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LA NOTITIA d'aNTIOCHE 83
de cent cinquante trois, qui est le nombre des poissons de la pêche
miraculeuse et se trouve être la ψήφος (= ΡΕΒΕΚΚΑ) de Rebecca,
image de l'Église. Le P. de Jerphanion a observé fort justement
que les listes antiochiennes, les seules à le faire, ne consignaient en
fin de relevé le total absolu qu'en raison de la signification parti
culière qu'il avait pour chacune.
Le total de 153 était déjà certainement consacré au début du
ixe siècle et peut-être avant — nous le verrons tout à l'heure.
Or il est peu vraisemblable que le patriarcat, mis à rude épreuve
par un siècle et demi de domination arabe, ait créé durant ce
temps les 24 nouveaux sièges qui ne paraissent pas dans les mult
iples sources de la tradition historique. Ils doivent être antérieurs
à la perte de la Syrie par Byzance ou doivent avoir été inventés
par le faussaire supposé.
Le nombre des évêchés ainsi tus n'a rien d'impressionnant ;
j'oserai même dire que le bilan des manques et des additions
dressé par Devreesse n'a rien de troublant pour qui s'est quelque
peu familiarisé avec l'étude de ces sortes de documents. Je n'en
veux pour preuve que le cas de la Notitia du Pseudo-Epiphane
dont on a reconnu unanimement le caractère de pièce officielle
émise soit sous le règne d'Héraclius soit du moins au vne siècle.
Or ce rôle présente le même phénomène d'omissions et d'addi
tions1 par rapport aux conciles de 553 et 680, l'un antérieur,
l'autre postérieur à sa rédaction. Il ne faut pas demander aux
notaires du moyen âge la précision et le scrupule de nos fonction
naires modernes. Ainsi il m'est arrivé de relever sur des sceaux
des x-xie siècles plusieurs noms d'évêchés, voire même d'arche
vêchés2 que l'on chercherait vainement dans les Notitiae, alors
faisant foi, de Léon le Sage et de Jean Tzimiscès. Avec Honig-
mann3 je crois pouvoir conclure qu'il est « difficile de comprendre
en raison d'omissions, die compression de deux ou trois unités ou de bouleversements
produits par l'introduction de nouveaux éléments. Ces variations maintiennent le
total trop près de 153 pour que celui-ci ne soit pas original.
(1) On trouvera les tableaux comparatifs y afférents en tête de l'édition de cette
importante pièce dans le tome second (Les Notitiae proprement dites) du Corpus
Notitiarum episcopatuum.
(2) Pour me borner à un exemple contrôlable, quoique d'époque quelque peu pos
térieure, je signale que le meilleur connaisseur de la géographie historique, E. Honig-
mann, Die Ostgrenze..., 210, n'a pu localiser l'archevêché, signalé sur un sceau comme
ayant été créé en Vaspourakan (Arménie) lors de la plus grande expansion byzantine
du xie siècle. Édition dans Échos d'Orient, XXXII, 1933, 315-318. Or le nom de ce
siège manque sur la liste die cette époque où figurent les nombreuses créations de
l'impérialisme byzantin contemporain. Cf. H. Gelzer, Ungedruckte und ungenügend
veröffentlichte Texte der Notitiae episcopatuum ( = Abhandlungen der k. bayer. Akademie
der Wiss., I. Cl. XXI Bd. III Abth.), München 1900, 580, 581.
(3) Dans Byzantion, XI, 1936, 351.