Séparer ou pas, les enfants de leurs parents - Uniopss
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en Débat<br />
A l’issue d’un colloque organisé début juin à Nîmes (30) sur le<br />
Catherine Sellenet, psychosociologue, professeure d’université à Nantes et<br />
croisent <strong>leurs</strong> regards sur<br />
Union Sociale : La place d’un<br />
enfant est-elle forcément auprès <strong>de</strong><br />
ses <strong>parents</strong> ?<br />
Catherine Sellenet : Ce n’est <strong>pas</strong> une question<br />
que l’on peut totalement déconnecter<br />
<strong>de</strong> la société dans laquelle elle est posée.<br />
Si v<strong>ou</strong>s prenez l’exemple <strong>de</strong>s Bamilékés,<br />
migrants originaires du Camer<strong>ou</strong>n, <strong>les</strong><br />
<strong>enfants</strong> sont fréquemment « fostérés »<br />
c’est-à-dire confiés à <strong>de</strong>s adultes issus <strong>de</strong><br />
la famille élargie <strong>ou</strong> du réseau social. Le<br />
fosterage est une pratique traditionnelle<br />
qui consiste à donner l’enfant biologique<br />
à d’autres personnes afin qu’el<strong>les</strong><br />
p<strong>ou</strong>rsuivent son éducation. Dans notre<br />
société, le principe est l’éducation <strong>de</strong>s<br />
<strong>enfants</strong> au sein <strong>de</strong> leur famille biologique<br />
<strong>ou</strong> adoptive. L’éducation à l’extérieur <strong>de</strong><br />
celle-ci relève soit <strong>de</strong> conditions environnementa<strong>les</strong><br />
le justifiant (internats), soit<br />
<strong>de</strong> contraintes administratives <strong>ou</strong> judiciaires<br />
(placements). La place <strong>de</strong> l’enfant<br />
n’est donc <strong>pas</strong> forcément auprès <strong>de</strong> ses<br />
<strong>parents</strong>, mais statistiquement, l’éducation<br />
<strong>de</strong> l’enfant à l’extérieur <strong>de</strong> sa famille reste<br />
l’exception.<br />
Xavier Pid<strong>ou</strong>x : Socialement, il ne fait<br />
aucun d<strong>ou</strong>te que <strong>les</strong> <strong>enfants</strong> doivent<br />
grandir aux côtés <strong>de</strong> <strong>leurs</strong> <strong>parents</strong>. Dans<br />
la tête <strong>de</strong>s <strong>enfants</strong>, c’est également une<br />
évi<strong>de</strong>nce car la plupart d’entre eux sont<br />
en recherche <strong>de</strong> normalité et le père<br />
et la mère font partie <strong>de</strong> <strong>leurs</strong> repères.<br />
T<strong>ou</strong>tefois, p<strong>ou</strong>r <strong>de</strong>s <strong>parents</strong> qui vivent<br />
UNION SOCIALE - Juin-Juillet 2011 - N°248<br />
<strong>Séparer</strong> <strong>ou</strong> p<br />
<strong>les</strong> <strong>enfants</strong> <strong>de</strong> l<br />
l’éducation comme une charge<br />
<strong>ou</strong> p<strong>ou</strong>r <strong>de</strong>s <strong>enfants</strong> en s<strong>ou</strong>ffrance,<br />
<strong>les</strong> choses sont plus<br />
complexes. Sur le plan juridique<br />
enfin, se pose parfois la question<br />
<strong>de</strong> savoir si la présence<br />
<strong>de</strong>s <strong>enfants</strong> au milieu <strong>de</strong> <strong>leurs</strong><br />
<strong>parents</strong> est tolérable.<br />
Union Sociale : L’idée<br />
selon laquelle <strong>les</strong> <strong>enfants</strong><br />
doivent rester au sein <strong>de</strong><br />
leur famille est-elle <strong>de</strong>venue<br />
un dogme partagé par<br />
<strong>les</strong> professionnels <strong>de</strong> la<br />
protection <strong>de</strong> l’enfance ?<br />
Catherine Sellenet : Si c’est un<br />
dogme, il n’a <strong>pas</strong> été inventé<br />
par <strong>les</strong> professionnels <strong>de</strong> l’enfance<br />
mais largement impulsé<br />
par <strong>les</strong> politiques. L’affirmation<br />
