La logistique textile logée à bonne enseigne - CCI de Troyes et de l ...

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Dossier réalisé par Laurent Locurcio et Philippe Schilde
Les régions de culture industrielle
textile – l’Aube en fait
partie – ont développé un
savoir-faire logistique.
De ce point de vue, l’Aube est
bien située, grâce à sa proximité
avec le bassin parisien,
des infrastructures performantes
et multimodales, et
une main d’œuvre qualifiée.
Plus que jamais, la logistique est le nerf
de la guerre dans l’industrie textile.
Plusieurs phénomènes y contribuent
depuis quelques années. Parmi ceux-ci, la
délocalisation de la production hors de
France et la généralisation de pratiques
telles que le sourcing, surtout à partir de
1995. Il reste qu’une marque doit pouvoir
garantir au consommateur un même niveau
de qualité, quel que soit le pays d’origine du
produit.
C’est ce qu’a choisi de faire Petit Bateau en
centralisant dans l’Aube sa logistique internationale.
Le site de Pont-Sainte-Marie
reçoit tous les articles de la marque, qu’ils
aient été fabriqués à Troyes, à Tonnerre et
surtout en Tunisie et au Maroc, où est
concentré l’essentiel de la production.
Mais c’est bien à Troyes qu’est réalisé
l’ultime contrôle qualité. Une mission essentielle,
toujours plus simple à mener à bien
dans un département où le savoir-faire textile
est toujours présent. Les contrôleurs qualité
travaillent dans ce centre logistique, où plus
de 700 mètres de tapis roulant alimentent
les ateliers de picking.
Quotidiennement, les colis destinés aux
boutiques Petit Bateau et à tous les autres
points de vente en France et à l’étranger,
partent de Troyes. Un lieu stratégique pour
l’entreprise qui a centralisé et expédié 30
millions de pièces en 2006.
Le centre logistique de Petit Bateau à Pont-Sainte-Marie.
La logistique textile
logée à bonne enseigne
Cette organisation logistique a permis
aussi de faire passer le chiffre d’affaires de la
marque de 64 à 248 millions d’euros en une
vingtaine d’années. Et de maintenir l’emploi
en faisant passer bon nombre de salariés de
la production à la logistique.
Plate-forme mondiale
Second phénomène important : le développement
des systèmes informatiques et
l’apparition de chaînes de distribution.
L’informatique permet la gestion à distance
de tous les points de distribution. C’est le cas
de Devanlay, qui gère informatiquement
depuis Troyes le millier de boutiques
Lacoste à travers le monde. Devanlay, qui
produit tous les articles textiles, assure également
la logistique du crocodile Lacoste.
C'est de Troyes que partent la plupart des
vêtements Lacoste livrés dans le monde
entier. Depuis 2003, c'est un entrepôt logistique
ultramoderne de 26.000 m 2 , situé sur
la zone industrielle des Ecrevolles à Troyes,
qui assure les expéditions mondiales et la
logistique européenne du groupe textile.
En fait, la plate-forme reçoit tous les
articles textiles fabriqués en Europe et en
Afrique du Nord et expédie annuellement
plus de 13 millions de pièces vers plus de
70 pays. Au passage, chaque article est
soigneusement contrôlé.
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Les produits signés Lacoste ne souffrent pas
le moindre défaut, et l'outil logistique
construit aux Écrevolles fait partie intégrante
de la politique de qualité mise en place par
l'industriel troyen.
Production et logistique
Même les marques plus récentes misent
sur la logistique. C’est le cas de Ryvia qui fait
le succès depuis 2000 de la marque Pause-
Café. Dès le départ, l’objectif était clairement
affiché : centrer les efforts sur la création et
les prototypes, maîtriser la distribution et la
logistique et délocaliser la totalité de la
production, principalement en Tunisie.
Depuis Sainte-Savine, où est assuré le
contrôle des produits finis, une plate-forme
logistique assure les approvisionnements et
les réassortiments quotidiens d’une quarantaine
de boutiques en propre, auxquelles
s’ajoutent plus de 700 détaillants multimarques
en France et 500 à l’étranger. En sept ans, le
chiffre d’affaires annuel est passé de 6 à 24 millions
d’euros et Ryvia affiche pour 2008 un
objectif à l’export de 7 millions d’euros !
Associer la maîtrise de la création et de la
mise au point des collections à celle de la
logistique sur un même site semble bien
être la bonne formule. D’autant que la
mode ne cesse de se démultiplier : le
nombre de collections annuelles explose,

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la durée de vie de chaque modèle se
raccourcit, et la réactivité est devenue obligatoire.
