La langue wolof - Llacan - CNRS
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halshs-00722685, version 1 -<br />
1. Introduction<br />
1.1 <strong>La</strong> <strong>langue</strong> <strong>wolof</strong><br />
<strong>La</strong> <strong>langue</strong> <strong>wolof</strong><br />
Loïc-Michel Perrin<br />
Le <strong>wolof</strong> est principalement parlé au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie par<br />
plus de 3 600 000 locuteurs. En plus d’être l’idiome de l’ethnie du même nom,<br />
le <strong>wolof</strong> est la <strong>langue</strong> véhiculaire du Sénégal. Il appartient au groupe ouestatlantique,<br />
phylum nigéro-congolais (famille des <strong>langue</strong>s congo-kordofan).<br />
1.2 Traits typologiques<br />
<strong>La</strong> <strong>langue</strong> <strong>wolof</strong> compte 35 phonèmes 1 et ne comporte pas de tons. C’est une<br />
<strong>langue</strong> isolante (les mots ayant tendances à être invariables) et les diverses<br />
fonctions syntaxiques occupées par les différents constituants linguistiques<br />
(syntagmes nominaux complément ou sujet, syntagmes verbaux…) sont<br />
déterminées par un ordre syntaxique strict :<br />
Sujet + Verbe + Compl. destinataire + Compl. objet.<br />
(1) Mawdo may na Dusuba aw nag<br />
Maoudo donner 3SG.PARF Doussouba une vache<br />
Maoudo a donné une vache à Doussouba.<br />
En outre, si un groupe complément fait l’objet d’une focalisation, alors ce<br />
syntagme est obligatoirement placé en tête de proposition 2 .<br />
(2) Dusuba la Mawdo may aw nag<br />
Doussouba 3SG.EC Maoudo donner une vache<br />
C’est à Doussouba que Maoudo a offert une vache.<br />
Selon leur type, les articles peuvent se placer avant et/ou après le nom qu’ils<br />
déterminent (ex. 3) ; tandis que les syntagmes compléments du nom (qu’ils soient<br />
nominaux ou verbaux) sont systématiquement placés après celui-ci (ex. 4).<br />
1<br />
Répartis en 18 consonnes (14 de ces consonnes présentent également une forme géminée), 2<br />
semi-voyelles et 15 voyelles (dont 8 brèves et 7 longues).<br />
2<br />
Cette opération de focalisation est en plus marquée par l’usage d’une conjugaison particulière,<br />
l’emphatique du complément.
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2 <strong>La</strong> qualification dans les <strong>langue</strong>s africaines<br />
(3) -ab xale ‘un enfant’ (4) -xale réew mi ‘un enfant du pays’<br />
-xale bi ‘l’enfant’ -xale bu tuuti ‘un petit enfant’<br />
-bii xale / xale bii ‘cet enfant’ (lit. ‘un enfant qui est petit’)<br />
Les classificateurs du <strong>wolof</strong> remplissent les rôles de déterminant nominal (ex.<br />
3) mais servent également de pronom relatif (ex. 4, voir aussi en 2.8). En l’état<br />
actuel du système, il est difficile d’établir des règles formelles d’appartenance<br />
d’un nom à une classe donnée ; au plus, on observe quelques récurrences<br />
sémantiques tendancielles même il est possible de dégager quelques<br />
constantes 3 . On distingue ainsi dix classificateurs :<br />
- huit pour le singulier : -b-, -g-, -k-, -m-, -s-, -m- et j-<br />
- deux pour le pluriel : -y- et ñ-<br />
A partir de ces morphèmes-classificateurs, le <strong>wolof</strong> forme deux séries d’articles<br />
réparties selon l’opposition indéfini (par préfixation du morphème a- au<br />
classificateur) versus défini (par suffixation des morphèmes spatiaux -i pour la<br />
proximité et -a pour l’éloignement).<br />
1.3 Les parties du discours<br />
Les noms<br />
Les noms du <strong>wolof</strong>, qu’ils fonctionnent comme sujet ou comme complément,<br />
ne comportent aucune marque de genre et ce sont les classificateurs qui les<br />
accompagnent qui permettent de stipuler le nombre. <strong>La</strong> relation entre un nom et<br />
son complément nominal est assumée par les connecteurs -u (si le nom<br />
déterminé est au singulier / ex. 5) et -i (si le nom déterminé est au pluriel / ex.<br />
6) suffixés au nom déterminé 4 . Il est d’ailleurs possible d’utiliser ce type de<br />
construction pour qualifier un nom, mais uniquement si le nom déterminant<br />
renvoie une notion qualitative qui ne connaît pas d’équivalent verbal ou<br />
idéophonique (ex. 6)<br />
(5) fas-u géej (6) kër-i ban<br />
cheval-GEN mer maison-GEN banco<br />
cheval de mer (hippocampe) des maisons en banco<br />
Les verbes et le système verbal<br />
En ce qui concerne les verbes du <strong>wolof</strong>, il convient de distinguer trois types de<br />
procès (Robert, 1991 : 302-308) : les procès compacts (auxquels renvoient les<br />
3 Comme le fait que les classificateurs k- (sing.) / ñ- (plur.) se rapportent à des êtres humains.<br />
4 J.-L. Diouf (2001 : 144-146) précise que si le déterminé finit par une voyelle, le déterminant est<br />
alors introduit sans relateur.
