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Eplucher les légumes tout en épluchant son ... - terra cognita

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Encouragem<strong>en</strong>t de l’intégration par l’employeur<br />

Alice Uehlinger<br />

<strong>Eplucher</strong> <strong>les</strong> <strong>légumes</strong><br />

<strong>tout</strong> <strong>en</strong> <strong>épluchant</strong> <strong>son</strong><br />

dictionnaire!<br />

Qui connaît Müntschemier ?C’est dans cette petite<br />

commune bernoise du Seeland, qui est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

germanophone, que l’<strong>en</strong>treprise Schwab-Guillod SA y<br />

est implantée. Elle occupe 485 salariés dont 80 pour c<strong>en</strong>t<br />

<strong>son</strong>t d’origine étrangère. La plupart d’<strong>en</strong>tre eux <strong>son</strong>t<br />

Portugais et par conséqu<strong>en</strong>t le portugais est l’une des<br />

langues <strong>les</strong> plus parlées dans le cadre dutravail. Toute-<br />

fois, des connaissances de la langue allemande <strong>son</strong>t in-<br />

disp<strong>en</strong>sab<strong>les</strong> pour nombre d’activités. C’est pourquoi,<br />

depuis 2008, l’<strong>en</strong>treprise propose àses collaborateurs<br />

des cours d’allemand et des cours d’intégration.<br />

Dans <strong>les</strong> grandes hal<strong>les</strong> de l’<strong>en</strong>treprise Schwab-Guillod SA<br />

s’<strong>en</strong>tass<strong>en</strong>t des palettes d’oignons, de carottes et d’autres <strong>légumes</strong><br />

et fruits. De nombreuses per<strong>son</strong>nes épluch<strong>en</strong>t <strong>les</strong> <strong>légumes</strong><br />

et <strong>les</strong> chariots élévateurs chargés de palettes s’activ<strong>en</strong>t<br />

autour d’el<strong>les</strong>. C’est ici que FatmirSaititravaille depuis 1999.<br />

Il estv<strong>en</strong>u de Macédoine et acomm<strong>en</strong>cé àtravaillerdans l’<strong>en</strong>treprise<br />

dans le secteur de l'emballage, ce qui ne nécessitait pas<br />

de connaissances de l'allemand. Aujourd'hui, Fatmir Saiti dirige<br />

le secteur de l’emballage des <strong>légumes</strong> et coordonne le travail<br />

d’une vingtaine de per<strong>son</strong>nes.<br />

La mai<strong>son</strong> Schwab-Guillod SA a<strong>son</strong> siège dans le Seeland,<br />

une des plus grandes régions maraîchères de Suisse. La petite<br />

<strong>en</strong>treprise des débuts –elle aété fondée ilyaquelque 75 ans<br />

et n’était exploitée que par une seule et unique per<strong>son</strong>ne –s'est<br />

développée aupoint de dev<strong>en</strong>ir l’un des plus grands fournisseurs<br />

de fruits et <strong>légumes</strong> <strong>en</strong> Suisse. L’<strong>en</strong>treprise Schwab-<br />

Guillod SA est le plus grand employeur de la commune de<br />

Müntschemier, qui compte quelque 1300 âmes. Elle approvisionne,<br />

dans <strong>tout</strong>elaSuisse, de grands distributeurs, des commercesdedétailetdes<br />

établissem<strong>en</strong>tsderestauration. En fonction<br />

des besoins, <strong>en</strong> plus des fruits et<strong>légumes</strong> de la région,<br />

l’<strong>en</strong>treprise importecertains produits, par exempledes ananas<br />

cultivés au Ghana. La commune qui, au premier regard, donne<br />

l'imaged’un paisible petit village idyllique, constitue donc une<br />

passerelle <strong>en</strong>trelemonde localetlemonde global.Dufait qu’à<br />

Müntschemier on pratique aussi un commerce international,<br />

<strong>les</strong> collaborateurs chargés des achats doiv<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t<br />

avoir un œil sur l’évolution mondiale:par exemple, <strong>en</strong> dehors<br />

de la sai<strong>son</strong> de la récolte des tomates loca<strong>les</strong>, ils doiv<strong>en</strong>t surveiller<br />

