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La musique - CRDP Aquitaine

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Clés pour<br />

enseigner l’histoire des arts<br />

EXTRAITS<br />

Séquences pédagogiques<br />

Christine CARRERE<br />

Professeur des écoles<br />

Pascale DARDEY<br />

Conseillère pédagogique éducation artistique<br />

Pierre MARTINET<br />

Inspecteur de l’Éducation nationale<br />

Nathalie MOUNET<br />

Conseillère pédagogique arts visuels<br />

en cycle 3<br />

Le Moyen Âge<br />

Guillaume LACHAUD<br />

Professeur d’histoire<br />

Carol ZIMMERMANN<br />

Professeur d’histoire<br />

pour la partie <strong>musique</strong><br />

Henri GONZALEZ<br />

Professeur d’éducation musicale — IUFM<br />

Conseil scientifi que<br />

Philippe ARAGUAS<br />

Professeur d’université<br />

Marc SABOYA<br />

Professeur d’université<br />

5


14<br />

Sommaire<br />

PRÉFACE 7<br />

PRÉSENTATION : COMMENT ENSEIGNER L’HISTOIRE DES ARTS ? 9<br />

INTRODUCTION À L’ART MÉDIÉVAL OCCIDENTAL 17<br />

EXTRAITS<br />

L’ARCHITECTURE MILITAIRE<br />

. L’architecture militaire : cinq siècles d’évolution 21<br />

. Carcassonne, une cité fortifi ée au cœur de l’histoire occidentale 29<br />

Présentation des séquences pédagogiques<br />

1. Une cité fortifi ée, Carcassonne 40<br />

2. L’architecture militaire 42<br />

L’ARCHITECTURE RELIGIEUSE<br />

. L’architecture de l’église médiévale 47<br />

. <strong>La</strong> cathédrale Saint-Nazaire et Saint-Celse de Carcassonne 52<br />