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Wolof 3<br />
verbes d’état 5 ), les procès discrets (auxquels renvoient les verbes d’action) et<br />
les procès denses qui se comportent tantôt comme des procès compacts, tantôt<br />
comme des procès discrets (et certains verbes de qualité sont des procès<br />
denses) :<br />
Procès discrets<br />
Traduction française<br />
lekk : ‘manger’<br />
Procès compact xam : ‘savoir’ ; feebar : ‘être malade’<br />
Procès denses<br />
am : ‘se produire’ / ‘avoir’ ;<br />
noppi : ‘se taire’ / ‘être calme’<br />
<strong>La</strong> particularité du système verbal du <strong>wolof</strong> tient dans l’usage de morphèmes<br />
autonomes appelés IPAM. Les IPAM sont des marqueurs obligatoires de la<br />
conjugaison qui, comme le sigle l’indique, amalgament des Indices de<br />
Personnels, Aspecto-temporels et Modaux, ainsi que des indications portant sur<br />
la structure informationnelle 6 de la phrase. Les IPAM du <strong>wolof</strong> sont répartis en<br />
dix paradigmes 7 qui sont tous porteurs d’une valeur de repérage par rapport au<br />
moment de l’énonciation.<br />
A ce complexe élémentaire < IPAM + verbe >, peuvent s’ajouter différents<br />
morphèmes verbaux (analytiques ou synthétiques). Ces flexions sont toutes<br />
porteuses d’indications temporelles et/ou aspectuelles, comme les deux<br />
marques d’inaccompli – di- 8 et -y – ou comme le marqueur du passé – le suffixe<br />
-oon 9 .<br />
Parmi les verbes d’état du <strong>wolof</strong>, nombreux sont ceux qui expriment une<br />
qualité. D’ailleurs, en <strong>wolof</strong>, l’expression d’une qualification passe<br />
généralement par ce type de constituants puisque la catégorie de l’adjectif est<br />
inexistante.<br />
Les idéophones<br />
Il existe en <strong>wolof</strong> un autre moyen de qualifier un nom : il s’agit des idéophones.<br />
Les idéophones du <strong>wolof</strong> peuvent entrer dans deux types de constructions<br />
morpho-syntaxiques différentes (notés I et II). Ils peuvent apparaître soit (type<br />
I) au sein d’une prédication impliquant le verbe ne, soit (type II) postposés à un<br />
5<br />
A savoir des verbes de qualité, des verbes de cognition et de perception et des verbes de<br />
localisation statique.<br />
6<br />
C’est le cas des trois paradigmes emphatiques qui explicitent une opération de focalisation.<br />
7<br />
A savoir, le ‘parfait’, les trois paradigmes emphatiques (l’emphatique du sujet, l’emphatique du<br />
verbe et l’emphatique du complément), le narratif (appelé aussi aoriste) et le présentatif ainsi que<br />
deux conjugaisons injonctives (l’obligatif et l’impératif).<br />
8<br />
Ainsi que sa variante d-<br />
9 Le marqueur -oon connaît une variante, woon, employée si le verbe finit par une voyelle.
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4 <strong>La</strong> qualification dans les <strong>langue</strong>s africaines<br />
verbe plein 10 . Avec les constructions de type I, le morphème ne – qui signifie<br />
initialement ‘dire’ – fonctionne dans ce contexte comme un auxiliaire, c’est-àdire<br />
comme simple support prédicatif. <strong>La</strong> valeur sémantique explicitée est donc<br />
entièrement fonction de l’idéophone employé. Parmi les idéophones qui<br />
fonctionnent dans ce type de construction, certains permettent de référer à une<br />
qualité et sont capables, de ce fait, de qualifier un nom :<br />
(7) gox b-u ne selaw<br />
quartier CLASS-IDF dire bien_tranquille<br />
un quartier bien tranquille (lit. ‘un quartier qui dit bien tranquille’)<br />
Les autres permettent d’exprimer une action. Mais quel que soit leur domaine<br />
de référence (qu’il s’agisse d’une qualité ou d’une action), les idéophones<br />
fonctionnant dans ce type de construction véhiculent en plus de la notion à<br />
laquelle ils renvoient une valeur intensive. Comparons ainsi l’idéophone (ne)<br />
selaw ‘être bien tranquille’ avec le verbe plein yem qui signifie simplement<br />
‘être tranquille’, ou encore l’idéophone (ne) fuléet ‘dépecer rapidement’ et le<br />
verbe tenqi ‘dépecer’.<br />
Les constructions idéophoniques de type II sont composées quant à elles d’un<br />
idéophone associé à un verbe sémantiquement plein – dont des verbes de<br />
qualité (ex. 8) – de manière à ajouter à la notion de ce verbe une valeur<br />
intensive :<br />
(8) lal b-u nooy nepp<br />
lit CLASS-IDF être_moelleux très(_moelleux)<br />
un lit bien moelleux (lit. ‘un lit qui est très moelleux’)<br />
1.4 Cas problématiques<br />
Les outils linguistiques utilisés par la <strong>langue</strong> pour créer de nouveaux mots sont<br />
la dérivation par affixation et/ou la composition. Mais il existe un autre procédé<br />
utilisé relativement couramment en <strong>wolof</strong> pour créer de nouveaux mots : il<br />
s’agit de la transcatégorialité. Ce phénomène désigne en fait des termes<br />
capables de fonctionner de manière polyfonctionnelle (et parfois polysémique)<br />
mais sans modification morphologique. L’exemple le plus significatif de ce<br />
comportement sont les nomino-verbes ; mais il est également des termes<br />
transcatégoriels capables de fonctionner dans d’autres catégories syntaxiques :<br />
(9) - coy : ‘être vert’ / ‘perroquet’ (verbe / nom)<br />
- ginnaaw : ‘dos’ / ‘derrière’ (nom / préposition)<br />
Malgré les possibles ambiguïtés dues à la multiplicité des sens d’une même<br />
forme, l’ordre des mots constitue un indice suffisamment fort pour qu’il n’y ait<br />
10 Cependant, il existe un certain nombre d’idéophones qui ne peuvent fonctionner que dans l’une<br />
ou l’autre de ces deux constructions (Diouf & Robert, 2003).
