Justice sociale et inégalités - Académie en ligne
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Séqu<strong>en</strong>ce 6<br />
<strong>Justice</strong> <strong>sociale</strong><br />
<strong>et</strong> <strong>inégalités</strong><br />
Sommaire<br />
Introduction<br />
Comm<strong>en</strong>t analyser <strong>et</strong> expliquer les <strong>inégalités</strong> ?<br />
Comm<strong>en</strong>t les pouvoirs publics peuv<strong>en</strong>t-ils contribuer à la justice <strong>sociale</strong> ?<br />
Corrigé des activités<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
1<br />
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Introduction<br />
La séqu<strong>en</strong>ce 4 (« Classes, stratification <strong>et</strong> mobilité <strong>sociale</strong>s ») nous a<br />
permis de constater que la société française était construite autour de<br />
groupes sociaux bi<strong>en</strong> distincts. Nous allons maint<strong>en</strong>ant montrer que<br />
c<strong>et</strong>te stratification <strong>sociale</strong> repose sur de profondes <strong>inégalités</strong> <strong>en</strong>tre les<br />
individus, <strong>en</strong> associant ces <strong>inégalités</strong> à la notion de justice <strong>sociale</strong>. Nous<br />
prés<strong>en</strong>terons dans un premier temps la diversité des <strong>inégalités</strong> au sein<br />
de la société française, mais égalem<strong>en</strong>t à l’échelle internationale (Chapitre<br />
1), avant d’analyser les principaux instrum<strong>en</strong>ts dont se sont dotés<br />
les pouvoirs publics pour lutter contre ces <strong>inégalités</strong> <strong>et</strong> t<strong>en</strong>ter de contribuer<br />
à une société plus juste (Chapitre 2).<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
3<br />
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1 Comm<strong>en</strong>t<br />
Pré-requis<br />
4 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
analyser <strong>et</strong><br />
expliquer les <strong>inégalités</strong> ?<br />
Introduction<br />
Salaire, rev<strong>en</strong>u, profit, rev<strong>en</strong>us<br />
de transfert.<br />
Les sociétés actuelles, <strong>en</strong> France <strong>et</strong> à l’étranger, repos<strong>en</strong>t sur de nombreuses<br />
<strong>inégalités</strong>. C<strong>et</strong>te notion revêt différ<strong>en</strong>ts aspects : on distinguera<br />
ainsi les <strong>inégalités</strong> économiques (A) des <strong>inégalités</strong> <strong>sociale</strong>s <strong>et</strong> culturelles<br />
(B) avant de m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l’év<strong>en</strong>tuel cumul de ces <strong>inégalités</strong> (C).<br />
S<strong>en</strong>sibilisation :<br />
Notions à acquérir<br />
Inégalités économiques, <strong>inégalités</strong> <strong>sociale</strong>s.<br />
Docum<strong>en</strong>t 1 : Qu’est-ce qu’une inégalité ?<br />
Qu’est-ce qu’une inégalité au juste ? La chose n’est pas si facile à définir<br />
que cela. Toutes les pratiques <strong>sociale</strong>s ne peuv<strong>en</strong>t se hiérarchiser.<br />
Comm<strong>en</strong>t ainsi mesurer la différ<strong>en</strong>ce de plaisir que procure une partie<br />
de boules <strong>et</strong> une « reprise » d’équitation ? Pour quelle raison devrait-on<br />
préférer Bach à Las K<strong>et</strong>chup ? […]<br />
La démarche consistant à réinterpréter l’inégalité <strong>en</strong> termes de différ<strong>en</strong>ce<br />
est l’outil de prédilection des individus privilégiés qui espèr<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>, par<br />
là même, conforter leur position <strong>sociale</strong>. Ce type de raisonnem<strong>en</strong>t peut<br />
ainsi être une manière de dire : « certes, vous n’êtes pas bi<strong>en</strong> riches,<br />
mais, voyez-vous, l’arg<strong>en</strong>t ne fait pas le bonheur. Nos niveaux de rev<strong>en</strong>us<br />
sont différ<strong>en</strong>ts ; ils ne sont pas inégaux… ». De même, si les femmes sont<br />
« faites » pour élever les <strong>en</strong>fants… elles n’ont plus qu’à rester au foyer :<br />
nul besoin pour elles d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre des études avancées, nul besoin<br />
d’aspirer à des postes de responsabilité, nul besoin, autrem<strong>en</strong>t dit, pour<br />
elles, de souhaiter se réaliser ailleurs qu’au sein de leur foyer. On dira<br />
alors qu’il ne s’agit pas d’une situation d’inégalité, mais d’une simple<br />
prise <strong>en</strong> compte de la différ<strong>en</strong>ce homme - femme. […]<br />
Il faut <strong>en</strong> réalité distinguer ce qui dans ces différ<strong>en</strong>ces subies relève de<br />
la « nature » <strong>et</strong> ce qui relève d’un ordre artificiel, celui de la société. De<br />
ce point de vue, l’inégalité est une différ<strong>en</strong>ce <strong>sociale</strong>m<strong>en</strong>t produite que<br />
subit un individu ou un groupe d’individus.<br />
© Observatoire des <strong>inégalités</strong>, octobre 2003.
Activité 1<br />
A<br />
5000<br />
4500<br />
4000<br />
3500<br />
3000<br />
2500<br />
2000<br />
1500<br />
1000<br />
500<br />
0<br />
Qu’est-ce qu’une inégalité ?<br />
1 Le fait de préférer la pétanque à l’équitation traduit-il une différ<strong>en</strong>ce<br />
ou une inégalité ? Justifiez votre réponse.<br />
2 Expliquez la phrase soulignée.<br />
3 Proposez une définition du terme « inégalité ».<br />
La notion d’inégalité se distingue de celle de différ<strong>en</strong>ce, plus générale.<br />
Ainsi, une inégalité implique toujours un avantage ou un désavantage<br />
dans la société. Les <strong>inégalités</strong> expliqu<strong>en</strong>t la hiérarchie <strong>sociale</strong> : l’exist<strong>en</strong>ce<br />
de groupes sociaux (au sein d’un pays ou <strong>en</strong>tre des pays différ<strong>en</strong>ts)<br />
repose sur les <strong>inégalités</strong> qui les caractéris<strong>en</strong>t. Les <strong>inégalités</strong> peuv<strong>en</strong>t<br />
pr<strong>en</strong>dre de multiples formes, qu’on regroupe le plus souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> deux<br />
vastes catégories : les <strong>inégalités</strong> économiques <strong>et</strong> les <strong>inégalités</strong> <strong>sociale</strong>s.<br />
Les <strong>inégalités</strong> économiques<br />
1. <strong>inégalités</strong> de richesses <strong>en</strong> France<br />
a) des <strong>inégalités</strong> de salaires…<br />
Docum<strong>en</strong>t 2 : Salaires m<strong>en</strong>suels n<strong>et</strong>s (<strong>en</strong> euros) selon le sexe <strong>et</strong> la<br />
catégorie socioprofessionnelle<br />
4883<br />
Cadres<br />
supérieurs<br />
2068<br />
1432<br />
1523<br />
2069<br />
Hommes<br />
Femmes<br />
Ensemble<br />
Professions<br />
intermédiaires<br />
Employés Ouvriers Ensemble<br />
Champ : salariés du secteur privé <strong>et</strong> semi-public, salaires de 2008.<br />
INSEE.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
5<br />
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Activité 2<br />
6 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
Inégalités salariales<br />
Questions<br />
1 Faites une phrase donnant la signification des données <strong>en</strong>tourées.<br />
2 Comparez ces données par un calcul.<br />
3 Quelles sont les idées ess<strong>en</strong>tielles de ce docum<strong>en</strong>t ?<br />
Les <strong>inégalités</strong> de salaires <strong>en</strong> France sont dues <strong>en</strong> partie à la valeur<br />
<strong>sociale</strong> attribuée aux différ<strong>en</strong>ts emplois (valeur qui dép<strong>en</strong>d elle-même<br />
du niveau de responsabilité du poste ou, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t, de « l’utilité<br />
<strong>sociale</strong> » de ce poste). Par exemple, les hautes responsabilités du PDG<br />
d’une grande <strong>en</strong>treprise légitim<strong>en</strong>t un salaire plus élevé que celui des<br />
ouvriers de c<strong>et</strong>te <strong>en</strong>treprise. Ainsi, la catégorie socioprofessionnelle est<br />
un critère important d’inégalité salariale.<br />
L’autre critère déterminant est le sexe des actifs. Tous temps de travail<br />
confondus, les salaires des femmes équival<strong>en</strong>t <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne à 73 % de<br />
celui des hommes (source : Ministère du travail, données 2006). Ces<br />
<strong>inégalités</strong> provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t avant tout des différ<strong>en</strong>ces de temps de travail.<br />
Les femmes travaill<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> cinq fois plus souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> temps partiel<br />
que les hommes. Toutefois, à temps de travail <strong>et</strong> qualifications équival<strong>en</strong>ts,<br />
on estime qu’<strong>en</strong>viron 10 % des écarts salariaux <strong>en</strong>tre hommes <strong>et</strong><br />
femmes demeur<strong>en</strong>t inexpliqués (ces écarts relèv<strong>en</strong>t donc d’une forme de<br />
discrimination salariale).<br />
Docum<strong>en</strong>t 3 : Distribution des salaires m<strong>en</strong>suels n<strong>et</strong>s (<strong>en</strong> euros)<br />
<strong>en</strong> 2008<br />
Pourc<strong>en</strong>tage des salariés Hommes Femmes Ensemble<br />
D1 : 10 % des salariés ont un<br />
salaire n<strong>et</strong> m<strong>en</strong>suel inférieur à…<br />
1170 1064 1123<br />
D2 : 20 % des salariés… 1316 1188 1261<br />
D3 : 30 % des salariés… 1446 1287 1382<br />
D4 : 40 % des salariés… 1580 1392 1509<br />
Médiane = D5 : 50 % des salariés…<br />
1734 1517 1655<br />
D6 : 60 % des salariés… 1927 1674 1836<br />
D7 : 70 % des salariés… 2196 1883 2078<br />
D8 : 80 % des salariés… 2640 2178 2466<br />
D9 : 90 % des salariés… 3563 2754 3267<br />
Champ : salariés à temps compl<strong>et</strong> du secteur privé <strong>et</strong> semi-public, France.<br />
Insee, 2010
Activité 3<br />
Distribution des salaires <strong>en</strong> France<br />
Questions<br />
1 Les chiffres confirm<strong>en</strong>t-ils une partie du docum<strong>en</strong>t 2 ? Justifiez votre<br />
réponse.<br />
2 Pour chaque donnée soulignée, faites une phrase <strong>en</strong> donnant la<br />
signification de 2 façons différ<strong>en</strong>tes.<br />
3 Qu’est-ce que le salaire médian ?<br />
4 Proposez un calcul mesurant l’écart relatif <strong>en</strong>tre « 1123 » <strong>et</strong> « 3267 »<br />
(colonne « Ensemble »). Faites une phrase avec votre résultat.<br />
Pour mesurer les <strong>inégalités</strong> économiques, il est fréqu<strong>en</strong>t d’utiliser les<br />
quantiles. Un quantile est une borne qui sépare une population <strong>en</strong> parties<br />
égales. Ainsi, la médiane est le quantile qui sépare une population<br />
<strong>en</strong> deux parties égales : la moitié de la population se trouve au-dessus<br />
de la médiane (il s’agit des 50 % les plus favorisés), l’autre moitié <strong>en</strong><br />
dessous (les 50 % les moins favorisés).<br />
Il existe égalem<strong>en</strong>t les quartiles, qui sépar<strong>en</strong>t une population <strong>en</strong> quatre<br />
parties (chacune représ<strong>en</strong>tant donc 25 % de la population) ou les quintiles,<br />
séparant la population <strong>en</strong> cinq parties (chacune représ<strong>en</strong>tant 20 %<br />
de la population).<br />
L’INSEE utilise le plus souv<strong>en</strong>t des données classées <strong>en</strong> déciles. La<br />
population est alors répartie <strong>en</strong> 10 groupes (chacun correspondant à<br />
10 % de la population), séparés par 9 bornes, appelées D1, D2, D3,…<br />
jusqu’à D9.<br />
E D1 est la borne sous laquelle se trouv<strong>en</strong>t les 10 % de la population les<br />
moins favorisés<br />
E D2 est la borne sous laquelle se trouv<strong>en</strong>t les 20 % de la population les<br />
moins favorisés, <strong>et</strong>c.<br />
E D9 est donc la borne sous laquelle se trouv<strong>en</strong>t les 90 % de la population<br />
les moins favorisés : autrem<strong>en</strong>t dit, D9 est la borne au-dessus de<br />
laquelle se trouv<strong>en</strong>t les 10 % de la population les plus favorisés.<br />
Dès lors, il est possible de calculer le rapport interdéciles D9/D1 : il s’agit<br />
d’un coeffici<strong>en</strong>t multiplicateur mesurant les écarts de richesse <strong>en</strong>tre les<br />
10 % les plus favorisés <strong>et</strong> les 10 % les moins favorisés. Plus ce rapport<br />
est élevé, plus les <strong>inégalités</strong> sont grandes.<br />
Remarque<br />
D5 est le décile sous lequel se trouv<strong>en</strong>t les 50 % de la population les moins<br />
favorisés. Il s’agit donc de la médiane.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
7<br />
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8 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
b)… <strong>et</strong> des <strong>inégalités</strong> de patrimoine…<br />
Le patrimoine désigne l’<strong>en</strong>semble des bi<strong>en</strong>s que possède un ag<strong>en</strong>t économique<br />
à un mom<strong>en</strong>t donné.<br />
Ces bi<strong>en</strong>s, égalem<strong>en</strong>t appelés actifs, se décompos<strong>en</strong>t <strong>en</strong> deux catégories :<br />
E les actifs non financiers (appelés aussi actifs réels) : il s’agit principalem<strong>en</strong>t<br />
d’actifs matériels comme les logem<strong>en</strong>ts, les terres, ou, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t,<br />
les machines (pour les <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs individuels).<br />
E les actifs financiers : ils regroup<strong>en</strong>t l’épargne des ménages. Celle-ci peut<br />
être liquide (comptes chèques dans les banques par exemple) ou non<br />
liquide (comme les titres financiers possédés : actions, obligations).<br />
La possession de patrimoine perm<strong>et</strong> de dégager des rev<strong>en</strong>us du patrimoine<br />
: loyer d’un bi<strong>en</strong> immobilier, divid<strong>en</strong>des rémunérant des actions,<br />
ou intérêts rémunérant une épargne par exemple.<br />
Docum<strong>en</strong>t 4 : Montant du patrimoine des Français <strong>en</strong> 2010<br />
Patrimoine n<strong>et</strong> global (<strong>en</strong> euros)<br />
Moy<strong>en</strong> Médian D9 D1<br />
Artisans, commerçants, chefs d’<strong>en</strong>treprise 550 800 266 800 959 500 9 700<br />
Cadres 337 400 214 500 660 800 10 000<br />
Employés 96 000 21 700 267 700 300<br />
Ouvriers non qualifiés 53 500 5 500 174 800 100<br />
Ensemble 229 300 113 500 501 600 1 600<br />
Activité 4<br />
Remarque<br />
On distinguera égalem<strong>en</strong>t patrimoine brut <strong>et</strong> patrimoine n<strong>et</strong>. Par exemple,<br />
si un ménage possède une maison qui n’est pas <strong>en</strong>core complètem<strong>en</strong>t<br />
payée (le ménage doit rembourser un emprunt qui lui a permis de l’ach<strong>et</strong>er),<br />
le patrimoine brut correspond à la valeur de la maison <strong>et</strong> le patrimoine<br />
n<strong>et</strong> à c<strong>et</strong>te valeur diminuée des d<strong>et</strong>tes restant à rembourser.<br />
Patrimoine des Français<br />
Questions<br />
Insee, <strong>en</strong>quête Patrimoine 2009-2010.<br />
1 Pour chaque donnée soulignée, faites une phrase <strong>en</strong> donnant la<br />
signification.