<strong>les</strong> conditions météorologiques dans d’autres pays europé<strong>en</strong>s<br />

afin depouvoir déterminer où la récolte de tomates<br />

sera prometteuse.<br />

Le per<strong>son</strong>nel de la mai<strong>son</strong> Schwab-Guillod SA est aussi international<br />

que <strong>les</strong> produits qu’elle commercialise. Les 485 collaborateurs<br />

provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de 19 pays. Les ressortissants portugais<br />

constitu<strong>en</strong>t de loin legroupe le plus important puisqu’ils<br />

occup<strong>en</strong>t 61%des postes, alorsque <strong>les</strong> Suisses représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t 20%<br />

des effectifs, et <strong>les</strong> Polonais 10%.<br />

Une meilleure intégration<br />

grâce auregroupem<strong>en</strong>t familial<br />

«L’industrie agro-alim<strong>en</strong>taire estréputée commeétantpeu attractive<br />

» déclare Raymond Tschabold, directeur des ressources<br />

humaines de l’<strong>en</strong>treprise Schwab-Guillod SA. Les horaires<br />

de travail <strong>son</strong>t longs, irréguliersetastreignantspuisqu’il<br />

faut aussi, selon <strong>les</strong> besoins, travailler <strong>en</strong> fin desemaine, <strong>les</strong><br />

jours fériés et parfois jusqu’à tard dans la soirée. «Lorsqu’un<br />

cli<strong>en</strong>t passe une commande juste avant la fermeture, nous devons<br />

impérativem<strong>en</strong>t l’honorer et il faudra alors souv<strong>en</strong>t travailler<br />

jusqu’à 19 ou 20 heures ». Sur le marché suisse de l’emploi,<br />

il est très difficile detrouver des employés disposés à<br />

travailler àdetel<strong>les</strong> conditions.<br />

Et pourtant, il yasuffisamm<strong>en</strong>t de demandeurs d’emploi.<br />

«Nous bénéficions sur<strong>tout</strong> de la situation économique difficile<br />

dans <strong>les</strong> pays de prov<strong>en</strong>ance de nos travailleurs»constateRaymond<br />

Tschabold. «Lorsque nous <strong>en</strong>gageons un nouvel employé<br />

prov<strong>en</strong>ant de l’étranger,notre<strong>en</strong>treprise t<strong>en</strong>te–sic’estpossible–<br />

d’<strong>en</strong>gager aussi <strong>son</strong> épouse afin que le regroupem<strong>en</strong>t familial<br />

intervi<strong>en</strong>ne rapidem<strong>en</strong>t et que la famille puisse vivre <strong>en</strong> Suisse<br />

avec deux rev<strong>en</strong>us. Le regroupem<strong>en</strong>t familial rapide <strong>en</strong>courage<br />

grandem<strong>en</strong>t l'intégration du per<strong>son</strong>nel étant donné que ce dernier<br />

peut ainsi plus vites’adapter àlavie <strong>en</strong> Suisse et n’a pasà


se faire du souci pour <strong>les</strong> membres de la famille restés au pays»,<br />

explique Raymond Tschabold. «Dureste, tous <strong>les</strong> collaborateur<strong>son</strong>t<br />

des emplois fixes, car il n’y aici guère de fluctuations<br />

sai<strong>son</strong>nières <strong>en</strong> matièredecharge de travail.»<br />

D’autres efforts d’intégration ont été mis <strong>en</strong> œuvre depuis<br />

qu’<strong>en</strong> 2008<strong>les</strong> autorités communa<strong>les</strong> prir<strong>en</strong>t contact avecl’<strong>en</strong>treprise<br />

Schwab-Guillod SApour lui signaler que de plus <strong>en</strong><br />

plus d’<strong>en</strong>fants de ses salariés traînai<strong>en</strong>t sans surveillance dans<br />

