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Rencontres - Lycée International Alexandre Dumas

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<strong>Rencontres</strong> <strong>Rencontres</strong><br />

8 9<br />

Une conférence avec Benjamin Stora<br />

Comment transmettre l’Histoire ?<br />

France - Algérie<br />

des mémoires encore à vif<br />

Le 8 novembre 2012, à 7h30, le soleil se lève tout doucement sur Ben-<br />

Aknoun et la masse d’élèves entre, encore plus lentement, dans un lycée<br />

tout aussi mouillé que la veille, l’avant-veille… Et, en tendant l’oreille,<br />

comme d’habitude, on peut facilement discerner les petites concierges<br />

liadoises ressasser les ragots de la semaine, les paranoïaques spéculer sur<br />

la probabilité d’avoir un devoir surprise de maths, les footeux batailler<br />

sur les actions de Messi ou de Ronaldo…Et puis, il y a ceux que l’on<br />

entend moins, sur un banc, qui parlent de la table ronde à propos de<br />

la Transmission de l’histoire, à l’Institut français d’Alger, en compagnie<br />

de Benjamin STORA, historien et spécialiste de la guerre d’Algérie ;<br />

Michel WINOCK, professeur émérite à Sciences-Po., cofondateur de la<br />

revue L’Histoire ; Abdelmadjid MERDACI, docteur d’état en sociologie,<br />

enseignant-chercheur à l’Université de Constantine et écrivain ; Lydia<br />

AÎT SAADI BOURAS, chercheuse post-doctorant, rattachée au Centre<br />

ERASME à l’Université Paris VIII Saint-Denis ainsi que Valérie HANNIN,<br />

historienne et directrice de la rédaction du magazine L’Histoire.<br />

Malheureusement, nous pouvons également saisir que personne ne pourra<br />

aller recueillir les précieuses informations à l’IFA cet après-midi-là, en<br />

raison des cours et des contrôles au même moment.<br />

C’est pourquoi, en cette matinée ordinaire, nous avons eu l’idée de<br />

nous rendre nous-mêmes à l’IFA afin de participer à cette conférence,<br />

VH : Pourquoi est-il si difficile<br />

de se mettre d’accord sur une<br />

même version de l’Histoire ?<br />

Benjamin STORA :<br />

Il est difficile de répondre… je<br />

dirais d’abord : on arrive en train<br />

à Paris à la gare d’Austerlitz mais à<br />

Londres, c’est à Waterloo… (Rires<br />

dans la salle). Plus sérieusement, il<br />

faut comprendre qu’il y a eu victoire<br />

et défaite. La France considérait<br />

l’Algérie comme un territoire français,<br />

s’en détacher était difficile, même<br />

impensable encore en 1930, quand il<br />

était question de fêter le centenaire.<br />

Le nationalisme français reposait<br />

en grande partie sur la fierté de son<br />

empire colonial, notamment avec<br />

l’Algérie.<br />

Oui, l’Algérie, plus grande des colonies<br />

de peuplement françaises, a contribué<br />

à fabriquer « l’imaginaire français »<br />

de l’époque. Par contre, pour les<br />

Algériens, cette colonisation était<br />

plutôt synonyme d’humiliation, de<br />

spoliation ou encore de dépossession<br />

foncière…<br />

La défaite a été une blessure<br />

narcissique au nationalisme français.<br />

Amber BOUABDALLAH et Marie KUSTER , Terminale<br />

dans l’espoir surtout de pouvoir interviewer l’emblématique et parfois<br />

controversé historien, Benjamin STORA, sur une idée de M. Bernard, qui<br />

a prévenu l’IFA. C’est donc à partir de ce moment-là que nous (Amber et<br />

Marie) fermons nos cahiers de maths pour ouvrir nos carnets d’apprenties<br />

journalistes. Après une petite mise au point au CDI et quelques recherches,<br />