<strong>de</strong> Ségolène Royal, ministre<br />
<strong>de</strong> la Famille et <strong>de</strong> l’Enfance<br />
en 2001, est à ce titre exemplaire.<br />
« Comment rendre un<br />
enfant heureux ? » s’interroge la<br />
Ministre. La réponse est la suivante<br />
: « C’est auprès <strong>de</strong> sa famille que<br />
l’enfant est le mieux. Même dans <strong>les</strong><br />
situations <strong>les</strong> plus diffici<strong>les</strong> qui peuvent<br />
conduire à le séparer <strong>de</strong> sa famille, il<br />
ne peut être totalement heureux sans<br />
elle. Il faut t<strong>ou</strong>t mettre en œuvre p<strong>ou</strong>r<br />
sauvegar<strong>de</strong>r ce lien avec elle. Il y a <strong>de</strong>s<br />
famil<strong>les</strong> en danger ». Ce n’est donc <strong>pas</strong><br />
tant l’enfant qui est en danger, que la<br />
famille qui le <strong>de</strong>vient, en subissant une<br />
intrusion excessive en son sein. Mais<br />
dans le même temps, la loi parle d’intérêt<br />
supérieur <strong>de</strong> l’enfant, et donc <strong>de</strong> protection<br />
<strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier contre une famille<br />
qui apparaît <strong>de</strong> plus en plus dangereuse.<br />
Dans <strong>les</strong> disc<strong>ou</strong>rs sur l’enfant en danger,<br />
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<strong>pas</strong>,<br />
<strong>leurs</strong> <strong>parents</strong> ?<br />
ur le thème « séparer ne <strong>pas</strong> séparer, quel choix, quels risques »,<br />
es et Xavier Pid<strong>ou</strong>x, vice-prési<strong>de</strong>nt chargé du tribunal p<strong>ou</strong>r <strong>enfants</strong> d’Avignon,<br />
s sur cette épineuse question.<br />
la famille est donc vue comme un risque<br />
nécessaire. Elle est à la fois dangereuse<br />
t<strong>ou</strong>t en étant incont<strong>ou</strong>rnable.<br />
Xavier Pid<strong>ou</strong>x : Ce dogme a peut-être<br />
existé mais il est auj<strong>ou</strong>rd’hui fragilisé<br />
par <strong>de</strong> nombreux professionnels du secteur.<br />
Il s’agit moins <strong>de</strong> maintenir l’enfant<br />
à t<strong>ou</strong>s prix à son domicile que<br />
<strong>de</strong> favoriser la mise en place <strong>de</strong><br />
solutions alternatives <strong>ou</strong> d’ai<strong>de</strong>r<br />
<strong>leurs</strong> <strong>parents</strong> à exercer <strong>leurs</strong><br />
compétences dans <strong>les</strong> meilleures<br />
conditions.<br />
Union Sociale : Sur quel<br />
fon<strong>de</strong>ment repose ce<br />
dogme ?<br />
Catherine Sellenet : Que l’on<br />
prenne <strong>les</strong> textes à vocation<br />
internationale <strong>ou</strong> la loi nationale,<br />
la primauté <strong>de</strong> la famille est sans<br />
cesse rappelée. La Convention<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’enfant met fortement<br />
l’accent sur le droit <strong>de</strong><br />
l’enfant à vivre avec ses <strong>de</strong>ux<br />
<strong>parents</strong>. La séparation, prônée<br />
autrefois comme la meilleure<br />
solution, est auj<strong>ou</strong>rd’hui vue<br />
comme un ultime rec<strong>ou</strong>rs. De<br />
plus, il ne s’agit plus seulement<br />
<strong>de</strong> séparer p<strong>ou</strong>r protéger l’enfant<br />
mais <strong>de</strong> séparer p<strong>ou</strong>r réunir<br />
au plus vite, comme le rappelle<br />
avec force le Centre international<br />
p<strong>ou</strong>r <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> l’enfant. La loi<br />
du 5 mars 2007 comporte également<br />
plusieurs artic<strong>les</strong> qui rappellent que la<br />
famille est première. Le maintien, <strong>ou</strong> le<br />
ret<strong>ou</strong>r rapi<strong>de</strong> sont <strong>de</strong>s priorités imposées<br />