Dans ce contexte, le fait que Troyes soit
le plus grand centre européen de magasins
d’usines textiles est une opportunité pour la
gestion des retours et des deuxièmes choix.
Et le développement de la logistique textile
est loin d’être terminé. Le système RFID a
fait une entrée remarquée dans les magasins
d’habillement. Ces étiquettes intelligentes
lues par radiofréquences dialoguent en
temps réel avec les systèmes informatiques.
Du coup, les centres logistiques textiles,
au même titre d’ailleurs que les usines, sont
informés en temps réel de la vente de
chaque article.
Il leur incombe d’assurer aussitôt le réassort
de magasins d’habillement, qui ont
désormais transformé leur arrière-boutique
en espace de vente. Logique, puisque tous
les stocks, ceux des usines textiles comme
ceux des magasins d’habillement, sont
aujourd’hui concentrés dans les centres
logistiques.
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Une spécialité
Une récente étude de la CCI confirme
que 75 % des entreprises internalisent
leur logistique textile et limitent le
nombre de leurs entrepôts. Cependant, la
logistique textile reste une vraie spécialité,
et les prestataires auxquels on fait
appel en cas d’externalisation, disposent
d’un savoir faire spécifique.
Côté localisation, ces centres logistiques
sont répartis entre les régions de
culture textile, les grands bassins de
consommation, et les zones portuaires
pour certains.
Enfin, lorsque les entreprises évoquent
leurs projets, elle soulignent l’importance
d’une main d’œuvre qualifiée. Certaines
optent pour l’agrandissement plutôt
qu’une nouvelle implantation, pour
conserver leur main d’œuvre.
Dans ce contexte, l’Aube est plutôt
bien placée, grâce à sa proximité avec
le bassin parisien, ses infrastructures
performantes, et ses ressources humaines
conséquentes.
Plus d’info :
www.aube-developpement.com
Décathlon joue la carte régionale
Spécialiste de la distribution
d’articles de sport et de loisirs,
Décathlon a établi un maillage
logistique de tout le territoire national
pour approvisionner ses magasins.
Christophe Banderet, responsable
logistique France de Décathlon, explique
comment le groupe nordiste organise
son approvisionnement.
« Nos centres logistiques en France, où
travaillent plus de 1500 collaborateurs,
sont multi-produits. La part d’activité liée
au textile est bien entendu très importante,
mais ces centres assurent également la
réception et la distribution de tous les
articles disponibles dans nos magasins.
Nous avons deux types de centres logistiques.
D’abord, trois centres situés au
barycentre de nos fournisseurs et qui se
trouvent dans le Nord, à Lyon et à
Marseille. Ces centres réceptionnent les
articles et approvisionnent en continu neuf
sites logistiques régionaux. Ces derniers,
gèrent 25.000 à 30.000 références sur
30.000 m 2 et alimentent quotidiennement
une trentaine de magasins situés à deux ou
trois heures de camion.
Avec le développement de nos magasins,
nous allons implanter d’autres centres
logistiques régionaux dans les années à
venir. L eur localisation, devra obligatoirement
se situer au barycentre d’une zone
englobant une trentaine de magasins, être
très bien desservie au niveau routier et
accueillir déjà des transporteurs performants,
à qui confier nos expéditions vers
les magasins.
Les centres tournés vers nos fournisseurs
répondent à une autre logique, comme la
multi-modalité. Par exemple, la proximité
de grands ports permet de réceptionner les
marchandises expédiées par nos fournisseurs
étrangers. En fait, chaque site logistique
doit répondre à des caractéristiques
bien précises en fonction des flux que nous
devons organiser. Tout cela suppose, pour
le choix d'une nouvelle implantation, une
étude minutieuse des réseaux d'infrastructures,
du potentiel du bassin d'emploi pour
le recrutement et des capacités des entreprises
de transports. »

CEPL mise beaucoup sur l’e-commerce
Thierry Bruneau, directeur général
de la Compagnie Européenne de
Prestations Logistiques illustre les
évolutions en cours dans son métier.
CEPL est une entreprise de logistique
en forte croissance (+ 20 % en moyenne),
dont le chiffre d’affaires avoisine les 148 M€.
Avec une vingtaine de sites en France et en
Allemagne et près de 2 800 salariés, cette
société, créée en 1998, s’est spécialisée sur
la préparation de commandes de détails
multi-produits et multi-clients. Elle a su
mettre à profit le mouvement d’externalisation
des activités logistiques et entend bénéficier
du véritable démarrage de l’e-commerce.
« Nous travaillons pour de très grands
noms de la cosmétique, du parfum, de la photographie,
du textile, des articles de sport, etc.
Notre force, c’est notre capacité à rassembler
dans un même carton des produits diffé-
rents destinés tant à un point de vente
qu’à un consommateur final ».
