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Rapport sur le partenariat euroméditerranéen 2003 - Femise

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RAPPORT DU FEMISE <strong>2003</strong> SUR LE<br />

PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN<br />

Analyses et propositions du<br />

Forum Euro-Méditerranéen des Instituts Economiques<br />

Heba Handoussa, Economic Research Forum, Egypte<br />

Jean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France<br />

Coordonnateurs<br />

Septembre <strong>2003</strong><br />

Ce rapport a été réalisé avec <strong>le</strong> soutien financier de<br />

la Commission des Communautés Européennes. Les<br />

opinions exprimées dans ce texte n’engagent que<br />

<strong>le</strong>s auteurs et ne reflètent pas l’opinion officiel<strong>le</strong> de<br />

la Commission.<br />

Institut de la Méditerranée<br />

C A I SSE D EPA R G N E<br />

PROVENCE - ALPES - CORSE<br />

FEMISE<br />

<strong>2003</strong>


RAPPORT FEMISE <strong>2003</strong> SUR<br />

LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN<br />

Septembre <strong>2003</strong><br />

Ce rapport a été présenté au Steering Committee du FEMISE,<br />

réuni à Marseil<strong>le</strong> <strong>le</strong> 28 juil<strong>le</strong>t <strong>2003</strong>.<br />

Membres du Steering Committee :<br />

Heba HANDOUSSA, Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte<br />

Jean-Louis REIFFERS, Institut de la Méditerranée, France<br />

Sergio ALESSANDRINI, Istituto d’Economia, Universita Luigi Bocconi, Italie<br />

Aziz Al KAZAZ, Deutches Orient Institut, University of Hamburg, Al<strong>le</strong>magne<br />

Bruno AMOROSO, Federico Caffe Center, Roskilde University, Danemark<br />

Slimane BEDRANI, Centre de Recherches en Economie Appliquée pour <strong>le</strong> Développement, Algérie<br />

Driss BEN ALI, Centre d’Etudes Stratégiques, Université Mohammed V, Maroc<br />

Agnès CHEVALLIER, Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationa<strong>le</strong>s, France<br />

Michael GASIOREK, Sussex University, Royaume-Uni<br />

Mohieddine HADHRI, Centre d’Etudes Méditerranéennes et Internationa<strong>le</strong>s, CETIMA, Tunisie<br />

Hanaa KHEIR ELDIN, Faculty of Economics and Political Studies, Cairo University, Egypte<br />

A<strong>le</strong>jandro LORCA CORRONS, Universidad Autonoma de Madrid, Espagne<br />

Samir MAKDISI, Economics Department, American University in Beirut, Liban<br />

Tuomo MELASUO, University of Tampere, TAPRI, Finlande<br />

Seyfeddin MUAZ, Royal Scientific Society, Jordanie<br />

Yilmaz ÖZKAN, Center for Mediterranean Studies, Turquie<br />

Meine Pieter Van DIJK, Economic Faculty, Erasmus University, Hollande<br />

Avec la contribution de :<br />

Frédéric Blanc Institut de la Méditerranée, France<br />

Yasmin Fahim Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte<br />

Nathalie Grand Institut de la Méditerranée, France<br />

Maryse Louis Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte<br />

Diaa Nour El Din Economic Research Forum for the Arab Countries, Iran & Turkey, Egypte<br />

Nathalie Roux Centre d’Economie et de Finances Internationa<strong>le</strong>s, France<br />

-iii-


TABLE DES MATIERES<br />

A/ SIX ORIENTATIONS PRINCIPALES POUR LE DÉVELOPPEMENT<br />

I- Couvrir <strong>le</strong>s besoins en emplois, une nécessité impérieuse . . . . . . . . . . . . . . p.1<br />

a- Un problème qui ne réside plus dans l’évolution démographique mais dans la<br />

structure de la population. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.2<br />

b- Une transition démographique largement entamée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.2<br />

c- Un objectif central, obtenir une croissance sensib<strong>le</strong>ment plus forte et<br />

créatrice d’emplois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.5<br />

d- Un besoin de nouveaux emplois considérab<strong>le</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.6<br />

II- Consolider un actif, la stabilisation macro-économique . . . . . . . . . . . . . . . p.8<br />

a- Une macroéconomie stabilisée qui a pu, jusqu’ici, résister aux chocs . . . . . . . . . . . p.8<br />

b- Des contraintes et des rigidités contre-productives à long terme qui pèsent<br />

<strong>sur</strong> l’action des gouvernements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.14<br />

c- La stratégie de l’Etat employeur en dernier ressort, des effets de long terme<br />

néfastes qui pèsent <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s capacités de croissance futures . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.17<br />

III- Améliorer la vitalité de la croissance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.19<br />

a- Privilégier l’action <strong>sur</strong> la productivité globa<strong>le</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.19<br />

b- Accélérer la mise en oeuvre des réformes nécessaires pour modifier <strong>le</strong> régime de<br />

croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.23<br />

IV- Conforter la compétitivité dans <strong>le</strong>s échanges de biens et services et<br />

l’attractivité des capitaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.30<br />

a- Les échanges de biens : l’ouverture des PM progresse, particulièrement avec l’UE,<br />

mais <strong>le</strong>s échanges ne sont pas assez diversifiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.31<br />

b- Les échanges de services : des avantages comparatifs aujourd’hui limités<br />

dans <strong>le</strong>s services commerciaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.33<br />

c- La décennie manquée en matière d’IDE, un déclin de l’attractivité comparée<br />

qui semb<strong>le</strong> se corriger actuel<strong>le</strong>ment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.35<br />

d- Etude d’un cas : un secteur menacé, <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment en Méditerranée . . . . . p.40<br />

V- Modifier une dynamique du marché du travail freinée par la structure de l’emploi,<br />

l’inadéquation de la formation et la législation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.53<br />

VI- Contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong> développement de la pauvreté, une contrainte absolue. . . . . p.56<br />

a- Une pauvreté qui ne s’étend pas mais qui gagne en profondeur . . . . . . . . . . . . . p.56<br />

b- La lutte contre la pauvreté et <strong>le</strong>s performances des économies . . . . . . . . . . . . . . p.59<br />

c- La migration dans <strong>le</strong>s pays du Sud de la Méditerranée, conséquence<br />

de la pauvreté et du chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.60<br />

d- La question de l’emploi des femmes et de <strong>le</strong>urs revenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.64<br />

B/ MONOGRAPHIES SUR LA SITUATION MACRO-ECONOMIQUE DES PM . . . . . . . . . . . . . . . . p.69<br />

Notes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.143<br />

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.143<br />

Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.147<br />

-iv-


RAPPORT FEMISE <strong>2003</strong> SUR<br />

LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN<br />

Le développement des sociétés méditerranéennes<br />

dans <strong>le</strong>s prochaines années va devoir s’organiser<br />

autour de l’articulation d’un impératif et d’un actif.<br />

L’impératif est de répondre aux besoins d’emplois<br />

considérab<strong>le</strong>s des 15 prochaines années. L’actif,<br />

qui s’est construit tout au long des années 90 au<br />

prix de lourds efforts, est la stabilisation macroéconomique<br />

pour laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s performances des PM<br />

sont à l’éga<strong>le</strong> des meil<strong>le</strong>urs pays en développement<br />

et des nouveaux candidats. A l’évidence,<br />

cette stabilisation n’a pas permis la revitalisation<br />

des sociétés méditerranéennes. Mais, sans el<strong>le</strong>,<br />

aucune construction n’est possib<strong>le</strong>. Sans el<strong>le</strong>, on<br />

peut se demander comment <strong>le</strong>s PM auraient pu<br />

résister aux nombreux chocs externes qu’ils ont<br />

subis ces trois dernières années.<br />

Selon <strong>le</strong> <strong>Femise</strong>, cette articulation est possib<strong>le</strong> en<br />

suivant six grandes orientations :<br />

√ couvrir <strong>le</strong>s besoins en emplois,<br />

√ consolider la stabilisation macroéconomique,<br />

√ améliorer la vitalité de la croissance,<br />

√ conforter la compétitivité dans <strong>le</strong>s échanges<br />

et l’attractivité des capitaux,<br />

√ modifier la dynamique des marchés du travail<br />

freinée par la structure de l’emploi, l’inadéquation<br />

de la formation et la législation,<br />

√ contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong> développement de la pauvreté.<br />

Le problème des besoins en emploi<br />

n’est plus une question démographique, contingente<br />

aux diverses hypothèses que <strong>le</strong>s spécialistes<br />

peuvent faire et, donc, discutab<strong>le</strong>s. C’est un fait<br />

qu’illustrent parfaitement deux simp<strong>le</strong>s chiffres :<br />

Septembre <strong>2003</strong><br />

RÉSUMÉ EXÉCUTIF<br />

-v-<br />

en 2000, la population des moins de 15 ans, ceux<br />

qui chercheront bientôt une activité, s’élève à plus<br />

de 80 millions de personnes et dépasse la population<br />

active qui représente, el<strong>le</strong>, près de 74 millions<br />

de personnes.<br />

Les PM sont en effet indiscutab<strong>le</strong>ment entrés en<br />

phase de transition démographique. Les taux de fertilité<br />

ont baissé, comme <strong>le</strong> rythme de croissance de<br />

la population. Mais, la transition n’étant pas achevée,<br />

la population active ne suit pas la même tendance<br />

et son taux de croissance augmente toujours.<br />

L’existence d’une population active nombreuse,<br />

assortie d’une transition démographique rapide,<br />

peut fort bien être transformée en avantage économique<br />

puissant, notamment par <strong>le</strong> jeu du cyc<strong>le</strong><br />

épargne-investissement. C’est d’ail<strong>le</strong>urs ce qui<br />

explique en partie <strong>le</strong> « mirac<strong>le</strong> asiatique » dans <strong>le</strong>s<br />

années 70-80. Mais, il est alors indispensab<strong>le</strong> que<br />

la vitalité des économies soit suffisante pour offrir<br />

<strong>le</strong>s postes de travail nécessaires à la transformation<br />

de la population « jeune » en population « active »,<br />

des postes suffisamment productifs pour que cet<br />

accroissement de l’emploi ne se fasse pas au détriment<br />

du salaire réel ni de la compétitivité.<br />

Pour <strong>le</strong>s PM, on peut évaluer l’amp<strong>le</strong>ur du défi que<br />

représente la couverture des besoins en emplois.<br />

Dans <strong>le</strong>s quinze prochaines années, compte tenu<br />

de la structure actuel<strong>le</strong> de la population et des<br />

marchés du travail, il faudra près de 34 millions<br />

de nouveaux postes pour ne pas dégrader la<br />

situation existante pourtant déjà préoccupante.<br />

L’amélioration nécessaire des taux d’activité, rela-


tivement bas dans la plupart des PM, accroît encore<br />

l’effort puisque atteindre <strong>le</strong> taux d’activité<br />

moyen de l’Union réclamera 50,3 millions<br />

d’emplois supplémentaires.<br />

Parvenir à cet objectif ne pourra se faire<br />

sans poursuivre la stabilisation macroéconomique.<br />

Les PM ont maintenant acquis une véritab<strong>le</strong><br />

maîtrise de <strong>le</strong>urs grands équilibres, notamment<br />

dans <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de l’inflation et du déficit<br />

budgétaire (à l’exception du Liban et de la<br />

Turquie). Les politiques monétaires rigoureuses<br />

employées s’avèrent saines et <strong>le</strong>ur permettent<br />

d’éviter <strong>le</strong> recours au seigneuriage. Malgré des<br />

taux de chômage encore importants et des taux de<br />

croissance du PIB positifs mais insuffisants vis-àvis<br />

du besoin de création d’emploi, la région dispose<br />

là d’un véritab<strong>le</strong> actif qu’il faut absolument<br />

préserver pour bâtir une stratégie de développement<br />

soutenab<strong>le</strong>. Atout acquis par un cheminement<br />

progressif, ce qui l’a ancré dans <strong>le</strong>s pratiques<br />

gouvernementa<strong>le</strong>s, il a permis aux PM de préserver<br />

<strong>le</strong>ur cohésion sociéta<strong>le</strong> malgré la succession de<br />

chocs internes (sécheresses) et externes (diminution<br />

du tourisme, hausse des cours du pétro<strong>le</strong>)<br />

qu’ils viennent de subir en peu de temps.<br />

La consolidation de cet actif va nécessiter en premier<br />

lieu de repenser l’action des gouvernements<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan de la structure budgétaire et de <strong>le</strong>urs<br />

stratégies d’emplois dans <strong>le</strong> secteur public.<br />

La fiscalité est un point où <strong>le</strong>s PM peuvent restaurer<br />

certaines marges de manœuvre sans<br />

remettre en cause la stabilisation macro-économique,<br />

car <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s rigidités auxquel<strong>le</strong>s ils<br />

doivent faire face peuvent rapidement être résolues.<br />

Côté recettes, la perte due à l’abaissement<br />

des droits de douanes semb<strong>le</strong> parfaitement soutenab<strong>le</strong><br />

en regard des expériences de la Jordanie et<br />

de la Tunisie, où l’augmentation de l’activité liée à<br />

l’ouverture engendre <strong>le</strong>s recettes fisca<strong>le</strong>s compensant<br />

<strong>le</strong>s pertes initita<strong>le</strong>s. Encore faut-il que <strong>le</strong> système<br />

fiscal combine de manière optima<strong>le</strong> la fiscalité<br />

directe et indirecte. Côté dépenses, on ne peut<br />

-vi-<br />

ignorer <strong>le</strong> poids de la situation politique qui<br />

implique un montant de dépenses de défense grossièrement<br />

équiva<strong>le</strong>nt aux investissements étrangers<br />

entrant dans la région. S’y ajoute celui de la<br />

dette externe, dont <strong>le</strong> paiement du service ôte des<br />

circuits économiques locaux d’importants montants<br />

financiers. Toutefois, la plus grande contrainte<br />

entièrement du ressort des PM reste la charge<br />

que représentent <strong>le</strong>s salaires des emplois publics.<br />

Dans <strong>le</strong>s PM, l’emploi public civil atteint presque<br />

17% de l’emploi total (contre 11% en moyenne<br />

dans <strong>le</strong> monde) et <strong>le</strong>s salaires versés absorbent<br />

près de 27% des dépenses publiques tota<strong>le</strong>s. Mais,<br />

plus que <strong>le</strong> poids que cela représente dans <strong>le</strong> budget,<br />

c’est la stratégie même de l’État<br />

employeur en dernier ressort qui pose, à<br />

terme, plus de problèmes qu’el<strong>le</strong> n’en résout<br />

dans la situation des PM, notamment en biaisant <strong>le</strong>s<br />

marchés du travail et en entraînant des effets négatifs<br />

dans la sphère réel<strong>le</strong>. D’une part, <strong>le</strong>s salaires<br />

offerts dans la fonction publique sont nettement<br />

plus é<strong>le</strong>vés que dans <strong>le</strong> secteur privé, ce qui draine<br />

<strong>le</strong>s plus hautes qualifications vers <strong>le</strong>s administrations<br />

et prive <strong>le</strong> secteur privé en général, <strong>le</strong>s secteurs<br />

nouveaux en particulier, des ressources<br />

humaines nécessaires à <strong>le</strong>ur compétitivité. D’autre<br />

part, en cas de ra<strong>le</strong>ntissement économique, un tel<br />

niveau de dépenses courantes, qui ne peut être<br />

réduit, oblige à baisser <strong>le</strong>s dépenses d’investissement<br />

et/ou à recourir à l’endettement public.<br />

En second lieu, il reste encore deux points négatifs<br />

du point de vue macroéconomique auxquels il<br />

faut rapidement remédier : la fragilité structurel<strong>le</strong><br />

de la méthode d’équilibrage des comptes<br />

extérieurs et la faib<strong>le</strong>sse de la croissance.<br />

Au niveau des comptes extérieurs, <strong>le</strong>s PM expérimentent<br />

toujours un déséquilibre commercial. Ce<br />

n’est pas <strong>le</strong> déficit qui pose problème. Il est souvent<br />

<strong>le</strong> lot des pays en transition et correspond à<br />

un déficit d’épargne qui traduit notamment <strong>le</strong> fait<br />

que la population est jeune et l’écart de développement<br />

à comb<strong>le</strong>r important. Mais, il est compen-


sé dans <strong>le</strong>s PM par des recettes hautement volati<strong>le</strong>s<br />

: <strong>le</strong> tourisme et <strong>le</strong>s transferts de revenus des<br />

émigrés, tandis que l’investissement étranger est<br />

très faib<strong>le</strong>. Il est clair qu’en cas de choc, cette<br />

façon d’équilibrer <strong>le</strong> compte extérieur nécessite un<br />

choix, cornélien dans la position des PM, entre un<br />

ajustement réel par la dépression de la demande<br />

interne et <strong>le</strong> chômage, et un ajustement nominal<br />

par l’inflation, ce qui est une remise en cause de la<br />

discipline macro-économique chèrement acquise.<br />

Sur <strong>le</strong> plan de la croissance, <strong>le</strong> problème est que <strong>le</strong>s<br />

PM ne disposent d’aucune marge de manœuvre<br />

pour améliorer à la fois la situation de l’emploi et la<br />

productivité, <strong>le</strong>s taux moyens actuels n’étant que<br />

légèrement supérieurs à ceux de la croissance de la<br />

population active. Dans ce schéma, il est presque<br />

fatal d’opposer l’emploi et la productivité du travail,<br />

c’est-à-dire que la productivité du travail doit quasiment<br />

stagner si l’on ne veut pas subir de hausse<br />

du chômage. Il y a trois principa<strong>le</strong>s raisons à cette<br />

faib<strong>le</strong>sse, qui requièrent chacune un ensemb<strong>le</strong><br />

d’évolutions : (i) une accumulation du capital encore<br />

insuffisante que l’on pourrait corriger en développant<br />

l’épargne et en améliorant sa transformation<br />

en investissement, (ii) une allocation du capital<br />

qui ne se réalise pas dans <strong>le</strong>s emplois <strong>le</strong>s plus<br />

productifs, ce qui demanderait des évolutions des<br />

cadres institutionnels et des pratiques visant à<br />

ra<strong>le</strong>ntir la substitution du capital au travail, (iii) une<br />

contribution du progrès technique très faib<strong>le</strong> qui<br />

appel<strong>le</strong> la mise en place d’une « économie de la<br />

connaissance », où se mê<strong>le</strong>nt innovation et éducation,<br />

apte à agir <strong>sur</strong> la productivité globa<strong>le</strong>.<br />

Améliorer la vitalité de la croissance<br />

est donc indispensab<strong>le</strong> pour desserrer l’étau dans<br />

<strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s PM sont pris. Compte tenu des besoins en<br />

emplois, l’enjeu est d’augmenter la croissance<br />

autour de 6-7%. A ce niveau, la substitution du<br />

capital au travail qu’expérimentent <strong>le</strong>s économies<br />

industrialisées et ouvertes est possib<strong>le</strong>, la vitalité<br />

du système permettant d’absorber <strong>le</strong>s effets de<br />

l’ajustement sans que soient nécessaires <strong>le</strong>s interventions<br />

pour limiter l’impact <strong>sur</strong> l’emploi. Sans nul<br />

-vii-<br />

doute, ce sont ces effets <strong>sur</strong> l’emploi que redoutent<br />

<strong>le</strong> plus, à juste titre, <strong>le</strong>s PM. Et c’est pourquoi il est<br />

nécessaire de privilégier l’action par la productivité<br />

globa<strong>le</strong> puisqu’il s’agit du moyen d’accroître<br />

la production par tête sans substituer de façon exagérée<br />

du capital au travail. Quatre voies se dégagent<br />

pour augmenter <strong>le</strong> rythme d’accumulation du<br />

capital, <strong>le</strong> diriger vers des emplois plus productifs et<br />

é<strong>le</strong>ver la productivité globa<strong>le</strong> des facteurs (c’est-àdire<br />

la contribution du progrès technique) : (i) l’innovation<br />

et l’amélioration de la qualité des produits,<br />

(ii) l’amélioration de l’organisation interne des<br />

entreprises, (iii) <strong>le</strong> développement d’externalités<br />

dans des domaines donnés avec l’incitation des<br />

pouvoirs publics, (iv) l’amélioration continue des<br />

facteurs, notamment du travail par l’éducation et la<br />

formation tout au long de la vie.<br />

Dans <strong>le</strong> même temps, il faut accélérer la mise en<br />

oeuvre des réformes dans <strong>le</strong>s domaines où sont<br />

entravés <strong>le</strong>s éléments indispensab<strong>le</strong>s à l’objectif de<br />

revitalisation de la croissance, soit <strong>le</strong> droit de propriété<br />

et essentiel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> domaine du foncier,<br />

l’efficacité et la transparence des administrations<br />

—en particulier <strong>le</strong>s douanes—, <strong>le</strong> cadre<br />

concurrentiel et l’établissement de tribunaux spécialisés.<br />

L’accélération est nécessaire car <strong>le</strong> processus<br />

de réforme a certes été entamé depuis longtemps,<br />

mais il est moins rapide et <strong>sur</strong>tout moins<br />

visib<strong>le</strong> que dans d’autres régions, notamment <strong>le</strong>s<br />

pays en voie d’adhésion. Ceci place <strong>le</strong>s PM dans<br />

une situation diffici<strong>le</strong> dans la me<strong>sur</strong>e où <strong>le</strong>s efforts<br />

d’assainissement réalisés ne sont pas valorisés à<br />

<strong>le</strong>ur niveau réel dans la vision que <strong>le</strong>s agents se<br />

font de la région. En décou<strong>le</strong> une moindre attractivité<br />

relative alors que <strong>le</strong>s PM jouent une stratégie<br />

de croissance par l’ouverture, sans doute aucun la<br />

seu<strong>le</strong> capab<strong>le</strong> de permettre d’atteindre <strong>le</strong>urs objectifs<br />

de développement.<br />

De fait, la quatrième grande orientation<br />

pour <strong>le</strong> développement des PM est l’amélioration<br />

de <strong>le</strong>ur compétitivité dans <strong>le</strong>s échanges de<br />

biens et services et de l’attractivité des capitaux.


Depuis 1990, <strong>le</strong>s PM ont, en général, accru <strong>le</strong>ur<br />

ouverture et ont recentré <strong>le</strong>urs échanges <strong>sur</strong> l’UE.<br />

Cet engagement géographique a comme conséquence<br />

un faib<strong>le</strong> développement des échanges<br />

intra-méditerranéens et l’accentuation des avantages<br />

comparatifs. La position commercia<strong>le</strong> est en<br />

constant déficit, tant vis-à-vis de l’UE que du reste<br />

du monde.<br />

Les PM possèdent encore des avantages coûts,<br />

essentiel<strong>le</strong>ment du fait du coût du travail. Mais cet<br />

avantage est menacé <strong>sur</strong> deux plans. D’une part, il<br />

est à la merci de la concurrence croissante d’autres<br />

pays dont <strong>le</strong>s coûts sont plus faib<strong>le</strong>s. D’autre part,<br />

il n’est bâti que <strong>sur</strong> la modération salaria<strong>le</strong>, ce qui<br />

<strong>le</strong> rend très fragi<strong>le</strong> d’autant qu’en l’absence de gains<br />

de productivité du travail, chaque augmentation a<br />

un impact négatif direct <strong>sur</strong> la compétitivité. Les<br />

avantages hors coûts sont quant à eux peu développés<br />

et la structure des échanges est trop spécialisée<br />

et mal adaptée à la demande mondia<strong>le</strong>. A nouveau,<br />

<strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s de la Jordanie et de la Tunisie<br />

sont particulièrement riches d’enseignements dans<br />

la me<strong>sur</strong>e où ils montrent que la voie de la diversification<br />

est possib<strong>le</strong> et porteuse de succès. Il est<br />

alors clair que <strong>le</strong> chemin vertueux de la croissance<br />

par l’ouverture impose de passer d’une compétitivité<br />

fondée <strong>sur</strong> la faib<strong>le</strong>sse des coûts en travail à une<br />

compétitivité fondée <strong>sur</strong> la qualité et la différenciation<br />

des produits, ce qui demande, là<br />

aussi, d’importants gains de productivité.<br />

Sur <strong>le</strong> plan de l’Investissement Direct<br />

Etranger, de nombreuses réformes ont été entreprises<br />

durant la dernière décennie afin d’améliorer<br />

l’attractivité de la zone. Du point de vue des législations<br />

maintenant en place, <strong>le</strong> climat des investissements<br />

s’est nettement amélioré dans la région.<br />

Mais, cela ne s’est pas accompagné de la même<br />

progression au niveau des flux qui continuent à<br />

fluctuer selon <strong>le</strong>s années, reflétant une attention<br />

des investisseurs portée <strong>sur</strong> des opportunités particulières,<br />

et non <strong>sur</strong> la région en tant que tel<strong>le</strong>.<br />

Ces mêmes chiffres montrent que <strong>le</strong>s flux suivent<br />

une tendance de progression certes, mais bien<br />

-viii-<br />

inférieure à la croissance généra<strong>le</strong>, ce qui a conduit<br />

à la baisse de la part relative de la région : son<br />

attractivité diminue non pas intrinsèquement,<br />

mais relativement à cel<strong>le</strong>s d’autres régions en<br />

développement.<br />

L’ancrage externe que constituent <strong>le</strong>s accords<br />

d’association n’a de même pas réussi à<br />

rendre la région plus attractive auprès des<br />

investisseurs européens. Malgré la proximité<br />

géographique, ceux-ci restent plus enclins à investir<br />

dans <strong>le</strong>s pays candidats ou dans <strong>le</strong> continent<br />

sud-américain. Il apparaît même que la région<br />

séduit davantage <strong>le</strong>s investisseurs américains<br />

auprès desquels la part que représentent <strong>le</strong>s PM<br />

dans <strong>le</strong>s flux d’investissement est plus de deux fois<br />

plus é<strong>le</strong>vée que cel<strong>le</strong> qu’ils représentent dans <strong>le</strong>s<br />

flux européens. Pour <strong>le</strong> <strong>Femise</strong>, une stratégie<br />

visant à renforcer la capacité de la région à attirer<br />

ces capitaux doit conjuguer la stabilisation macroéconomique<br />

et plusieurs éléments comme une<br />

approche commune pour défragmenter <strong>le</strong>s marchés<br />

locaux, la diversification de la sphère productive,<br />

la rationalisation et la simplification des procédures<br />

ou encore la création de bureaux de promotion<br />

en Europe.<br />

Pour que la stratégie extérieure et la<br />

redynamisation de la croissance aient un impact<br />

maximum en termes de création d’emploi, il va<br />

être nécessaire de modifier la dynamique<br />

actuel<strong>le</strong> des marchés du travail, <strong>sur</strong> laquel<strong>le</strong><br />

pèsent la structure de l’emploi, l’inadéquation de la<br />

formation et certains aspects des législations. En<br />

premier lieu, <strong>le</strong> secteur agrico<strong>le</strong> représente encore<br />

plus de 17% des emplois. Il est inéluctab<strong>le</strong> que<br />

l’ouverture des PM va favoriser un rapprochement<br />

des structures sectoriel<strong>le</strong>s avec cel<strong>le</strong>s des pays<br />

européens, ce qui sous-entend une diminution<br />

importante de l’emploi agrico<strong>le</strong>. Cela va accroître<br />

encore <strong>le</strong>s fortes tensions que connaissent <strong>le</strong>s marchés<br />

du travail, puisque <strong>le</strong>s besoins évalués plus<br />

haut correspondent aux emplois supplémentaires<br />

nécessaires sans tenir compte des éventuel<strong>le</strong>s destructions<br />

dues aux évolutions sectoriel<strong>le</strong>s.


En second lieu, afin d’endiguer <strong>le</strong> chômage, un<br />

effort doit être porté <strong>sur</strong> la formation, dans son<br />

adéquation aux besoins d’un secteur privé <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s PM vont de plus en plus s’appuyer. Bien<br />

que <strong>le</strong> nombre d’années d’étude ait très fortement<br />

augmenté ces vingt dernières années, bien que <strong>le</strong>s<br />

formations de haut niveau soient performantes,<br />

bien que <strong>le</strong>s dépenses publiques dans l’éducation<br />

soient importantes, <strong>le</strong>s taux d’il<strong>le</strong>ttrisme restent<br />

souvent é<strong>le</strong>vés et <strong>le</strong>s jeunes, y compris <strong>le</strong>s diplômés,<br />

sont proportionnel<strong>le</strong>ment plus touchés par <strong>le</strong><br />

manque d’emploi. Cela traduit un manque de dispositifs<br />

permettant l’acquisition des savoirs de<br />

base pour l’ensemb<strong>le</strong> de la population, y compris<br />

<strong>le</strong>s adultes, de dispositifs permettant la formation<br />

tout au long de la vie professionnel<strong>le</strong>, de dispositifs<br />

permettant d’organiser <strong>le</strong>s informations afin de<br />

bien cerner <strong>le</strong>s problèmes de court terme.<br />

Enfin, <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan des législations, <strong>le</strong> principal problème<br />

réside en la dualité des économies, entre<br />

secteur public et secteur privé, entre secteur formel<br />

et secteur informel, dualité qui affaiblit<br />

nombre de dispositions socia<strong>le</strong>s parce qu’el<strong>le</strong> en<br />

facilite <strong>le</strong> contournement et en accentue fina<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s effets pervers.<br />

Emploi, croissance, ouverture sont au<br />

cœur de la question du développement car <strong>le</strong>ur<br />

bonne articulation peut être mise au service de la<br />

sixième grande orientation : l’absolue contrainte<br />

de lutte contre la pauvreté. Les PM sont loin<br />

d’être la région la plus touchée, puisque « seu<strong>le</strong>ment<br />

» 2% de la population est sous la barre symbolique<br />

du dollar par jour. Cela reste cependant<br />

une illusion dans la me<strong>sur</strong>e où c’est près de 30%<br />

de la population, soit 72 millions de personnes, qui<br />

vivent avec moins de 2 dollars par jour. Ce qui est<br />

particulièrement préoccupant, c’est que cette proportion<br />

est aujourd’hui identique à cel<strong>le</strong> qui prévalait<br />

en 1987. 15 années de stabilisation économique<br />

et de réformes ont certes réussi à fixer <strong>le</strong><br />

problème, mais n’ont pu y apporter de solution<br />

satisfaisante. Plus loin, l’atonie qui frappe ces<br />

-ix-<br />

sociétés entraîne l’aggravation du phénomène pour<br />

ceux qui sont touchés : la proportion de ceux qui<br />

sont considérés comme pauvres reste stab<strong>le</strong>, mais<br />

<strong>le</strong> chemin qu’il <strong>le</strong>ur faudra parcourir pour sortir de<br />

ce statut devient plus long. Un autre facteur préoccupant<br />

est que la situation moyenne rend mal<br />

compte d’une autre coupure dans <strong>le</strong>s PM, entre<br />

rural et urbain, <strong>le</strong> premier secteur étant plus particulièrement<br />

touché, ce qui constitue un facteur de<br />

déséquilibre grandissant.<br />

Il se dégage clairement trois chantiers prioritaires<br />

pour s’attaquer au problème. En premier lieu, <strong>le</strong>s<br />

programmes de lutte doivent être remodelés afin<br />

de mieux prendre en compte l’aspect multidimensionnel<br />

du problème —problème qui est bien audelà<br />

du simp<strong>le</strong> transfert de revenus—, afin de<br />

mieux atteindre <strong>le</strong>s populations concernées à<br />

l’échelon local, afin de mieux analyser <strong>le</strong>ur<br />

impacts.<br />

En second lieu, la question de l’émigration et de<br />

ses relations avec la pauvreté doit être réintégrée<br />

dans <strong>le</strong>s débats, particulièrement ceux du <strong>partenariat</strong>.<br />

La situation actuel<strong>le</strong>, qui favorise l’émigration<br />

clandestine (puis la vie clandestine), est dommageab<strong>le</strong><br />

pour <strong>le</strong>s deux parties de la Méditerranée,<br />

alors même que la quasi parfaite complémentarité<br />

des deux situations démographiques plaiderait<br />

objectivement pour une démarche visant à organiser<br />

des flux migratoires régulés.<br />

En dernier lieu, <strong>le</strong>s PM doivent se poser la question<br />

des conséquences du faib<strong>le</strong> taux d’activité des<br />

femmes <strong>sur</strong> <strong>le</strong>ur dynamique socio-économique.<br />

D’une part, l’exemp<strong>le</strong> de l’Asie du Sud-Est indique<br />

qu’il y a là une source de croissance non mobilisée<br />

au niveau macro-économique. D’autre part, c’est<br />

une source de revenu qui manque éga<strong>le</strong>ment au<br />

niveau des ménages et que l’on ne peut s’empêcher<br />

de rapprocher de la dynamique préoccupante<br />

de la pauvreté.


-x-


Heba Handoussa, Economic Research Forum, Egypte<br />

Jean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France<br />

Le présent rapport expose la position du FEMISE<br />

<strong>sur</strong> la situation économique des pays de la<br />

Méditerranée et <strong>le</strong> défi que représente l’arrivée<br />

massive <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché du travail de millions de<br />

jeunes dans <strong>le</strong>s deux prochaines décennies.<br />

La présentation se focalise <strong>sur</strong> ce défi en raison de<br />

son amp<strong>le</strong>ur : comme <strong>le</strong> montre la première partie,<br />

ce ne sont pas moins de 34 millions d’emplois<br />

nouveaux qui sont nécessaires d’ici à 2020, simp<strong>le</strong>ment<br />

pour ne pas aggraver une situation déjà<br />

préoccupante. Il faudrait en fait créer plus de 50<br />

millions d’emplois pour d’atteindre <strong>le</strong> taux d’activité<br />

moyen des pays de l’Union. Pour y parvenir, il<br />

est nécessaire que <strong>le</strong> régime de la croissance fasse<br />

preuve d’une vitalité qu’aucun des partenaires<br />

n’expérimente aujourd’hui. La question qui se pose<br />

alors est cel<strong>le</strong> de la possibilité de modifier <strong>le</strong> régime<br />

de croissance des Partenaires Méditerranéens<br />

(PM) pour atteindre un doub<strong>le</strong> objectif, aujourd’hui<br />

apparemment contradictoire : d’une part créer <strong>le</strong>s<br />

emplois nécessaires, d’autre part améliorer la<br />

compétitivité internationa<strong>le</strong> tout en distribuant<br />

davantage de revenus, notamment par <strong>le</strong> canal de<br />

la productivité des facteurs.<br />

La mise en parallè<strong>le</strong> des besoins de croissance et des<br />

régimes de croissance effectivement en place dans<br />

<strong>le</strong>s PM montre que l’accumulation de capital ou de<br />

travail, si el<strong>le</strong> ne se coup<strong>le</strong> pas avec la recherche systématique<br />

de progrès techniques et de nouvel<strong>le</strong>s<br />

externalités (aménagement du territoire, fourniture<br />

de biens publics de qualité, éducation, etc.), ne pourra<br />

pas répondre aux nouvel<strong>le</strong>s demandes de travail.<br />

Cela ne peut se traduire que par une hausse des taux<br />

de chômage et une montée de l’instabilité socia<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong>s PM.<br />

Coordonnateurs<br />

Septembre <strong>2003</strong><br />

-xi-<br />

Ce rapport présente ainsi dans sa première partie<br />

<strong>le</strong>s cinq autres grandes orientations nécessaires au<br />

développement des PM, compte tenu du statut de<br />

« priorité absolue » de la couverture du besoin en<br />

emploi : (i) valoriser <strong>le</strong>s efforts considérab<strong>le</strong>s faits<br />

par <strong>le</strong>s PM en matière de stabilité macro-économique,<br />

ce qui constitue à la fois l’actif incontestab<strong>le</strong><br />

que <strong>le</strong>s PM ont réussi à construire dans la<br />

dernière décennie et <strong>le</strong> soc<strong>le</strong> nécessaire à une<br />

croissance soutenab<strong>le</strong> et forte ; (ii) retrouver une<br />

vitalité de la croissance suffisante, notamment en<br />

agissant <strong>sur</strong> l’amélioration de la productivité globa<strong>le</strong><br />

et accélérant la mise en place des réformes<br />

nécessaires à la modification du rythme actuel ;<br />

(iii) poursuivre la stratégie d’ouverture, en axant<br />

<strong>le</strong>s efforts <strong>sur</strong> la diversification, la compétitivité et<br />

l’attraction des capitaux pouvant financer <strong>le</strong>s<br />

efforts ; (iv) apporter <strong>le</strong>s modifications structurel<strong>le</strong>s<br />

aux marchés locaux du travail, prioritairement<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s points qui freinent <strong>le</strong>ur capacité de<br />

création de nouveaux emplois (<strong>le</strong> poids de l’emploi<br />

public, la formation et certains aspects de la législation)<br />

; (v) réduire la pauvreté qui enferme <strong>le</strong>s<br />

économies dans un véritab<strong>le</strong> carcan, tant économique<br />

que social, ce qui ne peut s’envisager qu’en<br />

portant attention aux mouvements humains entre<br />

<strong>le</strong>s deux rives de la Méditerranée et au statut de<br />

l’activité des femmes.<br />

Puis, dans sa deuxième partie, <strong>le</strong> rapport <strong>2003</strong><br />

présente <strong>le</strong>s forces et <strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>sses des PM dans <strong>le</strong><br />

contexte de ces orientations principa<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s dernières<br />

avancées de 2002-<strong>2003</strong>.


Heba Handoussa, Economic Research Forum, Egypte<br />

Jean-Louis Reiffers, Institut de la Méditerranée, France<br />

I- Une nécessité impérieuse, couvrir <strong>le</strong>s<br />

besoins en emplois<br />

L’objectif premier du Partenariat est littéra<strong>le</strong>ment<br />

l’établissement d’une zone de paix et<br />

de prospérité. Cet objectif généreux a pris<br />

cette année encore plus de relief dans la<br />

région. Il revêt un aspect sociétal fondamental<br />

: <strong>le</strong> maintien de la cohésion des sociétés<br />

composant la région. Sur <strong>le</strong>s rives sud, il<br />

s’est transformé aujourd’hui en besoin d’emploi.<br />

Au sommet de la pyramide des besoins<br />

humains se trouve en effet <strong>le</strong> besoin de<br />

reconnaissance et, ce besoin, la société<br />

moderne l’octroie par <strong>le</strong> travail.<br />

Coordonnateurs<br />

Septembre <strong>2003</strong><br />

-1-<br />

Pour bien appréhender l’amp<strong>le</strong>ur de la tâche,<br />

il faut prendre en compte, outre la situation<br />

actuel<strong>le</strong> des marchés de l’emploi :<br />

(i) <strong>le</strong>s spécificités de la transition démographique<br />

en Méditerranée,<br />

(ii) l’évolution des taux de participation, des<br />

femmes qui ont toutes raisons d’augmenter<br />

dans des proportions voisines de<br />

cel<strong>le</strong>s observées dans <strong>le</strong>s pays méditerranéens<br />

de l’UE depuis ces 20 dernières<br />

années,<br />

(iii) <strong>le</strong> potentiel, en termes de productivité,<br />

d’une population active sensib<strong>le</strong>ment<br />

plus nombreuse.<br />

Tab<strong>le</strong>au 1 : Population, structures par âge et taux de croissance de la population<br />

des PM en 2001<br />

Population<br />

Tota<strong>le</strong><br />

Croissance annuel<strong>le</strong><br />

moyenne (1)<br />

Dont moins<br />

moins de<br />

1980-2001 2001-2015<br />

de 15 ans 15 ans<br />

Structure selon l'âge<br />

(% population)<br />

15-64<br />

65 ans et<br />

plus<br />

Algérie 31 040 10 181 2,4 1,5 32,8 62,5 4,7<br />

Chypre 759 172 1,0 (2) 0,6 22,7 65,9 11,4<br />

Egypte 65 336 24 566 2,2 1,5 37,6 59 3,4<br />

Israël 6 509 1 849 2,4 1,5 28,4 61,8 9,8<br />

Jordan ie 5 182 2 052 4 2,2 39,6 57,7 2,7<br />

Liban 4 385 1 232 1,8 1,2 28,1 65,4 6,5<br />

Malte 395 76 1,0 (2) 0,4 19,2 68,2 12,6<br />

Maroc 29 170 9 218 1,9 1,4 31,6 63,3 5,1<br />

Autorité<br />

Pa<strong>le</strong>st.<br />

3 299 1 537 3,7 (2) 3,3 46,6 50,1 3,3<br />

Syrie 16 720 6 772 3,1 2,1 40,5 56,4 3,1<br />

Tunisie 9 674 2 893 2 1,3 29,9 63,9 6,2<br />

Turquie 68 618 20 517 1,9 1,1 29,9 64,7 5,4<br />

Total PM 241 087 81 064 2,4 1,5 33,6 61,7 4,7<br />

Sources : Eurostat, programme Medstat base newcronos ; World Developement Indicators <strong>2003</strong>,<br />

Human development Report <strong>2003</strong><br />

(1) : Les taux de croissance annuels moyens sont <strong>le</strong>s taux de croissance exponentiels<br />

(2) : Croissance moyenne pour la période 1975-2001


a- Un problème qui ne réside plus dans<br />

l’évolution démographique mais dans la<br />

structure de la population<br />

Les 12 PM représentent en 2001 une population<br />

de plus de 240 millions de personnes,<br />

soit 3,9% de la population mondia<strong>le</strong><br />

(tab<strong>le</strong>au 1).<br />

Deux traits principaux ressortent du tab<strong>le</strong>au<br />

précédent : d’une part, <strong>le</strong>s taux de croissance<br />

de la population tota<strong>le</strong> ont nettement<br />

chuté et <strong>le</strong>s prévisions pour la période 2001-<br />

2015 montrent une poursuite du mouvement<br />

qui est principa<strong>le</strong>ment dû à une diminution<br />

de la fécondité ; d’autre part, <strong>le</strong> nombre de<br />

jeunes est extraordinairement important : en<br />

2001 plus de 80 millions de personnes auront<br />

besoin d’un emploi dans <strong>le</strong>s 15 ans. C’est évidemment<br />

la contrainte majeure des sociétés<br />

méditerranéennes.<br />

La première remarque indique que <strong>le</strong>s PM ont vie. Toutefois, non seu<strong>le</strong>ment la popula-<br />

largement entamé <strong>le</strong>ur transition démogration croît toujours rapidement, mais <strong>le</strong>s<br />

phique, ce qui permet d’envisager une quasi- pays subissent un alourdissement du<br />

stabilisation de la population des PM à l’hori- taux de dépendance (rapport de la popuzon<br />

d’une vingtaine d’années. La seconde lation des classes d’âge non actives, <strong>le</strong>s<br />

amène à souligner la faib<strong>le</strong>sse du taux d’ac- moins de 15 ans et <strong>le</strong>s plus de 65 ans, et<br />

Tab<strong>le</strong>au 2 : Les marchés du travail des PM<br />

Année Population<br />

active<br />

-2-<br />

tivité moyen, <strong>sur</strong>tout vis-à-vis de la structure<br />

de la population. Ainsi, aujourd’hui, la<br />

population active (ceux qui ont un emploi ou<br />

ceux qui se déclarent au chômage) est inférieure<br />

à la population des moins de 15 ans,<br />

cel<strong>le</strong> qui sera en âge de travail<strong>le</strong>r d’ici à<br />

2020. Autrement dit, <strong>le</strong>s caractéristiques<br />

actuel<strong>le</strong>s des structures productives des PM<br />

ne permettent pas d’envisager l’emploi des<br />

nouveaux arrivants <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché du travail.<br />

b- Une transition démographique largement<br />

entamée<br />

La transition démographique se décline de<br />

manière tout à fait classique en trois<br />

phases :<br />

(i) la première phase se caractérise par<br />

l’amélioration des conditions de santé qui<br />

induit une baisse du taux de mortalité<br />

infanti<strong>le</strong> et une hausse de l’espérance de<br />

Emplois Chômage Taux<br />

d'activité<br />

(1)<br />

Algérie 2000 8 154 5 726 2 428 41%<br />

Chypre 2001 315 303 12 62%<br />

Egypte 1999 18 616 16 750 1 481 48%<br />

Israël 2000 2 435 2 221 214 54%<br />

Jordanie 2001 998 852 147 32%<br />

Liban 1997 1 362 1 246 116 47%<br />

Malte 2001 156 146 10 49%<br />

Maroc 2002 10 870 9 555 1 315 53%<br />

Syrie 2001 5 457 4 844 613 55%<br />

Tunisie 1997 2 978 2 504 475 49%<br />

Tur quie 2000 22 263 20 579 1 453 47%<br />

Total PM 73 606 64 725 8 264 48%<br />

(1) : <strong>Rapport</strong> de la population active <strong>sur</strong> la population en âge de travail<strong>le</strong>r.<br />

Source : ILO, <strong>2003</strong>, site Internet à partir des instituts nationaux de statistiques.


de la population en âge de travail<strong>le</strong>r) du<br />

fait d’une augmentation relative de la<br />

population jeune. Il s’agit d’une situation<br />

extrêmement délicate qui ne peut évoluer<br />

dans <strong>le</strong> sens du développement, que<br />

si la fécondité baisse ;<br />

(ii) dans la deuxième phase, <strong>le</strong>s taux de<br />

fécondité diminuent à <strong>le</strong>ur tour et la<br />

population des moins de 15 ans qui a<br />

rapidement crû pendant la première<br />

phase commence à entrer dans la population<br />

active, ce qui entraîne une baisse<br />

du taux de dépendance, dans <strong>le</strong> me<strong>sur</strong>e<br />

où <strong>le</strong> pays arrive à fournir une activité<br />

aux nouveaux entrants. Dans cette<br />

situation, la question majeure est d’offrir<br />

du travail aux jeunes ;<br />

(iii) dans la troisième phase, <strong>le</strong>s taux de<br />

natalité et de mortalité sont stabilisés,<br />

tandis que l’espérance de vie continue à<br />

augmenter. Du fait d’une population<br />

vieillissante, <strong>le</strong> taux de dépendance<br />

remonte, ce qui pose la question de la<br />

couverture socia<strong>le</strong> et du financement<br />

des retraites, mais <strong>le</strong>s jeunes peuvent<br />

trouver du travail.<br />

La force de la pression que va exercer la<br />

transition démographique <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s économies<br />

des PM dépend principa<strong>le</strong>ment de deux facteurs<br />

: d’une part la rapidité de la transition<br />

Figure 1 : Espérance de vie dans <strong>le</strong>s PM<br />

Moyenne<br />

TSO*<br />

Turquie<br />

Tunisie<br />

Syrie<br />

Maroc<br />

Liban<br />

Jordanie<br />

Egypte<br />

Algérie<br />

0 20 40 60 80<br />

1975-1980 Féminin 1975-1980 Masculin<br />

2000-2005 Féminin 2000-2005 Masculin<br />

Source : Arab World Competitiveness Report,<br />

2002-<strong>2003</strong><br />

Notes : * Territoires Sous Autorités Pa<strong>le</strong>stiennes<br />

Turquie, chiffres 2001.<br />

-3-<br />

qui indique la durée de la pression exercée<br />

par <strong>le</strong>s jeunes générations (moins de 15 ans)<br />

qui se joignent à la population active et à qui<br />

il faudra fournir un emploi, d’autre part, <strong>le</strong><br />

degré de dépendance qui en donne l’intensité<br />

et me<strong>sur</strong>e l’effort que doit consentir une<br />

économie pour as<strong>sur</strong>er l’entretien des moins<br />

de 15 ans et des plus de 65 ans. Ces deux<br />

éléments déterminent largement <strong>le</strong> mode de<br />

gestion de la transition envisageab<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s<br />

gains en termes de croissance qu’il est<br />

nécessaire de dégager.<br />

Pour ce qui est de la durée, bien qu’il existe<br />

une forte hétérogénéité entre <strong>le</strong>s PM, <strong>le</strong>s prévisions<br />

de croissance de la population<br />

publiées par l’ONU font état d’un net changement<br />

qui va s’accentuer dans <strong>le</strong>s 20 prochaines<br />

années. Ainsi, la population de<br />

Chypre et Malte devrait se stabiliser dans une<br />

vingtaine d’années, mais il faudra attendre<br />

une décennie supplémentaire pour voir ce<br />

phénomène se produire en Tunisie, au Liban,<br />

en Turquie, au Maroc, en Algérie et en Israël.<br />

Par contre, la Jordanie, l’Egypte et la Syrie<br />

sont nettement en retard et la population ne<br />

commencera à décroître qu’à partir de 2050.<br />

Toutefois, dans tous ces pays, <strong>le</strong>s taux d’accroissement<br />

chutent rapidement.<br />

Cela est dû pour l’essentiel à l’évolution des<br />

taux de fertilité. Ceux-ci ont été réduits de<br />

moitié entre 1980 et 2000 pour l’Algérie, <strong>le</strong><br />

Maroc, la Syrie et la Tunisie, de 30 à 40%<br />

pour l’Egypte, <strong>le</strong> Liban, la Jordanie et la<br />

Turquie, de 20% pour Chypre et seu<strong>le</strong>ment<br />

de 5% pour Israël ou Malte.<br />

De plus, l’espérance de vie a augmenté dans<br />

<strong>le</strong>s PM, de 10 ans en moyenne (traduisant<br />

l’amélioration des systèmes de santé et des<br />

conditions sanitaires). Cet allongement de la<br />

durée de vie a toutefois été notab<strong>le</strong>ment plus<br />

important pour <strong>le</strong>s hommes que pour <strong>le</strong>s<br />

femmes (12,3 ans en moyenne), la région


Figure 2 : Transition démographique en Méditerranée (taux de croissance de la<br />

population tota<strong>le</strong> et active et tendance)<br />

Mais, cette transition démographique entamée<br />

n’empêche pas que la population active<br />

va continuer de croître pendant plus d’un<br />

demi-sièc<strong>le</strong> (figure 2).<br />

Il apparaît ainsi que <strong>le</strong>s PM se trouvent tous entre<br />

la première et la deuxième phase de transition<br />

démographique. Ce qui veut dire qu’ils doivent à<br />

la fois supporter <strong>le</strong>s coûts d’un taux de dépendance<br />

plus grand (en proportion, il y aura plus de<br />

moins de 15 ans, ce qui suscitera des dépenses<br />

de scolarité, et davantage de plus de 65 ans ce<br />

qui engendrera des dépenses de santé) et offrir<br />

sensib<strong>le</strong>ment plus de postes de travail aux jeunes<br />

4<br />

3,5<br />

3<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

1965<br />

1967<br />

1969<br />

1971<br />

1973<br />

1975<br />

1977<br />

Population tota<strong>le</strong><br />

Population active tota<strong>le</strong><br />

-4-<br />

1979<br />

1981<br />

1983<br />

1985<br />

1987<br />

1989<br />

1991<br />

1993<br />

1995<br />

1997<br />

1999<br />

Tendance de la croissance de la population tota<strong>le</strong><br />

Tendance de la croissance de la population active<br />

Source : World Population Prospects : The 2002 Revision Population Database, United Nations<br />

Population Division, calculs Institut de la Méditerranée.<br />

souffrant encore de taux de mortalité mater- qui arrivent à l’âge actif. Néanmoins, on peut disnel<strong>le</strong><br />

relativement hauts, ce qui réduit l’espétinguer à nouveau 3 groupes :<br />

rance de vie des femmes (figure 1).<br />

(i) un premier groupe est formé de Chypre<br />

et Malte, qui sont plus avancés, enregistrent<br />

des taux de dépendance faib<strong>le</strong>s<br />

mais qui vont augmenter entre 2000 et<br />

2030 du fait du vieillissement de la<br />

population.<br />

(ii) Un deuxième groupe est constitué de<br />

l’Algérie, Israël, <strong>le</strong> Liban, <strong>le</strong> Maroc, la<br />

Tunisie et la Turquie qui vont voir <strong>le</strong>ur<br />

taux de dépendance diminuer <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

trois prochaines décennies à me<strong>sur</strong>e<br />

que <strong>le</strong>s jeunes entreront dans la<br />

population en âge de travail<strong>le</strong>r et à<br />

condition qu’ils puissent trouver un<br />

emploi. Israël présente, cependant, la<br />

Figure 3 : Évolution des taux de dépendance des PM<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

-10<br />

-20<br />

-30<br />

-40<br />

-50<br />

Chypre<br />

Malte<br />

Israël<br />

Algérie<br />

1980/2000 2000/2030<br />

Le taux de dépendance se définit ici comme <strong>le</strong> rapport de la population 0-14 ans et +65 ans <strong>sur</strong> la<br />

population 15-64 ans. Ici nous donnons la variation du taux de dépendance en pourcentage.<br />

Sources : World Population Prospects : The 2002 Revision Population Database, United Nations<br />

Population Division, calculs Institut de la Méditerranée.<br />

Liban<br />

Tunisie<br />

Turquie<br />

Maroc<br />

Jordanie<br />

Egypte<br />

Syrie


particularité d’enregistrer une population<br />

de plus de 65 ans très importante,<br />

relativement aux autres pays<br />

de ce groupe.<br />

(iii) Enfin, un troisième groupe comprend<br />

l’Egypte, la Jordanie et la Syrie. Ces<br />

pays verront <strong>le</strong>ur taux de dépendance<br />

se maintenir voire s’accroître car la<br />

part des populations âgées augmente<br />

tandis que <strong>le</strong>s populations jeunes<br />

demeurent une composante importante<br />

(figure 3).<br />

c- Un objectif central, obtenir une croissance<br />

sensib<strong>le</strong>ment plus forte et créatrice<br />

d’emplois<br />

La problématique a donc évolué. Le problème<br />

crucial des PM aujourd’hui est plus de parvenir<br />

à gérer de manière optima<strong>le</strong> à moyen et<br />

long terme <strong>le</strong>s conséquences de l’évolution<br />

de la structure de <strong>le</strong>ur population, qui est<br />

très jeune, que la recherche du contrô<strong>le</strong> de<br />

l’évolution de <strong>le</strong>ur démographie.<br />

La croissance de l’économie peut être fortement<br />

dynamisée du fait de l’existence d’une<br />

force de travail importante. Mais, ce « demography<br />

gift » doit se réaliser dans un régime<br />

de croissance nouveau qui doit solliciter<br />

davantage l’accumulation (ce qui nécessite<br />

une augmentation des taux d’épargne et une<br />

meil<strong>le</strong>ure transformation de l’épargne en<br />

investissements) et la productivité du travail<br />

(par amélioration de la qualité du travail,<br />

meil<strong>le</strong>ure combinaison avec <strong>le</strong> capital, etc.).<br />

Emploi et croissance, effet « volume » versus<br />

effet « qualité »<br />

Le mirac<strong>le</strong> asiatique des années 1970-1980,<br />

décou<strong>le</strong> en partie d’une transition démographique<br />

rapide. Grâce à une population active<br />

nombreuse (« effet volume ») et des taux de<br />

dépendance bas impliquant un fort taux<br />

-5-<br />

d'épargne, il a été possib<strong>le</strong> de réaliser une<br />

accumulation du capital soutenue et <strong>le</strong>s taux<br />

de croissance que l’on connaît. Or, la spécificité<br />

de la transition démographique en<br />

Méditerranée est qu’el<strong>le</strong> sera plus longue que<br />

cel<strong>le</strong> des autres pays émergents, notamment<br />

des pays d’Asie. Les études montrent même<br />

que si la région Afrique du Nord-Moyen<br />

Orient avait connu une transition démographique<br />

aussi rapide que cel<strong>le</strong> de l'Asie de l'Est<br />

et du Sud-Est, el<strong>le</strong> aurait enregistré des taux<br />

de croissance de 1 point par an supérieurs à<br />

ceux obtenus entre 1965 et 1990, conduisant<br />

à un niveau du PIB par tête de 28% supérieur<br />

à ce qu’il était en 1990 (Williamson et<br />

Yousef, 2002). Toutefois, la durée de l’effort<br />

requis et son amp<strong>le</strong>ur peuvent ruiner <strong>le</strong>s<br />

conséquences positives attendues de l’effet<br />

«volume », pour deux raisons principa<strong>le</strong>s :<br />

(i) plus la part des populations dépendantes<br />

(moins de 15 ans et plus de 65 ans)<br />

dans la population en âge de travail<strong>le</strong>r<br />

(15-64 ans) est é<strong>le</strong>vée, plus <strong>le</strong>s capacités<br />

d’épargne et donc d’investissement<br />

sont affaiblies, ce qui va peser <strong>sur</strong> l’accumulation.<br />

Cet effet, bien que transitoire,<br />

rend la croissance de l’économie tributaire<br />

des entrées de capitaux étrangers<br />

ou de l’épargne du gouvernement.<br />

(ii) Plus inquiétant, l’amélioration du niveau<br />

d’éducation peut être ra<strong>le</strong>ntie par la faib<strong>le</strong>sse<br />

des salaires réels, faib<strong>le</strong>sse<br />

qu’expérimentent actuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s PM.<br />

Il existe de forts risques d’éviction,<br />

notamment au détriment des femmes.<br />

La « qualité » du facteur travail disponib<strong>le</strong><br />

peut donc être éga<strong>le</strong>ment négativement<br />

influencée si l’effet volume est<br />

trop important, ou dure trop longtemps,<br />

phénomènes qui pourrait se traduire par<br />

un appauvrissement des populations.<br />

C’est la qualité de la main d’œuvre future<br />

qui est ici en jeu et <strong>le</strong>s gains de productivité<br />

potentiels.


Ceux-ci dépendent en effet directement du<br />

niveau d’éducation qui, s’il diminue ou s’il ne<br />

progresse plus, peut avoir des conséquences<br />

néfastes <strong>sur</strong> d’une part, la compétitivité et la<br />

croissance qui peut provenir de l’ouverture<br />

et, d’autre part, la progression des salaires<br />

réels donc la demande interne, l’investissement,<br />

<strong>le</strong> progrès technique et à nouveau la<br />

qualité de la main d'œuvre.<br />

Ainsi, pour que <strong>le</strong> « gift » démographique se<br />

matérialise, il est indispensab<strong>le</strong> qu’il se développe<br />

dans une économie disposant d’une<br />

vitalité suffisante pour offrir <strong>le</strong>s postes de<br />

travail nécessaires et, de <strong>sur</strong>croît, que <strong>le</strong>s<br />

postes de travail soient suffisamment productifs<br />

pour permettre une augmentation des<br />

salaires réels sans que la compétitivité de<br />

l’économie ne soit entamée.<br />

d- Un besoin de nouveaux emplois<br />

considérab<strong>le</strong><br />

Compte tenu de la situation démographique constitue une part importante de l’activité<br />

des PM (tab<strong>le</strong>au 1) et de cel<strong>le</strong> des marchés de (c’est <strong>le</strong> cas des PM) en économies à deux<br />

l’emploi (tab<strong>le</strong>au 2), il est possib<strong>le</strong> d’évaluer <strong>le</strong> vitesses. La croissance n’est pas un objectif<br />

besoin minimal pour que la situation actuel<strong>le</strong> en soit, la répartition équitab<strong>le</strong> des gains de<br />

ne se dégrade pas davantage. Pour cela, on la croissance est limitée par la difficulté à<br />

utilise <strong>le</strong>s prévisions de croissance de la popu- opérer <strong>le</strong>s transferts nécessaires (assiette<br />

lation tota<strong>le</strong> et de la population active 2000- fisca<strong>le</strong> étroite, etc.).<br />

Tab<strong>le</strong>au 3 : Besoins minimums d’emplois dans <strong>le</strong>s PM 2010-2020 pour stabiliser la<br />

situation<br />

-6-<br />

2010 provenant de l’ILO, et 2000-2020 provenant<br />

des Nations-Unis. L’hypothèse qui est<br />

faite est que ce seuil minimal est celui qui<br />

maintient <strong>le</strong> niveau du taux d’emploi actuel<br />

(c’est-à-dire <strong>le</strong> rapport du nombre d’emploi<br />

<strong>sur</strong> la population active).<br />

En un peu plus de 15 ans, <strong>le</strong>s PM devront<br />

donc créer près de 34 millions d’emplois nouveaux,<br />

dont la majorité avant 2010, à la seu<strong>le</strong><br />

fin de ne pas dégrader la situation actuel<strong>le</strong>.<br />

Lorsque <strong>le</strong>s offres d’emplois ne sont pas suffisantes<br />

ou suffisamment attractives, une<br />

frange croissante de la population renonce à<br />

chercher un emploi dans <strong>le</strong> secteur formel et<br />

se tourne vers <strong>le</strong> secteur informel. Ce mécanisme<br />

a souvent été considéré comme<br />

moins négatif qu’il n’y paraît car il permet<br />

une certaine f<strong>le</strong>xibilité. Cependant, il reflète<br />

comme il entraîne la paupérisation croissante<br />

de la population et cel<strong>le</strong> de l’Etat. De plus,<br />

il finit par transformer <strong>le</strong>s économies où il<br />

Nombre d'emplois nécessaires<br />

Population de 15 et plus Population active Emplois au maintien du taux<br />

d'emploi 2000<br />

2000 2010 2020 2000 2010 2020 2000 2010 2020<br />

Algérie 19 681 25 181 30 107 8 154 11 765 12 474 5 726 8 262 8 759<br />

Chypre 499 562 713 312 346 445 300 333 428<br />

Egypte 40 258 51 079 68 034 19 215 25 201 32 329 17 289 22 675 29 088<br />

Isr aël 4 487 5 533 6 280 2 435 3 111 3 408 2 221 2 838 3 109<br />

Jordani e 3 024 4 084 5 363 956 1 385 1 711 815 1 181 1 459<br />

Liban 3 091 3 802 3 401 1 492 1 926 1 610 1 365 1 762 1 473<br />

Malte 313 337 346 155 163 171 145 153 160<br />

Maroc 19 608 24 921 28 553 10 260 13 309 15 015 9 019 11 699 13 199<br />

Syrie 9 565 13 495 17 570 5 195 7 822 9 629 4 611 6 943 8 547<br />

Tunisie 6 494 7 726 9 061 3 215 4 002 4 406 2 702 3 364 3 704<br />

Turquie 47 164 55 951 66 042 22 263 26 653 31 174 20 579 24 637 28 816<br />

Total<br />

PM<br />

154 185 192 672 235 470 73 651 95 684 112 372 64 772 83 846 98 742<br />

Sources : calculs Institut de la Méditerranée à partir de ILO, <strong>2003</strong>, site internet, World Population<br />

Prospects : The 2002 Revision Population Database, United Nations Population Division. La population<br />

active des PM en 2000 a été recalculée <strong>sur</strong> la base des taux de croissance actuels.