<strong>les</strong> préaux de l’école après la fin des cours. De fait, <strong>en</strong> rai<strong>son</strong><br />

de leur charge de travail, ilrestait peu de temps aux par<strong>en</strong>ts<br />

pour <strong>en</strong>cadrer leurs <strong>en</strong>fants. Un projet de garderie d’<strong>en</strong>fants<br />

pour <strong>les</strong> employés de la mai<strong>son</strong> Schwab-Guillod SA adonc vu<br />

le jour. Depuis lors, la garderie aété organisée <strong>en</strong> tant qu’association<br />

et est ouverte àtous <strong>les</strong> habitants de Müntschemier<br />

et des communes <strong>en</strong>vironnantes.<br />

Des cours delangues augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

<strong>les</strong> perspectives d’évolution professionnelle<br />

Mais l’<strong>en</strong>treprise Schwab-Guillod SA n’<strong>en</strong> est pas restée là<br />

puisqu’el<strong>les</strong>’estégalem<strong>en</strong>t investie dans l’<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t des<br />

connaissances linguistiques. Depuis 2008 égalem<strong>en</strong>t, <strong>les</strong> travailleurs<br />

peuv<strong>en</strong>t –dans <strong>les</strong> locaux de l’<strong>en</strong>treprise –suivre le<br />

cours d’intégration linguistique de l’Université populaire.<br />

Certes, <strong>en</strong> proposant cet <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t àses salariés, l’<strong>en</strong>treprise<br />

ytrouve aussi unintérêt: «Nous souffrons d’un cruel<br />

manque de cadres, de per<strong>son</strong>nes aptes àsefaire compr<strong>en</strong>dre<br />

des employés de bureau». Si l’<strong>en</strong>treprise <strong>en</strong>courage ses employés<br />

de manière ciblée, il est possibledepallier de tel<strong>les</strong> situations.<br />

Au début, l’<strong>en</strong>treprise libérait ses salariés trois heures par semaine<br />

pour qu’ils puiss<strong>en</strong>t suivre<strong>les</strong> cours d’allemand, et pr<strong>en</strong>ait<br />

<strong>les</strong> frais àsacharge. Aujourd'hui, la mai<strong>son</strong> Schwab-<br />

Guillod SA procède différemm<strong>en</strong>t afin d’éviter que <strong>les</strong> cours<br />

ne soi<strong>en</strong>t qu’un mom<strong>en</strong>t de dét<strong>en</strong>te pour certains. L’objectif<br />

avoué de cette mesure est de ne faire participer aux cours que<br />

<strong>les</strong> employés qui désir<strong>en</strong>t vraim<strong>en</strong>t appr<strong>en</strong>dre etqui pourront<br />

<strong>en</strong>suite assumer davantage de responsabilités au sein de l'<strong>en</strong>treprise.<br />

Depuis2012,<strong>les</strong> cours se déroul<strong>en</strong>t<strong>les</strong>oir après le travail<br />

et <strong>les</strong> participants <strong>en</strong> assum<strong>en</strong>t la moitié des frais. Au début,<br />

56 per<strong>son</strong>nes suivai<strong>en</strong>t ces cours et l’an dernier, ils<br />

n’étai<strong>en</strong>t plus que 11.<br />

Grâce àdemeilleures connaissances linguistiques d’intéressantes<br />

perspectives d’avancem<strong>en</strong>t et de conditions salaria<strong>les</strong><br />

s’ouvr<strong>en</strong>t aux collaborateurs. Malgré <strong>tout</strong>, il yaune grande<br />

fluctuation de per<strong>son</strong>nel ausein de l’<strong>en</strong>treprise. Raymond<br />

Tschabold constate que le secteur alim<strong>en</strong>taire oul’industrie<br />

agro-alim<strong>en</strong>taire sert souv<strong>en</strong>td’<strong>en</strong>trée surlemarché suisse du<br />

travail. Ilajoute :«Apeine <strong>les</strong> collaborateurs se <strong>son</strong>t intégrés<br />

qu’ils se recherch<strong>en</strong>t un emploi offrant des conditions de travail<br />

plus attractives, par exempledans le secteur du bâtim<strong>en</strong>t.»<br />