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Wolof 5<br />
pas de doute quant à la fonction et à la valeur notionnelle développées par ce<br />
type de termes.<br />
2. <strong>La</strong> qualification au niveau de l’emploi épithétique<br />
<strong>La</strong> catégorie des adjectifs est inexistante en <strong>wolof</strong>. Le syntagme qualificatif<br />
épithétique peut se présenter sous deux formes distinctes qui sont fonction de la<br />
catégorie syntaxique à laquelle appartient le terme qualifiant 11 . Ainsi,<br />
l'utilisation d’un verbe de qualité ou d’un idéophone au sein d’une construction<br />
de type I passe par une proposition subordonnée relative (cf. 2.8), alors que<br />
l’usage de noms de qualité implique des constructions génitives.<br />
2.1 Adjectifs primaires<br />
« Non-pertinent ». <strong>La</strong> catégorie des adjectifs est existante en <strong>wolof</strong>.<br />
2.2 Adjectifs dérivés<br />
« Non-pertinent ». Cf. 2.1.<br />
2.3 Participes<br />
« Non-pertinent ». Il n’existe pas de participes en <strong>wolof</strong>.<br />
2.4 Adverbes<br />
« Non-pertinent ». Les adverbes du <strong>wolof</strong> ne permettent pas de qualifier un<br />
nom.<br />
2.5 Idéophones<br />
Les constructions idéophoniques de type I (celles qui permettent d’exprimer<br />
une valeur de qualification) peuvent être employées, au sein d’une subordonnée<br />
relative qualificative (cf. 2. 8) pour permettre de qualifier un nom. Les<br />
idéophones du <strong>wolof</strong> sont très rarement des termes dérivés (Diouf & Robert,<br />
2003). Il est donc difficile d’en dégager une quelconque tendance sémantique.<br />
2.6 Noms<br />
Si une construction qualificative doit passer par l’utilisation d’un nom (parce<br />
qu’une qualité ne connaît pas d’équivalent dans la catégorie des verbes et des<br />
idéophones), la <strong>langue</strong> <strong>wolof</strong> use alors de constructions génitives :<br />
11 En fait si le terme qualifiant implique ou non une construction prédicative.
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6 <strong>La</strong> qualification dans les <strong>langue</strong>s africaines<br />
(10) Tëgg-al ko lam-u përëm<br />
forger-2SG.IMP lui bracelet-GEN cuivre<br />
Fais-lui un bracelet en cuivre.<br />
(11) ndaje-Ø jàmm<br />
rencontre(-GEN) paix<br />
une rencontre pacifique (lit. ‘une rencontre de paix’)<br />
Les noms de qualité, dont la notion n’est exprimée par aucune des autres parties<br />
du discours, représentent environ un peu moins de trois pour cent des notions<br />
qualitatives données par Dixon.<br />
De façon exceptionnelle, le <strong>wolof</strong> utilise deux noms qui fonctionnent dans des<br />
relatives qualificatives, à la manière d’un verbe de qualité. Il s’agit des termes<br />
góor : ‘mâle’ et jigéen : ‘femelle’ :<br />
(12) ganaar b-u jigéen<br />
poulet CLASS-IDF femelle<br />
une poule (lit. ‘un poulet qui est femelle’)<br />
(13) Doom j-u góor la am<br />
garçon CLASS-IDF mâle 3SG.EC avoir<br />
Elle a eu un garçon (lit. ‘elle a eu un enfant qui est mâle’)<br />
Cependant, on ne peut pas dire que les termes góor et jigéen sont réellement<br />
des nomino-verbes. En effet, le fonctionnement verbal de ces deux termes est<br />
uniquement observable au sein de relatives qualificatives ; ailleurs, ils<br />
fonctionneront systématiquement comme des noms, mais jamais comme des<br />
verbes de qualité au sein d’une prédication principale.<br />
(14) Moom kay góor la !<br />
lui vraiment mâle 3SG.EC<br />
Lui, vraiment, c’est un homme !<br />
En outre, il existe en <strong>wolof</strong> des nomino-verbes renvoyant à une notion de<br />
qualité, comme le terme ragal qui peut aussi bien fonctionner comme un nom<br />
pour signifier ‘poltron’ (ex. 15) que comme verbe de qualité et signifier ‘être<br />
peureux’, et cela, aussi bien dans des relatives qualificatives (ex. 17) que dans<br />
des prédications principales (ex. 16). Preuve est bien faite que le comportement<br />
exceptionnel des termes góor : ‘mâle’ et jigéen : ‘femelle’ en tant que verbe de<br />
qualité est uniquement caractéristique des relatives qualificatives.<br />
(15) Ab ragal la (16) Dafa ragal<br />
ART poltron 3SG.EC 3SG.EV être_peureux<br />
C’est un poltron. Il est peureux.