Selon <strong>le</strong> <strong>Femise</strong>, l’objectif doit correspondre à<br />

une franche et généra<strong>le</strong> progression des taux<br />

d’activité, qui ne peuvent, qui ne doivent pas<br />

demeurer identiques à ceux de 2000.<br />

Pour calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s besoins de création d’emploi<br />

permettant une amélioration de la situation<br />

généra<strong>le</strong>, trois scénarios ont été retenus[1],<br />

qui permettent d’obtenir une fourchette pour<br />

<strong>le</strong> nombre d’emplois à créer.<br />

(i) L’hypothèse basse est une croissance<br />

des taux d’activité moyens pour<br />

atteindre <strong>le</strong> niveau des pays du Sud de<br />

l’Europe, notamment ceux qui ont<br />

rejoint l’Union Européenne dans <strong>le</strong>s<br />

années 80. Comme <strong>le</strong>s PM, ils ont fait <strong>le</strong><br />

choix de l’ouverture et du rapprochement<br />

avec l’Union européenne. Avec <strong>le</strong><br />

rattrapage économique, <strong>le</strong>urs taux d’activité<br />

ont augmenté, <strong>sur</strong>tout celui des<br />

femmes, pour se rapprocher des taux<br />

moyens de l’ensemb<strong>le</strong> de l’Union<br />

(ii)<br />

Européenne. Ceci équivaut a une progression<br />

du taux moyen de 48% à 51%,<br />

comparab<strong>le</strong> à ce que <strong>le</strong>s pays du sud de<br />

l’Europe ont réalisé entre 1980 et 2001.<br />

L’hypothèse intermédiaire est cel<strong>le</strong> de<br />

taux d’activité se situant, en 2020 au<br />

niveau de l’Union Européenne. Il s’agit<br />

cette fois de faire progresser <strong>le</strong> taux<br />

d’activité de 48% à 56%.<br />

-7-<br />

(iii) L’hypothèse haute consiste à retenir <strong>le</strong>s<br />

taux d’activité enregistrés par <strong>le</strong>s pays<br />

de l’Est en moyenne. Là, <strong>le</strong> taux moyen<br />

devrait progresser de 48% à 58%. Cette<br />

hypothèse extrême est intéressante<br />

dans la me<strong>sur</strong>e où un parallè<strong>le</strong> a été fait<br />

systématiquement, récemment, entre la<br />

situation des PM et cel<strong>le</strong> des pays de<br />

l’Est dans <strong>le</strong> cadre de l’accélération des<br />

négociations d’adhésion dont ces derniers<br />

ont bénéficié (<strong>Femise</strong>, <strong>2003</strong>).<br />

En fonction de l’hypothèse retenue <strong>sur</strong> l’amélioration<br />

du taux de participation, il ne s’agit plus<br />

de devoir créer 33,9 mais entre 41,9 et 53,8<br />

millions d’emplois d’ici 2020. Ceci représente<br />

une hausse de 50 à 83% de l’emploi actuel.<br />

Il est important de noter que ces premières<br />

estimations ne tiennent pas compte de la<br />

tendance à la baisse de l’emploi agrico<strong>le</strong> qui<br />

pose une très importante difficulté supplémentaire<br />

(émigration, développement du<br />

chômage urbain, etc.).<br />

Modifier sans délais <strong>le</strong> régime de croissance est<br />

donc une nécessité si l’on souligne que créer<br />

20 millions d’emplois avant 2010 ne permettra<br />

pas de réduire <strong>le</strong>s taux de chômage actuels,<br />

<strong>le</strong>squels restent très é<strong>le</strong>vés : de 9% à 12%<br />

pour l’Egypte, Israël, <strong>le</strong> Maroc, la Syrie, la<br />

Turquie, de 15% pour la Tunisie et la Jordanie<br />

Tab<strong>le</strong>au 4 : Besoins d’emplois en Méditerranée à l’horizon 2020 pour améliorer la<br />

situation<br />

Emploi<br />

en 2000<br />

Emplois en 2020 nécessaires pour atteindre un taux d’activité de …<br />

48 % à cr éer 51 % à cr éer 56% à créer 58% à créer<br />

(taux actuel) (hyp. 1 : sud de<br />

l’Europe)<br />

(hyp. 2 : Union<br />

Européenne)<br />

(hyp. 3 : Pays candidats)<br />

Algérie 5 726 8 759 3 033 10 833 5 107 11 79 4 6 068 12 157 6 431<br />

Chypre 300 428 128 428 128 428 128 428 128<br />

Egypte 17 289 29 088 11 800 31 366 14 077 34 14 9 16 860 35 198 17 910<br />

Israël 2 221 3 109 888 3 109 888 3 195 974 3 294 1 073<br />

Jordanie 815 1 459 644 2 344 1 529 2 552 1 737 2 630 1 815<br />

Liban 1 365 T1 473 108 1 594 229 1 736 370 1 789 424<br />

Malte 145 160 15 166 21 180 36 186 41<br />

Maroc 9 019 13 199 4 180 13 199 4 180 14 00 2 4 983 14 432 5 413<br />

Syrie 4 611 8 547 3 936 8 547 3 936 8 700 4 089 8 967 4 357<br />

Tunisie 2 702 3 704 1 002 3 903 1 200 4 249 1 547 4 380 1 677<br />

Turquie 20 579 28 816 8 237 31 280 10 701 34 05 5 13 476 35 102 14 523<br />

Tot al PM 64 772 98 742 33 970 106 768 41 996 115 041 50 269 118 562 53 791


et de près de 30% pour l’Algérie. Et encore, il<br />

est probab<strong>le</strong> que ces taux sous-estiment l’amp<strong>le</strong>ur<br />

du phénomène du fait de la non prise en<br />

compte du secteur informel de l’économie.<br />

II- Un actif à consolider, la stabilisation<br />

macro-économique<br />

Dans <strong>le</strong>s années 80, <strong>le</strong>s PM ont été confrontés<br />

à de graves crises d’endettement extérieur<br />

liés à de forts déficits budgétaires et de<br />

balances des paiements. Il a fallu plus de<br />

quinze ans au prix de plans de stabilisation<br />

rigoureux pour remédier à cette situation. Le<br />

coût fut une diminution importante de l’équipement<br />

public, la relative stabilisation du<br />

pouvoir d’achat des fonctionnaires, <strong>le</strong> renoncement<br />

au rô<strong>le</strong> contra-cyclique du budget de<br />

l’Etat, la fin du recours au seigneuriage. A<br />

l’exception de la Turquie et du Liban, qui ont<br />

subi des circonstances exceptionnel<strong>le</strong>s, cet<br />

actif a pu être préservé malgré des chocs<br />

internes (sécheresses) et externes (diminution<br />

des recettes touristiques, augmentation<br />

du prix du pétro<strong>le</strong>) de grande amp<strong>le</strong>ur.<br />

Il reste que, dans <strong>le</strong> contexte de la croissance<br />

de la demande d’emplois, de la persistance<br />

des poches de pauvreté, du besoin croissant<br />

de couverture socia<strong>le</strong> (notamment pour<br />

<strong>le</strong>s personnes âgées), <strong>le</strong>s budgets de l’État<br />

seront à nouveau sollicités de façon croissante.<br />

Ce phénomène apparaît nettement en fin<br />

de période et présente des difficultés qui<br />

appel<strong>le</strong>nt des évolutions structurel<strong>le</strong>s profondes<br />

(assiette fisca<strong>le</strong>, recouvrement des<br />

impôts, etc.)<br />

La position du <strong>Femise</strong> est que tout doit être<br />

mis en œuvre pour consolider un actif (la stabilité<br />

macroéconomique) acquis au prix de<br />

lourds efforts et qui est un atout aujourd’hui<br />

pour <strong>le</strong>s PM, relativement à d’autres zones<br />

(en particulier <strong>le</strong>s pays engagés dans <strong>le</strong> processus<br />

d’adhésion).<br />

-8-<br />

a- Une macroéconomie stabilisée qui a<br />

pu, jusqu’ici, résister aux chocs<br />

La gestion macroéconomique plus rigoureuse<br />

qui a pu être installée dans la plupart des<br />

pays de la région (à l’exception de la Turquie<br />

et du Liban), se caractérise par :<br />

(i) des taux d’inflation relativement faib<strong>le</strong>s<br />

depuis <strong>le</strong> milieu des années 90,<br />

(ii) des déficits budgétaires qui sont à des<br />

niveaux acceptab<strong>le</strong>s (à l’exception du<br />

Liban et de la Turquie), avec, cependant,<br />

un dérapage en fin de période<br />

dans certains pays (Egypte, Maroc),<br />

(iii) des équilibres des comptes extérieurs<br />

qui dépendent fortement des transferts<br />

de revenus des travail<strong>le</strong>urs émigrés, des<br />

recettes touristiques et des concours<br />

publics de la communauté internationa<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong>s investissements directs et de portefeuil<strong>le</strong><br />

étant des facteurs équilibrants<br />

notab<strong>le</strong>ment insuffisants,<br />

(iv) des politiques monétaires rigoureuses<br />

encouragées par des mécanismes d’ancrages<br />

relatifs des taux de change, qui<br />

ont de moins en moins recours au seigneuriage<br />

pour financer <strong>le</strong> budget de<br />

l’Etat,<br />

(v) des taux de chômage importants, qui,<br />

compte tenu de la croissance encore<br />

considérab<strong>le</strong> de la population active,<br />

constituent une contrainte lourde que<br />

<strong>le</strong> <strong>Femise</strong> considère comme déterminante<br />

dans <strong>le</strong>s années à venir, du fait,<br />

d’une part, de la jeunesse de la population<br />

concernée (<strong>le</strong> chômage des<br />

jeunes, y compris diplômés, devient<br />

une préoccupation majeure dans <strong>le</strong>s<br />

PM) et, d’autre part, du contexte international<br />

actuel.<br />

Cette exigence de stabilisation macroéconomique<br />

a été obtenue de façon progressive et<br />

paraît désormais solidement ancrée dans <strong>le</strong>s


Agrégats macroéconomiques en Méditerranée<br />

Taux de<br />

Taux de<br />

Pib PPP par<br />

Taux de<br />

Solde<br />

croissance ( croissance<br />

tête<br />

Taux<br />

Taux<br />

Solde budgétaire<br />

croissance<br />

Taux d'inflation<br />

budgétaire<br />

% annuel (ii) ( % annuel<br />

International (i) d'inflation (%) (iii) d'inflation (%) (iii) (iii) (% PIB) (vi)<br />

(vi)<br />

( % annuel<br />

(%) 2002<br />

(% PIB)<br />

moy.)<br />

moy.)<br />

$<br />

1995-1998 1998-2001<br />

2001<br />

moy.) 2002<br />

2002<br />

1995-1998 1998-2001<br />

2001<br />

Algérie 3,0% 2,6% (i) 4,1% (iv) 5335 16,1% 3,0% 1,4% -1,6% 0,0%<br />

Chypre 5,2% 4,7% 2,2% (iii) 20824 a(iii) 2,8% 2,7% 2,8% -3,0% -3,5%<br />

Egypte 5,4% 4,9% 3,2% (iv) 3693 7,9% 3,2% 2,7% -4,7% -5,8%<br />

Israël 3,3% 2,9% -1,2% (iv) 20131 a 8,9% 3,4% 5,7% -3,1% -4,0%<br />

Jordanie 2,7% 3,7% 4,8% (iii) 3966 a 4,1% 1,9% 1,8% -3,0% -3,9%<br />

Liban 3,3% 0,5% (vi)/d 3,5% (ix) 4308 7,7% -0,8% n.a. -16,9% -11,8%<br />

Malte 4,1% 3,1% 1,0% (iii) 17273 a(iii) 3,0% 2,5% 2,2% -6,8% -6,2%<br />

Maroc 5,4% 2,7% (iii) 4,5% (iii) 3716 3,2% 1,5% 2,8% -6,7% -4,3%<br />

Syrie 5,8% -0,7% (ii)/d n.a. 3592 4,3% 0,2% 1,7% -4,5% n.a.<br />

Tunisie 5,8% 5,2% (iii) 1,7% (iii) 6598 4,2% 2,7% 2,8% -2,7% -1,8%<br />

Turquie 6,0% -1,8% (iii) 7,8% (iv) 6367 84,7% 1,9% 45% -10,0% -14,7%<br />

Total PM (0) 4,6% 1 3,8% 1 3,4% 1 5 335 1 4,3% 1 2,5% 1 2,8% 1 -3,1% 1/2 -3,9% 1/2<br />

Sources : World Bank, WDI 2002 cédérom (i) ; FMI, SFI mars <strong>2003</strong> cédérom (ii) ; Medstat Eurostat (iii) ; Banques Centra<strong>le</strong>s<br />

(iv) ; Offices nationaux de statistiques (v), EIU 2002 (vi), Ministère des Finances (vii), Calculs IM (viii), prévisions de la Banque<br />

Mondia<strong>le</strong>, on line WDI <strong>2003</strong> (ix), BMCE Bank Maroc.<br />

0 : sauf indication contraire, <strong>le</strong>s ratios PPM sont calculés à partir de la somme des va<strong>le</strong>urs nomina<strong>le</strong>s converties en $. 1 :<br />

médiane des pays considérés. 2 : hors Turquie. 3 : hors Liban. a : 2000, b : 2002, c : 1998-2001, d : 1998-2000, e : 2001.<br />

-9-<br />

(iii)<br />

Taux de<br />

chômage<br />

2002<br />

(ii)<br />

Croissance de la<br />

masse monétaire<br />

(% an. moy.)<br />

1998-2002<br />

(ii)<br />

Réserves de<br />

change (nombre<br />

de mois<br />

d'importations)<br />

1998-2001<br />

(ii)<br />

Service de la<br />

dette<br />

(% des<br />

exportations)<br />

2002<br />

(ii)<br />

Service de la<br />

dette<br />

(% des<br />

exportations)<br />

1995-1998<br />

Taux<br />

d'investissement<br />

2001<br />

Solde du<br />

compte<br />

courant<br />

(% PIB)<br />

2002<br />

(ii)<br />

Solde du<br />

compte<br />

courant<br />

(% PIB)<br />

1998-2000<br />

(iv)<br />

Taux d'intérêt<br />

interbancaire<br />

2002<br />

Algérie 5,5% n.a. n.a. 26,5% (vi) 33,0% 19,5% e 8,5 d 14,9 c 27,3% e<br />

Chypre 4,4% -4,6% -6,1% (iv) 17,3% n.a. n.a. 4,3 12,5 3,3%<br />

Egypte 5,5% -1,2% 0,0% (iv) 22,5% (iv) 11,0% 12,0% 8,9 10,4 9,1%<br />

Israël 6,5% -1,9% -2,1% (vii) 19,5% (ii) 19,7% n.a. 6,4 9,6 10,3%<br />

Jordanie 4,5% -0,1% 4,9% (iv) 20,3% (ii) 16,0% 13,7% 5,7 9,5 15,3%<br />

Liban 10,8% -20,8% n.a. 20,3% 18,0% 46,3% e 8,6 8,2 9,9% a<br />

Malte 4,0% -7,4% -5,0% (iv) 23,2% n.a. n.a. 5,2 7,4 b 6,8%<br />

Maroc 5,1% 0,6% 3,8% (x) 23,6% (vii) 28,0% 17,8% e 5,0 9,8 11,6%<br />

Syrie n.a. 0,6% d n.a. 17,4% 6,0% n.a. n.a. 18,6 c 11,7%<br />

Tunisie 6,1% -3,5% -3,5% (iv) 26,3% (iv) 16,0% 16,7% 2,0 11,6 14,9%<br />

Turquie n.a. -0,7% -3,7% (iv) 21,7% (iv) 23,0% 47,2% 4,7 d 101,0 10,6%<br />

Total PM (0) 5,5% 1 -1,6% 1 -2,8% 1 21,7% 18,0% 1 17,8% 1 5,5 1 10,4 1 11,7% 1/2


pratiques gouvernementa<strong>le</strong>s. Deux points<br />

noirs persistent cependant.<br />

En premier lieu, la faib<strong>le</strong>sse du taux de croissance<br />

du PIB qui n’est que légèrement supérieure<br />

à la croissance de la population active<br />

qui avoisine 3% par an. Ceci constitue une<br />

difficulté récurrente du panorama macroéconomique<br />

dans la me<strong>sur</strong>e où la sphère réel<strong>le</strong><br />

de l’économie ne peut absorber <strong>le</strong>s chocs<br />

internes (mauvaises récoltes) ou externes<br />

(baisses des recettes touristiques, de transports,<br />

évolutions des prix des produits primaires,<br />

faib<strong>le</strong>sse de la croissance européenne)<br />

qu’au prix d’une augmentation sensib<strong>le</strong><br />

du chômage. En second lieu, la fragilité de<br />

l’équilibre des comptes extérieurs, au<br />

moment même où la région s’insère dans la<br />

zone de libre-échange et subit, pour <strong>le</strong>s pays<br />

<strong>le</strong>s plus avancés, une concurrence accrue <strong>sur</strong><br />

ses productions loca<strong>le</strong>s.<br />

La faib<strong>le</strong>sse de la croissance a plusieurs<br />

causes qui, chacune, requièrent un ensemb<strong>le</strong><br />

d’évolutions appropriées :<br />

(i) une accumulation du capital encore insuffisante<br />

pour espérer entrer dans un processus<br />

de rattrapage (<strong>le</strong>s taux d’investissements<br />

sont de 20,3% en 2001 en<br />

moyenne dans <strong>le</strong>s PM à comparer aux<br />

26% des pays en voie d’adhésion et aux<br />

taux d’investissement supérieurs à 30%<br />

au moment du décollage des pays du<br />

Sud-Est asiatique) et qui sont plutôt en<br />

diminution en fin de période. Cette insuffisance<br />

de l’accumulation du capital<br />

nécessiterait, à la fois un développement<br />

de l’épargne et une meil<strong>le</strong>ure transformation<br />

de l’épargne en investissements (certains<br />

pays à l’instar du Maroc sont dans<br />

une situation de <strong>sur</strong>-liquidité qui manifeste<br />

à la fois un manque de dynamisme du<br />

système financier, un manque de projets<br />

d’entreprises et des défaillances du cadre<br />

-10-<br />

institutionnel –capacités de recouvrement<br />

des créances notamment),<br />

(ii) une allocation du capital défaillante en<br />

ce qu’el<strong>le</strong> ne va pas dans <strong>le</strong>s emplois <strong>le</strong>s<br />

plus productifs. Cela est <strong>le</strong> signe d’un<br />

dysfonctionnement du marché du capital<br />

encore largement sollicité par <strong>le</strong>s<br />

entreprises publiques. Là encore, des<br />

évolutions des cadres institutionnels et<br />

rég<strong>le</strong>mentaires sont nécessaires, mais<br />

freinés par <strong>le</strong> niveau du chômage qui<br />

encourage toutes <strong>le</strong>s pratiques officiel<strong>le</strong>s<br />

et non officiel<strong>le</strong>s visant à ra<strong>le</strong>ntir<br />

la substitution du capital au travail. Le<br />

résultat est une progression à peu près<br />

nul<strong>le</strong> de la productivité du travail depuis<br />

<strong>le</strong> début des années 90,<br />

(iii) une contribution très faib<strong>le</strong> du progrès<br />

technique à la croissance (la productivité<br />

globa<strong>le</strong> des facteurs ne progresse que<br />

dans <strong>le</strong>s pays <strong>le</strong>s plus dynamiques,<br />

Tunisie, Jordanie), ce qui signifie, à la<br />

fois, un manque d’innovations, des progrès<br />

organisationnels insuffisants et des<br />

processus d’amélioration continue des<br />

facteurs de production par apprentissage<br />

(croissance endogène) peu performants.<br />

Un des remèdes possib<strong>le</strong>s ici, tel<br />

que promu par la Banque Mondia<strong>le</strong>, est<br />

<strong>le</strong> développement accéléré de ce qu’il<br />

est convenu d’appe<strong>le</strong>r « l’économie de<br />

la connaissance », type d’économie<br />

pour laquel<strong>le</strong> la région est sensib<strong>le</strong>ment<br />

en retard (Reiffers, Aubert, 2002).<br />

En second lieu, <strong>le</strong> compte extérieur est dans<br />

une situation de grande fragilité du fait de la<br />

persistance d’un déficit commercial mal compensé,<br />

ou compensé par des ressources fortement<br />

soumises aux aléas de la conjoncture.<br />

Ce déséquilibre commercial est naturel<br />

pour des pays en transition. Le déficit<br />

d’épargne auquel il correspond traduit <strong>le</strong> fait<br />

que la population est jeune et l’écart de<br />

développement à comb<strong>le</strong>r important.


La difficulté de la situation actuel<strong>le</strong> tient au<br />

fait que <strong>le</strong> bouclage de la position extérieure<br />

s’effectue pour l’essentiel à partir de deux<br />

ressources hautement volati<strong>le</strong>s : <strong>le</strong>s transferts<br />

de revenus des émigrés en Europe et <strong>le</strong><br />

tourisme. Il est à noter, par ail<strong>le</strong>urs, que <strong>le</strong><br />

niveau de la dette extérieure et l’importance<br />

des remboursements annuels du principal de<br />

cette dette rendent aujourd’hui <strong>le</strong> transfert<br />

public extérieur net onéreux négatif pour<br />

l’ensemb<strong>le</strong> des PM (<strong>le</strong> transfert public extérieur<br />

net gratuit est faib<strong>le</strong> à l’exception<br />

d’Israël et de l’Egypte). Cette fragilité, qui<br />

met <strong>le</strong>s PM à la merci des évènements<br />

conjoncturels, et qui suppose que la<br />

Communauté internationa<strong>le</strong> intervienne ex<br />

post, au coup par coup, et de manière massive<br />

lorsqu’une difficulté apparaît, ne pourra<br />

être corrigée que de deux façons :<br />

(i) grâce à une amélioration de la compétitivité<br />

des exportations par une plus<br />

grande diversification, des remontées<br />

en gamme et des politiques commercia<strong>le</strong>s<br />

plus agressives,<br />

(ii) grâce à une augmentation de l’attractivité<br />

vis-à-vis des investissements<br />

directs et des investissements de portefeuil<strong>le</strong><br />

qui ont <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> avantage de<br />

contribuer au bouclage du compte extérieur<br />

et d’augmenter la productivité.<br />

Les composantes de la croissance du PIB<br />

sous l’effet de la persistance d’une conjoncture<br />

défavorab<strong>le</strong><br />

Plusieurs évènements majeurs ont marqué <strong>le</strong>s<br />

deux dernières années et fragilisent la situation<br />

des PM malgré <strong>le</strong>s progrès antérieurs.<br />

(i) L’économie mondia<strong>le</strong> s’est caractérisée<br />

par un fort ra<strong>le</strong>ntissement. La croissance<br />

mondia<strong>le</strong> n’a été que de 2,2% en<br />

2001 et est évaluée à 2,8% en 2002,<br />

des taux très inférieurs aux 4,7%<br />

-11-<br />

atteint en 2000. Symptomatique de la<br />

mauvaise conjoncture, <strong>le</strong> commerce<br />

mondial a lui aussi ra<strong>le</strong>nti, se contractant<br />

de 0,1% en 2001 après avoir progressé<br />

de 12,6% en 2000, ce qui ne<br />

s’était pas produit depuis 20 ans. De<br />

plus, la croissance de l’Union<br />

(ii)<br />

Européenne, l’un des principaux partenaires<br />

des PM, continue son affaiblissement,<br />

avec des taux de 1,4% en 2001<br />

et 0,9% en 2002 en sensib<strong>le</strong> retrait par<br />

rapport aux 2,8% et 3,5% de 1999 et<br />

2000. Cette tendance et sa probab<strong>le</strong><br />

poursuite en <strong>2003</strong> sont de lourds handicaps<br />

pour <strong>le</strong>s PM où la demande externe<br />

est devenue motrice, compte tenu du<br />

niveau des élasticités revenus.<br />

La chute des recettes touristiques, déjà<br />

considérab<strong>le</strong>, se prolonge éga<strong>le</strong>ment.<br />

Après une timide reprise fin 2002, la<br />

tendance semb<strong>le</strong> à nouveau négative<br />

en <strong>2003</strong>.<br />

(iii) Les prix du pétro<strong>le</strong> demeurent à des<br />

niveaux é<strong>le</strong>vés, ce qui a sans ambiguïté<br />

des effets négatifs pour <strong>le</strong>s pays importateurs<br />

que sont la plupart des PM.<br />

Mais, <strong>le</strong>s effets sont éga<strong>le</strong>ment contrastés<br />

pour <strong>le</strong>s pays exportateurs, dans la<br />

me<strong>sur</strong>e où <strong>le</strong>s niveaux é<strong>le</strong>vés créent des<br />

nécessités d’ajustement de l’émission<br />

monétaire domestique et des chocs en<br />

retour de la demande mondia<strong>le</strong>.<br />

Bien que <strong>le</strong>s PM aient prouvé <strong>le</strong>ur attachement<br />

à l’adoption de politiques économiques<br />

saines ne remettant pas en cause la poursuite<br />

de la transition, la persistance d’une<br />

conjoncture économique franchement défavorab<strong>le</strong><br />

renforce lourdement <strong>le</strong>s contraintes<br />

qu’ils subissent.<br />

En analysant la dynamique des composantes<br />

du produit intérieur brut des PM, on voit<br />

qu’ils ont jusqu’à maintenant absorbé <strong>le</strong>s différents<br />

chocs par une combinaison de


moyens sans utiliser de façon excessive <strong>le</strong><br />

crédit et <strong>le</strong> déficit budgétaire. Toutefois, la<br />

poursuite de la mauvaise conjoncture <strong>le</strong>s<br />

oblige à procéder à quelques changements<br />

dans <strong>le</strong>s orientations politiques précédemment<br />

choisies :<br />

(i) certains assouplissent <strong>le</strong>s politiques : en<br />

Israël, c’est <strong>le</strong> secteur public qui accroît<br />

<strong>le</strong>s dépenses en 2002 pour pallier la<br />

baisse de la consommation privée et de<br />

l’investissement fixe, ce qui ne suffit pas<br />

à éviter une croissance négative compte<br />

tenu de la baisse des exportations.<br />

Pour la Tunisie qui s’appuyait jusque-là<br />

<strong>sur</strong> la demande externe pour nourrir sa<br />

croissance, la baisse des exportations<br />

(–0,6%) a entravé l’effort d’investissement<br />

et a nécessité une croissance<br />

importante de la consommation<br />

(ii)<br />

publique pour soutenir l’activité. La<br />

Turquie accompagne largement son<br />

rebond économique avec un taux de<br />

croissance de la consommation publique<br />

deux fois plus é<strong>le</strong>vé que celui de la<br />

consommation privée. La Tunisie a ainsi<br />

clairement fait <strong>le</strong> choix d’un lissage du<br />

cyc<strong>le</strong> tandis que <strong>le</strong>s deux autres PM<br />

interviennent pour limiter l’impact très<br />

négatif <strong>sur</strong> la sphère réel<strong>le</strong> de situations<br />

très particulières ;<br />

d’autres accentuent la rigueur : Chypre,<br />

l’Egypte et <strong>le</strong> Maroc qui avaient refusé<br />

en partie l’ajustement réel et utilisé la<br />

-12-<br />

consommation publique comme principal<br />

moteur de la croissance en 2001,<br />

sont revenus à des politiques plus<br />

saines en 2002, en réduisant ou contenant<br />

fortement son taux de croissance ;<br />

(iii) d’autres enfin maintiennent la rigueur :<br />

l’Algérie et la Syrie ont bénéficié du prix<br />

é<strong>le</strong>vé des hydrocarbures. La contribution<br />

de la consommation privée est<br />

faib<strong>le</strong>. La croissance est tirée par <strong>le</strong>s<br />

investissements fixes mais essentiel<strong>le</strong>ment<br />

publics, ce qui ne permet pas un<br />

véritab<strong>le</strong> décollage de <strong>le</strong>urs économies.<br />

L’évolution des balances des paiements<br />

En 2001, la position de la balance des biens<br />

et services des PM s’est améliorée, sauf pour<br />

la Tunisie et la Jordanie. Le déficit, hors<br />

Israël, a été réduit des deux tiers et de plus<br />

de 46%, avec Israël. Ce résultat n’est pas<br />

franchement positif car il provient :<br />

(i) d’une amélioration du solde de la balance<br />

des biens due au ra<strong>le</strong>ntissement de la<br />

consommation privée et de l’activité économique<br />

dans <strong>le</strong>s PM qui ont entraîné<br />

une baisse des importations plus importantes<br />

que <strong>le</strong> tassement des exportations.<br />

Les premières ont chuté de -14%<br />

en 2001 alors qu’el<strong>le</strong>s s’accroissaient de<br />

18% en 2000. Les secondes ont stagné<br />

en 2001 (+0,9%) après avoir crû de<br />

12% en 2000. Ainsi, c’est davantage la<br />

Tab<strong>le</strong>au 5 : Décomposition de la croissance des PM en 2001 et 2002<br />

2000-2001 Algérie Chypre Egypte Israël Liban Malte Maroc Syrie Tunisie Turquie<br />

Produit Intérieur Brut 2,1% 4,1% 3,5% -1,1% 1,3% -0,8% 6,5% 3,4% 4,8% -7,5%<br />

Consommation Privée 7,6% 3,4% 1,3% 1,7% 8,8% -0,6% 10,8% -0,8% 5,2% -9,2%<br />

Consommation Publique 0,9% 10,6% 3,8% 4,0% -1,9% 7,2% 13,8% 8,6% 6,2% -8,5%<br />

Investissement fixe 1,2% 2,3% 7,4% -7,5% -6,5% -12,5% 3,1% 8,0% 3,9% -31,5%<br />

=Demande Intérieure Tota<strong>le</strong> 10,0% 3,2% 2,5% 1,5% 5,0% -6,6% 10,7% 2,0% 5,8% -15,7%<br />

Exportations de biens et services -9,8% 4,8% 3,3% -13,3% 11,4% -15,5% 4,7% 13,1% 12,2% 7,4%<br />

Importations de biens et services 1,2% 0,9% -0,4% -2,1% 5,3% -7,1% 6,1% 11,3% 4,4% -9,1%<br />

2001-2002 Algérie Chypre Egypte Israël Liban Malte Maroc Syrie Tunisie Turquie<br />

Produit Intérieur Brut 2,4% 2,2% 3,2% -1,1% 1,0% 3,0% 1,7% 7,8%<br />

Consommation Privée 2,7% 2,4% 3,5% -1,0% 2,7% 2,0% 3,4% 2,0%<br />

Consommation Publique 2,5% 2,5% 5,0% 5,4% 2,5% 4,6% 4,5% 5,4%<br />

Investissement fixe 7,3% 10,3% 0,6% -8,8% -4,2% 3,2% -0,9% -0,8%<br />

=Demande Intérieure Tota<strong>le</strong> 3,4% 0,8% 1,5% -1,3% -1,6% 2,4% 0,5% 9,4%<br />

Exportations de biens et services 1,9% -6,0% -7,8% -4,8% -4,8% 2,2% -0,6% 11,0%<br />

Importations de biens et services 7,7% -1,8% -6,0% -1,9% -5,5% 0,5% -1,7% 15,7%<br />

Sources : Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Malte, Tunisie, Turquie, Eurostat, programme Medstat,<br />

Jordanie et Liban, Banque Mondia<strong>le</strong>, Maroc, Ministère des Finances.


(ii)<br />

conjoncture défavorab<strong>le</strong> qui entraîne un<br />

effet paradoxa<strong>le</strong>ment positif, qu’une<br />

amélioration structurel<strong>le</strong>.<br />

Du maintien de l’excédent des services<br />

à un niveau suffisant, malgré la faib<strong>le</strong>sse<br />

de l’activité touristique, mais en repli<br />

de 8,5% en 2001 alors qu’il avait augmenté<br />

de 54,9% entre la première et la<br />

deuxième moitié des années 1990. La<br />

baisse des recettes touristiques est particulièrement<br />

marquée pour Israël<br />

(–43%) et explique la dégradation du<br />

compte des services en Jordanie. Ces<br />

influences ont été compensées en grande<br />

partie par la très forte amélioration<br />

de la situation marocaine (+33% de<br />

recettes touristiques).<br />

L’effet équilibrant des transferts de fonds des<br />

travail<strong>le</strong>urs s’est maintenu ainsi que celui des<br />

transferts de fonds sans contrepartie. Les<br />

premiers ont particulièrement bénéficié à la<br />

Jordanie et <strong>le</strong>s seconds à la Turquie. Au total<br />

<strong>le</strong>s comptes courants nets d’Israël, de<br />

l’Egypte, du Maroc et de la Turquie se sont<br />

améliorés de façon spectaculaire. Mais,<br />

excepté pour <strong>le</strong> Maroc, il faut bien retenir<br />

qu’il s’agit d’un effet conjoncturel dû à la<br />

récession économique.<br />

Le climat d’incertitude a pesé lourdement<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s comptes financiers. L’Egypte mise à<br />

part, tous <strong>le</strong>s PM ont subit une fuite des<br />

capitaux à court terme. Le déficit des investissements<br />

de portefeuil<strong>le</strong> s’est creusé dramatiquement<br />

entre 2001 et 2000 : hors<br />

Israël, <strong>le</strong> solde de ce compte est passé de<br />

+188 à –3 679 millions de dollars. Ce résultat<br />

est entièrement imputab<strong>le</strong> à la situation<br />

turque puisque <strong>le</strong> solde de ses opérations<br />

après avoir atteint +1 022 millions en 2000<br />

a chuté à –4 575 millions de dollars.<br />

Il ne faut probab<strong>le</strong>ment pas espérer d’amélioration<br />

en <strong>2003</strong> car, bien que la succession<br />

-13-<br />

de chocs intervenus en 2001 ait été exceptionnel<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong>s PM subissent <strong>le</strong> ra<strong>le</strong>ntissement<br />

de la conjoncture européenne qui a des<br />

effets très profonds dans la me<strong>sur</strong>e où <strong>le</strong>urs<br />

économies sont très ouvertes et dépendent<br />

largement de <strong>le</strong>urs débouchés <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés<br />

européens. De plus, en 2002, <strong>le</strong>s<br />

recettes touristiques ont chuté de 10 à 15%<br />

pour tous <strong>le</strong>s PM, sauf la Jordanie (+12%) et<br />

la Turquie (+5%) et <strong>le</strong>s conséquences du<br />

conflit en Irak seront multip<strong>le</strong>s, notamment<br />

par <strong>le</strong> biais des prix du pétro<strong>le</strong> et de la baisse<br />

des activités touristiques.<br />

Certes, une amélioration du solde courant<br />

peut provenir des transferts des émigrés suite<br />

à la hausse des prix du pétro<strong>le</strong>, mais <strong>le</strong> résultat<br />

net pour la plupart des PM est incertain<br />

car la facture pétrolière s’alourdit d’autant.<br />

Toutefois, la saison agrico<strong>le</strong> a été bonne en<br />

2002 et a eu des retombées très positives<br />

<strong>sur</strong> la situation des pays du Maghreb.<br />

De fait, la fragilité structurel<strong>le</strong> des comptes<br />

externes des PM persiste. El<strong>le</strong> tient au fait,<br />

d’une part, que <strong>le</strong> bouclage de la position<br />

extérieure s’effectue pour l’essentiel à partir<br />

de deux ressources hautement volati<strong>le</strong>s –<strong>le</strong>s<br />

transferts de revenus des émigrés en<br />

Europe et <strong>le</strong> tourisme–, d’autre part, que<br />

l’exposition aux fluctuations de la conjoncture<br />

internationa<strong>le</strong> et européenne est croissante<br />

en raison du choix d’ouverture auquel<br />

ils se sont résolus.<br />

Il faut éga<strong>le</strong>ment souligner qu’une très grande<br />

partie des fragilités structurel<strong>le</strong>s du compte<br />

externe provient des relations avec l’UE.<br />

Étant donné l’engagement des PM vis-à-vis<br />

de l’UE, <strong>le</strong> bouclage du compte externe est<br />

l’élément économique principal permettant<br />

de juger de la qualité du système d’interdépendendance<br />

qui s’est développé entre <strong>le</strong>s<br />

PM et l’UE. Pour donner l’enjeu de façon sim-


plifiée, l’objectif est de parvenir à ce que la<br />

forte proximité géographique et humaine qui<br />

lie l’UE aux PM et qui se manifeste par l’immigration,<br />

<strong>le</strong> tourisme et, plus généra<strong>le</strong>ment<br />

la mobilité des personnes, soit sous-tendue<br />

par un système d’interdépendance économique<br />

cohérent et de même amp<strong>le</strong>ur.<br />

b- Des contraintes et des rigidités<br />

contre-productives à long terme qui<br />

pèsent <strong>sur</strong> l’action des gouvernements.<br />

La réforme fisca<strong>le</strong> est un passage obligé pour<br />

<strong>le</strong>s PM, (i) parce qu’ils doivent trouver des<br />

ressources en remplacement des recettes<br />

des droits de douanes, (ii) parce que la structure<br />

actuel<strong>le</strong> du budget ne <strong>le</strong>ur permet pas<br />

une action contra-cyclique efficace et<br />

(iii) parce que <strong>le</strong>s me<strong>sur</strong>es palliatives de<br />

court terme sont contraires à l’objectif de<br />

croissance soutenue et stab<strong>le</strong> de long terme.<br />

Les taxes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> commerce international<br />

continuent en effet de constituer une part<br />

importante des ressources budgétaires<br />

tota<strong>le</strong>s de la majorité des PM : el<strong>le</strong> est certes<br />

margina<strong>le</strong> en 2002 pour Israël, et Malte (1%<br />

pour <strong>le</strong> premier, 4% pour <strong>le</strong> second), el<strong>le</strong><br />

oscil<strong>le</strong> entre 10% et 14% pour l'Algérie,<br />

l'Egypte, la Jordanie, <strong>le</strong> Maroc, la Tunisie et la<br />

Turquie et atteint 28% au Liban (source FMI,<br />

GDF et instituts nationaux). Il s’agit donc d’un<br />

poste important pour <strong>le</strong>s PM auquel il faudra<br />

trouver un substitut, puisqu’il est voué à se<br />

marginaliser du fait des engagements pris.<br />

Cependant, on constate que <strong>le</strong>s économies<br />

jordanienne et tunisienne, qui sont parmi <strong>le</strong>s<br />

plus dynamiques de la zone, ont vu cette<br />

part diminuer des deux tiers en une décennie<br />

(11,6% et 10% des recettes tota<strong>le</strong>s respectivement,<br />

en 2002 contre 28% en 1993).<br />

Cela tend à indiquer que l’accélération de la<br />

croissance du fait de l’ouverture des économies<br />

des PM peut compenser la perte de<br />

-14-<br />

cette ressource, notamment parce que<br />

l’augmentation de l’activité engendre cel<strong>le</strong>s<br />

d’autres ressources fisca<strong>le</strong>s. De plus, <strong>le</strong> cas<br />

de ces deux pays indique que la diversification<br />

de la production aidant, l’intensification<br />

des échanges permet de diminuer non seu<strong>le</strong>ment<br />

la forte dépendance des équilibres<br />

budgétaires vis-à-vis des prix des produits<br />

des matières premières tels que <strong>le</strong> pétro<strong>le</strong><br />

mais aussi <strong>le</strong> phosphate, mais éga<strong>le</strong>ment la<br />

volatilité des termes de l’échanges. Le<br />

mécanisme ici est <strong>le</strong> suivant : la diversification,<br />

qui se traduit pour <strong>le</strong>s PM par une montée<br />

en gamme de <strong>le</strong>urs produits compte<br />

tenu de <strong>le</strong>ur structure initia<strong>le</strong>, permet<br />

d’améliorer <strong>le</strong> pouvoir d’achat des exportations<br />

et ainsi d’importer du matériel incorporant<br />

plus de progrès technique, donc<br />

théoriquement plus cher mais éga<strong>le</strong>ment<br />

plus productif, ce qui renforce, toutes<br />

choses éga<strong>le</strong>s par ail<strong>le</strong>urs la compétitivité de<br />

la production loca<strong>le</strong>.<br />

Les PM sont éga<strong>le</strong>ment pénalisés par un système<br />

de taxes directes et indirectes qui n’a<br />

pas atteint sa p<strong>le</strong>ine rentabilité. Ces systèmes<br />

n’ont été mis en place que récemment<br />

sauf pour Chypre, Israël, Malte et la Turquie.<br />

Les États se privent là d’un montant de<br />

recettes considérab<strong>le</strong> puisque :<br />

(i) <strong>le</strong>s gouvernements ont choisi d’exclure<br />

de la TVA nombre de produits de base<br />

afin de ne pas aggraver la pauvreté ; <strong>le</strong><br />

prix de certains produits, comme <strong>le</strong>s carburants<br />

au Maroc, est éga<strong>le</strong>ment subventionné<br />

; dans ce contexte, la croissance<br />

de la population sans progression<br />

franche du niveau de vie peut altérer<br />

l’équilibre budgétaire, parce que la croissance<br />

de la consommation se porte, en<br />

volume, <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s produits de bases exonérés<br />

de TVA (absence de rentrées fisca<strong>le</strong>s)<br />

et <strong>le</strong>s produits subventionnés (augmentation<br />

des dépenses publiques) ;


(ii) la part du secteur informel dans l’économie<br />

grève éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s recettes fisca<strong>le</strong>s<br />

par définition, notamment parce que <strong>le</strong>s<br />

systèmes de perception ne permettent<br />

pas un suivi efficace de la situation de la<br />

base fisca<strong>le</strong>, par ail<strong>le</strong>urs étroite.<br />

On s’aperçoit de plus que dans <strong>le</strong>s pays où la<br />

réforme fisca<strong>le</strong> est la plus achevée, <strong>le</strong>s marges<br />

de manœuvre des gouvernements sont largement<br />

moins dépendantes des rentrées ponctuel<strong>le</strong>s<br />

comme <strong>le</strong>s recettes des privatisations,<br />

par exemp<strong>le</strong>, qui sont aléatoires et non renouvelab<strong>le</strong>s<br />

et ne doivent donc jamais être considérées<br />

comme une ressource du budget. Les<br />

ressources sont plus prévisib<strong>le</strong>s et créent<br />

moins de distorsions entre <strong>le</strong>s agents ou entre<br />

<strong>le</strong>s secteurs. Ainsi, <strong>le</strong> système fiscal devient<br />

plus équitab<strong>le</strong>. L’action de l’Etat peut être<br />

envisagée <strong>sur</strong> <strong>le</strong> long terme et ne nécessite<br />

pas d’amendements fréquents en cours<br />

d’exercice en cas de conjoncture adverse, toujours<br />

dommageab<strong>le</strong>s à l’investissement en<br />

capital et à la crédibilité de la capacité du gouvernement<br />

à piloter l’économie.<br />

Du côté des dépenses, <strong>le</strong>s tensions politiques<br />

récurrentes pèsent lourdement <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

marges de manœuvre des gouvernements.<br />

Officiel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s dépenses de défense<br />

demeurent plus importantes que cel<strong>le</strong>s<br />

d’éducation ou de santé au Liban (9% des<br />

dépenses tota<strong>le</strong>s), en Israël (18% des<br />

dépenses tota<strong>le</strong>s) et en Jordanie (24% des<br />

dépenses tota<strong>le</strong>s). En Egypte et au Maroc,<br />

el<strong>le</strong>s représentent entre 10 et 15% des<br />

dépenses tota<strong>le</strong>s. Une véritab<strong>le</strong> intégration<br />

commercia<strong>le</strong> de la zone, qui consacrerait une<br />

réel<strong>le</strong> volonté politique d’aplanir <strong>le</strong>s divers<br />

conflits qui minent la région, permettrait<br />

d'éviter que la défense absorbe 10,8% des<br />

dépenses tota<strong>le</strong>s effectuées par ces sept<br />

pays. Pour avoir un ordre d’idée des masses<br />

en jeu, ramener ce taux à 5% (c’est approximativement<br />

la part dans <strong>le</strong>s dépenses tota<strong>le</strong>s<br />

-15-<br />

de la Tunisie ou d’un pays comme la France)<br />

dégage un montant approximatif de 9,5 milliards<br />

de dollars par an, de l’ordre de grandeur<br />

du montant total des IDE reçus annuel<strong>le</strong>ment<br />

ces deux dernières années.<br />

Le poids de la dette externe est éga<strong>le</strong>ment<br />

un frein à la croissance pour <strong>le</strong>s PM, à l’exception<br />

de Chypre, Israël et Malte. Ils doivent<br />

dégager un solde primaire fortement<br />

positif afin d’honorer <strong>le</strong> service de la dette.<br />

Ainsi, une grande part des ressources fisca<strong>le</strong>s<br />

n’est donc pas réinjectée dans l’économie.<br />

Le poids de la dette interne est éga<strong>le</strong>ment<br />

préoccupant. Découlant des déficits<br />

budgétaires, el<strong>le</strong> draine l’épargne domestique<br />

et <strong>le</strong>s devises disponib<strong>le</strong>s. Ainsi la<br />

dette interne représente 78% de la dette de<br />

la Turquie, 67% de cel<strong>le</strong> du Maroc, 65% en<br />

l'Egypte ou 57,5% en Tunisie. Par contre, ce<br />

rapport ne s'élève qu'à 20% pour la<br />

Jordanie. Le Liban a quant à lui réduit sa<br />

dette domestique qui de 92% en 1993<br />

atteint 54% en 2002. Réduire la dette interne<br />

est donc indispensab<strong>le</strong> pour dynamiser<br />

l’investissement, réduire l’effet d’éviction du<br />

secteur privé et alléger <strong>le</strong>s incertitudes qui<br />

pèsent <strong>sur</strong> la balance des paiements. Cela<br />

est particulièrement urgent pour la Turquie<br />

ou <strong>le</strong> Liban dont <strong>le</strong>s systèmes bancaires sont<br />

très exposés étant donné <strong>le</strong>ur niveau d’implication<br />

dans <strong>le</strong> financement de la dette<br />

publique (respectivement 65% et 80% des<br />

créances bancaires sont de la dette<br />

publique).<br />

Le problème est que l'effort d'assainissement<br />

repose essentiel<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> la gestion budgétaire<br />

d’autant que <strong>le</strong>s PM se refusent à utiliser<br />

<strong>le</strong> seigneuriage. Les conditions économiques<br />

ne contribuent pas à cet effort du fait<br />

des taux d'intérêt réels trop é<strong>le</strong>vés et de l'insuffisance<br />

de la croissance. Une amélioration<br />

très significative est observab<strong>le</strong> en 2002. El<strong>le</strong><br />

provient cependant plus d'une hausse de l'in-


flation qui réduit <strong>le</strong>s taux d'intérêt réels que<br />

d'une baisse des taux d'intérêt nominaux.<br />

Reste que <strong>le</strong>s économies <strong>le</strong>s plus diversifiées<br />

et <strong>le</strong>s plus avancées dans <strong>le</strong>s réformes budgétaires<br />

sont cel<strong>le</strong>s qui ont <strong>le</strong> mieux contrôlé<br />

l'évolution de <strong>le</strong>ur solde budgétaire : Chypre,<br />

Israël, la Jordanie, Malte et la Tunisie. Pour <strong>le</strong>s<br />

autres celui-ci reste dominé par <strong>le</strong>s prix pétroliers<br />

(Algérie, Syrie) ou la saison agrico<strong>le</strong><br />

(Maroc) et très sensib<strong>le</strong> à la conjoncture économique<br />

(Egypte, Liban, Maroc, Turquie).<br />

Or, <strong>le</strong>s capacités des gouvernements à lisser<br />

<strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> économique vont encore être mises à<br />

l’épreuve en <strong>2003</strong> (comme el<strong>le</strong>s l’ont été en<br />

2001), à cause des nombreux chocs intervenus<br />

et de <strong>le</strong>ur persistance. Il <strong>le</strong>ur faudra<br />

notamment faire face :<br />

(i) à des besoins en devises plus importants<br />

du fait de la dégradation des<br />

-16-<br />

comptes externes provoquée par la<br />

hausse des prix pétroliers et la perte<br />

d’un partenaire commercial important,<br />

notamment pour la Jordanie ;<br />

(ii) à un ra<strong>le</strong>ntissement de la croissance<br />

consécutif à la baisse persistante du<br />

tourisme. Israël, <strong>le</strong> Maroc, la Tunisie et<br />

la Jordanie devraient pouvoir absorber<br />

<strong>le</strong> choc sans difficulté majeure, d’autant<br />

que <strong>le</strong>s pays ont anticipé <strong>le</strong> manque de<br />

devises potentiel. Ils ont donc émis des<br />

titres de dette souveraine et obtenus<br />

des taux intéressants (400 millions<br />

d’euros à 230 points de base —pdb—<br />

pour <strong>le</strong> Maroc, 750 millions d’euros à<br />

153 pdb pour Israël, 500 millions d’euros<br />

à 300 pdb pour la Tunisie). La situation<br />

sera beaucoup plus diffici<strong>le</strong> pour la<br />

Turquie et <strong>le</strong> Liban dont la soutenabilité<br />

de la dette est as<strong>sur</strong>ée par <strong>le</strong>s aides<br />

internationa<strong>le</strong>s et, pour <strong>le</strong> premier, par<br />

<strong>le</strong> recours au secteur bancaire domes-<br />

Encadré 1 : Croissance et soutenabilité des déficits publics et de la dette publique.<br />

CEMAFI, université de Nice, France.<br />

L’étude de la soutenabilité de la politique budgétaire et de la dette publique en Tunisie a été menée selon deux des trois<br />

méthodes identifiées dans la littérature, à savoir, (a) la méthode « comptab<strong>le</strong> » qui consiste en des évaluations pas à<br />

pas, année par année, et qui permet des simulations pour <strong>le</strong> futur proche (notons que c’est la méthode suivie par <strong>le</strong>s<br />

experts du FMI pour <strong>le</strong>urs études-pays) ; (b) la méthode « actuariel<strong>le</strong> », inspirée des travaux de B.Trehan (1988) et<br />

C.E.Walsh (1991) et des études économétriques de C.E. Quintos (1995) ou de plusieurs papiers de S.van Wijnbergen<br />

(seul ou avec d’autres auteurs).<br />

(a) Résumé très succinct de la mise en oeuvre de la méthode « comptab<strong>le</strong> » : à partir de la contrainte budgétaire définie<br />

comme suit : Bt - Bt-1 = Dt + r Bt-1, et en exprimant ces grandeurs en proportion du PIB, désormais désignées par<br />

des <strong>le</strong>ttres minuscu<strong>le</strong>s, il s’agit de vérifier la stabilité de la dette publique à savoir bt = bt-1, quel que soit t (i.e. au bout<br />

d’un certain temps, c’est à dire en régime permanent). Cette condition s’écrit : dt = - (r – n) / (1 +n) bt, expression<br />

dans laquel<strong>le</strong> n désigne <strong>le</strong> taux de croissance nominal de l’économie et dt <strong>le</strong> solde budgétaire primaire nécessaire chaque<br />

année pour maintenir <strong>le</strong> taux d’endettement public constant à son niveau courant.<br />

L’application de cette méthode pour la Tunisie entre 1986 et 2000 montre qu’à l’exception des années 1991 et 1995,<br />

<strong>le</strong>s déficits budgétaires primaires réalisés ont été inférieurs aux seuils critiques de soutenabilité dt.<br />

(b) Résumé très succinct de la mise en oeuvre de la méthode « actuariel<strong>le</strong> » : cette méthode est basée éga<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong><br />

l’étude de la contrainte budgétaire du secteur public exprimée de la façon suivante : Bt = (1+ rt ) Bt-1 - SURPt , expression<br />

dans laquel<strong>le</strong> Bt représente <strong>le</strong>s titres de la dette publique à la date t et SURPt <strong>le</strong> <strong>sur</strong>plus primaire, différence entre<br />

<strong>le</strong>s recettes publiques Tt et <strong>le</strong>s dépenses Gt ; r est <strong>le</strong> taux de rendement réel des titres publics. Par récurrence, en résolvant<br />

récursivement par substitution, on obtient la contrainte budgétaire « actuariel<strong>le</strong> » inter-temporel<strong>le</strong> de l’Etat :<br />

Bt = Et (SURPt+j / (1 + r)j+1) + Et limN ( BN+1 / (1 + r)N+1)<br />

A partir de cette approche, et après avoir procédé très rigoureusement à un certain nombre de tests économétriques<br />

sophistiqués, il a pu être montré que l’élasticité de long terme des dépenses publiques par rapport au PIB, pour <strong>le</strong> cas<br />

de la Tunisie, est largement supérieure à cel<strong>le</strong> des recettes et que la Tunisie apparaît comme un pays structurel<strong>le</strong>ment<br />

déficitaire, ce qui ne joue pas en faveur d’une soutenabilité faib<strong>le</strong> mais tend à prouver que la politique budgétaire est<br />

non soutenab<strong>le</strong>.<br />

Plusieurs autres traitements économétriques ont été menés et d’autres sont en cours pour étayer cette conclusion, qui<br />

a <strong>le</strong> mérite de faire apparaître un résultat différent de celui obtenu par la méthode comptab<strong>le</strong>. Il s’agira alors d’expliquer<br />

pourquoi <strong>le</strong>s deux méthodes utilisées conduisent à un diagnostic différent.<br />

Recherche financée par <strong>le</strong> <strong>Femise</strong> et dirigée par <strong>le</strong> CEMAFI, université de Nice, France.<br />

Référence FEM21-39<br />

Titre : Dépenses Publiques, Croissance et Soutenabilité des Déficits et de la Dette Extérieure : Etude du Rô<strong>le</strong> de l'Etat dans six Pays<br />

Méditerranéens Partenaires de l'Union Européenne (Egypte, Israël, Liban, Tunisie, Turquie)<br />

Date prévue de fin des travaux : avril 2004


tique avec des conséquences très négatives<br />

<strong>sur</strong> la croissance, pour <strong>le</strong> second<br />

par un plan de restructuration de la<br />

dette (Bellocq, <strong>2003</strong>).<br />

Deux éléments peuvent alléger la contrainte<br />

en termes de besoins de financement de<br />

l'économie :<br />

(i) il faut poursuivre la restructuration du<br />

système bancaire et sa privatisation,<br />

pour <strong>le</strong> rendre plus compétitif et plus<br />

efficace dans l'allocation des ressources<br />

en réduisant l'asymétrie d'information.<br />

Un accroissement de la concurrence<br />

permettra l’apparition de nouveaux produits<br />

sans <strong>le</strong>squels il est diffici<strong>le</strong> de<br />

financer la croissance : des prêts à long<br />

terme, orientés plus vers l’investissement<br />

et moins vers <strong>le</strong> commerce, par<br />

exemp<strong>le</strong> ;<br />

(ii) il faut ouvrir <strong>le</strong>s marchés financiers afin<br />

de permettre un recours aux fonds<br />

internationaux. Cette politique présente<br />

un risque de déstabilisation à court<br />

terme du fait de la volatilité des capitaux<br />

drainés. Cependant, <strong>le</strong>s études<br />

montrent qu'accepter cette volatilité de<br />

court terme peut être porteur de forts<br />

gains à moyen terme. De plus, l'effet<br />

dynamisant <strong>sur</strong> l'économie et notamment<br />

<strong>sur</strong> l'investissement privé domestique<br />

des investissements de portefeuil<strong>le</strong><br />

semb<strong>le</strong>rait aussi puissant que<br />

celui des IDE (Sadik et Bolbol, 2001).<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, ces marchés hautement concurrentiels<br />

permettent éga<strong>le</strong>ment une meil<strong>le</strong>ure<br />

allocation des ressources. Toutefois, <strong>le</strong> danger<br />

est que la concurrence devient mondia<strong>le</strong><br />

en termes de stabilité macroéconomique, de<br />

crédibilité des politiques économiques, de climat<br />

des affaires et des coûts de transaction,<br />

éléments dont dépend <strong>le</strong> degré de volatilité<br />

des investissements. Il est alors indispen-<br />

-17-<br />

sab<strong>le</strong> de créer <strong>le</strong>s infrastructures de contrô<strong>le</strong><br />

et de gestion des institutions travaillant dans<br />

ce domaine pour éviter <strong>le</strong>s crises lorsque cela<br />

est possib<strong>le</strong>.<br />

c- La stratégie de l’Etat employeur en<br />

dernier ressort, des effets de long terme<br />

néfastes qui pèsent <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s capacités de<br />

croissance futures<br />

Enfin, une autre contrainte lourde entame <strong>le</strong>s<br />

budgets des PM : <strong>le</strong>s salaires des emplois<br />

publics. En moyenne, l’emploi public civil<br />

représente presque 17% de l’emploi total<br />

(tab<strong>le</strong>au 5), alors que la moyenne mondia<strong>le</strong><br />

se situe à 11%. Malgré un intérêt croissant<br />

pour <strong>le</strong> secteur privé, <strong>le</strong>s emplois publics restent<br />

en effet attractifs pour une grande partie<br />

de la population. Les salaires publics sont<br />

toujours considérés comme plus é<strong>le</strong>vés, malgré<br />

<strong>le</strong>ur faib<strong>le</strong> niveau intrinsèque, que dans<br />

<strong>le</strong> privé, spécia<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong>s bas niveaux<br />

de qualification. De fait, <strong>le</strong> revenu total issu<br />

des emplois publics dépasse effectivement<br />

<strong>le</strong>s salaires peu é<strong>le</strong>vés, car il existe une grande<br />

variété de primes et indemnités dont <strong>le</strong><br />

montant peut atteindre 70% du salaire de<br />

base. S’y ajoutent d’autres avantages en<br />

nature, comme des horaires moins importants,<br />

des vacances supplémentaires et des<br />

taxes <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s revenus moins é<strong>le</strong>vés que dans<br />

<strong>le</strong> secteur privé.<br />

Ce mouvement d’accroissement de l’emploi<br />

public a été initié par l’effort mené pour<br />

améliorer <strong>le</strong>s services sociaux (santé, éducation<br />

et protection socia<strong>le</strong>), conduisant à<br />

une amélioration significative des indicateurs<br />

en ces domaines (santé tout particulièrement).<br />

Mais, il s’est rapidement traduit<br />

par un embonpoint et une rigidité du secteur<br />

public, un grand pourcentage de postes<br />

redondants et une marginalisation du secteur<br />

privé. En Egypte par exemp<strong>le</strong>, il avait<br />

été estimé que <strong>le</strong>s doublons dans <strong>le</strong>s entre-


Tab<strong>le</strong>au 6 : L’emploi dans <strong>le</strong> secteur public des PM en 1999<br />

% de<br />

l’emploi<br />

total<br />

Administrations Secteurs Sociaux<br />

Généra<strong>le</strong>s Centra<strong>le</strong>s Santé Education<br />

prises publiques représentaient 10% des<br />

effectifs, mais cette part serait en pratique<br />

plus proche de 35%. Au Maroc, 23% des<br />

entreprises publiques affichent des résultats<br />

très bas, 36% font des pertes et <strong>le</strong>s 14 plus<br />

grandes entreprises publiques totalisent une<br />

perte annuel<strong>le</strong> atteignant plus de 2% du PIB<br />

en 1992. En Algérie, ce ne sont pas moins<br />

d’un demi million d’emplois qui ont été supprimés<br />

entre 1990 et 1998. Autant d’indicateurs<br />

qui militent pour la suppression des<br />

emplois redondants. Mais cela nécessiterait<br />

un consensus politique et un climat social<br />

apaisé compte tenu des implications socia<strong>le</strong>s<br />

d’un tel mouvement.<br />

Pourtant, à l’exception d’Israël et la Turquie,<br />

<strong>le</strong> poids des salaires dans <strong>le</strong> budget contraint<br />

fortement la capacité de réaction du gouvernement<br />

en cas de baisse de l'activité.<br />

Cette part représente encore plus de 46%<br />

des dépenses tota<strong>le</strong>s de la Jordanie (bien que<br />

l’emploi public ne représente que 15% de<br />

l’emploi total, <strong>le</strong>s salaires publics représentent<br />

14,4% du PIB), 35% de cel<strong>le</strong>s du Maroc<br />

et de la Tunisie, 25-30% de cel<strong>le</strong>s de Chypre<br />

et Malte et 20% de cel<strong>le</strong>s de l'Algérie, de<br />

l'Egypte, du Liban.<br />

Outre <strong>le</strong> poids qu’el<strong>le</strong> représente, ce type de<br />

dépense évolue de façon contra-cyclique.<br />

Ainsi, en cas de crise, <strong>le</strong> gouvernement, en<br />

acceptant de se comporter comme l'employeur<br />

en dernier ressort, alourdit ses enga-<br />

-18-<br />

Total de<br />

l’emploi<br />

civil<br />

Forces<br />

armées<br />

Total<br />

Algérie 8,7 4,9 7,5 3,8 24,9 2,7 27,6<br />

Egypte 7,2 11,1 3,8 3 25,1 3,1 28,2<br />

Jordanie 3,3 3,3 6,5 2 15,1 10,3 25,4<br />

Liban 1,1 1,6 5 0,5 8,2 6,9 15,1<br />

Maroc 2,9 1,7 3,2 0,5 8,3 2,7 11,0<br />

Ter. Pa<strong>le</strong>st. 16,6 7,6 2 26,2 Na 26,2<br />

Syrie 4,2 1,2 7,1 1,1 13,6 Na 13,6<br />

Tunisie 5,2 0,9 5,4 1,9 13,4 1,5 14,9<br />

PM 6,2 3,5 5,8 1,9 16,9 4,5 20,3<br />

Source : ERF, 2000 à partir de données Banque Mondia<strong>le</strong><br />

gements et renforce <strong>le</strong>s rigidités car il lui est<br />

diffici<strong>le</strong> de réduire la part de l'emploi public<br />

une fois la crise passée.<br />

De fait, l’accroissement de l'emploi public en<br />

cas de crise produit exactement l'effet inverse<br />

à celui recherché <strong>sur</strong> la croissance,<br />

notamment en biaisant <strong>le</strong> fonctionnement du<br />

marché du travail, mais éga<strong>le</strong>ment en<br />

entraînant des effets négatifs dans la sphère<br />

réel<strong>le</strong>.<br />

(i) La concurrence <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché du travail<br />

est atténuée car <strong>le</strong>s jeunes détenant un<br />

diplôme se réfugient dans des situations<br />

d'attente.<br />

(ii) Une déconnexion entre <strong>le</strong>s besoins en<br />

termes de compétences du secteur<br />

privé et <strong>le</strong>s formations offertes apparaît.<br />

C’est ce qui explique en partie que, malgré<br />

une augmentation du niveau d’édu-<br />

Tab<strong>le</strong>au 7 : La part des salaires dans <strong>le</strong>s<br />

dépenses des gouvernements des PM<br />

(% des dépenses publiques<br />

tota<strong>le</strong>s)<br />

1995 2001<br />

Algérie 24,0 19,4<br />

Chypre 28,6 26,52 Egypte 17,1 19,41 Israël 15,3 15,1<br />

Jordanie 45,7 46,1<br />

Liban 21,2 22,63 Malte 33,2 30,7 2<br />

Maroc 34,2 36,3 3<br />

Tunisie 31,1 34,64 Turquie 26,9 17,3<br />

PM 27,7 26,8<br />

1. 1997, 2. 1998, 3. 1999, 4. 2000.<br />

Source : FMI, Governance Finance Statistics<br />

Yearbook, 2002.