nous nous munissons de petits papiers, petits crayons, et grattons tout un<br />

tas de questions ! Ce petit travail préalable accompli, nous ne tardons<br />

pas à prendre la route vers Alger centre et arrivons à l’IFA près d’une<br />

heure avant le début de la conférence prévu à 17h00, ce qui nous laisse le<br />

temps de chercher Jean-Claude VOISIN, directeur de l’institut français.<br />

De nombreux journalistes sont présents. L’heure tourne. De plus en plus<br />

de personnes s’activent, se dépêchent, s’empressent. L’institut français<br />

grouille de monde, monsieur VOISIN étant trop occupé, nous sommes<br />

redirigées vers monsieur Rachid ALIK qui nous propose de poser nos<br />

questions à Benjamin STORA en fin de conférence. Benjamin Stora a été<br />

prévenu et n’est pas opposé à l’interview. La foule se presse autour de<br />

la porte, nous nous frayons un chemin et entrons enfin dans la salle de<br />

conférence où les invités prennent place. Autour de nous, des personnes<br />

âgées et des adultes en majorité ; nous sommes les plus jeunes (eh oui, la<br />

moyenne d’âge frôlait au moins la quarantaine).<br />

Valérie HANNIN dirige la séance et, après une introduction sur la guerre d’Algérie en général, lance le débat :<br />