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Wolof 7<br />
(17) baadoolo b-u ragal<br />
paysan CLASS-IDF être_peureux<br />
un paysan craintif (lit. ‘un paysan qui est peureux’)<br />
2.7 Verbes<br />
<strong>La</strong> stratégie passant par l’usage de verbes de qualité et qui implique l’usage de<br />
constructions relatives (cf. 2. 8) est la stratégie la plus usitée du <strong>wolof</strong>.<br />
<strong>La</strong> plupart des verbes de qualité, soit près de 75%, sont non dérivés. Les verbes<br />
de qualité dérivés sont issus, et dans des proportions équivalentes, aussi bien de<br />
noms que de verbes. Ils ne présentent aucun comportement particulier qui<br />
permettrait de les distinguer des verbes de qualité non dérivés. <strong>La</strong> dérivation<br />
dispose, pour obtenir de nouveaux verbes de qualité, de quelques suffixes ;<br />
mais aucun n’est spécifique à la création des verbes de qualité. Ainsi, les<br />
morphèmes -u et -e 12 sont les deux suffixes les plus régulièrement usités pour<br />
former des verbes de qualité :<br />
(18) -e - téj-e : ‘être fermé’ de téj : ‘fermer’ V Vq<br />
- gor-e : ‘être honnête’ de gor : ‘homme honnête’ N Vq<br />
(19) -u - dëgg-u : ‘être vrai’ de dëgg : ‘vérité’ N Vq<br />
- yàq-u : ‘être impoli’ de yàq : ‘endommager’ V Vq<br />
Mais, dans les grammaires du <strong>wolof</strong>, le morphème -u est désigné comme étant<br />
un médio-passif (ex. 20) et le morphème -e est utilisé pour modifier la valence<br />
d’un verbe 13 (ex. 21) :<br />
(20) -u raxas-u : ‘se laver’ de raxas : ‘laver’<br />
(21) -e sarax-e : ‘faire l’aumône’ de sarax : ‘faire l’aumône à’<br />
wàcc-e : ‘descendre de’ de wàcc : ‘descendre’ (intransitif)<br />
<strong>La</strong> composition qui constitue également un mode de création lexicale, permet<br />
d’obtenir des composés verbaux renvoyant à une qualité et qui peuvent<br />
fonctionner en tant lexème verbal. On peut citer à ce titre les locutions verbales<br />
figées neex-deret : ‘être agréable (de caractère)’ (lit. ‘être agréable-sang’) ou<br />
am-doole : ‘être fort’ (lit. ‘avoir-force’) :<br />
(22) Waa j-u am-alal la-y séyal<br />
personne CLASS-IDF avoir-richesse 2SG.EC-INAC se marier<br />
C’est à un homme riche [qui a des richesses] qu’elle est mariée.<br />
12<br />
Mc<strong>La</strong>ughlin signale également la possibilité d’user du marqueur du privatif (xam-adi : ‘être<br />
ignorant’ de xam : ‘savoir’).<br />
13<br />
Ainsi -e permet aussi bien d’augmenter la valence d’un verbe transitif ou intransitif que de<br />
diminuer la valence d’un verbe transitif ou di-transitif (Diouf, 2001 : 178-180).