Encadré 2 : Segmentation du marché du travail en Egypte<br />

L'intervention de l'Etat <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché du travail a engendré une forte segmentation, notamment en Egypte. Le gouvernement<br />

a aboli <strong>le</strong> plan d'emploi garanti pour <strong>le</strong>s détenteurs d'un diplôme de l'enseignement secondaire et de l'enseignement<br />

supérieur au début des années 1990. Cependant, ceux qui peuvent attendre préfèrent s'inscrire au chômage<br />

car ils croient pouvoir obtenir un emploi dans <strong>le</strong> secteur public à terme. Il existe donc un réservoir de main-d'œuvre<br />

inemployée exigeant un salaire relativement é<strong>le</strong>vé, au delà des possibilités offertes dans <strong>le</strong> secteur privé. Cet attentisme<br />

constitue une perte nette pour la société qui ne peut bénéficier des externalités dues à l'emploi dans des activités<br />

privées d'une force de travail mieux qualifiée. Le gouvernement y perd éga<strong>le</strong>ment dans la me<strong>sur</strong>e où il finance l'éducation<br />

puis l'attente de cette population, puis lui offre des emplois dont la productivité est relativement moindre ce qui<br />

grève <strong>le</strong>s capacités de croissance de l'économie.<br />

Distribution de l'emploi par niveau d'éducation :<br />

Secteur Inférieur au niveau<br />

intermédiaire<br />

Sources : Bridsall et O'Connell, 1999.<br />

cation de la main d’œuvre de 180%, la<br />

plus rapide progression jamais enregistrée<br />

ail<strong>le</strong>urs, la croissance économique<br />

soit restée insuffisante pour répondre à<br />

cel<strong>le</strong> de la population (Kel<strong>le</strong>r, Nabli,<br />

2002, Elbadawi, 2002).<br />

(iii) Les gouvernements sont, de plus, relativement<br />

impuissants à maîtriser l'évolution<br />

des salaires. La conséquence peut<br />

en être un accroissement des pressions<br />

<strong>sur</strong> la demande interne, donc <strong>sur</strong> l'inflation,<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s comptes externes, déjà fragilisés<br />

par <strong>le</strong> contexte économique<br />

international, et <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s besoins de<br />

devises. La transmission des hausses<br />

salaria<strong>le</strong>s venant du secteur public<br />

accroît de plus <strong>le</strong> coût de la main<br />

d'œuvre pour <strong>le</strong> secteur privé. Les<br />

investissements étrangers peuvent éga<strong>le</strong>ment<br />

avoir ce type d'effet, mais ils<br />

sont censés améliorer la productivité en<br />

contrepartie. Ainsi, l'avantage comparatif<br />

des PM en termes des coûts de la<br />

main-d’oeuvre disparaît progressivement,<br />

sans développer un avantage en<br />

termes de productivité, tandis que la<br />

cherté du travail pèse <strong>sur</strong> <strong>le</strong> développement<br />

du secteur privé.<br />

(iv) En cas de ra<strong>le</strong>ntissement économique,<br />

cette configuration oblige <strong>le</strong>s autorités à<br />

puiser dans <strong>le</strong>s dépenses prévues pour<br />

-19-<br />

Niveau<br />

intermédiaire et<br />

supérieur<br />

Diplôme<br />

universitaire et<br />

supérieur<br />

Gouvernement 7,4 47,2 55,6<br />

Entreprises publiques 5,3 15,8 14,7<br />

Secteur agrico<strong>le</strong> 57,6 9,6 2,6<br />

Secteur non agrico<strong>le</strong> 29,7 24,5 23,0<br />

Tous secteurs 100 100 100<br />

l'investissement. Or, <strong>le</strong> rythme de croissance<br />

et <strong>le</strong>s gains de productivité nécessaires<br />

pour contenir et réduire <strong>le</strong> chômage<br />

actuel ne peuvent être obtenus<br />

sans l'épargne publique. Quand <strong>le</strong>s<br />

capacités d'investissement des gouvernements<br />

sont réduites, ils doivent alors<br />

recourir à l'endettement, interne et<br />

externe, avec <strong>le</strong>s effets négatifs évoqués<br />

précédemment. Mais, du point de<br />

vue des flux financiers extérieurs, la<br />

situation des PM n’est guère florissante.<br />

Les IDE, qui peuvent avoir un impact<br />

positif <strong>sur</strong> l'économie, peinent toujours<br />

à se développer. Les prêts bancaires ne<br />

cessent de diminuer en raison des incertitudes<br />

dans la région et <strong>le</strong>s investissements<br />

de portefeuil<strong>le</strong> sont limités par <strong>le</strong><br />

manque de profondeur et de liquidité<br />

des marchés financiers des PM.<br />

III- Améliorer la vitalité de la croissance<br />

a- Privilégier l’action <strong>sur</strong> la productivité<br />

globa<strong>le</strong><br />

Autour de 3% de croissance du PIB en<br />

moyenne (ce qui correspond à la croissance<br />

de la population active qui est de 2,8%), il<br />

est illusoire de penser que <strong>le</strong>s PM puissent<br />

obtenir des augmentations significatives de


la productivité du travail par substitutions<br />

massives du capital au travail.<br />

Les PM se trouvent face à une diffici<strong>le</strong> combinaison<br />

d’objectifs qui consiste à arriver à<br />

concilier :<br />

(i) la stabilisation de la situation macroéconomique<br />

;<br />

(ii) l’ouverture et l’accroissement de la<br />

compétitivité pour conserver/gagner<br />

des parts de marchés ;<br />

(iii) <strong>le</strong> maintien de l’ordre social par l’élargissement<br />

de la couverture socia<strong>le</strong>, la<br />

résorption des poches de pauvreté et<br />

d’il<strong>le</strong>ttrisme<br />

revenus.<br />

et l’augmentation des<br />

Comment restaurer <strong>le</strong>s marges de<br />

manœuvre permettant de concilier ces trois<br />

objectifs ? L’idéal serait que <strong>le</strong>s pays puissent<br />

accroître la productivité des facteurs et<br />

accumu<strong>le</strong>r plus de capital (aspect compétitivité<br />

de la croissance) sans que cela se fasse<br />

au détriment de l’accroissement de l’utilisation<br />

du facteur travail.<br />

Dans ce contexte, la substitution du capital<br />

au travail, qui est <strong>le</strong> lot des économies<br />

ouvertes, industrialisées et f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>s, suppose<br />

une vitalité suffisante des économies<br />

pour absorber <strong>le</strong>s effets des ajustements.<br />

Condition qui n’est pas satisfaite dans <strong>le</strong>s<br />

PM et qui explique la difficulté de pénétration<br />

de la discipline du marché, contrariée<br />

par toutes sortes d’interventions (souvent<br />

de fait), visant à limiter ses effets <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

chômage.<br />

La modification du régime de croissance luimême<br />

est donc impérative, ce qui implique<br />

d’agir <strong>sur</strong> la productivité globa<strong>le</strong> des facteurs<br />

(PGF) et <strong>sur</strong> l’augmentation continue de<br />

l’amélioration de la qualité des facteurs<br />

(croissance endogène : cf. encadré 4).<br />

-20-<br />

Cet impératif de modification du régime de<br />

croissance suppose :<br />

√ une accumulation accrue du capital,<br />

mais d’un capital plus productif et, ici,<br />

l’investissement direct étranger est un<br />

apport décisif ;<br />

√ une amélioration continue du travail<br />

(capital humain) par l’élévation du niveau<br />

de formation et une bonne adéquation<br />

entre la formation et <strong>le</strong>s emplois ;<br />

√ une augmentation de la Productivité<br />

Globa<strong>le</strong> des Facteurs (progrès technique<br />

au sens Solow) qui est précisément <strong>le</strong><br />

moyen d’augmenter <strong>le</strong> produit par tête<br />

sans substituer de façon exagérée du<br />

capital au travail.<br />

Au vu des résultats, on observe, d’une part,<br />

que l’augmentation de la productivité du travail<br />

est faib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s PM, ce qui entraîne<br />

mécaniquement une baisse de la compétitivité<br />

lorsque <strong>le</strong>s salaires augmentent, d’autre<br />

part, que la contribution de la productivité<br />

globa<strong>le</strong> à la croissance du produit est faib<strong>le</strong>,<br />

voire négative.<br />

Les PM enregistrent peu de revenus additionnels<br />

par tête lorsqu’ils mobilisent de nouveaux<br />

facteurs de production. Cette absence<br />

de progrès technique rend donc la croissance<br />

étroitement dépendante du taux d’accumulation<br />

du capital.<br />

On peut évoquer ici plusieurs voies à explorer<br />

pour remédier à cette situation :<br />

√ la première est l’innovation et l’amélioration<br />

de la qualité des produits,<br />

√ la deuxième est <strong>le</strong>s progrès qui peuvent<br />

être réalisés dans l’organisation<br />

interne des entreprises et, en particulier,<br />

dans l’optimisation de la combinaison<br />

productive (consommations intermédiaires,<br />

capital, travail) ;


Encadré 3 : La Productivité Globa<strong>le</strong> des Facteurs dans <strong>le</strong>s PM<br />

La me<strong>sur</strong>e de la Productivité Globa<strong>le</strong> des Facteurs (PGF) est la méthode économétrique la plus simp<strong>le</strong> et la plus usitée<br />

pour évaluer <strong>le</strong>s performances passées et futures de croissance d’une économie, ses capacités de rattrapage vis-à-vis<br />

d’autres économies et <strong>le</strong>s différences de niveau de revenu et de croissance.<br />

La PGF se calcu<strong>le</strong> à partir de la décomposition des trois principaux éléments de la croissance que sont l’accumulation du<br />

capital, l’accumulation du travail et <strong>le</strong> progrès technique. Ces sources identifiées, <strong>le</strong> résidu est interprété comme la<br />

me<strong>sur</strong>e de la PGF.<br />

L’intérêt de la notion est essentiel. Mais, la méthodologie souffre cependant de plusieurs limites qui tiennent à la fois à la<br />

méthode (donner un pouvoir explicatif à un résidu) et aux hypothèses faites, indispensab<strong>le</strong>s à sa mise en œuvre, qui sont :<br />

(i) <strong>le</strong> type de fonction de production retenu qui suppose de poser des rendements d’échel<strong>le</strong> constants, ce qui signifie<br />

qu’en présence de rendements non constants dus à la présence d’externalités, on attribue à la productivité des facteurs<br />

l’effet des externalités ; il est bien sûr possib<strong>le</strong> de choisir une fonction de production à rendements croissants<br />

ou décroissants. Mais, dans tous <strong>le</strong>s cas, cela nécessite au départ de fixer l’hypothèse voulue, en donnant une<br />

va<strong>le</strong>ur à ce paramètre ;<br />

(ii) <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs de la part du capital et du travail dans la va<strong>le</strong>ur ajoutée de l’économie qui doivent être fixées. Pour <strong>le</strong>s<br />

économies développées, cela ne pose guère de problème : on me<strong>sur</strong>e relativement bien <strong>le</strong> stock de capital disponib<strong>le</strong><br />

à un moment donné dans une économie donnée, ce qui permet de connaître la part du capital (notée traditionel<strong>le</strong>ment<br />

α) avec peu d’incertitudes. En pratique, el<strong>le</strong> varie entre 0,3 et 0,5 selon <strong>le</strong>s pays. Mais, dans <strong>le</strong> cas<br />

des pays en développement en général et des PM en particulier, <strong>le</strong>s me<strong>sur</strong>es du stock de capital sont peu fiab<strong>le</strong>s,<br />

ce qui induit une grande incertitude <strong>sur</strong> la va<strong>le</strong>ur du paramètre.<br />

Or, il a été démontré que de légères différences dans <strong>le</strong>s hypothèses précédentes peuvent entraîner de très importantes<br />

différences dans <strong>le</strong>s résultats. Ainsi, la Banque Mondia<strong>le</strong> a calculé la croissance annuel<strong>le</strong> de la PGF pour la Corée au cours<br />

de la période 1960-1997 selon diverses hypothèses (Cf. World Bank Premnotes n°42, septembre 2000). En supposant<br />

des rendements décroissants (paramètre 1 à 0,8) et une part du capital identique à la va<strong>le</strong>ur traditionnel<strong>le</strong>ment utilisée<br />

pour <strong>le</strong>s pays en développement (paramètre 2 à 0,3), <strong>le</strong> résultat obtenu est une croissance annuel<strong>le</strong> de la PGF de 3%.<br />

Mais, en supposant des rendements croissants (paramètre 1 à 1,2) et une part du capital plus é<strong>le</strong>vée (paramètre 2 à<br />

0,5), <strong>le</strong> résultat obtenu est complètement contraire : la PGF aurait décru de 1,4% par an dans la même période.<br />

Il est alors clair que <strong>le</strong>s hypothèses faites sont essentiel<strong>le</strong>s. Pourquoi, par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s rendements d’échel<strong>le</strong>s ne seraient<br />

pas constants ? Parce que la concurrence n’est pas parfaite, ce qui est très plausib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s pays en développement.<br />

De même, lorsque l’on se livre à une approche comparant plusieurs pays, une troisième série d’hypothèses doivent être<br />

faite <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s différences dans la va<strong>le</strong>ur des paramètres en chaque pays. Par exemp<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong>s PM, on peut supposer que<br />

la va<strong>le</strong>ur du paramètre α (la part du capital) est identique, c’est-à-dire qu’ils emploient tous peu ou prou la même technologie.<br />

Comme <strong>le</strong> montre <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au suivant, l’Algérie aurait largement dépassé <strong>le</strong> Maroc en termes performance. Mais,<br />

si l’on suppose que <strong>le</strong> paramètre est différent pour chaque pays (c’est-à-dire qu’il y a une différence dans la technologie<br />

employée), <strong>le</strong> résultat s’inverse là encore.<br />

La limite de cette méthode est que <strong>le</strong>s erreurs statistiques qui sont faites aussi bien dans la me<strong>sur</strong>e des va<strong>le</strong>urs des<br />

coefficients que des variab<strong>le</strong>s de stock de capital ou de travail déterminent la va<strong>le</strong>ur fina<strong>le</strong> de la PGF. La robustesse des<br />

résultats présentés a donc été éprouvée à partir de la cohérence des va<strong>le</strong>urs produites par différents auteurs et à partir<br />

de données différentes.<br />

Néanmoins, on peut tirer quelques enseignements de plusieurs estimations menées dans <strong>le</strong>s PM :<br />

(i) Tous <strong>le</strong>s PM ont une PGF négative <strong>sur</strong> la période 1981-1990, c’est-à-dire pendant la période de retournement des<br />

prix du pétro<strong>le</strong> et d’entrée dans une phase de ra<strong>le</strong>ntissement économique important.<br />

(ii) La contribution des facteurs à la croissance s’est modifiée pour tous <strong>le</strong>s PM en faveur du travail. En Jordanie et en<br />

Turquie, l’accumulation du capital contribue toujours de manière supérieure, mais l’écart s’est réduit. Pour <strong>le</strong>s<br />

autres, la contribution du facteur travail à la croissance est devenue plus grande que cel<strong>le</strong> du capital dans la période<br />

1991-1997, alors que c’était l’inverse pour la période 1970-1980. Cela illustre bien <strong>le</strong> fait qu’ils ont mis l’accent<br />

<strong>sur</strong> l’absorption des nouveaux entrants <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché ;<br />

(iii) Mais, comme on l’a souligné auparavant, ce mouvement a pesé <strong>sur</strong> la compétitivité dans bien des cas. La croissance<br />

de la PGF est devenue négative <strong>sur</strong> la période 1991-1997 pour la Turquie et <strong>le</strong> Maroc alors qu’el<strong>le</strong> était positive<br />

<strong>sur</strong> la décennie antérieure. La Jordanie et l’Algérie subissent une croissance de la PGF négative depuis au moins<br />

deux décennies.<br />

Source et calculs : Sekkat (2002).<br />

Pays Période Taux de croissance Contribution à la<br />

croissance (αα=0,54<br />

pour tous <strong>le</strong>s pays)<br />

-21-<br />

Contribution à la<br />

croissance (αα différent<br />

pour tous <strong>le</strong>s pays)<br />

Produc tion Capital Travail Capital Travail PGF Capital Travail PGF<br />

Algérie 1960-80 6,73 7,04 2,52 3,80 1,16 1,77 4,93 0,75 1,04<br />

1981-90 2,46 4,87 3,73 2,63 1,72 -1,88 3,41 1,12 -2,06<br />

1991-97 0,83 1,02 4,27 0,55 1,96 -1,68 0,71 1,28 -1,16<br />

Egypte 1960-80 6,77 7,95 2,20 4,29 1,01 1,46 4,53 0,94 1,29<br />

1981-90 4,93 8,75 2,52 4,73 1,16 -0,95 4,99 1,08 -1,14<br />

1981-97 4,86 1,28 2,84 1,23 1,31 2,32 1,30 1,22 2,33<br />

Jordanie 1960-80 5,76 10,95 3,22 5,91 1,48 -1,63 6,57 1,29 -2,10<br />

1981-90 3,19 6,99 5,04 3,78 2,32 -2,90 4,19 2,02 -3,02<br />

1991-97 4,18 8,20 6,00 4,43 2,76 -3,00 4,92 2,40 -3,13<br />

Maroc 1960-80 5,87 8,25 2,71 4,45 1,25 0,17 2,97 1,73 1,16<br />

1981-90 3,57 4,95 2,46 2,67 1,13 -0,23 1,78 1,57 0,22<br />

1991-97 2,36 3,59 2,61 1,94 1,20 -0,78 1,29 1,67 -0,60<br />

Tunisie 1960-80 6,61 6,48 2,84 3,50 1,31 1,81 4,99 0,65 0,97<br />

1981-90 3,72 4,60 2,78 2,48 1,28 -0,04 3,54 0,64 -0,46<br />

1991-97 4,30 3,92 2,96 2,12 1,36 0,82 3,02 0,68 0,60<br />

Turquie 1960-80 5,18 7,60 1,42 4,11 1,65 0,42 4,71 0,54 -0,08<br />

1981-90 5,35 4,63 2,59 2,50 1,19 1,65 2,87 0,99 1,49<br />

1991-97 3,96 5,48 3,14 2,96 1,44 -0,45 3,40 1,19 -0,64


√ la troisième est <strong>le</strong>s synergies (externalités)<br />

qui peuvent être développées <strong>sur</strong><br />

des espaces données entre firmes avec<br />

l’incitation des pouvoirs publics,<br />

√ la quatrième est l’amélioration continue<br />

de la qualité des facteurs de production<br />

et, en particulier du travail, par <strong>le</strong> développement<br />

du niveau de formation, l’adéquation<br />

de la formation aux emplois, la<br />

formation tout au long de la vie.<br />

Sur ces différents points, <strong>le</strong>s PM sont claire- Bien que nécessaire pour créer nombre d’exment<br />

en retard aujourd’hui et devront faire ternalités (notamment par la qualité des<br />

un effort considérab<strong>le</strong> s’ils veu<strong>le</strong>nt pouvoir biens publics, en matière d’éducation de<br />

Encadré 4 : La croissance endogène<br />

-22-<br />

pénétrer dans <strong>le</strong> cerc<strong>le</strong> vertueux d’une croissance<br />

fondée <strong>sur</strong> l’augmentation de la productivité<br />

et de la distribution de revenus.<br />

C’est à ce prix qu’un régime de croissance<br />

permettra d’absorber l’augmentation de la<br />

population active.<br />

Le <strong>Femise</strong> considère que la stratégie d’ouverture<br />

et de libéralisation suivie est la bonne<br />

stratégie dans la me<strong>sur</strong>e où el<strong>le</strong> touche<br />

directement au comportement des acteurs.<br />

Rapidement résumée, l’idée théorique récurrente de cette famil<strong>le</strong> de modè<strong>le</strong> (basé <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s travaux Romer 1986, 1990[a])<br />

n’est pas une remise en cause du modè<strong>le</strong> canonique de Solow, mais une extension : au niveau microéconomique, c’est<br />

à dire au niveau des agents, la fonction de production conserve sa forme et ses propriétés. Notamment, <strong>le</strong>s rendements,<br />

à l’échel<strong>le</strong> de chaque firme, restent non croissants, ainsi que la productivité margina<strong>le</strong> du capital. De fait, il existe toujours<br />

un équilibre de long terme et l’on préserve <strong>le</strong>s bases microéconomiques théoriques au niveau de la fonction de<br />

production. En repartant du modè<strong>le</strong> de Solow, Y=AK α L β avec α+β≤1.<br />

Mais, il existe dans la fonction agrégée, c’est à dire au niveau de l’économie toute entière, des externalités positives qui<br />

sont sources de rendements croissants. Dans <strong>le</strong>s travaux initiaux de Romer, chaque firme profite en fait du capital des<br />

autres firmes, par exemp<strong>le</strong> par diffusion des bonnes pratiques, etc. En revenant <strong>sur</strong> une fonction de production théorique,<br />

au niveau de l’ensemb<strong>le</strong> des firmes Y=AK α L β X χ avec α+β+χ>1.<br />

Néanmoins, pour <strong>le</strong>s firmes et <strong>le</strong>s autres agents, ces externalités n’entrent pas dans <strong>le</strong>ur processus d’optimisation. En<br />

clair, ils ne perçoivent pas l’intérêt dont ils bénéficient du fait de ces externalités. L’économie atteint bien un équilibre,<br />

mais il est sous optimal. Si en effet un « planificateur social », pour reprendre <strong>le</strong>s termes généra<strong>le</strong>ment utilisés, intervient<br />

pour accroître <strong>le</strong> niveau de l’externalité, soit en subventionnant ses composantes, soit en taxant ses substituts,<br />

etc., un nouvel équilibre est atteint où <strong>le</strong> nouveau taux de croissance de long terme atteint est plus é<strong>le</strong>vé.<br />

La situation actuel<strong>le</strong> est, en fait, assimilab<strong>le</strong> à un problème d’hystérésis, ce que D’autume et Michel (1993) appel<strong>le</strong>nt<br />

une trappe de non développement. L’idée est simp<strong>le</strong> : la présence d’externalités, sources potentiel<strong>le</strong>s de croissance, ne<br />

fait pas de doute, mais <strong>le</strong>ur impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong> niveau de la croissance est soumis à un effet de seuil. En deçà de ce seuil,<br />

l’économie demeure <strong>sur</strong> un sentier de croissance stab<strong>le</strong> mais faib<strong>le</strong> (point E1 dans la figure 4). Lorsque <strong>le</strong> niveau d’externalité<br />

atteint ou dépasse un certain seuil (K2), <strong>le</strong>s effets positifs jouent et l’économie se dirige vers un niveau de<br />

croissance de long terme plus é<strong>le</strong>vé.<br />

Autrement dit, il existe un certain nombre d’actions « publiques » et d’interactions qui modifient l’équilibre de long terme<br />

et <strong>le</strong> situe à des niveaux plus é<strong>le</strong>vés.<br />

Trappe de non développement et seuils d’externalité<br />

D’après d’Autume et Michel 1993<br />

[a] Cf P. ROMER, "Increasing returns and long-run growth", Journal of Political Economy n°3, vol. 94, octobre 1986,<br />

pp.1002-1037 ; ROMER P., "Are nonconvexities important for understanding growth", American Economic Review n°2,<br />

vol. 80, mai 1990, pp.97-103.


echerche et de formation), l’action de l’Etat<br />

est trop contrainte et trop soumise aux fluctuations<br />

cycliques pour être <strong>le</strong> principal<br />

moteur de ces évolutions.<br />

b- Accélérer la mise en œuvre des<br />

réformes nécessaires pour modifier <strong>le</strong><br />

régime de croissance<br />

La transition vers une économie de marché<br />

réclame, en premier lieu, la mise en place<br />

d’un cadre légal et institutionnel qui offre <strong>le</strong>s<br />

conditions d’un fonctionnement efficace des<br />

marchés et permet aux acteurs de la société<br />

civi<strong>le</strong> d’agir au mieux de <strong>le</strong>urs intérêts. Ils<br />

doivent particulièrement renforcer la stabilité<br />

et la prédictibilité de l’environnement socioéconomique.<br />

De ce point de vue, la simp<strong>le</strong> modification<br />

idéologique ne suffit pas à réussir la transi-<br />

-23-<br />

tion. Il apparaît qu’une certaine tradition et la<br />

familiarité avec l’économie de marché aident<br />

au processus. Là, certains PM comme <strong>le</strong><br />

Liban, <strong>le</strong> Maroc, la Syrie ou la Tunisie, disposent<br />

d’un avantage, parce qu’ils sont intégrés<br />

dans <strong>le</strong>s échanges pendant des sièc<strong>le</strong>s.<br />

L’esprit commercial des phéniciens encore<br />

présent y permettra une transition plus aisée<br />

que dans d’autres pays qui n’ont guère connu<br />

d’épisodes d’ouverture.<br />

Toutefois, la transition vers <strong>le</strong> marché moderne<br />

et l’adoption des réformes économiques<br />

nécessaires ont été <strong>le</strong>ntes dans la région, ce<br />

qui a pesé <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s performances en termes de<br />

croissance. Les infrastructures léga<strong>le</strong>s sont<br />

encore en construction. Les domaines des<br />

échanges, de l’investissement, de la concurrence,<br />

du droit des sociétés et du droit fiscal<br />

sont eux aussi en cours d’adaptation et de<br />

mise à jour. Les privatisations se font à un<br />

Encadré 5 : Dépenses publiques et croissance : y a t’il une « tail<strong>le</strong> optima<strong>le</strong> » de l’Etat ?<br />

CEMAFI, université de Nice, France.<br />

En s’inspirant d’une approche théorique développée pour <strong>le</strong> cas des USA fin des années 90, par R.K. Vedder et L.E.<br />

Gallaway (1998), la relation entre la « tail<strong>le</strong> » de l’Etat et la croissance économique a été étudiée en Tunisie, <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

trois dernières décennies afin de voir si, pour ce pays, il était possib<strong>le</strong> d’observer la « présence » d’une Courbe d’Armey<br />

(Cf. R. Armey, 1995). La construction de la « Courbe d’Armey » repose <strong>sur</strong> l’idée selon laquel<strong>le</strong>, lorsque <strong>le</strong>s dépenses<br />

publiques sont faib<strong>le</strong>s (ou en tous cas inférieures à un certain volume), un certain nombre de biens publics (ou de services<br />

publics) considérés norma<strong>le</strong>ment comme fournisseurs d’externalités positives favorab<strong>le</strong>s au développement du<br />

secteur privé, <strong>le</strong> niveau du Produit global ou bien <strong>le</strong> taux de croissance de l’économie est faib<strong>le</strong> ; réciproquement, lorsque<br />

<strong>le</strong> niveau des dépenses publiques est très é<strong>le</strong>vé, <strong>le</strong> poids de l’Etat dans l’économie est excessif et celui-ci, détournant<br />

une trop grande quantité de richesses à son profit, pénalise <strong>le</strong> secteur privé qui ne dispose pas de moyens suffisants<br />

pour accumu<strong>le</strong>r assez de ressources lui permettant d’as<strong>sur</strong>er une bonne croissance économique. D’où l’idée de l’existence<br />

d’un seuil de dépenses publiques G, repérab<strong>le</strong> en proportion du P.I.B, qui déterminerait la proportion (G/PIB) optima<strong>le</strong><br />

compatib<strong>le</strong> avec l’output (ou <strong>le</strong> taux de croissance) maximal.<br />

L’idée de base de cette vision est que l’on puisse justifier <strong>le</strong> tracé d’une courbe du type ci-dessous reliant la variab<strong>le</strong><br />

explicative (G/PIB) en abscisse à la variab<strong>le</strong> expliquée (une variab<strong>le</strong> « me<strong>sur</strong>ant » la croissance, O pour <strong>le</strong> PIB ou g%<br />

son taux de croissance) en ordonnée.<br />

La méthode retenue de détermination de ce seuil est une méthode économétrique qui a permis d’obtenir <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs<br />

ajustements pour la Tunisie et pour la période 1968 à 1997, avec la relation suivante :<br />

g%= a + b (G/PIB)+ c(G/PIB) 2 + d. Infl. +e. (Ip/PIB)+ g.(X*/PIB) + h.(T/PIB) + j.((G-T)/PIB)<br />

expression dans laquel<strong>le</strong> G désigne <strong>le</strong>s dépenses publiques courantes, Infl. <strong>le</strong> taux d’inflation, (Ip/PIB) la part des investissements<br />

privés dans <strong>le</strong> PIB, X* la croissance des exportations, (G-T) <strong>le</strong> déficit public.<br />

Le meil<strong>le</strong>ur ajustement donne : g%= -0,52 + 3,26 (G/PIB) - 4,65 (G/PIB)2 + ... ce qui donne une estimation de l’ordre<br />

de 35% pour <strong>le</strong> seuil « idéal » recherché. Cet ordre de grandeur pour la Tunisie paraît tout à fait crédib<strong>le</strong>, compte-tenu<br />

du rô<strong>le</strong> important joué par l’Etat dans l’activité économique.<br />

Recherche financée par <strong>le</strong> <strong>Femise</strong> et dirigée par <strong>le</strong> CEMAFI, université de Nice, France.<br />

Référence FEM21-39<br />

Titre : Dépenses Publiques, Croissance et Soutenabilité des Déficits et de la Dette Extérieure : Etude du Rô<strong>le</strong> de l'Etat dans six Pays<br />

Méditerranéens Partenaires de l'Union Européenne (Egypte, Israël, Liban, Tunisie, Turquie)<br />

Date prévue de fin des travaux : avril 2004


ythme <strong>le</strong>nt et ne concernent généra<strong>le</strong>ment<br />

que certains secteurs, et pas forcément ceux<br />

où cela serait <strong>le</strong> plus productif (<strong>Femise</strong>,<br />

<strong>2003</strong>). Un index des réformes structurel<strong>le</strong>s[2]<br />

dans <strong>le</strong>s PM (restreint à l’Egypte, la Jordanie,<br />

<strong>le</strong> Maroc et la Tunisie) indique bien une intensification<br />

des réformes dans la deuxième moitié<br />

des années 90, insuffisante toutefois relativement<br />

à l’Europe de l’Est et à l’Asie centra<strong>le</strong>,<br />

en retard dans <strong>le</strong>s années 80, en avance<br />

aujourd’hui (Dasgupta et Kel<strong>le</strong>r, 2002).<br />

Malgré l’intention affichée de s’ouvrir et de<br />

s’intégrer dans une économie globa<strong>le</strong>, <strong>le</strong><br />

retard institutionnel pris peut entraver <strong>le</strong><br />

mouvement. Illustration de ce retard, certains<br />

PM n’ont pas modifié <strong>le</strong>urs constitutions<br />

depuis des lustres, malgré <strong>le</strong>s changements<br />

dans <strong>le</strong> monde. Ainsi, selon sa constitution<br />

l’Egypte reste encore aujourd’hui dans un<br />

système de démocratie socialiste. Plus généra<strong>le</strong>ment<br />

et relativement aux autres systèmes,<br />

ces constitutions donnent un pouvoir<br />

plus important à l’exécutif vis-à-vis des systèmes<br />

judiciaire et législatif.<br />

Au demeurant, certaines facettes des systèmes<br />

socialistes mis en place ont été importantes<br />

pour <strong>le</strong>s PM. Il en est ainsi, comme on<br />

l’a souligné, de l’emploi public ou des sub-<br />

-24-<br />

ventions. Cela a permis <strong>le</strong> développement de<br />

progrès réels dans la sphère socia<strong>le</strong> et la stabilité<br />

politique, même si cela s’est fait au<br />

détriment de l’efficacité des marchés. Mais,<br />

la majorité des PM faisant <strong>le</strong> choix de la libéralisation<br />

de <strong>le</strong>ur économie et du retrait de<br />

l’intervention de l’État dans certains secteurs<br />

se pose la question du rô<strong>le</strong> des gouvernements<br />

dans <strong>le</strong> bien-être des sociétés.<br />

Dans <strong>le</strong>s PM, comme dans de nombreux<br />

autres pays en développement, <strong>le</strong>s réformes<br />

institutionnel<strong>le</strong>s ne font que suivre <strong>le</strong>s<br />

réformes politiques avec un certain retard.<br />

Sur la base d’une sé<strong>le</strong>ction d’indicateurs de<br />

gouvernance concernant 8 PM (tab<strong>le</strong>au 8),<br />

on remarque que :<br />

(i) la situation est relativement bonne et<br />

comparab<strong>le</strong> au sein des pays en termes<br />

de « lois et ordre public » —indicateur<br />

qui me<strong>sur</strong>e la perception de l’impartialité<br />

et du respect des systèmes judiciaires—<br />

à l’exception du cas algérien.<br />

Le Maroc, la Tunisie et la Syrie affichent<br />

de très bonnes performances ;<br />

(ii) ce n’est pas <strong>le</strong> cas en ce qui concerne <strong>le</strong>s<br />

indicateurs de « force de la loi » et « d’efficacité<br />

des gouvernements » : <strong>le</strong> score<br />

est médiocre en Algérie, Liban et Syrie ;<br />

Tab<strong>le</strong>au 8 : Sé<strong>le</strong>ction de critères de gouvernance dans <strong>le</strong>s PM<br />

Lois et ordre<br />

public (1)<br />

2001<br />

Force de la loi<br />

(2)<br />

2000-01<br />

Efficacité des<br />

gouvernements<br />

(2)<br />

2000-01<br />

Indice de<br />

perception de la<br />

corruption (3)<br />

2001<br />

Corruption (2)<br />

2000-01<br />

Algérie 2 -0,97 -0,81 na -0,62<br />

Egypte 4 0,21 0,27 3,6 -0,16<br />

Jordanie 4 0,66 0,42 4,9 0,09<br />

Liban 4 -0,05 -0,02 na -0,63<br />

Maroc 6 0,46 0,10 na 0,44<br />

Syrie 5 -0,52 -0,81 na -0,83<br />

Tunisie 5 0,81 1,30 5,3 0,86<br />

Source : UNDP 2002, Human Development Report.<br />

Notes : (1) Source : the International Country Risk Guide (me<strong>sur</strong>e variant entre 0 et 6, 6 étant la<br />

meil<strong>le</strong>ure situation).<br />

(2) Indicateurs subjectifs de la qualité de la gouvernance fondés <strong>sur</strong> des enquêtes menées par la<br />

Banque Mondia<strong>le</strong> (variant de –2,50 à 2,50, 2,5 étant la meil<strong>le</strong>ure situation). La « Force de la loi »<br />

me<strong>sur</strong>e la prédictibilité de la justice et <strong>le</strong> coût engendré par <strong>le</strong>s crimes et délits. « L’efficacité des gouvernements<br />

» me<strong>sur</strong>e la qualité des administrations, <strong>le</strong>s coûts de transaction, la qualité du système<br />

public de santé et la stabilité des gouvernements.<br />

(3) Source : indice de perception de la corruption de Transparency International (l’échel<strong>le</strong> varie de 0 à<br />

10, 10 étant la meil<strong>le</strong>ure situation).<br />

na : non disponib<strong>le</strong>.


(iii) <strong>le</strong>s me<strong>sur</strong>es de la corruption dans <strong>le</strong>s<br />

administrations et <strong>le</strong> système judiciaire<br />

semb<strong>le</strong>nt constituer une entrave aux<br />

affaires en Algérie, au Liban, en Syrie,<br />

voire en Egypte. La Tunisie et <strong>le</strong> Maroc<br />

et la Jordanie sont épargnés par <strong>le</strong><br />

phénomène ;<br />

-25-<br />

(iv) la Tunisie a de bons scores dans tous <strong>le</strong>s<br />

critères (dépassant tous <strong>le</strong>s PM), particulièrement<br />

dans l’efficacité du gouvernement,<br />

la positionnant parmi <strong>le</strong>s pays à<br />

hauts revenus et fort développement<br />

humain. Le Maroc et la Jordanie réalisent<br />

aussi de bonnes performances généra<strong>le</strong>s.<br />

Encadré 6 : Les institutions intermédiaires pour la croissance des processus de gouvernance<br />

dans <strong>le</strong>s Partenaires Méditerranéens.<br />

Istituto di Studi sul<strong>le</strong> Società del Mediterraneo (ISSM-CNR), Italie.<br />

Une réf<strong>le</strong>xion généra<strong>le</strong> concernant <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des gouvernements nationaux, dans <strong>le</strong> cadre de la globalisation et des politiques<br />

de décentralisation, a initié de nouvel<strong>le</strong>s approches qui dépassent la conception hiérarchique de l’Etat, fondée <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> principe de l’autorité. Selon ces approches, la multiplication des acteurs et des niveaux de négociation -international,<br />

national et local- implique un nouveau modè<strong>le</strong> de gouvernement, qu’on appel<strong>le</strong> gouvernance ou nouvel<strong>le</strong> gouvernance<br />

ou bonne gouvernance, fondée <strong>sur</strong> des structures organisées d’interaction et de <strong>partenariat</strong> qui caractérisent de<br />

plus en plus <strong>le</strong>s sociétés loca<strong>le</strong>s. Si <strong>le</strong> débat <strong>sur</strong> ces questions est fréquent dans <strong>le</strong>s pays industrialisés, la connaissance<br />

des structures et des stratégies de gouvernance dans <strong>le</strong>s Pays en développement est plutôt faib<strong>le</strong>. En effet, concernant<br />

ces pays, il y a peu d’analyses visant à évaluer soit <strong>le</strong>s effets des réseaux <strong>sur</strong> la gouvernance, soit <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des<br />

«institutions intermédiaires ».<br />

Le but du projet est d’évaluer l’efficacité des stratégies de gouvernance et l’implication de façon participative des institutions<br />

intermédiaires dans la conception et dans la réalisation des stratégies de développement économique des PM.<br />

On ne peut pas considérer la gouvernance comme un processus simp<strong>le</strong>ment local - c’est à dire l’exercice de l’autorité<br />

politique, économique et administrative pour la gestion des affaires loca<strong>le</strong>s. Il s’agit plutôt d’un processus multi-niveaux<br />

qui se développe à travers des réseaux territoriaux et fonctionnels : <strong>le</strong>s réseaux politiques transversaux, la superposition<br />

d’organismes techniques, <strong>le</strong>s coalitions de distribution et <strong>le</strong>s groupements organisés au niveau international, national<br />

et local. Utilisant <strong>le</strong> concept de gouvernance comme « un ensemb<strong>le</strong> hétérogène de méthodes et de pratiques aptes<br />

à créer un modè<strong>le</strong> multi-niveau d’action col<strong>le</strong>ctive qui se base <strong>sur</strong> l’interaction parmi une pluralité d’acteurs qui n’appartiennent<br />

ni au gouvernement ni au secteur public », <strong>le</strong> projet INGO-MED considère <strong>le</strong>s mécanismes, <strong>le</strong>s processus et<br />

<strong>le</strong>s institutions à travers <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s décisions col<strong>le</strong>ctives sont prises et implantées, mais aussi <strong>le</strong>s citoyens, <strong>le</strong>s groupements<br />

et <strong>le</strong>s communautés qui suivent <strong>le</strong>urs idées, articu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>urs intérêts, exercent <strong>le</strong>urs droits, réalisent <strong>le</strong>urs obligations<br />

et concilient <strong>le</strong>urs différences. En général, la définition de gouvernance comme un ensemb<strong>le</strong> varié de modè<strong>le</strong>s<br />

d’actions et de façons d’organisation pour l’exercice du gouvernement, avec des règ<strong>le</strong>s négociées, basé <strong>sur</strong> l’interdépendance<br />

des organisations et des réseaux, suppose un niveau significatif d’indépendance des réseaux à l’égard de l’Etat<br />

(Rhodes, 1997). Mais, dans ce cas, <strong>le</strong> public demeure l’institution de coordination. Il faut souligner en outre que la participation,<br />

<strong>le</strong> <strong>partenariat</strong> et l’implication des communautés accroissent la transparence, la responsabilisation, la<br />

recherche de consensus et l’équité. Les réseaux politiques [a] se situent dans ce contexte. Mais, quels sont <strong>le</strong>s mécanismes<br />

de relation, de décision et d’action parmi <strong>le</strong>s différents acteurs ?<br />

Les institutions intermédiaires jouent aussi un rô<strong>le</strong> efficace, en agissant comme des partenaires-c<strong>le</strong>f des gouvernements,<br />

dans <strong>le</strong>ur transition vers des formes décentralisées de gestion du pouvoir. Ces institutions, parmi <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s opèrent plusieurs<br />

acteurs, se placent dans une « méso-dimension » avec un rô<strong>le</strong> de connexion et de médiation entre deux entités<br />

principa<strong>le</strong>s : l’Etat et l’individu. Dans ces organismes « méso-dimensionés », <strong>le</strong>s relations personnel<strong>le</strong>s et distinctif coexistantes<br />

et produisent un mélange de relations f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>s permettant à ces organismes d’agir comme de puissants<br />

mécanismes d’équilibre des tensions entre <strong>le</strong> niveau macro et <strong>le</strong> niveau micro (Arrighetti & Serravalli, 1999). Leur existence<br />

rend possib<strong>le</strong>, d’un côté, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong>, la rationalisation et la planification des processus de reproduction des relations<br />

économiques, socia<strong>le</strong>s et politiques <strong>sur</strong> une large échel<strong>le</strong> (nationa<strong>le</strong> et internationa<strong>le</strong>) et, d’autre côté, la garantie<br />

d’une certaine efficacité dans un contextes opérationnel.<br />

Dans <strong>le</strong> but d’obtenir des indicateurs des processus de gouvernance, <strong>le</strong> projet INGO-MED considère deux processus spécifiques<br />

verticaux :<br />

(i) la gestion des services publics, en particulier la gestion des ressources hydriques,(ii) la diffusion de l’innovation. Le<br />

premier, lié au concept des biens commun partagés, peut être représenté comme un flux du général au particulier : des<br />

ressources d’eau aux utilisateurs. Le second,<strong>le</strong> processus d’innovation, démarre au contraire du niveau individuel, pour<br />

devenir innovation partagée par la société. C’est ainsi que ces deux flux différents peuvent indiquer l’évolution de la gouvernance<br />

dans des contextes différents.<br />

Concernant <strong>le</strong> premier processus, il existe des fortes relations entre <strong>le</strong>s aspects institutionnels, politiques et <strong>le</strong> marché.<br />

Les changements institutionnels et économiques ont entraîné une évolution des entreprises « publiques », basées <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s principes d’efficacité technique, vers des entreprises « spécia<strong>le</strong>s », toujours publiques mais caractérisées par l’état<br />

juridique, <strong>le</strong> haut niveau d’organisation et de f<strong>le</strong>xibilité visant non seu<strong>le</strong>ment l’efficacité quantitative et qualitative mais<br />

aussi l’efficacité économique.<br />

Le marché des services publics a été d’abord analysé à travers trois modè<strong>le</strong>s différents :<br />

1) <strong>le</strong>s appels d’offre, renforçant la compétition parmi acteurs locaux et étrangers pour améliorer <strong>le</strong>s services publics<br />

locaux ;<br />

2) la stratégie du « project financing » (<strong>le</strong> financement de projet), qui implique des mécanismes de coopération parmi<br />

<strong>le</strong>s secteurs public et privé ;<br />

3) la division des différentes filières de services locaux parmi plusieurs contacteurs, chacun as<strong>sur</strong>ant <strong>le</strong> maximum de<br />

l’efficacité dans son domaine.


D’après ces modè<strong>le</strong>s de marché, la gouvernance a été définie comme un « mécanisme conjoncteur », visant à la définition<br />

des rô<strong>le</strong>s des différents acteurs des processus de co-production des services locaux et de la gestion des services<br />

mêmes : <strong>le</strong>s autorités loca<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s entreprises, <strong>le</strong>s utilisateurs et <strong>le</strong>s associations d’utilisateurs, <strong>le</strong>s groupes d’intérêt, <strong>le</strong>s<br />

syndicats, etc. Dans ce cas, la recherche analyse l’ensemb<strong>le</strong> des outils et des mécanismes supportant l’intégration parmi<br />

<strong>le</strong>s autorités loca<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s autres acteurs. Les éléments c<strong>le</strong>fs de ce processus sont <strong>le</strong>s relations interactives parmi <strong>le</strong>s<br />

acteurs impliqués, mais aussi la connaissance intérieure et <strong>le</strong>s possibilités d’innovation de production. En particulier, <strong>le</strong>s<br />

synergies de marché - associées à la politique des infrastructures - se basent <strong>sur</strong> une logique de réseau que permet une<br />

meil<strong>le</strong>ure gestion des services publics de qualité. Cette approche souligne <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> crucial des systèmes territoriaux dans<br />

<strong>le</strong> développement de la confiance et de va<strong>le</strong>urs partagées par <strong>le</strong>s acteurs économiques, institutionnels et sociaux.<br />

Le modè<strong>le</strong> de gestion satisfaisant ces conditions c’est l’entreprise « multi-services » ou « multi-utility ». Ce modè<strong>le</strong> peut<br />

fournir simultanément <strong>le</strong> gaz, l’eau, l’é<strong>le</strong>ctricité, la col<strong>le</strong>cte et <strong>le</strong> traitement des ordures et d’autres services. Sa structure<br />

d’entreprise peut bénéficier d’économie d’échel<strong>le</strong> liée à la structure de la production et à la dimension de l’organisation,<br />

mais aussi des économies de diversification et d’autres dues à la complémentarité des technologies.<br />

Concernant la diffusion des processus d’innovation, la recherche se place dans <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de réseau, selon <strong>le</strong>quel un système<br />

productif local compétitif se caractérise par une pluralité de relation intégrées. <strong>sur</strong> ce point figurent parmi <strong>le</strong>s<br />

modè<strong>le</strong>s théoriques de références <strong>le</strong>s Milieux Innovateur [Camagni, 1995], <strong>le</strong>s Systèmes Nationaux et Régionaux<br />

d’Innovation [Nelson R., 1993; Braczyk H.J., 1998; Castro E.A., 1998, Cooke P., 1997; Lundvall B.A., 1988, 1992, 2002]<br />

et <strong>le</strong> récent modè<strong>le</strong> « Trip<strong>le</strong> Hélice » [Etzkowitz H., 2000; Leydesdorff L.,1998, 2001]. Ils sont mobilisés pour expliquer,<br />

dans une perspective de réseau, <strong>le</strong>s connexions parmi la diffusion de la connaissance (parmi une variété d’acteurs différents)<br />

et <strong>le</strong>s processus d’innovation. Le rô<strong>le</strong> de la connaissance formel<strong>le</strong> et informel<strong>le</strong> et aussi important, en tant que<br />

ressource crucia<strong>le</strong> des processus de production et d’interaction pari acteurs différents (Kline et Rosemberg, 1986;<br />

Mansel et When, 1998; Rubenson et Schuetze, 2000)<br />

A partir d’une approche de réseau, combinant la théorie de la croissance endogène avec l’hétérogénéité des modè<strong>le</strong>s de<br />

croissance extérieure, il apparaît que <strong>le</strong>s institutions intermédiaires ont une importance crucia<strong>le</strong> pour la diffusion de l’innovation<br />

dans des contextes sociaux caractérisés par une gouvernance avancée. En supposant d’une part que <strong>le</strong>s externalités<br />

économiques spatia<strong>le</strong>s, liées à l’hétérogénéité technologique et au processus de diffusion de l’innovation, peuvent<br />

encourager des processus de convergence entre <strong>le</strong>s régions <strong>le</strong>s plus avancées et <strong>le</strong>s autres, d’autre part que la faib<strong>le</strong>sse<br />

de ce processus dépend des obstac<strong>le</strong>s politiques ou de marché qui réduisent <strong>le</strong>s effets de « spill-over » des processus<br />

de diffusion de l’innovation, il est clair que <strong>le</strong> développement de la gouvernance et des stratégies de réseau<br />

deviennent un enjeu important : <strong>le</strong> développement des systèmes productifs locaux et régionaux peut être stimulé par<br />

la création de réseaux d’innovation et de connaissance. Le rô<strong>le</strong> du gouvernement devient celui de facilitatrut : une force<br />

catalytique qui renforce la condition innovatrice des responsabilités et qui produit des environnements aptes à améliorer<br />

l’efficacité des individus et des partenaires dans la réalisation de <strong>le</strong>urs objectifs.<br />

Dans la région Méditerranéenne, <strong>le</strong>s façons d’interaction des institutions internationa<strong>le</strong>s, nationa<strong>le</strong>s et régiona<strong>le</strong>s ne sont<br />

pas encore bien connues, en particulier en ce qui concerne <strong>le</strong>s processus de diffusion de l’innovation dans <strong>le</strong>s systèmes<br />

productifs locaux. Leur appréhension doit permettre d’établir des indications et des suggestions pour l’implantation de<br />

politiques économiques destinées à avoir un impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s processus de diffusion de l’innovation dans <strong>le</strong>s PM partenaires<br />

de l’Union Européenne. Une séléction de cas d’étude dans <strong>le</strong>s régions du Maghre doit permettre l’analyse empirique<br />

des opportunités et des obstac<strong>le</strong>s du développement local dans ces pays.<br />

Notes :<br />

[a] : Par “réseaux politiques” nous entendons une gouvernance caracterisée par des rélations socia<strong>le</strong>s plus ou moins stab<strong>le</strong>s pari <strong>le</strong>s acteurs,<br />

concernant des problèmes spécifiques ou(et des programmes politiques. (Kickert et all, 1997 b)<br />

Recherche financée par <strong>le</strong> <strong>Femise</strong> et dirigée par l’Istituto di Studi sul<strong>le</strong> Società del Mediterraneo (ISSM-CNR), Italie.<br />

Référence FEM21-36<br />

Titre : Intermediate Institutions for the Growth of "Governance" Processes in the Mediterranean Partner Countries<br />

Date prévue de fin des travaux : avril 2004<br />

La protection des droits de propriétés nécessite<br />

encore des améliorations<br />

Une bonne gouvernance doit as<strong>sur</strong>er non<br />

seu<strong>le</strong>ment l’existence de la propriété, mais<br />

éga<strong>le</strong>ment la protection de ces droits et l’application<br />

des textes (World Bank, 2002). Le<br />

fait de passer d’une économie socialiste à<br />

une économie de marché nécessite la création<br />

d’un environnement libre pour contracter,<br />

imposant une profonde révision de la<br />

législation voire sa création (Nestor, 2001).<br />

Le système doit en premier lieu réviser <strong>le</strong><br />

cadre de la propriété foncière, sujet encore<br />

-26-<br />

délicat dans la région (Morisset et Neso,<br />

2002). Certes, <strong>le</strong>s anciens risques de nationalisation/confiscation<br />

ont maintenant disparu,<br />

grâce à des modifications constitutionnel<strong>le</strong>s<br />

et à la mise en place de garanties<br />

dans <strong>le</strong>s textes <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s lois d’investissement<br />

(par exemp<strong>le</strong>, des artic<strong>le</strong>s de la loi n°8 de<br />

1997 en Egypte ou la loi 16 de 1995 en<br />

Jordanie interdisent la nationalisation ou la<br />

confiscation de la propriété privée –Radwan,<br />

1999). Mais, parfois encore interdite ou<br />

sujette à des restrictions pour <strong>le</strong>s non résidents,<br />

particulièrement dans <strong>le</strong> cas des<br />

terres agrico<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong> reste empreinte d’une<br />

bureaucratie particulièrement lourde et


longue, ce qui entraîne la préférence des<br />

investisseurs pour la location. Ainsi, en<br />

Jordanie, l’acquisition foncière, la mise en<br />

place de l’entreprise et la connexion des<br />

locaux aux principaux services nécessitent<br />

36 étapes procédurières qui représentent<br />

une durée évaluée à 89 jours ouvrab<strong>le</strong>s et<br />

un coût estimé à 11 281 dollars (Ibid 2001 ;<br />

Cf. tab<strong>le</strong>au 9). Si <strong>le</strong> Maroc offre un nombre<br />

de procédures et un coût sensib<strong>le</strong>ment<br />

moins importants relativement à la Jordanie<br />

comme à la majorité des autres pays en<br />

développement, la durée reste bien excessive<br />

en regard des standards dans <strong>le</strong>s pays<br />

développés (278 jours ouvrab<strong>le</strong>s).<br />

Le problème des droits de propriété a été l’obnel<strong>le</strong>s des économies développées. Il faut <strong>sur</strong><br />

jet d’une recherche menée en Asie, Afrique, ce point noter <strong>le</strong> développement qu’ont<br />

Moyen-Orient et Amérique Latine par connu <strong>le</strong>s investissements dans <strong>le</strong>s secteurs<br />

Hernando De Soto, montrant que l’incapacité pharmaceutiques et de hautes technologies<br />

de certains pays à atteindre un niveau de en Jordanie après <strong>le</strong> durcissement de la loi<br />

développement capitalistique comparab<strong>le</strong> à<br />

celui des économies avancées peut s’expliquer<br />

<strong>sur</strong> la propriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> (EIU, <strong>2003</strong>).<br />

par <strong>le</strong>s défauts dans <strong>le</strong> système des droits de L’environnement des affaires souffre <strong>sur</strong>tout<br />

propriété. El<strong>le</strong> indique notamment que, malgré<br />

la mise en place de droits formels dans <strong>le</strong>s<br />

du fait des administrations<br />

pays en développement et <strong>le</strong>s anciennes éco- Malgré une amélioration intensive des légisnomies<br />

socialistes, <strong>le</strong> cadre ne protège pas la lations concernant <strong>le</strong>s IDE dans la dernière<br />

propriété des « pauvres », transformant <strong>le</strong>urs décennie, <strong>le</strong> même constat se renouvel<strong>le</strong><br />

actifs en « capital mort ». Or, <strong>le</strong> montant des chaque année <strong>sur</strong> <strong>le</strong>ur niveau insuffisant et <strong>le</strong><br />

actifs des « pauvres » en Egypte par exemp<strong>le</strong>,<br />

correspondrait à 55 fois la somme des IDE, des<br />

déclin de l’attractivité de la région.<br />

recettes du Canal de Suez et du Aswan Dam Pourtant, une enquête auprès des milieux<br />

(De Soto, 2000). De plus, on peut estimer que d’affaires égyptiens indiquait que la législa-<br />

Tab<strong>le</strong>au 9 : Barrières administratives à l’acquisition foncière<br />

Accès au<br />

site (1) ;<br />

1999<br />

Nombre de<br />

procédures<br />

-27-<br />

la va<strong>le</strong>ur du foncier non documenté atteint 240<br />

milliards de dollars. De tels montants situent<br />

l’enjeu d’un système de propriété efficace.<br />

Un autre problème fréquent dans <strong>le</strong>s pays en<br />

développement est la protection de la propriété<br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>. Conformément aux obligations<br />

nées de <strong>le</strong>ur appartenance à l’OMC,<br />

la quasi-totalité des PM ont introduit des dispositions<br />

de reconnaissance et de protection<br />

de ces droits dans <strong>le</strong>ur législation. Mais,<br />

comme cela a été souligné dans <strong>le</strong>s précédents<br />

rapports du <strong>Femise</strong>, c’est la mise en<br />

application des lois qui semb<strong>le</strong> poser problème<br />

si l’on en croît <strong>le</strong>s guides d’investissements<br />

ou certaines associations profession-<br />

Durée (jours<br />

ouvrab<strong>le</strong>s)<br />

Coût (US<br />

dollar)<br />

Jordanie 36 89 11 281<br />

Maroc 16 278 1 1 49<br />

Moyenne* 31 334 4 7 23<br />

Minimum* 13 45 47<br />

Maximum * 125 985 22 523<br />

Source : d’après Morisset et Neso, 2002.<br />

(1) Comprend l’accès au terrain, l’installation du site et la connexion aux principaux réseaux.<br />

* Calculés <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s 32 pays de l’étude.


tion et <strong>le</strong>s incitations concernant <strong>le</strong>s investissements<br />

étaient <strong>le</strong> facteur <strong>le</strong> moins restrictif<br />

pour mener à bien <strong>le</strong>s activités (Handoussa<br />

et Abou Shnief, 2001).<br />

Mais, mettre en place des exemptions de<br />

taxes et autres dégrèvements fiscaux ne<br />

constitue ni <strong>le</strong> seul, ni <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur moyen pour<br />

attirer <strong>le</strong>s investissements. Ainsi, parallè<strong>le</strong>ment<br />

au résultat précédent, il apparaît que<br />

l’administration fisca<strong>le</strong> est souvent citée par<br />

<strong>le</strong> secteur privé comme l’élément <strong>le</strong> plus<br />

contraignant pour son développement<br />

(Handoussa et al, 2000), alors même que <strong>le</strong><br />

niveau des prélèvements fiscaux et des taux<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s revenus sont faib<strong>le</strong>s en proportion du<br />

PIB relativement aux standards internationaux.<br />

Les problèmes cités concernent généra<strong>le</strong>ment<br />

la juridiction de la fiscalité des<br />

sociétés, la détermination de la base fisca<strong>le</strong>,<br />

la structure des taux d’imposition et <strong>le</strong><br />

manque de coordination de la fiscalité <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

sociétés au niveau national, régional et international<br />

(ibid, 2000).<br />

De fait, ce sont <strong>le</strong>s barrières administratives,<br />

entravant autant l’entrée que la sortie des<br />

marchés, qui sont maintenant <strong>le</strong> principal<br />

obstac<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s PM, comme <strong>le</strong> suggère une<br />

étude de Morisset et Neso (2002).<br />

Certes la situation est comparab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> de<br />

la moyenne des pays en développement,<br />

-28-<br />

mais el<strong>le</strong> reste éloignée de ce qu’il faudrait<br />

pour améliorer l’attractivité différentiel<strong>le</strong> de<br />

la région. D’autres secteurs de l’administration<br />

sont éga<strong>le</strong>ment considérés comme peu<br />

facilitateurs, notamment <strong>le</strong>s douanes : en<br />

Algérie par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> dédouanement<br />

nécessite une durée moyenne de 16 jours, à<br />

comparer avec <strong>le</strong>s 3 jours nécessaires au<br />

Maroc (depuis la refonte du système), <strong>le</strong>s 8<br />

jours nécessaires en Chine, <strong>le</strong>s 11 jours<br />

nécessaires en Inde (ERF, <strong>2003</strong>).<br />

Sur ce point, il est certain que la mise en<br />

place de certaines me<strong>sur</strong>es dans <strong>le</strong> cadre du<br />

<strong>partenariat</strong> pourrait être bénéfique, notamment<br />

l’introduction du document unique de<br />

l’Union Européenne (Ghesquiere, 1998).<br />

Certains PM ont adopté une attitude proactive<br />

dans la simplification des démarches et<br />

l’amélioration des administrations. Au Maroc,<br />

des Centres Régionaux d’Investissements<br />

(en fait des « guichets uniques ») vont être<br />

mis en place dans tout <strong>le</strong> pays en vue de<br />

décentraliser et d’améliorer <strong>le</strong>s procédures<br />

d’enregistrement et de démarrage d’une activité<br />

(EIU, <strong>2003</strong>). De même, la récente expérience<br />

marocaine en matière de douane doit<br />

être considérée comme un exemp<strong>le</strong> dans la<br />

région. Enfin, une amélioration notab<strong>le</strong> de la<br />

procédure administrative en matière d’investissement<br />

a suivi la mise en place des guichets<br />

uniques en Tunisie (EIU, 2002).<br />

Tab<strong>le</strong>au 10 : Barrières administratives à l’investissement<br />

Nombre de procédu res Durée (jours ouvrab<strong>le</strong>s) Coût (US<br />

dollar)<br />

1999 Entrée 1<br />

Opérations 2<br />

Entrée 1<br />

Opérations 2<br />

Entrée 1<br />

Opérations 2<br />

Egypte 10 - 52 - 943 -<br />

Jordanie 15 12 60 - -<br />

Maroc 12 5 91 63 255 1 981<br />

Tunisie 7 - 39 - 286 -<br />

Moyenne* 11 11 68 41 504 756<br />

Minimum* 2 2 18 8 80 10<br />

Maximum* 29 26 187 122 3 040 3 186<br />

Source: d’après Morisset et Neso, 2002.<br />

Notes : 1. Comprend l’enregistrement légal, statistique, déclaration d’embauche, de retraite ou fisca<strong>le</strong>.<br />

2. Comprend <strong>le</strong>s obligations opérationnel<strong>le</strong>s d’import-export, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des changes, <strong>le</strong> paiement<br />

des taxes ou <strong>le</strong>s inspections des services de santé ou du travail.<br />

* Calculés <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s 32 pays de l’étude.