LE VITRAIL<br />

Présentation des séquences pédagogiques<br />

1. L’architecture religieuse 58<br />

2. Du roman au gothique 60<br />

. Le vitrail : technique et évolution 65<br />

. Les vitraux de la cathédrale de Carcassonne :<br />

un programme iconographique 72<br />

Présentation des séquences pédagogiques<br />

1. Verre et couleurs 78<br />

2. Un récit en lumière 80


LA SCULPTURE ROMANE<br />

. <strong>La</strong> sculpture romane 85<br />

. Un chef d’œuvre de l’art roman : le portail de Moissac 89<br />

Présentation des séquences pédagogiques<br />

1. Un récit sculpté 98<br />

2. Sculpter le mouvement 100<br />

EXTRAITS<br />

LE MANUSCRIT ENLUMINÉ<br />

. Le livre au Moyen Âge 105<br />

. L’évangéliaire de Saint-Nazaire, un manuscrit du XIII e siècle 111<br />

LA MUSIQUE<br />

Présentation des séquences pédagogiques<br />

1. Une lettre historiée 114<br />

2. Le tournoi, une fête nobiliaire 116<br />

. <strong>La</strong> <strong>musique</strong> au Moyen Âge 121<br />

. Les instruments de <strong>musique</strong> 127<br />

Présentation des séquences pédagogiques<br />

1. Le chant grégorien 130<br />

2. <strong>La</strong> chanson des troubadours 131<br />

POUR CONCLURE... 133<br />

Présentation des séquences pédagogiques<br />

1. Les arts racontent 134<br />

2. Les arts dialoguent 136<br />

GLOSSAIRE (lexique repéré dans l’ouvrage par *) 140<br />

SOMMAIRE DU CD AUDIO 145<br />

SOMMAIRE DU CÉDÉROM 147<br />

CRÉDITS 150<br />

15


<strong>La</strong> <strong>musique</strong><br />

au Moyen Âge<br />

Comme les autres formes de l’art médiéval occidental,<br />

la <strong>musique</strong> résulte d’un croisement d’héritages<br />

anciens et d’infl uences aussi diverses que les régions<br />

concernées : les plus méridionales encore marquées<br />

par la civilisation romaine et à partir du VIII e siècle en<br />

contact avec l’Espagne mauresque proche, les plus<br />

au nord pénétrées de courants mêlant cultures celtes,<br />

scandinaves ou germaniques. L’Église, organisée<br />

sur le modèle de l’ancienne administration des Césars,<br />

reste le seul pouvoir unifi cateur de ce qui fut autrefois<br />

l’Empire romain ; elle favorisera pendant des siècles<br />

le développement d’une culture artistique religieuse,<br />

au service de la louange divine, de la prière<br />

et de l’édifi cation des fi dèles issus de ces vastes territoires<br />

contrastés.<br />

EXTRAITS<br />

Le savoir antique subsiste à l’abri des monastères,<br />

mais, en ce qui concerne la <strong>musique</strong> des premiers<br />

siècles, seuls quelques écrits théoriques, des documents<br />

littéraires ou iconographiques, sont préservés,<br />

comme le célèbre traité De musica de Boèce (470-<br />

525) qui sert de fondement à la pensée des théoriciens<br />

ultérieurs jusqu’à la Renaissance. Jusqu’au<br />

IX e siècle au moins (époque carolingienne), le répertoire<br />

circule oralement et nous ne connaissons rien<br />

de la <strong>musique</strong> de ces neuf premiers siècles. <strong>La</strong> notation<br />