Activité 5<br />
40 000<br />
30 000<br />
20 000<br />
10 000<br />
0<br />
2 Quelle est la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre le patrimoine moy<strong>en</strong> <strong>et</strong> le patrimoine<br />
médian ?<br />
3 Comm<strong>en</strong>t peut-on expliquer les <strong>inégalités</strong> de patrimoine constatées<br />
dans ce docum<strong>en</strong>t ?<br />
c)… aux <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>u disponible<br />
Les <strong>inégalités</strong> de salaire <strong>et</strong> de patrimoine peuv<strong>en</strong>t être analysées<br />
conjointem<strong>en</strong>t, à travers les <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>u disponible. Le rev<strong>en</strong>u<br />
disponible est le rev<strong>en</strong>u dont dispose effectivem<strong>en</strong>t un ménage, qu’il<br />
peut épargner ou consommer.<br />
Il s’agit de la somme des rev<strong>en</strong>us primaires (rev<strong>en</strong>us du travail, tels que<br />
les salaires, <strong>et</strong> rev<strong>en</strong>us du patrimoine) <strong>et</strong> des prestations <strong>sociale</strong>s reçues<br />
(allocations familiales, assurances maladie, <strong>et</strong>c.), déduite des impôts <strong>et</strong><br />
des cotisations <strong>sociale</strong>s.<br />
L’INSEE utilise le rev<strong>en</strong>u disponible pour mesurer le niveau de vie d’un<br />
ménage. Celui-ci désigne la quantité de bi<strong>en</strong>s <strong>et</strong> services que peut posséder<br />
un ménage.<br />
Docum<strong>en</strong>t 5 : Distribution des niveaux de vie (<strong>en</strong> euros) <strong>en</strong> 2009<br />
D1<br />
D2 D3 D4 D5<br />
Déciles<br />
D6 D7 D8 D9<br />
Insee-DGI, <strong>en</strong>quêtes Rev<strong>en</strong>us fiscaux <strong>et</strong> sociaux rétropolées 2002 à 2004, Insee-<br />
DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, <strong>en</strong>quêtes Rev<strong>en</strong>us fiscaux <strong>et</strong> sociaux 2005 à 2009.<br />
Distribution des niveaux de vie<br />
Questions<br />
1 Faites une phrase donnant la signification de la donnée D5.<br />
2 Calculez le rapport interdéciles D9/D1 <strong>et</strong> faites une phrase avec votre<br />
résultat.<br />
3 Comparez le résultat de la Q2 à celui de la Q4 de l’activité 3 (rapport<br />
interdéciles des salaires). Que peut-on <strong>en</strong> déduire ?<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
9<br />
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Activité 6<br />
10 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
2. Conc<strong>en</strong>tration des richesses <strong>en</strong> France<br />
La mesure de la conc<strong>en</strong>tration des richesses perm<strong>et</strong> d’analyser les <strong>inégalités</strong><br />
économiques de façon plus pertin<strong>en</strong>te. Étudier la conc<strong>en</strong>tration<br />
d’une série statistique revi<strong>en</strong>t à répondre à la question : quel pourc<strong>en</strong>tage<br />
de la richesse totale (du rev<strong>en</strong>u total, du patrimoine total, <strong>et</strong>c.)<br />
déti<strong>en</strong>t tel pourc<strong>en</strong>tage de la population ?<br />
La courbe de Lor<strong>en</strong>z est un outil statistique perm<strong>et</strong>tant d’illustrer c<strong>et</strong>te<br />
conc<strong>en</strong>tration. C<strong>et</strong>te courbe est construite dans le repère suivant :<br />
E <strong>en</strong> abscisse : la population cumulée (<strong>en</strong> %), classée, de gauche à<br />
droite, de la moins favorisée à la plus aisée.<br />
E <strong>en</strong> ordonnée : le pourc<strong>en</strong>tage cumulé (<strong>en</strong> %) de la richesse. Il existe<br />
donc une courbe de Lor<strong>en</strong>z spécifique pour chaque indicateur de<br />
richesse (courbe de Lor<strong>en</strong>z des salaires, du patrimoine, <strong>et</strong>c.).<br />
Docum<strong>en</strong>t 6 : Conc<strong>en</strong>tration des rev<strong>en</strong>us <strong>en</strong> France <strong>en</strong> 2009<br />
Part cumulée des rev<strong>en</strong>us<br />
des ménages (<strong>en</strong> %)<br />
100<br />
90<br />
80<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
0<br />
10<br />
20 30 40 50<br />
Conc<strong>en</strong>tration des rev<strong>en</strong>us <strong>en</strong> France<br />
Questions<br />
60 70 80 90 100<br />
Part cumulée des ménages (<strong>en</strong> %)<br />
Insee-DGI, <strong>en</strong>quêtes Rev<strong>en</strong>us fiscaux <strong>et</strong> sociaux rétropolées 2003<br />
à 2004,<br />
Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, <strong>en</strong>quêtes Rev<strong>en</strong>us fiscaux <strong>et</strong><br />
sociaux 2005 à 2009.<br />
1 Faites une phrase donnant la signification des deux points de deux<br />
façons différ<strong>en</strong>tes.
Activité 7<br />
2 Que représ<strong>en</strong>te la diagonale ? Que peut-on <strong>en</strong> déduire quant à la<br />
répartition des rev<strong>en</strong>us <strong>en</strong> France ?<br />
Docum<strong>en</strong>t 7 : Conc<strong>en</strong>tration du patrimoine <strong>en</strong> France <strong>en</strong> 2010<br />
Conc<strong>en</strong>tration du patrimoine<br />
<strong>en</strong> France<br />
Questions<br />
1 Construisez la courbe de<br />
Lor<strong>en</strong>z du patrimoine <strong>en</strong><br />
France (<strong>en</strong> vous appuyant sur<br />
le doc 6 : <strong>en</strong> abscisses, part<br />
cumulée des ménages <strong>en</strong> % ;<br />
<strong>en</strong> ordonnée, part cumulée<br />
du patrimoine <strong>en</strong> %).<br />
2 Comparez l’allure des<br />
2 courbes de Lor<strong>en</strong>z (rev<strong>en</strong>u<br />
<strong>et</strong> patrimoine). Que pouvezvous<br />
<strong>en</strong> déduire ?<br />
En France, les <strong>inégalités</strong> de patrimoine sont les <strong>inégalités</strong> économiques<br />
les plus fortes. Ainsi, <strong>en</strong>viron 20 % de la population ne possèd<strong>en</strong>t aucun<br />
patrimoine. Ces <strong>inégalités</strong> ont augm<strong>en</strong>té depuis une vingtaine d’années,<br />
ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> raison de la forte hausse du prix des actifs patrimoniaux<br />
(notamm<strong>en</strong>t les bi<strong>en</strong>s immobiliers).<br />
Les <strong>inégalités</strong> de patrimoine sont à l’origine d’un cercle vicieux d’<strong>inégalités</strong><br />
économiques : plus un ménage possède de patrimoine, plus il<br />
bénéficiera de rev<strong>en</strong>us du patrimoine (loyers, divid<strong>en</strong>des, intérêts), d’où<br />
un creusem<strong>en</strong>t des <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>u disponible. De plus, ces rev<strong>en</strong>us<br />
accrus facilit<strong>en</strong>t la constitution de patrimoine supplém<strong>en</strong>taire, accroissant<br />
<strong>en</strong>core davantage les <strong>inégalités</strong>.<br />
Les <strong>inégalités</strong> économiques sont d’importance <strong>en</strong> France, mais elles se<br />
r<strong>et</strong>rouv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à l’échelle internationale.<br />
3. la pauvr<strong>et</strong>é <strong>en</strong> Europe<br />
Masse du patrimoine<br />
dét<strong>en</strong>ue par :<br />
En %<br />
les 90 % les plus pauvres 52<br />
les 80 % les plus pauvres 35<br />
les 70 % les plus pauvres 23<br />
les 60 % les plus pauvres 14<br />
les 50 % les plus pauvres 7<br />
les 40 % les plus pauvres 2<br />
les 30 % les plus pauvres 1<br />
les 20 % les plus pauvres 0<br />
les 10 % les plus pauvres 0<br />
D’après l’Insee, <strong>en</strong>quêtes Patrimoine<br />
2010.<br />
La pauvr<strong>et</strong>é est un aspect des <strong>inégalités</strong> économiques. On distingue<br />
principalem<strong>en</strong>t :<br />
E la pauvr<strong>et</strong>é absolue : situation des personnes qui ne dispos<strong>en</strong>t pas de<br />
la quantité minimale de bi<strong>en</strong>s <strong>et</strong> services perm<strong>et</strong>tant une vie normale.<br />
Selon l’ONU, un individu est dit <strong>en</strong> état de pauvr<strong>et</strong>é absolue quand il<br />
n’a pas les moy<strong>en</strong>s de se procurer un «panier» de bi<strong>en</strong>s considérés<br />
comme indisp<strong>en</strong>sables à sa survie.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
11<br />
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Activité 8<br />
12 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
E la pauvr<strong>et</strong>é relative : pauvr<strong>et</strong>é fixée par comparaison avec le niveau de<br />
vie moy<strong>en</strong> du pays considéré. Elle est le plus souv<strong>en</strong>t définie par une<br />
proportion du rev<strong>en</strong>u médian, appelée seuil de pauvr<strong>et</strong>é. En France, un<br />
ménage est considéré comme pauvre par l’INSEE quand il dispose de<br />
moins de 50 % du rev<strong>en</strong>u médian français. Dans l’Union europé<strong>en</strong>ne,<br />
ce seuil est fixé à 60 % du rev<strong>en</strong>u médian europé<strong>en</strong>.<br />
Dès lors, le taux de pauvr<strong>et</strong>é correspond à la proportion d’une population<br />
se trouvant sous le seuil de pauvr<strong>et</strong>é.<br />
Docum<strong>en</strong>t 8 : La pauvr<strong>et</strong>é dans l’Union europé<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> 2009<br />
La pauvr<strong>et</strong>é dans l’UE<br />
Questions<br />
http://www.touteleurope.eu, d’après des données Eurostat, 2009.<br />
1 Pourquoi le seuil de risque de pauvr<strong>et</strong>é est-il calculé « après transferts<br />
sociaux » ?<br />
2 Faites une phrase donnant le s<strong>en</strong>s de la donnée pour la France sans<br />
utiliser l’expression « seuil de risque de pauvr<strong>et</strong>é ».<br />
3 Quels regroupem<strong>en</strong>ts de pays peut-on effectuer ? Proposez une classification.<br />
Plus de 15 % de la population de l’UE vit sous le seuil de pauvr<strong>et</strong>é. Les<br />
pays nordiques, l’Autriche <strong>et</strong> les Pays-Bas sont les états où le taux de<br />
pauvr<strong>et</strong>é est le plus faible (11 à 12 %), juste devant la France. Les taux<br />
les plus élevés sont relevés <strong>en</strong> Europe de l’est, <strong>en</strong> Roumanie <strong>et</strong> <strong>en</strong> Bulgarie<br />
(plus de 20 %). Les <strong>inégalités</strong> économiques <strong>en</strong> Europe sont donc<br />
fortes.
Activité 9<br />
4 - l’inégalité des rev<strong>en</strong>us mondiaux<br />
Le PIB par habitant d’un pays peut égalem<strong>en</strong>t être un outil de mesure<br />
des <strong>inégalités</strong> internationales. Il m<strong>et</strong> <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce les richesses produites<br />
par habitant au sein d’un pays, signe de croissance <strong>et</strong>, le plus souv<strong>en</strong>t,<br />
de développem<strong>en</strong>t.<br />
Docum<strong>en</strong>t 9 : PIB par habitant dans le monde <strong>en</strong> 2005<br />
PIB par habitant<br />
<strong>en</strong> $<br />
Pays à hauts rev<strong>en</strong>us 33 082<br />
Indice 100 pour la<br />
moy<strong>en</strong>ne mondiale<br />
OCDE 29 197 306<br />
Europe c<strong>en</strong>trale <strong>et</strong> de l’Est <strong>et</strong> CEI 9 527 100<br />
Amérique latine <strong>et</strong> Caraïbes 8 417 88<br />
États arabes 6 716 70<br />
Asie de l’Est <strong>et</strong> Pacifique 6 604 69<br />
Asie du Sud 3 416 36<br />
Pays à bas rev<strong>en</strong>us 2 531 27<br />
Afrique Sub-sahari<strong>en</strong>ne 1 998<br />
Monde 9 543 100<br />
PIB par habitant dans le monde<br />
Questions<br />
© Observatoire des <strong>inégalités</strong>, 2008<br />
1 Comparez, par un calcul, le PIB par habitant des pays à hauts rev<strong>en</strong>us<br />
à celui des pays à bas rev<strong>en</strong>us.<br />
2 Faites une phrase donnant la signification des données <strong>en</strong>tourées.<br />
3 Quelle est l’idée principale de ce docum<strong>en</strong>t ?<br />
Les <strong>inégalités</strong> économiques internationales, <strong>en</strong> termes de PIB par habitant,<br />
sont extrêmem<strong>en</strong>t élevées <strong>en</strong>tre les pays développés <strong>et</strong> les pays <strong>en</strong><br />
développem<strong>en</strong>t. Ainsi, le PIB/hab <strong>en</strong> Afrique subsahari<strong>en</strong>ne est 5 fois<br />
inférieur à la moy<strong>en</strong>ne mondiale. La plupart des pays les plus pauvres se<br />
trouv<strong>en</strong>t d’ailleurs <strong>en</strong> Afrique.<br />
Plus généralem<strong>en</strong>t, la distribution des richesses mondiales est très inégalitaire.<br />
On estime aujourd’hui que les 10 % les plus riches possèd<strong>en</strong>t<br />
plus de 80% du rev<strong>en</strong>u mondial. À l’opposé, la moitié des individus les<br />
plus pauvres ne déti<strong>en</strong>t que 1 % du patrimoine mondial.<br />
347<br />
21<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
13<br />
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B<br />
14 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
La richesse mondiale est inégalem<strong>en</strong>t répartie selon les régions. L’Amérique<br />
du Nord <strong>et</strong> l’Europe déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t plus de 60 % des richesses mondiales,<br />
tandis que l’Afrique ne dispose que de 1 % de ces richesses.<br />
Ces <strong>inégalités</strong> peuv<strong>en</strong>t être mises <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce par le coeffici<strong>en</strong>t de Gini,<br />
un outil statistique, obt<strong>en</strong>u à partir de la courbe de Lor<strong>en</strong>z, qui mesure le<br />
degré d’inégalité de la distribution des richesses dans un pays donné. Ce<br />
coeffici<strong>en</strong>t est un nombre variant de 0 à 1, 0 indiquant une distribution<br />
parfaitem<strong>en</strong>t égalitaire (la diagonale de la courbe de Lor<strong>en</strong>z) <strong>et</strong> 1 une<br />
distribution parfaitem<strong>en</strong>t inégalitaire.<br />
Ainsi, le coeffici<strong>en</strong>t de Gini des rev<strong>en</strong>us de la Suède ou de la Finlande<br />
est proche de 0,2, tandis que celui de la Namibie ou du Botswana est<br />
supérieur à 0,6.<br />
Les <strong>inégalités</strong> <strong>sociale</strong>s <strong>et</strong> culturelles<br />
1. <strong>inégalités</strong> face à la culture <strong>et</strong> aux études<br />
Docum<strong>en</strong>t 10 : Nombre de livres lus <strong>en</strong> 2008 selon la catégorie<br />
socioprofessionnelle<br />
En % 0 1 à 4 5 à 9<br />
10 à<br />
19<br />
20 à<br />
49<br />
50 ou<br />
plus<br />
nombre<br />
moy<strong>en</strong> de<br />
livres lus<br />
Agriculteurs 50 25 8 8 3 6 17<br />
Artisans,<br />
Commerçants <strong>et</strong><br />
Chefs d’<strong>en</strong>treprises<br />
Cadres<br />
supérieurs<br />
Professions<br />
intermédiaires<br />
27 28 9 15 12 7 19<br />
10<br />
21 14 24 18 12 23<br />
19 29 14 19 12 6 16<br />
Employés 32 28 12 14 9 4 13<br />
Ouvriers 45 27 10 8 7 2 11<br />
Ministère de la Culture, <strong>en</strong>quête sur les pratiques culturelles 2008.
100%<br />
90<br />
80<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
Docum<strong>en</strong>t 11 : Diplôme des jeunes de 20 à 24 ans <strong>en</strong> fonction du<br />
milieu social<br />
0<br />
0uvriers, employés Indép<strong>en</strong>dants, cadres,<br />
<strong>en</strong>seignants <strong>et</strong> intermédiaires<br />
Activité 10<br />
Ensemble<br />
Études supérieures<br />
Baccalauréat général<br />
Baccalauréat technologique<br />
Baccalauréats professionnels<br />
<strong>et</strong> équival<strong>en</strong>ts<br />
CAP BEP<br />
Brev<strong>et</strong> ou aucun diplôme<br />
Ministère de l’éducation nationale, L’état de l’école, novembre 2010.<br />
Inégalités face à la culture <strong>et</strong> aux études<br />
Questions<br />
1 Faites une phrase donnant la signification des données <strong>en</strong>tourées<br />
(doc 10).<br />
2 Quelles <strong>inégalités</strong> face à la lecture de livres sont à m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce<br />
(doc 10) ?<br />
3 En une phrase, décrivez la situation des jeunes âgés de 20 à 24 ans<br />
<strong>en</strong> 2010 (doc 11).<br />
4 Dans quelle mesure peut-on-parler d’<strong>inégalités</strong> face à la scolarité<br />
(doc 11) ?<br />
Les écarts <strong>en</strong>tre les catégories <strong>sociale</strong>s dans l’accès à la culture sont<br />
importants. Ainsi, 50 % des agriculteurs <strong>et</strong> 45 % des ouvriers ne lis<strong>en</strong>t<br />
pas de livres contre 10 % des cadres supérieurs.<br />
Les <strong>inégalités</strong> d’accès à la culture <strong>en</strong>tre catégories <strong>sociale</strong>s ne repos<strong>en</strong>t<br />
pas forcém<strong>en</strong>t sur des écarts de richesse économique, mais davantage<br />
sur des élém<strong>en</strong>ts sociaux tels que le niveau de diplôme ou le milieu familial.<br />
Les <strong>inégalités</strong> peuv<strong>en</strong>t ainsi se former dès le plus jeune âge (plus on<br />
dispose de livres étant jeunes, plus on a de chance d’<strong>en</strong> lire par la suite).<br />
Ces <strong>inégalités</strong> se r<strong>et</strong>rouv<strong>en</strong>t au niveau des diplômes obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> fonction<br />
de la catégorie <strong>sociale</strong>. Plus précisém<strong>en</strong>t, le type de filière emprun-<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
15<br />
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16 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
tée diffère fortem<strong>en</strong>t selon le milieu social. La répartition des bacheliers<br />
2009 selon les trois grandes filières (générale, technologique <strong>et</strong><br />
professionnelle) indique que les <strong>en</strong>fants d’ouvriers se répartiss<strong>en</strong>t<br />
presque équitablem<strong>en</strong>t selon les trois types de baccalauréat, tandis<br />
que les <strong>en</strong>fants de cadres privilégi<strong>en</strong>t n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t la voie générale. Or,<br />
celle-ci est la plus favorable à la poursuite d’études supérieures longues<br />
; de fait, elle peut conduire à l’accès à des positions <strong>sociale</strong>s plus<br />
valorisées.<br />
2. <strong>inégalités</strong> face à la mort<br />
L’espérance de vie à la naissance dans le monde s’est accrue de manière<br />
considérable <strong>en</strong> un demi-siècle. Tandis que les générations nées au<br />
début des années 1950 pouvai<strong>en</strong>t espérer vivre <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne un peu<br />
moins de 47 ans, celles nées <strong>en</strong>tre 2005 <strong>et</strong> 2010 peuv<strong>en</strong>t atteindre <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>ne un âge supérieur à 67 ans.<br />
Mais l’espérance de vie des populations des régions développées est<br />
de 77 ans aujourd’hui, contre seulem<strong>en</strong>t 56 ans dans les régions les<br />
moins avancées. Malgré une réduction de c<strong>et</strong> écart depuis plusieurs<br />
déc<strong>en</strong>nies, l’espérance de vie des pays les plus pauvres équivaut à<br />
celle des pays riches avant les années 1950. L’Afrique subsahari<strong>en</strong>ne<br />
(51 ans) a l’espérance de vie la plus faible au monde. La faible croissance<br />
de c<strong>et</strong>te région fait que les pouvoirs publics peuv<strong>en</strong>t difficilem<strong>en</strong>t<br />
investir dans des secteurs de développem<strong>en</strong>t (tels que les infrastructures<br />
de santé).<br />
À l’opposé, c’est <strong>en</strong> Europe occid<strong>en</strong>tale (80 ans) <strong>et</strong> <strong>en</strong> Amérique du Nord<br />
(79) qu’elles sont les plus fortes. Les progrès réalisés dans le domaine<br />
médical l’expliqu<strong>en</strong>t dans une large mesure.<br />
En France, de fortes <strong>inégalités</strong> internes face à la mort demeur<strong>en</strong>t, notamm<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> fonction de la catégorie <strong>sociale</strong> des individus. Ainsi, <strong>en</strong> 2011,<br />
l’espérance de vie d’une femme cadre de 35 ans est de 52 ans tandis<br />
que celle d’une ouvrière n’est que de 49 ans. Les hommes cadres de<br />
35 ans peuv<strong>en</strong>t espérer vivre <strong>en</strong>core 47 ans <strong>et</strong> les hommes ouvriers 41<br />
ans. La nature des professions exercées peut expliquer <strong>en</strong> partie ces<br />
écarts. Les cadres ont <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> moins d’accid<strong>en</strong>ts du travail ou de maladies<br />
liées à leur profession que les ouvriers. De plus, ils apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
à un groupe social dont les modes de vie sont favorables à une bonne<br />
santé. Ainsi, les comportem<strong>en</strong>ts de santé à risque ou <strong>en</strong>core le moindre<br />
recours <strong>et</strong> accès aux soins sont plus fréqu<strong>en</strong>ts chez les ouvriers que<br />
chez les cadres.