Autres priorités à l’agenda, <strong>le</strong> cadre de la<br />

concurrence et <strong>le</strong>s tribunaux<br />

Ces dernières années ont connu une forte<br />

croissance des fusions-acquisitions transnationa<strong>le</strong>s.<br />

Ce mouvement entraîne la nécessité<br />

d’accroître <strong>le</strong>s possibilités de contrô<strong>le</strong> et de<br />

<strong>sur</strong>veillance des acquéreurs internationaux.<br />

As<strong>sur</strong>er la transparence et régu<strong>le</strong>r l’activité<br />

des cartels permet de mieux protéger <strong>le</strong>s<br />

sociétés loca<strong>le</strong>s. Les lois <strong>sur</strong> la concurrence<br />

jouent, en effet, un rô<strong>le</strong> important en limitant<br />

<strong>le</strong>s comportements anti-concurrentiels et <strong>le</strong>s<br />

abus de position dominante.<br />

De tel<strong>le</strong>s législations sont éga<strong>le</strong>ment de nature<br />

à aider <strong>le</strong>s économies en développement à<br />

se protéger des possib<strong>le</strong>s effets pervers de<br />

certains accords de l’OMC (Hoekman, 1999).<br />

Les interactions entre <strong>le</strong> commerce et la<br />

concurrence sont au coeur des négociations<br />

de l’OMC depuis 1996, mais il est certain que<br />

la meil<strong>le</strong>ure façon d’œuvrer est d’inclure dans<br />

<strong>le</strong>s lois nationa<strong>le</strong>s des dispositions régulant la<br />

concurrence <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché domestique.<br />

D’autant que tout accord potentiel dans <strong>le</strong><br />

cadre de l’OMC aura un impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s PM,<br />

dans la me<strong>sur</strong>e où la grande majorité d’entre<br />

eux est membre de l’organisation. Dans <strong>le</strong><br />

cadre de la déclaration de Doha, <strong>le</strong>s pays doivent<br />

principa<strong>le</strong>ment concentrer <strong>le</strong>urs efforts<br />

<strong>sur</strong> la transparence, <strong>le</strong> principe de non-discrimination,<br />

l’équité des procédures et <strong>le</strong>s provisions<br />

anti-trust. La Tunisie et l’Algérie ont<br />

promulgué des lois <strong>sur</strong> la concurrence en<br />

1991 et 1995 respectivement. En Egypte, en<br />

Jordanie et au Maroc, ces lois sont encore en<br />

discussion (EIU, 2002 ; FEMISE, 2002).<br />

Sur <strong>le</strong> plan de la justice, <strong>le</strong>s principes<br />

basiques de rapidité, de transparence,<br />

d’équité du système, de respect des décisions<br />

et de mise en application effective de la<br />

législation constituent non seu<strong>le</strong>ment des<br />

facteurs importants dans l’attractivité des<br />

-29-<br />

économies en développement (Nestor,<br />

2001), mais éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s fondements d’un<br />

système démocratique.<br />

Ce que semb<strong>le</strong> indiquer l’expérience dans <strong>le</strong>s<br />

pays en développement est que la comp<strong>le</strong>xité<br />

des procédures réduit l’efficacité des systèmes<br />

judiciaires, ce que l’on attribue principa<strong>le</strong>ment<br />

au faib<strong>le</strong> niveau de l’administration<br />

et des ressources humaines, à l’inadéquation<br />

des flux d’information, à la corruption et à la<br />

faib<strong>le</strong> complémentarité des institutions<br />

(Banque Mondia<strong>le</strong>, 2002). Dans <strong>le</strong>s PM, <strong>le</strong>s<br />

systèmes judiciaires souffrent d’une certaine<br />

<strong>le</strong>nteur parce qu’ils sont saturés par <strong>le</strong><br />

nombre d’affaires, confrontés à la nouveauté<br />

de certains cas et au manque d’infrastructures<br />

techniques adéquates (ERF, <strong>2003</strong>).<br />

En Egypte, il n’y a pas de cour dédiée aux<br />

affaires commercia<strong>le</strong>s, mais l’utilisation courante<br />

de la va<strong>le</strong>ur des contrats passés pour<br />

résoudre <strong>le</strong>s conflits a prouvé son efficacité<br />

(Radwan, 1999). Si <strong>le</strong>s performances du système<br />

jordanien sont généra<strong>le</strong>ment bonnes, il<br />

n’existe pas là non plus de cour spécialisée<br />

dans <strong>le</strong>s conflits commerciaux. Au Maroc,<br />

malgré <strong>le</strong> satisfecit adressé par <strong>le</strong> FMI à la<br />

réforme judiciaire, des sociétés se plaignent<br />

encore de la prédictibilité de la justice,<br />

comme de la politique économique (EIU,<br />

2001 et <strong>2003</strong>). En Egypte, au Liban et au<br />

Maroc, des juges professionnels sont requis<br />

dans <strong>le</strong>s cours de juridiction généra<strong>le</strong>, même<br />

pour traiter des cas aussi simp<strong>le</strong>s que l’endettement.<br />

Contrairement à d’autres expériences<br />

où des juges non professionnels peuvent<br />

remplir ce rô<strong>le</strong>, cette obligation accroît<br />

<strong>le</strong> coût et la durée du traitement des litiges<br />

(Banque Mondia<strong>le</strong>, 2002).<br />

Le cadre des privatisations<br />

Le processus ne s’est guère développé dans<br />

la région. Au-delà de la forte résistance à


laquel<strong>le</strong> il s’est heurté, l’expérience s’est<br />

caractérisée par des changements dans <strong>le</strong>s<br />

stratégies, <strong>le</strong>s techniques utilisées et dans<br />

son élan.<br />

Le bilan <strong>sur</strong> la période 1990-2000 affiche<br />

près de 20 milliards de dollars de recettes<br />

(hors programme turc), ce qui ne représente<br />

qu’une faib<strong>le</strong> part des privatisations réalisées<br />

par <strong>le</strong>s pays en développement. Et, il<br />

est contrasté selon <strong>le</strong>s pays : Israël et<br />

l’Egypte cumulant 75% de ces recettes (pour<br />

une analyse plus détaillée, Cf. <strong>Femise</strong>,<br />

<strong>2003</strong>). De fait, <strong>le</strong> nombre d’entreprises<br />

publiques qu’il est prévu de céder est encore<br />

important : 250 entreprises publiques en<br />

Algérie, 100 en Egypte et au Maroc, 60 en<br />

Tunisie, 20 en Jordanie (Page, 2001).<br />

Doivent s’y ajouter quelques 45 milliards de<br />

dollars de projets d’infrastructures pour <strong>le</strong><br />

secteur privé (ibid, 2001).<br />

Dans la plupart des pays en développement<br />

qui ont effectué des privatisations, <strong>le</strong> résultat<br />

a été l’apparition d’un grand nombre de<br />

sociétés importantes. Mais, <strong>le</strong> processus n’a<br />

pas toujours été accompagné de l’émergence<br />

d’une culture et des structures nécessaires<br />

à l’efficacité du secteur privé (Nestor,<br />

2001). Si <strong>le</strong>s privatisations sont accompagnées<br />

voire précédées par <strong>le</strong>s modifications<br />

institutionnel<strong>le</strong>s nécessaires et <strong>le</strong>s politiques<br />

économiques créant la concurrence, el<strong>le</strong>s<br />

ont alors un impact positif <strong>sur</strong> l’activité économique<br />

dès <strong>le</strong>s premières étapes (Ran,<br />

2001). C’est ainsi que la Slovénie, la Hongrie<br />

et la Pologne, bien qu’adoptant des<br />

méthodes différentes, ont atteint de fort<br />

taux de croissance.<br />

Au niveau macroéconomique, ces modifications<br />

et ces politiques doivent viser l’efficacité<br />

de l’administration fisca<strong>le</strong>, l’efficacité du<br />

système de supervision du secteur bancaire,<br />

la mise en place de fortes contraintes budgé-<br />

-30-<br />

taires, l’ajustement du système de change et<br />

l’indépendance de la Banque Centra<strong>le</strong>.<br />

Comme on l’a souligné plus haut, un cadre<br />

légal facilitant l’entrée et la sortie du marché,<br />

la promotion de la concurrence, la protection<br />

des droits de propriété et la facilitation des<br />

transactions financières sont éga<strong>le</strong>ment<br />

nécessaires à l’accroissement du rô<strong>le</strong> du secteur<br />

privé dans l’économie (Nabli, 2001).<br />

Selon l’expérience des pays en transition, <strong>le</strong><br />

principal obstac<strong>le</strong> freinant <strong>le</strong> processus est de<br />

laisser la gestion des entreprises publiques<br />

aux mains des ministères (Nestor, 2001). Il<br />

est clair que <strong>le</strong>s pays dont <strong>le</strong> processus a été<br />

<strong>le</strong> plus dynamique sont ceux qui avaient<br />

transféré au préalab<strong>le</strong> <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> institutionnel<br />

des entreprises. De ce point de vue, la<br />

meil<strong>le</strong>ure solution semb<strong>le</strong> la création d’une<br />

institution spécialisée gérant l’ensemb<strong>le</strong> des<br />

entreprises qui doivent être cédées.<br />

Malgré l’atonie du processus, <strong>le</strong>s PM ont réalisé<br />

de nombreux efforts pour re<strong>le</strong>ver ces chal<strong>le</strong>nges<br />

institutionnels. Les programmes au<br />

Maroc et en Tunisie ont ainsi été associés à<br />

des réformes institutionnel<strong>le</strong>s compréhensib<strong>le</strong>s<br />

(Nabli, 2001). La Jordanie a introduit<br />

une loi de privatisation en 2000 qui établit un<br />

« Haut Conseil des Privatisations ». L’Algérie a<br />

démantelé <strong>le</strong>s monopo<strong>le</strong>s publics dans <strong>le</strong>s secteurs<br />

du gaz et de l’é<strong>le</strong>ctricité en y autorisant<br />

<strong>le</strong>s investissements privés (EIU, 2002). De<br />

même, la nouvel<strong>le</strong> loi algérienne <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s télécommunications<br />

relance <strong>le</strong> processus, mais, à<br />

l’inverse, <strong>le</strong> projet autorisant la concurrence<br />

dans <strong>le</strong> secteur des hydrocarbures, entièrement<br />

public, a été annulé (EIU, <strong>2003</strong>).<br />

IV- Conforter la compétitivité dans <strong>le</strong>s<br />

échanges de biens et services et l’attractivité<br />

des capitaux<br />

Compte tenu de l’option choisie de relancer la<br />

croissance par l’ouverture des économies


méditerranéennes, l’évolution des échanges<br />

de biens et services et l’attractivité de la<br />

région en matière de capitaux et plus particulièrement<br />

d’investissements directs étrangers<br />

sont décisives.<br />

L’appréciation qui peut être portée <strong>sur</strong> cette<br />

évolution est à la fois un indicateur des performances<br />

des systèmes productifs et de l’efficacité<br />

réel<strong>le</strong> des réformes mises en œuvre.<br />

Plus largement, el<strong>le</strong> indique comment <strong>le</strong>s<br />

sociétés méditerranéennes se présentent dans<br />

<strong>le</strong> système marchand mondial, et met en évidence<br />

<strong>le</strong>s rigidités dont el<strong>le</strong>s souffrent encore.<br />

Malgré certains progrès indéniab<strong>le</strong>s, la diversification<br />

des échanges est insuffisante, l’internationalisation<br />

des services est en deçà<br />

des autres grandes régions et l’attractivité<br />

d’ensemb<strong>le</strong> de la zone stagne. Par ail<strong>le</strong>urs,<br />

l’atonie de la productivité du travail rend<br />

péril<strong>le</strong>use pour la compétitivité <strong>le</strong>s augmentations<br />

de salaires.<br />

Une des raisons de ces résultats mitigés est<br />

<strong>le</strong> faib<strong>le</strong> développement des échanges sudsud,<br />

qui sont très limités par <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s<br />

tarifaires et non tarifaires. A cet égard, <strong>le</strong><br />

<strong>Femise</strong> tient à souligner à nouveau l’importance<br />

qu’il y a à accélérer la mise en œuvre<br />

des diverses zones de libre-échange intraméditerranéennes.<br />

a- Les échanges de biens : l’ouverture<br />

des PM progresse, particulièrement avec<br />

l’UE, mais <strong>le</strong>s échanges ne sont pas<br />

assez diversifiés<br />

Globa<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s échanges des partenaires<br />

se caractérisent par[3] :<br />

√ Une croissance des échanges de marchandises<br />

supérieure à la croissance du<br />

PIB, ce qui a induit une progression des<br />

taux d’ouverture.<br />

-31-<br />

√ Une orientation qui privilégie de façon<br />

croissante l’UE. Les exportations des PM<br />

vers l’UE ont augmenté de 7,2% en<br />

moyenne annuel<strong>le</strong> depuis 1990 contre<br />

4,2% vers <strong>le</strong> monde ; ainsi la part de<br />

l’UE dans <strong>le</strong>s exportations des PM est<br />

passée de 45% en 1990 à 51% en<br />

2001. Cette situation entraîne deux<br />

conséquences : (i) une faib<strong>le</strong> progression<br />

des échanges intra-zone au sein<br />

des PM (de 4,5% à 5,2 % des échanges<br />

totaux) ; (ii) une accentuation du poids<br />

des branches d’activités pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />

ils ont des avantages comparatifs dans<br />

<strong>le</strong>s échanges avec l’Union (<strong>le</strong>s PM vendent<br />

68% de <strong>le</strong>ur pétro<strong>le</strong> dans l’UE,<br />

67% de <strong>le</strong>urs artic<strong>le</strong>s manufacturés tandis<br />

que l’UE <strong>le</strong>ur fournit la plus grande<br />

partie des produits chimiques et des<br />

biens d’équipement).<br />

√ Une position commercia<strong>le</strong> des PM<br />

√<br />

constamment déficitaire. Ce déficit présent<br />

<strong>sur</strong> l’ensemb<strong>le</strong> de la décennie (en<br />

moyenne 8,5% du PIB) représente 33<br />

milliards de dollars en 2001.<br />

Des avantages coûts encore substantiels<br />

pour <strong>le</strong>s PM. Les partenaires méditerranéens<br />

sont dans une position favorab<strong>le</strong><br />

du fait de <strong>le</strong>ur coût relatif en travail qui<br />

constitue encore l’essentiel du coût de<br />

production, compte tenu du niveau de<br />

développement des systèmes productifs<br />

concernés. Toutefois, il est important de<br />

souligner que cet avantage est relativement<br />

faib<strong>le</strong>, ce qui <strong>le</strong> met à la merci de<br />

la concurrence d’autres pays, qui ont<br />

aujourd’hui des coûts plus faib<strong>le</strong>s. De<br />

plus, il dépend pour l’essentiel de la<br />

modération salaria<strong>le</strong>, ce qui <strong>le</strong> fragilise,<br />

d’autant que <strong>le</strong>s gains de productivité du<br />

travail sont faib<strong>le</strong>s, voire négatifs dans<br />

la plupart des PM. Or, cela renforce<br />

encore l’impact négatif des augmentations<br />

de salaires <strong>sur</strong> <strong>le</strong> maintien de la<br />

compétitivité.


√ Des avantages hors coûts insuffisamment<br />

développés et une structure des<br />

exportations souvent trop concentrée.<br />

L’évolution généra<strong>le</strong>ment positive du<br />

pouvoir d’achat des exportations et des<br />

termes de l’échange (plus faib<strong>le</strong>) est<br />

liée, pour l’essentiel, à une appréciation<br />

du taux de change réel plutôt qu’à une<br />

amélioration sensib<strong>le</strong> de la qualité relative<br />

des produits. Cela décou<strong>le</strong> d’une<br />

structure d’exportation relativement<br />

mal adaptée à la demande mondia<strong>le</strong>, et<br />

donc soumise aux aléas des effets revenus<br />

et des effets prix. La diversification<br />

des structures d’exportation, appréhendée<br />

par <strong>le</strong> poids des cinq premiers avantages<br />

comparatifs dans <strong>le</strong> total des<br />

exportations fait apparaître nettement<br />

deux grands groupes de pays : un premier<br />

groupe de pays qui sont encore<br />

largement dépendants d’avantages<br />

√<br />

comparatifs centrés <strong>sur</strong> l’exploitation<br />

d’une ressource naturel<strong>le</strong> ou <strong>sur</strong> une<br />

activité traditionnel<strong>le</strong> de l’agro-alimentaire<br />

(fruits et légumes) ou de l’aval<br />

industriel (texti<strong>le</strong>s, habil<strong>le</strong>ment, en<br />

général), dans <strong>le</strong>quel figurent notamment<br />

l’Algérie et la Syrie ; un second<br />

groupe de pays déjà fortement diversifiés.<br />

Il est important de noter que <strong>le</strong>s<br />

recouvrements des avantages comparatifs<br />

sont relativement limités (ils touchent<br />

essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s texti<strong>le</strong>s, l’habil<strong>le</strong>ment<br />

et l’agro-alimentaire) et que la<br />

progression de la diversification des<br />

recettes d’exportations a été sensib<strong>le</strong>,<br />

sauf pour <strong>le</strong>s pays dont la ressource<br />

naturel<strong>le</strong> principa<strong>le</strong> s’est appréciée en<br />

fin de période. El<strong>le</strong> apparaît notamment<br />

en Egypte, en Turquie, en Jordanie, en<br />

Tunisie.<br />

Un développement des échanges intrabranches<br />

traduisant la différenciation<br />

des produits en progression sensib<strong>le</strong>,<br />

mais encore en retard vis-à-vis d’autres<br />

-32-<br />

régions. Ce développement indique à la<br />

fois <strong>le</strong> degré d’intégration dans <strong>le</strong>s marchés<br />

européens et mondiaux et la capacité<br />

du système productif à qualifier <strong>le</strong>s<br />

produits dans <strong>le</strong>s grands secteurs industriels,<br />

<strong>sur</strong> une base plus large que <strong>le</strong><br />

marché national. Il traduit éga<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s remontées en gamme qui permettent<br />

de <strong>sur</strong>vivre à une industrie devenue<br />

moins compétitive <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s coûts. Il est<br />

clair que parmi <strong>le</strong>s conditions qui favorisent<br />

<strong>le</strong> développement des échanges<br />

intra-branches interviennent <strong>le</strong> degré<br />

d’intégration dans <strong>le</strong> système des<br />

échanges internationaux, <strong>le</strong>s investissements<br />

directs étrangers reçus et la qualité<br />

de la main d’œuvre. Comme on a pu<br />

<strong>le</strong> voir dans <strong>le</strong> rapport <strong>Femise</strong> <strong>sur</strong> l’élargissement,<br />

<strong>le</strong>s PM sont en retard de ce<br />

point de vue. Mais, on observe une sensib<strong>le</strong><br />

progression en fin de période<br />

(notamment en Jordanie, au Maroc et<br />

en Egypte). Cette progression peut en<br />

partie être attribuée au <strong>partenariat</strong>,<br />

dans la me<strong>sur</strong>e où el<strong>le</strong> est sensib<strong>le</strong>ment<br />

plus nette dans <strong>le</strong>s relations PM/UE que<br />

PM/reste du monde, en particulier dans<br />

<strong>le</strong>s secteurs de l’agro-alimentaire et de<br />

l’habil<strong>le</strong>ment.<br />

Le chemin vertueux de la croissance par l’ouverture<br />

impose de passer d’une compétitivité<br />

fondée <strong>sur</strong> la faib<strong>le</strong>sse des coûts en travail à<br />

une compétitivité fondée <strong>sur</strong> la qualité des<br />

produits et la capacité à s’insérer dans des<br />

segments de marché à partir de produits différenciés.<br />

Le passage d’une forme de compétitivité<br />

à une autre impose d’obtenir de significatifs<br />

gains de productivité qui permettront<br />

des augmentations de salaires, et de revenus,<br />

ce qui, <strong>sur</strong> un marché élargi favorisera<br />

<strong>le</strong>s économies d’échel<strong>le</strong> et attirera des investissements.<br />

Or, <strong>le</strong>s PM n’ont pas su générer<br />

de gains de productivité substantiels qui<br />

auraient pu se traduire par des hausses de


salaire significatives sans détérioration de<br />

<strong>le</strong>ur position en matière de coûts du travail.<br />

Cette dernière remarque est au cœur de la<br />

problématique de la croissance des PM. Dans<br />

un contexte de croissance forte de la population<br />

active (près de 3% par an en moyenne<br />

dans un environnement de chômage généralisé),<br />

avec un taux de croissance du PIB voisin<br />

de 3%, la croissance de la productivité du<br />

travail doit nécessairement être éga<strong>le</strong> à 0 si<br />

l’on veut éviter une augmentation du chômage<br />

(cf. <strong>Femise</strong>, 2002).<br />

Dès lors, comme il a été dit, ce sont <strong>le</strong>s gains<br />

de productivité globa<strong>le</strong> des facteurs et <strong>le</strong>s<br />

avantages hors coûts qui peuvent être générés<br />

par des démarches qualité/innovation et<br />

des stratégies de marché qui devront progressivement<br />

se substituer à la compétitivité<br />

coûts.<br />

b- Les échanges de services : des avantages<br />

comparatifs aujourd’hui limités<br />

dans <strong>le</strong>s services commerciaux<br />

Les exportations de services représentent<br />

une part importante des échanges des PM.<br />

Sur la période 1998-2001, 70% des exportations<br />

tota<strong>le</strong>s de l’Egypte provenaient des<br />

services, 46% pour la Jordanie, aux environs<br />

de 30% pour <strong>le</strong> Maroc, la Tunisie et la<br />

Syrie.<br />

-33-<br />

Dans <strong>le</strong> même temps, la part de la va<strong>le</strong>ur<br />

ajoutée des services dans <strong>le</strong> PIB a généra<strong>le</strong>ment<br />

cru durant la décennie, dépassant partout<br />

<strong>le</strong>s 50% en fin de période. Mais, si <strong>le</strong><br />

secteur des services a pris de l’importance<br />

dans la production nationa<strong>le</strong>, cela ne s’est<br />

pas systématiquement traduit par <strong>le</strong> même<br />

accroissement dans <strong>le</strong>s échanges extérieurs.<br />

En fait, au sein de la zone, seuls <strong>le</strong> Maroc et<br />

Chypre ont connu une augmentation de la<br />

part des services dans <strong>le</strong>s échanges. Au<br />

niveau régional, l’Egypte est <strong>le</strong> premier<br />

exportateur de services avec près de 9,5 milliards<br />

de dollars en 1999, <strong>le</strong>s exportations<br />

concernant <strong>le</strong> transport de personnes en<br />

représentant 41%. Malgré des fluctuations<br />

annuel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> transport de personnes s’est<br />

accru, alors que <strong>le</strong> transport de marchandises<br />

s’est relativement réduit du fait de la<br />

baisse des recettes du Canal de Suez. Le<br />

même type d’évolution a été observé dans<br />

d’autres PM : au Maroc, en Tunisie, en<br />

Jordanie et en Syrie, <strong>le</strong>s exportations dans <strong>le</strong><br />

secteur du transport de personnes ont fortement<br />

progressé durant <strong>le</strong>s années 90. Le<br />

Maroc et la Tunisie ont réussi parallè<strong>le</strong>ment à<br />

maintenir une évolution croissante des<br />

exportations de transport de marchandises.<br />

En 1999, <strong>le</strong>urs exportations tota<strong>le</strong>s de services<br />

s’é<strong>le</strong>vaient à 3,1 milliards de dollars<br />

pour <strong>le</strong> Maroc et à 2,9 milliards de dollars<br />

pour la Tunisie. En 2001, el<strong>le</strong>s atteignent respectivement<br />

4 milliards de dollars et 2,9 mil-<br />

Tab<strong>le</strong>au 11 : La part des services dans <strong>le</strong>s exportations et dans <strong>le</strong> PIB pour <strong>le</strong>s PM<br />

et <strong>le</strong>s AC10<br />

Exportations de Services<br />

en % des exportations<br />

tota<strong>le</strong>s<br />

Va<strong>le</strong>ur Ajoutée dans <strong>le</strong>s<br />

services en % du PIB<br />

1994-1997 1998-2001 1990 1999<br />

Chypre 68,1 74,3 na na<br />

Egypte 70,3 69,8* 52,0 51,0<br />

Jordanie 49,8 46,3 64,0 72,0<br />

Malte 37,7 36,1 na na<br />

Maroc 24,5 29,1 50,0 53,0<br />

Syrie 29,9 28,7* 48,0 na<br />

Tunisie 31,2 30,9 54,0 59,0<br />

Source : WTO, International Trade Statistics 2002, World Bank, WDI 2001.<br />

* Moyenne pour 1998-2000.


liards de dollars, alors que <strong>le</strong>s exportations<br />

de services de l’Egypte et de la Jordanie, qui<br />

ont diminué entre 2000 et 2001, s’élèvent à<br />

9 milliards pour <strong>le</strong> premier et 1,5 milliards de<br />

dollars pour <strong>le</strong> second. Au niveau global, il<br />

est clair qu’aucun PM ne joue un rô<strong>le</strong> influant<br />

dans <strong>le</strong>s exportations de services.<br />

Cependant, si l’on exclut <strong>le</strong>s pays développés<br />

et <strong>le</strong>s pays en transition de l’Europe de l’Est,<br />

quelques PM apparaissent comme des exportateurs<br />

potentiels parmi <strong>le</strong>s pays en voie de<br />

développement. Il s’agit de l’Egypte, du<br />

Maroc et de la Tunisie. Ces pays sont classés<br />

dans <strong>le</strong>s 20 premiers PVD exportateurs dans<br />

pratiquement toutes <strong>le</strong>s activités de services.<br />

Si l’on ne retient que l’activité transport de<br />

personnes (qui représente 32% des exportations<br />

mondia<strong>le</strong>s de services en 2001), la liste<br />

des principaux pays exportateurs n’inclut<br />

aucun PM, cette activité étant largement<br />

dominée par <strong>le</strong>s pays développés (aussi bien<br />

du côté des exportations que du côté des<br />

importations) (World Tourism Organization<br />

1999, cité dans OMC 2000).<br />

Les PM dépendent pourtant dans une large<br />

me<strong>sur</strong>e du marché européen pour <strong>le</strong>ur activité<br />

touristique : en 2001, plus de la moitié des<br />

touristes entrés en Egypte et en Tunisie<br />

-34-<br />

étaient des citoyens européens (UE 15). La<br />

part des touristes européens est de 42% au<br />

Maroc et 12% en Jordanie (Eurostat 2002).<br />

Dans <strong>le</strong> cas de la Jordanie, cette part était<br />

habituel<strong>le</strong>ment autour de 20%. El<strong>le</strong> s’est fortement<br />

réduite en 2001 probab<strong>le</strong>ment à<br />

cause de l’instabilité politique de la région.<br />

Comme dans <strong>le</strong> cas du transport de personnes,<br />

aucun PM ne figure parmi <strong>le</strong>s principaux<br />

exportateurs mondiaux pour <strong>le</strong><br />

transport de marchandises, qui représente<br />

environ 23% des exportations mondia<strong>le</strong>s de<br />

services). La domination du secteur public<br />

dans <strong>le</strong> transport aérien et maritime, l’absence<br />

de concurrence, l’inefficience des<br />

infrastructures de transport empêchent <strong>le</strong>s<br />

PM de valoriser <strong>le</strong>ur situation géographique.<br />

Dans <strong>le</strong> domaine aérien, <strong>le</strong>s principaux problèmes<br />

auxquels <strong>le</strong>s PM doivent faire face<br />

comprennent : (i) trouver <strong>le</strong>s solutions<br />

« orientées marché » pour participer davantage<br />

au trafic international, sous peine<br />

d’être complètement exclus du marché ; (ii)<br />

chercher de nouvel<strong>le</strong>s liaisons, de nouveaux<br />

trafics, de plus grandes capacités ; (iii)<br />

concevoir des stratégies de réduction des<br />

coûts, de construction de nouvel<strong>le</strong>s<br />

alliances ; (iv) s’adapter aux nouvel<strong>le</strong>s<br />

Tab<strong>le</strong>au 12 : Exportations de services de certains PM, par secteurs et années<br />

(millions de dollars) 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001<br />

Egypte 7 716 7 895 8 070 8 590 9 271 9 379 8 141 9 494 9 803 9 042<br />

Transport 2 882 2 869 3 165 3 202 2 869 2 524 2 494 2 658 2 645 2 738<br />

Voyage 2 165 1 927 2 006 2 684 3 204 3 727 2 565 3 903 4 345 3 800<br />

Autres services* 2 669 3 099 2 899 2 704 3 378 3 128 3 082 2 933 2 813 2 504<br />

Jordanie 1 449 1 574 1 562 1 709 1 846 1 737 1 825 1 702 1 637 1 482<br />

Transport 334 368 353 419 377 390 310 298 298 257<br />

Voyage 463 563 582 660 744 774 853 796 723 700<br />

Autres services* 652 643 627 630 726 572 662 608 616 525<br />

Maroc 2 125 2 050 2 014 2 173 2 744 2 471 2 826 3 115 3 034 4 029<br />

Transport 315 357 342 410 416 440 446 478 485 660<br />

Voyage 1 371 1 234 1 231 1 296 1 675 1 446 1 744 1 949 2 039 na<br />

Autres services* 439 459 441 467 653 585 636 688 510 na<br />

Syrie 1 281 1 595 1 863 1 899 1 792 1 582 1 666 1 651 1 700 na<br />

Transport 260 271 342 237 245 214 257 240 246 na<br />

Travel 600 1 011 1 149 1 258 1 165 1 013 1 017 1 031 1 082 na<br />

Autres services* 421 313 372 404 382 355 392 380 372 na<br />

Tunisie 1 973 2 040 2 267 2 509 2 632 2 614 2 757 2 921 2 767 2 912<br />

Transport 491 521 577 598 642 644 635 599 595 638<br />

Voyage 1 174 1 225 1 417 1 530 1 588 1 543 1 657 1 827 1 682 1 751<br />

Autres services* 308 294 273 381 402 427 465 495 490 523<br />

Source : FMI, Balance of Payments Statistics Yearbook, 2000 et base IFS online.<br />

* Y compris <strong>le</strong>s services gouvernementaux.


Tab<strong>le</strong>au 13 : Avantages Comparatifs Révélés dans <strong>le</strong>s services commerciaux des<br />

PM, des AC10 et des pays candidats<br />

1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001<br />

Algérie 0,15 0,33 0,29 0,32 0,38 0,30 0,28 0,49 0,45 0,28 na<br />

Chypre 3,27 3,51 3,52 3,65 3,65 3,41 3,39 3,64 3,82 4,07 3,96<br />

Egypte 3,28 3,54 3,48 3,53 3,74 3,76 3,64 3,64 3,71 3,63 3,56<br />

Jordanie 2,84 2,75 2,78 2,67 2,59 2,62 2,51 2,55 2,46 2,48 2,14<br />

Malte 2,04 1,82 1,99 1,97 1,85 1,97 2,08 1,97 1,94 1,71 1,89<br />

Maroc 1,36 1,68 1,59 1,30 1,20 1,36 1,24 1,34 1,41 1,50 1,82<br />

Syrie 1,06 1,32 1,53 1,78 1,67 1,45 1,33 1,68 1,49 1,31 na<br />

Tunisie 1,37 1,62 1,70 1,63 1,62 1,64 1,62 1,59 1,64 1,66 1,55<br />

Turquie 1,97 1,96 2,04 1,91 2,13 1,87 2,20 2,35 1,94 2,20 1,76<br />

Source : ERF, calculs basés <strong>sur</strong> WTO, International Trade Stastistics, 2002.<br />

règ<strong>le</strong>s de concurrence, de subvention et selon <strong>le</strong>s pays. Ces réformes, combinées aux<br />

prise de participation (Al-Khouri, 2000). initiatives d’intégrations régiona<strong>le</strong>s, avec<br />

Dans <strong>le</strong> domaine du transport maritime et l’Union Européenne et avec <strong>le</strong>s États-Unis ont<br />

du transport terrestre, la piètre qualité des grandement amélioré <strong>le</strong> climat des investis-<br />

infrastructures et des services constitue de<br />

fait une barrière non tarifaire pour <strong>le</strong>s<br />

sements dans la région.<br />

importateurs et <strong>le</strong>s exportateurs (<strong>Femise</strong>, Néanmoins, force est de constater que <strong>le</strong>s<br />

2002). Sur ce point, une intégration régio- entrées de capitaux dans chacun des pays de<br />

na<strong>le</strong> des PM pourrait être essentiel<strong>le</strong>. Selon la région continuent de fluctuer d’année en<br />

Al-Khouri, <strong>le</strong>s réseaux de transport sud- année, reflétant là <strong>le</strong>ur dépendance envers<br />

méditerranéens subissent des pressions <strong>le</strong>s opportunités dans <strong>le</strong> domaine des hydro-<br />

concurrentiel<strong>le</strong>s croissantes et la création carbures ou des activités reliées aux<br />

d’un système de transport intégré UE-PM matières premières ou encore l’approche non<br />

exigerait une étroite collaboration entre <strong>le</strong>s systématiquement favorab<strong>le</strong> à la participa-<br />

réseaux déjà existants et non intégrés au tion étrangère tant à l’échel<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong> que<br />

sein de la région sud (Al-Khouri, 2000). régiona<strong>le</strong>.<br />

Avantages comparatifs révélés dans <strong>le</strong> secteur<br />

des services<br />

Seuls quelques pays (Egypte, Maroc et<br />

Tunisie) ont un indicateur d’avantage comparatif<br />

croissant dans <strong>le</strong> secteur des services.<br />

La Turquie, bien qu’ayant <strong>le</strong> 24ième rang<br />

dans la liste des principaux exportateurs de<br />

services, a un indicateur d’avantage comparatif<br />

qui évolue de façon irrégulière.<br />

c- La décennie manquée en matière<br />

d’IDE, un déclin de l’attractivité comparée<br />

qui semb<strong>le</strong> se corriger actuel<strong>le</strong>ment<br />

Durant la décennie passée, <strong>le</strong>s PM ont tous<br />

implanté un certain nombre des réformes<br />

nécessaires à l’attraction des investissements<br />

directs étrangers, quoiqu’à des degrés divers<br />

-35-<br />

De fait, en dépit des réformes menées, l’instabilité<br />

politique, la volatilité de la croissance<br />

et, parfois, l’attitude des autorités entraînent<br />

un manque d’intérêt des investisseurs<br />

envers <strong>le</strong>s pays de la région, jugeant <strong>le</strong> « climat<br />

général des affaires » moins attractif que<br />

dans d’autres régions comme l’Est asiatique,<br />

l’Amérique latine ou l’Europe centra<strong>le</strong>. Cela<br />

se reflète dans <strong>le</strong>s statistiques où l’on voit<br />

que si <strong>le</strong>s flux ont plus que doublé en moyenne,<br />

entre <strong>le</strong>s deux moitiés des années 1990,<br />

la part que représentent <strong>le</strong>s PM dans <strong>le</strong><br />

monde et dans <strong>le</strong>s pays en développement a<br />

baissé. Et la progression spectaculaire enregistrée<br />

en 2001, où avec 5,8% des investissements<br />

directs à destination des pays en<br />

développement <strong>le</strong>s PM retrouvent la part<br />

qu’ils représentaient en 1992, demande à<br />

être confirmée. El<strong>le</strong> est sans doute due à la


combinaison d’une forte baisse touchant <strong>le</strong>s<br />

autres régions et d’opportunités ponctuel<strong>le</strong>s<br />

dans certains pays de la région. Dans tous<br />

<strong>le</strong>s cas, cette part reste encore inférieure à<br />

ce qu’el<strong>le</strong> fut dans <strong>le</strong>s années 1980.<br />

En termes de distribution régiona<strong>le</strong>, la répartition<br />

reste toujours concentrée, mais <strong>le</strong>s<br />

zones d’attraction ont changé. Israël et la<br />

Turquie représentent aujourd’hui près de<br />

60% des flux entrant dans <strong>le</strong>s PM (57,2%),<br />

une part significativement plus importante<br />

qu’au début de la décennie (45,8%). Le<br />

Maghreb avoisine 30% avec une légère progression<br />

par rapport aux années 90-95<br />

(28,2% contre 26,9%), tandis que <strong>le</strong><br />

-36-<br />

Machrek voit son poids décliner (14,6%<br />

contre 27,7%), essentiel<strong>le</strong>ment à cause de<br />

l’essouff<strong>le</strong>ment des entrées en Égypte<br />

(–36,6% entre 1996-1999 et 2000-2001).<br />

L’ancrage externe constitué par <strong>le</strong>s accords<br />

d’association n’a pas suscité l’intérêt marqué<br />

des investisseurs européens.<br />

Le rapport annuel 2002 du <strong>Femise</strong> posait la<br />

question de savoir si <strong>le</strong>s accords d’association<br />

avaient relancé l’intérêt des investisseurs<br />

européens pour <strong>le</strong>s PM, ce que ne semblaient<br />

pas indiquer <strong>le</strong>s statistiques malgré<br />

une hausse en 2000. Cette hausse ne s’est<br />

pas confirmée l’année dernière, alors même<br />

Figure 4 : Part des PM dans <strong>le</strong>s IDE européens depuis 1995<br />

1,40%<br />

1,20%<br />

1,00%<br />

0,80%<br />

0,60%<br />

0,40%<br />

0,20%<br />

0,00%<br />

Figure 5 : Part de quelques régions dans <strong>le</strong>s IDE européens investis hors de<br />

l’Union depuis 1995<br />

20,0%<br />

15,0%<br />

10,0%<br />

5,0%<br />

0,0%<br />

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001<br />

Part des PPM dans <strong>le</strong> total des IDE européens<br />

Part des PPM dans <strong>le</strong> total des IDE européens investis hors UE<br />

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001<br />

PM<br />

Pays Candidats<br />

Amérique Latine<br />

Pays du Merco<strong>sur</strong><br />

Source : Eurostat, programme Medstat, base de donnée newcronos, août <strong>2003</strong>


Encadré 7 : Taux de change, commerce, flux d’IDE et Partenariat Euro-méditerranéen<br />

Institute of Money & Banking, American University of Beirut, Liban.<br />

Depuis <strong>le</strong> début des années 1970, <strong>le</strong>s pays méditerranéens (PM) ont suivi différentes étapes pour s’intégrer dans l’économie<br />

mondia<strong>le</strong>. Parmi ces étapes figurent la négociation et la signature des accords commerciaux bilatéraux avec<br />

l’Union européenne (UE). Ceux-ci visaient à améliorer l’accès des exportations des pays Méditerranéens vers <strong>le</strong>s marchés<br />

de l’Union européenne, à promouvoir la transparence, à standardiser <strong>le</strong>s procédures et <strong>le</strong>s rég<strong>le</strong>mentations ainsi<br />

que <strong>le</strong>s revenus des gouvernements.<br />

Avec la déclaration de Barcelone de 1995, la région UE-PM s’est transformée en une nouvel<strong>le</strong> zone de commerce, d’intégration<br />

économique et de coopération. En fait, la conférence de Barcelone cherche à créer une zone de libre-échange<br />

euro-méditerranéenne (ZLE)[a] à l’horizon 2010 qui encouragera <strong>le</strong>s flux commerciaux dans la région, à me<strong>sur</strong>e que <strong>le</strong>s<br />

pays vont alléger <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s commerciaux et considérer <strong>le</strong> commerce comme une source de croissance. Un autre but<br />

de l’accord est d’établir une région intégrée euro-méditerranéenne de coopération économique mutuel<strong>le</strong>. La mise en<br />

place de la ZLE nécessite, cependant, la libéralisation commercia<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s PM de la zone. Il faut éga<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>s<br />

régimes de change des PM soient compatib<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong>s politiques commercia<strong>le</strong>s et n’entravent pas <strong>le</strong> développement de<br />

l’intégration économique et financière euro-méditerranéenne.<br />

Bien que <strong>le</strong>s pays partenaires méditerranéens (MPC) aient signé des accords bilatéraux avec l’Union européenne, beaucoup<br />

reste à faire au niveau régional pour atteindre la cib<strong>le</strong> d’une ZLE euro-méditerranéenne pour 2010. Les accords<br />

déjà ratifiés sont ceux passés avec la Tunisie (1995), Israël (1995), <strong>le</strong> Maroc (1996) et la Jordanie (1997). Un accord<br />

provisoire avec la Pa<strong>le</strong>stine a été signé en 1997. À l’exception de la Syrie avec laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s négociations sont en cours,<br />

l’Algérie (2002), l’Egypte (2001) et <strong>le</strong> Liban (2002) ont signé <strong>le</strong>s accords, mais ne <strong>le</strong>s ont pas encore ratifiés. Ceux-ci<br />

ont renforcé l’importance de l’Europe pour la région méditerranéenne <strong>sur</strong>tout du point de vue du commerce et des flux<br />

de capitaux [b].<br />

Si l’on garde ce qui précède à l’esprit, <strong>le</strong>s récents évènements en Argentine et au Brésil soulignent clairement que de<br />

sérieux problèmes peuvent <strong>sur</strong>gir quand <strong>le</strong>s pays ont des accords commerciaux sans accord de change. En particulier,<br />

on a montré que <strong>le</strong>s accords commerciaux peuvent générer des flux d’échanges susceptib<strong>le</strong>s d’amplifier <strong>le</strong>s conséquences<br />

de mauvais alignements du taux de change réel. C’est un point important pour <strong>le</strong> <strong>partenariat</strong> euro-méditerranéen.<br />

En fait, alors que <strong>le</strong>s accords sont faits pour accroître <strong>le</strong>s échanges entre l’Europe et <strong>le</strong>s MPC, certains de ces derniers<br />

(i.e. l’Egypte, la Jordanie, <strong>le</strong> Liban, la Syrie) ont ancré <strong>le</strong>ur monnaie au dollar US. Étant données <strong>le</strong>s évolutions<br />

divergentes de l’Euro et du dollar US et l’existence de mauvais alignements du change, une importante appréciation<br />

réel<strong>le</strong> de certaines monnaies des PM est apparue et il existe de bonnes raisons de croire que ces mauvais alignements<br />

vont augmenter après l’achèvement du <strong>partenariat</strong> euro-méditerranéen. Cette étude analyse donc <strong>le</strong>s difficultés qui peuvent<br />

émerger d’un mauvais alignement des taux de change réels dans <strong>le</strong> contexte des accords commerciaux euro-méditerranéens.<br />

Nos premiers résultats montrent que <strong>le</strong>s mauvais alignements du taux de change dans <strong>le</strong> cadre des accords euro-méditerranéens<br />

ont en fait conduit à une réduction des échanges et à une relocalisation des investissements étrangers. Ceci<br />

pourrait avoir des conséquences négatives <strong>sur</strong> la stabilité des accords commerciaux méditerranéens et pourrait conduire<br />

dans <strong>le</strong> futur à une instabilité macro-économique dans la région. En fait, l’existence de mauvais alignements du change<br />

dans la région méditerranéenne a eu un impact direct négatif <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s IDE et <strong>sur</strong> <strong>le</strong> commerce intra-PM pendant <strong>le</strong>s<br />

deux dernières décennies. Dans <strong>le</strong> cadre des accords de change des PM actuels, ces mauvais alignements ont été amplifiés<br />

dans la région euro-méditerranéenne juste après la ratification de Barcelone.<br />

Les premiers résultats empiriques sont centrés <strong>sur</strong> l’environnement macro-économique peu stab<strong>le</strong> qui a caractérisé la<br />

région méditerranéenne. Alors que <strong>le</strong>s taux de change de l’Algérie et de la Tunisie ne peuvent être qualifiés de fixes,<br />

ceux de l’Egypte, de la Jordanie, du Liban et de la Syrie ont été en général ancrés au dollar US. Cependant, <strong>le</strong> succès<br />

de la politique d’ancrage au dollar US n’a pas été homogène dans la zone. De plus, l’ancrage au dollar US couplé à la<br />

dépréciation de l’Euro vis-à-vis du dollar US depuis son lancement en 1999 a été la principa<strong>le</strong> cause de l’appréciation<br />

continue des taux de change réels moyens de la région avec un impact direct négatif <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s échanges et <strong>le</strong>s IDE de la<br />

région.<br />

La région méditerranéenne a connu des épisodes similaires d’inflation é<strong>le</strong>vée et de dévaluations pendant la fin des<br />

années 1980 et <strong>le</strong> début des années 1990. Il est clair qu’une hétérogénéité existe dans <strong>le</strong>s accords de change méditerranéens<br />

et a induit des mauvais alignements de taux de change réels au sein de la région. Les politiques monétaires et<br />

cambiaires dans la région ont longtemps ignoré cet aspect de la situation et son impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong> commerce et <strong>le</strong>s flux<br />

d’IDE. Compte tenu de l’accroissement de l’intégration commercia<strong>le</strong> avec l’UE, <strong>le</strong> problème des mauvais alignements<br />

intra-PM et PM-EU devrait être résolu avant la mise en place de la ZLE en 2010. Bien que <strong>le</strong>s fluctuations du change réel<br />

soient sans aucun doute la principa<strong>le</strong> source des mauvais alignements, la divergence des taux d’inflation semb<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment<br />

y contribuer. Après la stabilisation des taux de change nominaux, <strong>le</strong>s autorités de la région MED devraient essayer<br />

d’adopter une politique dotée d’un objectif central de stabilité des prix.<br />

Les autres résultats préliminaires montrant que <strong>le</strong>s mauvais alignements des taux de change peuvent être attribués à<br />

(1) <strong>le</strong>s différents accords de change adoptés par <strong>le</strong>s pays ; (2) <strong>le</strong>s pressions macro-économiques domestiques ; (3) la<br />

récente dépréciation de la monnaie du principal partenaire commercial des PM, c’est-à-dire l’UE. Depuis son introduction<br />

en 1999 pour une va<strong>le</strong>ur nomina<strong>le</strong> de 1,15 dollar US, l’Euro s’est déprécié de 30% pour atteindre 0,83 dollar US à<br />

la fin de 2002. En conséquence, <strong>le</strong>s PM qui ont ancré <strong>le</strong>ur monnaie au dollar ont, <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s trois dernières années, enregistré<br />

une constante appréciation de <strong>le</strong>ur taux de change réel. Les fluctuations des taux de change réels ne sont pas<br />

entièrement <strong>le</strong> fruit de facteurs domestiques mais sont principa<strong>le</strong>ment dues à l’appréciation du dollar US vis-à-vis de la<br />

monnaie de <strong>le</strong>urs principaux partenaires commerciaux : l’Euro. Dès qu’il y a appréciation de la monnaie d’ancrage contre<br />

cel<strong>le</strong> des principaux partenaires commerciaux des PM, la monnaie domestique des PM s’apprécie en termes réels[c]. Ceci<br />

a eu un impact négatif nuisib<strong>le</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s économies des PM et a provoqué une perte significative en termes d’exportations<br />

et de compétitivité. En conséquence, <strong>le</strong> choix de la future ancre pour <strong>le</strong>s monnaies des PM sera une composante importante<br />

de <strong>le</strong>urs politiques macro-économiques de stabilisation.<br />

Alors que <strong>le</strong>s pressions inflationnistes et macro-économiques semb<strong>le</strong>nt être maîtrisées dans la région méditerranéenne<br />

depuis <strong>le</strong> début des années 1990, il reste aux PM à harmoniser <strong>le</strong>urs politiques de change en prenant en considération<br />

<strong>le</strong> fait que l’essentiel de <strong>le</strong>urs échanges se font avec l’UE et que l’Euro apparaît comme <strong>le</strong> principal concurrent du dollar<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés financiers internationaux. l’Euro a non seu<strong>le</strong>ment prouvé être une réserve de va<strong>le</strong>ur mais a assis son<br />

-37-


importance en tant que monnaie de compte et véhicu<strong>le</strong> des échanges. Le rattachement du change au dollar US peut<br />

avoir été justifié avant l’introduction de l’Euro en 1999. Cependant, l’Euro offre maintenant aux pays méditerranéens un<br />

accord de change alternatif. Avec la déclaration de Barcelone, l’approfondissement du <strong>partenariat</strong> euro-méditerranéen<br />

et la mise en place de la ZLE en 2010, <strong>le</strong>s PM sont face à une opportunité unique d’adopter effectivement un accord de<br />

change plus pertinent. Entre autres, un taux de change fixe par rapport à l’Euro ou à un panier de monnaies qui accorderait<br />

<strong>le</strong> poids <strong>le</strong> plus fort à l’Euro pourrait être <strong>le</strong> choix Pareto optimal pour la région Méditerranéenne au moins à court<br />

terme.<br />

En conséquence de l’ancrage du taux de change au dollar US et du fait qu’une part importante de la dette externe des<br />

PM est libellée en dollar, <strong>le</strong> bilan type des pays méditerranéens ou celui d’une firme méditerranéenne opérant dans la<br />

région est caractérisé en général par des structures similaires, i.e. une dette en dollar du côté des engagements et des<br />

revenus de plus en plus largement libellés en euros du côté des recettes. La majeure partie de la dette au niveau des<br />

firmes et des pays est libellée soit en monnaie loca<strong>le</strong> soit en dollars US. Cette situation pourrait se révé<strong>le</strong>r particulièrement<br />

dommageab<strong>le</strong> après la mise en place de la ZLE euro-méditerranéenne en 2010. Sur la décennie passée, la volatilité<br />

des taux d'intérêt et des taux de change a eu des effets négatifs <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s politiques de gestion de la dette des pays<br />

méditerranéens et <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s firmes travaillant dans <strong>le</strong>s PM. Ces dernières ayant des engagements en dollars US ont souffert<br />

considérab<strong>le</strong>ment des mouvements des taux d'intérêt et des taux de change. Par exemp<strong>le</strong>, la composition d’un bilan<br />

type d’une firme égyptienne est à 60-70% dominé par <strong>le</strong> dollar et la plupart de ses engagements sont envers des créditeurs<br />

basés aux Etats-Unis. L’histoire est à peu près identique pour une entreprise jordanienne où on peut voir que la<br />

structure des engagements est fortement dollarisée. Les engagements et <strong>le</strong>s ratios d’endettement sont similaires au<br />

Liban, en Algérie et en Syrie.<br />

Notes :<br />

[a] La ZLE sera mise en place graduel<strong>le</strong>ment. Les barrières tarifaires aux échanges de produits manufacturés seront progressivement éliminées<br />

suivant un ca<strong>le</strong>ndrier spécifique qui est à négocier entre partenaires. Selon <strong>le</strong>s accords, <strong>le</strong>s partenaires s’engagent à libéraliser <strong>le</strong>s<br />

paiements courants liés aux mouvements de biens, de services, de personnes et de capital, réalisant ainsi la libéralisation complète des<br />

mouvements de capitaux dès que <strong>le</strong>s conditions seront remplies. En plus de la libéralisation vertica<strong>le</strong> des échanges avec l’Union européenne,<br />

<strong>le</strong>s PM s’engagent à mettre en place une libéralisation commercia<strong>le</strong> entre eux (horizonta<strong>le</strong> ou intégration Sud-Sud).<br />

[b] Barcelone est supposé accroître l’accès au marché à la fois pour <strong>le</strong>s PM et pour <strong>le</strong>s pays de l’UE en offrant une libéralisation graduel<strong>le</strong><br />

des marchés agrico<strong>le</strong>s européens et une libéralisation commercia<strong>le</strong> réciproque pour <strong>le</strong>s biens manufacturés européens. Il offre éga<strong>le</strong>ment<br />

un soutien financier et économique aux PM pendant la transition de marchés protégés vers <strong>le</strong> libre-échange avec l’UE.<br />

[c] Cette tendance s’est cependant inversée depuis janvier <strong>2003</strong> quand l’Euro s’est apprécié face au dollar US d’à peu près 30%.<br />

Recherche financée par <strong>le</strong> <strong>Femise</strong> et dirigée par Institute of Money & Banking, American University of Beirut, Liban.<br />

Référence FEM21-13<br />

Titre : Exchange Rates, Trade and FDI Flows and the Euro-Mediterranean Partnership<br />

Date prévue de fin des travaux : février 2004<br />

que globa<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s PM ont fortement augmenté<br />

<strong>le</strong>ur part de marché relativement aux<br />

autres pays en développement.<br />

A l’inverse, l’attractivité des pays candidats a<br />

marqué une forte reprise à me<strong>sur</strong>e que <strong>le</strong>s<br />

perspectives d’adhésion sont devenues plus<br />

réel<strong>le</strong>s.<br />

Autre constat frappant : <strong>le</strong>s PM sont relativement<br />

plus attractifs pour <strong>le</strong>s investisseurs On notera éga<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>s flux américains<br />

américains que pour <strong>le</strong>s investisseurs euro- comme <strong>le</strong>s flux européens sont concentrés.<br />

péens. Le tab<strong>le</strong>au suivant montre en effet Les investisseurs américains se focalisent<br />

Tab<strong>le</strong>au 14 : Part des PM dans <strong>le</strong>s IDE extra-européens de l’Union et des États-<br />

Unis depuis 1995<br />

-38-<br />

qu’alors que <strong>le</strong>s pays de l’Union européenne<br />

investissent près de 4 fois plus que <strong>le</strong>s investisseurs<br />

américains, <strong>le</strong>s flux moyens à destination<br />

du Maghreb et du Machrek ne diffèrent<br />

que de moins de 30% (639 millions de dollars<br />

par an pour <strong>le</strong>s US, contre 825 millions pour<br />

l’Union). La part de marché des PM dans <strong>le</strong>s<br />

flux nord américains est ainsi plus de deux fois<br />

plus é<strong>le</strong>vée que dans <strong>le</strong>s flux de l’Union.<br />

Pr ove nant de<br />

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001<br />

IDE vers … US UE US UE US UE US UE US UE US UE US UE<br />

Turquie 121 350 103 405 82 425 98 1 013 248 859 251 1 2 11 32 1 420<br />

Israël 260 118 208 199 22 100 1 102 225 676 -204 803 775 550 236<br />

Pays du<br />

Maghreb<br />

30 100 525 201 698 659 1 264 520 -1 234 -61 476 771 306 584<br />

Pays du<br />

5 169 98 80 243 236 531 546 175 434 495 1 7 36 861 -199<br />

Machrek<br />

Egypte -1 97 93 61 228 79 513 346 158 402 475 1 3 32 851 278<br />

Mar oc 6 33 2 154 -6 470 -4 113 -39 41 6 259 22 239<br />

PM 416 737 934 885 1 045 1 420 2 995 2 304 -135 1 028 2 025 4 493 1 749 2 041<br />

Hors de l'UE 33 058 62 407 37 996 68 665 42 658 109 802 48 853 218 754 81 224 302 395 88 904 408 925 75 440 234 800<br />

Monde 70 392 124 099 66 490 143 393 84 449 206 573 116 854 368 197 163 801 681 841 178 613 1 028 150 127 259 432 221<br />

Part des PM<br />

dans <strong>le</strong>s IDE<br />

hors Union<br />

1,26% 1,18% 2,46% 1,29% 2,45% 1,29% 6,13% 1,05% -0,17% 0,34% 2,28% 1,10% 2,32% 0,87%<br />

Source : Eurostat, programme Medstat, base de donnée newcronos, août <strong>2003</strong>


essentiel<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> deux pays, Israël et<br />

l’Egypte captant en moyenne <strong>le</strong>s deux tiers<br />

des flux américains (65,8%) et seu<strong>le</strong>ment<br />

un tiers des flux européens (31,3%). Les<br />

investisseurs européens affichent une nette<br />

préférence pour la Turquie : ces trois pays<br />

représentent dans <strong>le</strong>s deux cas plus des trois<br />

quarts des flux à destinations des PM<br />

(76,1% des flux américains et 75,4% des<br />

flux européens).<br />

Éviter la course vers <strong>le</strong> bas *<br />

(*cette section et la suivante sont basées <strong>sur</strong> une contri-<br />

bution de Sergio A<strong>le</strong>ssandrini à paraître dans l’ERF Mena<br />

Trends <strong>2003</strong>)<br />

Il nous apparaît nécessaire d’attirer à nouveau<br />

l’attention <strong>sur</strong> certains dangers que <strong>le</strong>s IDE<br />

pourraient entraîner. Certes, ces investissements<br />

peuvent permettre de développer <strong>le</strong>s<br />

infrastructures, de disposer de transferts de<br />

technologie ou d’améliorer <strong>le</strong>s capacités des<br />

pays hôtes en termes de management, de formation<br />

ou de gestion de l’environnement.<br />

Les préoccupations socia<strong>le</strong>s et la montée<br />

des préoccupations environnementa<strong>le</strong>s dans<br />

<strong>le</strong>s pays développés, associées à la libéralisation<br />

des échanges dans <strong>le</strong> cadre de l’OMC,<br />

ont en quelque sorte spécialisé <strong>le</strong>s pays en<br />

développement en termes d’investissements<br />

dans <strong>le</strong>s activités de production à<br />

faib<strong>le</strong>s coûts, notamment de main-d’œuvre.<br />

La recherche des coûts <strong>le</strong>s plus faib<strong>le</strong>s comprend<br />

éga<strong>le</strong>ment ceux liés à la protection de<br />

l’environnement. Fina<strong>le</strong>ment, la course à<br />

l’attraction des investissements pèse <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

législations socia<strong>le</strong>s et environnementa<strong>le</strong>s<br />

que <strong>le</strong>s pays en développement mettent en<br />

œuvre. A titre d’illustration, il n’y a qu’à<br />

poser un regard <strong>sur</strong> <strong>le</strong> jugement négatif de<br />

nombreux « index de liberté économique »<br />

et autres guides d’investissements <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

législations des marchés du travail des PM,<br />

-39-<br />

particulièrement en ce qui concerne <strong>le</strong>s procédures<br />

de licenciement ou <strong>le</strong>s salaires<br />

minimum.<br />

S’engager dans une tel<strong>le</strong> voie constituerait<br />

cependant une grave erreur, car tant <strong>le</strong>s statistiques<br />

que <strong>le</strong>s analyses économiques indiquent<br />

que : (i) <strong>le</strong>s flux d’IDE entre pays<br />

développés sont largement plus importants<br />

que <strong>le</strong>s flux à destination des pays en développement<br />

(70% des flux en moyenne entre<br />

1990 et 1999, 21,9% pour 2000-2001) ;<br />

(ii) <strong>le</strong>s pays dont <strong>le</strong>s législations <strong>sur</strong> <strong>le</strong> travail<br />

sont <strong>le</strong>s plus éloignées des standards é<strong>le</strong>vés<br />

qui ont cours dans <strong>le</strong>s pays industrialisés ne<br />

reçoivent qu’une très faib<strong>le</strong> part des investissements<br />

étrangers ; (iii) de même, <strong>le</strong>s pays<br />

dont <strong>le</strong>s législations environnementa<strong>le</strong>s<br />

apparaissent laxistes n’ont pas attiré plus<br />

d’investissement (seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s activités liées à<br />

l’exploitations des ressources naturel<strong>le</strong>s sont<br />

sensib<strong>le</strong>s au laxisme en la matière).<br />

Les éléments d’une stratégie régiona<strong>le</strong><br />

envers <strong>le</strong>s IDE<br />

En plus d’une gestion macro-économique<br />

rigoureuse et de la stabilité politique, plusieurs<br />

points apparaissent cruciaux, pour<br />

optimiser <strong>le</strong>s stratégies mises en oeuvre par<br />

<strong>le</strong>s PM :<br />

(i) adopter une approche commune, notamment<br />

pour dépasser la fragmentation des<br />

marchés domestiques dans la région ;<br />

(ii) favoriser la diversification de la sphère<br />

productive pour al<strong>le</strong>r d’une industrie<br />

fondée <strong>sur</strong> l’utilisation des ressources<br />

vers une industrie manufacturière à plus<br />

forte va<strong>le</strong>ur ajoutée et intensive en<br />

main-d’œuvre ;<br />

(iii) améliorer l’éducation et la formation des<br />

travail<strong>le</strong>urs pour réduire l’écart en<br />

termes de capital humain dont souffre<br />

encore la région ;


(iv) adopter une stratégie proactive de promotion<br />

des IDE, en ciblant de manière<br />

réaliste certains secteurs ;<br />

(v) réformer radica<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s procédures<br />

d’autorisation des investissements en<br />

vue de <strong>le</strong>ur disparition et poursuivre <strong>le</strong>s<br />

réformes des institutions financières ;<br />

(vi) veil<strong>le</strong>r à ce que <strong>le</strong>s me<strong>sur</strong>es d’incitations<br />

fisca<strong>le</strong>s (notamment <strong>le</strong>s zones « spécialisées<br />