exacte des hauteurs musicales, essentielle pour<br />

une restitution correcte, n’apparaît qu’au début du<br />

XI e siècle, grâce à des repères linéaires attribués à des<br />

notes fi xes qui déboucheront sur l’invention de la<br />

portée. Quant aux premières tentatives de notation<br />

rythmique, elles commencent seulement au XIII e siècle,<br />

et encore de manière très imparfaite.<br />

Les moines, dépositaires du savoir, ne jugent dignes<br />

de mettre par écrit que ce qui est sérieux, utile à<br />

l’Église et au culte ; pour cette raison, les documents<br />

de <strong>musique</strong> conservés de cette époque lointaine ne<br />

concernent que la <strong>musique</strong> religieuse. Ce n’est que<br />

très progressivement que des fragments de <strong>musique</strong><br />

profane ou de divertissement bénéfi cient d’un support<br />

écrit. Cette hiérarchie des genres entre <strong>musique</strong><br />

au service du divin et <strong>musique</strong> profane perdurera<br />

longtemps jusqu’à la fi n du XVI e siècle où la <strong>musique</strong><br />

poétique, théâtrale ou instrumentale d’inspiration<br />

non religieuse arrivera à s’imposer comme étant un<br />

objet aussi digne d’intérêt et d’étude que le répertoire<br />

sacré. Cette mentalité explique également le fait que<br />

la <strong>musique</strong> vocale, comme expression d’une parole<br />

et donc de la raison, soit considérée pendant des siècles<br />

comme supérieure à la <strong>musique</strong> instrumentale<br />

qui touche directement les sens, donc en dehors du<br />

contrôle de la raison et suspecte d’entraîner vers les<br />

faiblesses de la chair. Le fait d’être tributaire d’un objet<br />

pour produire des sons assimile également la <strong>musique</strong><br />

instrumentale à une activité manuelle, toujours<br />

selon les mentalités de l’époque, moins bien considérée<br />

que le chant, plus proche des activités de l’esprit.<br />

Les premières traces de <strong>musique</strong> profane (chansons<br />

de banquet, danses de cour ou danses paysannes)<br />

datent du renouveau de la civilisation européenne<br />

au XI e siècle, mais malheureusement, très souvent, les<br />

copistes n’ont l’idée de conserver que les poésies des<br />

troubadours* et des trouvères*, non les <strong>musique</strong>s ou<br />

alors sous une forme trop rudimentaire.<br />

Monodique depuis des temps immémoriaux, avec<br />

sans doute quelques ajouts éventuels de bourdons<br />

ou variantes hétérophoniques improvisées ponctuellement<br />

sans qu’on puisse parler de véritable polyphonie,<br />

la <strong>musique</strong> occidentale va se démarquer des<br />

autres cultures en introduisant la polyphonie, d’abord<br />

à deux voix, puis trois et quatre. Cette invention de la<br />

polyphonie, d’abord dans le domaine religieux, est<br />

favorisée par les progrès de la notation musicale qui<br />

permet de réaliser, grâce au support écrit, des combinaisons<br />

de lignes de plus en plus complexes, des<br />

« contrepoints », qui ne relèvent plus des techniques<br />

improvisées sur le champ, mais d’un travail d’élaboration<br />

à la table, beaucoup plus long, selon des règles<br />

qui s’établissent peu à peu en fonction de ce qui<br />

est jugé comme sonnant « bien » ou non. Ces règles<br />

de composition évolueront constamment avec les<br />

générations et les changements du goût.<br />

<strong>La</strong> <strong>musique</strong> sacrée médiévale monodique ou plainchant<br />