Alors que l’Algérie a finalement<br />

connu la victoire. Le rapport est<br />

donc différent ; du point de vue des<br />

français : la blessure, le traumatisme,<br />

le départ. Du point de vue algérien,<br />

c’est le début, la reconstruction !<br />

C’est donc en abordant la question de<br />

manière réaliste qu’on y répond. Mais<br />

c’est difficile de se mettre d’accord et<br />

de passer ensuite de la connaissance<br />

des faits à leur reconnaissance.<br />

Il reste un important travail politique<br />

à faire, et cela se voit rien qu’en<br />

considérant les débats actuels en<br />

France, alors les recherches ont<br />

énormément progressé : beaucoup de<br />

documents et archives témoignent de<br />

ce qui s’est passé.<br />

Abdelmadjid Merdaci :<br />

Je suis d’accord sur l’idée générale.<br />

Par exemple, le geste de François<br />

Hollande est une première dans<br />

l’histoire de France quant à la<br />

reconnaissance des faits : une sorte<br />

de premier pas. Cependant, je reste<br />

frustré car ce qui s’est passé le 17<br />

octobre 1961 est un crime d’Etat et<br />

non pas seulement une répression<br />

comme il l’a précisé.<br />

VH : Comment le choc a été senti<br />

en Algérie ?<br />

Abdelmadjid Merdaci :<br />

De ce côté de la mer (Algérie), c’est<br />

le silence au niveau de l’Histoire. Je<br />

ne comprends pas. Depuis 1962, ce<br />

sont des rapports d’Etat à Etat qui<br />

prédominent mais quel est le vrai bilan<br />

en Algérie ? La thèse en Algérie ? Où<br />

est la parole ? Ou sont les témoignages<br />

algériens ?<br />

VH : Mais qu’est ce qui empêche<br />

alors l’Histoire de se faire en<br />

Algérie ?<br />

Abdelmadjid Merdaci :<br />

C’est le mythe des 1,5 millions de<br />

martyrs ! (Ndlr : Benjamin Stora<br />

estime à près de 500 000 morts,<br />

en grande majorité des Algériens<br />

musulmans, le bilan meurtrier de la<br />

guerre d’Algérie, à comparer aux 30<br />

000 hommes des pertes militaires<br />

françaises, aux 4 000 morts parmi<br />

les Européens d’Algérie et aux 15 à 30<br />

000 harkis exécutés après les accords<br />

d’Evian). On ne s’est pas libérés de la<br />

violence car elle ne s’est pas seulement<br />

exercée sur les choses matérielles<br />

(dépossession…) mais aussi sur les<br />

citoyens eux-mêmes. Nous ne sommes<br />

pas sortis de l’humiliation.<br />

Michel Winock :<br />

Je commencerai par dire que la France<br />

a vite été « l’ennemi héréditaire ».<br />

On peut d’ailleurs illustrer ce propos<br />

par l’exemple du contentieux francoallemand<br />

énorme. Les Allemands,<br />

qualifiés de « Boches » ou encore de<br />

« Fridolins » étaient l’objet d’une<br />

telle haine telle qu’elle était transmise<br />

de génération en génération. Mais<br />

aujourd’hui, l’accord franco-allemand<br />

n’est pas seulement économique, il<br />

relève aussi d’une forte estime entre<br />

Français et Allemands. Donc pour<br />

revenir à la question, il faudrait<br />

d’abord se poser la suivante : Pourquoi<br />

serait-il impossible entre la France et<br />

l’Algérie de coopérer, d’admettre une<br />

histoire commune alors que la France<br />

et l’Allemagne ont bien réussi, (non<br />

pas sans mal certes) ?<br />

L’interprétation que je donne est<br />

discutée et discutable mais, je<br />

pense, explique bien le problème.<br />

Pour moi, il s’agit bien d’un déphasage<br />

profond entre deux nations : une<br />

jeune nation, l’Algérie, et une vieille<br />

nation, la France.<br />

Pour ce qui est de la France, le<br />

sentiment national est né lentement,<br />

s’est forgé et a eu le temps de mûrir :<br />

il s’est fabriqué dans la durée, à partir<br />

de la fin du 18è siècle, et pas contre un<br />

seul ennemi, par opposition à l’Algérie<br />

dont le cas est bien différent. En effet,<br />

on ne peut considérer l’existence d’une<br />

véritable nation algérienne, au sens où<br />

je l’entends, avant 1830. La conscience<br />

algérienne s’est formée dans la<br />

violence, en direction d’une cible : le<br />

colonisateur. L’indépendance a donc<br />

été la victoire, car consciemment,<br />

l’Algérie a pu vaincre ce qui s’opposait<br />

à son identité.<br />

Cela explique donc la difficulté<br />

à commémorer la « défaite de la<br />

France ». Ce qui, dans un avenir<br />

proche devrait se faire, c’est la<br />

commémoration des Morts.<br />

Lydia Ait Saadi :<br />

Les manuels scolaires sont le fruit<br />

d’une époque et propose un roman<br />

national. Dans les manuels algériens,<br />

l’Algérie n’est pas considérée comme<br />

une nation jeune mais plutôt comme<br />

une nation ancestrale. Basé sur<br />

des mythes du peuple paysan et de<br />

nombreux héros ; le rôle de l’école<br />

