2 Dossier Dossier 3 Mariage pour tous Qui va manifester ? Elus, lycéens, habitants des communes de La Gazette du Bois, ils prennent position au sujet du mariage pour tous, à l’approche de la manifestation des opposants ce dimanche. suis née avec un tract dans la main ! » Le ton estdonné. Estelle Debaecker, «Je l’ancienne maire de Nogent sur Marne est là, place du marché, sous la pluie, pour convaincre les gens de venir manifester. Car la manifestation contre le mariage pour tous, c’est ce dimanche. « Pour moi, ce projet de loi est horrible. Je suis catholique pratiquante, et je suis choquée. Quels repères on donne à l’enfant ? ». Surtout, elle s’en prend aux élus. Ceux qui sont contre et qui vont appliquer la loi, ceux qui vont déléguer à leurs adjoints. « Des faibles ! Moi, maire, j’aurais utilisé ma clause de conscience. Je suis contre le mariage gay et je n’aurais pas délégué, pour pousser les préfets à célébrer les unions ». Pourtant, elle est consciente que les couples homosexuels méritent une meilleure protection, un meilleur accompagnement. « Mais il ne faut pas toucher au mariage. Le mariage pour tous, c’est le mariage homo pour tous. On supprime les mots mari, femme, père, mère, pour celui de parents. C’est triste ! » Tous contre Etre ou ne pas être en faveur du mariage pour tous ? Patrick Beaudouin, Jean-Marie Brétillon et Jacques JP Martin, maires respectifs de Estelle Debaecker, ancienne maire de Nogent Saint-Mandé, Charenton-le-Pont et Nogent-sur-Marne, tous appartenant à l’UMP, sont unanimes. Ils s’opposent à l’union de deux personnes de même sexe. Concernant la polémique de l’établissement de Saint-Lô (l’envoi simultané des bulletins de notes et d’un communiqué de l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre APEL contre le mariage pour tous), les avis sont mitigés. S’ils partagent le point de vue de l’APEL sur la question du mariage homosexuel, tous estiment que la démarche a été « très maladroite ». « Comme les déclarations de Vincent Peillon d’ailleurs » glisse Jacques JP Martin, maire de Nogent. Pourtant, les violons ne sont pas tout à fait accordés. Un débat au sein de l’établissement ? « Il faut laisser les jeunes se faire leur propre opinion, et ne pas mélanger le scolaire et l’apprentissage sexuel. Je suis pour la liberté d’expression et toutes sortes de libertés mais il s’agit là d’un phénomène de société, il est trop tôt pour instaurer ça dans le pays » explique Photo : Meryll Boulangeat M. Brétillon. Ses confrères de Saint- Mandé et Nogent, eux, ont un jugement plus nuancé. Ils ne s’opposent pas à ce genre de débat, à condition que cela ne dérange pas la scolarité des élèves. Selon eux, le sujet pourrait être abordé durant des temps de “vie scolaire”, ces derniers relevant de la seule responsabilité des établissements privés. Les élèves s’expriment Qu’en est il ? Devant l’institut privé catholique Montalembert de Nogent, les conversations ne tournent pas autour du sujet. Pourtant dès qu’on évoque le mariage pour tous, le débat s’anime. « On l’a survolé. On sent que les profs n’ont pas vraiment le droit d’en parler ». Leurs parents ont-ils reçu le communiqué de l’APEL contre le mariage gay ?« Non, non », nous assure Isabelle, 16 ans en terminale L. « Autrement, je l’aurais vu, fallait pas que je laisse trainer le bulletin, il était trop mauvais… », rit elle. Et alors, pour ou contre, tous ont un avis. « Moi je vais manifester avec mes parents ! Je n’imagine pas une autre structure pour un enfant que papa et maman », confie à l’écart de ses amis, Stéphane, 17 ans en 1ère ES. Margaux Chrétien et Victor Fauvel RENDEZ-VOUS Les manifestants de Nogentsur-Marne et de ses alentours pourront se rejoindre dimanche à 11 heures en gares des RER A et E. Pour ceux de la capitale, rendez-vous Place d’Italie (métros ligne 5,6 et 7) à 13 heures pour gagner le Champ-de-Mars. Code vestimentaire : Bleu-Blanc-Rose ! A l’Institut catholique Montalembert, les lycéens discutent entre eux sur le mariage pour tous Tracter pour convaincre La manif, c’est dimanche. Et les opposants au mariage gay continuent de tracter dans les rues. C’est le cas de Mathieu à Nogent sur Marne. Mathieu a 28 ans et vient de finir son école de commerce. Crucifix autour du cou, il distribue des tracts depuis deux semaines pour l’association « Frigide Barjot. » Tracter pour « faire manifester » et faire changer l’avis du gouvernement. Et pour lui, le mariage homo, c’est non ! « Mes parents se sont mariés à 20 ans. Mon père, ma mère, la logique naturelle. » Il poursuit « les jeunes sont de plus en plus perdus, et on veut encore leur enlever un cadre essentiel, c’est une vraie erreur ! C’est un fondement de notre société. » A la manif, il ira, et pas tout seul… Et dans son discours, pas de couleur politique : « Ça peut paraître bizarre, mais j’ai voté François Hollande. Mais la famille et le mariage, il ne faut pas y toucher. Surtout quand il y a des enfants. Rien qu’à Fontenay et Vincennes, plus de 1500 personnes m’ont répondu favorablement. » Les organisateurs espèrent que 500 000 personnes viendront ce dimanche manifester dans les rues de Paris. «Homophobie, nazi...» Pourtant, lui pense que beaucoup ne viendront pas. « Le plus dur, en fait, c’est de motiver et pousser des gens qui n’ont pas l’habitude de manifester à sortir dans les rues. Ils doivent comprendre que c’est le seul moment pour se faire entendre, faire comprendre au gouvernement que ce serait une erreur. » Alors il arpente et distribue des tracts. Sorties des églises, des collèges, lycées ou marchés, il n’arrête ja- mais. Des messages de sympathie, il en reçoit beaucoup : « des gens vous disent qu’ils sont d’accord mais qu’ils ne viendront pas. Que c’est bien, mais que ça ne changera pas. » Il a droit aux insultes aussi, pas plus tard que ce matin : « homophobe, nazi… je n’y fais pas attention. » Pourtant, même lui au bout d’un moment avoue être sceptique sur le résultat de la manifestation. « J’y crois, mais dans le même temps, je me demande si le gouvernement ne va pas quand même aller jusqu’au bout, histoire de montrer qu’ils ont du poids… Surtout avec ce qui s’est passé concernant l’impôt à 75%. » Il conclut avec un message qui sera répété tout au long de la manifestation: « Quand vous dites que vos parents sont mariés, il n’y a pas de doute : il s’agit d’un homme et d’une femme et ça ne doit pas changer. » Mathieu, avec un tract de la manifestation de dimanche Photo : Meryll Boulangeat Photo : Meryll Boulangeat