») conservent <strong>le</strong>ur compétitivité<br />

vis-à-vis de cel<strong>le</strong>s que l’on rencontre<br />

dans <strong>le</strong>s pays concurrents ;<br />

(vii) créer des bureaux de promotion des<br />

investissements dans certains pays<br />

étrangers, en collaboration avec <strong>le</strong> secteur<br />

privé qui pourraient servir de point<br />

de contact avec <strong>le</strong>s investisseurs intéressés<br />

et développer une activité de lobbying<br />

à l’attention des investisseurs<br />

potentiels.<br />

d- Etude d’un cas : un secteur menacé,<br />

<strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment en Méditerranée<br />

Second secteur après l’agriculture, <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment<br />

représente 5,7% des échanges<br />

mondiaux en 2001 et, en 40 ans, son commerce<br />

a été multiplié par 60. Les USA (100<br />

milliards de dollars), l’UE (135 milliards de<br />

dollars) et <strong>le</strong> Japon (35 milliards de dollars)<br />

constituent <strong>le</strong>s trois grands marchés de l’habil<strong>le</strong>ment.<br />

Les pays en développement sont<br />

particulièrement impliqués dans la me<strong>sur</strong>e<br />

où ils représentent 50% des exportations<br />

mondia<strong>le</strong>s de texti<strong>le</strong> et 70% des exportations<br />

de vêtements. Le secteur va vivre dans <strong>le</strong>s<br />

années à venir de profonds bou<strong>le</strong>versements<br />

qui risquent de modifier <strong>le</strong>s spécialisations :<br />

(i) la fin des accords ATV[4] suite des accords<br />

multifibres, qui prévoient l’abolition des quotas,<br />

va libérer <strong>le</strong>s exportations des pays<br />

jusque-là limitées pas <strong>le</strong>s contingentements,<br />

ce qui entraînera une croissance des<br />

échanges mondiaux et une concurrence de<br />

plus en plus serrée, (ii) l’adhésion de la Chine<br />

-40-<br />

à l’OMC et la poursuite des négociations de<br />

DOHA, vont, dans un avenir proche, provoquer<br />

une réaffectation massive des ressources<br />

vers <strong>le</strong>s centres de production qui<br />

offrent des avantages comparatifs en terme<br />

de prix, voire de qualité, (iii) l’érosion des<br />

systèmes de préférence qui ont permis aux<br />

pays en développement de maintenir artificiel<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>ur position concurrentiel<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s<br />

ont amenés à fonder en partie <strong>le</strong>ur développement<br />

<strong>sur</strong> ce secteur, rendra vulnérab<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s<br />

pays <strong>le</strong>s plus spécialisés dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment<br />

et <strong>sur</strong>tout ceux qui sont <strong>le</strong>s plus<br />

impliqués dans <strong>le</strong>s exportations de produits<br />

sensib<strong>le</strong>s.<br />

Parmi <strong>le</strong>s partenaires méditerranéens, la<br />

Turquie, la Tunisie, <strong>le</strong> Maroc et l’Egypte sont<br />

<strong>le</strong>s plus concernés[5]. Ils vont devoir affronter<br />

un doub<strong>le</strong> choc concurrentiel (i) au niveau<br />

international, avec <strong>le</strong>s producteurs asiatiques<br />

(chinois), dont <strong>le</strong>s avantages compétitifs<br />

reposent essentiel<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s différentiels<br />

de coûts, et, (ii) au sein même de l’espace de<br />

coopération industriel<strong>le</strong> qu’ils ont construit<br />

avec <strong>le</strong>s producteurs de texti<strong>le</strong> européens et<br />

où ils occupent une place de sous-traitants;<br />

<strong>le</strong>s pays accédant à l’UE (AC10), devenant<br />

des concurrents des PM <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s éléments qui<br />

fondent la division régiona<strong>le</strong> de la production<br />

de la filière texti<strong>le</strong> : proximité géographique<br />

et culturel<strong>le</strong>, f<strong>le</strong>xibilité, réactivité et qualité.<br />

Se pose dès lors une interrogation <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

capacités des PM à s’adapter à la nouvel<strong>le</strong><br />

organisation internationa<strong>le</strong> de la production<br />

qui nécessite (i) de répondre aux exigences<br />

de réactivité et de qualité qui <strong>le</strong>ur permettent<br />

de conserver <strong>le</strong>ur position régiona<strong>le</strong><br />

(ii), d’effectuer <strong>le</strong>s montées en gamme<br />

indispensab<strong>le</strong>s (iii) d’améliorer <strong>le</strong>ur niveau<br />

de compétitivité pour affronter la concurrence<br />

internationa<strong>le</strong>, (iv) de créer <strong>le</strong>s conditions<br />

d’une remontée industriel<strong>le</strong> en intégrant<br />

plus largement <strong>le</strong>s secteurs amonts de l’activité<br />

de confection tels que la production de


fils et filaments synthétiques, et la prise en<br />

charge des activités d’approvisionnement et<br />

autres services qui <strong>le</strong>ur permettent de passer<br />

du statut de sous-traitant vis-à-vis des<br />

donneurs d’ordre européens à celui de cotraitant<br />

dont <strong>le</strong> niveau de responsabilité<br />

dans la création de va<strong>le</strong>ur ajoutée au sein de<br />

la filière est plus é<strong>le</strong>vé.<br />

On développera ici trois points : (i) <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> clé<br />

de la filière texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> processus<br />

de croissance des PM, (ii) <strong>le</strong>s risques qui<br />

pèsent <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s PM au sein de la filière, (iii) <strong>le</strong>s<br />

enjeux liés à la régionalisation de la filière.<br />

Le texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment : une industrie qui restera<br />

au cœur des résultats des PM en matière<br />

de croissance ouverte.<br />

Le <strong>Femise</strong> considère que <strong>le</strong> positionnement<br />

des PM dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment restera<br />

très probab<strong>le</strong>ment encore dans <strong>le</strong>s prochaines<br />

années un élément clé d’une croissance soutenue<br />

créatrice d’emplois. Plusieurs raisons<br />

permettent d’étayer cette affirmation :<br />

(i) la première est la place que représente<br />

cette activité dans <strong>le</strong> système productif<br />

en terme de va<strong>le</strong>ur ajoutée et d’emploi,<br />

(ii) la seconde est <strong>le</strong> fait que des avantages<br />

comparatifs peuvent être dégagés dans<br />

cette activité, y compris dans des pays<br />

ayant atteint des niveaux de développement<br />

très sensib<strong>le</strong>ment supérieurs aux<br />

PM. C’est ainsi que l’Italie par exemp<strong>le</strong>,<br />

a encore aujourd’hui un avantage com-<br />

Tab<strong>le</strong>au 15 : Part du texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

dans <strong>le</strong>s importations de l’UE en provenance<br />

de chaque zone<br />

1990 1995 2000 2001<br />

Extra<br />

UE<br />

7,1% 10,1% 8,3% 8,7%<br />

AC10 12,6% 16,5% 10,6% 10,3%<br />

PM 19,1% 31,4% 27,6% 28,1%<br />

Source : Eurostat, programme Medstat, base de<br />

donnée newcronos, août <strong>2003</strong><br />

-41-<br />

paratif dans l’habil<strong>le</strong>ment fondé <strong>sur</strong> la<br />

diversification des produits, <strong>le</strong> design,<br />

l’organisation des processus de production<br />

et de commercialisation. Ces processus<br />

sont devenus assez performants<br />

pour devenir des exemp<strong>le</strong>s universels<br />

de développement local (districts industriels<br />

en Lombardie et Vénétie notamment).<br />

D’autres pays qui ont misé <strong>sur</strong> la<br />

qualité et <strong>le</strong> luxe (France) ont éga<strong>le</strong>ment<br />

pu développer des positions hautement<br />

concurrentiel<strong>le</strong>s dans ce secteur,<br />

(iii) la troisième est que quelqu’effort que<br />

fassent <strong>le</strong>s PM dans <strong>le</strong>s activités technologiques<br />

ou dans cel<strong>le</strong>s conduites dans<br />

ce qu’il est convenu d’appe<strong>le</strong>r « l’économie<br />

de la connaissance », on voit mal<br />

comment ces activités pourraient permettre<br />

de compenser des pertes d’emplois<br />

significatives dans la filière texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment,<br />

(iv) la quatrième, enfin, tient au fait que si<br />

par el<strong>le</strong>-même la branche habil<strong>le</strong>ment<br />

incorpore relativement peu de technologie,<br />

son environnement organisationnel<br />

et de distribution en incorpore beaucoup<br />

Figure 6 : Part de l’UE dans <strong>le</strong>s exportations<br />

des PM<br />

Tunisie<br />

Maroc<br />

Turquie<br />

Syrie<br />

Egypte<br />

Israël<br />

Liban<br />

2001<br />

1995<br />

1990<br />

0% 20% 40% 60% 80% 100%<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme<br />

Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.


plus. Là encore l’exemp<strong>le</strong> italien est parfaitement<br />

illustratif.<br />

Pour donner une idée de la position relative<br />

des PM dans ce secteur, on se demandera<br />

comment <strong>le</strong> secteur texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment résiste<br />

à la concurrence.<br />

Une position qui se maintient <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés<br />

internationaux, mais qui est menacée <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

marchés de l’UE<br />

L’examen de la concurrence à laquel<strong>le</strong> sont<br />

confrontés <strong>le</strong>s PM dans <strong>le</strong> secteur texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment<br />

fait apparaître <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> central<br />

joué par l’érosion des préférences <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché<br />

européen. Trois phénomènes se manifestent,<br />

en effet, ces dernières années : (i) une<br />

stabilité de la part des PM <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché<br />

mondial, (ii) une diminution de <strong>le</strong>ur position<br />

relative <strong>sur</strong> <strong>le</strong>ur plus gros marché d’exportation,<br />

<strong>le</strong> marché de l’UE, (iii) l’apparition d’un<br />

concurrent majeur, la Chine.<br />

La progression de la Chine <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché<br />

mondial du texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment (qui, en La stabilité de cette spécialisation régiona<strong>le</strong><br />

2001, pèse pour près de 1/5 des exporta- contraste avec la réorientation des échanges<br />

tions mondia<strong>le</strong>s de la branche) repose aussi entre Européens et pays AC10, ces derniers<br />

Figure 7 : Les importations européennes de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment et d’artic<strong>le</strong>s d’habil<strong>le</strong>ment<br />

(1995=1)<br />

Importations de Texti<strong>le</strong>-Habil<strong>le</strong>ment Importations d’artic<strong>le</strong>s d’habil<strong>le</strong>ment<br />

1,2<br />

1,15<br />

1,1<br />

1,05<br />

1<br />

0,95<br />

0,9<br />

Monde<br />

CC10<br />

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001<br />

PM<br />

-42-<br />

bien <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s vêtements (23% des exportations<br />

mondia<strong>le</strong>s) que <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s fils et tissus<br />

(12,5%). Cependant, malgré la concurrence<br />

chinoise, <strong>le</strong>s PM ont globa<strong>le</strong>ment amélioré<br />

<strong>le</strong>ur position <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés internationaux<br />

et représentent, en 2001, 5,5% des exportations<br />

mondia<strong>le</strong>s de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment. Les<br />

artic<strong>le</strong>s de l’habil<strong>le</strong>ment (de 7,1% en 1995 à<br />

8,4% en 2001) constituent <strong>le</strong>ur meil<strong>le</strong>ure<br />

spécialisation et progressent grâce au<br />

Maroc, alors que la Turquie et la Tunisie<br />

conservent <strong>le</strong>s mêmes poids relatifs. Les PM<br />

améliorent même <strong>le</strong>ur position dans <strong>le</strong>s<br />

exportations de fils et tissus (de 2,7% à 4%)<br />

essentiel<strong>le</strong>ment à cause des performances<br />

des producteurs turcs.<br />

Le texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment est une spécialisation<br />

des PM dans <strong>le</strong>urs relations avec l’UE : Les<br />

produits texti<strong>le</strong>s représentent en effet, 28%<br />

des importations européennes issues des PM,<br />

(tab<strong>le</strong>au 20) alors que la part moyenne des<br />

importations de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s<br />

importations européennes n’est que de 8,7%.<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.<br />

1,25<br />

1,2<br />

1,15<br />

1,1<br />

1,05<br />

1<br />

0,95<br />

0,9<br />

0,85<br />

0,8<br />

Monde<br />

CC10<br />

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001<br />

PM


paraissant se dégager du texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

qui ne représente en 2001 que 10,3% des<br />

importations européennes issues de ce groupe<br />

de pays alors qu’il comptait pour 16,5%<br />

en 1995.<br />

Du côté des partenaires méditerranéens,<br />

l’UE absorbe en moyenne 70% du total des<br />

exportations de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment avec<br />

des amplitudes importantes selon <strong>le</strong>s pays.<br />

En Tunisie comme au Maroc, <strong>le</strong> poids des<br />

clients européens s’accentue et, avec 95%<br />

des exportations de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

vers l’UE, ces pays sont particulièrement<br />

sensib<strong>le</strong>s aux variations conjoncturel<strong>le</strong>s de<br />

la demande européenne. La Turquie est<br />

plus insérée dans <strong>le</strong>s échanges hors de la<br />

zone, bien que la part de l’UE ait doublé<br />

(de 33% à 64%) pendant la dernière<br />

décennie. La Syrie, l’Egypte et <strong>le</strong> Liban<br />

diversifient <strong>le</strong>urs marchés d’exportation et<br />

se tournent plus vers <strong>le</strong>s marchés internationaux<br />

et <strong>le</strong>s USA.<br />

L’érosion des préférences joue cependant un Europe au détriment des PM. Il faut cepen-<br />

rô<strong>le</strong> important. En effet, la croissance des dant souligner que d’autres cadres d’accord<br />

importations européennes de texti<strong>le</strong>- régionaux ont permis de contenir la dominahabil<strong>le</strong>ment<br />

méditerranéen ne suit pas la tion chinoise. Les accords USA-Mexique ont,<br />

progression globa<strong>le</strong> des importations euro- par exemp<strong>le</strong>, permis de contrarier la pénépéennes<br />

de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment.<br />

tration chinoise. Entre 1995 et 2000, <strong>le</strong>s<br />

Figure 8 : Parts relatives des pays de la zone pan<strong>euroméditerranéen</strong>ne dans <strong>le</strong>s<br />

exportations de produits texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

70%<br />

60%<br />

50%<br />

40%<br />

30%<br />

20%<br />

10%<br />

0%<br />

PM<br />

AC10<br />

1995<br />

2001<br />

Turquie<br />

Pologne<br />

Tunisie<br />

Maroc<br />

Tchéquie<br />

Hongrie<br />

-43-<br />

En 2001, la Chine <strong>sur</strong>classe déjà <strong>le</strong>s partenaires<br />

méditerranéens <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés d’importations<br />

de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment des pays<br />

européens (17% pour la Chine contre 16%<br />

pour <strong>le</strong>s PM) alors qu’en 1995 la répartition<br />

était respectivement 13% et 17%, marquant<br />

un recul relatif des pays méditerranéens. Les<br />

AC10 accusent éga<strong>le</strong>ment une baisse sensib<strong>le</strong><br />

en passant de 12,3% à 9,6% des fournisseurs<br />

de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment de l’UE.<br />

C’est dans l’habil<strong>le</strong>ment que la concurrence<br />

chinoise est la plus forte où el<strong>le</strong> progresse de<br />

4 points de pourcentage (de 12% à 16% des<br />

importations européennes) alors que <strong>le</strong>s PM<br />

perdent 3 points (de 24% à 21%) de même<br />

que <strong>le</strong>s AC10 (de 12,3% à 9,5%). Les PM et<br />

<strong>le</strong>s AC10 maintiennent cependant <strong>le</strong>urs positions<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés des fils et tissus.<br />

On voit donc poindre nettement une domination<br />

de la Chine au niveau mondial comme au<br />

niveau européen. La libéralisation des<br />

échanges après 2005, peut faire redouter un<br />

renforcement de la concurrence chinoise en<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.<br />

Egypte<br />

Slovaquie<br />

Israël<br />

Slovénie<br />

Lituanie<br />

Syrie<br />

Jordanie<br />

Lettonie<br />

Malte


importations américaines de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

mexicain ont progressé de 324% et <strong>le</strong>s<br />

exportations du Mexique ont globa<strong>le</strong>ment<br />

augmenté de 132% passant de 5% à 13% de<br />

part de marché mondial (Ricupero, <strong>2003</strong>). Il<br />

faut voir là <strong>le</strong> résultat d’une forte interpénétration<br />

des entreprises fondée <strong>sur</strong> une segmentation<br />

poussée des processus productifs,<br />

la sous-traitance, l’utilisation de têtes de<br />

pont commercia<strong>le</strong>s <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés américains,<br />

un sous marché intégré latino, etc..<br />

Cet exemp<strong>le</strong> prouve que l’érosion des préférences<br />

commercia<strong>le</strong>s peut être contrariée par<br />

la densification des réseaux de production et<br />

de commercialisation au niveau régional.<br />

Au sein de la région élargie pan<strong>euroméditerranéen</strong>ne,<br />

noyau dur des partenaires de l’UE<br />

du secteur, la Turquie pèse à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong> autant<br />

que <strong>le</strong>s 10 pays accédants. De plus, entre<br />

1995 et 2001, <strong>le</strong>s pays méditerranéens<br />

gagnent en parts relatives <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s AC10 et<br />

comptent pour 65% des exportations, la<br />

Turquie en représentant la moitié. La Pologne<br />

est <strong>le</strong> principal concurrent des PM. Il faut<br />

cependant compter avec la Roumanie et la<br />

Bulgarie qui progressent fortement.<br />

Le texti<strong>le</strong> – habil<strong>le</strong>ment, un secteur vital pour<br />

<strong>le</strong>s PM.<br />

La figure 9 ci-dessous met en relation la part familia<strong>le</strong>s, à emplois précaires, salaires<br />

de l’emploi manufacturier dans <strong>le</strong> secteur du faib<strong>le</strong>s, sans couverture socia<strong>le</strong> et peu quali-<br />

Figure 9 : La dépendance des pays méditerranéens vis à vis du texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

% du total exportations<br />

45%<br />

40%<br />

35%<br />

30%<br />

25%<br />

20%<br />

15%<br />

10%<br />

5%<br />

0%<br />

Jordanie<br />

Slovénie<br />

Chypre<br />

Malte<br />

Pologne<br />

Hongrie<br />

0% 10% 20% 30% 40% 50%<br />

% emploi manufacturier<br />

-44-<br />

texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment et <strong>le</strong> poids relatif du secteur<br />

dans <strong>le</strong>s exportations tota<strong>le</strong>s des pays<br />

méditerranéens et des pays AC10.<br />

(i) Pour un premier groupe de pays,<br />

l’Egypte, <strong>le</strong> Maroc, la Tunisie et la<br />

Turquie, <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment est <strong>le</strong><br />

premier employeur industriel et la première<br />

ressource d’exportation hors<br />

pétro<strong>le</strong>. La confection représente 25%<br />

des actifs au Maroc (95% des exportations<br />

du secteur), 35% en Tunisie (95%<br />

des exportations du secteur), 22% en<br />

Turquie, 6% en Jordanie. Les pays AC10<br />

qui, bien que fortement impliqués dans<br />

<strong>le</strong> secteur, présentent une dépendance<br />

moins prononcée vis-à-vis du texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment<br />

(15 à 20% des emplois, 5 à<br />

10% des exportations).<br />

(ii) Le secteur texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment crée près<br />

du quart de la va<strong>le</strong>ur ajoutée industriel<strong>le</strong><br />

en Tunisie et en Syrie, 16 à 17% au<br />

Maroc et en Turquie et 13% en Egypte.<br />

Dans <strong>le</strong>s industries des AC10 <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment<br />

pèse en moyenne pour 7 à<br />

8% de la création de va<strong>le</strong>ur ajoutée<br />

industriel<strong>le</strong>.<br />

De plus, l’emploi dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

est largement fourni par un secteur informel<br />

dérégulé, composé de très petites entreprises<br />

Turquie<br />

Lituanie<br />

Syrie<br />

Egypte<br />

Tunisie<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.<br />

Maroc


fiés. Une régression de ce secteur pourrait<br />

donc provoquer une difficulté socia<strong>le</strong> majeure.<br />

Que ce soit pour <strong>le</strong>s Partenaires<br />

Méditerranéens ou <strong>le</strong>s AC10, la production<br />

est en grande majorité tournée vers l’exportation.<br />

La Tunisie exporte 80% de sa production,<br />

<strong>le</strong> Maroc 50%, la Turquie 73%. L’Egypte<br />

est plus orientée <strong>sur</strong> la demande intérieure<br />

avec un taux d’exportation de 45%. Le même<br />

constat peut être établi pour <strong>le</strong>s AC10 qui<br />

exportent 80% de <strong>le</strong>ur production de texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment[6].<br />

Les deux producteurs de<br />

coton, l’Egypte et la Syrie, exportent <strong>le</strong>s<br />

matières premières mais éga<strong>le</strong>ment des<br />

fibres végéta<strong>le</strong>s ; 50% des exportations de<br />

texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment de l’Egypte et 70% pour<br />

la Syrie qui emploient respectivement 22%<br />

et 24% des actifs.<br />

Une compétitivité menacée<br />

Les sources de compétitivité se forgent dans<br />

<strong>le</strong>s performances des tissus productifs locaux<br />

et se réalisent par des parts de marchés à<br />

-45-<br />

l’exportation et des avantages comparatifs<br />

correspondant à ces spécialisations. Jouent<br />

ici <strong>le</strong>s salaires et la productivité.<br />

Les PM soutiennent diffici<strong>le</strong>ment la concurrence<br />

avec <strong>le</strong>s Asiatiques du point de vue des<br />

niveaux de salaires. Bien au-dessus des<br />

salaires pratiqués en Asie, <strong>le</strong>s PM sont toutefois<br />

mieux placés que la Pologne et la<br />

Hongrie. Par contre, la Roumanie et la<br />

Bulgarie, candidats à l’adhésion avec l’UE,<br />

concurrencent fortement <strong>le</strong>s méditerranéens,<br />

d’autant plus que la Roumanie se révè<strong>le</strong> être<br />

un des exportateurs <strong>le</strong>s plus dynamiques au<br />

niveau international.<br />

Tab<strong>le</strong>au 16 : Salaires journaliers en<br />

dollars US 2000 dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong><br />

Maroc 1,8<br />

Tunisie 1,7<br />

Egypte 1,1<br />

Pologne 2,4<br />

Hongrie 2,6<br />

Bulgarie 0,2<br />

Roumanie 1<br />

Chine 0,5<br />

Indonésie 0,4<br />

Source : JP Morgan Werner [7].<br />

Figure 10 : Productivité du travail et évolution des salaires en Méditerranée et<br />

dans <strong>le</strong>s AC10<br />

1,40<br />

1,20<br />

1,00<br />

0,80<br />

0,60<br />

0,40<br />

0,20<br />

3,00<br />

2,50<br />

2,00<br />

1,50<br />

1,00<br />

0,50<br />

0,00<br />

Evolution de la productivité du travail dans l'industrie texti<strong>le</strong> des pays<br />

méditerranéens partenaires (1990=100)<br />

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999<br />

Algérie Egypte Israël Jordanie<br />

Maroc Tunisie Turquie<br />

Evolution des salaires dans l'industrie texti<strong>le</strong> des pays méditerranéens<br />

partenaires (1990=100)<br />

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />

Algérie Egypte Israël Jordanie<br />

Maroc Syrie Tunisie Turquie<br />

Source : ONUDI, calculs Institut de la Méditerranée.<br />

1,20<br />

1,10<br />

1,00<br />

0,90<br />

0,80<br />

0,70<br />

0,60<br />

0,50<br />

0,40<br />

0,30<br />

0,20<br />

1,80<br />

1,60<br />

1,40<br />

1,20<br />

1,00<br />

0,80<br />

0,60<br />

0,40<br />

0,20<br />

0,00<br />

Evolution de la productivité du travail dans l'industrie texti<strong>le</strong> des pays de<br />

l'élargissement (1990=100)<br />

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />

Hongrie Pologne Slovénie<br />

Evolution des salaires dans l'industrie texti<strong>le</strong> des pays de l'élargissement<br />

(1990=100)<br />

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000<br />

Hongrie Pologne Slovénie


Cependant, <strong>le</strong> coût du travail incorporé dans<br />

un artic<strong>le</strong> dépend non seu<strong>le</strong>ment du salaire<br />

mais du temps de production.<br />

La figure 10 montre que parallè<strong>le</strong>ment à la progression<br />

des salaires quasi généra<strong>le</strong> que ce soit<br />

en Méditerranée ou dans <strong>le</strong>s pays accédants<br />

(exception faite de l’Egypte), la productivité du<br />

travail ne progresse pas : el<strong>le</strong> stagne au Maroc<br />

depuis <strong>le</strong> milieu des années 90, el<strong>le</strong> faiblit en<br />

Turquie, mais el<strong>le</strong> progresse en Egypte où, en<br />

fin de période, el<strong>le</strong> retrouve son niveau de début<br />

1990. Les AC10 sont sensib<strong>le</strong>ment dans la<br />

même situation. La Pologne illustre <strong>le</strong> cas vertueux<br />

d’une augmentation de la productivité du<br />

travail qui a permis une augmentation sensib<strong>le</strong><br />

des salaires. Avec des salaires inférieurs et des<br />

entrants moins coûteux, l’Asie propose des<br />

artic<strong>le</strong>s de 50% à 60% moins chers.<br />

On voit <strong>sur</strong> la figure 11 que : (i) la Chine et dans la transformation de la matière<br />

l’Inde <strong>sur</strong>classent largement <strong>le</strong>s PM et la première cotonnière <strong>sur</strong> place.<br />

Pologne (ii) la Roumanie et la Bulgarie se (ii) Les autres pays méditerranéens, plus<br />

positionnent mieux que <strong>le</strong>s producteurs spécialisés dans <strong>le</strong>s exportations de vête-<br />

méditerranéens. Cependant, de tel<strong>le</strong>s comments, présentent des désavantages<br />

paraisons ne tiennent pas compte de la qua- comparatifs importants pour <strong>le</strong>s deux<br />

lité des artic<strong>le</strong>s et de la compétitivité hors premières catégories de produits, ce qui<br />

coût attachée aux produits mode, de bonne est logique dans la me<strong>sur</strong>e où ils entre-<br />

qualité, confectionnés dans des matières tiennent des activités de sous-traitance<br />

modernes, toutes caractéristiques qui per- avec <strong>le</strong>s producteurs européens de textimettent<br />

de relativiser la concurrence des <strong>le</strong> desquels ils importent <strong>le</strong>s fils et tissus<br />

producteurs spécialisés <strong>sur</strong> des artic<strong>le</strong>s tradi- qu’ils transforment. On notera cependant<br />

tionnels, produits à grande échel<strong>le</strong> et au prix que <strong>le</strong>s avantages comparatifs obtenus<br />

<strong>le</strong> plus bas.<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s exportations d’artic<strong>le</strong>s d’habil<strong>le</strong>-<br />

Figure 11 : Prix moyen d’une chemise exportée vers l’UE (en euros)<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

Inde<br />

Roumanie<br />

ChineBulgarie<br />

Source : Douanes, cité par Fouquin et alii, 2002.<br />

-46-<br />

Les avantages comparatifs obtenus par <strong>le</strong>s<br />

partenaires méditerranéens <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés<br />

mondiaux reflètent fidè<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>urs spécialisations.<br />

En différenciant <strong>le</strong>s exportations de<br />

texti<strong>le</strong> selon trois catégories de produits correspondant<br />

à l’état de <strong>le</strong>ur transformation<br />

dans la chaîne de production (<strong>le</strong>s matières<br />

premières tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong> coton, <strong>le</strong>s fibres et tissus,<br />

et <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s d’habil<strong>le</strong>ment) on voit que :<br />

(i) seu<strong>le</strong>s l’Egypte et la Syrie et dans une<br />

moindre me<strong>sur</strong>e la Turquie, obtiennent<br />

des avantages comparatifs dans <strong>le</strong>s<br />

exportations de fibres texti<strong>le</strong>s. Cette<br />

tendance se renforce en Egypte et en<br />

Syrie mais faiblit pour la Turquie. Le fait<br />

que l’Egypte et la Syrie accentuent <strong>le</strong>urs<br />

avantages comparatifs dans <strong>le</strong>s exportations<br />

de fils et tissus suggère une<br />

amélioration des capacités industriel<strong>le</strong>s<br />

Tunisie<br />

MarocTurquie<br />

Pologne


(iii)<br />

ment stagnent pour la Tunisie et <strong>le</strong> Maroc<br />

et qu’ils régressent dans <strong>le</strong> cas de la<br />

Turquie. L’Egypte, qui s’est spécialisée<br />

dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment au cours de la<br />

dernière décennie au détriment du secteur<br />

des hydrocarbures, progresse <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s 3 catégories de produits. Les exportations<br />

de vêtements représentent 14,2%<br />

des exportations égyptiennes en 2001<br />

(contre 3,4% en 1990) et l’indicateur<br />

d’avantage comparatif progresse de<br />

400% entre 1990 et 2001.<br />

La situation des AC10 est différente :<br />

√ parce que la spécialisation dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

est moins prononcée<br />

(15% des exportations pour la<br />

√<br />

Lettonie et l’Estonie, 8% pour la<br />

Pologne et la Slovaquie et 4% pour la<br />

Tchéquie et la Hongrie<br />

parce qu’el<strong>le</strong> est globa<strong>le</strong>ment stab<strong>le</strong><br />

<strong>sur</strong> la période 1995-2001,<br />

√ et que <strong>le</strong>s avantages comparatifs <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s marchés mondiaux sont plus<br />

(iv)<br />

modestes. Ils s’accentuent dans <strong>le</strong>s<br />

exportations de vêtements pour la<br />

Lettonie et l’Estonie et faiblissent pour<br />

la Pologne et pour la Hongrie.<br />

Une analyse plus fine de la composition<br />

des exportations de produits amont de la<br />

filière, qui distingue <strong>le</strong>s fibres et fils<br />

végétaux par rapport aux fibres et fils<br />

synthétiques, met en évidence la fragili-<br />

-47-<br />

té de la spécialisation des producteurs<br />

méditerranéens de texti<strong>le</strong>. La Syrie et<br />

l’Egypte n’exportent que des produits à<br />

base de coton dont <strong>le</strong>s cours mondiaux<br />

ont baissé ces 10 dernières années.<br />

Seu<strong>le</strong> la Turquie progresse dans cet<br />

effort de montée en gamme et <strong>le</strong>s fibres<br />

synthétiques représentent 10% de ses<br />

exportations de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

qu’el<strong>le</strong> destine non seu<strong>le</strong>ment à l’UE<br />

mais aux partenaires de l’Europe de l’Est<br />

et de Méditerranée. Leurs concurrents<br />

de l’Est ont par contre mieux développé<br />

ce type de production : la Tchéquie, avec<br />

2,8% des exportations de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment,<br />

la Slovaquie (8,8%) et la Lettonie<br />

(5,5%) fournissent <strong>le</strong>s producteurs<br />

européens et ceux des AC10.<br />

Les exportations des partenaires méditerranéens<br />

sont très concentrées <strong>sur</strong> un petit<br />

nombre d’artic<strong>le</strong>s. Un indicateur de concentration<br />

simp<strong>le</strong> montre qu’en moyenne 3 à 6<br />

artic<strong>le</strong>s composent 50% des exportations de<br />

texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment des partenaires méditerranéens.<br />

La Turquie est la plus diversifiée<br />

avec 10 artic<strong>le</strong>s (tab<strong>le</strong>au 17).<br />

Un tel niveau de spécialisation révè<strong>le</strong> une fragilité<br />

structurel<strong>le</strong> des pays méditerranéens qui<br />

<strong>le</strong>s expose aux chocs d’après 2005 et constitue<br />

un frein à <strong>le</strong>urs capacités d’adaptation.<br />

Tab<strong>le</strong>au 17 : La concentration des exportations de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment des partenaires<br />

Méditerranéens et des pays AC10<br />

Nombre d’artic<strong>le</strong>s composant 50% des exportations<br />

Partenaires med. Pays AC10<br />

Egypte 6 Estonie 15<br />

Jordanie 3 Lettonie 10<br />

Liban 20 Hongrie 11<br />

Israël 7 Lituanie 10<br />

Syrie 4 Pologne 13<br />

Maroc 6 Slovaquie 9<br />

Tunisie 5 Slovénie 13<br />

Turquie 10 Tchéquie 22<br />

Chypre 5 -<br />

Malte 2 -<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.


Les AC10 présentent des structures d’exportations<br />

dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment plus<br />

diversifiées avec 10 à 15 artic<strong>le</strong>s en moyenne<br />

qui représentent 50% des exportations<br />

du secteur.<br />

La concurrence avec <strong>le</strong>s AC10 ne porte pas<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s mêmes créneaux de spécialisation,<br />

par contre <strong>le</strong>s PM sont confrontés à la<br />

concurrence asiatique et ils <strong>le</strong> seront encore<br />

plus sérieusement à l’avenir.<br />

L’Asie domine <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s en mail<strong>le</strong> et la<br />

concurrence importante <strong>sur</strong> ce type d’artic<strong>le</strong>s<br />

a permis la baisse des prix unitaires ces dix<br />

dernières années. La spécialisation dans <strong>le</strong>s<br />

artic<strong>le</strong>s de confection de chaîne et trame joue<br />

plus <strong>sur</strong> la différenciation des produits et est<br />

souvent <strong>le</strong> domaine des relations de soustraitance<br />

et de «sourcing» avec des donneurs<br />

d’ordre européens.<br />

Le tab<strong>le</strong>au 18 donne la part relative de cha<strong>le</strong>ment à cause d’un désengagement<br />

cun des partenaires de la zone paneuromédi- relatif de la Turquie. La Tunisie et <strong>le</strong><br />

terranéenne <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s 5 artic<strong>le</strong>s d’habil<strong>le</strong>ment Maroc, représentant chacun environ 9%<br />

<strong>le</strong>s plus représentés dans <strong>le</strong>s exportations des exportations de la zone, sont en<br />

des PM.<br />

concurrence avec la Hongrie et la<br />

Tab<strong>le</strong>au 18 : La part relative PM dans <strong>le</strong>s exportations de 5 grandes catégories<br />

d’artic<strong>le</strong>s d’habil<strong>le</strong>ment<br />

-48-<br />

(i) Le T-shirt reste une spécialité méditerranéenne<br />

et représente 86% des exportations<br />

de la zone pan<strong>euroméditerranéen</strong>ne<br />

dont 60% sont turques. Le Tshirt<br />

pèse pour 11% dans <strong>le</strong>s exportations<br />

de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment turques, 7%<br />

au Maroc, 5% en Syrie et 4% en<br />

Tunisie. Les AC10 sont peu présents <strong>sur</strong><br />

ce marché mises à part la Pologne (2%<br />

des exportations de la zone) et la<br />

Hongrie (3,6%). La concurrence est<br />

donc <strong>sur</strong>tout à attendre du côté asiatique.<br />

En 2001, la Turquie est <strong>le</strong> 1er<br />

fournisseur des européens en T-shirt<br />

(33% des importations de l’UE) alors<br />

que la Chine ne fournit que 9% du marché.<br />

Mais la part de la Chine dans <strong>le</strong><br />

marché mondial de cet artic<strong>le</strong> (17%)<br />

constitue une menace évidente.<br />

(ii) La part relative des partenaires méditerranéens<br />

dans <strong>le</strong>s exportations de chandails,<br />

pulls baisse de 80 à 73% essentiel-<br />

Pantalon homme Pantalon femme T-shirt Chemise homme Chandail pull<br />

1995 2001 1995 2001 1995 2001 1995 2001 1995 2001<br />

Algérie 0,0% 0,0% 0 0 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%<br />

Chypre 0,3% 0,1% 0% 0% 0,1% 0,0% 0,5% 0,5% 0,9% 0,4%<br />

Egypte 3,0% 4,1% 5% 5% 6,8% 5,0% 8,2% 4,7% 2,7% 3,8%<br />

Israël 2,2% 0,6% 2% 2% 5,8% 2,0% 0,1% 0,2% 1,0% 1,1%<br />

Jordanie 0,2% 2,7% 0% 0% 0,0% 0,5% 0,5% 7,3% 0,0% 0,1%<br />

Liban 0,0% 0,2% 0% 0% 0,0% 0,1% 0,0% 0,1% 0,0% 0,1%<br />

Malte 4,6% 3,8% 1% 0% 0,2% 0,0% 0,1% 0,0% 0,1% 0,1%<br />

Maroc 11,5% 16,2% 5% 18% 5,4% 9,6% 7,6% 16,6% 8,9% 9,4%<br />

Syrie 0,4% 0,4% 0% 0% 3,1% 1,7% 0,7% 1,1% 0,8% 1,1%<br />

Tunisie 40,5% 27,4% 16% 12% 4,9% 7,2% 14,1% 14,4% 5,9% 8,7%<br />

Turquie 14,9% 20,8% 34% 38% 61,1% 60,1% 37,1% 26,8% 60,9% 49,5%<br />

PM 77,60% 76,30% 63,00% 75,00% 87,40% 86,20% 68,90% 71,70% 81,20% 74,30%<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.<br />

Encadré 8 : Artic<strong>le</strong>s de « chaîne et trame » ou artic<strong>le</strong>s de « mail<strong>le</strong> » ?<br />

On différencie généra<strong>le</strong>ment la famil<strong>le</strong> des artic<strong>le</strong>s de « chaîne et trame » (chemises, pantalons) de cel<strong>le</strong> de la « mail<strong>le</strong> »<br />

(T-shirts, pulls) parce qu’el<strong>le</strong>s sont issues de métiers différents : <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s de la mail<strong>le</strong> sont directement tricotés à partir<br />

d’un fil alors que <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s de chaîne et trame sont confectionnés à partir de tissus découpés selon des patrons. Les<br />

premiers reposent <strong>sur</strong> un savoir-faire plus simp<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s seconds. Un industriel spécialisé dans la mail<strong>le</strong> ne se reconvertit<br />

pas faci<strong>le</strong>ment dans la confection d’artic<strong>le</strong>s en tissu.


Pologne. De même que pour <strong>le</strong>s T-shirts,<br />

la concurrence asiatique est menaçante<br />

pour <strong>le</strong>s pays de la zone quand on compare<br />

la place de la Chine dans <strong>le</strong> commerce<br />

mondial (27%) à cel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong><br />

occupe dans <strong>le</strong>s importations de l’UE.<br />

(iii) La Tunisie spécialisée dans la confection<br />

des pantalons pour hommes (jeans),<br />

secteur qui représente 21% de ses<br />

exportations de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment, voit<br />

sa part relative diminuer au profit de la<br />

Turquie et du Maroc. Globa<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s<br />

partenaires méditerranéens sont <strong>le</strong>ader<br />

dans <strong>le</strong>s exportations de ce type d’artic<strong>le</strong>s,<br />

exportations qui ont progressé de<br />

28% entre 1995 et 2001. La concurrence<br />

avec <strong>le</strong>s AC10 est <strong>sur</strong>tout <strong>le</strong> fait de la<br />

Pologne. Les PM améliorent nettement<br />

<strong>le</strong>urs positions relatives dans <strong>le</strong>s pantalons<br />

pour femmes, catégorie d’artic<strong>le</strong>s<br />

dont <strong>le</strong>s exportations progressent de<br />

64%, en passant de 61,7% à 75%. La<br />

Turquie (38%) et <strong>le</strong> Maroc (18%) sont<br />

<strong>le</strong>s principaux producteurs.<br />

(iv) Le maintien de la position relative des PM<br />

dans <strong>le</strong>s exportations de chemises s’explique<br />

essentiel<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> Maroc qui<br />

passe d’une importance relative de 7,6%<br />

à 16%. Alors que globa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s exportations<br />

de cette catégorie de produits<br />

baissent de 28% en 6 ans, seul <strong>le</strong> Maroc<br />

augmente ses exportations. La Turquie<br />

perd des parts relatives tout en restant <strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>ader avec 26,8%, mais ses exportations<br />

baissent de 80% entre 1995 et<br />

2001. De même, la Pologne se désengage<br />

progressivement des chemises pour<br />

hommes en se spécialisant dans la<br />

confection de chemises pour femmes.<br />

Une place <strong>sur</strong> la filière de production texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment<br />

qui reste stab<strong>le</strong><br />

L’organisation de la filière texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

est fondée <strong>sur</strong> un découpage « opératoire »<br />

-49-<br />

de l’activité de production. La structure<br />

input-output qui décrit <strong>le</strong>s différentes activités<br />

de création de va<strong>le</strong>ur ajoutée et <strong>le</strong>urs<br />

interactions (de la conception du produit à sa<br />

commercialisation en passant par <strong>le</strong> transport)<br />

est opérationnel<strong>le</strong> (i) grâce à une structure<br />

de gouvernance au sein de laquel<strong>le</strong> la<br />

firme dominante organise la valorisation des<br />

différents segments de production, détermine<br />

<strong>le</strong>s changements de techniques et <strong>le</strong>s<br />

rythmes de production, etc., (ii) par une<br />

répartition spatia<strong>le</strong> des activités et (iii) dans<br />

un cadre social et institutionnel spécifique<br />

fondé <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s normes et <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs des différents<br />

espaces d’activité des firmes[8].<br />

Le réseau de production de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

au sein de l’espace euro-méditerranéen<br />

(cf encadré 9) repose <strong>sur</strong> la fluidité des<br />

échanges et <strong>sur</strong> la réactivité (gestion des<br />

stocks, respect des délais, contrô<strong>le</strong> des<br />

démarques, etc.). Les industriels du texti<strong>le</strong>habil<strong>le</strong>ment<br />

dans <strong>le</strong>s pays développés jouent<br />

la carte de l’innovation, de la créativité et de<br />

la qualité en introduisant toujours plus de<br />

technologies et de R&D. Il est clair qu’ils<br />

attendent de <strong>le</strong>urs partenaires qu’ils participent<br />

activement à cette stratégie qui <strong>le</strong>ur permet<br />

de conserver un avantage comparatif <strong>sur</strong><br />

l’ensemb<strong>le</strong> de la filière. Au même titre que la<br />

compétence des fournisseurs, la qualité du<br />

réseau et sa capacité à évoluer et à s’adapter<br />

aux changements des conditions de concurrence<br />

mis en place sont déterminantes.<br />

La zone pan<strong>euroméditerranéen</strong>ne est fermement<br />

défendue par <strong>le</strong>s nombreux professionnels<br />

du secteur texti<strong>le</strong> européen[9] qui<br />

trouvent un immense potentiel de production<br />

intégrant tous <strong>le</strong>s stades de la filière,<br />

avec des savoir-faire indéniab<strong>le</strong>s, à proximité<br />

d’un bassin de 760 millions de consommateurs<br />

et qui pensent qu’il faut protéger<br />

ces liens privilégiés tissés à travers l’histoire<br />

et <strong>le</strong>s échanges. Dès lors, ces mêmes pro-


ducteurs estiment que <strong>le</strong>s systèmes de préférence,<br />

qui ont permis de protéger l’activité<br />

de confection dans <strong>le</strong>s pays moins développés,<br />

doivent être maintenus et permettre de<br />

jouer un jeu gagnant-gagnant entre <strong>le</strong>s deux<br />

rives. Le développement des règ<strong>le</strong>s d’origine<br />

et <strong>le</strong>ur adaptation à une organisation régiona<strong>le</strong><br />

de la production constituent un moyen<br />

de prolonger <strong>le</strong>s systèmes de protection<br />

après <strong>le</strong>s quotas.<br />

L’organisation de réseaux de sourcing protège<br />

<strong>le</strong>s PM mais doit éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>ur permettre<br />

des remontées industriel<strong>le</strong>s. Le trafic<br />

de perfectionnement passif qui caractérise<br />

<strong>le</strong> réseau texti<strong>le</strong> pan<strong>euroméditerranéen</strong><br />

Encadré 9 : La filière de production texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

-50-<br />

pourra devenir un trafic actif à plusieurs<br />

conditions (Falke, <strong>2003</strong>) :<br />

√ si <strong>le</strong> réseau permet d’organiser un<br />

transfert de technologies,<br />

√ si <strong>le</strong>s employés sont assez bien formés,<br />

√ s'il existe une organisation administrative<br />

efficace,<br />

√ s’il y a dans <strong>le</strong> pays un système juridique<br />

et bancaire,<br />

√ s'il y a une production de matières premières<br />

de qualité.<br />

Les sous-traitants pourraient alors occuper<br />

des places plus profitab<strong>le</strong>s <strong>sur</strong> la chaîne de<br />

va<strong>le</strong>ur. A l’heure actuel<strong>le</strong>, la Turquie se<br />

L’industrie texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment constitue une des filières de production <strong>le</strong>s plus longues et <strong>le</strong>s plus fragmentées.<br />

L’industrie texti<strong>le</strong> (filature, tissage ou tricotage, ennoblissement) est de type capitaliste, repose <strong>sur</strong> des technologies de<br />

pointe, des efforts de créativité et se localise généra<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s pays industriels. La confection reste une activité de<br />

main d’œuvre dans laquel<strong>le</strong> la part de l’automation est faib<strong>le</strong> (la machine à coudre représente 75% du temps de fabrication)<br />

et se développe dans <strong>le</strong>s pays qui présentent des avantages salariaux.<br />

Mais dans <strong>le</strong> même temps que <strong>le</strong> coût de production constitue un argument déterminant de délocalisation, <strong>le</strong> client acheteur<br />

de l’artic<strong>le</strong> d’habil<strong>le</strong>ment va jouer un rô<strong>le</strong> primordial pour certaines catégories de produits. Afin de col<strong>le</strong>r à la demande,<br />

la stratégie de production de vêtements est de plus en plus guidée par <strong>le</strong>s grands distributeurs. La fabrication ne<br />

constitue plus qu’une étape dans la chaîne de production ; la création de va<strong>le</strong>ur est de plus en plus fondée <strong>sur</strong> « l’immatériel<br />

» Le client achète une marque, une qualité, un look et <strong>le</strong> prix de vente n’est pas essentiel. Aujourd’hui, la<br />

demande liée à la mode est volati<strong>le</strong> et différenciée. Les distributeurs sortent de <strong>le</strong>urs métiers de base, deviennent donneurs<br />

d’ordre et conçoivent <strong>le</strong>urs stratégies de « sourcing », recherche de sous-traitants extérieurs, fondées <strong>sur</strong> un arbitrage<br />

entre prix/qualité/f<strong>le</strong>xibilité et rapidité/réactivité/créativité. Le sourcing, au service du client final, (Bernard, <strong>2003</strong>)<br />

repose <strong>sur</strong> 3 composants:<br />

√ <strong>le</strong> rapport qualité/prix<br />

√ la disponibilité du produit<br />

√ <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs du consommateur (normes socia<strong>le</strong>s, commerce équitab<strong>le</strong>),<br />

qui correspondent globa<strong>le</strong>ment à deux types de sourcing :<br />

√ traditionnel, fondé <strong>sur</strong> des plannings à long terme, et qui s’oriente essentiel<strong>le</strong>ment vers l’Asie,<br />

√ de réassortiment ou de réactivité, fondé <strong>sur</strong> <strong>le</strong> court terme et pour <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s PM ont pour l’instant un avantage comparatif.<br />

Le prix reste important dans la décision de sourcing mais sa détermination repose <strong>sur</strong> <strong>le</strong> calcul du prix de revient comp<strong>le</strong>t<br />

en tenant compte de tous <strong>le</strong>s coûts. La qualité du produit, (sa finition, son sty<strong>le</strong>, son tissu, la qualité de sa fabrication,<br />

etc.) constitue un critère aussi essentiel que <strong>le</strong> prix dans <strong>le</strong> choix d’un fournisseur potentiel ce qui implique de<br />

nouvel<strong>le</strong>s stratégies de la part des détaillants. Le choix d’un partenaire repose <strong>sur</strong> des questions qui intègrent <strong>le</strong> savoirfaire<br />

des entreprises.<br />

La qualité est un processus qui se construit par <strong>le</strong>s liens clients-fournisseurs. C’est un investissement à long terme qui<br />

peut ne pas être en relation directe avec <strong>le</strong>s déterminants des coûts. De plus, la qualité des services associés, la soup<strong>le</strong>sse<br />

et la f<strong>le</strong>xibilité, <strong>le</strong> respect des quantités, et la maximisation des immobilisations des fonds de rou<strong>le</strong>ment déterminent<br />

<strong>le</strong> niveau de compétitivité d’un réseau de fournisseurs. La mission d’un responsab<strong>le</strong> de sourcing est de composer<br />

un parc de fournisseurs qui corresponde à ces contraintes.<br />

Ces tendances nouvel<strong>le</strong>s de recherches de partenaires extérieurs reposent <strong>sur</strong> la proximité géographique et commercia<strong>le</strong>.<br />

La régionalisation, outre <strong>le</strong>s tarifs préférentiels, permet d’activer des circuits courts, où <strong>le</strong> temps de réponse pour<br />

un réassortiment peut être inférieur à 10 jours. Les sources de complémentarités entre <strong>le</strong>s différents segments de la<br />

filière constituent <strong>le</strong> fondement du choix des partenaires des producteurs européens. Selon <strong>le</strong>ur place dans la chaîne de<br />

production et <strong>le</strong> type de marché qu’ils visent, <strong>le</strong>s importateurs de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment des pays industrialisés n’accordent<br />

pas <strong>le</strong> même poids aux critères qui fondent <strong>le</strong>s décisions de choix des fournisseurs étrangers : <strong>le</strong>s grossistes insistent<br />

<strong>sur</strong> l’intégration vertica<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s détaillants dans <strong>le</strong>s secteurs « mode » jouent <strong>sur</strong> la vitesse alors que <strong>le</strong>s grands distributeurs<br />

se focalisent <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s coûts.<br />

Bernard B., Responsab<strong>le</strong> du sourcing chez Carrefour (8 à 10% du chiffre d’affaire dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>), Conférence <strong>sur</strong> l’avenir<br />

du Texti<strong>le</strong> et de l’Habil<strong>le</strong>ment après 2005, Bruxel<strong>le</strong>s 5-6 mai <strong>2003</strong>.


démarque des autres pays méditerranéens<br />

en se positionnant mieux <strong>sur</strong> la chaîne de<br />

création de va<strong>le</strong>ur ajoutée. On soulignera<br />

que <strong>le</strong>s donneurs d’ordre distributeurs<br />

s’orientent aujourd’hui plus vers un <strong>partenariat</strong><br />

de co-traitant qui <strong>le</strong>ur permet de se<br />

dégager de la prise en charge d’activités qui<br />

sortent du cadre de <strong>le</strong>ur métier de base. Les<br />

AC10 paraissent mieux préparés à participer<br />

à cette nouvel<strong>le</strong> forme d’organisation que <strong>le</strong>s<br />

PM. Si aucune incitation de part et d’autre de<br />

la Méditerranée n’est impulsée, ces derniers<br />

risquent dés lors de rester cantonnés dans<br />

des taches d’assemblages et de perdre des<br />

créneaux à plus forte va<strong>le</strong>ur ajoutée.<br />

Les pays producteurs reconnaissent la nécessité<br />

de cet effort d’adaptation et investissent<br />

dans une restructuration industriel<strong>le</strong> vers<br />

l’amont, c’est-à-dire la fabrication des<br />

matières premières.<br />

La figure 12 montre un effort continu de la<br />

part de la Tunisie (+51% entre 1995-2001),<br />

du Maroc (+45%) et de l’Egypte (+25%) à<br />

s’équiper de machines texti<strong>le</strong>s fournies à 70%<br />

par des industriels européens. La Turquie,<br />

-51-<br />

représentée <strong>sur</strong> l’axe de droite pèse pour 63%<br />

des importations de machines texti<strong>le</strong>s, après<br />

avoir compté pour plus de 80% en 1996 et<br />

1997, el<strong>le</strong> accuse une chute importante de ses<br />

importations ces 3 dernières années.<br />

La division du travail du texti<strong>le</strong> euro-méditerranéen,<br />

structurée essentiel<strong>le</strong>ment avec <strong>le</strong>s<br />

pays de la rive sud, est concurrencée par <strong>le</strong>s<br />

relations étroites entre l’Europe et <strong>le</strong>s AC10.<br />

L’annexe B6 met en évidence <strong>le</strong>s relations<br />

privilégiées entre <strong>le</strong>s pays du sud de l’Europe<br />

et <strong>le</strong>s deux pays producteurs de la rive sud.<br />

La Tunisie importe entre 87% et 89% de ses<br />

matières premières (fils et tissus) des pays<br />

européens (France, Italie) et y réexporte<br />

97% de ses artic<strong>le</strong>s d’habil<strong>le</strong>ment. De même,<br />

<strong>le</strong> Maroc importe à hauteur de 80% ses fibres<br />

et fils de l’UE (France, Espagne, Royaume-<br />

Uni) et <strong>le</strong>ur exporte 97% des vêtements<br />

confectionnés. Ces deux pays n’exportent<br />

pratiquement pas de fils et tissus.<br />

Les pays à l’Est de la Méditerranée jouent<br />

une carte plus ouverte <strong>sur</strong> l’international et<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s relations intraméditerranéennes sous<br />

l’égide de la Turquie.<br />

Figure 12 : Les importations de machines texti<strong>le</strong>s des Partenaires Méditerranéens<br />

(en milliers d’euros)<br />

160 000<br />

120 000<br />

80 000<br />

40 000<br />

0<br />

Algérie Maroc Tunisie Egypte<br />

Israël Jordanie Syrie Turquie<br />

Turquie (axe de droite)<br />

1 995 1 996 1 997 1 998 1 999 2 000 2 001<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat, calculs Institut de la Méditerranée.<br />

2 000 000<br />

1 600 000<br />

1 200 000<br />

800 000<br />

400 000<br />

0


(i) Le système de production texti<strong>le</strong> turc est<br />

impliqué de façon différente dans <strong>le</strong>s<br />

échanges euro-méditerranéens et <strong>le</strong><br />

pays joue un rô<strong>le</strong> plus actif dans la<br />

zone : (i) la Turquie importe des fibres et<br />

fils d’Asie (30% dans ses importations<br />

de fibres synthétiques, 8% de Chine) et<br />

des USA (20% des fibres végéta<strong>le</strong>s),<br />

pays auquel el<strong>le</strong> destine 16,6% de ses<br />

artic<strong>le</strong>s d’habil<strong>le</strong>ment ; (ii) l’UE (Italie et<br />

Al<strong>le</strong>magne) fournit entre 35% et 39%<br />

des fibres et tissus et absorbe près des<br />

deux tiers des exportations de vêtements<br />

turques, (iii) et enfin la Turquie<br />

est <strong>le</strong> seul des PM à exporter des fibres<br />

synthétiques et fournit non seu<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s pays européens (46% des exportations)<br />

mais aussi <strong>le</strong>s autres PM (et <strong>sur</strong>tout<br />

la Syrie), pour 13% de ses exportations,<br />

et <strong>le</strong>s pays AC10.<br />

(ii) L’Egypte, la Syrie, et la Jordanie importent<br />

des fibres synthétiques turques<br />

(respectivement 17%, 20% et 6% des<br />

importations de cette catégorie), <strong>le</strong>s<br />

pays européens fournissant des fibres<br />

végéta<strong>le</strong>s (7%, 55%, 22%). La Syrie<br />

fournit éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s pays méditerranéens<br />

(30% des exportations) et <strong>sur</strong>tout<br />

la Turquie (20%) en fibres végéta<strong>le</strong>s.<br />

Les pays européens absorbent<br />

néanmoins près de la moitié des exportations<br />

de fibres végéta<strong>le</strong>s égyptiennes<br />

et syriennes.<br />

(iii) Les USA importent 14% des fibres végéta<strong>le</strong>s<br />

égyptiennes et 53% de vêtements.<br />

(iv) La présence de la Chine est plus forte à<br />

l’est de la Méditerranée où el<strong>le</strong> approvisionne<br />

en fibres synthétiques et en<br />

fibres végéta<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s pays tels que<br />

l’Egypte, la Syrie, <strong>le</strong> Liban, Israël et la<br />

Turquie (cf annexe B6).<br />

(v) Par rapport aux pays AC10, <strong>le</strong> comportement<br />

diffère <strong>sur</strong> plusieurs points :<br />

(i) <strong>le</strong>s relations de sous-traitance entre<br />

<strong>le</strong>s producteurs européens et ceux<br />

-52-<br />

d’Europe de l’Est sont plus lisib<strong>le</strong>s pour<br />

l’ensemb<strong>le</strong> des pays AC10 (cf annexe<br />

B7) : l’UE est <strong>le</strong> fournisseur principal<br />

(entre 60% et 80% des importations)<br />

de fibres et tissus et reçoit entre 80% et<br />

95% des exportations de vêtements<br />

confectionnés dans <strong>le</strong>s pays AC10.<br />

L’Al<strong>le</strong>magne et l’Italie sont <strong>le</strong>s plus<br />

concernées mais ces relations touchent<br />

éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s pays du Nord de l’Europe<br />

(Danemark, Suède, Finlande), (ii) il y a<br />

très peu de partenaires extra-européens,<br />

la Chine n’y intervient que margina<strong>le</strong>ment,<br />

(iii) enfin, des relations de<br />

complémentarités entre pays AC10 tendent<br />

à se développer, <strong>le</strong>s producteurs de<br />

fibres et fils fournissant <strong>le</strong>urs partenaires<br />

de la zone.<br />

En guise de conclusion, on indiquera que,<br />

dans <strong>le</strong> contexte international qui se dessine<br />

pour l’après 2005, l’Asie du sud-est et la<br />

Chine en particulier, vont devenir des adversaires<br />

redoutab<strong>le</strong>s pour tous <strong>le</strong>s acteurs de la<br />

filière texti<strong>le</strong> pan<strong>euroméditerranéen</strong>ne.<br />

(i) En effet, <strong>le</strong>s producteurs européens de<br />

fils et tissus ne sont pas à l’abri de la<br />

concurrence asiatique. Rappelons que <strong>le</strong><br />

secteur texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment emploie<br />

(ii)<br />

deux millions d’actifs dans <strong>le</strong>s pays<br />

européens et que <strong>le</strong>s bou<strong>le</strong>versements<br />

dans ce secteur, très concentré territoria<strong>le</strong>ment<br />

peuvent avoir des conséquences<br />

importantes en termes de bassins<br />

d’emploi,<br />

<strong>le</strong>s caractéristiques du secteur étroitement<br />

liées à la demande fina<strong>le</strong>, vont<br />

dans <strong>le</strong> sens d’un doub<strong>le</strong> mouvement de<br />

localisation : un premier mouvement qui<br />

répond à des considérations de coûts, un<br />

deuxième mouvement qui repose <strong>sur</strong> la<br />

réactivité du réseau client/fournisseur.<br />

Schématiquement, on peut penser que<br />

<strong>le</strong> coût n’étant pas <strong>le</strong> seul facteur <strong>sur</strong>


<strong>le</strong>quel repose la détermination des avantages<br />

comparatifs, la polarisation des<br />

activités de production vers <strong>le</strong>s pays<br />

d’Asie après 2005 devrait être moins<br />

massive ; pendant que <strong>le</strong>s localisations<br />

des productions traditionnel<strong>le</strong>s qui<br />

(iii)<br />

jouent essentiel<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s prix se<br />

regrouperaient en Asie, <strong>le</strong>s pays qui sauront<br />

tirer partie de <strong>le</strong>ur savoir-faire et de<br />

<strong>le</strong>ur avantage de proximité/réactivité<br />

pourraient se spécialiser dans une production<br />

« just in time »,<br />

la qualité des réseaux de sous-traitance<br />

de type sourcing qui organisent la production<br />

<strong>euroméditerranéen</strong>ne est dés<br />

lors un moyen potentiel de résister, de<br />

part et d’autre de la Méditerranée, aux<br />

concurrences chinoises. Cependant, <strong>le</strong>s<br />

pays du sud-est asiatique as<strong>sur</strong>ent de<br />

plus en plus une production à faib<strong>le</strong> coût<br />

associée à une meil<strong>le</strong>ure qualité de produit<br />

grâce aux importations de<br />

machines texti<strong>le</strong>s modernes et aux<br />

transferts technologiques. De plus, <strong>le</strong>urs<br />

délais de réaction vis-à-vis des donneurs<br />

d’ordre européens se révè<strong>le</strong>nt<br />

être de plus en plus courts ce qui accentue<br />

la menace potentiel<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s<br />

Européens et pour <strong>le</strong>s méditerranéens,<br />

(iv) <strong>le</strong>s accords euro-méditerranéens doivent<br />

permettre d’offrir aux partenaires<br />

du sud <strong>le</strong>s moyens financiers, technologiques<br />

et de formation pour participer<br />

de façon plus active aux adaptations<br />

indispensab<strong>le</strong>s de la filière.<br />

La réactivité et la qualité, qui constituent certainement<br />

<strong>le</strong>s atouts de la zone euro-méditerranéenne<br />

peuvent <strong>le</strong>ur permettre d’affronter<br />

la concurrence chinoise à condition que<br />

<strong>le</strong>s acteurs producteurs améliorent de façon<br />

constante <strong>le</strong>ur compétitivité ;<br />

(i) Pour <strong>le</strong>s Européens, cela signifie<br />

recherche de techniques nouvel<strong>le</strong>s,<br />

-53-<br />

amélioration de la qualité des produits,<br />

promotion des activités de R&D et innovations,<br />

formation de personnels qualifiés,<br />

et recherche de partenaires extérieurs<br />

compétents au sein de réseaux de<br />

sous-traitants de qualité.<br />

(ii) Pour <strong>le</strong>s PM, qui jouent <strong>le</strong> jeu de la<br />

recherche col<strong>le</strong>ctive de compétitivité<br />

avec <strong>le</strong>s producteurs de texti<strong>le</strong> du Nord,<br />

il s’agit non seu<strong>le</strong>ment d’opérer une<br />

montée en comp<strong>le</strong>xité technologique<br />

mais aussi d’accéder à un niveau supérieur<br />

de responsabilité au sein de la filière<br />

de production, ce qui exige non seu<strong>le</strong>ment<br />

des efforts pour monter en qualité<br />

et en compétence mais éga<strong>le</strong>ment<br />

des investissements plus importants<br />

dans l’amélioration des opérations d’approvisionnement<br />

et dans la modernisation<br />

des équipements de production.<br />

V- Modifier une dynamique du marché<br />

du travail freinée par la structure de<br />

l’emploi, l’inadéquation de la formation<br />

et la législation<br />

En premier lieu, la structure sectoriel<strong>le</strong> de<br />

l’emploi reste profondément orientée vers<br />

l’agriculture.<br />

On peut ainsi observer que (i) <strong>le</strong> secteur des<br />

services se développe et représente la plus<br />

grande part des emplois (47,7%). Chypre,<br />

Israël, la Jordanie et Malte sont <strong>le</strong>s plus<br />

avancés de ce point de vue, avec une part<br />

des services dans l’emploi total proche de<br />

cel<strong>le</strong> de l’Union; (ii) ce n’est pas <strong>le</strong> cas du<br />

secteur de l’industrie qui, en moyenne, a vu<br />

sa part baisser de 1,5 point depuis 1995<br />

(seu<strong>le</strong> la Turquie a vu une progression de<br />

l’industrie) ; (iii) <strong>le</strong> secteur agrico<strong>le</strong> représente<br />

encore en moyenne près du quart des<br />

effectifs (mais 45,2% au Maroc et plus de<br />

35% en Turquie) et cette part est stab<strong>le</strong><br />

depuis 1995.