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8 <strong>La</strong> qualification dans les <strong>langue</strong>s africaines<br />
(23) nenne b-u neex-deret<br />
bébé CLASS-IDF être_agréable-sang<br />
un bébé doux (lit. ‘un bébé qui est agréable de sang’)<br />
Le fait que, au sein du groupe verbal obtenu, le nom employé ne peut recevoir<br />
de modifieurs nominaux (comme un déterminant ou un complément…), prouve<br />
bien que ce terme a perdu ses caractéristiques fonctionnelles au profit du<br />
syntagme figé qui doit être considéré comme un verbe à part entière.<br />
Enfin, il est également possible de considérer le comportement des morphèmes<br />
transcatégoriels comme étant assimilable à un mode de création lexicale. Ce<br />
phénomène concerne principalement des termes capables de fonctionner<br />
comme des noms ou comme des verbes (que l’on appelle ‘nomino-verbe 14 ’).<br />
Mais il est impossible de dire si ces termes ont d’abord fonctionné comme des<br />
noms ou comme des verbes de qualité.<br />
(24) Emploi verbal Emploi nominal<br />
-xiif (g-)<br />
- luu (b-)<br />
- dee (g-)<br />
On trouve aussi parmi les morphèmes polyfonctionnels capables de fonctionner<br />
comme des verbes de qualité, des termes fractals (Robert, 1998), c’est-à-dire<br />
des termes non seulement transcatégoriels mais également polysémiques (ex.<br />
25). Ainsi, le terme coy signifie ‘être vert’ lorsqu’il fonctionne comme un verbe<br />
de qualité (ex. 26), et désigner un ‘perroquet’ lorsqu’il fonctionne comme un<br />
nom (ex. 27) :<br />
(25) Emploi verbal Emploi nominal<br />
- xala (g-) ‘être courbé’ ‘arc’<br />
- muus (m-) ‘être rusé’ ‘chat’<br />
- mboq ‘être jaune’ ‘maïs’<br />
(26) mbubb m-u coy (27) Sab-u coy<br />
boubou CLASS-IDF être_vert chant-GEN perroquet<br />
un boubou vert un chant de perroquet<br />
2.8 Phrases relatives<br />
‘avoir faim’,<br />
‘être muet’,<br />
‘être mort / mourir’<br />
‘faim’<br />
‘muet’<br />
‘mort’…<br />
Comme cela a été expliqué en 2., les constructions qualificatives impliquant un<br />
verbe de qualité (voire une locution verbale figée) sinon un idéophone dans une<br />
construction de type I passent systématiquement par l’usage d’une relative.<br />
14 Voir aussi les exemples 15-17 comportant le nomino-verbe ragal : ‘poltron’ / ‘être peureux’.
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Wolof 9<br />
<strong>La</strong> structure des relatives permettant de qualifier un nom – ou relatives<br />
qualificatives – impliquant un verbe de qualité ou un idéophone introduit par<br />
l’auxiliaire ne (type I) est un peu différente des relatives comportant un verbe<br />
d’action ou un autre type de verbe d’état (c’est-à-dire un verbe de cognition, de<br />
perception ou de localisation statique).<br />
Le syntagme relatif du <strong>wolof</strong> se compose d’un relateur qui succède au nom<br />
modifié et d’un groupe verbal. Ce relateur est en fait constitué du morphème<br />
classificateur relatif au nom modifié auquel est suffixé l’un des trois indices<br />
spatiaux : -i pour la proximité, -a pour l’éloignement et -u pour l’absence de<br />
détermination.<br />
Comme le montre Robert (1998), lorsque le nom modifié appelle une<br />
détermination indéfinie, quel que soit le type de verbe employé (l’auxiliaire des<br />
idéophones ne (ex. 28), un verbe de qualité (ex. 29) ou tout autre type de verbe<br />
(ex. 30)), c’est le suffixe -u qui est systématiquement utilisé ; et aucun article<br />
ne figure au sein du syntagme nominal. On obtient ainsi la structure suivante :<br />
- Relatives indéfinies : NOM + CLASS.-u + VERBE +/- COMPLEMENT<br />
(28) Moytu-l ndox m-u ne remm<br />
méfier-2SG.IMP eau CLASS-IDF dire très_calme<br />
Méfie-toi de l’eau calme ! (lit. ‘méfie-toi de l’eau qui est très calme.’)<br />
(29) dég-dég b-u neex<br />
nouvelle CLASS-IDF être.bon<br />
une bonne nouvelle (lit. ‘une nouvelle qui est bonne’)<br />
(30) xale b-u dem Ndakaaru<br />
enfant CLASS-IDF aller Dakar<br />
un enfant qui est allé à Dakar<br />
Par contre, si le nom modifié appelle une détermination définie, deux cas de<br />
figures sont à envisager. (i) Si la relative comporte un verbe de qualité, alors un<br />
article défini figure en plus à la fin du syntagme nominal. Cet article est<br />
composé du morphème classificateur relatif au nom qualifié et des suffixes -i<br />
pour la proximité (ex. 31) ou -a pour l’éloignement :<br />
- proximité : NOM + CLASS.-u + VERBE.QUALITE + CLASS.-i<br />
- éloignement : NOM + CLASS.-u + VERBE.QUALITE + CLASS.-a<br />