aux services <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’enfance.<br />
La formule, « c’est au sein <strong>de</strong> la famille<br />
que se tr<strong>ou</strong>vent <strong>les</strong> meilleures conditions<br />
© S. Albaric<br />
p<strong>ou</strong>r le développement optimal <strong>de</strong> l’enfant<br />
», pose comme un a priori le fait que<br />
rien ne peut rivaliser avec celle-ci.<br />
Xavier Pid<strong>ou</strong>x : Ce dogme repose sur<br />
une vision traditionnelle <strong>de</strong> la famille<br />
et également sur une valorisation <strong>de</strong><br />
la place <strong>de</strong>s <strong>parents</strong> biologiques <strong>de</strong><br />
l’enfant. Il se fon<strong>de</strong> aussi sur <strong>de</strong>s considérations<br />
léga<strong>les</strong> désignant <strong>les</strong> <strong>parents</strong><br />
comme uniques détenteurs <strong>de</strong> l’autorité<br />
parentale. C’est à partir <strong>de</strong> ce principe<br />
que <strong>les</strong> placements sont par nature<br />
provisoires et qu’un ret<strong>ou</strong>r au sein<br />
<strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>vra un j<strong>ou</strong>r <strong>ou</strong> l’autre<br />
avoir lieu.<br />
Union Sociale : Quel<strong>les</strong> sont ses<br />
conséquences <strong>de</strong> celui-ci ?<br />
Catherine Sellenet : Les <strong>parents</strong>, en protection<br />
<strong>de</strong> l’enfance, ont longtemps été <strong>les</strong><br />
grands <strong>ou</strong>bliés, dépossédés et stigmatisés<br />
<strong>de</strong> <strong>leurs</strong> droits sans bénéficier d’une ai<strong>de</strong><br />
appropriée. Auj<strong>ou</strong>rd’hui un réel effort<br />
est fait en ce sens. Mais comme t<strong>ou</strong>te<br />
n<strong>ou</strong>velle stratégie, celle-ci peut créer<br />
<strong>de</strong>s effets négatifs si on la transforme en<br />
dogme, en instrumentalisant l’enfant au<br />
nom <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> dispensée aux adultes. T<strong>ou</strong>t<br />
est question d’évaluation <strong>de</strong> la situation.<br />
Or c’est s<strong>ou</strong>vent celle-ci qui reste difficile<br />
à mettre en œuvre.<br />
Xavier Pid<strong>ou</strong>x : Ce dogme conduit à<br />
considérer l’enfant « comme une >>><br />
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>>><br />
personne » et donne aux <strong>parents</strong><br />
l’occasion <strong>de</strong> reprendre confiance dans<br />
<strong>leurs</strong> capacités. Il faut désormais que chacun<br />
puisse tr<strong>ou</strong>ver sa place : l’enfant en<br />
situation d’apprentissage <strong>de</strong> vie, et le père<br />
et la mère, détenteurs <strong>de</strong> l’autorité parentale<br />
en qualité <strong>de</strong> maîtres d’apprentissage.<br />
En travaillant avec la famille dans sa globalité,<br />
<strong>les</strong> droits <strong>de</strong> l’enfant ne s’opposent<br />
plus à ceux <strong>de</strong>s <strong>parents</strong>, mais ils peuvent<br />
cohabiter.<br />
Union Sociale : Sur quels critères<br />
doivent se baser <strong>les</strong> professionnels<br />
p<strong>ou</strong>r procé<strong>de</strong>r à un placement ?<br />
Catherine Sellenet : Sur la notion <strong>de</strong> danger<br />
entre autre, mais t<strong>ou</strong>te évaluation<br />
comporte une part <strong>de</strong> subjectivité en<br />
mettant en œuvre nos propres représentations<br />
<strong>de</strong> la famille, <strong>de</strong> ses rô<strong>les</strong>,<br />
<strong>de</strong>s façons <strong>de</strong> <strong>les</strong> tenir. Les notions <strong>de</strong><br />
risque <strong>de</strong> danger et d’information préoccupante<br />
restent <strong>de</strong>s notions fl<strong>ou</strong>es,<br />