est avant tout une <strong>musique</strong> fonctionnelle, faite<br />

pour la prière et le service divin (messes et offi ces)<br />

qui rythmait la journée des moines et religieuses,<br />

et du clergé séculier des paroisses ou cathédrales.<br />

Au centre de cette activité musicale, le chant des<br />

150 psaumes exécutés durant le cycle hebdomadaire<br />

des Offi ces. Les autres mélodies reposent sur des<br />

textes bibliques (Ancien et Nouveau Testament) ou<br />

autres ; ils peuvent être d’inspiration poétique libre,<br />

comme les hymnes. <strong>La</strong> pluralité des Églises (grecque,<br />

romaine, milanaise, bénéventine, gallicane,<br />

hispanique...) entraîne la constitution de rites et de<br />

répertoires propres ; Charlemagne, frappé par les divergences<br />

entre la manière de chanter des Romains<br />

et celle des Gallicans, décide d’unifi er les pratiques,<br />

autour d’un corpus de synthèse qu’on attribua abusivement<br />

à la divine inspiration de Saint-Grégoire<br />

121


(pape en 590-604), d’où l’appellation ultérieure de<br />

« chant grégorien » donnée au plain-chant ainsi réformé.<br />

Des transformations continuèrent à s’opérer<br />

tout au long des siècles.<br />

<strong>La</strong> volonté d’unifi cation de Charlemagne s’étendait<br />

bien au-delà de la <strong>musique</strong> et visait à asseoir sa<br />

puissance politique en s’appuyant sur un empire qui<br />

fût une entité géographique, religieuse et culturelle<br />

la moins morcelée possible.<br />

EXTRAITS<br />

1. <strong>La</strong> monodie :<br />

le plain-chant<br />

Entre le VI e et le IX e , un répertoire est déjà constitué<br />

à partir d’un fonds musical ancien synagogal<br />

de psaumes et d’hymnes (terme féminin dans ce<br />

sens), les premiers chrétiens étant pour la plupart<br />

des juifs convertis ; sont vraisemblablement mêlés<br />

à ce substrat, des emprunts à d’autres traditions<br />

détournées, marches militaires romaines à trois<br />

temps qu’on retrouve dans le rythme de certaines<br />

hymnes, ou chants sacrés païens. Le psaume est interprété<br />

par le chantre soliste alors que les hymnes<br />

sont chantées selon la technique responsoriale (le<br />

soliste chante un verset et le chœur des chantres<br />

ou l’assemblée répond à l’unisson).<br />

Le plain-chant est une <strong>musique</strong> vocale monodique<br />

(à une seule voix), a cappella (sans accompagnement<br />

instrumental). Il suit la prosodie c’est-à-dire<br />

que c’est le rythme du texte qui va défi nir celui de<br />

la <strong>musique</strong> et non l’inverse. Il n’y a pas de notation<br />

rythmique précise dans le plain-chant. Le système<br />

musical médiéval est régi par des échelles modales<br />

dont l’usage déclinera à la fi n du XVI e siècle, pour céder<br />

peu à peu la place au XVII e siècle à la conception<br />

tonale du style baroque.<br />

<strong>La</strong> première forme de notation musicale est l’écriture<br />

neumatique : c’est un ensemble de signes dérivés<br />

des accents grammaticaux servant plus d’aidemémoire<br />

sur le contour mélodique général que de<br />

véritable indication précise des hauteurs de notes ;<br />

les neumes individuels ou composés sont indiqués<br />

au-dessus ou au-dessous du texte liturgique.<br />

À partir du XIII e siècle, on utilise l’écriture neumatique<br />

carrée sur une portée de quatre lignes, écriture<br />

dont s’est inspirée la notation moderne du plainchant<br />

dans l’édition vaticane. L’avènement de la<br />

notation musicale marque un tournant dans la <strong>musique</strong><br />

et notamment dans sa diff usion. Jusque-là,<br />

seule la transmission orale permettait de faire vivre<br />

le répertoire. <strong>La</strong> notation musicale autorise donc<br />

une diff usion plus large, plus « sûre », en évitant les<br />

122 LA MUSIQUE AU MOYEN ÂGE<br />

déformations inhérentes à la transmission orale. Cependant,<br />

la <strong>musique</strong> étant désormais écrite, elle se<br />

fi ge et le corpus grégorien évolue désormais peu,<br />

sauf son interprétation, qui se modifi e sensiblement<br />

en fonction de l’évolution musicale générale.<br />

Jusqu’au XIV e siècle, seule la <strong>musique</strong> vocale s’écrit<br />

pour des raisons - évoquées en introduction - de<br />

préséance et de hiérarchie à l’intérieur des genres<br />

musicaux. Le répertoire de plain-chant infl uence<br />

largement les répertoires qui vont suivre.<br />

Tropaire de l’abbaye Saint-Martial de Limoges, XIe siècle<br />

Un exemple de première notation musicale : écriture neumatique directionnelle<br />

non diastématique (sans indication précise de hauteur).