algérienne est de renforcer le socle<br />

national. D’ailleurs, en classe de 3ème ,<br />

la nation algérienne a toujours existé<br />

dans les manuels. La violence du<br />

FLN y est mise en valeur, considérée<br />

comme nécessaire et utilisée comme<br />

un des mythes fondateurs du roman<br />

national. Au début des années 1990,<br />

de « nouveaux pères fondateurs » sont<br />

introduits comme Mohamed Boudiaf<br />

mais aussi Messali Hadj, alors qu’ils<br />

étaient occultés auparavant. Encore<br />

une fois, les manuels sont le reflet<br />

d’une époque.<br />

VH : Quels obstacles faudrait-il<br />

franchir pour pouvoir éditer un<br />

manuel franco-algérien ?<br />

Benjamin Stora :<br />

C’est un peu tôt pour un manuel<br />

franco-algérien. Certaines archives<br />

restent fermées notamment celles<br />

traitant de la question de l’utilisation<br />

du Napalm, du problème des disparus,<br />

des radiations…Mais d’autres ont été<br />

ouvertes. Les règlements de comptes<br />

inter-algériens, le problème de<br />

l’enrôlement des harkis restent encore<br />

problématiques… Il reste beaucoup de<br />

choses à faire encore.<br />

Aussi, la reconstruction de l’identité<br />

est très difficile car elle ne peut se faire<br />

d’un seul côté de la Méditerranée. Il<br />

faut de la reconnaissance des deux<br />

parties. Seulement, la parole de la<br />

reconnaissance n’existe pas en France.<br />

Les mentalités, les rapports au monde<br />

différents, font que l’éloignement<br />

est inévitable. Il faut faire le point,<br />

prendre conscience des choses ; le<br />

constat est donc évident : la séparation<br />

est rendue obligatoire.<br />

Michel Winock :<br />

En 2007, Nicolas Sarkozy reconnait<br />

pour la première fois que la<br />

colonisation française avait été une<br />

grande faute.<br />

Réponse de Benjamin Stora à<br />

Michel Winock :<br />

Ces paroles n’ont été suivies d’aucun<br />

fait concret. Le matin, il fait le procès<br />

de la colonisation, le soir, il fait un<br />

nouveau discours pour vanter les<br />

mérites et les apports de la colonisation<br />

française en Algérie. Entre le matin<br />

et le soir, il ne faut pas prendre les<br />

Algériens pour des cons !<br />

A propos des pieds noirs…<br />

Michel Winock :<br />

Les pieds noirs, nous les avons<br />

rendus coupables. A l’époque,<br />

quand je débutais ma carrière<br />

politique, à l’UNEF, où je militais<br />

pour l’indépendance de l’Algérie,<br />

nous les appelions les gêneurs, il y<br />

avait une sorte de consensus pour<br />

dire que c’était à cause d’eux qu’il y<br />

avait la guerre, à cause de ces « un<br />

million de personnes » ; nous les<br />

détestions. Mais avec le recul, je ne<br />

peux le penser maintenant. Avoir une<br />

vision si manichéenne aujourd’hui est<br />

impossible parce qu’il s’agit d’un des<br />

multiples aspects douloureux de cette<br />

guerre.<br />

Abdelmadjid Merdaci:<br />

Le général de Gaulle n’a pas abandonné<br />

les Français. Je pense qu’il faut dire<br />

stop à ce syndrome de victimisation<br />

des Français retournés en France ! Les<br />

Pieds-noirs ne sont pas des victimes !<br />

Dans les coulisses<br />

Comment rater une conférence<br />

de Benjamin Stora<br />

Il est 16h15, nous courons<br />

avec mon camarade. Dans une<br />

heure précisément, la table ronde<br />

avec Benjamin Stora et d’autres<br />

éminents historiens va commencer<br />

à l’IFA, nous passons les grilles<br />

du lycée, montons en voiture<br />

et pour une fois, la circulation<br />

est relativement fluide mais pas<br />

suffisamment pour aller vite. Nous<br />

arrivons enfin à l’IFA, il est 16h58.<br />

A priori, nous sommes là à temps,<br />

mais une femme à l’accueil nous<br />

retarde, demandant une feuille<br />

de papier (nos cartables nous<br />

trahissent)… Cinq minutes passent.<br />

Nous franchissons le portique de<br />

sécurité, et là surprise, il y a déjà<br />

une petite foule qui attend en bas<br />

de l’escalier menant à la salle<br />

et les portes sont fermées. En<br />

tendant l’oreille, nous entendons<br />

que celle-ci est déjà pleine. Que<br />

faire, hélas ? Nous patientons, une<br />

heure passe, des personnes ayant<br />

assisté à la conférence sortent mais<br />

malgré cela, nous ne pouvons pas<br />

rentrer. Les portes s’ouvrent enfin,<br />

il est 19h30… mais c’est pour<br />

nous permettre l’accès à un autre<br />

événement (le vernissage d’une<br />

exposition). Que de tristesse, que<br />

Une tentative d’interview<br />

avec Benjamin Stora<br />

Le public commence à sortir de la salle et nous suivons Benjamin STORA des<br />

yeux : pas question de le laisser partir sans interview, au moins deux ou trois<br />