qui amplifient <strong>les</strong> risques <strong>de</strong> dérive du<br />
côté <strong>de</strong> l’arbitraire. D’autre part, t<strong>ou</strong>te<br />
évaluation <strong>de</strong>vrait être complète en<br />
considérant l’enfant dans <strong>les</strong> différents<br />
univers au sein <strong>de</strong>squels il circule, en<br />
prenant en compte <strong>les</strong> points forts<br />
comme <strong>les</strong> points faib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong>,<br />
<strong>les</strong> manques comme <strong>les</strong> ress<strong>ou</strong>rces,<br />
ainsi que cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’enfant.<br />
Xavier Pid<strong>ou</strong>x : Il n’y a <strong>pas</strong> <strong>de</strong> placement<br />
idéal. Cette mesure doit t<strong>ou</strong>t d’abord<br />
tenir compte <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> l’enfant en<br />
lui permettant d’accé<strong>de</strong>r aux formu<strong>les</strong><br />
<strong>les</strong> plus adaptées à son parc<strong>ou</strong>rs. P<strong>ou</strong>r<br />
autant, si le placement doit s’adapter à<br />
la personnalité <strong>de</strong> l’enfant, celui-ci doit<br />
aussi accepter <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> qui régissent<br />
t<strong>ou</strong>te vie en collectivité, à l’instar <strong>de</strong><br />
ce qu’il connaîtra en société. Le premier<br />
critère du placement repose sur<br />
le constat que la vie entre <strong>les</strong> <strong>parents</strong><br />
est <strong>de</strong>venue impossible sans que cela<br />
soit forcément la faute <strong>de</strong> quiconque. Le<br />
<strong>de</strong>uxième critère essentiel rési<strong>de</strong> dans<br />
l’acceptation <strong>de</strong> l’enfant que d’autres<br />
personnes que ses <strong>parents</strong> sont légitimes<br />
à intervenir dans son éducation.<br />
UNION SOCIALE - Juin-Juillet 2011 - N°248<br />
Cet objectif est sans d<strong>ou</strong>te le plus difficile<br />
à atteindre.<br />
Union Sociale : Cette décision<br />
comporte-t-elle <strong>de</strong>s risques ?<br />
Catherine Sellenet : La décision <strong>de</strong> séparation<br />
comporte en effet <strong>de</strong>s risques<br />
signalés par <strong>les</strong> <strong>enfants</strong> eux-mêmes<br />
qui <strong>de</strong>viennent étrangers à leur propre<br />
famille. Le sentiment d’appartenir à<br />
une famille se tisse dans <strong>les</strong> multip<strong>les</strong><br />
petits gestes du quotidien, dans ce que<br />
l’on appelle l’éducation implicite. Or<br />
celle-ci est entravée par la séparation.<br />
De même, <strong>les</strong> liens d’attachement sont<br />
mis à mal, la distance éloigne. Elle ne<br />
permet que rarement <strong>de</strong> maintenir,<br />
modifier, voire encore moins <strong>de</strong> créer<br />
<strong>de</strong>s liens d’attachement.<br />
Xavier Pid<strong>ou</strong>x : Le premier danger est<br />
que l’enfant ne saisisse <strong>pas</strong> le sens du<br />
placement. Dans ces conditions, le<br />
placement t<strong>ou</strong>rne à vi<strong>de</strong> et <strong>de</strong>vient<br />
inutile. Il faut alors réfléchir à d’autres<br />
réponses. En ce sens, t<strong>ou</strong>tes <strong>les</strong> interventions<br />
en amont <strong>de</strong> la rupture qui<br />
permettent <strong>de</strong> redonner du sens à la vie<br />
en famille, d’associer <strong>les</strong> <strong>parents</strong> autant<br />
que <strong>les</strong> <strong>enfants</strong>, constituent <strong>de</strong> vraies<br />
pistes <strong>de</strong> réflexions.<br />
Union Sociale : De nombreux<br />
professionnels affirment qu’à<br />
v<strong>ou</strong>loir laisser trop longtemps<br />
<strong>les</strong> <strong>enfants</strong> dans leur famille en<br />