Tab<strong>le</strong>au 19 : L’emploi par grands secteurs dans <strong>le</strong>s PM (en %)<br />

Agriculture Industrie Construction Services<br />

1995 2000 2001 1995 2000 2001 1995 2000 2001 1995 2000 2001<br />

Algérie 17 ,4 15 ,7 21,1 13,3 12,6 13,8 13 ,3 11,7 10,4 56,0 60,0 54 ,7<br />

Chypre 10 ,5 5,4 4,9 16,3 14,1 14,0 9,8 10,0 10,0 63,4 70,5 71 ,1<br />

Egypte 33 ,4 29 ,6 .. 15,6 13,4 .. 6,4 7,9 .. 44,6 49,1 ..<br />

Israël 2,9 2,2 1,9 20,7 18,0 17,5 7,2 5,3 5,2 69,2 74,5 75 ,4<br />

Jordanie 6,9 5,5 4,1 15,7 14,5 15,1 10 ,1 7,3 6,7 67,3 72,7 74 ,1<br />

Maroc .. 47 ,1 45,2 .. 13,0 12,8 .. 6,0 6,4 .. 33,8 35 ,5<br />

Malte 1,7 1,7 2,1 23,2 26,2 24,1 4,6 6,9 7,7 70,5 65,2 66 ,1<br />

Ter. Pa<strong>le</strong>s. 12 ,7 13 ,7 12,0 18,0 14,3 14,0 19 ,2 19,7 14,6 25,6 29,9 34 ,5<br />

Syrie 28 ,6 32 ,0 26,9 17,3 13,1 12,2 12 ,6 12,4 11,2 41,5 42,5 49 ,7<br />

Tunisie 21 ,9 22 ,1 22,0 21,8 20,5 21,7 13 ,2 12,7 12,2 43,1 44,7 44 ,1<br />

Turquie 43 ,4 34 ,5 35,4 16,2 18,2 18,3 6,1 6,4 5,3 34,3 40,9 41 ,0<br />

Moyenne<br />

Sud-Med<br />

23 ,5 25 ,0 23,8 16,8 14,9 15,4 11 ,6 10,5 9,5 44,6 46,7 47 ,7<br />

Moyenne PM 17,9 19,0 17,6 17,8 16,2 16,4 10,3 9,7 9,0 51,6 53,1 54,6<br />

UE-15 5,2 4,3 4,3 21,0 19,5 19,2 7,4 7,2 7,2 66,3 68,9 69 ,3<br />

Or, tant du point de vue de la structure que grammeurs, consultants ou formateurs. De<br />

de l’évolution, <strong>le</strong>s PM font là face à un pro- plus, ces secteurs ne correspondent pas à<br />

blème majeur. L’emploi agrico<strong>le</strong> ne pourra l’orientation principa<strong>le</strong> de la formation dans<br />

que recu<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong>s années qui viennent,<br />

notamment en raison de la mécanisation du<br />

<strong>le</strong>s PM.<br />

secteur indispensab<strong>le</strong> à sa <strong>sur</strong>vie. Et l’évolu- En effet, en deuxième lieu, <strong>le</strong>s systèmes de<br />

tion 1995-2001 montre l’incapacité du sec- formation peinent à l’heure actuel<strong>le</strong> à réaliser<br />

teur manufacturier et du secteur des ser- une adéquation satisfaisante de l'offre à la<br />

vices à absorber non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s nouveaux<br />

arrivants <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché du travail,<br />

demande.<br />

mais éga<strong>le</strong>ment ceux dont <strong>le</strong>s postes sont (i) Le chômage, qui représente un vaste<br />

supprimés dans <strong>le</strong> secteur agrico<strong>le</strong>. De fait, gaspillage de capital humain, augmen-<br />

ce sont des millions de personnes qui se te, <strong>sur</strong>tout depuis la récession écono-<br />

retrouvent soit sans emploi, soit dans <strong>le</strong> secmique de 2001. Le taux moyen se situe<br />

teur informel (ESCWA, 2001). Ce qui est maintenant à environ 14%, l’un des plus<br />

extrêmement préoccupant, c’est que <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>vé dans <strong>le</strong>s régions en développe-<br />

chiffres de besoin d’emplois calculés précément (tab<strong>le</strong>au 20). Encore sous estimedemment<br />

bien qu’impressionnants, ne pren- Tab<strong>le</strong>au 20 : Taux de chômage dans <strong>le</strong>s<br />

nent pas en compte ce changement structu- PM (en %)<br />

rel, ce qui peut faire craindre que malgré<br />

Algérie<br />

1990<br />

19,8<br />

1995<br />

27 ,9<br />

2002<br />

27,3<br />

<strong>le</strong>ur amp<strong>le</strong>ur, ils minimisent encore la réalité<br />

de la situation.<br />

Certes, on peut éga<strong>le</strong>ment remarquer <strong>le</strong><br />

développement du secteur des NTIC (nouvel<strong>le</strong>s<br />

technologies de l’information et de la<br />

communication) dans certains pays de la<br />

région. Mais, l’évolution est bien timide et ce<br />

secteur ne pourra absorber qu’une quantité<br />

limitée de scientifiques, techniciens, pro-<br />

2<br />

Chypre na 2,6 3,8<br />

Egypte 8,6 11 ,3 9,03 Israël na 6,9 10,3<br />

Jordanie na 14 ,4 15,3<br />

Liban 35,0 18,0 1<br />

na<br />

Maroc 15,8 16 11,6<br />

Ter. Pa<strong>le</strong>s. na 18 ,2 25,52 Syrie na 7 11,7<br />

Tunisie na 17,8 a<br />

Source : Eurostat, programme Medstat, base newcronos <strong>2003</strong>.<br />

Algérie : Les chiffres pour 1995 se réfèrent à l’année 1996 (source: Statistical Yearbook, ONS, 1998);<br />

<strong>le</strong>s chiffres 2000 sont ceux du premier trimestre et <strong>le</strong>s chiffres 2001 ceux du troisième trimestre.<br />

Tunisie : Les chiffres pour 1995 se réfèrent à l’année 1994.<br />

Turquie 7,5 6,6<br />

14,9<br />

10,4<br />

PM 12,9 14,5 14,0<br />

Sources : Eurostat, programme Medstat, base<br />

newcronos <strong>2003</strong>; a: INS Tunisie, 1995<br />

Notes : a. estimation; 1. chiffre 1997; 2. chiffre<br />

2001; 3. chiffre 2000<br />

-54-


t-il la situation, compte tenu de l’importance<br />

du sous emploi dans <strong>le</strong> secteur<br />

informel.<br />

(ii) Les jeunes diplômés touchés par <strong>le</strong> chômage<br />

sont de plus en plus nombreux et,<br />

proportionnel<strong>le</strong>ment, plus touchés que<br />

<strong>le</strong>s autres classes d’âge. En Tunisie, <strong>le</strong><br />

taux de chômage chez <strong>le</strong>s jeunes est<br />

ainsi évalué à 25-30%, contre 14,9%<br />

pour l’ensemb<strong>le</strong> de la population active<br />

et, au Maroc, <strong>le</strong> taux de chômage des<br />

jeunes dans <strong>le</strong>s zones urbaines atteint<br />

31% (contre 11,6% pour <strong>le</strong> taux<br />

moyen). De fait, alors que <strong>le</strong> nombre<br />

d'année d'étude a augmenté de 50% en<br />

deux décennies dans tous <strong>le</strong>s PM, <strong>le</strong>s<br />

taux de chômage, loin de diminuer, augmentent<br />

rapidement indiquant, entre<br />

autres, l’écart entre <strong>le</strong>s compétences<br />

atteintes et cel<strong>le</strong>s demandées.<br />

(iii) Les taux d'il<strong>le</strong>ttrisme restent pourtant<br />

é<strong>le</strong>vés. L'éducation de haut niveau est<br />

performante, mais <strong>le</strong>s gouvernements<br />

doivent éga<strong>le</strong>ment mettre en place <strong>le</strong>s<br />

dispositifs nécessaires à l’acquisition<br />

des savoirs de base pour l’ensemb<strong>le</strong> de<br />

la population, y compris <strong>le</strong>s adultes.<br />

(iv) Le secteur privé pourrait prendre une<br />

plus grande part dans la fourniture de<br />

services d'éducation. Relativement à la<br />

situation en Asie par exemp<strong>le</strong>, on note<br />

une réel<strong>le</strong> sous représentation du secteur<br />

privé dans l’éducation. Or, ce secteur<br />

permet généra<strong>le</strong>ment d’assumer<br />

des missions différentes et complémen-<br />

Tab<strong>le</strong>au 21 : Nombre moyen d’années<br />

d’études dans <strong>le</strong>s PM<br />

1980 1985 1990 1995 2000<br />

Algérie 2,68 3,46 4,25 4,83 5,37<br />

Chypre 6,52 7,44 8,71 8,91 9,15<br />

Egypte 2,34 3,56 4,26 4,99 5,51<br />

Israël 9,41 9,35 9,37 9,46 9,60<br />

Jordanie 4,28 5,23 5,95 6,47 6,91<br />

Syrie 3,65 4,47 5,11 5,48 5,78<br />

Tunisie 2,94 3,34 3,94 4,53 5,02<br />

Turquie 3,41 3,69 4,15 5,12 5,29<br />

PM 4,10 4,73 5,29 5,84 6,21<br />

Source : Banque Mondia<strong>le</strong>, WDI database<br />

-55-<br />

taires de cel<strong>le</strong>s du secteur public,<br />

notamment la formation continue, la<br />

formation des adultes ou encore la formation<br />

des jeunes sortis du système<br />

traditionnel.<br />

(v) Des dispositifs permettant d’organiser la<br />

remontée des informations vers <strong>le</strong>s<br />

décideurs sont nécessaires pour mieux<br />

cib<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s problèmes et y répondre de<br />

manière appropriée.<br />

(vi) Les formations proposées doivent être<br />

mieux orientées vers la demande afin<br />

de satisfaire <strong>le</strong>s besoins du secteur privé<br />

et l'attribution des fonds doit se faire au<br />

moins en partie selon ce critère.<br />

En troisième lieu, des améliorations des<br />

législations portant <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés du travail<br />

apparaissent nécessaires.<br />

Cel<strong>le</strong>s-ci sont sensib<strong>le</strong>ment différentes au<br />

sein des PM. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Maroc possède<br />

une loi <strong>sur</strong> <strong>le</strong> salaire minimum, mais son<br />

application n’est pas systématique dans <strong>le</strong><br />

secteur privé. Le fort taux de chômage incite<br />

<strong>le</strong> gouvernement à autoriser <strong>le</strong>s employeurs<br />

à embaucher sous <strong>le</strong> niveau légal. En Egypte<br />

et en Tunisie, <strong>le</strong> respect du salaire minimum<br />

se limite au secteur public et une tel<strong>le</strong> disposition<br />

n’existe pas en Jordanie.<br />

Or, il existe des voies qui permettraient<br />

d’améliorer la f<strong>le</strong>xibilité sans remettre en<br />

cause la dimension socia<strong>le</strong>. Ainsi, une législation<br />

du travail prévoyant des négociations<br />

salaria<strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctives et une résolution rapide<br />

et efficace des conflits pourrait améliorer <strong>le</strong><br />

statut des travail<strong>le</strong>urs et <strong>le</strong>ur garantir des<br />

droits minimums tout en ne pesant pas outre<br />

me<strong>sur</strong>e <strong>sur</strong> la f<strong>le</strong>xibilité du marché. Mais, il<br />

est nécessaire de garder présent à l’esprit<br />

que <strong>le</strong>s conditions qui préva<strong>le</strong>nt dans <strong>le</strong>s PM<br />

ne permettent pas à ce type de me<strong>sur</strong>e de<br />

fonctionner p<strong>le</strong>inement, notamment parce<br />

qu’el<strong>le</strong>s (i) ne protègent pas <strong>le</strong>s employés du


secteur informel alors qu’ils représentent une<br />

part importante de l'emploi dans la plupart<br />

des PM, (ii) sont souvent contournées par <strong>le</strong>s<br />

entreprises du secteur formel domestique,<br />

<strong>le</strong>s institutions pouvant permettre de veil<strong>le</strong>r à<br />

<strong>le</strong>ur respect étant souvent absentes ou peu<br />

efficaces, (iii) sont mal perçues par <strong>le</strong>s entreprises<br />

étrangères qui préfèrent recourir à la<br />

main-d'œuvre la moins bien protégée, ce qui<br />

induit des effets pervers <strong>sur</strong> la productivité<br />

d’une part, <strong>sur</strong> la main-d’oeuvre qualifiée<br />

d’autre part.<br />

VI- Contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong> développement de la<br />

pauvreté, une contrainte absolue<br />

a- Une pauvreté qui ne s’étend pas mais<br />

qui gagne en profondeur<br />

Apparemment, malgré la faib<strong>le</strong>sse de la sonnes vivant avec moins de 2 dollars par<br />

croissance du revenu par tête réel durant <strong>le</strong>s jour s’é<strong>le</strong>vait à environ 30% en 1987, puis a<br />

années 90, <strong>le</strong>s PM semb<strong>le</strong>raient relativement fortement baissé pour atteindre 22,2% en<br />

épargnés par la pauvreté. Me<strong>sur</strong>ée en termes 1996 —niveau similaire à celui des pays<br />

de consommation ou de dépenses, el<strong>le</strong> ne d’Europe de l’Est et d’Asie Centra<strong>le</strong>— avant<br />

touche qu’environ 2% de la population tota- d’augmenter à nouveau en fin de période à<br />

<strong>le</strong>, ce qui représente près de 5 millions de 29,9%, effaçant ainsi une décennie d’efforts<br />

personnes vivant avec moins de 1 dollar par (Page et Adams, 2001). De plus, la « profon-<br />

jour (au prix 1985 PPA). Certes, c’est une deur » du phénomène s’aggrave (tab<strong>le</strong>au<br />

proportion considérab<strong>le</strong>ment inférieure à ce 22) : l’indice me<strong>sur</strong>ant en pourcentage la dis-<br />

Tab<strong>le</strong>au 22 : Incidence de la pauvreté en Egypte, Jordanie, Maroc et Tunisie, de<br />

1981/1982 à 1998/1999<br />

Pays et<br />

Année de<br />

l'enquête<br />

% de la<br />

population<br />

Indice de<br />

profondeur<br />

de<br />

pauvreté<br />

(%)<br />

% de la<br />

population<br />

-56-<br />

que l’on observe dans <strong>le</strong>s autres régions en<br />

développement[10]. Mais, si l’on utilise<br />

d’autres définitions de ligne de pauvreté,<br />

l’amp<strong>le</strong>ur du phénomène devient impressionnante<br />

: on peut ainsi estimer qu’environ<br />

72 millions de personnes dépensent moins de<br />

60 dollars par mois, soit environ 30% de la<br />

population tota<strong>le</strong>, situation qui varie notab<strong>le</strong>ment<br />

entre <strong>le</strong>s PM.<br />

La tendance généra<strong>le</strong> est plus préoccupante<br />

encore. Après de grands progrès au cours<br />

des années 80, l’indice IDG[11] (1 dollar par<br />

jour) baissant de 4,3% en 1980 à 2,4% en<br />

1990, <strong>le</strong> mouvement s’est ra<strong>le</strong>nti (1,8% en<br />

1996) puis est reparti à la hausse (2,1% en<br />

1998). A nouveau, un changement de définition<br />

de la ligne de pauvreté rend <strong>le</strong> mouvement<br />

plus visib<strong>le</strong>. La proportion des per-<br />

Urbain Rural Total<br />

Indice de<br />

profondeur<br />

de<br />

pauvreté<br />

(%)<br />

% de la<br />

population<br />

Indice de<br />

profondeur<br />

de<br />

pauvreté<br />

(%)<br />

Egypte<br />

1981/82 18,2 3,5 16,1 3,1 17,2 n.a.<br />

1990/1991 20,3 4,3 28,6 4,5 25 n.a.<br />

1995/1996 22,5 4,9 23,3 4,3 22,9 n.a.<br />

1997<br />

Jordanie<br />

22,5 5,6 24,3 6,4 23,5 6,7<br />

1986/87 2,6 n.a. 4,4 n.a. 3 0,3<br />

1992 12,4 3,1 21,1 5,1 14,4 3,6<br />

1997<br />

Maroc<br />

10 2,1 18,2 4 11,7 2,5<br />

1984/85 17,3 n.a. 32,6 n.a. 26 n.a.<br />

1990/91 7,6 1,5 18 3,8 13,1 2,7<br />

1998/99<br />

Tunisie<br />

12 2,5 27,2 6,7 19 4,4<br />

1985 4,6 n.a. 19,1 n.a. 11,2 n.a.<br />

1990 3,5 0,7 13,1 3,2 7,4 1,7<br />

1995 3,6 0,7 13,9 3,1 7,6 1,6<br />

Source : Adams et Page, 2001. n.a. : donnée non disponib<strong>le</strong>.


tance séparant <strong>le</strong>s pauvres de la limite fixant<br />

<strong>le</strong>ur condition tend à s’accroître (sauf en<br />

Tunisie).<br />

Néanmoins, on observe une tendance plus<br />

favorab<strong>le</strong> de la distribution des revenus, atténuant<br />

quelque peu <strong>le</strong>s effets du ra<strong>le</strong>ntissement<br />

économique, la part dans <strong>le</strong> revenu des<br />

Tab<strong>le</strong>au 23 : Distribution des dépenses<br />

des ménages en Egypte, Jordanie,<br />

Maroc et Tunisie, de 1981/1982 à<br />

1998/1999<br />

Coefficient de Gini <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s Dépenses<br />

des Ménages<br />

Pays et<br />

Année de<br />

l'enquête<br />

Egypte<br />

Urbain Rural Total<br />

1981/82 0,322 0,275 n.a.<br />

1990/91 0,34 0,36 n.a.<br />

1995/96 0,331 0,235 n.a.<br />

1997<br />

Jordanie<br />

0,385 0,321 0,35<br />

1986/87 0,362 0,319 0,361<br />

1992 0,406 0,33 0,4<br />

1997<br />

Maroc<br />

0,371 0,305 0,364<br />

1984/85 0,405 0,317 0,397<br />

1990/91 0,377 0,312 0,393<br />

1998/99<br />

Tunisie<br />

0,377 0,316 0,395<br />

1985 n.a. n.a. 0,43<br />

1990 n.a. n.a. 0,4<br />

1995 n.a. n.a. n.a.<br />

-57-<br />

20% <strong>le</strong>s plus pauvres augmentant. De<br />

même, <strong>le</strong>s me<strong>sur</strong>es de l’inégalité des revenus<br />

réalisées à partir du coefficient de Gini<br />

(tab<strong>le</strong>au 23) semb<strong>le</strong>nt indiquer :<br />

(i) une inégalité de même amp<strong>le</strong>ur dans <strong>le</strong>s<br />

PM, <strong>le</strong> coefficient en fin de période variant<br />

entre 0,35 et 0,40 ;<br />

(ii) une inégalité moindre que dans d’autres<br />

régions : <strong>le</strong> même coefficient de Gini<br />

varie en Amérique Latine de 0,44 à<br />

0,61 ;<br />

(iii) une inégalité qui ne s’est pas développée,<br />

malgré l’aggravation du phénomène,<br />

sauf peut-être en Egypte.<br />

S’il est bien diffici<strong>le</strong> de conclure <strong>sur</strong> la base<br />

des données disponib<strong>le</strong>s pour ces 4 pays, on<br />

note néanmoins que :<br />

(i) <strong>le</strong> mouvement de légère hausse en<br />

Egypte, tant au niveau rural qu’urbain<br />

n’apparaît que <strong>sur</strong> l’ensemb<strong>le</strong> de la<br />

période, tandis que l’évolution globa<strong>le</strong><br />

<strong>sur</strong> la dernière décennie est plutôt<br />

stab<strong>le</strong>, <strong>sur</strong> la base d’un mouvement<br />

contraire entre <strong>le</strong>s situations urbaine et<br />

Tab<strong>le</strong>au 24 : Synthèse des mouvements en termes de pauvreté et d’inégalité en<br />

Egypte, Jordanie, Maroc et Tunisie, de 1981/1982 à 1998/1999<br />

Pays<br />

Egypte<br />

Jordanie<br />

Maroc<br />

Tunisie<br />

Pauvreté Inégalité Moyenne des Dépenses<br />

(me<strong>sur</strong>ée en % de la<br />

population)<br />

Croissante (urbaine, rura<strong>le</strong><br />

et tota<strong>le</strong>)<br />

Croissante (urbaine, rura<strong>le</strong><br />

et tota<strong>le</strong>)<br />

Décroissante (urbaine,<br />

rura<strong>le</strong> et tota<strong>le</strong>)<br />

Décroissante (urbaine,<br />

rura<strong>le</strong> et tota<strong>le</strong>)<br />

Source : Adams et Page, 2001.<br />

n.a. : donnée non disponib<strong>le</strong>.<br />

(mea<strong>sur</strong>ée à partir du<br />

coefficient de Gini)<br />

Croissante (urbaine, rura<strong>le</strong>)<br />

(mea<strong>sur</strong>ée à partir<br />

d'enquêtes <strong>sur</strong> la<br />

moyenne des dépenses<br />

par habitants)<br />

Décroissante (urbaine,<br />

rura<strong>le</strong>)<br />

Stab<strong>le</strong> (total) Décroissante (tota<strong>le</strong>)<br />

Stab<strong>le</strong> (urbaine, rura<strong>le</strong>) Croissante (tota<strong>le</strong>)<br />

n.a. Croissante (tota<strong>le</strong>)


ura<strong>le</strong>, cohérent avec l’exode rura<strong>le</strong> destinée<br />

à la recherche d’activité et de<br />

revenu ;<br />

(ii) la stabilité en Jordanie <strong>sur</strong> l’ensemb<strong>le</strong> de<br />

la période suggère que la montée de la<br />

pauvreté est principa<strong>le</strong>ment imputab<strong>le</strong> à<br />

la baisse de 32% des dépenses de<br />

consommation par tête ;<br />

(iii) symétriquement, la stabilité affichée<br />

pour <strong>le</strong> Maroc, conjuguée à l’amélioration<br />

de l’incidence <strong>sur</strong> l’ensemb<strong>le</strong> de la période,<br />

tend à indiquer que cette dernière<br />

s’explique par la hausse de 21% des<br />

dépenses par tête.<br />

-58-<br />

Au total, il semb<strong>le</strong> bien que la principa<strong>le</strong> raison<br />

des mouvements observés réside dans la<br />

dynamique des revenus disponib<strong>le</strong>s.<br />

De fait, <strong>le</strong> contexte marqué par <strong>le</strong> déclin des<br />

salaires réels accroît la profondeur du phénomène,<br />

même si on n’observe pas directement<br />

une plus grande étendue de la pauvreté,<br />

<strong>le</strong> revenu réel moyen augmentant, en<br />

effet, moins vite que <strong>le</strong> coût réel d’acquisition<br />

des biens essentiels. Or, la baisse du<br />

salaire réel dans <strong>le</strong> secteur public a été très<br />

importante par rapport au milieu des<br />

années 80 : en 1992, son niveau réel en<br />

Encadré 10 : Les limes de Méditerranée. Les variab<strong>le</strong>s socia<strong>le</strong>s du développement : santé, pauvreté et criminalité.<br />

CENSIS, Italie.<br />

Cette étude se fonde <strong>sur</strong> la conviction que <strong>le</strong> développement économique des PM ne peut progresser que s’il existe un<br />

engagement à coopérer <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s aspects économiques mais éga<strong>le</strong>ment sociaux du développement. Cette approche prolonge<br />

l’idée selon laquel<strong>le</strong> l’objectif principal du <strong>partenariat</strong> euro-méditerranéen –commerce et sécurité- ne peut être<br />

mis en place sans que la priorité soit donnée à une progression du bien-être social tout autour de la Méditerranée.<br />

En se penchant <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s différences et <strong>le</strong>s déséquilibres sociaux entre <strong>le</strong>s sociétés, impliquées par <strong>le</strong>s limes qui traversent<br />

<strong>le</strong> bassin méditerranéen, l’étude a été amenée à privilégier trois facettes de l’aspect social du développement (la<br />

santé, la pauvreté et la criminalité), afin de me<strong>sur</strong>er comment ces trois indicateurs fondamentaux de « l’état de santé »<br />

d’un pays sont affectés par <strong>le</strong>s liens plus ou moins forts que <strong>le</strong>s PM tissent au niveau mondial.<br />

Au travers d’une analyse comparative avec pour point de référence l’ensemb<strong>le</strong> des pays de la Méditerranée impliqués<br />

dans <strong>le</strong> Partenariat euro-méditerranéen et concernant <strong>le</strong>s trois dimensions retenues (santé, pauvreté, criminalité), cette<br />

recherche a confirmé certains faits fondamentaux :<br />

√ après une longue période de protectionnisme, <strong>le</strong>s progrès des pays en développement du bassin méditerranéen vers<br />

un modè<strong>le</strong> d’économie « ouverte », avec une nouvel<strong>le</strong> approche du marché, ont souvent été accompagnés d’un fort<br />

déclin des taux de croissance du PIB par tête, accroissant <strong>le</strong>s niveaux de chômage et approfondissant la pauvreté ;<br />

√ <strong>le</strong>s programmes d’ajustement structurel qui guident <strong>le</strong>s réformes depuis <strong>le</strong>s années 1980 dans la zone Moyen<br />

Orient et Afrique du Nord (MENA) a permis d’obtenir des résultats importants en termes de stabilisation macroéconomique<br />

mais, en même temps, a provoqué une hausse significative du chômage et de la pauvreté créant des<br />

« nouveaux pauvres » au sein de différents groupes sociaux qui sont <strong>le</strong>s « victimes directes » des me<strong>sur</strong>es d’ajustement<br />

structurel ;<br />

√ la croissance économique qui apparaît, quand <strong>le</strong>s économies en développement s’ouvrent aux marchés mondiaux et<br />

signent des accords commerciaux multilatéraux, peut initia<strong>le</strong>ment générer une amélioration des indices de pauvreté<br />

(basés <strong>sur</strong> <strong>le</strong> revenu)–comme ce fut <strong>le</strong> cas pendant <strong>le</strong>s dernières années où l’économie a profité d’une période<br />

d’expansion- mais il existe un risque de laisser des « trous » de pauvreté et d’exclusion importants dans <strong>le</strong> tissu<br />

social, aggravant l’exclusion et <strong>le</strong>s inégalités touchant de larges segments de la population, sources de tensions et<br />

de mécontentements ;<br />

√ <strong>le</strong>s résultats atteints par beaucoup de pays méditerranéens <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan économique, et parfois de la réduction de la<br />

pauvreté, dissimu<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s profonds déséquilibres sociaux qui persistent et ne se traduisent pas par des améliorations<br />

aussi satisfaisantes des conditions de vie des habitants ;<br />

√ au travers des interconnections entre <strong>le</strong> crime et <strong>le</strong> développement, malgré des différences assez substantiel<strong>le</strong>s dans<br />

<strong>le</strong>s taux de criminalité des pays, on peut voir une corrélation négative significative (et « mystérieuse ») entre l’incidence<br />

des offenses et la position qu’occupe un pays dans <strong>le</strong>s estimations du niveau de développement au niveau<br />

mondial (tel<strong>le</strong>s que l’indice de développement humain (HDI) calculé par <strong>le</strong> PNUD comme indicateur proxy des progrès<br />

socio-économiques et civils d’un pays).<br />

La somme de ces phénomènes amène l’analyse à confirmer qu’une hausse du PIB par tête ne s’accompagne pas automatiquement<br />

d’une réduction de la pauvreté vue du côté des revenus (me<strong>sur</strong>ée <strong>sur</strong> la base d’un seuil de pauvreté de<br />

1 dollar par jour et par personne) et n’engendre pas une amélioration des conditions de santé de la population ni une<br />

réduction immédiate de la criminalité et de l’insécurité socia<strong>le</strong>. De la même façon, si nous nous penchons <strong>sur</strong> l’ensemb<strong>le</strong><br />

d’indicateurs ayant trait à la santé, à la criminalité et à la pauvreté, il n’est pas certain qu’ils correspondent à un niveau<br />

inférieur de « pauvreté humaine » ou à un accroissement du « développement humain ».<br />

L’étude encourage à considérer la santé, la pauvreté et la criminalité comme <strong>le</strong>s axes d’un espace à trois dimensions où<br />

<strong>le</strong>s divers pays et sous-régions de la Méditerranée peuvent être localisés et où <strong>le</strong>s différents aspects du bien-être social<br />

peuvent être me<strong>sur</strong>és et estimés.<br />

Recherche financée par <strong>le</strong> <strong>Femise</strong> et dirigée par <strong>le</strong> CENSIS, Italie.<br />

Référence FEM21-30<br />

Titre : The Mediterranean Limes. The social Variab<strong>le</strong>s of development: Health, Poverty and Crime<br />

Date prévue de fin des travaux : octobre <strong>2003</strong>


Egypte n’atteignait que 50% de son niveau<br />

de 1982. De même, au Maroc, <strong>le</strong> niveau des<br />

salaires publics en 1993 ne représentait que<br />

75% de celui de 1975 et, en Jordanie, il<br />

s’é<strong>le</strong>vait à 85% du niveau de 1985. Le secteur<br />

public n’est d’ail<strong>le</strong>urs pas <strong>le</strong> seul touché<br />

: en Algérie, <strong>le</strong> salaire minimum réel a<br />

baissé de 16% par an <strong>sur</strong> la période 1989-<br />

1992 (Ali, El Badawy, 2000). La pauvreté<br />

est davantage prononcée dans <strong>le</strong>s zones<br />

rura<strong>le</strong>s, ce qui intensifie l’exode rural, mais<br />

la pauvreté urbaine se développe éga<strong>le</strong>ment,<br />

touchant plus particulièrement <strong>le</strong>s<br />

actifs indépendants travaillant dans <strong>le</strong> commerce<br />

de détail (Bishay, 1998), et malgré<br />

une productivité et des taux de croissance<br />

plus é<strong>le</strong>vés. Dans <strong>le</strong>s zones urbaines, la<br />

pauvreté est reliée à la segmentation du<br />

marché du travail : comme <strong>le</strong> chômage, el<strong>le</strong><br />

décou<strong>le</strong> de la faib<strong>le</strong> capacité d’absorption<br />

des marchés du travail des secteurs<br />

« modernes ». Une main-d’oeuvre peu qualifiée<br />

est considérée comme moins productive<br />

et rencontre plus de difficultés à entrer<br />

dans <strong>le</strong> marché, ce qui la rend plus touchée<br />

par <strong>le</strong> sous-emploi et la pauvreté (Nassar,<br />

El Laithy, 2000).<br />

b- La lutte contre la pauvreté et <strong>le</strong>s performances<br />

des économies<br />

A long terme, la croissance est <strong>le</strong> déterminant<br />

simp<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus important de la pauvreté.<br />

Lorsque l’objectif est la réduction et, ultimement,<br />

l’éradication de la pauvreté, il ne<br />

semb<strong>le</strong> pas y avoir de meil<strong>le</strong>ur instrument<br />

qu’une croissance soutenue et durab<strong>le</strong> du PIB<br />

par tête des économies. Les pays qui ont<br />

obtenu <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs résultats contre la pauvreté<br />

sont éga<strong>le</strong>ment ceux dont la croissance<br />

a été la plus rapide (Rodrik, 1998).<br />

Mais, si l’impact de la croissance <strong>sur</strong> la pauvreté<br />

est incontestab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> lien entre la croissance<br />

et l’amélioration de la distribution des<br />

-59-<br />

revenus est beaucoup plus ambigu. Cette<br />

ambiguïté se révè<strong>le</strong> dans de nombreux pays<br />

à travers <strong>le</strong> monde.<br />

Une condition importante pour lutter contre<br />

la pauvreté est de coordonner l’action des<br />

différentes parties prenantes dans la lutte<br />

contre la pauvreté, gouvernementa<strong>le</strong>s et non<br />

gouvernementa<strong>le</strong>s. Il est ainsi évident que <strong>le</strong><br />

manque de coordination entre ces différents<br />

acteurs entraîne la duplication inuti<strong>le</strong> des<br />

efforts envers <strong>le</strong>s pauvres, voire des initiatives<br />

conflictuel<strong>le</strong>s (Khossaif, 1998). Cette<br />

coordination est nécessaire à tous <strong>le</strong>s<br />

niveaux, intra-ministériel, inter-ministériel et<br />

entre <strong>le</strong>s ONG.<br />

On notera éga<strong>le</strong>ment que, jusqu’ici, <strong>le</strong><br />

contrô<strong>le</strong> et <strong>le</strong> suivi des programmes de lutte<br />

ont été particulièrement faib<strong>le</strong>s, en partie à<br />

cause des capacités institutionnel<strong>le</strong>s et de<br />

faib<strong>le</strong>s ressources humaines, en partie liées à<br />

des ressources insuffisantes. On ne trouve ici<br />

nul<strong>le</strong> trace d’études indépendantes évaluant<br />

l’impact et l’efficacité des programmes de<br />

lutte contre la pauvreté.<br />

Ainsi, l’efficacité de la lutte contre la pauvreté<br />

réclame rapidement la résolution des<br />

imperfections suivantes :<br />

(i) la capacité limitée des institutions gouvernementa<strong>le</strong>s<br />

à atteindre <strong>le</strong>s pauvres à<br />

l’échelon local ;<br />

(ii) la capacité limitée des ONG à mettre en<br />

place des programmes innovants et<br />

réussis ;<br />

(iii) <strong>le</strong> manque d’études d’impact systématiques<br />

malgré <strong>le</strong>s importants montants dépensés ;<br />

(iv)<strong>le</strong> pourcentage é<strong>le</strong>vé de projets infructueux<br />

ou abandonnés et <strong>le</strong> faib<strong>le</strong> remboursement<br />

des emprunts ;<br />

(v) la multitude de pays ou d’agences donateurs,<br />

mais la fragmentation et <strong>le</strong> caractère<br />

partiel des contributions ;


(vi)<strong>le</strong> manque de ressources humaines qualifiées,<br />

pour formu<strong>le</strong>r, mettre en place et<br />

as<strong>sur</strong>er <strong>le</strong> suivi des programmes de<br />

luttes.<br />

Au total, <strong>le</strong> <strong>Femise</strong> tient à souligner l’importance<br />

qu’il y a à prendre en compte <strong>le</strong> problème<br />

d’une façon multidimensionnel<strong>le</strong> et<br />

dans sa totalité. Des programmes correctement<br />

pensés n’arrivent souvent pas à reconnaître<br />

que <strong>le</strong> problème est bien plus compliqué<br />

que <strong>le</strong> simp<strong>le</strong> transfert de ressources<br />

vers <strong>le</strong>s pauvres. Ainsi, une dose de jugement<br />

critique couplée à une analyse sérieuse<br />

des déterminants de la pauvreté dans <strong>le</strong>s PM<br />

est une nécessité urgente pour permettre la<br />

mise en place de politiques efficaces.<br />

c- La migration dans <strong>le</strong>s pays du Sud de<br />

la Méditerranée, conséquence de la pauvreté<br />

et du chômage.<br />

La migration est une conséquence de la<br />

pauvreté et du chômage. Presque tous <strong>le</strong>s<br />

pays de la rive nord du Bassin sont devenus<br />

des lieux d’accueil pour des milliers d’immigrants<br />

illégaux tandis que <strong>le</strong> public, <strong>le</strong>s<br />

autorités et <strong>le</strong>s experts débattent vivement<br />

et avec un intérêt croissant des conséquences.<br />

La migration provenant du<br />

Maghreb privilégie l’Europe comme destination<br />

: cel<strong>le</strong>-ci est <strong>le</strong> lieu de résidence de<br />

80% à 90% des expatriés de cette région<br />

(Di Magliano, 1999). Par contre, l’émigration<br />

des pays du Machrek se focalise plus<br />

spécia<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s autres pays arabes,<br />

notamment <strong>le</strong>s pays du Golfe, et <strong>le</strong>s Etats-<br />

Unis (Bauer et Gang, 1998).<br />

Le mouvement d’émigration vers <strong>le</strong>s pays du<br />

nord se caractérise par :<br />

(i) un nombre relativement important de<br />

migrants illégaux dont la totalité s’élèverait<br />

à 3 millions au début de 2000 à com-<br />

-60-<br />

parer avec <strong>le</strong>s moins de 2 millions du<br />

début des années 1990.<br />

(ii) Plus de la moitié de ces migrants<br />

vivraient plus particulièrement dans <strong>le</strong>s<br />

quatre pays du Sud de l’Europe :<br />

l’Espagne, la France, l’Italie et la Grèce<br />

(Icduygu et Ünalan, 2000).<br />

(iii) La majorité d’entre eux est peu ou pas<br />

qualifiée et intègre <strong>le</strong> segment <strong>le</strong> plus<br />

exposé du marché du travail local, se plaçant<br />

de fait au bas de l’échel<strong>le</strong> socia<strong>le</strong>.<br />

(iv)La migration des plus entrepreneurs, des<br />

plus qualifiés et des mieux éduqués, bien<br />

qu’il s’agisse d’une petite minorité, représente<br />

une perte considérab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> pays<br />

d’origine qui a financé la formation de ces<br />

travail<strong>le</strong>urs spécialisés. Le mouvement<br />

induit une diminution des ressources<br />

humaines du pays (fuite des cerveaux).<br />

(v) Les migrants et <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s sont souvent<br />

confrontés à une discrimination politique<br />

et socio-culturel<strong>le</strong> en période de<br />

récession (Ministry of Foreign Affairs of<br />

Sweden, 2000).<br />

L’intégration euro-méditerranéenne nécessite<br />

la mise en place d’une nouvel<strong>le</strong> politique<br />

migratoire qui se concentrerait plus spécifiquement<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s mouvements des travail<strong>le</strong>urs<br />

qualifiés (Garson, 1999), car il est possib<strong>le</strong><br />

de rendre <strong>le</strong> phénomène bénéfique pour <strong>le</strong>s<br />

deux parties. D’un côté, <strong>le</strong>s pays de l’Union<br />

européenne pourraient répondre au problème<br />

de baisse du nombre d’actifs que pose <strong>le</strong><br />

vieillissement de <strong>le</strong>urs populations en tirant<br />

parti de programmes légaux d’immigration.<br />

D’un autre côté, ces mêmes programmes<br />

permettraient aux PM de :<br />

(i) réduire à court terme <strong>le</strong>ur chômage,<br />

(ii) obtenir des devises étrangères afin de<br />

financer <strong>le</strong>ur développement (dans <strong>le</strong> cas<br />

du Maroc, en 1997, <strong>le</strong>s entrées nettes de<br />

capitaux étrangers en provenance<br />

d’Italie représentaient approximative-


ment 30 milliards de Lires en 1997 alors<br />

que <strong>le</strong>s rapatriements en devises des<br />

travail<strong>le</strong>urs émigrés en Italie avoisinaient<br />

<strong>le</strong>s 40 milliards),<br />

(iii) faire suivre aux travail<strong>le</strong>urs des formations<br />

professionnel<strong>le</strong>s qu’ils pourront<br />

valoriser à <strong>le</strong>ur retour,<br />

(iv)accélérer l’intégration régiona<strong>le</strong> qui est<br />

en cours avec l’Union européenne.<br />

-61-<br />

Cependant, l’impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong> développement de<br />

la contribution financière des émigrés est<br />

très faib<strong>le</strong>, car <strong>le</strong>s rapatriements sont rarement<br />

investis dans <strong>le</strong> processus productif et<br />

ne participent donc pas activement à la création<br />

d’emplois. Par ail<strong>le</strong>urs, ces transferts<br />

peuvent creuser des inégalités de revenus au<br />

sein de la communauté d’origine et même<br />

induire des pressions inflationnistes qui vont<br />

Encadré 11 : Revenus des travail<strong>le</strong>urs émigrés : pratiques des émigrés marocains au Danemark et des<br />

émigrés tunisiens en Italie.<br />

Federico Caffe Center, Roskilde University, Danemark.<br />

I- Le cas des Marocains au Danemark<br />

a- Motifs et rationalité du rapatriement<br />

Ils sont 8404 immigrants marocains au Danemark dont 46,6% sont des femmes. En 2001, ils représentent à peu près<br />

3% de la population immigrée et de <strong>le</strong>urs descendants venant de pays tiers (i.e. de pays hors Union européenne et non<br />

compris <strong>le</strong>s Etats-Unis et la Norvège). Bien qu’ils ne soient que <strong>le</strong> 12ème plus vaste groupe d’immigrés au Danemark,<br />

<strong>le</strong>ur nombre a doublé <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s dix dernières années. Un résultat préliminaire qui ressort des 30 interviews faites jusque<br />

là est que <strong>le</strong> montant des transferts dépend de la situation personnel<strong>le</strong> et familia<strong>le</strong> du migrant et donc que <strong>le</strong>s histoires<br />

de migration individuel<strong>le</strong>s déterminent <strong>le</strong>s motifs des envois. Deux tendances globa<strong>le</strong>s ont été discernées : d’un côté,<br />

<strong>le</strong>s migrants nouvel<strong>le</strong>ment arrivés envoient plus d’argent et plus fréquemment que <strong>le</strong>urs prédécesseurs. Ceci est principa<strong>le</strong>ment<br />

dû au fait que la majorité tend à considérer <strong>le</strong>ur séjour comme temporaire. En même temps, <strong>le</strong>s motifs de<br />

renvois de fonds sont déterminés par la présence ou l’absence d’autres parents vivant à l’étranger. Plus il y a de migrants<br />

qui contribuent par <strong>le</strong>urs transferts à aider la même famil<strong>le</strong> marocaine dépendante, plus <strong>le</strong> montant des fonds envoyés<br />

vers <strong>le</strong> pays d’origine est faib<strong>le</strong>. D’un autre côté, un séjour plus long au Danemark peut signifier un travail mieux rémunéré<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché du travail danois et peut, à son tour, impliquer de meil<strong>le</strong>ures chances de renvoyer de l’argent pour<br />

<strong>le</strong>s membres de la famil<strong>le</strong> dépendants ou pour construire une maison pour la retraite. En d’autres termes, il est possib<strong>le</strong><br />

de décrire la relation entre la phase de la migration et <strong>le</strong> revenu comme une courbe en U : un plus fort pourcentage du<br />

revenu est transféré au début et à la fin de la période de migration, alors que la période intermédiaire est caractérisée<br />

par des flux rapatriés inférieurs du fait de facteurs de reproduction et de dépenses de vie et d’habitation au Danemark.<br />

Plusieurs éléments expliquent <strong>le</strong>s variantes dans <strong>le</strong>s pratiques de rapatriement. La situation socio-économique de la<br />

famil<strong>le</strong> laissée à la maison joue un rô<strong>le</strong> substantiel : en fait, dans quelques cas, <strong>le</strong>s personnes interviewées étaient économiquement<br />

soutenues par la famil<strong>le</strong> de retour à la maison, alors que la majorité envoie de l’argent pour aider <strong>le</strong> ménage<br />

des migrants et d’autres parents proches dans <strong>le</strong> pays d’origine.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> statut économique du migrant au Danemark est en corrélation directe avec <strong>le</strong>s pratiques de rapatriement.<br />

Des revenus du ménage plus é<strong>le</strong>vés favorisent <strong>le</strong> transfert d’un montant d’argent plus é<strong>le</strong>vé. Il faut noter que, cependant,<br />

<strong>le</strong>s personnes <strong>le</strong>s mieux éduquées de l’échantillon tendent à conserver une plus large part de <strong>le</strong>ur épargne dans<br />

<strong>le</strong> pays hôte, alors que <strong>le</strong>s migrants <strong>le</strong>s moins éduqués transfèrent dans <strong>le</strong>ur pays d’origine une part plus importante de<br />

<strong>le</strong>ur revenu.<br />

Les relations avec la famil<strong>le</strong> restée au pays jouent éga<strong>le</strong>ment un rô<strong>le</strong> substantiel. Au Danemark, <strong>le</strong>s liens de la « seconde<br />

génération » d’immigrants marocains avec <strong>le</strong>urs parents et <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong> du pays d’origine tendent à se distendre.<br />

Généra<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s rapatriements de fonds ne sont pas faits de façon régulière mais dépendent des besoins spontanés<br />

des parents du pays d’origine ou d’évènements particuliers tels que la maladie ou <strong>le</strong> mariage. Les rapatriements atteignent<br />

des sommets pendant <strong>le</strong>s fêtes tel<strong>le</strong>s que l’Aïd ou <strong>le</strong>s autres évènements religieux.<br />

Les donations comme <strong>le</strong> ‘Za’ kat’ ou la donation de la prière du vendredi à la mosquée représentent d’autres formes de<br />

rapatriements qui sont envoyés via <strong>le</strong>s associations de migrants aux communautés loca<strong>le</strong>s du Maroc. Le ‘Za’ kat’ correspond<br />

approximativement à 2,5% de l’épargne des ménages qui n’a pas été touchée pendant un an. Le montant précis<br />

est calculé par <strong>le</strong> chef de famil<strong>le</strong> et est habituel<strong>le</strong>ment distribué parmi <strong>le</strong>s personnes dans <strong>le</strong> besoin loca<strong>le</strong>ment. Dans<br />

quel<strong>le</strong> me<strong>sur</strong>e <strong>le</strong>s interviewés pris individuel<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong>estiment <strong>le</strong>s donations du ‘Za’ kat’ est débattu entre eux.<br />

Les rapatriements en nature représentent une autre source de flux importants, bien que plus diffici<strong>le</strong>s à quantifier.<br />

L’équipement é<strong>le</strong>ctrique neuf ou de seconde main, <strong>le</strong>s vêtements usagés et <strong>le</strong>s voitures sont souvent apportés au Maroc<br />

pendant des séjours de vacances.<br />

Jusqu’à il y a quelques années, l’argent envoyé pouvait être déduit des taxes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> revenu danois (à hauteur de 10,000 DKK<br />

par an ou 1,400 Euros). Beaucoup des interviewés expliquent <strong>le</strong> déclin des rapatriements par l’arrêt de cette politique.<br />

b- Les modalités<br />

Au Danemark, <strong>le</strong>s marocains emploient largement <strong>le</strong> système bancaire qu’ils jugent peu coûteux et faci<strong>le</strong> d’accès. Les<br />

autres moyens de transfert d’argent, tels que la Western Union, ne sont globa<strong>le</strong>ment pas connu des marocains et s’ils<br />

<strong>le</strong> sont, ils ne sont employés qu’en cas d’urgence. En dehors des transferts des banques, <strong>le</strong>s migrants apportent du liquide<br />

pendant <strong>le</strong>s visites mais généra<strong>le</strong>ment seu<strong>le</strong>ment s’il s’agit de montants importants (plus de 60,000 DKK ou<br />

8000 Euros). Les marocains demandent rarement à des amis de transporter l’argent pour eux. Quand ils sont en visite


au Maroc pour des vacances, <strong>le</strong>s retraits d’argent par carte Visa ou carte de crédit sont fréquemment utilisés et préférés<br />

au transport de liquide.<br />

Un changement dans l’utilisation des canaux officiels a eu lieu à la suite des contrô<strong>le</strong>s plus étroits imposés par <strong>le</strong>s autorités<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s flux financiers vers et en provenance des pays arabes dans la foulée de la « guerre contre la terreur » déclarée<br />

par l’administration des Etats-Unis.<br />

c- L’impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong> pays d’origine<br />

L’objectif principal de l’envoi d’argent au Maroc est <strong>le</strong> soutien du ménage et d’autres proches parents et/ou l’achat d’une<br />

maison. Mais <strong>le</strong>s rapatriements ont éga<strong>le</strong>ment des conséquences <strong>sur</strong> l’environnement macro-économique. L’achat de<br />

biens est la forme d’investissement la plus courante. Les interviewés donnent peu de preuves des investissements dans<br />

<strong>le</strong>s secteurs productifs. Cependant, la nouvel<strong>le</strong> phase de la recherche au Maroc se focalisera <strong>sur</strong> cet aspect.<br />

Les rapatriements sont éga<strong>le</strong>ment investis dans <strong>le</strong>s plans de retraite et certaines formes particulières d’as<strong>sur</strong>ance en cas<br />

de décès. Les investissements dans <strong>le</strong>s plans de retraite semb<strong>le</strong>nt être plus intéressants au Maroc qu’au Danemark –<strong>le</strong>s<br />

taux d'intérêt sont plus é<strong>le</strong>vés au Maroc 7-9% relativement au Danemark, 4-5%, et <strong>le</strong>s retraites sont exonérées de taxes.<br />

L’as<strong>sur</strong>ance vie qui en cas de décès as<strong>sur</strong>e <strong>le</strong> rapatriement du corps au Maroc est contrôlée par la « Banque Populaire »<br />

marocaine qui a un représentant à l’ambassade du Maroc à Copenhague. Pour souscrire à cette as<strong>sur</strong>ance-vie, il faut être<br />

titulaire d’un compte en banque à la Banque Populaire et payer une commission de 100-200 DKK (approximativement<br />

12-24 euros) par an. La nécessité d’avoir ce type d’as<strong>sur</strong>ance était une des principa<strong>le</strong>s raisons qui expliquent pourquoi,<br />

même après plusieurs années passées au Danemark, <strong>le</strong>s ressortissants conservent un compte dans une banque marocaine.<br />

Cependant, cette pratique commune pourrait changer si <strong>le</strong> cimetière musulman devient une réalité au Danemark.<br />

Le manque d’investissements dans <strong>le</strong>s activités productives est souvent relié au manque d’information concernant <strong>le</strong>s opportunités<br />

d’investissement et au sentiment d’insécurité dû à la situation économique et politique au Maroc. Les personnes trouvent<br />

diffici<strong>le</strong> et peu intéressant d’investir au Maroc à cause des <strong>le</strong>nteurs du système bureaucratique et de la corruption largement<br />

répandue. À condition que des structures économiques incitatrices et des mécanismes légaux chargés d’éviter la<br />

fraude et la corruption existent, <strong>le</strong>s migrants marocains <strong>le</strong>s plus riches au Danemark envisageraient d’investir au Maroc.<br />

II- Le cas des travail<strong>le</strong>urs tunisiens vivant en Italie : premiers résultats<br />

Cette étude est fondée <strong>sur</strong> des interviews d’immigrants tunisiens en Italie et se focalise <strong>sur</strong> <strong>le</strong>urs pratiques d’envois de fonds, <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>urs choix concernant <strong>le</strong>s moyens de rapatriement disponib<strong>le</strong>s et <strong>sur</strong> l’emploi par <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s du pays d’origine des fonds reçus.<br />

Suivant <strong>le</strong>s données de balance des paiements diffusées par la banque centra<strong>le</strong> de Tunisie, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des fonds des immigrés mérite<br />

une attention particulière en regard des autres postes au crédit de la balance et des données macro-économiques du pays.<br />

La banque centra<strong>le</strong> de Tunisie a choisi de ne pas suivre <strong>le</strong>s standards de présentation de la balance des paiements du<br />

FMI concernant <strong>le</strong>s transferts des tunisiens vivant à l’étranger. Ceci permet de donner en une ligne l’ensemb<strong>le</strong> des flux<br />

financiers provenant des tunisiens immigrés. Les flux enregistrés comprennent à la fois <strong>le</strong>s devises et <strong>le</strong>s flux en nature<br />

et englobent <strong>le</strong>s biens et <strong>le</strong>s instruments financiers transférés par <strong>le</strong>s immigrants à l’étranger pour plus d’un an (ce<br />

qui serait enregistré comme des transferts unilatéraux selon l’appellation du FMI) et par <strong>le</strong>s tunisiens dont <strong>le</strong> séjour à<br />

l’étranger est inférieur à un an (qui seraient comptabilisés comme des revenus du travail).<br />

De plus, la législation tunisienne concernant <strong>le</strong> marché des devises étrangères permet l’enregistrement de flux non<br />

comptabilisés par <strong>le</strong>s autres pays (i.e. l’Italie), tels que <strong>le</strong>s transferts effectués par <strong>le</strong>s services postaux ou par des opérateurs<br />

spécialisés (i.e. la Western Union ou Money Gram).<br />

Suivant <strong>le</strong>s données de la banque centra<strong>le</strong> de Tunisie, en 2001, <strong>le</strong>s entrées de fonds étaient approximativement de<br />

1,334 millions TD, dont 76% en monnaie et 24% en nature, selon <strong>le</strong>s officiers des douanes. Sur <strong>le</strong>s cinq dernières<br />

années, <strong>le</strong>s entrées de fonds des travail<strong>le</strong>urs ont augmenté de 11,54% par an, avec un pic à 22,3% en 2001 et un retour<br />

à une croissance de 14,1% si <strong>le</strong>s données provisoires pour 2002 sont confirmées.<br />

Cette progression était uniquement due aux envois de fonds en va<strong>le</strong>ur qui ont cru durant toute la période à un taux<br />

atteignant 25% pour la dernière année considérée. Sur <strong>le</strong>s trois dernières années prises en compte, la part des rapatriements<br />

en nature a baissé pour s’établir à 24% de la totalité des flux en 2001.<br />

L’importance des rapatriements des travail<strong>le</strong>urs apparaît quand ils sont comparés aux autres postes de la balance des<br />

paiements. En 2001, <strong>le</strong>s revenus du travail –qui sont la majorité des flux du poste « revenus du travail »- représentaient<br />

7,02% des recettes tota<strong>le</strong>s et 8,72% des recettes courantes. Leur montant est à peu près <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> de celui des<br />

IDE et équivaut approximativement à 1/7 ème du total des exportations.<br />

<strong>Rapport</strong>és aux autres postes des Comptes Nationaux, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des rapatriements de fonds pour l’économie tunisienne apparaît<br />

significatif. Ils correspondent à 4,64% du PIB, à presque 20% de l’épargne brute et à 8,87% du stock de dette externe.<br />

Ils couvrent à peu près 32% du déficit du compte courant tunisien et sont avec <strong>le</strong> tourisme une des principa<strong>le</strong>s sources<br />

d’approvisionnement en monnaie étrangère du pays. Les entrées de revenus du travail représentent quelques 250% de<br />

l’aide officiel<strong>le</strong> au développement tota<strong>le</strong> mais dans ce cas la proportion est en diminution et équivaut approximativement<br />

à 65% du service de la dette tota<strong>le</strong>.<br />

Presque 91% des rapatriements vers la Tunisie viennent des pays de l’OCDE, <strong>le</strong>s 9% restant proviennent presque tous<br />

des autres pays arabes. La répartition par continent montre que l’Europe arrive en premier avec 90% des flux, <strong>le</strong>s autres<br />

transferts provenant d’Asie (6,33%), d’Afrique (2,74%) et d’Amérique (1,29%). Les rapatriements des autres pays<br />

d’Afrique viennent presque tous de Libye, ceux d’Asie de la région des pays du Golfe, alors que <strong>le</strong>s Etats-Unis et <strong>le</strong><br />

Canada sont <strong>le</strong>s deux seuls pays concernés dans l’hémisphère ouest.<br />

Presque 80% de la totalité des rapatriements sont transférés à partir de la France, de l’Al<strong>le</strong>magne et de l’Italie. Les sorties<br />

de France représentent à el<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s 51% du total des transferts.<br />

-62


La balance des paiements italienne comptabilise <strong>le</strong>s rapatriements selon <strong>le</strong>s standards du FMI, et enregistre, en 2000,<br />

un montant de 737 millions d’Euros transféré par <strong>le</strong>s tunisiens vivant en Italie depuis plus d’un an. Selon <strong>le</strong> système<br />

employé par la banque centra<strong>le</strong> de Tunisie, <strong>le</strong>s transferts des travail<strong>le</strong>urs en provenance d’Italie enregistrés dans la<br />

balance des paiements tunisienne s’élèvent à 137,2 millions de TDN en 2000 contre 149,9 millions de TDN en 2001, ce<br />

qui équivaut à 109 millions d’Euros soit 11,29% du total des transferts de l’étranger des travail<strong>le</strong>urs tunisiens.<br />

Les données pour <strong>le</strong>s trois dernières années montrent une croissance considérab<strong>le</strong> pour ce qui est de l’Italie même si<br />

celui-ci est inférieur au taux de croissance moyen. Il faut prendre en compte <strong>le</strong> fait que la substitution de la Lire contre<br />

l’Euro a impliqué une perte pour <strong>le</strong>s tunisiens en termes de taux de change.<br />

Les tunisiens vivants léga<strong>le</strong>ment en Italie sont 46.494 en 2001, ce qui correspond à 3,41% du total des étrangers et, à<br />

ce titre, ils représentent la sixième communauté du pays. Pendant la dernière décennie, <strong>le</strong>ur nombre a cru de 1,12%<br />

ce qui est <strong>le</strong> taux <strong>le</strong> plus bas enregistré par <strong>le</strong>s 25 plus importantes communautés d’étrangers d’Italie dont <strong>le</strong> taux de<br />

croissance moyen est de 2,10%. Les tunisiens séjournent en Italie principa<strong>le</strong>ment pour des raisons professionnel<strong>le</strong>s.<br />

Presque 57% de la totalité des permis de résidence ont été délivrés à des travail<strong>le</strong>urs ayant un emploi régulier, 2.955<br />

à des immigrants en recherche d’emploi (6,44%) et 2.386 à ceux ayant une activité indépendante en Italie. La part des<br />

permis délivrés aux tunisiens employés par une compagnie italienne est presque de 9 points de pourcentage plus é<strong>le</strong>vée<br />

que la moyenne, alors que la part des permis pour la recherche d’emploi est presque deux fois la moyenne, ce qui<br />

correspond à 6,81% de l’ensemb<strong>le</strong> des permis délivrés pour cette raison.<br />

Les premiers résultats d’une enquête auprès des travail<strong>le</strong>urs tunisiens vivants en Sici<strong>le</strong> et à Rome suggèrent d’être particulièrement<br />

attentif aux migrants <strong>le</strong>s moins bien intégrés dans la société italienne. Ils sont majoritaires dans certaines<br />

communautés et <strong>le</strong> volume de <strong>le</strong>urs transferts n’est pas négligeab<strong>le</strong> (plus de 80% de <strong>le</strong>ur salaire), alors que, dans certains<br />

cas, <strong>le</strong>s rapatriements des tunisiens riches, bien intégrés et vivants en Italie avec <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong> depuis longtemps<br />

ne sont que des cadeaux, rapportés aux parents à l’occasion d’un séjour en Tunisie.<br />

Ceux qui ne sont pas intégrés et <strong>le</strong>s migrants irréguliers maintiennent des liens plus étroits avec <strong>le</strong>ur communauté d’origine<br />

qui donnent lieu à des transferts plus fréquents d’épargne. Les envois de fonds représentent un apport essentiel<br />

de revenus aux famil<strong>le</strong>s vivant en Tunisie, ce qui comprend souvent la femme et <strong>le</strong>s enfants, particulièrement dans <strong>le</strong><br />

cas de travail<strong>le</strong>urs saisonniers, illégaux ou sans contrat de travail régulier.<br />