(31) Déglul baat b-u neex b-i<br />
entendre voix CLASS-IDF être_bon ART(CLASS- DEF)<br />
Entends la belle voix ! (lit. ‘entends la voix qui est belle’)<br />
Mais, (ii) si la relative comporte un verbe autre qu’un verbe de qualité, alors<br />
aucun article défini ne figure à la fin du syntagme. Cependant, le relateur<br />
nominal est alors composé du morphème classificateur et de l’un des suffixes -i<br />
(pour la proximité) ou -a (pour l’éloignement / ex. 32) :
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10 <strong>La</strong> qualification dans les <strong>langue</strong>s africaines<br />
- proximité : NOM + CLASS.-i + VERBE(non-qualité) +/- COMPLEMENT<br />
- éloignement : NOM + CLASS.-a + VERBE(non-qualité) +/- COMPLEMENT<br />
(32) Tànn-al fas w-a gën 15 -a yooy<br />
choisir-2SG.IMP cheval CLASS-DEF ê_le_plus-CON ê_maigre<br />
Choisis le cheval (éloigné) qui est le plus malingre !<br />
Cette construction particulière propre aux subordonnées relatives comportant<br />
un verbe de qualité est le critère décisif qui permet de distinguer les verbes de<br />
qualité du <strong>wolof</strong> des autres verbes. En effet :<br />
« […] Les verbes d’action supposent, au niveau du pronom relatif, un ancrage par<br />
rapport à la situation d’énonciation (stipulé au moyen des suffixes -i ou -a). […] En<br />
effet, les verbes d’action désignent un événement qui constitue une situation nouvelle et<br />
implique donc un ancrage spécifique dans le temps. Par différence, les verbes d’état<br />
correspondant à une prédication de qualité ne définissent pas une situation nouvelle avec<br />
un espace-temps spécifique : la qualité est alors prédiquée dans la situation définie par la<br />
principale, on a donc le suffixe -u correspondant à l’anaphore situationnelle » (Robert,<br />
1998 : 7).<br />
Voilà pourquoi on peut véritablement parler de syntagme relatif qualificatif.<br />
2.9 Autres<br />
« Non-pertinent ».<br />
3. <strong>La</strong> qualification au niveau de l’emploi prédicatif<br />
Les parties du discours capables de figurer dans un syntagme relatif (i.e. les<br />
verbes de qualité et certains idéophones) conservent, lors de relations<br />
attributives, leur comportement typiquement verbal pour fonctionner comme<br />
centre organisateur d’une prédication. Tandis que les noms de qualité qui<br />
figurent dans des constructions génitives, apparaissent comme actant d’un<br />
prédicat non verbal servant normalement à exprimer une identification (du<br />
type : X est défini comme étant Y).<br />
3.1 Adjectifs primaires<br />
« Non-pertinent ».<br />
3.2 Adjectifs dérivés<br />
« Non-pertinent ».<br />
15 Le verbe gën : ‘être le plus’, même s’il appartient à la catégorie des verbes d’état, ne fonctionne<br />
pas comme un verbe de qualité.
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3.3 Participes<br />
« Non-pertinent ». Cf. 2.3.<br />
3.4 Adverbes<br />
« Non-pertinent ». Cf. 2.4.<br />
3.5 Idéophones<br />
Wolof 11<br />
Les constructions idéophoniques de type I 16 (ex. 33) sont employées dans des<br />
constructions attributives, au sein de prédications verbales :<br />
(33) Dafa ne soléet<br />
3SG.EV dire très_élancé<br />
Il est (particulièrement) élancé.<br />
On remarquera que ce type de prédication fonctionne comme un état. En atteste<br />
la valeur de présent que prend cet énoncé lorsqu’il est conjugué uniquement par<br />
un des paradigmes de l’accompli.<br />
3.6 Noms<br />
Comme cela a été vu en 2.6., il est possible en <strong>wolof</strong> d’exprimer une<br />
qualification épithétique au moyen d’un nom de qualité, fonctionnant au sein<br />
d’un syntagme génitif. Dans le cas d’une qualification attributive, la stratégie<br />
nominale va passer par un prédicat non verbal composé du nom de qualité et de<br />
la conjugaison dite de l’emphatique du complément :<br />
(34) Sama diigal, betteex la<br />
mon lest plomb 3SG.EC<br />
Mon lest est en plomb. (lit. ‘mon lest, c’est du plomb’)<br />
(35) Gattax lañu<br />
chaume_de_mil 3PL.EC<br />
Elles [les palissades] sont en chaume de mil.<br />
En fait, cette conjugaison de l’emphatique du complément est typique des<br />
énoncés non verbaux, caractéristiques des relations d’identification dans<br />
lesquelles ‘X est défini comme étant Y’ (Robert, 1991 : 152-153) :<br />
(36) Moom góom la woon ?<br />
ça plaie 3SG.EC PASSE<br />
Ça c’était une plaie ?<br />
16 Celles dont les idéophones se combinent avec le verbe-auxiliaire ne : ‘dire’ et qui présentent la<br />
capacité de pouvoir référer à une qualité tout en ajoutant une valeur intensive.