C<br />
Activité 11<br />
Des <strong>inégalités</strong> qui se cumul<strong>en</strong>t<br />
1. le cumul des <strong>inégalités</strong>…<br />
Docum<strong>en</strong>t 12 : Le cumul des <strong>inégalités</strong><br />
À plusieurs reprises, cep<strong>en</strong>dant, nous avons eu l’occasion de relever<br />
<strong>en</strong>tre ces différ<strong>en</strong>ts aspects (des <strong>inégalités</strong> <strong>en</strong>tre catégories <strong>sociale</strong>s)<br />
des relations étroites <strong>et</strong> complexes. Ainsi les <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>u disponible<br />
ne peuv<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer des <strong>inégalités</strong> de patrimoine ; inversem<strong>en</strong>t,<br />
ces dernières contribu<strong>en</strong>t aux premières par le biais des rev<strong>en</strong>us<br />
patrimoniaux. De même, des <strong>inégalités</strong> de conditions de travail découl<strong>en</strong>t<br />
des <strong>inégalités</strong> face à la maladie <strong>et</strong> à la mort ; <strong>et</strong> les <strong>inégalités</strong> face<br />
au logem<strong>en</strong>t contribu<strong>en</strong>t aux <strong>inégalités</strong> face à la santé <strong>et</strong> face à l’école.<br />
Ou <strong>en</strong>core les <strong>inégalités</strong> de situation dans la division <strong>sociale</strong> du travail<br />
<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t dans la desc<strong>en</strong>dance des dispositions ou des capacités<br />
diverses face à la formation scolaire, qui se traduiront par des résultats<br />
scolaires inégaux, débouchant sur des qualifications professionnelles<br />
inégales <strong>et</strong> des insertions inégales dans la division <strong>sociale</strong> du travail, la<br />
boucle étant bouclée.<br />
Ces quelques exemples suggèr<strong>en</strong>t que les <strong>inégalités</strong> form<strong>en</strong>t système.<br />
D’une part, elles s’<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t les unes les autres ; d’autre part, elles<br />
contribu<strong>en</strong>t à former un processus cumulatif, au terme duquel les privilèges<br />
se regroup<strong>en</strong>t à l’un des pôles de l’échelle <strong>sociale</strong> tandis qu’à<br />
l’autre pôle se multipli<strong>en</strong>t les handicaps ; <strong>en</strong>fin, elles t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à se reproduire<br />
dans le cours des générations.<br />
Alain Bihr <strong>et</strong> Roland Pfefferkorn, Déchiffrer les <strong>inégalités</strong>.<br />
Le cumul des <strong>inégalités</strong><br />
Questions<br />
1 Proposez un exemple montrant que les <strong>inégalités</strong> <strong>sociale</strong>s peuv<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>traîner des <strong>inégalités</strong> économiques.<br />
2 Proposez un exemple montrant que les <strong>inégalités</strong> économiques peuv<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>traîner des <strong>inégalités</strong> <strong>sociale</strong>s.<br />
3 Expliquez le passage souligné.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
17<br />
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Activité 12<br />
18 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
2. une illustration : les <strong>inégalités</strong> face au<br />
logem<strong>en</strong>t<br />
Docum<strong>en</strong>t 13 : Inégalités face au logem<strong>en</strong>t<br />
Âge de la personne de référ<strong>en</strong>ce<br />
- moins de 30 ans<br />
- 60 ans <strong>et</strong> plus<br />
Type de ménage<br />
- personne seule<br />
- famille monopar<strong>en</strong>tale<br />
- couple avec un <strong>en</strong>fant<br />
Ménage d’origine :<br />
- non immigrée<br />
- immigrée : Europe<br />
- immigrée : Maghreb<br />
Type de rev<strong>en</strong>u :<br />
- 1er quintile (ménages « modestes »)<br />
- 5e quintile (ménages « aisés »)<br />
Logem<strong>en</strong>t<br />
de qualité<br />
médiocre<br />
9<br />
6<br />
7<br />
14<br />
6<br />
6<br />
8<br />
12<br />
12<br />
3<br />
Surpeuplem<strong>en</strong>t<br />
21<br />
2<br />
6<br />
19<br />
7<br />
7<br />
12<br />
37<br />
20<br />
L'un ou l'autre :<br />
logem<strong>en</strong>t<br />
inconfortable<br />
28<br />
7<br />
12<br />
29<br />
12<br />
13<br />
17<br />
42<br />
28<br />
2<br />
5<br />
Insee, <strong>en</strong>quête Logem<strong>en</strong>t 2006.<br />
Inégalités face au logem<strong>en</strong>t<br />
Questions<br />
1 Faites une phrase donnant la signification de chaque donnée soulignée.<br />
2 A l’aide des chiffres du docum<strong>en</strong>t, montrez que les <strong>inégalités</strong> économiques<br />
sont à l’origine d’<strong>inégalités</strong> <strong>en</strong> termes de logem<strong>en</strong>t.<br />
3 Proposez un <strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t montrant que les <strong>inégalités</strong> <strong>en</strong> termes de<br />
logem<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t être à l’origine d’<strong>inégalités</strong> économiques.<br />
Les différ<strong>en</strong>ts types d’<strong>inégalités</strong>, économiques <strong>et</strong> <strong>sociale</strong>s, interagiss<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>tre elles. Elles constitu<strong>en</strong>t un processus cumulatif d’<strong>en</strong>semble, <strong>et</strong> form<strong>en</strong>t<br />
un système vertueux pour les plus favorisés, vicieux pour les plus<br />
démunis, <strong>en</strong> se reproduisant le plus souv<strong>en</strong>t de génération <strong>en</strong> génération.
Ainsi, un ménage qui dispose d’un faible rev<strong>en</strong>u pourra difficilem<strong>en</strong>t<br />
se constituer un patrimoine ; or, ce patrimoine aurait pu lui perm<strong>et</strong>tre<br />
de percevoir des rev<strong>en</strong>us supplém<strong>en</strong>taires (les rev<strong>en</strong>us du patrimoine).<br />
Un faible rev<strong>en</strong>u pénalise égalem<strong>en</strong>t l’accès à certains bi<strong>en</strong>s <strong>et</strong> services<br />
de consommation, notamm<strong>en</strong>t de produits culturels, <strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong> pas<br />
de vivre dans un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t confortable. Or, l’accès à la culture <strong>et</strong><br />
de bonnes conditions de vie peuv<strong>en</strong>t contribuer à la réussite scolaire, à<br />
l’accès à des diplômes valorisés <strong>et</strong> à une position <strong>sociale</strong> avantageuse,<br />
notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes de rev<strong>en</strong>u. Des <strong>inégalités</strong> économiques <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t<br />
donc des <strong>inégalités</strong> <strong>sociale</strong>s qui, à leur tour, creus<strong>en</strong>t des écarts économiques.<br />
3. … peut-être à l’origine d’un certain r<strong>en</strong>ouveau<br />
des <strong>inégalités</strong><br />
Docum<strong>en</strong>t 14 : Le r<strong>en</strong>ouveau des <strong>inégalités</strong><br />
[Ce] n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que l’on a pu véritablem<strong>en</strong>t<br />
mesurer que l’inégalité des salaires <strong>et</strong> des rev<strong>en</strong>us avait diminué<br />
dans les pays occid<strong>en</strong>taux depuis le XIXe siècle, à la suite de quoi de<br />
nouvelles prédictions fur<strong>en</strong>t formulées. La plus célèbre fut celle de Kuzn<strong>et</strong>s<br />
[1955] : selon Kuzn<strong>et</strong>s, l’inégalité est partout appelée à dessiner<br />
une courbe <strong>en</strong> U inversé au cours du processus du développem<strong>en</strong>t, avec<br />
une première phase d’<strong>inégalités</strong> croissantes lors de l’industrialisation <strong>et</strong><br />
de l’urbanisation des sociétés agricoles traditionnelles, suivie par une<br />
seconde phase de stabilisation, puis de diminution substantielle des<br />
<strong>inégalités</strong>. […]<br />
Mais c’est surtout la constatation, dans les années 1980, que l’inégalité<br />
avait recomm<strong>en</strong>cé à augm<strong>en</strong>ter dans les pays occid<strong>en</strong>taux depuis les<br />
années 1970 qui a porté le coup fatal à l’idée d’une courbe <strong>en</strong> U inversé<br />
reliant inexorablem<strong>en</strong>t développem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> inégalité. […]<br />
L’inégalité n’a véritablem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>té qu’aux États-Unis <strong>et</strong> au Royaume-<br />
Uni, mais dans tous les pays l’inégalité des salaires a au minimum cessé<br />
de décroître p<strong>en</strong>dant les années 1980. Cela distingue les pays occid<strong>en</strong>taux<br />
des pays moins développés, ou aucune t<strong>en</strong>dance de ce type n’a pu<br />
être détectée [Davis, 1992]. […]<br />
[Il] serait évidemm<strong>en</strong>t erroné de résumer l’évolution de l’inégalité dans<br />
un pays comme la France depuis la fin des années 1970 par des écarts<br />
de rev<strong>en</strong>u <strong>et</strong> de salaire <strong>en</strong>tre les 10 % les plus pauvres <strong>et</strong> les 10 % les<br />
plus riches à peu près constants. Si une relative stabilité des écarts de<br />
rev<strong>en</strong>u disponible <strong>en</strong>tre ménages a pu être obt<strong>en</strong>ue dans de nombreux<br />
pays, <strong>et</strong> notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> France, c’est uniquem<strong>en</strong>t parce que les transferts<br />
sociaux ont réussi à comp<strong>en</strong>ser à peu près la perte de rev<strong>en</strong>u d’activité<br />
du nombre croissant de chômeurs. En l’abs<strong>en</strong>ce de ces transferts (allocations<br />
chômage, RMI, <strong>et</strong>c.), l’évolution des <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>u aurait<br />
été la même que dans les pays anglo-saxons.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
19<br />
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Activité 13<br />
20 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
Docum<strong>en</strong>t 15 : Part du décile supérieur dans le rev<strong>en</strong>u total <strong>en</strong> France<br />
En %<br />
50<br />
45<br />
40<br />
35<br />
30<br />
25<br />
1900-1910 1923 1933 1943 1953 1963 1973 1983 1993 2004<br />
Thomas PIKETTy, L’économie des <strong>inégalités</strong>, coll. Repères, © La Découverte, 2008.<br />
www.editionsladecouverte.fr<br />
R<strong>en</strong>ouveau des <strong>inégalités</strong><br />
Questions<br />
1 Expliquez la théorie de Kuzn<strong>et</strong>s (doc 14).<br />
2 Faites une phrase donnant la signification de la donnée pour 2004<br />
(doc 15).<br />
3 Le docum<strong>en</strong>t 15 confirme-t-il le passage souligné (doc 14) ?<br />
4 Qu’est-ce qui peut expliquer ce r<strong>et</strong>our des <strong>inégalités</strong> ?<br />
La croissance <strong>et</strong> le développem<strong>en</strong>t d’un grand nombre de pays se sont<br />
accompagnés d’une réduction importante des <strong>inégalités</strong> économiques<br />
depuis le début du XXe siècle. Cep<strong>en</strong>dant, ces <strong>inégalités</strong> ont t<strong>en</strong>dance<br />
à croître de nouveau depuis les années 1980, <strong>et</strong> ce dans la plupart des<br />
pays développés.<br />
Les <strong>inégalités</strong> de patrimoine ont, <strong>en</strong> particulier, fortem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>té,<br />
notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> raison de l’augm<strong>en</strong>tation sout<strong>en</strong>ue du prix des bi<strong>en</strong>s<br />
patrimoniaux. Par ailleurs, les rev<strong>en</strong>us du travail ont, depuis une tr<strong>en</strong>taine<br />
d’années, augm<strong>en</strong>té beaucoup moins vite que les rev<strong>en</strong>us du patrimoine<br />
(tels que les loyers perçus ou les rémunérations des actions possédées).<br />
Or ces derniers sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t perçus par les ménages
les plus aisés <strong>en</strong> termes de rev<strong>en</strong>us (car un rev<strong>en</strong>u important est nécessaire<br />
à la constitution d’un patrimoine), ce qui a accru les <strong>inégalités</strong><br />
<strong>en</strong>tre c<strong>et</strong>te portion la plus favorisée <strong>et</strong> le reste de la population.<br />
Enfin, la montée du chômage depuis les années 1970 peut expliquer<br />
la recrudesc<strong>en</strong>ce des <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>u disponible : <strong>en</strong> perdant leur<br />
emploi, les individus perd<strong>en</strong>t aussi leur rev<strong>en</strong>u du travail, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te perte<br />
n’est que partiellem<strong>en</strong>t comp<strong>en</strong>sée par les transferts sociaux (allocations<br />
chômage, RSA).<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
21<br />
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2 Comm<strong>en</strong>t<br />
Pré-requis<br />
22 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
les pouvoirs publics<br />
peuv<strong>en</strong>t-ils contribuer à la justice<br />
<strong>sociale</strong> ?<br />
Introduction<br />
La puissance publique a un rôle déterminant à jouer pour garantir une<br />
plus grande justice au sein de la société. Ainsi, nous montrerons que la<br />
lutte contre les <strong>inégalités</strong> est considérée comme ess<strong>en</strong>tielle <strong>en</strong> démocratie<br />
(A) avant de prés<strong>en</strong>ter les différ<strong>en</strong>ts instrum<strong>en</strong>ts des pouvoirs publics<br />
contribuant à m<strong>en</strong>er c<strong>et</strong>te lutte (B).<br />
État provid<strong>en</strong>ce, prélèvem<strong>en</strong>ts obligatoires,<br />
rev<strong>en</strong>us de transfert.<br />
Activité 14<br />
S<strong>en</strong>sibilisation :<br />
Notions à acquérir<br />
Égalité, équité, discrimination, méritocratie, assurance/assistance,<br />
services collectifs, fiscalité,<br />
prestations <strong>et</strong> cotisations <strong>sociale</strong>s, redistribution,<br />
