Blanche Selva - Les Amis de la Musique Française

Blanche Selva, une musicienne complète
Florence Launay ― 2007
Si le nom de Blanche Selva est resté dans l'histoire de la musique comme celui d'un des plus grands
pianistes français du début du vingtième siècle, son activité de compositrice a longtemps été
ignorée. Grâce aux formidables impulsions données par Monique et Guy Selva et l'Association
Blanche Selva, ce pan méconnu des activités de la grande musicienne commence à sortir de l'ombre
et diverses initiatives voient le jour. Ayant déjà brièvement évoqué Blanche Selva dans mon
ouvrage Les Compositrices en France au XIX e siècle, j'ai amorcé une approche de son œuvre lors de
la journée d'étude organisée par l'Association à la Médiathèque d'Issy-les-Moulineaux le 18
novembre 2005. J'ai interprété à cette occasion, avec le pianiste Laurent Martin, deux mélodies,
Rosaire et Venez sous la tonnelle, des pièces que nous avons plus tard reprises en concert. Les
pianistes Nathalie Contal et Catherine Joly ont quant à elles, lors de cette journée, commenté et
interprété, respectivement, des pièces de 1905 (Cloches dans la brume, Cloches au soleil et
Paysage au soleil couchant) et des pièces de 1931 (A la montagne et Premiers froids). J'ai ensuite
affiné mon panorama de l'œuvre dans un article de l'ouvrage collectif à paraître aux Éditions
Symétrie à Lyon, qui rassemble les interventions de la journée d'Issy-les-Moulineaux, Blanche
Selva, naissance d'un piano moderne. Une musicologue espagnole, Montserrat Font Batallé,
présentait les Cants de Llum, cinq pièces pour violon et piano de 1928/1929, lors du congrès de la
Société Internationale de Musicologie à Zurich le 15 juillet 2007. Sous l'impulsion du musicologue

Damien Top, Rosaire va faire l'objet d'une réédition aux USA. Enfin, à plus long terme, des
gravures d'œuvres inédites et des enregistrements sont envisagés.
Lorsque Blanche Selva décède en 1942, la musique française perd une compositrice en vrai
devenir. En effet, quand elle devient Barcelonaise d'adoption en 1924, Blanche Selva se remet à la
composition, une activité qu'elle avait esquissée entre 1904 et 1912 ; Rosaire, une longue mélodie
en plusieurs épisodes sur un poème de Francis Jammes, reste le plus brillant témoignage de cette
première période créative. Elle écrit en 1928 une mélodie sur un poème catalan, Muntanya Blava
(Montagne bleue), puis les Cants de Llum (Chants de lumière) déjà évoqués, dédiés au violoniste
Joan Massià, son partenaire de musique de chambre d'alors. Ces cinq pièces pour violon et piano, à
l'écriture originale, furent interprétées en concert à Barcelone par leur auteur et Joan Massià en
1929 et 1930. Deux autres mélodies et un motet pour troix voix de femmes datent aussi de cette
époque.
1930 est aussi, malheureusement, l'année fatidique de l'accident cérébral dont est victime Blanche
Selva, et qui met fin à sa grande carrière de pianiste. Une lettre du 6 décembre 1938 à son ami René
de Castéra, alors qu'elle vit à nouveau en France, dira : « Donc la composition musicale, qui avait
pointé avant ma maladie, s'est accrue, de l'ordre même de mon médecin traitant, là-bas, durant cette
maladie ». Elle publie en 1931 un recueil de pièces pédagogiques pour le piano, Primer jocs
(Premiers jeux) ; la même année voit la composition d'un autre recueil de ce type, resté manuscrit,
Entremaliadures/Souvenirs et Espiègleries. Quatre pièces pour violon et piano, pour le moment
introuvables, datent aussi de cette époque. Ont par contre subsisté dix admirables mélodies,
d'amples proportions, ses Deu cançons originals, sur des poèmes catalans de divers auteurs, qui
datent de 1935 et ont été primées dans un concours de composition à Barcelone. Les titres en
catalan de ses œuvres et ses écrits enthousiastes, célébrant la lumière catalane et la blavor
(« bleueur ») de la Méditerranée témoignent du bonheur de vivre en Catalogne de Blanche Selva.
Malgré le déchirement que représente en 1936 le retour en France, son désir de composer restera vif
: elle se plonge dès 1937 dans un projet d'oratorio sur un texte catalan de Miquel Melendres, son
conseiller spirituel en Catalogne. Elle aborde donc maintenant l'écriture orchestrale. La
correspondance avec ses amis montre qu'elle pense aussi à d'autres pièces, de musique de chambre.
Elle pratique l'improvisation à l'église. Blanche Selva est déjà gravement malade. Elle écrit pourtant
à Albert Sarrazin le 11 août 1942, peu de temps avant sa mort : « Je vais pouvoir reprendre,
remanier et achever totalement l'oratorio sur le Poema de la Resurrecció de M. Melendres que
j'avais commencé à Moulins ».
Cette œuvre a malheureusement disparu. L'on peut encore espérer, comme pour d'autres pièces dont
nous avons connaissance par divers écrits, qu'elle refera surface dans les années à venir. Car, dans le
court œuvre qui est resté, Blanche Selva donne la preuve d'une inspiration originale, sous-tendue
par sa profonde foi chrétienne, notamment son culte de la Vierge Marie. Formée à la composition
par Vincent d'Indy à la Schola Cantorum, en élève « titulaire » pendant au moins six ans, elle
maîtrisait parfaitement l'écriture musicale de son temps. Les éléments essentiels de son écriture sont
présents dès ses premières œuvres : l'inspiration populaire et méridionale, perceptible dans les
thèmes et les rythmes, notamment par des effets d'ostinati et de carillons dans un esprit soit
méditatif soit jubilatoire, l'écriture contrapuntique dépouillée, et la simplicité harmonique,
privilégiant des accords au rythme régulier, dans un esprit modal et hymnique ; des éléments qui ne
feront que s'épurer dans les œuvres suivantes.
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Pour plus de renseignements
http://www.blanche-selva.com
Ce site offre en particulier une biographie détaillée de Blanche Selva
ainsi qu'une liste de ses œuvres
Ouvrages disponibles
Blanche Selva, naissance d'un piano moderne
ouvrage collectif, Lyon, Symétrie, 2007
Florence Launay, Les Compositrices en France au XIX e siècle
Paris, Fayard, 2006.
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Blanche Selva et René de Castéra
collection particulière
avec l'autorisation de l'association René de Castéra / L'Héritage Musical