halshs-00722685, version 1 -<br />
12 <strong>La</strong> qualification dans les <strong>langue</strong>s africaines<br />
(37) Ndaw sii, musiba la!<br />
femme cette beauté 3SG.EC<br />
Cette femme, c’est une beauté !<br />
Cela a été observé en 2.6., les nominaux góor : ‘mâle’ et jigéen : ‘femelle’ sont<br />
exceptionnellement capables de fonctionner comme des verbes de qualité au<br />
sein de subordonnées relatives. Mais dans des structures prédicatives<br />
attributives, ces deux termes retrouvent leur comportement typiquement<br />
nominal. Ainsi, lorsqu’il s’agit de qualifier une entité par les notions de ‘male’<br />
ou de ‘femelle’ au sein d’une prédication principale, les termes góor et jigéen<br />
présentent le même fonctionnement que les autres noms de qualité en fonction<br />
attributive (ex. 34-35), c’est-à-dire au sein d’un énoncé non verbal conjugué<br />
avec le paradigme de l’emphatique du complément (ex. 14 & 38) :<br />
(38) Jigéen la, d-u doom-u réew mi<br />
femelle 3SG.EC INAC-NEG enfant-GEN pays le<br />
C’est une femme, (mais) pas une enfant du pays [une citoyenne].<br />
3.7 Verbes de qualité<br />
L’expression de la qualité passe majoritairement en <strong>wolof</strong> par l’usage de verbes<br />
de qualité. On va donc pouvoir retrouver de manière privilégiée ces verbes dans<br />
des constructions qualitatives attributives dans lesquelles ils fonctionneront<br />
comme centre prédicatif. Tout comme les idéophones (ex. 33), les verbes de<br />
qualité prennent une valeur de présent lorsqu’ils sont conjugués avec un<br />
paradigme de l’accompli comme l’emphatique du verbe. Ils fonctionnent donc<br />
comme des verbes d’état.<br />
(39) Dafa mboq<br />
3SG.EV être_jaune<br />
C’est jaune.<br />
D’après l’analyse du système verbal de Robert (1991), on note que toutes les<br />
conjugaisons du <strong>wolof</strong> peuvent se combiner à un verbe de qualité, à l’exception<br />
de l’emphatique du complément (puisque cette conjugaison ne supporte pas les<br />
verbes intransitifs). Ces conjugaisons vont ainsi permettre de caractériser la<br />
relation de qualification en fonction de la valeur modale qu’elles développent.<br />
De la sorte, l’emphatique du verbe va présenter la qualité prédiquée comme<br />
étant une propriété définitoire du sujet (entité ou situation) (ex. 40a) ; alors que<br />
le parfait est utilisé pour confirmer une qualité déjà connue (ex. 40b), comme le<br />
montre le dialogue suivant repris à Robert (1991 : 76-77) :<br />
(40a) mbubb bii dafa rafet<br />
boubou ce 3SG.EV être_beau<br />
Il est joli ce boubou.
halshs-00722685, version 1 -<br />
(40b) Rafet na de !<br />
être _beau 3SG.PARF vraiment<br />
Ah ça [pour être joli] il est joli !<br />
Wolof 13<br />
<strong>La</strong> conjugaison de l’emphatique du sujet (Robert, 1991 : 125-127) est utilisée<br />
quant à elle pour ajouter une valeur intensive à la relation de qualification (ex.<br />
41) ou pour expliquer une propriété spécifique du sujet (ex. 42) :<br />
(41) Ceeb bii moo neex !<br />
riz ce 3SG.ES être_bon<br />
Qu’est ce qu’il est bon ce riz !<br />
(42) Paaka bii moo ñaw moo tax moom<br />
couteau ce 3SG.ES être_tranchant 3SG.ES causer lui<br />
laa-y dagge<br />
2SG.EC.-INAC utiliser<br />
Ce couteau est tranchant, c’est pourquoi je l’utilise.<br />
Avec le paradigme du présentatif enfin, l’entité référée ainsi que la qualité qui<br />
la caractérise devront systématiquement être localisées dans un espace proche<br />
de la situation d’énonciation, au moment même où l’énoncé est prononcé :<br />
(43) Xool-al mu ngi tag ci palanteer bi<br />
regarder-2SG.IMP 3SG PRES ê_perché sur fenêtre ART<br />
Regarde, il est perché sur la fenêtre.<br />
3.8 Constructions à expérient<br />
Il existe en <strong>wolof</strong> de nombreuses constructions à expérient qui permettent<br />
d’exprimer une qualification. Néanmoins, ces constructions sont uniquement<br />
usitées lors de qualifications attributives. On trouve aussi quelques rares<br />
notions de qualité pour lesquelles les constructions à expérient représentent le<br />
seul moyen de les exprimer. Il s’agit, selon les observations de Becher (2003),<br />
des notions relatives à la peine (ex. 44) et à la déception (ex. 45).<br />
(44) Suma yaram bi yepp dee<br />
mon corps ART tout être_mort<br />
Je suis triste. (lit. ‘tout mon corps est mort’)<br />
(45) Suma xel bi tilim<br />
mon esprit ART être_sale<br />
Je suis déçu. (lit. ‘mon esprit est sale’)<br />
On remarque, au travers de ces deux exemples, que les constructions à<br />
expérient décrivent la relation de qualification d’une manière indirecte (puisque<br />
l’expérient n’est pas explicitement mentionné) et métaphorique. On peut donc
halshs-00722685, version 1 -<br />
14 <strong>La</strong> qualification dans les <strong>langue</strong>s africaines<br />
supposer que ce type de construction n’a d’autres fonctions que d’ajouter à la<br />