dépit <strong>de</strong>s difficultés, on crée<br />
<strong>de</strong>s mauvaises conditions <strong>de</strong><br />
placement. Que pensez-v<strong>ou</strong>s <strong>de</strong><br />
cette analyse ?<br />
Catherine Sellenet : Dans <strong>les</strong> années<br />
2000, n<strong>ou</strong>s avions mené une étu<strong>de</strong><br />
comparant <strong>les</strong> trajectoires <strong>de</strong>s <strong>enfants</strong><br />
en fonction <strong>de</strong> la date <strong>de</strong> leur placement<br />
qui confirme cette hypothèse.<br />
Les <strong>enfants</strong> trop longtemps exposés<br />
présentaient plus <strong>de</strong> tr<strong>ou</strong>b<strong>les</strong>, mais ceci<br />
est vrai parce que <strong>les</strong> interventions au<br />
sein <strong>de</strong> la famille avaient été insuffisantes.<br />
On peut penser que le maintien<br />
à domicile, hormis <strong>les</strong> situations <strong>de</strong><br />
danger avéré comme la maltraitance,<br />
change quelque peu la donne et que<br />
la vigilance apportée évite ce type <strong>de</strong><br />
conséquences.<br />
Xavier Pid<strong>ou</strong>x : Le problème du placement<br />
tardif est qu’il ne prend <strong>pas</strong> sens.<br />
Les <strong>enfants</strong> le vivent comme une sanction<br />
et <strong>les</strong> <strong>parents</strong> comme une négation<br />
<strong>de</strong> <strong>leurs</strong> capacités. Cette situation<br />
génère beauc<strong>ou</strong>p <strong>de</strong> culpabilité dans la<br />
famille et d’agressivité à l’encontre <strong>de</strong>s<br />
professionnels. Dans ces conditions, ces<br />
<strong>de</strong>rniers gèrent beauc<strong>ou</strong>p <strong>de</strong> violence<br />
au détriment d’un véritable accompagnement<br />
éducatif.<br />
Union Sociale : A quel<strong>les</strong><br />
conditions le placement peut-il<br />
véritablement j<strong>ou</strong>er un rôle positif<br />
tant p<strong>ou</strong>r le jeune que la famille ?<br />
Catherine Sellenet : Difficile <strong>de</strong> répondre<br />
à cette question mais sans d<strong>ou</strong>te lorsque<br />
le placement n’exacerbe <strong>pas</strong> <strong>les</strong> rivalités<br />
entre <strong>parents</strong> et famille d’accueil,<br />
d’où l’intérêt <strong>de</strong> la formation proposée<br />
aux assistantes familia<strong>les</strong> p<strong>ou</strong>r qu’el<strong>les</strong><br />
puissent déco<strong>de</strong>r ces mécanismes, se<br />
situer dans un rôle <strong>de</strong> suppléance et non<br />
<strong>de</strong> substitution, et donc en ne relayant<br />
<strong>les</strong> <strong>parents</strong> que dans <strong>les</strong> domaines où<br />
ils sont en difficulté : un subtile rôle<br />
d’équilibriste p<strong>ou</strong>r ces famil<strong>les</strong>.<br />
Xavier Pid<strong>ou</strong>x : Le placement n’est <strong>pas</strong><br />
une solution miracle mais il ne doit <strong>pas</strong><br />
non plus constituer une menace. Il faut<br />
l’envisager comme un moyen <strong>de</strong> lutter<br />
contre une gran<strong>de</strong> s<strong>ou</strong>ffrance et se<br />
donner le temps <strong>de</strong> réfléchir à ses conséquences<br />
p<strong>ou</strong>r l’avenir. Le placement est<br />
avant t<strong>ou</strong>t le constat d’une impossibilité<br />
temporaire <strong>de</strong> vivre ensemble. Il ne faut<br />
surt<strong>ou</strong>t <strong>pas</strong> l’envisager comme un échec.<br />
Chacun doit travailler sur cette impossibilité<br />
que ce soit le juge, <strong>les</strong> <strong>enfants</strong><br />
et <strong>les</strong> <strong>parents</strong>, p<strong>ou</strong>r arriver un j<strong>ou</strong>r à la<br />
dé<strong>pas</strong>ser. n<br />
Propos recueillis par Antoine Janbon<br />
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