Comme l’on montré certains spécialistes, <strong>le</strong>s rapatriements qui deviennent une ressource essentiel<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs<br />

qui prospectent pour un emploi stab<strong>le</strong> et ne sont pas supposés couvrir à eux seuls <strong>le</strong>s besoins de la famil<strong>le</strong> en Tunisie,<br />

en cas de problème. La nécessité de ne pas perdre <strong>le</strong> droit d’être considéré comme un membre de la famil<strong>le</strong> et de la<br />

communauté est une des raison d’envoyer de l’argent.<br />

L’analyse des moyens <strong>le</strong>s plus communément utilisés pour gérer l’épargne et transférer <strong>le</strong>s fonds révè<strong>le</strong> un recours limité<br />

aux services offerts par <strong>le</strong>s banques et autres opérateurs financiers. Même si plus de la moitié des interviewés déclarent<br />

déposer <strong>le</strong>ur argent dans une banque –utilisant en majorité des comptes épargne et seu<strong>le</strong>ment dans peu de cas un<br />

compte courant- <strong>le</strong>s transferts sont <strong>le</strong> plus souvent faits de personne à personne en prenant <strong>le</strong> liquide ou en <strong>le</strong> confiant<br />

à un tiers de confiance. Parmi <strong>le</strong>s canaux officiels, <strong>le</strong>s services postaux sont l’alternative la plus souvent choisie, avec<br />

<strong>le</strong>s services aux particuliers proposés par la Western Union ou Money Gram. Ces derniers sont employés s’ils sont disponib<strong>le</strong>s<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> lieu de résidence et seu<strong>le</strong>ment en cas d’urgence du fait des commissions é<strong>le</strong>vées imputées. Les services<br />

des banques sont presque complètement ignorés en tant que moyen de transférer de l’argent.<br />

Seu<strong>le</strong>ment peu sont informés des instruments offerts par <strong>le</strong> gouvernement tunisien visant à diriger <strong>le</strong>s fonds vers <strong>le</strong> système<br />

financier officiel et à promouvoir l’investissement en Tunisie grâce aux citoyens vivant à l’étranger et personne ne<br />

semb<strong>le</strong> en tirer avantage.<br />

Bien que certaines banques soient de plus en plus intéressées par <strong>le</strong> marché des fonds des travail<strong>le</strong>urs, celui-ci semb<strong>le</strong><br />

être encore sous-évalué par <strong>le</strong>s systèmes financiers officiels des deux pays impliqués. Pour ce qui est des besoins des<br />

migrants, un plus fort désir de pouvoir investir dans des biens en Italie a été évoqué même par ceux qui veu<strong>le</strong>nt rentrer<br />

en Tunisie par la suite et y ont prévu un investissement similaire.<br />

Une large part des interviewés a éga<strong>le</strong>ment prévu d’investir dans des activités ayant trait aux affaires, dans un ou dans <strong>le</strong>s<br />

deux pays. Comme nous l’avons déjà signalé, peu sont informés des incitations proposées par la rég<strong>le</strong>mentation tunisienne,<br />

ainsi que par <strong>le</strong>s marchés financiers, la majorité d’entre eux ayant très peu de relation avec <strong>le</strong> système bancaire et financier.<br />

Recherche financée par <strong>le</strong> <strong>Femise</strong> et dirigée par <strong>le</strong> Federico Caffe Center, Roskilde University, Danemark.<br />

Référence FEM21-08<br />

Titre : a Favourab<strong>le</strong> Macroeconomic Environment, Innovative Financial Instruments and International Partnership to Channel Worker's Remittances<br />

towards the Promotion of Local Development<br />

Date prévue de fin des travaux : janvier 2004<br />

aggraver la pauvreté des famil<strong>le</strong>s qui ne<br />

bénéficient pas de tels transferts.<br />

Jusqu’ici, la question des flux migratoires<br />

entre <strong>le</strong>s deux rives n’a guère marqué l’agenda<br />

européen : toute discussion concernant<br />

l’admission de migrants légaux est toujours<br />

taboue, la préoccupation principa<strong>le</strong> restant la<br />

protection contre <strong>le</strong>s mouvements de population<br />

non contrôlés.<br />

-63-<br />

Or, de nombreux observateurs des sociétés<br />

du Sud de la Méditerranée estiment qu’en fait<br />

la répression encourage <strong>le</strong>s nouveaux arrivants<br />

à demeurer dans la clandestinité car ils<br />

craignent <strong>le</strong>s me<strong>sur</strong>es qui seront prises à <strong>le</strong>ur<br />

encontre, aussi bien d’ail<strong>le</strong>urs par <strong>le</strong>s autorités<br />

européennes que par cel<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>ur pays<br />

d’origine en cas de retour forcé. De plus, une<br />

tel<strong>le</strong> attitude de fermeture décourage l’échange<br />

de ce qu’il y a de meil<strong>le</strong>ur des deux côtés


de la Méditerranée puisque <strong>le</strong>s migrants <strong>le</strong>s<br />

plus qualifiés sont plus incités à vivre en<br />

Amérique du Nord. Il ne reste alors que <strong>le</strong>s<br />

sans-emploi, sans-qualification pour s’instal<strong>le</strong>r<br />

en Europe, clandestinement, créant une<br />

situation qui, au mieux, ne favorise pas la<br />

compréhension mutuel<strong>le</strong>, au pire, approfondi<br />

l’incompréhension (Di Magliano, 1999).<br />

Les migrations peuvent être considérées<br />

comme un défi mais aussi comme une opportunité.<br />

Si l’on envisage différemment <strong>le</strong> problème,<br />

<strong>le</strong> considérant non plus comme une<br />

source de tensions politiques, mais comme<br />

un phénomène porteur d’intérêts réciproques,<br />

de nouvel<strong>le</strong>s possibilités de coopération<br />

politique et socio-économique s’ouvriront<br />

qui permettront de réduire <strong>le</strong>s flux<br />

migratoires illégaux et non-contrôlés et<br />

d’éviter <strong>le</strong>s pertes en capital humain qui<br />

réduisent fina<strong>le</strong>ment la capacité d’attraction<br />

des investissements (Di Magliano, 1999).<br />

d- La question de l’emploi des femmes<br />

et de <strong>le</strong>urs revenus<br />

En Asie de l’Est, la baisse de la fertilité pendant<br />

la phase de transition démographique a<br />

conduit à une augmentation du taux d’activi-<br />

-64-<br />

té féminin, laquel<strong>le</strong> a constitué une importante<br />

source de croissance. Cette même<br />

hausse a été expérimentée par <strong>le</strong>s pays<br />

méditerranéens de l’Europe qui ont rejoint<br />

l’Union pendant <strong>le</strong>s années 1980 : <strong>le</strong> taux<br />

d’activité des femmes entre 1981 et 2001 est<br />

passé, en Grèce de 25% à 38%, au Portugal<br />

de 47% à 54% et en Espagne de 27% à 40%<br />

(source Eurostat, programme Medtstat, base<br />

newcronos).<br />

Mais, malgré la baisse de la fertilité, cette<br />

croissance de la participation féminine n’a<br />

pas eu lieu dans <strong>le</strong>s PM (ERF, 2000). Mêmes<br />

<strong>le</strong>s femmes dont <strong>le</strong> taux d’éducation est<br />

important, cel<strong>le</strong>s justement dont <strong>le</strong> taux de<br />

fertilité a <strong>le</strong> plus baissé, n’ont pas rejoint <strong>le</strong><br />

marché du travail dans une proportion identique<br />

à cel<strong>le</strong> de l’amélioration de <strong>le</strong>ur niveau<br />

de formation. Tandis que <strong>le</strong> taux féminin<br />

d’analphabétisme se réduisait quasiment de<br />

moitié entre 1980 et 2001, <strong>le</strong> taux de participation<br />

moyen dans la main d’œuvre ne progressait<br />

que de 5,2 points.<br />

Ce taux est naturel<strong>le</strong>ment très bas relativement<br />

à d’autres régions en développement et<br />

<strong>sur</strong>tout vis-à-vis de la situation prévalant <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s autres rives de la Méditerranée. Il faut<br />

Tab<strong>le</strong>au 25 : Indicateurs du niveau de formation des femmes et taux de participation<br />

dans la main d’oeuvre<br />

Taux féminins d’analphabétisme<br />

Taux d’achèvement des<br />

études primaires<br />

1995-2001<br />

Taux de participation<br />

des femmes en % de la<br />

main d’œuvre<br />

1980 1990 2001 Total Féminin 1980 2001<br />

Algérie 76,1 59 42 91 88 21,4 28,3<br />

Egypte 75,2 66 55 99 92 26,5 30,7<br />

Jordanie 46,1 28 15 104 106 14,7 25,1<br />

Israël na 12 7 na na 33,7 41,5<br />

Liban 37,1 27 19 70 na 22,6 29,9<br />

Maroc 84,6 75 63 55 47 33,5 34,8<br />

Syrie 66,2 52 38 90 86 23,5 27,3<br />

Tunisie 68,8 53 38 91 90 28,9 31,9<br />

Turquie 45,9 34 23 92 89 35,5 37,8<br />

PM 62,5 45,1 33,3 na na 26,7 31,9<br />

Source : World Bank Development indicators, <strong>2003</strong><br />

Note : <strong>le</strong> taux moyen d’activité figurant dans la première partie, 25%, n’est pas calculé par la simp<strong>le</strong><br />

moyenne non pondérée, mais par <strong>le</strong> rapport du nombre de femmes déclarées actives dans <strong>le</strong>s 11 PM et<br />

de la population féminine en âge de travail<strong>le</strong>r des 11 PM (équiva<strong>le</strong>nt à la moyenne pondérée par la<br />

population), ce qui explique la différence entre <strong>le</strong>s deux va<strong>le</strong>urs.


néanmoins noter qu’une grande proportion<br />

des femmes travail<strong>le</strong> en fait dans <strong>le</strong> secteur<br />

informel ou dans des activités basées aux<br />

domici<strong>le</strong>s, principa<strong>le</strong>ment agrico<strong>le</strong>s. Me<strong>sur</strong>er<br />

<strong>le</strong> taux de participation réel comme la contribution<br />

de la population féminine à l’activité<br />

économique n’est pas aisé (en Méditerranée<br />

comme ail<strong>le</strong>urs). La définition de la population<br />

active ne prend en effet pas en compte<br />

<strong>le</strong>s tâches ménagères, la garde des enfants,<br />

ni <strong>le</strong>s travaux de ferme réalisés par <strong>le</strong>s<br />

femmes. La plupart de ces activités n’étant<br />

par ail<strong>le</strong>urs pas « marchandes », el<strong>le</strong>s n’apparaissent<br />

pas dans <strong>le</strong>s comptes nationaux.<br />

De plus, et cela est plus spécifique à la<br />

région, ces activités qui représentent l’équi-<br />

-65-<br />

va<strong>le</strong>nt du quart des emplois féminins, ne<br />

donnent pas lieu à rémunération puisqu’ils<br />

sont exécutés au sein du cerc<strong>le</strong> familial.<br />

La part croissante des emplois féminins dans<br />

<strong>le</strong>s secteurs publics est évidente dans de<br />

nombreux PM. Pour <strong>le</strong>s femmes, il s’agit de<br />

postes recherchés malgré <strong>le</strong>s bas salaires, en<br />

raison de la sécurité de l’emploi et du système<br />

de couverture socia<strong>le</strong> qu’ils offrent. Ainsi,<br />

en Egypte, 55% des emplois publics sont<br />

occupés par des femmes (48% dans l’administration,<br />

7% dans <strong>le</strong>s entreprises<br />

publiques ; chiffres de 1992), croissant au<br />

rythme annuel de 5% depuis 1986 (Wadie,<br />

1998). En Jordanie, la proportion est iden-<br />

Encadré 12 : Quelques caractéristiques des petites entreprises et des femmes entrepreneurs en Égypte.<br />

Université du Caire, Egypte.<br />

L’enquête concernant <strong>le</strong>s Petites et Moyennes Entreprises (PME) a été réalisée en Mars et Mai <strong>2003</strong>. Le MSES<strong>2003</strong><br />

concernait 4958 entreprises et autant de ménages. Le premier objectif poursuivi était d’obtenir un aperçu détaillé et<br />

exact/précis de la situation des PME en Egypte, de <strong>le</strong>ur dynamique, de <strong>le</strong>urs problèmes et de <strong>le</strong>urs potentialités.<br />

Les objectifs principaux de l’enquête étaient <strong>le</strong>s suivants:<br />

a) Mieux identifier <strong>le</strong>s facteurs déterminants de la compétitivité des PME<br />

b) Suggérer comment <strong>le</strong>s niveaux de gouvernement, centraux et locaux, pourraient s’impliquer, via différentes politiques,<br />

pour aider ce secteur à atteindre un plus haut niveau de revenus et de compétitivité<br />

c) Identifier <strong>le</strong>s contraintes internes et externes qui pèsent <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s PME ainsi que <strong>le</strong>s relations/connexions/liens potentiel(<strong>le</strong>)s<br />

avec <strong>le</strong> secteur privé moderne<br />

d) Déterminer dans quel<strong>le</strong>s conditions <strong>le</strong>s femmes participent à ces entreprises, en incluant dans l’enquête cel<strong>le</strong>s qui<br />

exercent <strong>le</strong>ur activité à domici<strong>le</strong>.<br />

Les premiers résultats de l’enquête apportent des éléments nouveaux et intéressants, notamment en ce qui concerne<br />

<strong>le</strong>s thématiques sexo-spécifiques et formel<strong>le</strong>s.<br />

Les principaux résultats obtenus sont <strong>le</strong>s suivants:<br />

√ Au niveau national, <strong>le</strong>s femmes entrepreneurs représentent 11% du total des dirigeants/propriétaires de PME.<br />

√ 68% des PME réalisent <strong>le</strong>urs activités dans <strong>le</strong> domaine commercial, 18% dans l’offre de services et 14% dans l’industrie.<br />

√ La majorité des chefs d’entreprises ont 40 ans ou plus.<br />

√ La majorité des hommes entrepreneurs (78%) et des femmes entrepreneurs (49%) sont mariés. Cependant, 23%<br />

femmes entrepreneurs sont veuves ou divorcées, ce qui est un pourcentage é<strong>le</strong>vé relativement à celui de <strong>le</strong>urs<br />

homologues masculins puisque seuls 1,4% d’entre eux sont dans une situation familia<strong>le</strong> similaire.<br />

√ La différence en terme de niveau d’éducation selon <strong>le</strong> sexe est flagrante: 19% des hommes chefs d’entreprise sont<br />

il<strong>le</strong>ttrés, alors que <strong>le</strong> pourcentage s’élève à 39% au sein du groupe des femmes chefs d’entreprise.<br />

√ Les entreprises dirigées par des femmes sont tendanciel<strong>le</strong>ment plus petites que cel<strong>le</strong>s dirigées par des hommes, tant<br />

du point de vue de la masse salaria<strong>le</strong> que de la va<strong>le</strong>ur du capital.<br />

√ Les femmes entrepreneurs sont plus enclines à agir de manière informel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>s ont tendance à moins se plier aux<br />

règ<strong>le</strong>s léga<strong>le</strong>s et administratives de procédure, notamment en ce qui concerne <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s formel<strong>le</strong>s de comptabilité<br />

et la souscription/contribution au dispositif national de sécurité socia<strong>le</strong>.<br />

√ Un des résultats intéressants concerne la possibilité de souscrire un crédit via <strong>le</strong>s voies formel<strong>le</strong>s. Les données obtenues<br />

ont révélé que seu<strong>le</strong> une minorité des entrepreneurs avaient eu accès à ce type de financement. Dans tous <strong>le</strong>s<br />

cas de figure, <strong>le</strong>s femmes en ont davantage bénéficié (6,9%, contre 5,3% pour <strong>le</strong>s hommes).<br />

√ La capacité à sortir de la communauté des petits entrepreneurs est très faib<strong>le</strong>, voir inexistante, pour des services<br />

comme <strong>le</strong> management de l’information, la formation, l’assistance technique, <strong>le</strong> marketing ou <strong>le</strong>s services à l’export.<br />

√ Les entrepreneurs, quel que soit <strong>le</strong>ur sexe, sont confrontés aux mêmes problèmes, parmi <strong>le</strong>squels, pour ne citer que<br />

<strong>le</strong>s plus importants: un niveau é<strong>le</strong>vé d’imposition, une mauvaise gestion de l’impôt, une rentabilité limitée et une<br />

difficulté à obtenir <strong>le</strong> capital initial.<br />

√ Le harcè<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché est l’une des difficultés majeures rencontrées par <strong>le</strong>s femmes entrepreneurs. Ce sentiment<br />

a été clairement exprimé au cours de l’enquête, tant par <strong>le</strong>s femmes que <strong>le</strong>s hommes chefs d’entreprises.<br />

Recherche financée par <strong>le</strong> <strong>Femise</strong> et dirigée par l’Université du Caire, Egypte.<br />

Référence FEM21-31<br />

Titre : The Informal Sector, Micro and Small Enterprises in MENA<br />

Date prévue de fin des travaux : avril 2004


tique alors que la part des postes occupés<br />

par des femmes dans <strong>le</strong> secteur privé n’est<br />

que de 40%. En Syrie, la part des femmes<br />

dans <strong>le</strong>s emplois publics est passée de<br />

18,7% en 1980 à 40% en 1995 sous l’impulsion<br />

de l’État qui encourage la participation<br />

féminine (ESCWA, 2001b). En Turquie par<br />

contre, la proportion n’atteint que 35% (ERF,<br />

2000), et el<strong>le</strong> est encore plus basse en<br />

Tunisie avec 28% (ESCWA, 2001c).<br />

Sur <strong>le</strong> plan sectoriel, <strong>le</strong>s statistiques du BIT<br />

indiquent que 70% des femmes actives sont<br />

employées dans <strong>le</strong>s services, 20% dans<br />

l’agriculture et seu<strong>le</strong>ment 10% dans l’industrie,<br />

plus spécia<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong> et l’habil<strong>le</strong>ment.<br />

La part croissante des femmes<br />

dans <strong>le</strong>s services, au détriment du secteur<br />

agrico<strong>le</strong>, indique un accroissement du niveau<br />

de qualification et de formation des femmes<br />

(ESCWA, 2002). Néanmoins, el<strong>le</strong>s demeurent<br />

sous représentées relativement aux hommes<br />

dans <strong>le</strong>s emplois d’administration et de<br />

management et <strong>le</strong>ur participation aux secteurs<br />

de hautes technologies est très limitée.<br />

Si <strong>le</strong>s données <strong>sur</strong> l’emploi féminin dans <strong>le</strong><br />

secteur informel sont très parcellaires, <strong>le</strong>s<br />

études indiquent néanmoins qu’el<strong>le</strong>s sont<br />

plus actives, possèdent un certain niveau de<br />

compétence ou de connaissance et quelques<br />

capitaux. La principa<strong>le</strong> contrainte <strong>le</strong>s empêchant<br />

de se transformer en entrepreneur à<br />

haut revenu provient du manque d’accès aux<br />

ressources financières et à la propriété des<br />

actifs physiques nécessaires aux opérations.<br />

Malgré une certaine croissance dans <strong>le</strong>s<br />

salaires féminins (tab<strong>le</strong>au 26), ces derniers<br />

Tab<strong>le</strong>au 26 : Croissance nomina<strong>le</strong> des<br />

salaires féminins dans quelques PM<br />

Féminins Masculins Total<br />

Chypre (1996-2000) 21,1 19,4 20,0<br />

Egypte (1996-1999) 39,8 45,1 44,4<br />

Jordanie (1996-1999) 3,3 0,7 1,3<br />

WB & Gaza (1996-2001) 42,9 58,6 57,0<br />

Turquie (1996-1997) 115,2 112,7 112,0<br />

Source: Calculs de l’ERF à partir de ILO Yearbook,<br />

2002<br />

-66-<br />

représentent une part de la masse salaria<strong>le</strong><br />

inférieure à cel<strong>le</strong> des hommes. En Turquie,<br />

<strong>le</strong>s salaires féminins ont plus que doublé et,<br />

dans <strong>le</strong>s Territoires sous Autorités<br />

Pa<strong>le</strong>stiniennes, ils ont augmenté d’environ<br />

50% entre 1996 et 1999. Cette croissance<br />

des salaires pourrait provenir de la modification<br />

dans <strong>le</strong> type d’emplois occupés, des<br />

emplois dans <strong>le</strong> secteur agrico<strong>le</strong>, sans qualification<br />

et généra<strong>le</strong>ment peu payés étant<br />

remplacés par des emplois dans <strong>le</strong>s services,<br />

plus qualifiés et plus rémunérateurs.<br />

Il reste important de noter que, pour la plupart<br />

des indicateurs, l’existence d’un biais<br />

systématique en défaveur des femmes<br />

indique que c’est une combinaison de facteurs<br />

économiques, sociaux et culturels qui pèsent<br />

en premier lieu <strong>sur</strong> <strong>le</strong> développement de l’activité<br />

féminine, avant même la faib<strong>le</strong> dynamique<br />

des marchés de l’emploi dans <strong>le</strong>s PM.<br />

Encadré 13 : Les implications du Partenariat <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

secteur agrico<strong>le</strong> en Égypte.<br />

Center of Agricultural Economic Studies, Egypte.<br />

L’accord de <strong>partenariat</strong> EU-Egypte (EUEPA) qui a déjà été<br />

signé par <strong>le</strong>s deux parties devrait entrer en vigueur en<br />

2004. Le EUEPA nécessite que soient progressivement<br />

<strong>le</strong>vées, <strong>sur</strong> 12 ans, <strong>le</strong>s barrières tarifaires et non-tarifaires<br />

des deux parties <strong>sur</strong> <strong>le</strong>urs importations de produits industriels<br />

et de produits des industries agro-alimentaires.<br />

Cependant, l’accord prévoit certaines concessions <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

exportations égyptiennes de biens agrico<strong>le</strong>s vers l’Union<br />

européenne (UE) relativement aux concessions préférentiel<strong>le</strong>s<br />

comprises dans l’accord de coopération, principa<strong>le</strong>ment<br />

sous la forme de quotas plus importants exonérés<br />

de taxes, de fenêtres saisonnières plus larges et d’ajout<br />

de nouveaux produits bénéficiant d’un traitement préférentiel.<br />

Les contraintes imposées <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s exportations égyptiennes<br />

de biens agrico<strong>le</strong>s vers l’UE sont conformes à cel<strong>le</strong>s prévues<br />

par la bien connue Politique Agrico<strong>le</strong> Commune<br />

(PAC), qui se déclinent en termes de limites de production,<br />

de niveau é<strong>le</strong>vé de protection externe et de prix de<br />

soutien hauts. De ce fait, la PAC pourrait être un obstac<strong>le</strong><br />

à l’obtention pour l’Egypte d’un accès comp<strong>le</strong>t au marché<br />

pour ses produits agrico<strong>le</strong>s.<br />

Cette étude a pour objectif d’évaluer et d’analyser <strong>le</strong>s<br />

effets statiques et dynamiques de l’insertion du commerce<br />

agrico<strong>le</strong> dans l’Accord de <strong>partenariat</strong> EU-Egypte du<br />

point de vue des échanges, de l’emploi et de la production.<br />

Une attention particulière sera portée à certains produits,<br />

en particulier <strong>le</strong>s céréa<strong>le</strong>s en tant que bien pouvant<br />

être importés et <strong>le</strong>s fruits et légumes en tant que biens<br />

pouvant être exportés du côté de l’Egypte.<br />

Le modè<strong>le</strong> proposé ‘équilibre général calculab<strong>le</strong> (EGC)<br />

souligne <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de l’agriculture dans l’économie égyptienne<br />

et plus particulièrement, il met en lumière <strong>le</strong>s liens<br />

entre l’agriculture et <strong>le</strong>s autres secteurs, y compris <strong>le</strong>s<br />

secteurs agro-alimentaires, qui a besoin d’intrants agrico<strong>le</strong>s<br />

et produit des outputs alimentaires agrico<strong>le</strong>s ou pas.


a- L’importance de l’agriculture pour l’économie égyptienne.<br />

L’économie égyptienne est traditionnel<strong>le</strong>ment très largement dépendante du secteur agrico<strong>le</strong> en tant que source de<br />

croissance et soutien du secteur non-agrico<strong>le</strong>. Pendant <strong>le</strong>s années 1980 et 1990, cette domination a baissé mais l’agriculture<br />

compte toujours pour une part significative dans la croissance, <strong>le</strong>s exportations et l’emploi. La part de l’agriculture<br />

dans <strong>le</strong> PIB est passée de 29,3% en 1970 à 18,2% en 1980 et 16,6% en 2000. La part de l’emploi agrico<strong>le</strong> a diminué<br />

de 35,8% en 1985 à 33,2% en 1990 et 28,1% en 2000. Le déclin relatif du rô<strong>le</strong> de l’agriculture reflète en partie la<br />

forte croissance des autres secteurs en particulier ceux des produits pétroliers, des services et de la construction. De<br />

plus, avant <strong>le</strong> début de la réforme de la politique sectoriel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s années 1980, ce secteur devait supporter plusieurs<br />

distorsions qui avaient un effet négatif <strong>sur</strong> son développement. Il a aussi reçu une part décroissante d’investissements<br />

publics <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s 25 dernières années qui à <strong>le</strong>ur tour n’étaient pas toujours alloués de manière optima<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s différents<br />

sous-secteurs.<br />

b- Principa<strong>le</strong>s caractéristiques de l’agriculture égyptienne<br />

Si l’on considère <strong>le</strong>s chiffres par personne, la zone des terres cultivées en Egypte avec ses 0,05 ha par tête compte parmi<br />

<strong>le</strong>s plus petites du monde. La tail<strong>le</strong> des fermes est restreinte et <strong>le</strong>s estimations montrent que 70% des exploitations possèdent<br />

moins de 0,42 ha. L’agriculture est presque entièrement dépendante de l’irrigation provenant du Nil. La bande<br />

de terre agrico<strong>le</strong> de l’Egypte représente 3,3 millions d’hectares répartis en 3,0 millions d’hectares entre <strong>le</strong> bassin du Nil<br />

et <strong>le</strong> delta et quelques 80000 ha d’oasis et de terres arrosées par <strong>le</strong>s pluies (rain-fed land). Sur <strong>le</strong> total des terres qui<br />

s’étendent entre <strong>le</strong> basin du Nil et <strong>le</strong> delta, 2,5 millions d’ha sont des « vieil<strong>le</strong>s terres » et <strong>le</strong>s 0,72 millions d’ha restant<br />

sont des nouvel<strong>le</strong>s terres irriguées. Sur <strong>le</strong>s vieil<strong>le</strong>s terres, un système de rotation des cultures élaboré est suivi. Les principa<strong>le</strong>s<br />

cultures d’hiver sont <strong>le</strong> blé, <strong>le</strong> berseem (trèf<strong>le</strong> d'A<strong>le</strong>xandrie) et <strong>le</strong>s fèves. Parmi <strong>le</strong>s cultures d’été, <strong>le</strong> maïs, <strong>le</strong> riz<br />

et <strong>le</strong> coton dominent. Les cultures maraîchères tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s tomates, <strong>le</strong>s pommes de terre, <strong>le</strong>s concombres, <strong>le</strong>s melons<br />

etc. sont cultivés pendant <strong>le</strong>s trois saisons.<br />

c- Solde global des échanges agrico<strong>le</strong>s<br />

Entre 1985 et 1989, <strong>le</strong> total des échanges agrico<strong>le</strong>s était en moyenne de 3,81 billions de dollars US par an, ce qui représentait<br />

à peu près un tiers (34,1%) des échanges de l’Egypte, mais il a baissé en termes absolus et relatifs pour se fixer<br />

en moyenne à 3,06 billions <strong>sur</strong> la période 1990-1994 soit 25,7% des échanges du pays. Entre 1995 et 2001, bien que<br />

<strong>le</strong> total des échanges agrico<strong>le</strong> a augmenté pour s’é<strong>le</strong>ver à 4,38 billions, sa part a diminué encore pour se fixer à 22,4%<br />

du commerce total.<br />

Les exportations agrico<strong>le</strong>s ont décru de 610 millions de dollars US en moyenne entre 1985 et 1989 à 457 millions pour<br />

1993-1994 et ont connu une légère hausse en 1995-2001 à 528 millions en moyenne. La part des exportations agrico<strong>le</strong>s<br />

a reculé de 22,7% dans la première période à 13,4% dans la seconde et 10,8% dans la troisième.<br />

Les importations agrico<strong>le</strong>s se sont réduites entre <strong>le</strong>s deux premières périodes de 3,20 billions de dollars US à 2,64 billions<br />

mais ont cru à 3,85 billions en moyenne dans la troisième avec une part de 37,8%, de 30,1% et de 26,3% des<br />

importations tota<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s trois périodes respectivement. L’indice des termes de l’échange, qui est <strong>le</strong> rapport de la<br />

va<strong>le</strong>ur unitaire des exportations <strong>sur</strong> cel<strong>le</strong> des importations, révè<strong>le</strong> une tendance à la baisse <strong>sur</strong> la période 1995-2000<br />

par rapport à 1990-1995.<br />

L’Egypte enregistrer toujours un large déficit agrico<strong>le</strong> qui s’est creusé de 2,4 billions de dollars US en 1985-1994 à plus<br />

de 3,32 billions pour 1995-2001.<br />

d- Tendances des exportations agrico<strong>le</strong>s<br />

L’Egypte a traditionnel<strong>le</strong>ment des exportations concentrées mais qui se diversifient au fur et à me<strong>sur</strong>e. Dans la période<br />

1985-1989, <strong>le</strong>s exportations agrico<strong>le</strong>s étaient dominées par <strong>le</strong> coton qui constituait approximativement 60% de la totalité<br />

des exportations. Les exportations d’oranges s’é<strong>le</strong>vaient à plus de 10,5% du total. Dans la période 1990-1994, la<br />

part du coton n’a atteint que 27% du total contre 25,7% pour <strong>le</strong>s exportations de riz, de pommes de terre et d’oranges.<br />

Entre 1995 et 2001,<strong>le</strong>s exportations de coton se sont stabilisées à 30,0% alors que la part du riz, des pommes de terre<br />

et des oranges, productions confondues, a atteint 37,1%. Un recul peut être aussi observé pour ce qui est de la contribution<br />

des "autres" exportations qui passe de 43,9% à 30,2%.<br />

Le profil d'exportation de l'Egypte est concentré non seu<strong>le</strong>ment en termes de biens mais aussi en termes de marchés.<br />

L'UE est <strong>le</strong> marché <strong>le</strong> plus large pour <strong>le</strong>s exportations égyptiennes avec un poids de 44% du total dans la période postaccord,<br />

alors que <strong>le</strong>s Etats-Unis viennent en second avec 13%. Les exportations vers <strong>le</strong>s pays arabes représentent 10%<br />

du total des exportations égyptiennes. L'UE était la plus importante destination pour <strong>le</strong>s exportations de coton et de<br />

pommes de terre égyptiens avec des parts de 24,5% et de 80,4% respectivement, dans la période 1993-1994 et de<br />

36,2% et 81,4% respectivement entre 1995 et 2001. Il semb<strong>le</strong> aussi que l'UE ait ouvert plus largement ses marchés<br />

aux exportations de coton et de pommes de terre égyptiens <strong>sur</strong> la période à la fois en termes absolus et relatifs ; <strong>le</strong>s<br />

volumes sont plus importants et <strong>le</strong>s parts plus fortes. Cependant, l'UE occupe une place mineure en tant que débouché<br />

pour <strong>le</strong> riz, <strong>le</strong>s oranges et <strong>le</strong>s oignons. Les pays arabes, en général, et du Golfe, en particulier, sont des marchés cruciaux<br />

pour <strong>le</strong>s exportations de riz et d'oranges et dans une moindre me<strong>sur</strong>e de pommes de terre et d'oignons.<br />

Les exportateurs égyptiens sont toujours confrontés à des contraintes sérieuses <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s possibilités d'expansion de <strong>le</strong>urs<br />

ventes à l'étranger. Sur <strong>le</strong> plan domestique, cel<strong>le</strong>s-ci comprennent la faib<strong>le</strong> qualité des intrants domestiques, <strong>le</strong>s remboursements<br />

des droits d'importation encombrants, <strong>le</strong>s régimes d'admission temporaire, une paperasse excessive, des<br />

frais et des délais en douane et différentes inspections au cours de la réception et de l'expédition, des travail<strong>le</strong>urs mal<br />

préparés au type d'emplois offerts, des incitations insuffisantes à exporter et un manque d'accès à l'information <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

marchés étrangers et <strong>le</strong>s produits standards.<br />

e- Tendances des importations agrico<strong>le</strong>s<br />

Les importations agrico<strong>le</strong>s égyptiennes ont cru significativement entre <strong>le</strong>s périodes pre et post UR, passant de 2,6 billions<br />

de dollars US en moyenne pour 1990-1994 à 3,5 billions de dollars US en moyenne pour 1995-2000 avec un taux<br />

de croissance annuel de 5,9%. Le blé, <strong>le</strong> maïs, l'hui<strong>le</strong> comestib<strong>le</strong>, <strong>le</strong> sucre, <strong>le</strong> lait en poudre et la viande rouge sont <strong>le</strong>s<br />

principaux biens importés. Evaluées à 767 millions de dollars US, <strong>le</strong>s importations de blé comptaient pour 29% du total<br />

-67


des importations agrico<strong>le</strong>s <strong>sur</strong> 1990-1994 mais ont régressé à 22,9% pour une va<strong>le</strong>ur de 803 millions de dollars US en<br />

moyenne <strong>sur</strong> 1995-2000. Pour ce qui est du maïs et de l'hui<strong>le</strong> comestib<strong>le</strong>, <strong>le</strong>urs importations ont cru en termes absolus<br />

et relatifs ; la va<strong>le</strong>ur des importations de maïs sont passées de 227 millions de dollars US et 8,4% dans la première<br />

période, à 462 millions de dollars US et 12% pour la seconde. La part des importations d'hui<strong>le</strong> comestib<strong>le</strong> a augmenté<br />

de 8% à 9,9%.<br />

L'Egypte dépend de différentes sources d'approvisionnement en importations de biens agrico<strong>le</strong>s et alimentaires.<br />

Cependant, il y a eu une concentration en termes d'origine de chaque produit alimentaire. La provenance des importations<br />

de céréa<strong>le</strong>s égyptiennes, en particulier, est presque exclusivement américaine qui couvre 65% de la demande<br />

égyptienne de blé et 77% de cel<strong>le</strong> de maïs (maïs jaune pour la nourriture des volail<strong>le</strong>s) <strong>sur</strong> la période pre-UR (1993-<br />

1994) et 67,7 % du blé et 81,7% du maïs <strong>sur</strong> la période post-UR (1995-2001).<br />

Recherche financée par <strong>le</strong> <strong>Femise</strong> et dirigée par <strong>le</strong> Center of Agricultural Economic Studies, Egypte.<br />

Référence FEM21-04<br />

Titre : Implications of EU - Egypt Partnership Agreement with Special Emphasis on Egyptian Agriculture<br />

Date prévue de fin des travaux : juin 2004<br />

Encadré 14 : Intégration régiona<strong>le</strong> et utilisation d’une ressource au Moyen-Orient :<br />

l’eau et <strong>le</strong> <strong>le</strong> besoin de la paix<br />

Department of Economics, Hamburg University, Al<strong>le</strong>magne.<br />

La pénurie d’eau a été une source récurrente de tensions entre Israël et <strong>le</strong>s Etat riverains du Jourdain, tous partagent<br />

cette ressource en tant que tributaires et qu’utilisateurs ou <strong>le</strong>s deux. Pourtant,<strong>le</strong>s gains potentiels d’une gestion commune<br />

de l’eau sont substantiels et pourraient agir comme un catalyseur en faveur de la coopération pour la paix. Le<br />

projet de recherche essaie de quantifier ces gains et de définir <strong>le</strong>s stratégies pour <strong>le</strong>s obtenir.<br />

Quel plan pour l’eau?<br />

La gestion conjointe de la pénurie de ressources en eau dans <strong>le</strong> Jourdain est crucia<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> développement<br />

futur de l’agriculture comme des implantations urbaines de la région. Notre étude analyse<br />

la disponibilité, la distribution et l’utilisation de l’eau ainsi que l’impact de politiques alternatives<br />

de gestion de l’eau par <strong>le</strong>s détenteurs de cette ressource : <strong>le</strong> Liban, la Syrie, la Jordanie,<br />

Israël et <strong>le</strong>s territoires sous Autorité Pa<strong>le</strong>stinienne.<br />

Le Jourdain en aval du<br />

lac de Tiberiade (c)<br />

Partager une ressource commune<br />

Les détenteurs de cet investissement utilisent l’eau de sources proches, i.e. <strong>le</strong>s rivières Yarmouck et Zarqa. De plus, Israël<br />

et l’Autorité Pa<strong>le</strong>stinienne utilisent <strong>le</strong>s mêmes aqueducs (aquifers) pour <strong>le</strong>s nappes phréatiques. Alors que <strong>le</strong>s pays en<br />

amont comme la Syrie et <strong>le</strong> Liban sont des contributeurs plus que des utilisateurs, la Jordanie, Israël et l’Autorité<br />

Pa<strong>le</strong>stinienne puisent largement dans <strong>le</strong> Jourdain. Selon <strong>le</strong>s standards de la Banque Mondia<strong>le</strong>, ils sont classés comme zone<br />

de stress en eau. En 2000, la disponibilité dans <strong>le</strong>s territoires sous Autorité Pa<strong>le</strong>stinienne est même descendue en deçà<br />

du niveau critique, alors que la Jordanie devrait atteindre ce niveau en 2020 étant donné son taux é<strong>le</strong>vé de croissance<br />

de la population. De ce fait, une gestion efficace des ressources en eau est une priorité urgente. Jusqu’ici, <strong>le</strong>s prix actuels<br />

de l’eau sont symboliques dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur des cas et il n’y a pas de paiement explicite des importateurs nets vers <strong>le</strong>s<br />

exportateurs nets d’eau. En fait, une simp<strong>le</strong> redistribution de l’utilisation de l’eau n’est pas suffisante puisque tous <strong>le</strong>s partis<br />

sauf <strong>le</strong> Liban et la Syrie sont essentiel<strong>le</strong>ment confrontés à de sérieux manques. Donc, toute stratégie régiona<strong>le</strong> viab<strong>le</strong><br />

doit accroître l’offre actuel<strong>le</strong> d’eau et prévoir un plan cadre pour l’eau comprenant des importations de l’étranger, un recyclage<br />

plus intense et peut-être de nouveaux modes de<br />

désalinisation.<br />

Water use in the Jordan Val<strong>le</strong>y (source: Midd<strong>le</strong> East Data Banks<br />

Project, 1998)<br />

-68-<br />

Le prix de l’eau<br />

La gestion des ressources rares nécessite des incitations<br />

adéquates, i.e. <strong>le</strong>s utilisateurs doivent payer <strong>le</strong> prix juste<br />

aux offreurs pour garantir une allocation efficace de l’eau.<br />

De ce fait, <strong>le</strong> projet devra, en plus de dresser une carte<br />

des flux actuels et de l’utilisation économique qui est faite<br />

de l’eau, évaluer <strong>sur</strong> une gril<strong>le</strong> fine de localisation dans <strong>le</strong><br />

bassin du Jourdain la contribution économique implicite de<br />

l’eau dans chaque économie, en calculant <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs margina<strong>le</strong>s<br />

des flux et des stocks d’eau spécifiques au site,<br />

pour enfin <strong>le</strong>s présenter sous la forme d’une carte de va<strong>le</strong>ur de l’eau. En plus de donner une indication de la rareté relative<br />

de l’eau et un point de référence pour l’évaluation coûts/bénéfices des projets de développement de l’eau, cette<br />

carte de va<strong>le</strong>ur servira dans <strong>le</strong>s calculs qui déterminent la rétribution que doit l’utilisateur aux territoires qui délivrent<br />

l’eau, en permettant de quantifier <strong>le</strong>s transferts implicites qui existent actuel<strong>le</strong>ment entre <strong>le</strong>s pays. La carte pourra éga<strong>le</strong>ment<br />

être utilisée pour évaluer <strong>le</strong> coût et <strong>le</strong>s implications économiques de l’épuisement des ressources des nappes<br />

phréatiques en différents lieux. Ensuite, différents modes de facturation aux utilisateurs seront<br />

comparés, y compris ceux qui tiennent compte des dommages dus à la désalinisation. Enfin,<br />

l’étude analysera quelques conséquences des accords visant à accroître l’offre d’eau en provenance<br />

de sources externes.<br />

Le principal instrument dans la réalisation de ce projet est un modè<strong>le</strong> d’équilibre spatial<br />

explicite (multi-biens) avec une attention spécia<strong>le</strong> accordée à l’agriculture et pour bien principal,<br />

l’eau, qui sera calibrée grâce à la création d’une base donnée extensive comprenant des<br />

informations gracieusement fournies par des instituts de recherches (Hebrew University of<br />

Jerusa<strong>le</strong>m; Applied Research Institute Jerusa<strong>le</strong>m, Pa<strong>le</strong>stinian Authority), des consultants<br />

(EnviroConsult, Jordan; Seibersdorf, Austria) et des organisations nationa<strong>le</strong>s et internationa<strong>le</strong>s<br />

(instituts nationaux de statistiques, FAO et ICARDA).<br />

Recherche financée par <strong>le</strong> <strong>Femise</strong> et dirigée par <strong>le</strong> Department of Economics, Hamburg University, Al<strong>le</strong>magne.<br />

Référence FEM21-02<br />

Titre : Regional Integration and Resource Use in the Midd<strong>le</strong> East : Water and the Need for Peace<br />

Date prévue de fin des travaux : mai 2004<br />

Affluents et eaux souterraines<br />

(source :<br />

Seibersdorf, 2001).


MONOGRAPHIES SUR LA SITUATION<br />

MACRO-ÉCONOMIQUE DES PM<br />

Algérie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.71<br />

Egypte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.79<br />

Israël . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.89<br />

Jordanie.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.96<br />

Liban . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.105<br />

Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.110<br />

Syrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.119<br />

Tunisie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.125<br />

Turquie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.134<br />

-69-


-70-


Algérie<br />

En 2001, la croissance du PIB a été de 2,1%<br />

en termes réels. El<strong>le</strong> s’est améliorée en 2002<br />

où el<strong>le</strong> a atteint 4,1% et <strong>le</strong> gouvernement<br />

espère maintenir ce niveau pour <strong>2003</strong>. Mais,<br />

<strong>le</strong> taux de croissance de l'Algérie est entièrement<br />

déterminé par la fluctuation des prix du<br />

pétro<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s évolutions récentes ne montrent<br />

pas d’amélioration de ce point de vue :<br />

(i) 98% des recettes d'exportation proviennent<br />

toujours du secteur des hydrocarbures ;<br />

(ii) la part du secteur des hydrocarbures<br />

dans la va<strong>le</strong>ur ajoutée a encore augmenté<br />

entre 1998 et 2002 au détriment de<br />

tous <strong>le</strong>s autres secteurs, pour atteindre<br />

35% contre 21,8% pour celui des services,<br />

8,7% pour <strong>le</strong> BTP, 8,6% pour<br />

l’agriculture et 7% pour l’industrie ;<br />

(iii) si la croissance 2002 dans <strong>le</strong>s secteurs<br />

autres que l’agriculture et <strong>le</strong>s hydrocarbures<br />

a été plus forte que <strong>le</strong> taux<br />

moyen, el<strong>le</strong> provient essentiel<strong>le</strong>ment<br />

des bons résultats du bâtiment (8,2%).<br />

Certes, <strong>le</strong>s services ont connu éga<strong>le</strong>ment<br />

une croissance é<strong>le</strong>vée, mais <strong>le</strong><br />

fait qu’el<strong>le</strong> soit inférieure à cel<strong>le</strong> du BTP<br />

(5,3%) et que l’industrie affiche de<br />

faib<strong>le</strong>s performances relatives (2,9%)<br />

tend à indiquer que <strong>le</strong>s effets de l’ouverture<br />

progressive de l’économie ne<br />

se manifesteront pas avant des<br />

restructurations profondes ;<br />

PIB et prix des hydrocarbures<br />

(PIB, échel<strong>le</strong> de gauche, Prix du Brent, échel<strong>le</strong> de droite)<br />

croissance en %<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

17<br />

1<br />

0<br />

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997<br />

12,71<br />

1998 1999 2000 2001 2002<br />

10<br />

-2<br />

-2,2<br />

-4<br />

-6<br />

-3,6<br />

6,3<br />

5,1<br />

4,7<br />

28,39<br />

Pib nominal Pib hors hydrocarbures<br />

Pib hors hydrocarbures et hors agriculture prix du Brent<br />

Source : Ministère des Finances.<br />

2,7<br />

2,4<br />

1,6<br />

prix du baril en $<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

5<br />

0<br />

-71-<br />

(iv) la croissance de la productivité globa<strong>le</strong><br />

des facteurs en Algérie reste négative<br />

(autour de -2% par an selon <strong>le</strong>s<br />

hypothèses faites <strong>sur</strong> l'impact du capital<br />

humain et physique, Lazare,<br />

Callier, Khanjar, Koranchelian, 2002)<br />

ce qui n’indique aucune amélioration<br />

significative du régime de croissance<br />

qui reste extrêmement dépendant de<br />

l’accumulation.<br />

Or, ces modifications de la structure productive<br />

et du régime de croissance sont d’autant<br />

plus nécessaires, que, malgré des niveaux de<br />

croissance 2002 et peut être <strong>2003</strong> records<br />

dans la période récente (la croissance n’a été<br />

supérieure à 4% qu’à quatre reprises <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

deux dernières décennies), cela n’a pas été<br />

suffisant pour réduire significativement <strong>le</strong><br />

taux de chômage, toujours très é<strong>le</strong>vé (27,3%<br />

en 2001) et frappant davantage <strong>le</strong>s moins de<br />

25 ans (<strong>le</strong> taux de chômage de cette classe<br />

d’âge s’élève à 48,6%). De fait, <strong>le</strong>s niveaux<br />

de croissance nécessaires pour entraîner une<br />

amélioration significative de la situation sont<br />

estimés à 6-7% par an et semb<strong>le</strong>nt diffici<strong>le</strong>s<br />

à atteindre à court terme (dans la période la<br />

plus faste que <strong>le</strong> pays ait connu, 1966-1980,<br />

la croissance du PIB n'a jamais dépassé<br />

6,4% par an). La structure productive actuel<strong>le</strong><br />

rend de plus la croissance volati<strong>le</strong> et soumise<br />

aux chocs externes. Le PIB par habitant<br />

évolue de manière chaotique, ce qui ne permet<br />

pas d’amélioration dans la lutte contre la<br />

Va<strong>le</strong>ur ajoutée dans <strong>le</strong> PIB<br />

% 1998 2002<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

12,9<br />

8,6<br />

26,6<br />

35,0<br />

11,2<br />

Agriculture Hydrocarbures Industrie BTP Services<br />

Source : Ministère des Finances.<br />

7,0<br />

12,4<br />

8,7<br />

27,5<br />

21,8


pauvreté ou contre l’il<strong>le</strong>ttrisme, dont <strong>le</strong> taux<br />

demeure é<strong>le</strong>vé (33% en moyenne, 42,9%<br />

pour <strong>le</strong>s femmes mais un écart avec <strong>le</strong>s<br />

hommes —24%— qui tend à se réduire).<br />

L’administration augmente même ses effectifs<br />

plus vite que <strong>le</strong> secteur économique, devenant<br />

<strong>le</strong> principal employeur : la part des actifs dans<br />

<strong>le</strong>s administrations atteint en 2001 48,5%<br />

contre 46,4% en 1997, tandis que, <strong>sur</strong> la<br />

même période, la part du secteur économique<br />

baisse de 49% à 47,1%. Dans <strong>le</strong> même temps,<br />

<strong>le</strong>s statistiques de l’agence nationa<strong>le</strong> pour<br />

l’emploi indiquent que la précarisation s’est<br />

fortement accrue : la part des contrats « précaires<br />

» dans <strong>le</strong>s placements réalisés est passée<br />

de 45,4% à 86,5% entre 1997 et 2001.<br />

Le gouvernement a bien lancé depuis deux<br />

ans un vaste programme de soutien à la<br />

relance économique (PSRE) qui, malgré sa<br />

cherté (<strong>le</strong> déficit budgétaire est estimé à 9%<br />

du PIB en <strong>2003</strong>), a des effets positifs, mais<br />

<strong>le</strong>nts à se manifester <strong>sur</strong> la structure productive.<br />

L’indice de production industriel<strong>le</strong> hors<br />

hydrocarbures reste étroitement couplé à<br />

l’indice général de production industriel<strong>le</strong>. Or,<br />

<strong>le</strong> secteur pétrolier n’est ni un important<br />

pourvoyeur d’emplois, ni un vecteur de diffusion<br />

de nouvel<strong>le</strong>s technologies puissant. La<br />

diversification structurel<strong>le</strong> est longue à<br />

mettre en place et <strong>le</strong>s réformes nécessaires<br />

sont profondes, ce qui laisse à penser que<br />

Décomposition du PIB<br />

(cou<strong>le</strong>ur claire : 1998-2000, cou<strong>le</strong>ur moyenne : 2000-<br />

2001, cou<strong>le</strong>ur foncée : 2001-2002)<br />

15%<br />

10%<br />

5%<br />

0%<br />

-5%<br />

-10%<br />

-15%<br />

2,8% 2,4%<br />

2,1%<br />

Produit<br />

Intérieur Brut<br />

-11,7%<br />

7,6%<br />

Consommation<br />

Privée<br />

2,7%<br />

-11,3%<br />

2,5%<br />

1,9%<br />

0,9% 1,2% 1,2%<br />

Consommation<br />

Publique<br />

-7,0%<br />

Investissement<br />

fixe<br />

7,3%<br />

-11,7%<br />

-9,8%<br />

Exportations<br />

de biens et<br />

services<br />

-8,0%<br />

Importations<br />

de biens et<br />

services<br />

Sources : Eurostat, Programme Medstat, Ministère<br />

des Finances.<br />

7,7%<br />

-72-<br />

l’économie algérienne restera encore longtemps<br />

soumise aux aléas de la conjoncture<br />

internationa<strong>le</strong> et des prix des matières premières.<br />

Toutefois, une gestion intertemporel<strong>le</strong><br />

avisée de ses richesses naturel<strong>le</strong>s doit permettre<br />

à l’Algérie de restructurer son économie<br />

plus rapidement.<br />

Un équilibre macro-économique contrôlé<br />

(i) Envisagée du point de vue des échanges<br />

de biens, la position extérieure de l’Algérie<br />

reste dominée par la faib<strong>le</strong>sse inhérente à sa<br />

spécialisation dans <strong>le</strong>s hydrocarbures. Certes<br />

<strong>le</strong> taux d’ouverture a progressé tout au long<br />

de la décennie passée (de 35 à 54%) et <strong>le</strong><br />

solde de la balance commercia<strong>le</strong> atteint des<br />

sommets en 2001 (+ 8,5 milliards de dollars,<br />

dont l’essentiel, +6,5 milliards, est obtenu<br />

dans <strong>le</strong>s relations avec l’Union). Mais, 98%<br />

des échanges proviennent des hydrocarbures<br />

en 2001, une extrême concentration qui a<br />

el<strong>le</strong> aussi augmenté durant <strong>le</strong>s années 1990<br />

(en 1990, la part des hydrocarbures s’é<strong>le</strong>vait<br />

en effet à 89%). Cette situation prévaut avec<br />

l’ensemb<strong>le</strong> des partenaires commerciaux :<br />

<strong>le</strong>s produits pétroliers représentent 98 % des<br />

exportations avec l’Union Européenne, 95%<br />

des exportations avec <strong>le</strong>s autres PM et 98%<br />

avec <strong>le</strong> reste du Monde.<br />

De fait, l’Algérie n’a plus aucune prise <strong>sur</strong> ses<br />

propres comptes extérieurs, qui ne dépendent<br />

que des cours du pétro<strong>le</strong> et du taux de<br />

change du dollar. Comme <strong>le</strong> prix du baril était<br />

bas fin 2001 et début 2002 et l’évolution du<br />

dollar défavorab<strong>le</strong>, l’excédent du solde commercial<br />

en 2002 s’est réduit de 23% et celui<br />

de la balance des paiements de 61,6%. Les<br />

importations ont en effet progressé de<br />

18,5% tandis que <strong>le</strong>s exportations sont<br />

demeurées quasiment stab<strong>le</strong>s (1,8%).<br />

La situation a quelque peu évolué du fait de<br />

la nouvel<strong>le</strong> orientation de la politique écono-


mique. La part des produits demi-finis dans<br />

<strong>le</strong>s importations s’accroît rapidement, dynamisée<br />

par <strong>le</strong> nouveau tarif douanier entré en<br />

vigueur en 2002. Celui-ci prévoit un degré de<br />

taxation différencié selon <strong>le</strong> degré d’ouvraison<br />

et une réduction globa<strong>le</strong> du tarif pour <strong>le</strong>s<br />

biens destinés au secteur industriel permettant<br />

d’importer des technologies relativement<br />

plus performantes et d’accroître la productivité.<br />

Mais, <strong>sur</strong> l’ensemb<strong>le</strong> de la décennie,<br />

on ne peut que constater une extrême<br />

volatilité des termes de l’échange et du pouvoir<br />

d’achat des exportations : ces deux indicateurs<br />

s’établissaient respectivement à 68<br />

et 86 en 1998, à 134 et 202 en 2001 (base<br />

100 en 1990). De fait, la capacité d’importation<br />

devient aléatoire, alors même qu’el<strong>le</strong><br />

représente <strong>le</strong> facteur essentiel pouvant améliorer<br />

la productivité de l’économie, compte<br />

tenu du temps nécessaire à la restructuration<br />

du secteur productif.<br />

(ii) En matière de change, en 2002, <strong>le</strong> dinar<br />

s’est apprécié de 3,2% par rapport au dollar<br />

et s’est déprécié de 8,2% par rapport à l’euro.<br />

En termes de stratégie de change,<br />

l’Algérie limite <strong>le</strong>s fluctuations de sa monnaie<br />

vis-à-vis du dollar. Cette politique est rationnel<strong>le</strong><br />

étant donné la composition de ses<br />

exportations presque uniquement composées<br />

de produits pétroliers. Cependant, ses<br />

répercussions <strong>sur</strong> la compétitivité des produits<br />

algériens risquent de constituer une<br />

limitation forte aux bénéfices issus d’une<br />

insertion accrue dans <strong>le</strong> commerce international<br />

et, en particulier, ceux liés à l’accord de<br />

libre-échange avec l’UE. Si <strong>le</strong>s exportations<br />

doivent se diversifier en augmentant la part<br />

des produits non-pétroliers, une révision de<br />

cette politique s’impose, d’autant que <strong>le</strong><br />

contrô<strong>le</strong> d’un taux de change effectif est de<br />

nature même à faciliter cette diversification.<br />

Toutefois, compte tenu de la situation actuel<strong>le</strong>,<br />

il n’y a pas d’urgence pour la réforme de<br />

la politique de change, d’autant que <strong>le</strong> taux<br />

-73-<br />

de change effectif réel du dirham n’a pas<br />

cessé de se déprécier depuis une décennie au<br />

moins (Cf. <strong>Femise</strong>, 2002).<br />

(iii) La demande de monnaie en Algérie est<br />

remarquab<strong>le</strong>ment stab<strong>le</strong> malgré la volatilité<br />

des revenus pétroliers. Cela confère au gouvernement<br />

un instrument de pilotage de<br />

l'économie efficace et permet aux autorités<br />

d’éponger en grande partie la liquidité excédentaire<br />

dans <strong>le</strong>s années où <strong>le</strong>s prix du<br />

pétro<strong>le</strong> sont é<strong>le</strong>vés. L’inflation est donc globa<strong>le</strong>ment<br />

bien maîtrisée, malgré <strong>le</strong>s fluctuations<br />

parfois très amp<strong>le</strong>s de la masse monétaire.<br />

Ces fluctuations sont dues à l’impact<br />

des avoirs extérieurs qui ont progressé de<br />

357% en 2000, de 70% en 2001 et de 34%<br />

en 2002 et 43% au premier trimestre <strong>2003</strong><br />

(essentiel<strong>le</strong>ment transformés en dépôts à<br />

terme). Ainsi, <strong>le</strong> taux d’inflation s’établit à<br />

1,4% en 2002 (contre 4,2% en 2001 et<br />

18,7% en 1996). De ce point de vue, il faudra<br />

toutefois suivre <strong>le</strong>s effets de la relance<br />

par <strong>le</strong> crédit qu’a impulsée <strong>le</strong> gouvernement<br />

en 2002. La baisse des taux d'intérêt de 8-<br />

10% en 2001 à 6,5-9% en 2002 a encouragé<br />

<strong>le</strong>s crédits au secteur privé. Ceux-ci, dont<br />

la progression était jusque-là atone (+15,8%<br />

en 2001), décol<strong>le</strong>nt enfin : +63% en 2002 et<br />

+65,5% au premier trimestre <strong>2003</strong>. Le<br />

manque d’élasticité de l’offre pourrait en<br />

effet conduire à une pression inflationniste<br />

comme ce fut déjà <strong>le</strong> cas par <strong>le</strong> passé.<br />

D’autant que s’ajoute au problème de la<br />

Politique monétaire et inflation<br />

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

-10<br />

-20<br />

14,6<br />

13,5<br />

24,9<br />

40<br />

-10,2<br />

-1,8<br />

-14<br />

-0,3<br />

14,6<br />

11,7<br />

-1,4<br />

M2 Avances au secteur public Crédit à l'économie<br />

domestique<br />

12<br />

20,8<br />

4,3<br />

2,6<br />

1,4<br />

Inflation<br />

Sources : Banque d’Algérie, Fond Monétaire<br />

International, IFS avril <strong>2003</strong>.