questions, d’autant qu’il a été prévenu.<br />

Visiblement, il faudra encore<br />

patienter : une longue séance<br />

d’autographes débute. Aux aguets,<br />

Marie et Amber, nous surveillons ses<br />

moindres faits et gestes. L’historien<br />

se lève ! Non, ce n’était que pour<br />

prendre une photo. Il se rassoit. Les<br />

demandeurs d’autographes se font<br />

plus rares, la fin semble proche. Nous,<br />

jeunes journalistes liadoises en herbe,<br />

nous aventurons alors tout droit vers<br />

l’homme à interviewer. M. Bernard<br />

nous fait confiance et reste en retrait.<br />

Et, après un interminable temps<br />

d’attente rempli d’espoir, nous nous<br />

retrouvons enfin en face de lui, la star,<br />

et surtout, en face de celui qui parle de<br />

notre pays, l’Algérie. « Bonsoir, nous<br />

sommes élèves au lycée international<br />

<strong>Alexandre</strong> <strong>Dumas</strong> d’Alger et nous<br />

aimerions vous poser quelques<br />

questions à propos de votre film<br />

Guerre d’Algérie, la déchirure ainsi<br />

que sur votre histoire personnelle. Tout<br />

cela, pour le journal du lycée ». Nous<br />

préférerions vous épargner la réponse<br />

exaspérée de notre interlocuteur…<br />

mais après tout, notre temps<br />

d’interview fut tellement court, qu’il<br />

serait bien dommage de n’en retirer ne<br />

serait-ce qu’une dizaine de seconde !<br />

Profitons au maximum de tout ce qu’il<br />

nous a été donné d’entendre ! Les cinq<br />

premières secondes n’étant ni plus ni<br />

moins qu’un long soupir ennuyé....<br />

Les cinq autres ne nous affolèrent pas<br />

tant que ça quant à la prise de note,<br />

puisqu’elles se limitèrent à : « Je n’ai<br />

pas le temps ! ». Très légèrement<br />

frigorifiées, nous insistons. « Une<br />

question alors ! » dit-il. Tout en nous<br />

demandant quelle question nous allons<br />

poser parmi toutes celles que nous<br />

avions préparées… Amine HAFIDI,<br />

élève de 1ère , filme cette scène, plus que<br />

décevante. « De quelles sources êtesvous<br />

parti pour votre film ? Ont-elles<br />

déterminé votre angle d’approche ? ».<br />

Benjamin STORA, toujours aussi<br />

accablé, répond : «L’angle c’est celui du<br />

de temps perdu ! Mais surprise,<br />

une des personnes employées<br />

sur place ayant vu l’abattement<br />

dans lequel j’étais avec d’autres<br />

personnes, nous conduit par une<br />

porte dérobée dans la salle de<br />

conférence. La rencontre peut enfin<br />

avoir lieu, je me fais dédicacer<br />

mon exemplaire de La Guerre<br />

d’Algérie par Benjamin Stora… et<br />

je retrouve également dans la salle<br />

notre documentaliste M. Bernard<br />

et deux élèves chargées de rédiger<br />

récit chronologique de la guerre, tout<br />

est dans les archives et ces archives sont<br />

celles de l’armée française, de l’UCPA,<br />

archives bulgares, américaines, de<br />

l’Allemagne de l’est et les archives de<br />

l’INA. Ca vous va comme ça ?». Nous<br />

insistons encore, et posons une seconde<br />

question : « Comment avez-vous vécu<br />

votre départ d’Alger en 1962 ? ». Peutêtre<br />

que aurions mieux fait de nous<br />

abstenir tant l’éclaircissement fut<br />

insipide et assommant par l’absence<br />

totale d’informations : « Je ne sais<br />

pas, j’étais trop jeune. ». Ce à quoi<br />

nous rétorquons : « Mais vos parents<br />

ne vous en ont-ils jamais parlé ? ». Là<br />

encore, le commentaire de monsieur<br />

STORA est vide. Mais cette fois nous<br />

restons sans voix puisque sa réponse<br />

ne sera pas plus détaillée que ce<br />

malheureux « non ». L’historien se<br />

lève ! Oui, mais c’est pour immortaliser<br />

le moment, les yeux soudain pétillants :<br />

les photographes de la presse sont là et<br />

il est évidemment plus intéressant de<br />

leur consacrer du temps.<br />

Le 08.11.2012, 19h30, le soleil a<br />

disparu du ciel Alger depuis un bon<br />

moment. Amber et Marie, deux jeunes<br />

journalistes liadoises en herbe ;<br />

Amine HAFIDI, jeune caméraman<br />

brillant ainsi que Frédéric BERNARD<br />

documentaliste, font le point sur cette<br />

journée bien mouvementée. Une table<br />

ronde, qu’il ne fallait effectivement pas<br />

manquer avec des débats extrêmement<br />

riches et passionnants. Il est cependant<br />

regrettable qu’un historien tel que<br />

Benjamin STORA n’est pas été capable<br />

d’accorder plus d’une minute et 28<br />

secondes de son précieux temps à des<br />

jeunes adolescentes venues exprès pour<br />

l’interviewer. Quel contraste avec des<br />

personnalités telles qu’Axel Kahn ou<br />

Edwy Plenel, dont les interviews sont<br />

publiées dans votre journal préféré,<br />

qui avaient su se rendre disponibles,<br />

avec beaucoup de générosité.<br />

Amber BOUABDALLAH<br />

et Marie KUSTER Terminale<br />

un article sur la conférence… M.<br />

Bernard m’apprend qu’il m’aurait<br />

fait rentrer si je l’avais prévenu…<br />

désespoir. Voilà, en somme,<br />

comment s’est déroulée pour moi la<br />

conférence hautement intéressante<br />

qu’il ne fallait absolument pas<br />

rater mais à laquelle je n’ai pu,<br />

hélas, assister avec mon camarade<br />

qui d’ailleurs avait disparu, hélas<br />

pour lui, au moment de retrouver<br />

le grand Benjamin Stora.<br />

Amine Hafidi, 1ère ES

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