protection <strong>sociale</strong>.<br />
Docum<strong>en</strong>t 1 : La lutte contre les discriminations<br />
www.halde.fr, 2010.<br />
Lutte contre les discriminations<br />
Questions<br />
1 Quelles catégories de personnes peuv<strong>en</strong>t subir des discriminations ?<br />
2 Que peut représ<strong>en</strong>ter la porte « Fermé pour vous » ?
A<br />
Activité 15<br />
Les fondem<strong>en</strong>ts de la lutte contre<br />
les <strong>inégalités</strong><br />
1. L’idéal égalitaire de la société française<br />
Les sociétés démocratiques repos<strong>en</strong>t toujours sur l’idée d’égalité parce<br />
qu’un ordre social ne peut être accepté que s’il repose sur une certaine<br />
égalité <strong>en</strong>tre les individus. Toute démocratie cherche donc à atteindre<br />
une égalité croissante <strong>en</strong>tre les citoy<strong>en</strong>s (ce que l’on appelle l’idéal égalitaire).<br />
Mais de quelle(s) égalité(s) parle-t-on ? La lutte contre les <strong>inégalités</strong><br />
perm<strong>et</strong>-elle de garantir la justice <strong>sociale</strong> ?<br />
a) vers une plus grande justice <strong>sociale</strong><br />
Docum<strong>en</strong>t 2 : Une société française injuste ?<br />
On dit volontiers que les Français éprouv<strong>en</strong>t c<strong>et</strong>te « passion pour l’égalité<br />
» dont parlait Alexis de Tocqueville, mais que sait-on au juste de leurs<br />
jugem<strong>en</strong>ts sur les questions de justice <strong>sociale</strong> ? […]<br />
Les Français jug<strong>en</strong>t leur société inégalitaire, <strong>et</strong> critiqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> premier lieu<br />
les <strong>inégalités</strong> économiques <strong>et</strong> matérielles : ils sont 69 % à juger que la<br />
satisfaction des besoins de base n’est pas assurée à chacun. Ceci de<br />
manière assez cons<strong>en</strong>suelle, même si l’on est plus s<strong>en</strong>sible aux <strong>inégalités</strong><br />
à gauche de l’échiquier politique. La société française est alors jugée<br />
injuste par près de 60 % d’<strong>en</strong>tre eux. Pour aller vers plus de justice, ils<br />
souhait<strong>en</strong>t une réduction de moitié de l’év<strong>en</strong>tail des salaires, sans pour<br />
autant prôner une égalité parfaite. Quand on leur donne le choix <strong>en</strong>tre<br />
trois sociétés, ils choisiss<strong>en</strong>t n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t celle où le sort des plus démunis<br />
est le meilleur, même si c<strong>et</strong>te société n’est pas la plus égalitaire ni la plus<br />
riche. Ils redout<strong>en</strong>t particulièrem<strong>en</strong>t la pauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> exprim<strong>en</strong>t une forte<br />
demande d’interv<strong>en</strong>tion de l’État dans la vie économique. Au-delà de<br />
leur propre situation, qui de fait affecte peu leurs jugem<strong>en</strong>ts, les Français<br />
partag<strong>en</strong>t des principes de justice ainsi ordonnés : garantir les besoins<br />
de base, reconnaître les mérites, <strong>en</strong>fin réduire les <strong>inégalités</strong>.<br />
Marie Duru-Bellat.<br />
Une société française injuste ?<br />
Questions<br />
1 Pourquoi une majorité de Français considèr<strong>en</strong>t-ils la société comme<br />
« injuste » ?<br />
2 Selon eux, quelles actions les pouvoirs publics doiv<strong>en</strong>t-ils m<strong>en</strong>er<br />
pour lutter contre les injustices ?<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
23<br />
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La lutte contre les <strong>inégalités</strong> m<strong>en</strong>ée par les pouvoirs publics s’inscrit<br />
dans la recherche d’une plus grande justice <strong>sociale</strong>. La définition de la<br />
justice <strong>sociale</strong> peut varier d’une société à l’autre, <strong>en</strong> fonction de la<br />
culture de celle-ci. Il s’agit <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> d’une construction politique, mais<br />
égalem<strong>en</strong>t morale. Elle est le résultat de choix collectifs, mis <strong>en</strong> œuvre<br />
par la puissance publique, sur ce que doiv<strong>en</strong>t être les actions à m<strong>en</strong>er<br />
pour r<strong>en</strong>dre la société plus « juste ».<br />
La recherche de la justice <strong>sociale</strong> est liée à l’avènem<strong>en</strong>t des sociétés<br />
démocratiques. Historiquem<strong>en</strong>t, toute démocratie repose <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> sur<br />
l’égalité <strong>en</strong>tre les citoy<strong>en</strong>s. Mais c<strong>et</strong>te notion d’égalité revêt <strong>en</strong> réalité<br />
différ<strong>en</strong>tes dim<strong>en</strong>sions. Toute<br />
société démocratique repose<br />
Égalité des droits = égalité juridique, face à la loi.<br />
<strong>en</strong> premier lieu sur l’égalité des<br />
droits.<br />
C<strong>et</strong>te égalité consiste à garantir à l’<strong>en</strong>semble des Ainsi, la justice <strong>sociale</strong> repose sur<br />
citoy<strong>en</strong>s les mêmes droits sociaux <strong>et</strong> politiques. certains principes fondam<strong>en</strong>taux,<br />
tels que l’égalité des droits <strong>en</strong>tre<br />
les membres de la société. Mais<br />
elle consiste égalem<strong>en</strong>t à t<strong>en</strong>dre vers une autre forme d’égalité propre à<br />
la démocratie : l’égalité des chances.<br />
24 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
b) justice <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> égalité des chances<br />
Docum<strong>en</strong>t 3 : Égalité des chances <strong>et</strong> inégalité de situation<br />
Tout semble a priori très simple : l’égalité méritocratique des chances<br />
reste la figure cardinale de la justice scolaire. Elle désigne le modèle de<br />
justice perm<strong>et</strong>tant à chacun de concourir dans une même compétition<br />
sans que les <strong>inégalités</strong> de la fortune <strong>et</strong> de la naissance ne détermin<strong>en</strong>t<br />
directem<strong>en</strong>t ses chances de succès <strong>et</strong> d’accès à des qualifications scolaires<br />
relativem<strong>en</strong>t rares. En hiérarchisant les élèves <strong>en</strong> fonction de<br />
leur seul mérite, l’égalité des chances est c<strong>en</strong>sée évacuer les <strong>inégalités</strong><br />
<strong>sociale</strong>s, sexuelles, <strong>et</strong>hniques <strong>et</strong> autres, qui caractéris<strong>en</strong>t tous les individus.<br />
Ce type d’égalité est au cœur de la justice scolaire dans les sociétés<br />
démocratiques, c’est-à-dire dans les sociétés qui considèr<strong>en</strong>t que tous<br />
les individus sont libres <strong>et</strong> égaux <strong>en</strong> principe, mais qui adm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t aussi<br />
que ces individus soi<strong>en</strong>t distribués dans des positions <strong>sociale</strong>s inégales.<br />
Autrem<strong>en</strong>t dit, l’égalité des chances est la seule façon de produire des<br />
<strong>inégalités</strong> justes quand on considère que les individus sont fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t<br />
égaux <strong>et</strong> que seul le mérite peut justifier les différ<strong>en</strong>ces de<br />
rev<strong>en</strong>u, de prestige, de pouvoir… qu’<strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>ces de performances<br />
scolaires.<br />
L’école des chances, François Dub<strong>et</strong> © Coédition Le Seuil-La République des<br />
Idées, 2004.
Activité 16<br />
Égalité des chances, inégalité de situation<br />
Questions<br />
1 Proposez une définition de l’égalité des chances.<br />
2 Expliquez la phrase soulignée.<br />
3 Comm<strong>en</strong>t l’école peut-elle perm<strong>et</strong>tre d’atteindre c<strong>et</strong>te égalité des<br />
chances ?<br />
Égalité des chances = situation dans laquelle tout<br />
individu a les mêmes possibilités que quiconque<br />
d’accéder à n’importe quelle position <strong>sociale</strong>,<br />
quelle que soit son origine.<br />
Méritocratie = système politique <strong>et</strong> social dans<br />
lequel les positions <strong>sociale</strong>s sont obt<strong>en</strong>ues par le<br />
mérite <strong>et</strong> les tal<strong>en</strong>ts individuels.<br />
Égalité des situations = égalité réelle, effective,<br />
<strong>en</strong>tre les individus. Par exemple, il y aurait égalité<br />
réelle de salaires <strong>en</strong> France si tous les salariés percevai<strong>en</strong>t<br />
le même salaire, quelle que soit leur profession.<br />
L’égalité des chances doit donc<br />
faire <strong>en</strong> sorte que les positions<br />
<strong>sociale</strong>s atteintes ne s’expliqu<strong>en</strong>t<br />
que par les mérites individuels.<br />
Dès lors, c<strong>et</strong>te notion est très<br />
étroitem<strong>en</strong>t liée à celle de méritocratie.<br />
L’égalité des chances est, à l’instar<br />
de l’égalité des droits, un des fondem<strong>en</strong>ts<br />
de la démocratie. L’école<br />
républicaine s’est d’ailleurs progressivem<strong>en</strong>t<br />
construite autour<br />
de c<strong>et</strong> idéal : r<strong>en</strong>dre l’école obligatoire<br />
<strong>et</strong> gratuite a permis à l’<strong>en</strong>semble<br />
des <strong>en</strong>fants de bénéficier<br />
de la même éducation, réduisant<br />
par là même les <strong>inégalités</strong> d’accès<br />
à l’instruction. Par ailleurs, l’école<br />
est c<strong>en</strong>sée garantir la réussite<br />
<strong>sociale</strong> des meilleurs élèves, les<br />
plus travailleurs <strong>et</strong> méritants.<br />
Il peut donc y avoir contradiction<br />
<strong>en</strong>tre égalité des chances <strong>et</strong> égalité<br />
des situations (ou égalité des<br />
positions).<br />
L’égalité des chances <strong>et</strong>, plus<br />
généralem<strong>en</strong>t, la méritocratie justifi<strong>en</strong>t des positions <strong>sociale</strong>s inégales :<br />
ces <strong>inégalités</strong> sont le résultat d’une compétition préalable égale (les<br />
résultats sont inégaux mais les chances au départ doiv<strong>en</strong>t être id<strong>en</strong>tiques).<br />
Les politiques de lutte contre les <strong>inégalités</strong> sont donc fondées dans une<br />
large mesure sur l’égalité des chances, justifiant des positions <strong>sociale</strong>s<br />
inégales. On verra toutefois dans la deuxième section que les pouvoirs<br />
publics dispos<strong>en</strong>t d’instrum<strong>en</strong>ts perm<strong>et</strong>tant de corriger des <strong>inégalités</strong> de<br />
situation jugées trop fortes.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
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Activité 17<br />
26 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
2. De l’égalité à l’équité<br />
La lutte contre les <strong>inégalités</strong> semble guider un grand nombre d’actions<br />
publiques dans les sociétés démocratiques, afin de r<strong>en</strong>dre celles-ci plus<br />
« justes ». Mais plus qu’à l’égalité, le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de ce qui est juste ou injuste<br />
r<strong>en</strong>voie à un autre concept : celui d’équité, notamm<strong>en</strong>t mis <strong>en</strong> avant par le<br />
philosophe américain John RAWLS (1921-2002). La justice <strong>sociale</strong> reposerait<br />
alors sur la recherche d’une plus grande équité au sein de la société.<br />
a) l’équité au cœur de la justice <strong>sociale</strong><br />
Docum<strong>en</strong>t 4 : Équité <strong>et</strong> justice <strong>sociale</strong><br />
Rawls part d’une idée simple : un système de règles équitables est un<br />
système auquel les contractants pourrai<strong>en</strong>t adhérer sans savoir à l’avance<br />
quel bénéfice personnel ils <strong>en</strong> r<strong>et</strong>ireront. C’est pourquoi il élabore la fiction<br />
d’une « position originelle » [..] dans laquelle les individus connaiss<strong>en</strong>t<br />
les caractéristiques générales du fonctionnem<strong>en</strong>t de la société <strong>et</strong> de<br />
la psychologie humaine sans savoir quelle sera leur position <strong>sociale</strong> <strong>en</strong><br />
son sein […]. Ils dispos<strong>en</strong>t de toute l’information nécessaire, sauf de celle<br />
qui leur perm<strong>et</strong>trait de trancher <strong>en</strong> leur propre faveur. Dans ces conditions,<br />
chaque contractant doit imaginer des principes de justice valides pour<br />
une société où sa propre position <strong>sociale</strong> lui serait assignée par son pire<br />
<strong>en</strong>nemi. Comme on sait, Rawls fait l’hypothèse que, sous ce « voile d’ignorance<br />
», les participants sélectionnerai<strong>en</strong>t les deux principes suivants :<br />
1 – Toute personne a un droit égal à l’<strong>en</strong>semble le plus ét<strong>en</strong>du de<br />
libertés fondam<strong>en</strong>tales égales qui soit compatible avec le même <strong>en</strong>semble<br />
de libertés pour tous ;<br />
2 – Les <strong>inégalités</strong> <strong>sociale</strong>s <strong>et</strong> économiques doiv<strong>en</strong>t satisfaire deux<br />
conditions : elles doiv<strong>en</strong>t a) être attachées à des fonctions <strong>et</strong> positions<br />
ouvertes à tous dans des conditions de juste égalité des chances ; b)<br />
fonctionner au plus grand bénéfice des membres les plus défavorisés<br />
de la société. Autrem<strong>en</strong>t dit, égale liberté pour tous, égalité des<br />
chances <strong>et</strong> application du fameux « principe de différ<strong>en</strong>ce » : l’inégalité<br />
économique <strong>et</strong> <strong>sociale</strong> peut se justifier pour des raisons d’efficacité<br />
dans la coopération <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> la production de richesses, mais elle<br />
n’est légitime que si elle améliore la position des plus défavorisés.<br />
L’économie est une sci<strong>en</strong>ce morale, Amartya SEN,<br />
© La Découverte, 2004.<br />
www.editionsladecouverte.fr<br />
Équité <strong>et</strong> justice <strong>sociale</strong><br />
Questions<br />
1 Qu’est-ce que la « position originelle » ?<br />
2 Pourquoi c<strong>et</strong>te position peut-elle perm<strong>et</strong>tre de définir des principes<br />
équitables ?