Gemüse rüst<strong>en</strong> und Vokabeln büffeln<br />

In der klein<strong>en</strong> Berner Gemeinde Müntschemier ist das Unter-<br />

nehm<strong>en</strong> Schwab-Guillod AGzuHause. Das Unternehm<strong>en</strong> ist<br />

einer der grösst<strong>en</strong> Gemüsevermarkter in der Schweiz. Es bie-<br />

tet 485 Mitarbeitern ein<strong>en</strong> Arbeitsplatz. 80 Proz<strong>en</strong>t der An-<br />

gestellt<strong>en</strong> sind ausländischer Herkunft, grösst<strong>en</strong>teils aus<br />

Portugal. Portugiesisch ist daher eine der wichtigst<strong>en</strong> Spra-<br />

ch<strong>en</strong> im Arbeitsalltag. D<strong>en</strong>noch sind für viele Tätigkeit<strong>en</strong><br />

Deutschk<strong>en</strong>ntnisse notw<strong>en</strong>dig. Der Betrieb bietet sein<strong>en</strong> Mit-<br />

arbeit<strong>en</strong>d<strong>en</strong> deshalb seit 2008 Deutsch- und Integrations-<br />

kurse an. Für die Angestellt<strong>en</strong> eröffn<strong>en</strong> bessere K<strong>en</strong>ntnisse<br />

der Lokalsprache interessante Aufstiegs- und Verdi<strong>en</strong>stmög-<br />

lichkeit<strong>en</strong>.<br />

En plusdesalangue maternelle, FatmirSaitiparlel’allemand,<br />

mais aussi leportugais et le polonais, qui <strong>son</strong>t <strong>les</strong> langues véhiculaires<br />

<strong>les</strong> plus importantes au sein de l’<strong>en</strong>treprise et qui<br />

<strong>son</strong>t quasi indisp<strong>en</strong>sab<strong>les</strong> pour le travail dans une équipe majoritairem<strong>en</strong>t<br />

polono-portugaise. Mais il n’y apas que sur le<br />

plan du travail qu’ilyvoit des avantages àconnaître la langue<br />

allemande, maiségalem<strong>en</strong>t pour sa vie privée, d’où sa volonté<br />

àsuivre depuis des années <strong>les</strong> cours d’allemand. La communication<br />

avec <strong>les</strong> autorités est beaucoup plus aisée qu’autrefois.<br />

Au début, comme ilyavait relativem<strong>en</strong>t peu de ressortissants<br />

macédoni<strong>en</strong>s vivant <strong>en</strong> milieu rural, FatmirSaitiser<strong>en</strong>dait volontiers<br />

àBi<strong>en</strong>ne, oùdes amis compatriotes pouvai<strong>en</strong>t lui apporter<br />

un souti<strong>en</strong>. Aujourd’hui,c’estlui qui peut aider ses collègues<br />

de travail lorsqu'ils r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t des problèmes de<br />

compréh<strong>en</strong>sion.<br />

«Mais l’exemple deFatmir Saiti fait peut d’ému<strong>les</strong>. Malheureusem<strong>en</strong>t,<br />

nombreux <strong>son</strong>t ceux qui ne se donn<strong>en</strong>t pas la peine<br />

d’appr<strong>en</strong>dre l’allemand», explique Raymond Tschabold.<br />

Quant àFatmir Saiti, lui, il est très motivé: «Je veux <strong>en</strong>core<br />

progresser, sur<strong>tout</strong> pour l’allemand écrit, et alors peut-être<br />

qu’un jour je pourrais occuper un poste au bureau».<br />

Alice Uehlinger travailleauSecrétariat de la Commission fédéralepour<br />

<strong>les</strong>questions de migration. Elle épaule la direction<br />

du Secrétariat pour la conception et la mise<strong>en</strong>œuvredes travaux<br />

de relations publiques de la CFM. Elle est par ailleursresponsable<br />

de l’organisation de manifestations, tant internes<br />

qu’externes.<br />

<strong>terra</strong> <strong>cognita</strong> 22/2013<br />

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