2. <strong>La</strong> polyphonie<br />

<strong>La</strong> <strong>musique</strong> sacrée<br />

Tout comme le chant grégorien, la polyphonie*<br />

s’épanouit d’abord dans la <strong>musique</strong> sacrée avant de<br />

se développer aussi dans le domaine profane. Elle<br />

emprunte au grégorien sa notation neumatique,<br />

ses lignes (les portées) et ses modes. Les premières<br />

formes improvisées (bourdons, organum parallèle<br />

EXTRAITS<br />

et oblique), documentées depuis l’époque de Charlemagne<br />

(IX e siècle) sont le résultat de pratiques<br />

beaucoup plus anciennes. Le style polyphonique<br />

s’enrichit et se raffi ne considérablement entre 1050<br />

et 1250, d’abord en <strong>Aquitaine</strong> grâce aux recherches<br />

de grands monastères comme Saint-Martial de<br />

Limoges, puis à Paris au sein de la cathédrale Notre-<br />

Dame. <strong>La</strong> polyphonie de base à deux voix (déchant)<br />

passe volontiers à trois et parfois même quatre voix,<br />

pour des pièces importantes destinées aux célébrations<br />

les plus solennelles.<br />

L’organum simple ou L’organum parallèle<br />

<strong>La</strong> première voix est un chant mélodique grégorien<br />

avec paroles latines. Mais la mélodie est<br />

plus étirée, plus rythmée et n’a plus la souplesse<br />

du plain-chant. C’est une obligation dictée par<br />

la polyphonie elle-même. Lorsque plusieurs<br />

voix chantent simultanément, elles doivent se<br />

retrouver sur des moments précis. On s’oriente<br />

donc vers la <strong>musique</strong> mesurée.<br />

<strong>La</strong> deuxième voix part sur la même note puis<br />

suit parallèlement à la quarte ou à la quinte<br />

(4 notes ou 5 notes au-dessus ou en dessous)<br />

et termine à l’unisson (sur la même note) ou à<br />

l’octave (sur la même note mais plus aiguë ou<br />

plus grave).<br />

Le déchant<br />

C’est un organum simple mais les lignes mélodiques<br />

vont en sens contraire. Il donne naissance<br />

au début du XIII e siècle à l’organum à vocalise, au<br />

conduit et au motet.<br />

L’organum à vocalises ou fl euri<br />

<strong>La</strong> première voix (grégorienne), appelée teneur<br />

ou voix principale, s’étire considérablement.<br />

Au-dessus, la deuxième voix, ou voix organale,<br />

est très ornée (mélismatique).<br />

Le conduit (conductus)<br />

Il apparaît au XII e siècle et sert, comme son<br />

nom l’indique, à accompagner ou « conduire »<br />

un mouvement liturgique (procession) ou un<br />

déplacement de personnages (drames liturgiques).<br />

C’est une composition monodique ou<br />

polyphonique originale, le plus souvent sans<br />

emprunt à un thème grégorien préexistant, et<br />

de style essentiellement syllabique (sauf parfois<br />

en début ou en conclusion). Le texte est une<br />

poésie rimée sur des sujets religieux, mais aussi<br />

politiques ou satiriques.<br />

Le motet<br />

<strong>La</strong> teneur est le plus souvent liturgique et extrêmement<br />

étirée ; au XIV e siècle, Guillaume de<br />

Machaut emprunte parfois les teneurs de ses<br />

motets au répertoire de la chanson. Les voix<br />

supérieures (une, deux, voire trois) possèdent<br />

chacune un texte diff érent, en latin ou en français,<br />

commentant en paroles syllabiques le sujet<br />

principal. Comme le conduit et selon les périodes,<br />

le motet peut être d’inspiration religieuse<br />

ou aborder d’autres thématiques politiques,<br />

morales ou liées à l’amour courtois (par exemple,<br />

chez Guillaume de Machaut). Le mélange<br />

étonnant, pour notre culture actuelle, du sacré<br />

et du profane au sein d’une même composition,<br />

est caractéristique des mentalités médiévales<br />

où le religieux est profondément enraciné au<br />

cœur du quotidien humain.<br />

<strong>La</strong> langue des chants sacrés<br />

Le latin se répand avec les conquêtes romaines, d’abord<br />

dans toute l’Italie, puis dans les régions de l’Ouest qui<br />

forment progressivement l’Empire romain d’Occident, se<br />

détachant au cours des III e et IV e siècles de l’Empire d’Orient,<br />

où le grec est la langue commune. Le latin devient alors le<br />

vecteur unique de la religion, de la politique, de l’administration,<br />

du droit et du commerce dans une large partie de<br />

l’Europe de l’Ouest.<br />

À la chute de l’Empire d’Occident, au V e siècle, le latin, dont<br />

l’unité n’est plus maintenue par les échanges et un pouvoir<br />

politique central, se fragmente en différentes langues.<br />

L’Église catholique et le pouvoir carolingien s’inquiètent<br />

des conséquences de cette évolution et rétablissent l’étude<br />

du latin qui connaît alors une seconde vie.<br />

Au Moyen Âge, le latin est la langue de l’Église catholique,<br />

la langue d’étude et celle de nombreux actes officiels. <strong>La</strong><br />

littérature en latin, riche et variée, côtoie la production littéraire<br />

dans les langues nouvelles et ce jusqu’à la Renaissance,<br />

au XVI e siècle, même si l’édit de Villers-Cotterêts pris<br />

par François 1er en 1539 impose alors le français dans tous<br />

les actes officiels.<br />

Le latin subsiste comme langue philosophique et scientifique<br />

internationale tout au long du XVII e siècle, et n’est progressivement<br />

remplacé dans cet usage que par le français<br />

au XVIII e siècle puis par l’anglais. Il reste aujourd’hui la langue<br />

de l’Église catholique.<br />

123


EXTRAITS<br />

Dégager l’essentiel<br />

<strong>La</strong> <strong>musique</strong> au Moyen Âge est plurielle ; dans ses premières expressions, elle n’est pas assimilée<br />

à un art mais, sous l’infl uence conjuguée des pouvoirs religieux et politiques, elle accède peu à peu<br />