CEPL ne traite pas le transport, mais se
concentre sur le picking de détail, ce qui
nécessite des moyens informatiques très
pointus. « Nous échangeons en temps réel
avec nos clients et nous maîtrisons tous les
flux dans et entre nos entrepôts », précise le
DG. L’expertise acquise dans le B to B permet
à CPEL d’évoluer aujourd’hui dans le B to C
avec une certaine facilité.
C’est un atout qui n’a pas échappé aux
nouveaux opérateurs de la vente à distance,
toujours plus nombreux à mettre en ligne
des catalogues virtuels. « Que la prise de
commande se fasse de manière traditionnelle
ou via Internet, nous savons répondre. La
vente en ligne devient stratégique. Nous
accompagnons de grandes marques dans
cette évolution ».
Eurodif : le choix troyen s’imposait
Distributeur textile français, Eurodif
est installé dans l’Aube depuis 1991.
Aujourd’hui, sa plate-forme de
Lavau alimente 85 magasins en France.
André Céna, directeur de la logistique pour
Eurodif, explique la stratégie de son entreprise.
Pourquoi avez-vous choisi de
développer une importante plateforme
de logistique textile à Troyes ?
Historiquement, nous sommes originaires
de Brest. Faire de la logistique quand on est
localisé au bout de la Bretagne, c’est nettement
plus compliqué qu’à partir d’une ville comme
Troyes, parfaitement bien située géographiquement
sur la carte de France. Le chef-lieu de
l’Aube est localisé sur un nœud autoroutier
intéressant. Cela nous permet d’alimenter nos
magasins à J+1. Nous pouvons réapprovisionner
très vite toutes nos boutiques, qu’elles se
trouvent à Strasbourg, à Nice ou à Pau. La
réactivité, pour nous, est un facteur déterminant.
Nous tenons nos engagements en 24
heures.
Vous êtes arrivés dans l’Aube en
1991, en vous installant d’abord à
La Chapelle-Saint-Luc, puis à Lavau,
toujours dans l’agglomération
troyenne, en 2006. Avez-vous,
à l’occasion de ce changement de
locaux, été tentés de comparer avec
les offres d’autres villes ?
Non, pas une seconde, nous n’avons cherché à
aller voir ailleurs. Nous étions à La Chapelle-
Saint-Luc. A l’échéance du bail, nous avons
fait le choix de déménager pour des bâtiments
plus vastes et fonctionnels. Ce repositionnement
est en phase avec notre volonté de développer
notre activité sur l’Aube. Au-delà de la
question des entrepôts, il faut prendre en
considération l’aspect humain. Ici, nous
avons trouvé assez facilement un personnel de
qualité.
Nous ne voulions surtout pas les perdre. Ces
salariés font partie de notre histoire, ils sont
disponibles, compétents et travailleurs, véritablement
attachés aux valeurs de notre entreprise.
Au fil des embauches, les nouveaux s’intègrent
bien. C’est sur ce socle-là que nous voulons
continuer à progresser.
Justement, quels sont vos projets ?
Actuellement, nous traitons à Troyes
quelque 15 millions de pièces par an,
c’est-à-dire cinq à six semi-remorques au
départ de l’entrepôt par jour. Les flux entrants
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Thierry Bruneau, DG de CEPL.
proviennent à 40 % de l’Union européenne
et à 60 % de l’import. Nous avions spécialisé
Troyes dans la mode, le vêtement, mais nous
allons élargir ici notre activité au linge de maison.
Nous allons donc doubler nos rackages,
passer de 5 000 m 2 à 10 000 m 2 d’occupation.
Aux 26 salariés en CDI actuellement recensés,
nous devrions en ajouter progressivement une
dizaine.
Vous avez fait le choix d’une logistique
intégrée, mais avec quels
transporteurs travaillez-vous ?
Nous avons noué des partenariats avec de
grands transporteurs nationaux tels que
Mory, Joyau ou TAT, mais aussi avec un
transporteur régional, notre voisin Stralog.
C’est important quand nous avons besoin
d’écrêter des pointes d’activité. L’activité dans
le domaine du transport et de la logistique va
d’ailleurs se densifier assez considérablement
dans la région de Troyes dans les mois et les
années à venir.
Les élus de ce département viennent de
faire sortir de terre un parc d’activités impressionnant
situé au sud de l’agglomération
troyenne, au croisement des autoroutes A5 et
A 26. Prologis y a construit les premiers
entrepôts. Les distributeurs actuellement en
région parisienne ne vont pas manquer de
s’intéresser à un équipement de cette nature. Ils
ne tarderont pas à découvrir toutes les facilités
offertes à partir de Troyes.