<br />

\<br />

(1) MM. LAMBERT, ROIGNANT, SOLIGNAC, BROnSSAL, .QJAMO, ALI KIRNA LE GUEHENNEC,<br />

MICHEL, JACQUET.


;, •<br />

- 12 -<br />

Quant <strong>au</strong> procès de différenciation sociale, il s'effectue<br />

en fonction de c<strong>et</strong>te histoire ancienne <strong>et</strong> des rapports soci<strong>au</strong>x qui régnaient<br />

à l'arrivée des Allemands. Il se fait <strong>au</strong> profit de ceux qui possédaient <strong>les</strong><br />

structures socia<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus compatib<strong>les</strong>. Une élite moderne à leur obédience<br />

s'est créée, <strong>et</strong> tous <strong>les</strong> mécanismes de sa perpétuation sont en place. Ils<br />

orientent dans leur sens la mobilité sociale provoquée par la scolarisation<br />

de masse. Et si <strong>les</strong> décalages externes ne sont pas encore comblés par c<strong>et</strong>te<br />

dernière <strong>les</strong> décalages internes sont encore plus grands.<br />

x<br />

x x<br />

Ce travail comportera trois grands chapitres. Tout d'abord<br />

l'analyse historique de la difficile implantation dans le Nord de c<strong>et</strong>te<br />

institution étrangère <strong>et</strong> moderne qu'est l'école. Ensuite l'étude - statis-<br />

tique, puis sociologique des réactions différentiel<strong>les</strong> des diverses<br />

<strong>sociétés</strong> traditionnel<strong>les</strong> à c<strong>et</strong>te implantation ; toutes choses tendant à<br />

rendre compte du r<strong>et</strong>ard actuel dans ce domaine.


- 18 -<br />

Ainsi l'école nous amène à l'histoire, à la géographie<br />

<strong>et</strong> à la sociologie. Formation avancée de la civilisation occidentale, elle<br />

n'est pas séparable du phénomène global de la colonisation, avec ses aspects<br />

politiques, économiques <strong>et</strong> religieux, dans son implantation dans une région<br />

radicalement différente sur tous ces plans.<br />

implantation.<br />

Nous allons aborder maintenant l'histoire de c<strong>et</strong>te<br />

1 - Les débuts de la scolarisation. Les Allemands.<br />

Ce sont des missionnaires qui ont introduit l'école <strong>au</strong><br />

<strong>Cameroun</strong>, dans la région côtière, <strong>et</strong> cela dès 1844. La première école dans<br />

le Nord ne fut fondée qu'en 1905, à Garoua.<br />

Le 6 septembre 1843, Joseph MERRICK, fils d'un esclave<br />

noir libéré de la Jamaique <strong>et</strong> adhérant de la Baptist Missionary Soci<strong>et</strong>y de<br />

Londres, débarque dans l'île de Fernando-poo. Il s'installe peu après sur<br />

le continent <strong>et</strong> fonde en 1844 la première école du <strong>Cameroun</strong>, à Bimbia<br />

(actuellement <strong>au</strong> <strong>Cameroun</strong> occidental). La deuxième école du <strong>Cameroun</strong> est<br />

fondée l'année suivante à Douala par un <strong>au</strong>trè missionnaire, Alfred SAKER.<br />

Ces missionnaires, qui pratiquent l'enseignement en<br />

langue vernaculaire, connaissent un certain succès. En 1869, il existe sept<br />

éco<strong>les</strong> baptistes dont cinq à Douala, ùne à Victoria <strong>et</strong> une à Bimbia. En 1885,


- 36 -<br />

méthodes rationel<strong>les</strong> <strong>et</strong> modernes", à la pratique du travail du bois <strong>et</strong> du<br />

fer.<br />

Le chef de circonscription de Garoua fait état <strong>au</strong> Gouver-<br />

neur des difficultés qui ne manqueront pas de se présenter dans lé fonction-<br />

nement de c<strong>et</strong>te "école supérieure de fils de chefs" (1) :<br />

musulmane ùe la région Nord.<br />

"Les véritab<strong>les</strong> difficultés résident dans la population<br />

Le recrutement des élèves est difficile, le recrutrment<br />

en qualité est faible mais surtout ce qui est facile à comprendre <strong>et</strong> à<br />

excuser, <strong>les</strong> é.lèves des Illanidats" éloignés arrivent trop âgés à l'école,<br />

<strong>et</strong> quand ils doivent la quitter ils sont seulement <strong>au</strong> cours élémentaire. Le<br />

choix effectué par <strong>les</strong> lamil:os n'est pas toujours fait d'une façon judi-<br />

cieuse. Mais c<strong>et</strong>te r.l.éthode de recrutement est pour l'instant la seule pos-<br />

sible dans la Région Nord.<br />

Les élèves ainsi envoyés à l'école ont peu de goût à<br />

l'étude. Dans le Sud, <strong>les</strong> enfants ont l'ambition d'obtenir, après la sortie<br />

de l'école, des places comme "c l arks" ou comme <strong>au</strong>xiliaires de l'administra-<br />

tion ; ici, rien de pareil, <strong>les</strong> jeunes Foulbé ont peu envie de servir le<br />

(1) Rapport sur l'organisation de la future école supérieure de Garoua.<br />

J931. Arch. Nat. de Yaoundé.


Chapitre II - Les réactions du milieu.<br />

Essai. d'analyse statistique.<br />

nistrative était la suivante :<br />

..<br />

- 72 -<br />

En 1968-1969, la scolarisation primaire par .région admi-<br />

total %<br />

CENTRE-SUD 260 362 38,1<br />

NORD' 76 322 Il ,2<br />

OUEST 167 761 24,6<br />

LITTORAL 131 168 1'9,2<br />

EST ,47 135 6,9<br />

Oriental est la suivante (1) :<br />

682 748 100 %<br />

Or, l'estimation de la population totale du <strong>Cameroun</strong><br />

CENTRE-SUD 050 000 25,8 %<br />

NORD 485:000 36,4 %<br />

OUEST. 780 000 19,2 %<br />

LITTORAL 520 000' 12,8 %<br />

EST 235 000 5,8 %<br />

4 070 000 100 %<br />

(1) source: La population du <strong>Cameroun</strong>. OR8TOM. Yaoundé. 1965. (d'après <strong>les</strong><br />

recensements administratifs).<br />

:1. •••<br />

..

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!