à ce statut.<br />

Musique sacrée, essentiellement tournée vers Dieu, le chant grégorien ou plain-chant est une production<br />

vocale à une seule voix ; il est diff usé par les chœurs de moines. <strong>La</strong> notation neumatique est<br />

sa première forme d’écriture : les neumes suivent le texte en ne donnant que le mouvement mélodique.<br />

Peu à peu le chant évolue vers des formes plus complexes, polyphoniques, transcrites sur des<br />

portées (notation vaticane).<br />

Musique profane, la poésie des troubadours exalte l’amour courtois et l’engagement politique.<br />

Cette <strong>musique</strong>, qui échappe à la sphère religieuse, apparaît dès le IX e siècle. Les troubadours développent<br />

de nouveaux modes d’expressions comme la fi n’amor et le sirventes. Les rythmes musicaux,<br />

asservis au texte dans un premier temps, font l’objet d’une notation spécifi que à partir du XIII e siècle,<br />

l’art musical et sa théorisation prennent alors toute leur ampleur.<br />

Traiter le sujet en classe<br />

Séquence 1 Le chant grégorien page 130<br />

Séquence 2 <strong>La</strong> chanson des troubadours page 131<br />

129


Séquence pédagogique 1<br />

130<br />

Le chant grégorien<br />

Du chœur de l’église monte un plain-chant…<br />

on y prélève facilement des indices sonores<br />

pour permettre au jeune auditeur de percevoir<br />

les caractéristiques de ce registre vocal, a priori<br />

nouveau pour lui, et de le lui faire écouter et apprécier.<br />

EXTRAITS<br />

Domaine artistique<br />

Arts du son<br />

Prolongements<br />

Écoutes satellites<br />

<br />

<br />

Vocabulaire<br />

Chœur<br />

A cappella<br />

Chant à l’unisson<br />

Orchestre symphonique<br />

Matériel<br />

pédagogique<br />

<strong>La</strong> séquence détaillée<br />

1 fi che élève<br />

- <strong>La</strong> grille d’écoute<br />

Une proposition de<br />

corrigé<br />

Piste n° 1 : extrait du Dies iræ<br />

Incise grégorienne attribuée à Thomas de Celano -<br />

XIII e siècle<br />

Par les moines de l’abbaye d’En Calcat<br />

Piste n° 2 : extrait du 5 e mouvement de la<br />

Symphonie Fantastique<br />

Hector Berlioz - XIX e siècle<br />

Par l’orchestre national de Lille,<br />

direction J.-C. Casadesus<br />

Piste n°3 : Dies iræ – Requiem<br />

Wolfgang Amadeus Mozart - XVIII e siècle<br />

Par l’orchestre des Champs-Élysées,<br />

direction P. Herreweghe<br />

Collegium Vocale Gent


LA MUSIQUE MÉDIÉVALE<br />

1. Découverte<br />

Écoute de l’extrait n°1<br />

SÉQUENCE 1<br />

Le chant grégorien<br />

RÉFÉRENCES AUX PROGRAMMES OBJECTIFS<br />

Domaine<br />

artistique :<br />

les « arts<br />

du son »<br />

Liste de référence<br />

* Le Moyen Âge<br />

- […]<br />

- Une <strong>musique</strong> religieuse (chant<br />

grégorien) et profane (chanson<br />

de troubadours).<br />

- […]<br />

EXTRAITS<br />

DOCUMENTS, MATÉRIEL<br />

Pour l’enseignant<br />

- Ressources générales :<br />

ouvrage chapitre 6<br />

- Ressources spécifi ques<br />

DÉROULEMENT<br />

Échange oral<br />

L’échange s’organise autour de questions simples : « qu’est-ce que c’est ?.... »<br />