3 Sur quels principes la justice <strong>sociale</strong> repose-t-elle ?<br />
4 A partir de ce docum<strong>en</strong>t, proposez une définition de l’équité.<br />
Au-delà de la recherche de l’égalité des chances, une société peut lutter<br />
contre les <strong>inégalités</strong> <strong>en</strong> m<strong>et</strong>tant <strong>en</strong> place des mesures d’équité. Le<br />
concept d’équité est souv<strong>en</strong>t associé à celui de justice <strong>sociale</strong>, <strong>et</strong> plus<br />
particulièrem<strong>en</strong>t à l’analyse qu’<strong>en</strong> fait J. RAWLS. Des règles « équitables »<br />
repos<strong>en</strong>t sur quelques caractéristiques majeures :<br />
E tous les individus doiv<strong>en</strong>t bénéficier d’un droit égal aux libertés fondam<strong>en</strong>tales<br />
(liberté d’expression, de propriété, <strong>et</strong>c.)<br />
E les individus doiv<strong>en</strong>t tous disposer des mêmes chances pour accéder à<br />
n’importe quelle position <strong>sociale</strong> (l’égalité des chances doit donc être<br />
la norme)<br />
E les moins favorisés peuv<strong>en</strong>t être traités différemm<strong>en</strong>t (par les pouvoirs<br />
publics), afin que leur situation s’améliore. Ce dernier principe justifie<br />
donc des <strong>inégalités</strong> de traitem<strong>en</strong>t.<br />
b) de l’égalité à l’équité<br />
Docum<strong>en</strong>t 5 : Égalité ou équité ?<br />
Dans les années quatre-vingt, apparaît dans le débat public la notion de<br />
discrimination positive. Elle ne r<strong>en</strong>contre véritablem<strong>en</strong>t le succès, <strong>et</strong> une<br />
certaine consécration, que dans les années quatre-vingt-dix quand elle a<br />
été rattachée au concept d’équité <strong>en</strong> s’appuyant sur des référ<strong>en</strong>ces aux<br />
travaux du philosophe américain John Rawls.<br />
La notion d’équité transforme le principe d’égalité <strong>en</strong>tre « semblables »<br />
<strong>et</strong> institue des différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> consacrant de distinctions de statuts. […]<br />
Dans les années quatre-vingt-dix, un rapport public du Conseil d’État<br />
remarquait que le droit français dev<strong>en</strong>ait de plus <strong>en</strong> plus familier du<br />
cont<strong>en</strong>u du concept de discrimination positive <strong>et</strong> indiquait qu’au principe<br />
d’universalité des prestations il conv<strong>en</strong>ait de substituer un principe<br />
d’équité, une « forme équitable de l’égalité ». Le Conseil d’État a ainsi<br />
estimé, dans son rapport, que l’égalité réelle supposait parfois des <strong>inégalités</strong><br />
juridiques. Pour lutter contre de « nouvelles <strong>inégalités</strong> », <strong>et</strong> faisant<br />
référ<strong>en</strong>ce à la théorie rawlsi<strong>en</strong>ne de la justice comme équité, il appuyait<br />
les actions spécifiques <strong>en</strong> direction des plus défavorisés. Il demandait<br />
un élargissem<strong>en</strong>t du principe d’égalité <strong>en</strong> le considérant non seulem<strong>en</strong>t<br />
sous son aspect de l’égalité des droits, tel que légué par l’histoire républicaine,<br />
mais aussi sous l’angle de l’égalité des chances. Les discriminations<br />
positives ajout<strong>en</strong>t à l’objectif de redistribution, une dim<strong>en</strong>sion<br />
de réparation. […] L’action publique cherche effectivem<strong>en</strong>t à se conc<strong>en</strong>trer,<br />
pour des raisons affichées d’économie <strong>et</strong> d’efficacité, de plus <strong>en</strong><br />
plus sur les personnes considérées comme « les plus <strong>en</strong> difficulté ».<br />
Juli<strong>en</strong> Damon in La Famille, une affaire publique. Rapport du CAE, La Docum<strong>en</strong>tation<br />
française, 2005.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
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Activité 18<br />
28 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
De l’égalité à l’équité<br />
Questions<br />
1 Quelle est la principale différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre une logique égalitaire <strong>et</strong> une<br />
logique équitable ?<br />
3 Le fait d’accorder des bourses aux élèves <strong>en</strong> fonction du rev<strong>en</strong>u des<br />
familles relève-t-il d’une logique d’égalité ou d’équité ? Et le fait de<br />
n’<strong>en</strong> accorder aucune à personne ?<br />
2 Expliquez le concept de discrimination positive <strong>et</strong> donnez des<br />
exemples d’actions publiques reposant sur ce concept.<br />
4 Pourquoi les actions publiques sont-elles de plus <strong>en</strong> plus guidées par<br />
la recherche de l’équité ?<br />
Équité = principe selon lequel les membres d’une<br />
société peuv<strong>en</strong>t être traités de façon inégalitaire<br />
dès lors que ce traitem<strong>en</strong>t vise à corriger des <strong>inégalités</strong><br />
de situation initialem<strong>en</strong>t constatées.<br />
B<br />
L’application de ce principe<br />
peut passer par des politiques<br />
de discrimination positive, qui<br />
consist<strong>en</strong>t, justem<strong>en</strong>t, à accorder<br />
des avantages à des individus ou<br />
des groupes sociaux défavorisés,<br />
afin de corriger les <strong>inégalités</strong> <strong>en</strong>tre<br />
eux <strong>et</strong> le reste de la société.<br />
En France, les premiers programmes de discrimination positive se sont développés<br />
dans les années 1980. Ces programmes ne sont pas basés sur les<br />
différ<strong>en</strong>ces <strong>et</strong>hniques, mais sur les <strong>inégalités</strong> <strong>sociale</strong>s ou géographiques,<br />
<strong>en</strong> ciblant les zones urbaines s<strong>en</strong>sibles <strong>et</strong> les quartiers défavorisés.<br />
La mise <strong>en</strong> place de ZEP (zones d’éducation prioritaire), dans lesquelles<br />
les établissem<strong>en</strong>ts scolaires bénéfici<strong>en</strong>t de moy<strong>en</strong>s supplém<strong>en</strong>taires<br />
parce qu’ils scolaris<strong>en</strong>t des élèves issus de quartiers très défavorisés,<br />
constitue un exemple de discrimination positive. Dans le même ordre<br />
d’idée, l’Institut d’Études Politiques de Paris a lancé <strong>en</strong> 2001 un programme<br />
<strong>en</strong> faveur d’élèves issus de certains lycées classées <strong>en</strong> ZEP. Les<br />
candidats sont sélectionnés grâce à une procédure spécifique, différ<strong>en</strong>te<br />
du concours (on a donc bi<strong>en</strong> inégalité de traitem<strong>en</strong>t), afin d’augm<strong>en</strong>ter<br />
leur représ<strong>en</strong>tation au sein de l’école.<br />
Les instrum<strong>en</strong>ts des pouvoirs publics<br />
pour lutter contre les <strong>inégalités</strong><br />
Introduction<br />
Docum<strong>en</strong>t 6 : Comm<strong>en</strong>t l’État peut-il réduire les <strong>inégalités</strong> ?<br />
Les politiques de lutte contre les <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>u peuv<strong>en</strong>t agir à<br />
deux niveaux : au mom<strong>en</strong>t de leur formation (les <strong>inégalités</strong> dites « pri-
Activité 19<br />
maires ») ou par la redistribution d’une partie des rev<strong>en</strong>us perçus. Ce<br />
second aspect est le plus souv<strong>en</strong>t mis avant. En matière de réduction<br />
des <strong>inégalités</strong>, la structure des systèmes fiscaux compte au moins autant<br />
que le niveau des prélèvem<strong>en</strong>ts. On peut prélever beaucoup, mais peu<br />
redistribuer. L’impôt qui contribue le plus à réduire les <strong>inégalités</strong> est<br />
l’impôt dit « progressif », parce que ses taux augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t avec le niveau<br />
de l’assi<strong>et</strong>te. […]<br />
La collectivité intervi<strong>en</strong>t aussi dans le jeu de la formation des rev<strong>en</strong>us dits<br />
« primaires », avant impôts. Le législateur élabore <strong>en</strong> particulier le droit<br />
du travail. […] Au-delà du marché du travail, une bonne partie de l’action<br />
des services publics (ou des <strong>en</strong>treprises soumises à des contraintes<br />
de service public) contribue à la réduction des <strong>inégalités</strong>, <strong>en</strong> faisant <strong>en</strong><br />
sorte que chacun puisse, sans distinction de niveau de rev<strong>en</strong>us, accéder<br />
à une offre de bi<strong>en</strong>s <strong>et</strong> de services ess<strong>en</strong>tiels.<br />
L. MAURIN, « Comm<strong>en</strong>t l’État peut-il réduire les <strong>inégalités</strong> ? », Alternatives Economiques<br />
hors-série n° 61, 2004.<br />
www.alternatives-economiques.fr<br />
La double interv<strong>en</strong>tion de l’État<br />
Questions<br />
1 Qu’est-ce qu’un rev<strong>en</strong>u « primaire » ? Donnez-<strong>en</strong> un exemple.<br />
2 Comm<strong>en</strong>t les pouvoirs publics peuv<strong>en</strong>t-ils modifier les rev<strong>en</strong>us des<br />
individus ?<br />
3 Illustrez par des exemples le passage souligné.<br />
Outre les programmes de discrimination positive évoqués dans la section<br />
précéd<strong>en</strong>te, les pouvoirs publics dispos<strong>en</strong>t d’instrum<strong>en</strong>ts spécifiques<br />
pour réduire les <strong>inégalités</strong>. On distinguera notamm<strong>en</strong>t la prise <strong>en</strong><br />
charge par la puissance publique du financem<strong>en</strong>t de services collectifs.<br />
Services collectifs = services produits par les pouvoirs publics à un prix<br />
inférieur à leur coût de production. Ces services doiv<strong>en</strong>t être accessibles<br />
à tous les citoy<strong>en</strong>s, même les plus pauvres, <strong>et</strong> r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t à des activités<br />
très diverses (<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, santé, services culturels, recherche, infrastructures<br />
publiques, <strong>et</strong>c.).<br />
Ce financem<strong>en</strong>t perm<strong>et</strong> à l’<strong>en</strong>semble d’une population d’accéder à des<br />
services de base, conduisant de fait à un traitem<strong>en</strong>t égalitaire pour tous.<br />
Par ailleurs, le système de protection <strong>sociale</strong>, via la redistribution, <strong>et</strong> la<br />
mise <strong>en</strong> place d’une fiscalité progressive jou<strong>en</strong>t un rôle décisif dans la<br />
lutte contre les <strong>inégalités</strong>. Ce sont ces outils que nous allons maint<strong>en</strong>ant<br />
prés<strong>en</strong>ter, avant d’analyser leurs limites év<strong>en</strong>tuelles.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
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30 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
1. Protection <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> fiscalité<br />
Au XIX e siècle, l’État français intervi<strong>en</strong>t peu pour v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> aide aux plus<br />
démunis. Ce n’est que dans la 1re moitié du XX e qu’un véritable système<br />
de protection se m<strong>et</strong> <strong>en</strong> place : les assurances <strong>sociale</strong>s garanties par<br />
l’État. C<strong>et</strong>te protection assure les travailleurs contre le risque de perte de<br />
leur rev<strong>en</strong>u quand ils sont <strong>en</strong> activité (accid<strong>en</strong>ts du travail, perte d’emploi)<br />
mais elle donne aussi droit à percevoir un rev<strong>en</strong>u quand le salarié a<br />
terminé sa vie active. (« r<strong>et</strong>raites » ouvrières <strong>et</strong> paysannes)<br />
Après la seconde guerre mondiale, la lutte contre l’insécurité <strong>sociale</strong><br />
(c’est-à-dire le fait d’être confronté à des risques sociaux – maladie,<br />
chômage, vieillesse – sans protection) apparaît comme une nécessité<br />
publique. Un Etat-provid<strong>en</strong>ce se m<strong>et</strong> alors <strong>en</strong> place à partir de 1945.<br />
L’Etat-provid<strong>en</strong>ce correspond à l’<strong>en</strong>semble des interv<strong>en</strong>tions économiques<br />
<strong>et</strong> <strong>sociale</strong>s des pouvoirs publics visant à réduire les <strong>inégalités</strong>.<br />
C’est avec la naissance de c<strong>et</strong> Etat-provid<strong>en</strong>ce qu’on assiste à la création<br />
du système moderne de protection <strong>sociale</strong>.<br />
Protection <strong>sociale</strong> = système public de solidarité<br />
qui couvre les principaux risques sociaux (maladie,<br />
chômage, vieillesse) afin de réduire les <strong>inégalités</strong><br />
<strong>sociale</strong>s <strong>et</strong> économiques <strong>en</strong>tre les individus.<br />
Activité 20<br />
a) les mécanismes de redistribution<br />
Qu’est-ce que la redistribution ?<br />
Ce système de protection s’est<br />
progressivem<strong>en</strong>t ét<strong>en</strong>du à tous<br />
les risques sociaux <strong>et</strong> à toutes les<br />
catégories <strong>sociale</strong>s. La protection<br />
<strong>sociale</strong> est donc l’expression de<br />
solidarités collectives. Elle repose<br />
sur des mécanismes de redistribution<br />
clairem<strong>en</strong>t définis.<br />
Docum<strong>en</strong>t 7 : Schéma : du rev<strong>en</strong>u primaire au rev<strong>en</strong>u disponible<br />
Impôts<br />
Rev<strong>en</strong>us primaires = Rev<strong>en</strong>u disponible<br />
– Cotisations <strong>sociale</strong>s<br />
+Prestations <strong>sociale</strong>s<br />
Du rev<strong>en</strong>u primaire au rev<strong>en</strong>u disponible<br />
Questions<br />
1 Donnez des exemples d’impôts <strong>et</strong> de prestations <strong>sociale</strong>s.<br />
2 Quels sont les deux grands mouvem<strong>en</strong>ts de la redistribution ? Qui<br />
participe à chacun de ces mouvem<strong>en</strong>ts ?
La lutte contre les <strong>inégalités</strong> peut passer par une modification des rev<strong>en</strong>us<br />
primaires des ag<strong>en</strong>ts. Les rev<strong>en</strong>us primaires sont reçus <strong>en</strong> contrepartie<br />
d’une participation à la production (on distinguera principalem<strong>en</strong>t<br />
les rev<strong>en</strong>us du travail, tels que les salaires, <strong>et</strong> les rev<strong>en</strong>us du patrimoine,<br />
comme les divid<strong>en</strong>des rémunérant la possession d’actions par exemple).<br />
Ces rev<strong>en</strong>us sont ponctionnés <strong>en</strong> partie par les pouvoirs publics, sous la<br />
forme de prélèvem<strong>en</strong>ts obligatoires (les impôts <strong>et</strong> les cotisations <strong>sociale</strong>s),<br />
prélèvem<strong>en</strong>ts qui vont <strong>en</strong> partie servir au financem<strong>en</strong>t de la protection<br />
<strong>sociale</strong> (ainsi, les cotisations <strong>sociale</strong>s perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t le financem<strong>en</strong>t<br />
des p<strong>en</strong>sions de r<strong>et</strong>raite). Ce double mouvem<strong>en</strong>t (prélèvem<strong>en</strong>ts<br />
d’une part, prestation de l’autre) définit le mécanisme de redistribution.<br />
Redistribution = <strong>en</strong>semble des mesures par lesquelles l’État <strong>et</strong> les organismes<br />
de protection <strong>sociale</strong> modifi<strong>en</strong>t la répartition des rev<strong>en</strong>us primaires.<br />
Cotisations <strong>sociale</strong>s = versem<strong>en</strong>ts obligatoires (auprès des organismes<br />
de sécurité <strong>sociale</strong>) ou volontaires (auprès de mutuelles privées) effectués<br />
par les salariés, les employeurs <strong>et</strong> les travailleurs indép<strong>en</strong>dants <strong>et</strong><br />
qui ouvr<strong>en</strong>t à des droits à prestations <strong>sociale</strong>s.<br />
Prestations <strong>sociale</strong>s = rev<strong>en</strong>us versés aux ménages touchés par un<br />
risque social (santé : remboursem<strong>en</strong>t de soins médicaux ; vieillesse :<br />
p<strong>en</strong>sions de r<strong>et</strong>raites ; chômage, allocations, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> financés par les<br />
cotisations <strong>sociale</strong>s.<br />
Un modèle reposant sur l’assurance <strong>et</strong> l’assistance<br />
Docum<strong>en</strong>t 8 : La protection <strong>sociale</strong> <strong>en</strong> France<br />
L’assistance <strong>et</strong> l’assurance sont considérées comme les deux principales<br />
techniques de protection <strong>sociale</strong>. Elles se distingu<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
par les principes qui les fond<strong>en</strong>t mais aussi par leurs implications <strong>en</strong><br />
termes de droits, de devoirs <strong>et</strong> de conditions d’accès. […]<br />
L’assurance <strong>sociale</strong> est traditionnellem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tée comme un système<br />
de protection(( <strong>sociale</strong> reposant sur des mécanismes de transfert<br />
du type contribution / rétribution. Les travailleurs vers<strong>en</strong>t une cotisation<br />
qui est fonction de leur rev<strong>en</strong>u, <strong>et</strong> s’ouvr<strong>en</strong>t ainsi un droit «objectif»<br />
sur la société. Ce droit consiste à percevoir une prestation dont le<br />
montant est <strong>en</strong> rapport avec leur rev<strong>en</strong>u, <strong>en</strong> cas d’interruption ou de privation<br />
d’emploi. La notion d’assurance s’est développée parallèlem<strong>en</strong>t<br />
à l’émerg<strong>en</strong>ce du travail salarié : pour pallier les risques d’une perte<br />
de salaire consécutive à un accid<strong>en</strong>t, au chômage ou à la vieillesse, il<br />
est apparu nécessaire d’instaurer une protection perm<strong>et</strong>tant à chaque<br />
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Activité 21<br />
32 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
travailleur de se constituer un rev<strong>en</strong>u de remplacem<strong>en</strong>t, sur la base de<br />
cotisations préalables. Initialem<strong>en</strong>t limitée à la protection individuelle,<br />
la logique d’assurance s’est <strong>en</strong>suite progressivem<strong>en</strong>t appliquée à des<br />
systèmes collectifs d’assurance <strong>sociale</strong>. (…)<br />
L’assistance <strong>sociale</strong> procède d’une histoire <strong>et</strong> d’une logique différ<strong>en</strong>tes.<br />
Héritière de la charité chréti<strong>en</strong>ne <strong>et</strong> de la Révolution française de 1789,<br />
à travers ses principes d’égalité <strong>et</strong> de solidarité nationale, elle se définit<br />
comme le devoir de la société de porter secours aux indig<strong>en</strong>ts, vieillards<br />
ou <strong>en</strong>fants abandonnés. Elle passe par l’octroi d’une aide aux personnes<br />
dont les ressources sont insuffisantes, financée par les impôts <strong>et</strong> versée<br />
par les collectivités publiques sans contrepartie de cotisation.<br />
Les relations <strong>en</strong>tre assistance <strong>et</strong> assurance <strong>sociale</strong>s vari<strong>en</strong>t dans le<br />
temps <strong>et</strong> dans l’espace. En France, par exemple, ces deux techniques de<br />
protection <strong>sociale</strong> ont été traditionnellem<strong>en</strong>t opposées, parce qu’elles<br />
étai<strong>en</strong>t porteuses de proj<strong>et</strong>s différ<strong>en</strong>ts, mais elles sont aujourd’hui associées<br />
dans les différ<strong>en</strong>ts régimes de sécurité <strong>sociale</strong>.<br />
http://www.vie-publique.fr, 2006.<br />
Assurance <strong>et</strong> assistance<br />
Questions<br />
1 Historiquem<strong>en</strong>t, à qui était réservée la protection <strong>sociale</strong> <strong>en</strong> France ?<br />
Pourquoi ?<br />
2 Donnez des exemples de redistribution relevant de l’assurance<br />
<strong>sociale</strong>, puis des exemples de redistribution relevant de l’assistance.<br />
3 Comm<strong>en</strong>t ces deux techniques perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t-elles de réduire les <strong>inégalités</strong><br />
?<br />
Assurance = système de protection <strong>sociale</strong> dans lequel seuls ceux qui<br />