qualification une charge affective.<br />
4. Observations sémantiques<br />
D’un point de vue sémantique, aucun champ sémantique relatif à un même type<br />
conceptuel de qualités ne se trouve incarné plus qu’un autre dans une partie du<br />
discours particulière (verbes de qualité, idéophones ou noms). Au plus, comme<br />
l’a déjà remarqué Mc<strong>La</strong>ughlin (2004 : 242-262), on observe que l’immense<br />
majorité des notions qualitatives de la <strong>langue</strong> <strong>wolof</strong> trouve leur expression au<br />
moyen de verbes de qualité (non dérivés pour la plupart) et que la dérivation<br />
entre les catégories des noms et des verbes est courante. D’autre part,<br />
Mc<strong>La</strong>ughlin note un ensemble de verbes de qualité relatifs à des infirmités<br />
corporelles qui fonctionnent sans modifications formelles comme des noms<br />
pour désigner les personnes qui souffrent de ces infirmités (gumba : ‘être<br />
aveugle’/’aveugle’, gaana : ‘avoir la lèpre’/’lépreux’…).<br />
Le seul phénomène caractéristique de la qualification en <strong>wolof</strong> tient dans la<br />
morphosyntaxe particulière des relatives épithétiques comportant un verbe de<br />
qualité ou une construction idéophonique de type I (voir en 2.8.) ; cette<br />
particularité étant le produit d’une contrainte déterminative spécifique à la<br />
qualification.<br />
5. Discussion<br />
<strong>La</strong> <strong>langue</strong> <strong>wolof</strong> dispose donc de trois stratégies concurrentes pour qualifier un<br />
nom : (i) par le biais de verbes de qualité, (ii) au moyen de constructions<br />
idéophonique de type I, sinon (iii) par des noms référant à une qualité.<br />
Les deux premières stratégies – verbale et idéophonique – impliquent de façon<br />
intrinsèque une prédication verbale. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’exprimer une<br />
qualification épithétique, l’usage de l’une de ces deux stratégies passe<br />
obligatoirement par une structure relative. Et, lors d’une qualification<br />
attributive, les termes relatifs à ces deux stratégies fonctionneront tout<br />
simplement comme centre prédicatif de l’énoncé.<br />
Quant à la stratégie nominale, dans le cas d’une qualification épithétique, elle<br />
passe systématiquement par un syntagme génitif complément du nom qualifié.<br />
Alors que, dans une qualification attributive, la stratégie nominale se<br />
caractérise par un recours à une construction non verbale – une identification<br />
plus exactement – impliquant systématiquement l’usage de la conjugaison de<br />
l’emphatique du complément.<br />
<strong>La</strong> stratégie verbale est la stratégie privilégiée par la <strong>langue</strong> <strong>wolof</strong>. Et la<br />
particularité des constructions idéophoniques de type I tient dans le fait qu’elles<br />
expriment, en plus de la valeur qualitative à laquelle elles réfèrent, une valeur<br />
d’intensité. Quant à la stratégie nominale, la moins utilisée par la <strong>langue</strong> <strong>wolof</strong>,<br />
elle correspond à une stratégie par défaut, c’est-à-dire qu’elle est employée
halshs-00722685, version 1 -<br />
Wolof 15<br />
lorsque la qualité qui doit être référée ne peut être exprimée par aucune des<br />
catégories verbale ou idéophonique.<br />
Références<br />
Becher, J. 2003. Experiencer constructions in Wolof . Hamburger<br />
Afrikanistische Arbeitspapiere 2 : 1-89.<br />
Diouf, J.-L. 2001. Grammaire du <strong>wolof</strong> contemporain. Institute for the Study of<br />
languages and Cultures of Asia and Africa (ILCAA), Tokyo University of<br />
foreign studies.<br />
Diouf, J.-L. & S. Robert. 2003. Les idéophones en <strong>wolof</strong> : étude préliminaire,<br />
communication pour le programme PDDM – Atelier de l’opération de<br />
recherche O-1.1. du LLACAN, 24 avril 2003, Villejuif.<br />
Dixon, R.M.W. 2004. Adjective classes in typological perspective. In : Dixon,<br />
R.M.W. & A. Aikhenvald (eds.) Adjective Classes - A Cross-Linguistic<br />
Typology, Oxford University Press. 1-49.<br />
Fal, A. 1999. Précis de grammaire fonctionnelle de la <strong>langue</strong> <strong>wolof</strong>. Dakar.<br />
Mc<strong>La</strong>ughlin, F. 2004. Is there an Adjective Class in Wolof? In : Dixon, R.M.W.<br />
& A. Aikhenvald (eds.). Adjective Classes - A Cross-Linguistic Typology,<br />
Oxford University Press. 242-262.<br />
Robert, S. 1991. Approche énonciative du système verbal – le cas du <strong>wolof</strong>.<br />
Editions du <strong>CNRS</strong>, coll. Sciences du <strong>La</strong>ngage : Paris.<br />
Robert, S. 1998. Espace déictique, espace syntaxique et prédication : Les<br />
indices spatiaux du <strong>wolof</strong>. In : Caron, B. (éd.), Actes du XVIe Congrès<br />
International des Linguistes, Paris, 20-25 juillet 1997. Oxford : Elsevier. 1-<br />
15.