<strong>La</strong> référence et la date de l’extrait sont portées au tableau :<br />

extrait n°1 : Dies irae (Thomas de Celano 1200-1260) – Moyen Âge.<br />

- Susciter la curiosité et enrichir la mémoire de<br />

l’élève d’un registre musical nouveau.<br />

- Favoriser une écoute attentive.<br />

- Développer la capacité à relever des indices<br />

sonores.<br />

- Faire percevoir la dimension religieuse du chant<br />

grégorien.<br />

- Favoriser la formulation des perceptions.<br />

Vocabulaire à acquérir<br />

Chœur<br />

A cappella<br />

Chant à l’unisson<br />

Orchestre symphonique<br />

Matériel musical<br />

Extrait n° 1 :<br />

Dies irae (incise grégorienne attribuée à Thomas de Celano 1200-1260)<br />

Extrait n° 2 :<br />

5 e mouvement de la Symphonie Fantastique de Berlioz « Songe d’une nuit de sabbat »<br />

Extrait n°3 :<br />

Dies irae du Requiem de Mozart<br />

Dies irae (incise grégorienne attribuée à Thomas de Celano 1200-1260) – Moyen Âge<br />

Dies irae est une locution latine signifi ant Jour de colère.<br />

C’est un poème apocalyptique en latin attribué à Thomas de Celano, frère Franciscain (ordre mendiant). Cette séquence a<br />

été sauvegardée grâce à un manuscrit de la fi n du XVII e siècle. Elle se trouve souvent dans le Requiem (Messe des morts de<br />

l’offi ce catholique).<br />

Écoute de l’extrait n°2<br />

Échange oral<br />

L’échange s’organise autour de questions simples : « qu’est-ce que c’est ?.... »<br />

<strong>La</strong> référence et la date de l’extrait sont portées au tableau :<br />

extrait n°2 : 5 e mouvement de la Symphonie Fantastique de Berlioz « Songe d’une nuit de sabbat » XIX e siècle.<br />

Berlioz reprend le Dies irae dans le 5 e mouvement de la Symphonie Fantastique « Songe d’une nuit de sabbat ».


Écoute de l’extrait n°3<br />

Échange oral<br />

L’échange s’organise autour de questions simples : « qu’est-ce que c’est ?... »<br />

<strong>La</strong> référence et la date de l’extrait sont portées au tableau :<br />

extrait n° 3 : Dies irae du Requiem de Mozart - XVIII e siècle.<br />

Cette <strong>musique</strong> est destinée à être interprétée lors d’une cérémonie d’enterrement.<br />

Repérage dans le temps<br />

L’enseignant réalise au tableau une échelle du temps du X e siècle au XXI e siècle pour resituer le Moyen Âge par<br />

rapport à nos jours et placer les trois extraits musicaux (extrait n° 1 au XII e – extrait n°2 au XIX e – extrait n°3<br />

au XVIII e )<br />

EXTRAITS<br />

Le texte du Dies irae<br />

L’enseignant peut éventuellement recopier au tableau le début du texte du Dies irae et sa traduction :<br />

Dies irae – Dies illa – Solvet saeculum en favilla<br />

Jour de colère – que ce jour là - qui verra les siècles réduits en cendres<br />

2. Analyse guidée<br />

Travail de recherche<br />

Les élèves reçoivent la fi che de travail, ils prennent connaissance des rubriques à alimenter ; ils travaillent en<br />

groupe.<br />

L’enseignant explique comment va être organisée leur écoute.<br />

Phase 1<br />

- 2 nouvelles écoutes collectives de l’extrait n°1<br />

- 5 minutes de travail sur la fi che – colonne 1<br />

Phase 2<br />

- 2 nouvelles écoutes collectives de l’extrait n°2<br />

- 5 minutes de travail sur la fi che – colonne 2<br />

Phase 3<br />

- 2 nouvelles écoutes collectives de l’extrait n°3<br />

- 5 minutes de travail sur la fi che – colonne 2<br />

Mise en commun, à l’oral<br />

Dans un premier temps, l’enseignant recueille les similitudes et les différences relevées par les élèves dans leur<br />

écoute des 3 extraits musicaux et cherche à les classer au tableau ; il apporte le vocabulaire nécessaire.<br />