ont versé des cotisations sont protégés contre les risques sociaux.<br />
Assistance = système de protection <strong>sociale</strong> financée par la collectivité<br />
<strong>et</strong> destinée à l’<strong>en</strong>semble des individus, y compris ceux qui n’ont pas<br />
cotisé.<br />
Le système français de protection <strong>sociale</strong> serait passé ces dernières<br />
années d’une logique assurantielle à une logique plus assistancielle.<br />
De plus <strong>en</strong> plus de prestations sont <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> accordées sans nécessité<br />
de cotisations préalables mais seulem<strong>en</strong>t sous condition de ressources<br />
(uniquem<strong>en</strong>t à ceux disposant d’un niveau de ressources inférieur à un<br />
plafond défini). C’est le cas des allocations familiales ou du RSA (rev<strong>en</strong>u<br />
de solidarité active) par exemple. La protection <strong>sociale</strong> <strong>en</strong> France est,
Activité 22<br />
<strong>en</strong> réalité, fondée sur les deux logiques : par exemple, <strong>en</strong> plus des<br />
prestations d’assistance citées plus haut, le financem<strong>en</strong>t des r<strong>et</strong>raites<br />
ou l’indemnisation du chômage rest<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core largem<strong>en</strong>t basées sur<br />
l’assurance (pour bénéficier de ces prestations, il est nécessaire d’avoir<br />
cotisé).<br />
b) l’impôt progressif<br />
Docum<strong>en</strong>t 9 : Impôt progressif <strong>et</strong> <strong>inégalités</strong><br />
En prélevant une partie des richesses via l’impôt <strong>et</strong> les différ<strong>en</strong>ts prélèvem<strong>en</strong>ts<br />
sociaux, l’État ne vise pas seulem<strong>en</strong>t à financer ses dép<strong>en</strong>ses,<br />
mais il cherche à rééquilibrer une distribution inégale des richesses <strong>et</strong><br />
des rev<strong>en</strong>us d’activité. La redistribution, par le biais de l’impôt sur le<br />
rev<strong>en</strong>u <strong>et</strong> des prestations <strong>sociale</strong>s versées, <strong>en</strong>traîne une réduction de<br />
plus de 50 % des <strong>inégalités</strong> au sein des ménages d’actifs <strong>en</strong>tre les rev<strong>en</strong>us<br />
déclarés <strong>et</strong> les rev<strong>en</strong>us disponibles. […] Durant les années 70 <strong>et</strong> 80,<br />
le système redistributif a d’ailleurs largem<strong>en</strong>t accompagné le mouvem<strong>en</strong>t<br />
de réduction des <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>us initiaux. […]<br />
A la base de ce système qui perm<strong>et</strong> la réduction des <strong>inégalités</strong> se<br />
trouve la progressivité du système fiscal <strong>et</strong> plus généralem<strong>en</strong>t des prélèvem<strong>en</strong>ts<br />
sociaux. En cela, l’impôt sur le rev<strong>en</strong>u joue un rôle ess<strong>en</strong>tiel<br />
puisqu’il prélève chaque année une partie plus importante des rev<strong>en</strong>us<br />
des ménages imposables des derniers déciles.<br />
B<strong>en</strong>oît Ferrandon, « Inégalités économiques, état des lieux », Les cahiers<br />
français, n°311, 11/2002<br />
L’impôt progressif a égalem<strong>en</strong>t un impact dynamique sur les <strong>inégalités</strong> :<br />
l’impôt progressif limite les capacités d’accumulation du capital des personnes<br />
les plus fortunées, <strong>et</strong> il réduit ainsi la conc<strong>en</strong>tration future des<br />
patrimoines, <strong>et</strong> par là même la conc<strong>en</strong>tration future des rev<strong>en</strong>us du capital,<br />
<strong>et</strong> donc l’inégalité future des rev<strong>en</strong>us avant impôt.<br />
Thomas PikeTTy, <strong>inégalités</strong> économiques, Conseil d’analyse économique, La<br />
Docum<strong>en</strong>tation française, 2001.<br />
Impôt progressif<br />
Questions<br />
1 Quel est le principe d’un impôt dit progressif ?<br />
2 Expliquez les eff<strong>et</strong>s de l’impôt progressif sur la réduction des <strong>inégalités</strong>.<br />
3 A l’aide du passage souligné <strong>et</strong> du chapitre précéd<strong>en</strong>t, montrez que<br />
l’impôt progressif évite le cumul des <strong>inégalités</strong> économiques.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
33<br />
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Total des prestations <strong>sociale</strong>s<br />
Pauvr<strong>et</strong>é-exclusion <strong>sociale</strong><br />
34 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
Fiscalité = <strong>en</strong>semble des réglem<strong>en</strong>tations fixées par les pouvoirs publics<br />
<strong>en</strong> matière d’impôts. Le montant d’un impôt se calcule <strong>en</strong> multipliant<br />
l’assi<strong>et</strong>te de l’impôt (c’est-à-dire les élém<strong>en</strong>ts sur lesquels l’impôt est<br />
payé, comme le rev<strong>en</strong>u par exemple) par un taux d’imposition, qui peut<br />
dép<strong>en</strong>dre de certains critères.<br />
On distingue ainsi l’impôt proportionnel, dont le taux est id<strong>en</strong>tique pour<br />
tous les contribuables, de l’impôt progressif, dont le taux de prélèvem<strong>en</strong>t<br />
grandit à mesure que le rev<strong>en</strong>u augm<strong>en</strong>te. Ce dernier a clairem<strong>en</strong>t<br />
comme objectif de réduire les <strong>inégalités</strong> <strong>en</strong>tre les contribuables.<br />
L’impôt progressif a <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> deux grands impacts sur la baisse des <strong>inégalités</strong> :<br />
E les sommes prélevées par l’impôt progressif augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t plus vite que<br />
le rev<strong>en</strong>u chez les plus ménages les plus favorisés, ce qui réduit mécaniquem<strong>en</strong>t<br />
les écarts de rev<strong>en</strong>us <strong>en</strong>tre les plus riches <strong>et</strong> les plus pauvres ;<br />
E par ailleurs, <strong>en</strong> réduisant les rev<strong>en</strong>us des plus aisés, l’impôt progressif<br />
diminue l’accumulation de patrimoine générée grâce aux rev<strong>en</strong>us élevés<br />
<strong>et</strong>, de fait, diminue les rev<strong>en</strong>us du patrimoine qui <strong>en</strong> serai<strong>en</strong>t prov<strong>en</strong>us.<br />
2. Les limites de ces instrum<strong>en</strong>ts<br />
a) Une action publique sous contrainte<br />
Docum<strong>en</strong>t 10 : Prestations de protection <strong>sociale</strong> (<strong>en</strong> milliards d’euros)<br />
Logem<strong>en</strong>t<br />
Emploi<br />
Famille<br />
Vieillesse-survie<br />
Invalidité <strong>et</strong> accid<strong>en</strong>ts du travail<br />
Maladie<br />
10,5<br />
8,6<br />
16<br />
15,6<br />
36,4<br />
32,8<br />
53,6<br />
51,5<br />
39,6<br />
38,2<br />
169,3<br />
162,3<br />
272,2<br />
261,7<br />
597,6<br />
570,7<br />
2009<br />
2008<br />
0 100 200 300 400 500 600 700<br />
INSEE, Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation <strong>et</strong> des Statistiques (Drees),<br />
Comptes de la protection <strong>sociale</strong>.
Activité 23<br />
La contrainte financière de l’action publique<br />
Questions<br />
1 Quel est le secteur de protection <strong>sociale</strong> générant le plus de dép<strong>en</strong>ses<br />
<strong>en</strong> 2009 ? Calculez sa part dans le total des dép<strong>en</strong>ses.<br />
2 Calculez de 2 manières différ<strong>en</strong>tes l’évolution des dép<strong>en</strong>ses de prestations<br />
<strong>sociale</strong>s <strong>en</strong>tre 2008 <strong>et</strong> 2009.<br />
3 Quel risque c<strong>et</strong>te évolution prés<strong>en</strong>te-t-elle ?<br />
Depuis le début des années 1970, l’État français connaît <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce<br />
un déficit budgétaire (ses dép<strong>en</strong>ses sont supérieures à ses rec<strong>et</strong>tes). Le<br />
budg<strong>et</strong> des administrations de Sécurité <strong>sociale</strong> est lui aussi progressivem<strong>en</strong>t<br />
dev<strong>en</strong>u déficitaire.<br />
La hausse des dép<strong>en</strong>ses de protection <strong>sociale</strong> est la conséqu<strong>en</strong>ce du<br />
vieillissem<strong>en</strong>t de la population <strong>et</strong> de la montée du chômage. L’allongem<strong>en</strong>t<br />
de l’espérance de vie a accru la part des personnes âgées dans la<br />
population, d’où une hausse des dép<strong>en</strong>ses de r<strong>et</strong>raites <strong>et</strong> de santé.<br />
Parallèlem<strong>en</strong>t, les rec<strong>et</strong>tes publiques ral<strong>en</strong>tiss<strong>en</strong>t depuis les années 1980. Le<br />
ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t économique ayant suivi les 30 glorieuses explique <strong>en</strong> partie<br />
la faible augm<strong>en</strong>tation des rec<strong>et</strong>tes fiscales. De plus, le calcul des cotisations<br />
<strong>sociale</strong>s salariales repose largem<strong>en</strong>t sur le montant même des salaires ; or,<br />
ceux-ci ont très faiblem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>té ces tr<strong>en</strong>te dernières années.<br />
Le système de protection <strong>sociale</strong> est donc sans cesse sous contrainte<br />
financière, ce qui peut t<strong>en</strong>dre à rem<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> cause c<strong>et</strong> instrum<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
matière de lutte contre les <strong>inégalités</strong>.<br />
b) Lutter contre les <strong>inégalités</strong> est-il efficace économiquem<strong>en</strong>t<br />
?<br />
Les risques de la redistribution…<br />
Docum<strong>en</strong>t 11 : Les eff<strong>et</strong>s pervers de la redistribution<br />
Imaginons que l’on m<strong>et</strong>te <strong>en</strong> place un système de redistribution qui égalise<br />
intégralem<strong>en</strong>t le rev<strong>en</strong>u annuel des individus. La conséqu<strong>en</strong>ce de ce<br />
système serait que chacun percevrait un rev<strong>en</strong>u n<strong>et</strong> égal à la moy<strong>en</strong>ne des<br />
rev<strong>en</strong>us n<strong>et</strong>s de toute la population. Or, c<strong>et</strong>te moy<strong>en</strong>ne, sur une population<br />
de plusieurs millions d’actifs, serait très stable <strong>et</strong> ne serait guère<br />
modifiée par un changem<strong>en</strong>t du rev<strong>en</strong>u d’activité d’une personne isolée.<br />
Ainsi, personne n’aurait plus vraim<strong>en</strong>t d’influ<strong>en</strong>ce sur son propre rev<strong>en</strong>u<br />
n<strong>et</strong>. Bénéficiant ainsi d’une garantie de rev<strong>en</strong>u, plus personne ne serait<br />
incité à obt<strong>en</strong>ir un rev<strong>en</strong>u d’activité, <strong>et</strong> pourrait s’adonner aux activités<br />
qu’il préfère, même si elles sont beaucoup moins lucratives que d’autres.<br />
La résultante de tous ces choix individuels serait une chute dramatique du<br />
rev<strong>en</strong>u moy<strong>en</strong>, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te chute peut être suffisamm<strong>en</strong>t importante pour que<br />
le rev<strong>en</strong>u finalem<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>u soit bi<strong>en</strong> inférieur au rev<strong>en</strong>u minimum que<br />
l’on pourrait octroyer aux plus pauvres avec un système moins redistributif,<br />
qui préserve les incitations des plus aisés à gagner un rev<strong>en</strong>u appréciable.<br />
M. Fleurbaey, © Observatoire des <strong>inégalités</strong>, www.inegalites.fr, 2005.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
35<br />
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Activité 24<br />
36 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
Les eff<strong>et</strong>s pervers de la redistribution<br />
Questions<br />
1 A quelle condition les individus sont-ils incités à obt<strong>en</strong>ir un rev<strong>en</strong>u<br />
d’activité ?<br />
2 Quel eff<strong>et</strong> pervers de la redistribution est mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce par l’auteur ?<br />
Certains économistes libéraux estim<strong>en</strong>t que la lutte contre les <strong>inégalités</strong><br />
prés<strong>en</strong>te des risques <strong>en</strong> termes d’efficacité collective. Selon eux, les <strong>inégalités</strong><br />
de rev<strong>en</strong>u peuv<strong>en</strong>t être positives, dans la mesure où, si le régime<br />
est méritocratique, elles incit<strong>en</strong>t au travail <strong>et</strong> à l’effort.<br />
Dans c<strong>et</strong>te optique, les libéraux estim<strong>en</strong>t que des minima sociaux (tels<br />
que le RSA) trop proches du SMIC désinciterai<strong>en</strong>t les individus à rechercher<br />
un emploi car l’écart <strong>en</strong>tre le rev<strong>en</strong>u d’activité <strong>et</strong> celui des aides<br />
<strong>sociale</strong>s serait trop faible (<strong>et</strong> le r<strong>et</strong>our à l’activité fait perdre les nombreuses<br />
aides <strong>sociale</strong>s liées à l’abs<strong>en</strong>ce d’emploi). Plus généralem<strong>en</strong>t,<br />
une redistribution trop généreuse n’inciterait pas à l’activité ce qui pénaliserait<br />
la croissance <strong>et</strong> le développem<strong>en</strong>t.<br />
Par ailleurs, les <strong>inégalités</strong> perm<strong>et</strong>trai<strong>en</strong>t de favoriser l’épargne <strong>et</strong> l’investissem<strong>en</strong>t.<br />
En eff<strong>et</strong>, la prop<strong>en</strong>sion à épargner (c’est-à-dire la part du<br />
rev<strong>en</strong>u disponible consacrée à l’épargne) croît avec le rev<strong>en</strong>u. La prés<strong>en</strong>ce<br />
de très hauts rev<strong>en</strong>us stimulerait donc l’épargne dans l’économie,<br />
base de l’investissem<strong>en</strong>t, lui-même moteur de la croissance économique.<br />
La capacité de financem<strong>en</strong>t des investissem<strong>en</strong>ts serait donc plus<br />
élevée lorsque les <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>us sont fortes, contribuant ainsi à<br />
la prospérité nationale.<br />
Au final, les argum<strong>en</strong>ts libéraux rem<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cause la lutte contre les<br />
<strong>inégalités</strong> m<strong>en</strong>ées par les pouvoirs publics, <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s où celle-ci peut<br />
être inefficace économiquem<strong>en</strong>t.<br />
... sont à nuancer<br />
La thèse selon laquelle la lutte contre les <strong>inégalités</strong> est à freiner doit<br />
cep<strong>en</strong>dant être discutée. Elle implique <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> que l’égalité des chances<br />
<strong>et</strong> la méritocratie soi<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vigueur dans la société. Or, les<br />
rémunérations dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core aujourd’hui dans une large mesure<br />
d’autres critères que le seul mérite individuel, comme, par exemple, les<br />
rapports de force <strong>en</strong>tre salariés <strong>et</strong> employeurs. Certaines <strong>inégalités</strong> n’ont<br />
donc pas de réel fondem<strong>en</strong>t économique.<br />
Certains économistes keynési<strong>en</strong>s jug<strong>en</strong>t même que la lutte contre les<br />
<strong>inégalités</strong> est efficace. En eff<strong>et</strong>, la redistribution des rev<strong>en</strong>us (qui s’inscrit<br />
dans le cadre de la protection <strong>sociale</strong>) perm<strong>et</strong> d’augm<strong>en</strong>ter les rev<strong>en</strong>us<br />
les plus faibles (c’est, par exemple, l’objectif affiché du RSA ou des<br />
allocations chômage).<br />
Or, les actifs aux faibles rev<strong>en</strong>us sont ceux qui ont la plus forte prop<strong>en</strong>sion<br />
à consommer (ils consacr<strong>en</strong>t la grande majorité de leur rev<strong>en</strong>u disponible<br />
à la consommation). Globalem<strong>en</strong>t, la redistribution doit donc avoir un
impact positif sur la demande de bi<strong>en</strong>s <strong>et</strong> services des ménages (dans<br />
le même ordre d’idées, la mise <strong>en</strong> place d’un salaire minimum doit perm<strong>et</strong>tre<br />
à l’<strong>en</strong>semble des salariés d’accéder à la norme de consommation).<br />
Le niveau global de consommation augm<strong>en</strong>te donc ce qui, dans une<br />
logique keynési<strong>en</strong>ne, relance la production des <strong>en</strong>treprises (qui doiv<strong>en</strong>t<br />
pouvoir répondre à c<strong>et</strong>te demande croissante), dynamisant ainsi la croissance<br />
<strong>et</strong> l’emploi.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
37<br />
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Corrigé des activités<br />
Activité 1<br />
Activité 2<br />
38 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
Chapitre 1<br />
Qu’est-ce qu’une inégalité ?<br />
1 Cela traduit seulem<strong>en</strong>t une différ<strong>en</strong>ce, dans la mesure où aucune<br />
de ces activités n’est à l’origine d’un avantage ou d’un désavantage<br />
social (ceux qui préfèr<strong>en</strong>t l’équitation ne bénéfici<strong>en</strong>t pas forcém<strong>en</strong>t<br />
d’une position <strong>sociale</strong> plus confortable que ceux qui préfèr<strong>en</strong>t la<br />
pétanque).<br />
2 Ceux qui jouiss<strong>en</strong>t d’une position <strong>sociale</strong> privilégiée peuv<strong>en</strong>t estimer<br />
qu’il n’y <strong>en</strong>tre eux <strong>et</strong> le reste de la société que de simples différ<strong>en</strong>ces<br />
(par exemple, <strong>en</strong> termes de rev<strong>en</strong>us), différ<strong>en</strong>ces qui n’auront pas de<br />
réelle conséqu<strong>en</strong>ce sur leurs bi<strong>en</strong>-être respectifs (<strong>et</strong> qui sont, finalem<strong>en</strong>t,<br />
sans importance). En réalité, ces différ<strong>en</strong>ces se traduis<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong><br />
par une situation beaucoup plus avantageuse <strong>en</strong> termes de niveau <strong>et</strong><br />
condition de vie. Il s’agit donc d’<strong>inégalités</strong>.<br />
3 Une inégalité est une différ<strong>en</strong>ce qui se traduit <strong>en</strong> termes d’avantages<br />
<strong>et</strong> de désavantages sociaux ou économiques. Les <strong>inégalités</strong> sont<br />
donc à l’origine d’un classem<strong>en</strong>t hiérarchique des membres d’une<br />
société. L’exist<strong>en</strong>ce de groupes hiérarchisés est justem<strong>en</strong>t due aux<br />
<strong>inégalités</strong> qui les caractéris<strong>en</strong>t.<br />
Inégalités salariales<br />
1 Selon l’INSEE, <strong>en</strong> France, <strong>en</strong> 2008, un cadre supérieur percevait <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>ne un salaire n<strong>et</strong> de 4 083 euros par mois, contre 1 523 euros<br />
pour un ouvrier.<br />
2 Le coeffici<strong>en</strong>t multiplicateur est ici le plus pertin<strong>en</strong>t : 4083/1523 =<br />
2,7. En 2008, le salaire n<strong>et</strong> m<strong>en</strong>suel d’un cadre supérieur est donc<br />
2,7 fois plus élevé que celui d’un ouvrier.<br />
3 On r<strong>et</strong>i<strong>en</strong>dra de ce graphique les deux critères ess<strong>en</strong>tiels d’inégalité<br />
salariale que sont la catégorie socioprofessionnelle <strong>et</strong> le sexe.<br />
En eff<strong>et</strong>, le salaire m<strong>en</strong>suel n<strong>et</strong> des cadres est n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t plus élevé<br />
que celui des professions intermédiaires (<strong>en</strong>viron le double), luimême<br />
supérieur au salaire moy<strong>en</strong> des employés <strong>et</strong> des ouvriers. Par<br />
ailleurs, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, le salaire<br />
moy<strong>en</strong> des hommes est toujours plus élevé que celui des femmes :<br />
toutes catégories confondues, le salaire n<strong>et</strong> m<strong>en</strong>suel des hommes<br />
est d’<strong>en</strong>viron 2 250 euros, contre 1 800 euros pour les femmes.