Une promenade musicale avec Blanche Selva
’Association Blanche Selva et le Centre International Albert ROUSSEL, se sont associés
pour réaliser « Une Promenade Musicale avec Blanche Selva », un CD historique qui
contient la Sonate de César Franck interprétée par Blanche Selva et Joan Massià, Sardana
de Juli Garreta par Blanche Selva. S’ajoutent à ces oeuvres des pièces pour piano, inédites
et exceptionnelles, que Blanche Selva a créées ou dont elle a fait une ardente promotion entre 1908
et 1925 : « Départ matinal » des Tableaux de voyage et « Danse rythmique » du Poème des
montagnes de Vincent d’Indy avec le compositeur au piano, la « Sicilienne » de la Suite d’Albert
Roussel par Lazare Levy, « Triana » du deuxième cahier d’Iberia par Moriz Rosenthal, « Où l’on
entend une vieille boite de Musique » du 1er recueil de En Vacances de Déodat de Séverac par
Georges de Lausnay, la 13ème L
Barcarolle de Gabriel Fauré par Babeth Leonet et « Berceuse » extrait
de Dolly par Babeth Leonet et Anita Siegel, enfin Variations, Interlude et Final de Paul Dukas par
Yvonne Lefébure.
C’est donc une belle promenade à laquelle Blanche Selva nous convie, nous permettant de connaître
les paysages musicaux qu’elle fréquentait avec tant de talent et de passion, au début de ce 20 ème
siècle.
Ce CD a vu le jour grâce aux contributions de Jean Farjanel qui a puisé dans sa collection de 78T, à
Delphine Grivel, spécialiste de Maurice Denis et au Musée du Prieuré de St Germain en Laye.
Ce disque qui sortira d’ici à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine est vendu par
l’Association Blanche Selva et le CIAR au prix unitaire de 15€ plus 2€ pour l’expédition soit au
total 17€. Les commandes sont d’ores et déjà possibles en envoyant un chèque de paiement et les
coordonnées postales précises à Association Blanche Selva, 57bis Boulevard de Cessole 06100
Nice ou au CIAR 541, route de Cassel 59670 Bavinchove. L’envoi sera effectué dès la parution du
CD.