Dans un deuxième temps, l’enseignant s’appuie sur le classement qui vient d’être fait pour dégager les<br />

caractéristiques du chant grégorien; il apporte le vocabulaire nécessaire.<br />

• Similitudes<br />

D’après les intitulés des colonnes, les trois extraits utilisent le même texte liturgique du Dies irae, cependant Berlioz n’emprunte<br />

que la mélodie au chant grégorien et Mozart ne reprend que le texte.<br />

• Différences<br />

- Les périodes de production : repérage sur l’échelle du temps (extrait n°1 du XIIIe siècle Moyen Âge / extrait n°3 du XVIII e<br />

période classique / extrait n°2 du XIX e période romantique).<br />

- L’effectif choral ou instrumental est différent dans les trois versions ; les relevés peuvent être classés et mis en opposition :<br />

Musique vocale (extrait n°1) / Musique instrumentale (extrait n°2) / Musique mixte (extrait n°3)<br />

Chant a cappella (extrait n°1) / Chant accompagné (extrait n°3)<br />

Chant monodique (extrait n°1) / Chant polyphonique (extrait n°2).<br />

- Les fonctions et lieux de représentation ; même travail de classement et mise en opposition :<br />

Musique sacrée (extraits n°1 et n°3) / Musique profane (extrait n°2).<br />

p. 2 LA MUSIQUE MÉDIÉVALE . SÉQUENCE 1


LE CHANT GRÉGORIEN<br />

On écoute…<br />

Les voix<br />

Qui chante (hommes,<br />

femmes, enfants) ?<br />

Voix seules ?<br />

Voix accompagnées<br />

d’instruments ?<br />

<strong>La</strong>ngue utilisée ?<br />

Avez-vous reconnu<br />

quelques mots ?<br />

Les voix chantentelles<br />

la même<br />

chose ou des choses<br />

différentes ?<br />

Extrait n° 1<br />

Dies irae<br />

Chant grégorien<br />

de Thomas de Celano<br />

XIII e siècle<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

EXTRAITS<br />

Les instruments<br />

Quels instruments ?<br />

Le caractère<br />

Est-il doux, marqué,<br />

puissant ?<br />

Qu’évoque-t-il ?<br />

Le tempo<br />

Sentez-vous une<br />

pulsation ? Est-elle<br />

rapide ou lente ?<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

Extrait n° 2<br />

Symphonie Fantastique<br />

extrait du 5 e mouvement<br />

de Berlioz<br />

XIX e siècle<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

Extrait n°3<br />

Requiem<br />

Dies irae<br />

de Mozart<br />

XVIII e siècle<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

………………………………………………<br />

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1


Séquence pédagogique 2<br />

<strong>La</strong> chanson des troubadours<br />

Au XII e siècle, l’art poétique et musical des troubadours<br />

investit le champ de la <strong>musique</strong> jusque là<br />

réservé au monde religieux. Ces chansons profanes<br />

nous donnent à entendre des rythmes et des<br />

sonorités qui, à la première écoute, surprennent et<br />

retiennent l’attention.<br />

EXTRAITS<br />

Domaine artistique<br />

Arts du son<br />

Prolongements<br />

Écoutes satellites<br />

<br />

<br />

Vocabulaire<br />

Troubadour<br />

Ménestrel<br />

Vielle<br />

Luth<br />

Matériel<br />

pédagogique<br />

<strong>La</strong> séquence détaillée<br />

1 fi che élève<br />

- <strong>La</strong> grille d’écoute<br />

Une proposition de<br />

corrigé<br />

Piste n° 4 : extrait de Calenda maia<br />

Chanson d’amour courtois de Raimbaut de<br />

Vaqueiras - XII e siècle<br />

Par l’Ensemble Fin’ Amor<br />

Piste n° 5 : extrait de Rassa, tan creis...<br />

Sirventes de Bertan de Bòrn - XII e siècle<br />

Par l’Ensemble Tre Fontane<br />

Piste n°6 : extrait de Sirventes de Peire<br />

Sirventes de Peire Cardinal - XII e siècle<br />

Par Joan-Pau Verdier<br />

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