Activité 3<br />
Activité 4<br />
Activité 5<br />
Distribution des salaires <strong>en</strong> France<br />
1 Les « bornes » salariales sont toujours plus élevées chez les hommes.<br />
Ceci confirme les <strong>inégalités</strong> salariales au détrim<strong>en</strong>t des femmes vues<br />
dans le docum<strong>en</strong>t 2.<br />
2 Selon l’INSEE, <strong>en</strong> France, <strong>en</strong> 2008, 20 % des hommes salariés percevai<strong>en</strong>t<br />
un salaire m<strong>en</strong>suel n<strong>et</strong> inférieur à 1 316 euros ; autrem<strong>en</strong>t<br />
dit, 80 % des hommes salariés percevai<strong>en</strong>t un salaire m<strong>en</strong>suel n<strong>et</strong><br />
supérieur à 1 316 euros.<br />
Selon l’INSEE, <strong>en</strong> France, <strong>en</strong> 2008, 90 % des femmes salariées percevai<strong>en</strong>t<br />
un salaire m<strong>en</strong>suel n<strong>et</strong> inférieur à 2 754 euros ; autrem<strong>en</strong>t<br />
dit, 10 % des femmes salariées percevai<strong>en</strong>t un salaire m<strong>en</strong>suel n<strong>et</strong><br />
supérieur à 2 754 euros.<br />
3 Le salaire médian est celui qui sépare la population salariée <strong>en</strong> deux<br />
parties égales : <strong>en</strong> 2008, ce salaire médian est de 1 655 euros (la<br />
moitié des salariés percevai<strong>en</strong>t un salaire m<strong>en</strong>suel n<strong>et</strong> inférieur à<br />
1 655 euros, <strong>et</strong> l’autre moitié un salaire supérieur à 1 655 euros).<br />
4 On peut calculer un coeffici<strong>en</strong>t multiplicateur : 3267/1123 = 2,9. Les<br />
10 % de salariés les plus riches percevai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2008 un salaire m<strong>en</strong>suel<br />
n<strong>et</strong> 2,9 fois plus élevé que celui des 10 % de salariés les plus<br />
pauvres. Ce ratio est appelé rapport interdéciles (D9/D1).<br />
Patrimoine des Français<br />
1 En 2010, 50 % des artisans, commerçant <strong>et</strong> chefs d’<strong>en</strong>treprise possédai<strong>en</strong>t<br />
un patrimoine n<strong>et</strong> d’un montant inférieur à 266 800 euros.<br />
En 2010, les 10 % d’ouvriers non qualifiés les moins favorisés possédai<strong>en</strong>t<br />
un patrimoine n<strong>et</strong> d’un montant inférieur à 100 euros.<br />
2 Le patrimoine médian est celui qui sépare une population <strong>en</strong> 2 parties<br />
égales, tandis que le patrimoine moy<strong>en</strong> se calcule <strong>en</strong> divisant le<br />
montant du patrimoine total par la population (c’est la moy<strong>en</strong>ne du<br />
patrimoine).<br />
3 Les artisans commerçants <strong>et</strong> chefs d’<strong>en</strong>treprise dispos<strong>en</strong>t du patrimoine<br />
moy<strong>en</strong> le plus élevé, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> raison de leur statut<br />
: ils possèd<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> du patrimoine professionnel (locaux,<br />
machines, <strong>et</strong>c.). Les cadres peuv<strong>en</strong>t se constituer un patrimoine grâce<br />
à leurs rev<strong>en</strong>us professionnels, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne plus élevés que ceux des<br />
employés par exemple. L’importance des rev<strong>en</strong>us dans la constitution<br />
d’un patrimoine explique ainsi le faible montant du patrimoine<br />
moy<strong>en</strong> des ouvriers non qualifiés.<br />
Distribution des niveaux de vie<br />
1 En 2009, la moitié des Français avai<strong>en</strong>t un niveau de vie inférieur<br />
à 19 000 euros (<strong>et</strong> l’autre moitié un niveau de vie supérieur à<br />
19 000 euros).<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
39<br />
© Cned - <strong>Académie</strong> <strong>en</strong> <strong>ligne</strong>
90<br />
80<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
Activité 6<br />
0<br />
0<br />
© Cned - <strong>Académie</strong> <strong>en</strong> <strong>ligne</strong><br />
Activité 7<br />
Part cumulée des rev<strong>en</strong>us<br />
des ménages (<strong>en</strong> %)<br />
100<br />
10<br />
40 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
2 D9 = 35 000 euros, D1 = 10 000 euros. D9/D1 = 35000/10000 = 3,5.<br />
En 2009, le niveau de vie des 10 % de Français les plus favorisés était<br />
3,5 fois plus élevé que celui des 10 % de Français les moins favorisés.<br />
3 Q4 de l’activité 3 : Les 10 % de salariés les plus riches percevai<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
2008 un salaire m<strong>en</strong>suel n<strong>et</strong> 2,9 fois plus élevé que celui des 10 % de<br />
salariés les plus pauvres. L’écart des rev<strong>en</strong>us est plus élevé que celui<br />
des salaires (3,5>2,9). On <strong>en</strong> déduit que d’autres formes de rev<strong>en</strong>us<br />
que les salaires <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t un creusem<strong>en</strong>t des <strong>inégalités</strong>. Il s’agit<br />
principalem<strong>en</strong>t des rev<strong>en</strong>us du patrimoine.<br />
Conc<strong>en</strong>tration des rev<strong>en</strong>us <strong>en</strong> France<br />
1 En France, <strong>en</strong> 2009, 90 % des ménages possédai<strong>en</strong>t 75 % du rev<strong>en</strong>u<br />
total ; autrem<strong>en</strong>t dit, 10 % des ménages (les plus favorisés) possédai<strong>en</strong>t<br />
25 % du rev<strong>en</strong>u total.<br />
En France, <strong>en</strong> 2009, 30 % des ménages possédai<strong>en</strong>t 15 % du rev<strong>en</strong>u<br />
total ; autrem<strong>en</strong>t dit, 70 % des ménages (les plus favorisés) possédai<strong>en</strong>t<br />
85 % du rev<strong>en</strong>u total.<br />
2 La diagonale représ<strong>en</strong>te une distribution parfaitem<strong>en</strong>t égalitaire des<br />
rev<strong>en</strong>us (10 % des ménages possèd<strong>en</strong>t 10 % des rev<strong>en</strong>us, 20 % des<br />
ménages possèd<strong>en</strong>t 20 % des rev<strong>en</strong>us, <strong>et</strong>c.). La courbe de Lor<strong>en</strong>z des<br />
rev<strong>en</strong>us <strong>en</strong> France se trouve sous la diagonale. On peut <strong>en</strong> déduire<br />
que les rev<strong>en</strong>us <strong>en</strong> France sont distribués de façon inégalitaire.<br />
Conc<strong>en</strong>tration du patrimoine <strong>en</strong> France<br />
1<br />
20 30 40 50<br />
60 70 80 90 100<br />
Part cumulée des ménages (<strong>en</strong> %)<br />
2 La courbe de Lor<strong>en</strong>z du<br />
patrimoine est plus éloignée<br />
de la diagonale que<br />
celle des rev<strong>en</strong>us. On <strong>en</strong><br />
déduit que les <strong>inégalités</strong><br />
de patrimoine <strong>en</strong> France<br />
sont plus fortes que<br />
celles des rev<strong>en</strong>us.
Activité 8<br />
Activité 9<br />
Activité 10<br />
La pauvr<strong>et</strong>é dans l’UE<br />
1 Les prestations <strong>sociale</strong>s (ou transferts sociaux) vis<strong>en</strong>t à réduire les<br />
<strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>us au sein d’une population. Ces prestations doiv<strong>en</strong>t<br />
donc diminuer le risque de pauvr<strong>et</strong>é pour ceux qui <strong>en</strong> bénéfici<strong>en</strong>t.<br />
Il convi<strong>en</strong>t donc d’analyser la situation des individus une fois<br />
que ceux-ci ont reçu ces transferts.<br />
2 En France, <strong>en</strong> 2009, <strong>en</strong>tre 11 <strong>et</strong> 14 % de la population dispose d’un<br />
rev<strong>en</strong>u inférieur à 60 % du rev<strong>en</strong>u médian (c<strong>et</strong>te frange de la population<br />
se trouve donc sous le seuil de pauvr<strong>et</strong>é).<br />
3 France, B<strong>en</strong>elux, pays scandinaves, Autriche, Hongrie, Slovaquie,<br />
Slovénie <strong>et</strong> République tchèque : pays où le risque de pauvr<strong>et</strong>é est<br />
le plus faible.<br />
Royaume-Uni, Portugal, Allemagne, Italie, Pologne : risque de pauvr<strong>et</strong>é<br />
relativem<strong>en</strong>t élevé (de 15 à 19 % de la population).<br />
Espagne, Grève, Europe de l’Est : risque élevé de pauvr<strong>et</strong>é (plus de<br />
19 % de la population).<br />
PIB par habitant dans le monde<br />
1 33082/2531 = 13,1<br />
En 2005, le PIB par habitant des pays à hauts rev<strong>en</strong>us est <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne<br />
13,1 fois plus élevé que celui des pays à bas rev<strong>en</strong>us.<br />
2 En 2005, le PIB par habitant des pays à hauts rev<strong>en</strong>us 247 % plus<br />
élevé (ou 3,47 fois plus élevé) que le PIB/hab moy<strong>en</strong> dans le monde.<br />
(Transformation d’un indice <strong>en</strong> taux de variation : 347 – 100 = 247% ;<br />
<strong>en</strong> coeffici<strong>en</strong>t multiplicateur : 347/100 = 3,47.)<br />
En 2005, le PIB par habitant de l’Afrique subsahari<strong>en</strong>ne est 89 % plus<br />
faible que le PIB/hab moy<strong>en</strong> dans le monde.<br />
(Transformation d’un indice <strong>en</strong> taux de variation : 21 – 100 = - 89 %.)<br />
3 Ce docum<strong>en</strong>t illustre les <strong>inégalités</strong> de richesses dans le monde,<br />
mesurées par les écarts <strong>en</strong> termes de PIB/hab. On distinguera les<br />
pays développés (de l’OCDE), dont la France, au PIB/hab élevé, des<br />
pays <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t (notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Asie de l’Est) <strong>et</strong> des pays les<br />
moins avancés (principalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Afrique subsahari<strong>en</strong>ne), au PIB/<br />
hab très faible, pénalisant le développem<strong>en</strong>t de ces régions.<br />
Inégalités face à la culture <strong>et</strong> aux études<br />
1 En France, 10 % des cadres supérieurs n’ont lu aucun livre <strong>en</strong> 2008,<br />
contre 45 % des ouvriers.<br />
2 L’accès à la lecture dép<strong>en</strong>d fortem<strong>en</strong>t de la catégorie <strong>sociale</strong>. Ainsi,<br />
les ouvriers sont plus de 4 fois plus nombreux que les cadres supérieurs<br />
à ne lire aucun livre dans l’année. Par ailleurs, les ouvriers lis<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 11 ouvrages dans l’année, <strong>et</strong> les cadres supérieurs, 23,<br />
soit plus du double.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
41<br />
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Activité 11<br />
Activité 12<br />
42 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
3 En France, <strong>en</strong> 2010, sur 100 jeunes âgés de 20 à 24 ans, 16 n’avai<strong>en</strong>t<br />
aucun diplôme ou seulem<strong>en</strong>t le brev<strong>et</strong>, 17 avai<strong>en</strong>t un CAP ou un BEP,<br />
8 un baccalauréat professionnel (ou équival<strong>en</strong>t) uniquem<strong>en</strong>t, 3 un<br />
baccalauréat technologique, 3 un baccalauréat général uniquem<strong>en</strong>t,<br />
<strong>et</strong> 53 effectuai<strong>en</strong>t des études supérieures.<br />
4 On constate que les <strong>en</strong>fants d’ouvriers <strong>et</strong> d’employés sont <strong>en</strong> proportion<br />
près de deux fois moins nombreux à effectuer des études supérieures<br />
(39 %) que les <strong>en</strong>fants d’indép<strong>en</strong>dants, de cadres <strong>et</strong> d’<strong>en</strong>seignants<br />
(70 %). À l’opposé, les non diplômés (ou diplômés du brev<strong>et</strong><br />
uniquem<strong>en</strong>t) y sont surreprés<strong>en</strong>tés (plus de 20 %, contre moins de<br />
10 % chez les <strong>en</strong>fants d’indép<strong>en</strong>dants, cadres <strong>et</strong> <strong>en</strong>seignants). L’accès<br />
aux études semble donc bi<strong>en</strong> dép<strong>en</strong>dre de l’origine <strong>sociale</strong>.<br />
Le cumul des <strong>inégalités</strong><br />
1 Un faible accès à la culture (inégalité <strong>sociale</strong>) peut nuire à la réussite<br />
scolaire. Le diplôme obt<strong>en</strong>u sera alors moins valorisé, <strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong>tra<br />
d’atteindre que des professions plus faiblem<strong>en</strong>t rémunérées (inégalité<br />
économique).<br />
2 Un faible rev<strong>en</strong>u (inégalité économique) peut pénaliser la consommation<br />
de bi<strong>en</strong>s <strong>et</strong> services culturels, nuisant à la réussite scolaire, ou<br />
être à l’origine de mauvaises conditions de logem<strong>en</strong>t, elles-mêmes<br />
pouvant <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer des problèmes de santé <strong>en</strong> cas de logem<strong>en</strong>t insalubre<br />
(inégalité <strong>sociale</strong>).<br />
3 Les <strong>inégalités</strong> économiques <strong>et</strong> <strong>sociale</strong>s sont toujours <strong>en</strong> interaction :<br />
elles form<strong>en</strong>t un système qui avantage les plus favorisés <strong>et</strong> pénalise<br />
les plus démunis, dans la mesure où les privilèges conduis<strong>en</strong>t à de<br />
nouveaux privilèges, <strong>et</strong> où les handicaps sont à l’origine de handicaps<br />
supplém<strong>en</strong>taires. Les <strong>inégalités</strong> t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t donc à se cumuler.<br />
Inégalités face au logem<strong>en</strong>t<br />
1 En France, <strong>en</strong> 2006, 29 % des familles monopar<strong>en</strong>tales vivai<strong>en</strong>t dans<br />
un logem<strong>en</strong>t inconfortable.<br />
En France, <strong>en</strong> 2006, 37 % des ménages d’origine maghrébine vivai<strong>en</strong>t<br />
dans un logem<strong>en</strong>t surpeuplé.<br />
2 Il faut ici se baser sur les <strong>inégalités</strong> liées au rev<strong>en</strong>u perçu (<strong>en</strong> comparant<br />
le premier <strong>et</strong> le dernier quintile de la population). Rappel :<br />
un quintile est une borne séparant la population <strong>en</strong> 5 parties égales<br />
(chacune représ<strong>en</strong>tant 20 % de la population), le premier quintile<br />
désignant les 20 % les moins favorisés.<br />
On constate que 28 % des ménages les plus défavorisés <strong>en</strong> termes<br />
de rev<strong>en</strong>u vivai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2006 dans un logem<strong>en</strong>t inconfortable, contre<br />
seulem<strong>en</strong>t 5 % des ménages les plus favorisés. Les <strong>inégalités</strong> économiques<br />
sembl<strong>en</strong>t donc ici expliquer <strong>en</strong> partie certaines <strong>inégalités</strong><br />
<strong>sociale</strong>s.
3<br />
Logem<strong>en</strong>t inconfortable Mauvaises conditions de travail pour les <strong>en</strong>fants Échec scolaire<br />
Activité 13<br />
R<strong>en</strong>ouveau des <strong>inégalités</strong><br />
Emploi faiblem<strong>en</strong>t rémunéré Faible niveau de diplôme<br />
1 Selon Kuzn<strong>et</strong>s, les <strong>inégalités</strong> ont t<strong>en</strong>dance à s’accroître durant le<br />
processus de développem<strong>en</strong>t d’un pays avant de décroître une fois<br />
la société développée. En eff<strong>et</strong>, pour Kuzn<strong>et</strong>s, les <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>us<br />
sont, dans un premier temps, inéluctables afin de perm<strong>et</strong>tre<br />
l’accumulation du capital dans un pays : le partage des ressources<br />
doit se faire <strong>en</strong> faveur de ceux qui investiss<strong>en</strong>t le plus, afin d’inciter<br />
un nombre croissant d’individus à investir. Puis, la mise <strong>en</strong> place<br />
progressive d’un système de protection <strong>sociale</strong> <strong>et</strong> la consommation<br />
croissante des ménages résultant de la croissance économique du<br />
pays perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t de réduire les <strong>inégalités</strong>.<br />
2 En France, <strong>en</strong> 2004, les 10 % de ménages les plus favorisés percevai<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>viron 33 % du rev<strong>en</strong>u total.<br />
3 Le docum<strong>en</strong>t 15 représ<strong>en</strong>te la répartition du rev<strong>en</strong>u total <strong>en</strong> France,<br />
<strong>en</strong> se c<strong>en</strong>trant sur la proportion de ce rev<strong>en</strong>u perçu par la frange la<br />
plus aisée. De 1900 jusqu’au début des années 1980, c<strong>et</strong>te proportion<br />
baisse considérablem<strong>en</strong>t (elle passe de 45 % à 30 % <strong>en</strong>viron),<br />
montrant une baisse des <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>u. Mais la montée de la<br />
courbe depuis 1983 illustre bi<strong>en</strong> une remontée de ces <strong>inégalités</strong> : le<br />
rev<strong>en</strong>u total se conc<strong>en</strong>tre davantage vers les plus favorisés : ceux-ci<br />
<strong>en</strong> recevai<strong>en</strong>t 30 % <strong>en</strong> 1980, contre 33 % <strong>en</strong> 2004.<br />
4 Les ménages les plus favorisés sont, le plus souv<strong>en</strong>t, ceux qui déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
le plus de patrimoine. Or, depuis les années 1980, les rev<strong>en</strong>us<br />
du patrimoine (loyers, divid<strong>en</strong>des…) ont fortem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>té, <strong>et</strong> n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t<br />
plus rapidem<strong>en</strong>t que les rev<strong>en</strong>us du travail (seuls rev<strong>en</strong>us primaires<br />
perçus par la grande majorité des individus moins favorisés).<br />
Ceci explique <strong>en</strong> partie la montée des <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>u.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
43<br />
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Activité 14<br />
Activité 15<br />
Activité 16<br />
44 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
Chapitre 2<br />
Lutte contre les discriminations<br />
1 Les femmes, les handicapés ou les individus d’origine immigrée peuv<strong>en</strong>t<br />
subir des discriminations, contre lesquelles les pouvoirs publics<br />
s’<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t à lutter. Ces discriminations sont <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> source d’<strong>inégalités</strong>.<br />
Selon le ministère du travail, « constitue une discrimination la<br />
situation dans laquelle, sur le fondem<strong>en</strong>t de son appart<strong>en</strong>ance ou de<br />
sa non-appart<strong>en</strong>ance à une <strong>et</strong>hnie ou une race, sa religion, ses convictions,<br />
son âge, son handicap, son ori<strong>en</strong>tation sexuelle ou son sexe,<br />
une personne est traitée de manière moins favorable qu’une autre ne<br />
l’est, ne l’a été ou ne l’aura été dans une situation comparable. »<br />
2 C<strong>et</strong>te porte peut symboliser le marché du travail. De nombreuses<br />
<strong>en</strong>treprises refus<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> d’embaucher certains actifs <strong>en</strong> raison de<br />
caractéristiques non liées à leur niveau de qualification. Il s’agit dans<br />
ce cas de discrimination à l’embauche. La Halde avait pour mission<br />
d’empêcher ces discriminations, <strong>en</strong> invitant toute personne jugeant <strong>en</strong><br />
être victime à la saisir, afin de m<strong>en</strong>er une <strong>en</strong>quête <strong>et</strong>, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t,<br />
de sanctionner l’<strong>en</strong>treprise discriminante. Plus généralem<strong>en</strong>t, toute<br />
décision de l’employeur (embauche, promotion, sanctions, mutation,<br />
lic<strong>en</strong>ciem<strong>en</strong>t, formation…) doit être prise <strong>en</strong> fonction de critères professionnels<br />
<strong>et</strong> non sur des considérations d’ordre personnel, fondées<br />
sur des élém<strong>en</strong>ts extérieurs au travail (sexe, religion, appar<strong>en</strong>ce physique,<br />
nationalité, vie privée…). La Halde a été dissoute courant 2011<br />
<strong>et</strong> ses missions ont été transférées à un individu, le déf<strong>en</strong>seur des<br />
droits<br />
Une société française injuste ?<br />
1 Une majorité de Français estim<strong>en</strong>t que la société est injuste car ils<br />
ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’exist<strong>en</strong>ce de fortes <strong>inégalités</strong> économiques, <strong>en</strong> particulier<br />
des <strong>inégalités</strong> salariales. Ainsi, ils considèr<strong>en</strong>t que les plus démunis<br />
ne peuv<strong>en</strong>t pas toujours satisfaire leurs besoins ess<strong>en</strong>tiels.<br />
2 Dès lors, les pouvoirs publics doiv<strong>en</strong>t garantir aux plus démunis de<br />
satisfaire ces besoins de base, via des aides financières. Plus globalem<strong>en</strong>t,<br />
les Français considèr<strong>en</strong>t que la réduction des <strong>inégalités</strong><br />
est une mission ess<strong>en</strong>tielle de l’Etat. Par ailleurs, ils estim<strong>en</strong>t que les<br />
pouvoirs publics doiv<strong>en</strong>t reconnaître les mérites individuels (autrem<strong>en</strong>t<br />
dit, l’Etat doit assurer l’égalité des chances).<br />
Egalité des chances, inégalité de situation<br />
1 L’égalité des chances est la situation dans laquelle n’importe qui<br />
(quelle que soit son origine <strong>sociale</strong>) peut accéder à n’importe quelle<br />
position <strong>sociale</strong>. La position <strong>sociale</strong>, valorisée ou non, repose donc,<br />
si l’égalité des chances est de rigueur, sur les seuls mérites de l’individu.
Activité 17<br />
Activité 18<br />
2 L’égalité des chances crée un li<strong>en</strong> direct <strong>en</strong>tre les mérites des individus<br />
<strong>et</strong> leur position <strong>sociale</strong> : les positions <strong>sociale</strong>s des individus<br />
(cadres, ouvriers, <strong>et</strong>c.) sont différ<strong>en</strong>tes <strong>et</strong> même inégales, mais c<strong>et</strong>te<br />
inégalité est l’aboutissem<strong>en</strong>t d’une compétition, à l’origine, égale. La<br />
réussite <strong>sociale</strong>, si les chances sont les mêmes pour tous au départ,<br />
ne doit donc dép<strong>en</strong>dre que du mérite <strong>et</strong> du travail. On peut donc<br />
considérer que ces <strong>inégalités</strong> de situation sont <strong>sociale</strong>m<strong>en</strong>t justes.<br />
3 L’école doit garantir un accès égal à l’éducation pour tous les individus,<br />
quel que soit leur milieu social. La gratuité <strong>et</strong> l’obligation de l’instruction<br />
jusqu’à 16 ans sont c<strong>en</strong>sées perm<strong>et</strong>tre ces conditions égales pour tous.<br />
Equité <strong>et</strong> justice <strong>sociale</strong><br />
1 Pour Rawls, un individu placé <strong>en</strong> « position originelle » ignore la position<br />
<strong>sociale</strong> qu’il occupera. Il doit alors définir les règles de la société<br />
à v<strong>en</strong>ir, sans savoir ce qui perm<strong>et</strong>trait de favoriser sa prpre situation.<br />
Il est donc <strong>en</strong> position d’impartialité <strong>et</strong> d’objectivité totales.<br />
2 En position originelle, il est probable que chaque individu, puisqu’il<br />
ignore si sa position <strong>sociale</strong> sera confortable ou non, imagine la situation<br />
qui pourrait être la pire pour lui. C’est sous ces conditions que les<br />
principes de justice ainsi définis peuv<strong>en</strong>t être équitables.<br />
3 E Tous les individus doiv<strong>en</strong>t disposer des mêmes droits <strong>et</strong> libertés<br />
fondam<strong>en</strong>tales (c’est, selon Rawls le « principe de liberté »).<br />
E L’égalité des chances doit être une réalité.<br />
E Il peut y avoir des <strong>inégalités</strong> de traitem<strong>en</strong>t, mais seulem<strong>en</strong>t si ces<br />
<strong>inégalités</strong> se font au profit des plus démunis (c’est le « principe de<br />
différ<strong>en</strong>ce »). La justice <strong>sociale</strong> repose donc sur l’équité.<br />
4 L’équité est un principe selon lequel des individus peuv<strong>en</strong>t être traités<br />
de façon inégalitaire, si ces écarts de traitem<strong>en</strong>t perm<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t de<br />
corriger des <strong>inégalités</strong> initialem<strong>en</strong>t constatées.<br />
De l’égalité à l’équité<br />
1 Un traitem<strong>en</strong>t équitable est, par nature, inégalitaire. L’équité consiste<br />
<strong>en</strong> eff<strong>et</strong> à accorder des avantages à un individu ou un groupe initialem<strong>en</strong>t<br />
défavorisé, afin de corriger ces <strong>inégalités</strong> constatées au préalable.<br />
3 Le fait d’accorder des bourses aux élèves <strong>en</strong> fonction du rev<strong>en</strong>u des<br />
familles relève de l’équité : le traitem<strong>en</strong>t est inégalitaire (toutes les<br />
familles n’<strong>en</strong> bénéfici<strong>en</strong>t pas) afin de réduire les <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>u<br />
constatées au sein de la population. Il est « équitable » que les plus<br />
démunis soi<strong>en</strong>t aidés.<br />
En revanche n’accorder aucune bourse à personne relève de l’égalité<br />
: le traitem<strong>en</strong>t est id<strong>en</strong>tique pour tous.<br />
2 Expliquez le concept de discrimination positive <strong>et</strong> donnez des<br />
exemples d’actions publiques reposant sur ce concept.<br />
4 Pourquoi les actions publiques sont-elles de plus <strong>en</strong> plus guidées par<br />
la recherche de l’équité ?<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
45<br />
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Activité 19<br />
Activité 20<br />
Activité 21<br />
46 Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
La double interv<strong>en</strong>tion de l’Etat<br />
1 Un rev<strong>en</strong>u primaire est un rev<strong>en</strong>u reçu <strong>en</strong> contrepartie d’une participation<br />
à l’activité productive. C<strong>et</strong>te participation peut être directe<br />
(ex de rev<strong>en</strong>u : les rev<strong>en</strong>us du travail, tels que les salaires) ou indirecte<br />
(ex : les rev<strong>en</strong>us du patrimoine, tels que les divid<strong>en</strong>des rémunérant<br />
des actions).<br />
2 Les pouvoirs publics peuv<strong>en</strong>t diminuer le rev<strong>en</strong>u primaire d’un<br />
individu via les prélèvem<strong>en</strong>ts obligatoires qu’il ponctionne sur ce<br />
rev<strong>en</strong>u (impôts <strong>et</strong> cotisations <strong>sociale</strong>s). Il peut à l’inverse augm<strong>en</strong>ter<br />
le rev<strong>en</strong>u global d’un ménage via la redistribution de prestations<br />
<strong>sociale</strong>s (allocations familiales par exemple).<br />
3 Les pouvoirs publics produis<strong>en</strong>t certains services collectifs qui doiv<strong>en</strong>t<br />
être accessibles à l’<strong>en</strong>semble de la population, quels que soi<strong>en</strong>t<br />
les rev<strong>en</strong>us. Ainsi, la collectivité garantit l’accès de tous à des services<br />
comme les routes, la sécurité, l’éducation ou la santé. Globalem<strong>en</strong>t,<br />
la production des administrations publiques est non marchande, <strong>et</strong><br />
elle vise à satisfaire l’intérêt général.<br />
Du rev<strong>en</strong>u primaire au rev<strong>en</strong>u disponible<br />
1 Impôts : Impôt sur le rev<strong>en</strong>u, taxe foncière, taxe d’habitation, TVA…<br />
Prestations <strong>sociale</strong>s : p<strong>en</strong>sion de r<strong>et</strong>raite, allocations familiales, remboursem<strong>en</strong>t<br />
de soins maladie…<br />
2 E Vol<strong>et</strong> prélèvem<strong>en</strong>ts : des impôts <strong>et</strong> des cotisations <strong>sociale</strong>s sont<br />
prélevées des rev<strong>en</strong>us primaires<br />
E Vol<strong>et</strong> prestation : à partir de ces prélèvem<strong>en</strong>ts sont financées des<br />
prestations <strong>sociale</strong>s, c’est-à-dire des transferts réalisés auprès<br />
des ménages (<strong>en</strong> espèce : indemnités chômage, RSA, <strong>et</strong>c. ; ou <strong>en</strong><br />
nature : remboursem<strong>en</strong>ts de soin par exemple).<br />
Assurance <strong>et</strong> assistance<br />
1 A l’origine, la protection <strong>sociale</strong> était réservée aux seuls travailleurs,<br />
car eux seuls cotisai<strong>en</strong>t afin de financer c<strong>et</strong>te protection. Le système<br />
français repose donc à l’origine sur une logique d’assurance, où le<br />
financem<strong>en</strong>t repose sur le versem<strong>en</strong>t de cotisations <strong>sociale</strong>s.<br />
2 Prestations relevant de l’assurance : p<strong>en</strong>sions de r<strong>et</strong>raite, allocations<br />
chômage.<br />
Prestations relevant de l’assistance : RSA, allocation de solidarité aux<br />
personnes âgées<br />
3 L’assurance perm<strong>et</strong> d’assurer une protection <strong>sociale</strong> à tous les cotisants,<br />
quel que soit leur milieu social. Les <strong>inégalités</strong> intercatégorielles<br />
sont ainsi réduites. Plus globalem<strong>en</strong>t, l’assistance garantit à<br />
l’<strong>en</strong>semble des membres d’une société de pouvoir bénéficier d’aides<br />
<strong>sociale</strong>s, le plus souv<strong>en</strong>t sous condition de ressources. Ceux qui n’ont<br />
pas cotisé, <strong>et</strong> qui pouvai<strong>en</strong>t être exclus d’une protection ne reposant<br />
que sur l’assurance, sont ainsi couverts.
Activité 22<br />
Activité 23<br />
Activité 24<br />
Impôt progressif<br />
1 Un impôt progressif est un impôt dont le taux de prélèvem<strong>en</strong>t grandit<br />
à mesure que le rev<strong>en</strong>u augm<strong>en</strong>te.<br />
2 La progressivité de l’impôt fait que les sommes prélevées augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />
plus rapidem<strong>en</strong>t que le rev<strong>en</strong>u chez les plus ménages les plus<br />
favorisés, ce qui, de fait, réduit les <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>us <strong>en</strong>tre les<br />
plus riches <strong>et</strong> les plus pauvres.<br />
3 Un ménage qui dispose d’un faible rev<strong>en</strong>u pourra difficilem<strong>en</strong>t se<br />
constituer un patrimoine ; or, ce patrimoine aurait pu lui perm<strong>et</strong>tre de<br />
percevoir des rev<strong>en</strong>us supplém<strong>en</strong>taires (les rev<strong>en</strong>us du patrimoine).<br />
Ainsi, l’impôt progressif, <strong>en</strong> réduisant les rev<strong>en</strong>us des plus aisés, diminue<br />
l’accumulation de patrimoine générée grâce aux rev<strong>en</strong>us élevés <strong>et</strong>,<br />
de fait, diminue les rev<strong>en</strong>us du patrimoine qui <strong>en</strong> serai<strong>en</strong>t prov<strong>en</strong>us.<br />
La contrainte financière de l’action publique<br />
1 Le secteur vieillesse-survie a généré 272.2 milliards d’euros de<br />
dép<strong>en</strong>ses de prestations <strong>sociale</strong>s <strong>en</strong> 2009. Part dans le total des<br />
prestations = (272.2 / 597.6)*100 = 45.5%<br />
45.5% des dép<strong>en</strong>ses de prestations <strong>sociale</strong>s <strong>en</strong> 2009 provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t du secteur<br />
vieillesse-survie (il s’agit ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t des p<strong>en</strong>sions de r<strong>et</strong>raites).<br />
2 (597.6 – 570.7) = 26.9. Les dép<strong>en</strong>ses de prestations <strong>sociale</strong>s ont<br />
augm<strong>en</strong>té de 26.9 milliards d’euros <strong>en</strong>tre 2008 <strong>et</strong> 2009.<br />
Ou : ((597.6 – 570.7) / 570.7) x 100 = 4.7%. Les dép<strong>en</strong>ses de prestations<br />
<strong>sociale</strong>s ont augm<strong>en</strong>té de 4.7% <strong>en</strong>tre 2008 <strong>et</strong> 2009.<br />
3 Le risque de c<strong>et</strong>te augm<strong>en</strong>tation est de creuser l’écart <strong>en</strong>tre les<br />
dép<strong>en</strong>ses publiques <strong>et</strong> les rec<strong>et</strong>tes publiques (autrem<strong>en</strong>t dit, le<br />
risque est d’accroître le déficit public). Les dép<strong>en</strong>ses publiques visant<br />
à réduire les <strong>inégalités</strong> sont donc sous contrainte financière.<br />
Les eff<strong>et</strong>s pervers de la redistribution<br />
1 C’est la possibilité d’obt<strong>en</strong>ir une rémunération plus élevée qu’un<br />
rev<strong>en</strong>u associée au non exercice d’une activité qui incite les individus<br />
à obt<strong>en</strong>ir un emploi (le niveau de vie d’un actif occupé doit être<br />
n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t plus élevé que celui d’un chômeur).<br />
2 La redistribution peut avoir un eff<strong>et</strong> désincitatif sur les individus qui<br />
<strong>en</strong> bénéfici<strong>en</strong>t. Plus globalem<strong>en</strong>t, la réduction des <strong>inégalités</strong> de rev<strong>en</strong>us<br />
n’inciterait pas à exercer une activité fortem<strong>en</strong>t rémunérée (dans la<br />
mesure où la redistribution, via les prélèvem<strong>en</strong>ts <strong>et</strong> les prestations, t<strong>en</strong>drait<br />
à égaliser les rev<strong>en</strong>us). Or, les cotisations <strong>sociale</strong>s qui financ<strong>en</strong>t la<br />
protection dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t du montant des rémunérations. Si tous les cotisants<br />
étai<strong>en</strong>t ainsi désincités, le rev<strong>en</strong>u moy<strong>en</strong> diminuerait fortem<strong>en</strong>t.<br />
Séqu<strong>en</strong>ce 6 – SE01<br />
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