éponse de l’offre celui de la gestion de<br />

l’équilibre des comptes externes : compte<br />

tenu de l’instabilité des recettes d’exportation,<br />

<strong>le</strong> maintien de l’équilibre pourrait nécessiter<br />

de freiner <strong>le</strong>s importations.<br />

(iv) la politique de relance adoptée par <strong>le</strong>s<br />

autorités en 2001 s’exprime par une consommation<br />

publique et un investissement très<br />

vigoureux qui sont <strong>le</strong>s principaux moteurs de<br />

la croissance en 2001 et 2002. El<strong>le</strong> n’est pas<br />

basée <strong>sur</strong> <strong>le</strong> seigneuriage, <strong>le</strong>s autorités préfèrent<br />

emprunter et, depuis deux ans, <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

marchés internationaux de préférence. Mais,<br />

el<strong>le</strong>s se désendettent dès que la situation<br />

macro-économique <strong>le</strong> <strong>le</strong>ur permet afin d’éviter<br />

que ne se reproduise la situation expérimentée<br />

en 1998-1999 où la baisse des prix<br />

du pétro<strong>le</strong> et des recettes fisca<strong>le</strong>s liées à<br />

cette industrie <strong>le</strong>s avait beaucoup fragilisées.<br />

El<strong>le</strong>s limitent ce faisant l’effet d’éviction préjudiciab<strong>le</strong><br />

au développement du secteur<br />

privé, autre explication à l’accroissement de<br />

la part du secteur privé dans <strong>le</strong> crédit domestique<br />

remarquée plus haut (de 29,4% en<br />

2000 à 44,5% en 2002. Par contre, la stabilisation<br />

de la va<strong>le</strong>ur de la monnaie domes-<br />

%<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

revenus des<br />

taxes<br />

17,3<br />

15,7 15,3<br />

impots directs Droits de<br />

douane<br />

Dépenses<br />

%<br />

45<br />

1995-1997 1998-2000 2001<br />

40,3<br />

40<br />

37,1<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

33,6<br />

Dépenses de<br />

personnel<br />

Intérêts de la dette<br />

publique<br />

27,1<br />

24,123,7<br />

Investissement<br />

dans <strong>le</strong>s dépenses<br />

tota<strong>le</strong>s<br />

Recettes<br />

Impôts<br />

indirects<br />

14,114,6<br />

14,5<br />

Dépenses<br />

d'éducation en %<br />

des dépenses<br />

tota<strong>le</strong>s<br />

1995-1997 1998-2000 2001 2002<br />

4,5 3,9 4,7<br />

Dépenses de santé<br />

en % des dépenses<br />

tota<strong>le</strong>s<br />

dont TVA Fiscalité<br />

pétrolière<br />

Source : Ministère des Finances.<br />

-74-<br />

tique vis-à-vis du dollar induit un renchérissement<br />

de la dette en euro qui atteint, en<br />

2002, 28% de la dette tota<strong>le</strong>.<br />

La situation à moyen terme va maintenant<br />

dépendre de la façon dont l’économie va<br />

réagir face au plan de relance et de réforme<br />

adopté par <strong>le</strong> gouvernement. El<strong>le</strong> sera notamment<br />

liée au mode de financement de ce plan.<br />

Et de ce point de vue, la question qui se pose<br />

est cel<strong>le</strong> du risque de voir <strong>le</strong> gouvernement<br />

tomber dans un cerc<strong>le</strong> vicieux d’endettement<br />

en cas de baisse des prix du pétro<strong>le</strong> comme ce<br />

fut <strong>le</strong> cas en 1998–1999. La situation serait<br />

sans doute même plus grave puisque que <strong>le</strong>s<br />

recettes douanières vont diminuer.<br />

Une situation budgétaire à risques<br />

Pour un pays disposant d’une richesse naturel<strong>le</strong><br />

et qui a fondé son développement économique<br />

<strong>sur</strong> son exploitation, la difficulté<br />

majeure à laquel<strong>le</strong> il est exposé est cel<strong>le</strong> de<br />

la gestion intertemporel<strong>le</strong> des revenus<br />

engendrés par cette richesse. Cel<strong>le</strong>-ci étant<br />

amenée à s’épuiser, <strong>le</strong>s autorités doivent progressivement<br />

trouver des sources de revenus<br />

%<br />

5<br />

4<br />

4<br />

3<br />

3<br />

2<br />

2<br />

1<br />

1<br />

0<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

%<br />

1<br />

1<br />

2,39<br />

1<br />

2,39<br />

Solde budgétaire<br />

1,31<br />

4,24<br />

0,02<br />

1997 2001 2002<br />

Solde budgétaire en % PIB hors fond de régulation des recettes<br />

Solde budgétaire en % PIB y compris fond de régulation des recettes<br />

0<br />

Dette à court<br />

terme/Dette tota<strong>le</strong><br />

35<br />

20 20<br />

Service de la<br />

dette/Exportations<br />

de biens et services<br />

Endettement<br />

13<br />

54<br />

80<br />

102<br />

Réserves/Dette<br />

tota<strong>le</strong><br />

101<br />

64<br />

57<br />

48<br />

0,62<br />

1995 2000 2001 2002<br />

22<br />

40 41 40<br />

Dette tota<strong>le</strong>/PIB Dette<br />

intérieure/dette<br />

tota<strong>le</strong>


différentes. L’Algérie a donc adopté des plans<br />

de relance successifs dont <strong>le</strong>s effets n’ont pas<br />

toujours été ceux attendus, notamment du<br />

fait de l’extrême volatilité des recettes fisca<strong>le</strong>s<br />

dont el<strong>le</strong> dispose.<br />

En 2002, la fiscalité pétrolière représente<br />

58% des recettes tota<strong>le</strong>s et 81% des recettes<br />

de la fiscalité indirecte, contre 18,8% pour la<br />

TVA. Les droits de douanes ne représentent<br />

plus que 9% des recettes tota<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s<br />

impôts directs 7,2%. Jusqu’ici, la réduction<br />

des droits de douanes qu’implique <strong>le</strong> choix<br />

d’une politique d’ouverture a été gérée grâce<br />

à un savant mélange de modification des<br />

taux (3 taux selon <strong>le</strong> degré d’ouvraison du<br />

bien importé, 5% pour <strong>le</strong>s matières premières,<br />

15% pour <strong>le</strong>s demi-produits, 30%<br />

pour <strong>le</strong>s biens de consommation fina<strong>le</strong>), de<br />

changement de l’assiette et d’encouragement<br />

à importer certaines catégories de<br />

biens (nouvel<strong>le</strong> liste de produits bénéficiant<br />

de droits allégés).<br />

En 2002, c’est la croissance des recouvrements<br />

de la fiscalité ordinaire (+20,2%) qui<br />

a permis l’équilibrage du budget. Mais, l’exposition<br />

de celui-ci aux variations du prix du<br />

pétro<strong>le</strong> reste forte et rend diffici<strong>le</strong> une action<br />

contra-cyclique à long terme.<br />

Le risque est de retrouver une situation comparab<strong>le</strong><br />

à cel<strong>le</strong> de 1997-1998. La baisse de la<br />

fiscalité pétrolière due à une conjoncture<br />

défavorab<strong>le</strong> avait poussé <strong>le</strong> pays dans une<br />

fuite en avant, finançant l’investissement par<br />

l’endettement qui, déjà important, avait<br />

réduit <strong>le</strong>s marges de manœuvre et entraîné<br />

<strong>le</strong> recours à de nouveaux emprunts.<br />

Actuel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> chômage é<strong>le</strong>vé et la faib<strong>le</strong>sse<br />

du secteur privé obligent <strong>le</strong> gouvernement<br />

à maintenir l’investissement public à un<br />

niveau est é<strong>le</strong>vé (27,7% en 2002 des<br />

dépenses). Mais, en même temps, <strong>le</strong>s autres<br />

-75-<br />

dépenses sont toujours très rigides. Les intérêts<br />

de la dette publique, bien que réduits,<br />

absorbent toujours une part importante du<br />

budget (15,3% des dépenses tota<strong>le</strong>s en<br />

2001). De même, <strong>le</strong>s dépenses de personnel<br />

ponctionnent largement <strong>le</strong> budget (33,6%).<br />

L’effort de relance du gouvernement est tel<br />

que l’excédent budgétaire se réduit fortement<br />

passant de 1,31% du PIB en 2001 à<br />

0,02% en 2002, hors fond de régulation des<br />

recettes (de 4,24% à 0,62% si on l’inclut).<br />

Depuis, la soutenabilité de la dette s’est<br />

améliorée. Le montant du service de la dette<br />

rapporté aux exportations de biens et services<br />

est passé de 47,5% en 1998 à 21,7%<br />

en 2001 et <strong>le</strong> ratio des réserves <strong>sur</strong> la dette<br />

tota<strong>le</strong> de 27,5% en 1998 à 83% en 2001.<br />

Enfin, la dette à court terme ne représente<br />

que 1,15% du stock de dette tota<strong>le</strong>.<br />

Un rating qui handicape l’attractivité de<br />

l’Algérie<br />

Reprenant la méthode de classement utilisée<br />

dans <strong>le</strong> rapport <strong>Femise</strong> <strong>2003</strong> <strong>sur</strong> la transition,<br />

il est possib<strong>le</strong> de situer la position de l’Algérie<br />

relativement à d’autres régions en développement<br />

et à l’Union, soit <strong>sur</strong> la base de la<br />

perception qu’el<strong>le</strong> offre aux investisseurs<br />

étrangers (critères subjectifs généra<strong>le</strong>ment<br />

retenus par <strong>le</strong>s agences de rating), soit <strong>sur</strong> la<br />

base objective de ses performances économiques.<br />

Tant du point de vue des indicateurs objectifs<br />

que subjectifs, la position de l’Algérie est<br />

médiocre, même vis-à-vis de la position<br />

moyenne des PM.<br />

Sur <strong>le</strong> plan subjectif, cette mauvaise position<br />

est essentiel<strong>le</strong>ment due :<br />

(i) aux restrictions pesant <strong>sur</strong> l’utilisation<br />

de devises étrangères par <strong>le</strong>s résidents


et <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s possibilités de recours aux<br />

marchés financiers. La bourse ouverte<br />

en juil<strong>le</strong>t 1999 marque un progrès, mais<br />

son manque de profondeur traduit la<br />

méfiance persistante envers <strong>le</strong>s instruments<br />

financiers.<br />

(ii) à la perception de la garantie des droits<br />

de propriétés, notamment en raison de<br />

la faib<strong>le</strong> indépendance du système judiciaire<br />

par rapport à l’exécutif. De même,<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan des droits de propriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>,<br />

c’est plus la mise en application<br />

des textes de lois édictés qui est<br />

mise en cause, que la qualité même de<br />

ces lois.<br />

(iii) à la perception généra<strong>le</strong> du niveau de<br />

démocratie et du niveau de corruption.<br />

Une seconde caractéristique particulière de<br />

l’Algérie est que la position subjective est<br />

fina<strong>le</strong>ment assez proche de la position objective<br />

(même classe), relativement à l’écart qui<br />

prévaut généra<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s PM. Cette<br />

position objective est éga<strong>le</strong>ment en retrait<br />

par rapport aux autres PM en raison de<br />

quatre faib<strong>le</strong>sses :<br />

(i) un très faib<strong>le</strong> niveau d’investissements<br />

étrangers. Néanmoins, on constate une<br />

bonne progression dans <strong>le</strong>s deux dernières<br />

années qui reflète une franche<br />

amélioration du cadre légal des IDE au<br />

cours de la décennie, notamment grâce<br />

à l’octroi du traitement national en<br />

général (1993) et à son extension sectoriel<strong>le</strong><br />

récente dans des secteurs stratégiques<br />

au plan national comme <strong>le</strong>s<br />

hydrocarbures (1999) ou <strong>le</strong> transport<br />

aérien (2000). Ainsi, la position relative<br />

de l’Algérie en termes de cadres d’investissement<br />

est jugée maintenant à<br />

l’éga<strong>le</strong> des meil<strong>le</strong>ures économies mondia<strong>le</strong>s.<br />

(ii) Une faib<strong>le</strong> ouverture aux échanges relativement<br />

à la population du pays et son<br />

-76-<br />

extrême spécialisation dans <strong>le</strong>s hydrocarbures.<br />

(iii) Un poids du service de la dette toujours<br />

é<strong>le</strong>vé relativement aux échanges.<br />

(iv) Un secteur privé qui ne dispose toujours<br />

pas de moyen de financement propre à<br />

son développement, la part du crédit qui<br />

lui est octroyé étant toujours extrêmement<br />

faib<strong>le</strong>, ce qui grève <strong>le</strong>s possibilités<br />

de diversification de la production et des<br />

échanges.


Algérie<br />

5,00<br />

4,00<br />

3,00<br />

2,00<br />

1,00<br />

0,00<br />

Algeria 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs<br />

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie<br />

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)<br />

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants<br />

Liberté d'échange <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)<br />

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)<br />

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)<br />

Contrô<strong>le</strong> du marché noir 7 Balance du Compte Courant<br />

Participation et transparence 8 Croissance du PIB<br />

Contrô<strong>le</strong> de la corruption 9 Déficit Budgétaire<br />

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)<br />

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)<br />

12 Service de la dette (% export. de biens et services)<br />

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)<br />

14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)<br />

UE Subj.<br />

Comparaison des critères subjectifs<br />

1<br />

5<br />

10<br />

2<br />

4<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

13<br />

10<br />

7<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

et des critères objectifs<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

Classe 5<br />

++<br />

2<br />

7<br />

5<br />

UE Obj.<br />

3<br />

6<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

10<br />

7<br />

13<br />

10<br />

Classe 4<br />

+<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Classe 3<br />

Moyen<br />

ALGERIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commercia<strong>le</strong><br />

-77-<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

8<br />

Objectifs<br />

2<br />

7<br />

Classe 2<br />

-<br />

1990 1995 2001<br />

Taux d'ouverture (X+M/PIB)<br />

Orientation des exportations (en%)<br />

35,40% 47,90% 54,30%<br />

vers l'UE 59,0% 64,8% 64,5%<br />

vers <strong>le</strong>s PM 3,0% 5,6% 7,0%<br />

vers RdM<br />

Orientation des importations (en%)<br />

38,0% 29,6% 28,5%<br />

issues de l'UE 59,7% 59,3% 59,8%<br />

issues des PM 3,2% 5,6% 5,3%<br />

issues de RdM<br />

Taux de couverture X/M<br />

37,0% 35,1% 34,9%<br />

avec l'UE 1,48 0,95 2,10<br />

avec RdM<br />

Soldes en millions de dollars<br />

1,53 0,73 1,59<br />

avec l'UE 2 498 -327 6 488<br />

avec RdM<br />

Indices de concentration des exportations<br />

1 735 -1 012 2 033<br />

vers <strong>le</strong> monde 0,53 0,53 0,51<br />

vers l'UE<br />

Termes de l'échange (1990=100) (*)<br />

0,54 0,54 0,56<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des exportations 100 75 113<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des importations 100 96 84<br />

Termes de l'échange 100 78 134<br />

Pouvoir d'achat des exportations<br />

Indicateurs de commerce intrabranche<br />

100 83 202<br />

avec <strong>le</strong> monde 2,6 3,0 2,0<br />

avec l'UE 3,9 2,9 2,7<br />

avec RdM 0,7 1,8 3,3<br />

(*) Source : Cnuced<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4<br />

Subjectif<br />

12<br />

11<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Objectifs Subjectif<br />

UE Obj. UE Subj.<br />

Classe 1<br />

--<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4


Va<strong>le</strong>ur et structure des échanges de l'Algérie avec ses principaux partenaires par grandes catégories de<br />

produits (en millions de dollars et en %)<br />

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES<br />

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001<br />

0 28 100 24 1 789 2 701 2 348 -1 761 -2 601 -2 324 0% 1% 0% 20% 25% 24%<br />

1 11 11 4 13 84 34 -2 -74 -30 0% 0% 0% 0% 1% 0%<br />

2 53 40 53 325 415 282 -272 -375 -229 0% 0% 0% 4% 4% 3%<br />

3 11 680 8 909 18 729 109 116 135 11 571 8 793 18 595 89% 95% 98% 1% 1% 1%<br />

Monde<br />

4<br />

5 63 114 193<br />

159<br />

752<br />

352<br />

1 218<br />

209<br />

1 171<br />

-159<br />

-689<br />

-352<br />

-1 104<br />

-208<br />

-978<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

1%<br />

0%<br />

1%<br />

2%<br />

9%<br />

3%<br />

11%<br />

2%<br />

12%<br />

6 70 136 109 1 501 2 205 1 914 -1 431 -2 069 -1 805 1% 1% 1% 17% 20% 19%<br />

7 38 35 54 3 771 3 292 3 326 -3 732 -3 257 -3 272 0% 0% 0% 43% 31% 34%<br />

8 20 12 7 302 399 417 -282 -387 -410 0% 0% 0% 3% 4% 4%<br />

9 1 164 55 1 108 9% 0% 0% 1% 0% 0%<br />

Total 13 127 9 357 19 175 8 777 10 782 9 836 4 350 -1 426 9 339 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 5 71 1 693 1 483 1 148 -687 -1 411 -1 147 0% 3% 0% 21% 39% 33%<br />

1 4 1 6 34 19 -2 -34 -18 0% 0% 0% 0% 1% 1%<br />

2 12 9 10 259 120 53 -246 -111 -43 0% 0% 0% 8% 3% 2%<br />

3 4 932 2 605 5 359 50 55 39 4 882 2 550 5 320 99% 94% 98% 2% 1% 1%<br />

Reste du<br />

4 60 255 174 -60 -255 -174 0% 0% 0% 2% 7% 5%<br />

Monde<br />

5 10 27 41 133 128 197 -123 -102 -157 0% 1% 1% 4% 3% 6%<br />

6 11 30 16 477 577 674 -466 -547 -657 0% 1% 0% 15% 15% 20%<br />

7 5 22 36 1 479 1 003 1 009 -1 474 -982 -972 0% 1% 1% 46% 27% 29%<br />

8 2 6 88 126 119 -85 -120 -119 0% 0% 0% 3% 3% 3%<br />

9 4 7 -3 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Total 4 986 2 770 5 465 3 251 3 782 3 432 1 735 -1 012 2 033 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 22 23 22 1 024 1 130 1 148 -1 002 -1 107 -1 126 0% 0% 0% 20% 18% 20%<br />

1 7 7 3 6 48 15 2 -41 -12 0% 0% 0% 0% 1% 0%<br />

2 39 29 39 62 261 217 -24 -232 -178 0% 0% 0% 1% 4% 4%<br />

3 6 364 5 840 12 094 59 51 94 6 304 5 789 12 000 82% 96% 98% 1% 1% 2%<br />

UE<br />

4<br />

5 53 83 135<br />

96<br />

588<br />

90<br />

1 014<br />

34<br />

896<br />

-96<br />

-535<br />

-90<br />

-931<br />

-34<br />

-761<br />

0%<br />

1%<br />

0%<br />

1%<br />

0%<br />

1%<br />

2%<br />

11%<br />

1%<br />

16%<br />

1%<br />

15%<br />

6 53 76 66 873 1 329 1 040 -819 -1 253 -974 1% 1% 1% 17% 21% 18%<br />

7 27 3 7 2 275 2 217 2 168 -2 248 -2 214 -2 162 0% 0% 0% 43% 35% 37%<br />

8 17 5 6 211 253 272 -194 -247 -266 0% 0% 0% 4% 4% 5%<br />

9 1 160 48 1 111 15% 0% 0% 1% 0% 0%<br />

Total 7 742 6 067 12 371 5 244 6 394 5 883 2 498 -327 6 488 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 6 1 72 88 52 -72 -82 -51 0% 1% 0% 26% 14% 10%<br />

1 3 1 2 -1 1 0% 1% 0% 0% 0% 0%<br />

2 2 3 4 4 35 12 -2 -32 -8 1% 1% 0% 1% 6% 2%<br />

3 385 464 1 276 10 1 385 454 1 275 96% 89% 95% 0% 2% 0%<br />

Partenaires 4 3 7 -3 -7 0% 0% 0% 1% 1% 0%<br />

Med. (**) 5 1 4 18 32 75 78 -31 -71 -60 0% 1% 1% 11% 12% 15%<br />

6 5 29 26 152 298 201 -147 -269 -174 1% 6% 2% 54% 49% 39%<br />

7 6 10 12 16 72 149 -10 -62 -137 1% 2% 1% 6% 12% 29%<br />

8 1 1 3 21 27 -3 -20 -26 0% 0% 0% 1% 3% 5%<br />

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Total 399 520 1 338 282 607 521 117 -87 818 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 33 132 -33 -132 0% 0% 0% 0% 33% 62%<br />

1 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

2 3 1 -2 0% 1% 1% 0% 3% 0%<br />

3 32 81 30 32 81 30 100% 99% 98% 0% 0% 0%<br />

AC10 (***)<br />

4<br />

5 1 5 -1 -5<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

27%<br />

0%<br />

1%<br />

0%<br />

2%<br />

6 53 56 -52 -56 0% 0% 1% 45% 53% 26%<br />

7 8 18 -8 -18 0% 0% 0% 23% 8% 8%<br />

8 2 2 -2 -1 0% 0% 0% 5% 2% 1%<br />

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Total 32 81 31 1 99 213 31 -18 -182 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétro<strong>le</strong>; 3 = Combustib<strong>le</strong>s minéraux;<br />

4 = Hui<strong>le</strong>s, graisses anima<strong>le</strong>s & végéta<strong>le</strong>s; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;<br />

8 = Artic<strong>le</strong>s manufacturés; 9 = Biens non classés<br />

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël<br />

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

-78-<br />

EXPORTATIONS IMPORTATIONS


Egypte<br />

L’économie égyptienne traverse une phase<br />

de ra<strong>le</strong>ntissement de sa croissance économique.<br />

Cel<strong>le</strong>-ci a été divisée par 2 entre<br />

1999 et 2002 (3,2%). L’effet de la conjoncture,<br />

notamment la chute du tourisme,<br />

explique cela en grande partie, comme <strong>le</strong><br />

montre l’évolution de certains secteurs c<strong>le</strong>fs<br />

de l’économie :<br />

(i) l’hôtel<strong>le</strong>rie a connu un recul très sensib<strong>le</strong><br />

en 2002 de –10,9% avec après<br />

crû en moyenne de 14,3% entre 1998<br />

et 2001. Or, c’est un secteur capital<br />

pour l’économie égyptienne qui représenterait<br />

7,5% du PIB et 15% de l’emploi<br />

total soit plus de deux millions<br />

d’égyptiens si l’on tient compte des<br />

effets directs et indirects de cette activité<br />

(Tomasy, 2002),<br />

(ii) de <strong>le</strong>ur côté, <strong>le</strong> commerce (+2,7% en<br />

2002 après +5,7% entre 1998 et<br />

2001) et l’industrie (respectivement<br />

+3,4% contre +6,2%) ont été durement<br />

éprouvés par <strong>le</strong> ra<strong>le</strong>ntissement<br />

économique et <strong>le</strong> seront encore du fait<br />

des adaptations que va <strong>le</strong>ur demander<br />

<strong>le</strong> passage à un régime de change<br />

flottant.<br />

%<br />

50<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

4,6<br />

16,3<br />

-79-<br />

Malgré <strong>le</strong>s perturbations profondes qui ont<br />

touché son économie (chute des recettes du<br />

tourisme, baisse des recettes pétrolières, faib<strong>le</strong>sse<br />

de la conjoncture européenne), <strong>le</strong><br />

chômage égyptien a fait preuve jusqu’ici<br />

d’une remarquab<strong>le</strong> résistance. Les prévisions<br />

du taux de chômage pour <strong>2003</strong> <strong>le</strong> situent à<br />

10%, après être resté stab<strong>le</strong> aux a<strong>le</strong>ntours<br />

de 9% depuis 2001.<br />

Toutefois, il faut bien remarquer que la tendance<br />

continue à la baisse qu’il a enregistrée<br />

de 1994 (11%) à 2000 (8,1%) semb<strong>le</strong> maintenant<br />

définitivement brisée (chiffres<br />

Eurostat). Plusieurs aspects du chômage et<br />

du marché du travail peuvent en effet <strong>le</strong> laisser<br />

craindre. Ainsi, la discrimination par<br />

genre ne se réduit pas dans la dernière<br />

décennie. Le taux de chômage des femmes<br />

ou des jeunes est 4 fois plus é<strong>le</strong>vé que celui<br />

des hommes (25% contre 5% à peu près).<br />

Quant au marché du travail, il apparaît<br />

déroutant lorsque l’on observe :<br />

(i) que <strong>le</strong>s secteurs qui pèsent <strong>le</strong> plus lourdement<br />

dans <strong>le</strong> PIB ne sont pas <strong>le</strong>s plus<br />

dynamiques en termes de création<br />

d’emplois. Les estimations pour 2001-<br />

2005 de la part de la demande d’emplois<br />

dans la demande tota<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> secteur<br />

Croissance et dynamisme des différents secteurs<br />

47<br />

24,8<br />

Agriculture Industrie, Mine et<br />

Pétro<strong>le</strong><br />

1,9<br />

0,2<br />

6,1<br />

4,9<br />

Création d'emplois prévue pour 2001-2005 Part dans <strong>le</strong> PIB en 2002<br />

3,5<br />

6,8<br />

7,3<br />

17<br />

19,4<br />

1,5<br />

E<strong>le</strong>ctricité Construction transport Trade Hotels et<br />

restaurants<br />

0,8<br />

5,8<br />

4,6<br />

15,9<br />

Finance Services<br />

gouvernementaux<br />

Source : Ministère du commerce extérieur égyptien, Prime Minister’s Office (2001), cité dans Radwan<br />

(2002).


du commerce devraient s’é<strong>le</strong>ver à 7,3%,<br />

pour <strong>le</strong>s services publics à 4,6% et pour<br />

l’agriculture à 4,6% de la totalité pour<br />

42% de l’emploi effectif en 1998. Seuls<br />

<strong>le</strong>s secteurs de l’industrie, des mines et<br />

du pétro<strong>le</strong> devraient enregistrer une<br />

création d’emploi importante soit 47%<br />

de la demande tota<strong>le</strong> de nouveaux<br />

emplois (Prime Minister’s Office, 2001).<br />

Parmi <strong>le</strong>s secteurs <strong>le</strong>s plus dynamiques,<br />

si celui du tourisme pourrait créer des<br />

besoins importants de main d’œuvre<br />

(19,4%), ce ne sera sans doute pas <strong>le</strong><br />

cas de celui de la finance (0,8%). Enfin,<br />

<strong>le</strong> secteur du BTP pourrait être largement<br />

pourvoyeur d’emplois puisque ses<br />

besoins augmenteraient de 6,1% ce qui<br />

équivaut à peu près à sa part dans l’emploi<br />

total (5,1% en 1998).<br />

(ii) que <strong>le</strong>s créations d’emplois prévues<br />

pour 2001-2005 devraient privilégier la<br />

main d’œuvre faib<strong>le</strong>ment qualifiée. 66%<br />

des demandes concerneraient <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs<br />

ayant un niveau d’éducation<br />

très bas, sachant lire et écrire. Dans<br />

cette configuration,<br />

(a) soit certains travail<strong>le</strong>urs devront<br />

accepter des emplois pour <strong>le</strong>squels ils<br />

sont <strong>sur</strong>qualifiés, ce qui tire <strong>le</strong>s<br />

salaires réels moyens vers <strong>le</strong> bas et<br />

ra<strong>le</strong>ntie la croissance,<br />

(b) soit il peut apparaître des gou<strong>le</strong>ts<br />

d’étrang<strong>le</strong>ments dans certains secteurs,<br />

couplés à une aggravation du<br />

chômage des personnes très qualifiées,<br />

mais dont <strong>le</strong>s compétences ne sont pas<br />

valorisab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> secteur privé, et<br />

des personnes il<strong>le</strong>ttrées (<strong>le</strong> taux d’il<strong>le</strong>ttrisme<br />

égyptien est de 45% avec une<br />

importante disparité hommes-femmes,<br />

33% vs 56%, un des plus fort des pays<br />

méditerranéens).<br />

Enfin, <strong>le</strong> gouvernement égyptien a officiel<strong>le</strong>ment<br />

mis un terme à sa politique de garantie<br />

-80-<br />

de l’emploi pour <strong>le</strong>s diplômés. Ceci ne manquera<br />

pas d’accroître <strong>le</strong>s tensions qui pèsent<br />

<strong>sur</strong> la population des moins de 25 ans, déjà<br />

fortement touchée. Toutefois, cela peut être<br />

un facteur incitateur puissant à chercher des<br />

emplois dans <strong>le</strong> secteur privé ou à suivre des<br />

programmes de formation complémentaires<br />

plus appropriés aux besoins du marché.<br />

Mais, il existe à l’heure actuel<strong>le</strong> un décalage<br />

entre <strong>le</strong>s formations proposées et <strong>le</strong>s besoins<br />

de l’économie qui limite cet effet.<br />

Une paupérisation accrue de la population est<br />

donc à craindre <strong>sur</strong>tout pour <strong>le</strong>s jeunes qualifiés.<br />

De fait, en 1999, 48% de la population<br />

urbaine était considérée comme pauvre<br />

contre 39% en 1990 (respectivement 55%<br />

contre 39% pour <strong>le</strong>s populations rura<strong>le</strong>s).<br />

Une croissance encore insuffisante dans<br />

un contexte de chocs externes<br />

Ainsi, l’Egypte doit gérer une croissance du<br />

PIB insuffisante relativement à ses besoins et<br />

dont la structure sectoriel<strong>le</strong> présente un très<br />

important déphasage avec <strong>le</strong>s caractéristiques<br />

de la main d’œuvre disponib<strong>le</strong>. Le<br />

point positif qui semb<strong>le</strong> montrer que l’Egypte<br />

évolue d’un régime de croissance fondé <strong>sur</strong><br />

l’accumulation du capital et l’augmentation<br />

d’une population active à qualification stab<strong>le</strong>,<br />

à un régime de croissance fondé <strong>sur</strong> <strong>le</strong> progrès<br />

technique, est la contribution de la productivité<br />

globa<strong>le</strong> à la croissance. Cel<strong>le</strong>-ci<br />

semb<strong>le</strong> être la plus forte parmi <strong>le</strong>s PM, ce qui<br />

manifeste une capacité à générer des revenus<br />

qui devrait se confirmer dans <strong>le</strong>s années<br />

à venir, lorsque <strong>le</strong>s chocs extérieurs se seront<br />

atténués.<br />

Cependant, l’Egypte a longtemps été écartelée<br />

entre sa volonté de maîtriser l’inflation, <strong>le</strong><br />

poids de ses échanges de produits pétroliers<br />

et de sa dette en dollars (40% de la dette<br />

tota<strong>le</strong>) qui lui dictaient d’ancrer la livre au


dollar et la part croissante de ses échanges<br />

avec <strong>le</strong>s pays européens qui plaidait pour un<br />

ancrage à l’euro (30% de ses exports et 45%<br />

de ses imports). Le choix du dollar a induit<br />

des difficultés croissantes pour <strong>le</strong> gouvernement<br />

à piloter son économie. En même<br />

temps, la stratégie de dynamisation de la<br />

croissance par <strong>le</strong> commerce n’a pas encore<br />

porté tout ses fruits. L'économie reste très<br />

sensib<strong>le</strong> aux chocs, la croissance est insuffisante<br />

et <strong>le</strong>s salaires réels baissent (25% en<br />

termes réels), la pauvreté progresse. Mais,<br />

des nouvel<strong>le</strong>s orientations de politique économique<br />

sont intervenues, notamment la<br />

mise en flottement du change, début <strong>2003</strong>,<br />

qui vont se répercuter <strong>sur</strong> la capacité de<br />

l’économie à absorber <strong>le</strong>s chocs internes et<br />

externes et à enfin tirer p<strong>le</strong>inement parti de<br />

l’ouverture commercia<strong>le</strong> :<br />

(i) au sein de la balance des paiements, traditionnel<strong>le</strong>ment,<br />

<strong>le</strong> déficit <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s transactions<br />

de marchandises est compensé par <strong>le</strong>s<br />

envois des fonds des travail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s transactions<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s services et <strong>le</strong>s autres transferts<br />

sans contreparties. En 2001 et 2002, <strong>le</strong>s<br />

comptes externes se sont améliorés paradoxa<strong>le</strong>ment<br />

du fait de la situation de ra<strong>le</strong>ntissement<br />

économique. L’excédent des ser-<br />

Décomposition du PIB<br />

(cou<strong>le</strong>ur claire : 1998-2000, cou<strong>le</strong>ur moyenne : 2000-<br />

2001, cou<strong>le</strong>ur foncée : 2001-2002)<br />

15%<br />

10%<br />

7,4%<br />

7,4% 7,4%<br />

5%<br />

5,6%<br />

3,5% 3,2%<br />

3,8%<br />

5,0%<br />

3,5%<br />

3,8% 3,3%<br />

4,9%<br />

1,3%<br />

0,6%<br />

0%<br />

-0,4%<br />

-5%<br />

-10%<br />

-15%<br />

Produit Intérieur<br />

Brut<br />

Consommation<br />

Privée<br />

Consommation<br />

Publique<br />

-7,6%<br />

Investissement<br />

fixe<br />

Exportations de<br />

biens et services<br />

-7,8%<br />

-6,0%<br />

Importations de<br />

biens et services<br />

Sources : Eurostat, programme Medstat, Ministère<br />

des Affaires Etrangères.<br />

-81-<br />

vices se réduit de 17% avec <strong>le</strong> climat d’incertitude<br />

politique : <strong>le</strong> poste voyage chute de<br />

-11%, celui des investissements de -28%.<br />

Ces baisses sont compensées par une hausse<br />

des dépenses des ambassades étrangères<br />

de (31%). Le déficit du compte courant ne se<br />

monte plus qu’à 8,5 millions de dollars en<br />

2002 et celui de la balance des paiements à<br />

447,1 millions, alors qu’ils représentaient<br />

encore respectivement 1 163,1 et 3 026,7<br />

millions de dollars en 2000. Les transferts<br />

officiels as<strong>sur</strong>ent l’équilibre. Au premier trimestre<br />

<strong>2003</strong>, <strong>le</strong>s exportations ont crû plus<br />

vite que <strong>le</strong>s importations et l’excédent des<br />

services s’est renforcé. Cependant, <strong>le</strong>s transferts<br />

officiels chutent de 72%. Quant au tourisme,<br />

il reste aussi morose qu’en 2002.<br />

(ii) Pour ce qui est de la demande interne <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> marché des biens (cf figure suivante), malgré<br />

la baisse de la croissance du PIB due aux<br />

chocs externes de 2001-2002, <strong>le</strong>s autorités<br />

ont conservé <strong>le</strong>ur politique d’austérité afin de<br />

rétablir <strong>le</strong>s équilibres macro-économiques.<br />

En fin de période, <strong>le</strong>s conditions monétaires<br />

ont été assouplies afin de soutenir la demande<br />

interne. Ainsi, la Banque Centra<strong>le</strong> a mis à<br />

disposition des banques commercia<strong>le</strong>s<br />

437 millions d’euros au taux de 4% destinés<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

Taux d'intérêt nominal et réel 1/<br />

(mai 1991-mai <strong>2003</strong>)<br />

3,45<br />

3,21<br />

mai-00<br />

juil-00<br />

sep-00<br />

nov-00<br />

jan-01<br />

mars-01<br />

mai-01<br />

3,98<br />

3,42<br />

juil-01<br />

sep-01<br />

nov-01<br />

jan-02<br />

mars-02<br />

mai-02<br />

juil-02<br />

sep-02<br />

4,7<br />

nov-02<br />

jan-03<br />

Moyenne USD/EGP Moyenne XEU/EGP<br />

4,62<br />

mars-03<br />

mai-03<br />

1/ Basé <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s taux des T-bills à 91 jours.<br />

Source : Banque centra<strong>le</strong> d’Egypte.<br />

6,97<br />

6,17<br />

juil-03


uniquement aux crédits à la consommation<br />

de produits égyptiens. Mais cette me<strong>sur</strong>e se<br />

heurte à la faib<strong>le</strong>sse des salaires. Le seuil<br />

d’endettement toléré est de 25% ce qui<br />

risque de se révé<strong>le</strong>r insoutenab<strong>le</strong> si l’inflation<br />

progresse. Mais, la croissance de l’investissement<br />

reste extrêmement basse ce qui n’est<br />

pas favorab<strong>le</strong> à la productivité et à la compétitivité<br />

égyptiennes.<br />

(iii) Sur <strong>le</strong> plan de la politique monétaire,<br />

l’ancrage au dollar a amélioré la crédibilité de<br />

la politique et la convergence du taux d'inflation<br />

vers celui des Etats-Unis. Celui-ci est<br />

passé de 25,8% en 1991 à 2,7% en 2002.<br />

Cependant, l’effet concomitant a été une<br />

appréciation du taux de change effectif réel<br />

vis-à-vis des monnaies européennes notamment.<br />

En 2001 et 2002, <strong>le</strong> fonctionnement du<br />

marché des changes et de l’ancrage ont été<br />

rendus plus soup<strong>le</strong>s, notamment grâce à des<br />

révisions assez fréquentes de la parité centra<strong>le</strong>.<br />

Néanmoins, cela n’a pas compensé<br />

l’érosion de la compétitivité de l’économie<br />

égyptienne. Les tensions <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s comptes<br />

externes ont diminué, mais, entre 1997 et<br />

2002, l’Egypte a perdu <strong>le</strong> quart de ses<br />

réserves. Les autorités ont donc été forcées<br />

d’opter pour une politique monétaire restric-<br />

Politique monétaire et inflation<br />

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

-5<br />

-10<br />

13<br />

11 11<br />

9<br />

-4<br />

25<br />

22<br />

13<br />

M2 Avances<br />

Trésor Public<br />

15<br />

13<br />

12<br />

11<br />

Crédit<br />

domestique<br />

10<br />

4<br />

2<br />

Inflation<br />

Sources : Fond Monétaire International, IFS avril<br />

<strong>2003</strong>, Banque centra<strong>le</strong> d’Egypte.<br />

3<br />

-82-<br />

tive. En <strong>2003</strong>, dans un contexte de change<br />

flottant et d’absence de tensions inflationnistes,<br />

une baisse des taux d'intérêt (12%<br />

actuel<strong>le</strong>ment) serait profitab<strong>le</strong> à la croissance,<br />

mais doit tenir compte de son impact<br />

potentiel <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s mouvements de capitaux.<br />

(iv) La politique budgétaire est restée très<br />

prudente en 2001 et 2002, afin de stabiliser<br />

<strong>le</strong> déficit budgétaire qui dépasse <strong>le</strong>s 5% du<br />

PIB en 2001 et 2002 et cela malgré <strong>le</strong>s<br />

conséquences néfastes que cela a eues <strong>sur</strong> la<br />

consommation privée et <strong>sur</strong> la croissance<br />

(<strong>le</strong>s prévisions pour 2002 étaient initia<strong>le</strong>ment<br />

de 7%). Des taux d'intérêt réels é<strong>le</strong>vés (6%<br />

en 2002) et une croissance faib<strong>le</strong> n’aident<br />

pas <strong>le</strong> gouvernement à poursuivre sa politique<br />

de désendettement visant à restreindre<br />

l’effet d’éviction dont souffre <strong>le</strong> secteur privé,<br />

mais la tendance à la baisse se poursuit.<br />

Ainsi la dette domestique compte pour 65%<br />

de la dette tota<strong>le</strong> en 2002 contre 73% en<br />

2000. En prévision des impacts négatifs<br />

potentiels <strong>sur</strong> la liquidité (-2 milliards de dollars<br />

rien que pour <strong>le</strong> secteur du tourisme,<br />

selon <strong>le</strong> Ministère du Tourisme) et pour limiter<br />

<strong>le</strong> recours au marché noir, <strong>le</strong> gouvernement<br />

a emprunté en devises en 2002. La<br />

structure de la dette ne présente toutefois<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

mai-00<br />

3,45<br />

3,21<br />

juil-00<br />

sep-00<br />

nov-00<br />

jan-01<br />

mars-01<br />

Taux de change<br />

mai-01<br />

juil-01<br />

3,98<br />

3,42<br />

sep-01<br />

nov-01<br />

jan-02<br />

mars-02<br />

mai-02<br />

juil-02<br />

sep-02<br />

Moyenne USD/EGP Moyenne XEU/EGP<br />

Sources : Fond Monétaire International, IFS avril<br />

<strong>2003</strong>, Banque centra<strong>le</strong> d’Egypte.<br />

nov-02<br />

4,7<br />

4,62<br />

jan-03<br />

mars-03<br />

mai-03<br />

6,97<br />

6,17<br />

juil-03


aucun risque majeur. La solvabilité est satisfaisante<br />

puisque <strong>le</strong> service de la dette ne<br />

représente que 12% des exportations de<br />

biens et services, <strong>le</strong>s réserves couvrent 46%<br />

de la dette externe et la dette à court terme<br />

est peu importante (13,5% de la dette tota<strong>le</strong><br />

en 2001).<br />

Comme la plupart des PM (sauf Chypre,<br />

Israël et Malte), <strong>le</strong> problème de l’Egypte est<br />

la fragilité des ressources <strong>sur</strong> <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />

reposent <strong>le</strong> budget en regard de la rigidité de<br />

ses dépenses.<br />

Fragilité des ressources en premier lieu car nel et 26,8% des dépenses tota<strong>le</strong>s sont<br />

la part des impôts indirects est assez faib<strong>le</strong> absorbées par <strong>le</strong> service de la dette. Si dans<br />

(26% des recettes tota<strong>le</strong>s dont 46% de <strong>le</strong>s périodes diffici<strong>le</strong>s, des coupes sont<br />

TVA) comme cel<strong>le</strong> des impôts directs. faites dans <strong>le</strong>s dépenses d’investissement<br />

L’exploitation du canal de Suez génère une (15,1% des dépenses tota<strong>le</strong>s en 2002 vs<br />

large part des ressources de l’Etat (8,6% 21,9% en 1999) ce n’est pas <strong>le</strong> cas de<br />

des ressources) soit quasiment autant que cel<strong>le</strong>s affectées à la défense qui absorbent<br />

<strong>le</strong>s prélèvements <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s revenus des indivi- régulièrement autour de 10% des dépenses<br />

dus (8,9%). Mais, <strong>le</strong>s recettes de Suez sont tota<strong>le</strong>s. De ce fait, <strong>le</strong>s études montrent que<br />

directement fonction du climat politique globa<strong>le</strong>ment la politique budgétaire a eu<br />

régional. Les revenus issus des anciens des effets contre-productifs importants,<br />

droits du seigneur, c’est-à-dire non issus de notamment <strong>sur</strong> la qualité de la main-<br />

taxes, sont encore très é<strong>le</strong>vés en Egypte d'œuvre et <strong>le</strong> fonctionnement du marché du<br />

(28,3% des recettes tota<strong>le</strong>s en 2002) ainsi travail (Fawzy, 2002, Galal, 2002). La poli-<br />

Evolution des réserves de change et taux de dollarisation de l’économie<br />

Millions de dollars US<br />

22000<br />

20000<br />

18000<br />

16000<br />

14000<br />

12000<br />

10000<br />

13750<br />

16020<br />

17990<br />

19132<br />

19%<br />

20622<br />

-83-<br />

que <strong>le</strong>s droits de douane (12%). En même<br />

temps, il est diffici<strong>le</strong> d’augmenter la contribution<br />

des impôts <strong>sur</strong> <strong>le</strong> revenu et <strong>le</strong>s<br />

affaires dans un contexte de ra<strong>le</strong>ntissement<br />

économique. Les limites que subit <strong>le</strong> gouvernement<br />

concernant la TVA sont identiques<br />

dans la me<strong>sur</strong>e où l’accroître risquerait<br />

de générer une instabilité socia<strong>le</strong>.<br />

Enfin, <strong>le</strong> bouclage du budget dépend crucia<strong>le</strong>ment<br />

de l’aide étrangère (4,7%) par<br />

nature incertaine.<br />

Rigidité des dépenses ensuite car 33% des<br />

dépenses courantes concernent <strong>le</strong> person-<br />

34060 34243 34425 34608 34790 34973 35156 35339 35521 35704 35886 36069 36251 36434 36617 36800 36982 37165 37347 37530 37712<br />

18%<br />

19801<br />

17%<br />

Réserves de change Taux de dollarisation<br />

1/ non compris <strong>le</strong>s dépôts des non-résidents<br />

2/ Avant septembre 2002 <strong>le</strong> taux de dollarisation était calculé comme <strong>le</strong> ratio de la liquidité en monnaies<br />

étrangères <strong>sur</strong> la liquidité tota<strong>le</strong>. Après septembre 2002, c’est <strong>le</strong> ratio des dépôts en monnaies étrangères<br />

<strong>sur</strong> la liquidité tota<strong>le</strong> non compris <strong>le</strong>s dépôts des non-résidents.<br />

Source : Banque centra<strong>le</strong> d’Egypte.<br />

15099<br />

14244<br />

19%<br />

23%<br />

26%<br />

15380<br />

27%<br />

13644<br />

14466<br />

0,3<br />

0,25<br />

0,2<br />

0,15<br />

0,1<br />

0,05<br />

0<br />

Dépôts en monnaies étrangères en % de la<br />

liquidité tota<strong>le</strong> 1/ 2/


tique économique égyptienne a jusqu’ici<br />

échoué à créer <strong>le</strong>s externalités positives qui<br />

auraient pu induire des gains de productivité<br />

aussi bien dans <strong>le</strong> secteur public que<br />

privé (Cottenet, 2001).<br />

La situation macro-économique de l’Egypte<br />

risque fort d’être profondément modifiée<br />

avec l’entrée en vigueur en janvier <strong>2003</strong> du<br />

nouveau régime de change flottant, notamment<br />

par :<br />

(i) l’impact de la politique monétaire <strong>sur</strong><br />

l’économie maintenant qu’el<strong>le</strong> a retrouvé<br />

une certaine indépendance vis-à-vis<br />

du dollar ;<br />

(ii) l’impact <strong>sur</strong> la position extérieure : est<br />

ce que <strong>le</strong> flottement du change permettra<br />

réel<strong>le</strong>ment à l’Egypte de profiter de<br />

son ouverture.<br />

Une redéfinition de la politique monétaire<br />

porteuse de nombreux espoirs<br />

L’aspect très positif du passage aux changes tique via <strong>le</strong> canal du crédit qui peut lui-même<br />

flottants de janvier <strong>2003</strong> est qu’il a été choi- servir <strong>le</strong>s objectifs économiques nationaux.<br />

si par <strong>le</strong>s autorités et non subi suite à une En régime de change fixe, en effet, <strong>le</strong>s taux<br />

crise de balance des paiements par exemp<strong>le</strong>, domestiques sont dictés par <strong>le</strong>s taux prati-<br />

Facilités bancaires au secteur non-gouvernemental et dépôts auprès des banques<br />

Milliards de Livres égyptiennes<br />

350<br />

300<br />

250<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

117<br />

144<br />

82%<br />

72%<br />

En monnaie loca<strong>le</strong><br />

147<br />

91%<br />

162<br />

Secteur non-gouvernemental Ratio des prêts <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

dépôts en monnaie loca<strong>le</strong> (échel<strong>le</strong> de droite) 1/<br />

Secteur privé Ratio des prêts <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

82%<br />

dépôts en monnaie loca<strong>le</strong> (échel<strong>le</strong> de<br />

droite) 2/<br />

210<br />

172<br />

99%<br />

89%<br />

173<br />

184<br />

99%<br />

186<br />

92%<br />

94%<br />

87%<br />

223<br />

-84-<br />

ce qui lui donne une crédibilité forte de<br />

même qu’à la politique monétaire qui va l’accompagner.<br />

Ce changement prouve, en effet,<br />

la détermination des autorités à briser avec<br />

<strong>le</strong>s anciennes pratiques qui ont empêché <strong>le</strong><br />

pays de véritab<strong>le</strong>ment tirer parti de l’ouverture.<br />

Reste à savoir comment <strong>le</strong> gouvernement<br />

va pérenniser ce capital.<br />

La principa<strong>le</strong> difficulté à laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s autorités<br />

vont devoir faire face est la redéfinition des<br />

instruments de <strong>le</strong>ur politique monétaire. La<br />

très importante perte de réserves de change<br />

due à l’ancrage au dollar a entraîné la raréfaction<br />

des devises et entravé la bonne<br />

marche de l’économie. La dollarisation de<br />

l’économie (cf. figure précédente) a distendu<br />

<strong>le</strong>s liens existants entre <strong>le</strong>s décisions de politique<br />

monétaire et <strong>le</strong>s comportements des<br />

agents. Bien que ce soit en grande partie <strong>le</strong><br />

résultat de me<strong>sur</strong>es disciplinaires, <strong>le</strong>s prêts<br />

sont plus systématiquement adossés à la<br />

monnaie domestique (cf. figure suivante).<br />

Cette situation renforce l’efficacité de la poli-<br />

107%<br />

99%<br />

107%<br />

98%<br />

Secteur privé Ratio des prêts <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

dépôts en monnaies étrangères<br />

(échel<strong>le</strong> de droite)<br />

43 40 45<br />

42<br />

83%<br />

88%<br />

43<br />

49<br />

67%<br />

En monnaies étrangères<br />

Secteur non-gouvernemental, ratio<br />

des prêts <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s dépôts en monnaies<br />

étrangères (échel<strong>le</strong> de droite)<br />

Juin 1998 Juin 1999 Juin 2000 Juin 2001 Avril <strong>2003</strong> Juin 1998 Juin 1999 Juin 2000 Juin 2001 Avril <strong>2003</strong><br />

Prêts en monnaie loca<strong>le</strong> Dépôts en monnaie loca<strong>le</strong> Prêts en monnaie étrangère Dépôts en monnaie étrangère<br />

1/ Non-gouvernemental y compris <strong>le</strong> secteur public, <strong>le</strong> secteur privé, <strong>le</strong> secteur des ménages et <strong>le</strong>s nonrésidents.<br />

2/ Secteur privé hors secteur public.<br />

Source : Banque centra<strong>le</strong> d’Egypte<br />

71%<br />

44<br />

62<br />

54%<br />

61%<br />

61<br />

101<br />

120%<br />

100%<br />

80%<br />

60%<br />

40%<br />

20%<br />

0%


qués par <strong>le</strong> pays d’ancrage car toute différence<br />

entraîne des mouvements de capitaux<br />

qui peuvent être importants.<br />

Le danger est que <strong>le</strong>s entreprises domestiques<br />

ont eu souvent recours aux prêts en devises<br />

étrangères relativement moins coûteux, en<br />

dollars en particulier. Le risque de change<br />

auquel sont exposés ces entreprises et <strong>le</strong> système<br />

bancaire est important dans la me<strong>sur</strong>e<br />

où la dévaluation potentiel<strong>le</strong> est forte, <strong>le</strong> taux<br />

de change réel étant encore de supérieur à son<br />

niveau de 1990. Une étude du FMI de septembre<br />

2002 a évalué <strong>le</strong>s créances douteuses<br />

à 14% du total des crédits des banques. Les<br />

mécanismes de contrô<strong>le</strong> et de supervision des<br />

opérations bancaires ne sont pas suffisamment<br />

efficaces pour prévenir ce type de risque.<br />

Des me<strong>sur</strong>es de renégociation des prêts ont<br />

été annoncées, mais cel<strong>le</strong>s-ci pourraient être<br />

insuffisantes pour éviter des faillites nombreuses<br />

face aux conséquences conjuguées du<br />

flottement de la monnaie, du ra<strong>le</strong>ntissement<br />

de l’économie et des chocs externes.<br />

L’activité du marché parallè<strong>le</strong> a néanmoins<br />

diminué. La mise en flottement du change<br />

permet a priori de répondre à l’importante<br />

demande nationa<strong>le</strong> de devises. Le prix du<br />

dollar <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché parallè<strong>le</strong> s’est donc stabilisé<br />

mais à un taux plus é<strong>le</strong>vé que celui qui<br />

peut être obtenu auprès des banques (6,15-<br />

6,20 contre 5,95 LE). Cela a eu pour effet,<br />

d’une part de réduire la spéculation, et<br />

d’autre part de faire revenir <strong>le</strong>s devises dans<br />

<strong>le</strong> système bancaire. Les avoirs en devises<br />

des banques ont été éga<strong>le</strong>ment nourris par<br />

l’obligation faite aux agences de tourisme et<br />

aux exportateurs de <strong>le</strong>ur revendre <strong>le</strong>urs<br />

recettes en monnaies étrangères. Les<br />

besoins des importateurs ont été couverts<br />

plus faci<strong>le</strong>ment.<br />

Cependant, la confiance dans la monnaie<br />

domestique n’est pas encore établie.<br />

-85-<br />

L’ancrage au dollar a permis de réduire et<br />

stabiliser l’inflation aux a<strong>le</strong>ntours de 2,5%<br />

l’an, mais ce résultat ne peut être conservé<br />

que sous certaines conditions. Notamment<br />

cela exclue la monétisation des déficits qui se<br />

sont creusés ou une politique monétaire trop<br />

expansionniste par rapport aux capacités<br />

d’adaptation à la demande du secteur privé.<br />

En attendant un éclaircissement du rô<strong>le</strong> de la<br />

banque centra<strong>le</strong>, de son statut, de son degré<br />

d’indépendance vis-à-vis du gouvernement<br />

et de la hiérarchie de ses objectifs, <strong>le</strong> taux de<br />

dollarisation de l’économie progresse (27,2%<br />

en avril <strong>2003</strong> contre 18,5% en 1997) et <strong>le</strong><br />

dollar reste une va<strong>le</strong>ur refuge.<br />

Enfin, <strong>le</strong>s répercussions du flottement du<br />

change <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s équilibres externes sont <strong>le</strong>s<br />

effets <strong>le</strong>s plus bénéfiques attendus, mais <strong>le</strong>ur<br />

apparition est incertaine. En premier lieu,<br />

l’expérience prouve qu’un tel régime cambiaire<br />

ne garantit pas <strong>le</strong> rééquilibrage des<br />

comptes externes. En second lieu, <strong>le</strong>s exportations<br />

égyptiennes souffrent d’un manque<br />

de compétitivité ce qui limite <strong>le</strong>ur expansion<br />

et <strong>le</strong>s incertitudes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> change risquent de<br />

décourager <strong>le</strong>s investisseurs.<br />

Les échanges de marchandises : une<br />

amélioration structurel<strong>le</strong> favorab<strong>le</strong> qui<br />

pourrait aider à réduire <strong>le</strong> déficit<br />

Deux tendances contradictoires s’observent<br />

dans <strong>le</strong>s échanges de marchandises de<br />

l’Egypte depuis 1990.<br />

D’une part, l’ouverture et la position extérieure<br />

se sont nettement dégradées. Ainsi, <strong>le</strong><br />

taux d’ouverture est en 2001 de 6 points<br />

inférieur à ce qu’il était en 1990 (25% contre<br />

31% pour la somme des exportations et des<br />

importations ramenée à la production intérieure)<br />

et <strong>le</strong> déficit des échanges de biens<br />

s’est profondément creusé pour atteindre<br />

plus de 10 milliards de dollars.


D’autre part, <strong>le</strong> commerce extérieur de<br />

l’Egypte se modifie structurel<strong>le</strong>ment dans un<br />

sens favorab<strong>le</strong>. En termes de produits, <strong>le</strong>s<br />

exportations se diversifient. Ainsi, la part des<br />

produits pétroliers est passée de 67% des<br />

exportations en 1990 à 29% en 2001, tandis<br />

que cel<strong>le</strong> des produits industriels (postes 6 à<br />

8 de la CTCI) augmentait de 22% à 43%,<br />

notamment grâce à la progression des<br />

artic<strong>le</strong>s manufacturés (de 4 à 19% des<br />

exportations entre 1990 et 2001).<br />

Du point de vue géographique, il n’est pas<br />

aisé de mettre en avant un effet du <strong>partenariat</strong><br />

: la part des exportations à destination<br />

de l’Union a certes progressé entre 1995 et<br />

2001 (de 54% à 57%), mais est toujours<br />

inférieure à ce qu’el<strong>le</strong> était en 1990 (59%). A<br />

l’inverse, la part des importations européennes<br />

est en 2001 proche du niveau du<br />

début de la dernière décennie (38%), mais<br />

en net retrait par rapport à son niveau de<br />

1995 (44%). En ce qui concerne <strong>le</strong>s<br />

échanges intraméditerranéens, ils ont sensib<strong>le</strong>ment<br />

crû, tant du point de vue des exportations<br />

(9% des exportations tota<strong>le</strong>s et 4%<br />

des importations), mais l’essentiel de la<br />

croissance est antérieur à 1995.<br />

Une position globa<strong>le</strong> objectivement en<br />

retrait vis-à-vis des PM notamment <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> plan social<br />

A l’instar de la situation généra<strong>le</strong> des PM,<br />

l’Egypte comparée aux autres économies<br />

dans <strong>le</strong> monde affiche une position subjective<br />

largement sous-évaluée vis-à-vis de sa<br />

position selon <strong>le</strong>s critères économiques<br />

objectifs. Néanmoins, de ce point de vue, el<strong>le</strong><br />

fait relativement moins bien que la moyenne<br />

des PM.<br />

Tel<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong>s sont perçues, <strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>sses<br />

de l’économie égyptienne proviennent<br />

essentiel<strong>le</strong>ment :<br />

-86-<br />

(i) des barrières aux échanges très é<strong>le</strong>vées.<br />

Plus que <strong>le</strong> taux nominal de protection<br />

qui a sérieusement baissé ces<br />

dernières années, ce jugement de protectionnisme<br />

relève essentiel<strong>le</strong>ment des<br />

procédures douanières. Cel<strong>le</strong>s-ci apparaissent<br />

compliquées et rigides, longues<br />

et discrétionnaires. Les autorités n’ont<br />

ainsi pas à justifier <strong>le</strong>urs décisions,<br />

notamment dans <strong>le</strong> classement des produits<br />

dans une catégorie tarifaire et il<br />

n’existe pas de procédure d’appel formel<strong>le</strong><br />

de ces décisions.<br />

(ii) D’une dérégulation en retrait du fait d’un<br />

grand interventionnisme de l’État. Là<br />

encore sont stigmatisés <strong>le</strong> manque de<br />

transparence, la bureaucratie excessive<br />

et l’aspect arbitraire des administrations.<br />

Du point de vue des principaux indicateurs<br />

macroéconomiques, la situation de l’Égypte<br />

est dans l’ensemb<strong>le</strong> moyenne, tant relativement<br />

à l’ensemb<strong>le</strong> des économies dans <strong>le</strong><br />

monde que des autres PM. Mais, dans ce dernier<br />

cas, <strong>le</strong>s performances égyptiennes sont<br />

légèrement en retrait <strong>sur</strong> la plupart des indicateurs,<br />

sauf en ce qui concerne la dette (à la<br />

fois <strong>le</strong> niveau d’endettement et <strong>le</strong> poids du<br />

service me<strong>sur</strong>ée relativement aux échanges)<br />

et <strong>le</strong> financement du secteur privé, ce qui<br />

laisse augurer de bonnes perspectives d’amélioration.<br />

Restent deux grandes faib<strong>le</strong>sses :<br />

(i) l’économie est relativement plus fermée<br />

que la moyenne, du point de vue des<br />

échanges relativement à la population<br />

comme des flux d’investissement.<br />

(ii) Mais, l’aspect <strong>le</strong> plus préoccupant<br />

concerne la sphère socia<strong>le</strong> où l’Égypte<br />

relativement aux autres PM est en<br />

retard, comme <strong>le</strong> montre <strong>le</strong> niveau<br />

faib<strong>le</strong> de l’indicateur de développement<br />

humain du PNUD ou celui de l’espérance<br />

de vie, inférieure à la moyenne des<br />

autres PM.


Egypte<br />

5,00<br />

4,00<br />

3,00<br />

2,00<br />

1,00<br />

0,00<br />

Egypt 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs<br />

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie<br />

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)<br />

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants<br />

Liberté d'échange <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)<br />

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)<br />

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)<br />

Contrô<strong>le</strong> du marché noir 7 Balance du Compte Courant<br />

Participation et transparence 8 Croissance du PIB<br />

Contrô<strong>le</strong> de la corruption 9 Déficit Budgétaire<br />

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)<br />

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)<br />

12 Service de la dette (% export. de biens et services)<br />

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)<br />

14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)<br />

UE Subj.<br />

Comparaison des critères subjectifs<br />

1<br />

5<br />

10<br />

2<br />

4<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

13<br />

10<br />

7<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

et des critères objectifs<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

Classe 5<br />

++<br />

2<br />

7<br />

5<br />

UE Obj.<br />

3<br />

6<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

10<br />

7<br />

13<br />

10<br />

Classe 4<br />

+<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Classe 3<br />

Moyen<br />

-87-<br />

12<br />

11<br />

Objectifs<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

8<br />

Subjectif<br />

2<br />

7<br />

Classe 2<br />

-<br />

EGYPTE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commercia<strong>le</strong><br />

1990 1995 2001<br />

Taux d'ouverture (X+M/PIB)<br />

Orientation des exportations (en%)<br />

30,80% 32,70% 25,10%<br />

vers l'UE 59,0% 53,9% 56,9%<br />

vers <strong>le</strong>s PM 2,1% 7,2% 8,6%<br />

vers RdM<br />

Orientation des importations (en%)<br />

38,9% 39,0% 34,5%<br />

issues de l'UE 38,0% 43,7% 37,8%<br />

issues des PM 1,8% 2,3% 4,3%<br />

issues de RdM<br />

Taux de couverture X/M<br />

60,1% 54,0% 57,9%<br />

avec l'UE 0,67 0,50 0,46<br />

avec RdM<br />

Soldes en millions de dollars<br />

0,28 0,29 0,18<br />

avec l'UE -1 277 -3 130 -3 182<br />

avec RdM<br />

Indices de concentration des exportations<br />

-4 456 -5 458 -7 379<br />

vers <strong>le</strong> monde 0,57 0,25 0,18<br />

vers l'UE<br />

Termes de l'échange (1990=100) (*)<br />

0,61 0,26 0,26<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des exportations 100 121 121<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des importations 100 105 122<br />

Termes de l'échange 100 116 99<br />

Pouvoir d'achat des exportations<br />

Indicateurs de commerce intrabranche<br />

100 127 149<br />

avec <strong>le</strong> monde 8,9 10,0 14,2<br />

avec l'UE 9,8 12,0 14,4<br />

avec RdM 6,8 8,9 12,3<br />

(*) Source : Cnuced<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4<br />

12<br />

11<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Objectifs Subjectif<br />

UE Obj. UE Subj.<br />

Classe 1<br />

--<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4


Va<strong>le</strong>ur et structure des échanges de l'Egypte avec ses principaux partenaires par grandes catégories de<br />

produits (en millions de dollars et en %)<br />

Monde<br />

Reste du<br />

Monde<br />

UE<br />

Partenaires<br />

Med. (**)<br />

AC10 (**)<br />

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS<br />

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001<br />

0 148 506 470 1 844 2 449 2 398 -1 696 -1 943 -1 927 3% 9% 10% 18% 17% 15%<br />

1 3 11 11 94 136 170 -92 -125 -159 0% 0% 0% 1% 1% 1%<br />

2 219 305 346 676 716 618 -457 -411 -272 5% 5% 7% 7% 5% 4%<br />

3 3 019 2 837 1 362 138 144 228 2 880 2 693 1 134 67% 49% 29% 1% 1% 1%<br />

4 1 3 182 469 321 -182 -468 -318 0% 0% 0% 2% 3% 2%<br />

5 48 209 386 937 1 500 2 122 -889 -1 291 -1 736 1% 4% 8% 9% 11% 14%<br />

6 622 1 097 953 1 544 2 260 2 135 -923 -1 162 -1 182 14% 19% 20% 15% 16% 14%<br />

7 192 136 193 4 067 5 232 5 859 -3 875 -5 096 -5 667 4% 2% 4% 39% 37% 38%<br />

8 190 603 895 685 1 171 1 344 -494 -568 -450 4% 10% 19% 7% 8% 9%<br />

9 49 57 149 146 183 396 -97 -126 -247 1% 1% 3% 1% 1% 3%<br />

Total 4 489 5 762 4 768 10 314 14 259 15 592 -5 825 -8 498 -10 823 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 44 198 185 1 211 1 717 1 865 -1 167 -1 519 -1 680 3% 9% 11% 20% 22% 21%<br />

1 2 10 6 65 97 122 -63 -88 -116 0% 0% 0% 1% 1% 1%<br />

2 161 135 174 596 388 430 -435 -253 -256 9% 6% 11% 10% 5% 5%<br />

3 1 113 1 045 292 55 102 50 1 058 943 242 64% 47% 18% 1% 1% 1%<br />

4 1 158 423 305 -158 -423 -305 0% 0% 0% 3% 5% 3%<br />

5 10 98 132 443 522 924 -433 -423 -792 1% 4% 8% 7% 7% 10%<br />

6 257 334 281 928 1 232 1 175 -671 -899 -894 15% 15% 17% 15% 16% 13%<br />

7 12 33 30 2 233 2 384 3 059 -2 221 -2 351 -3 030 1% 1% 2% 36% 31% 34%<br />

8 113 342 502 463 772 849 -350 -430 -347 6% 15% 30% 7% 10% 9%<br />

9 35 51 44 51 66 246 -16 -15 -202 2% 2% 3% 1% 1% 3%<br />

Total 1 748 2 245 1 647 6 204 7 704 9 025 -4 456 -5 458 -7 379 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 92 272 162 608 685 413 -516 -413 -251 3% 9% 6% 15% 11% 7%<br />

1 2 29 34 46 -29 -34 -44 0% 0% 0% 1% 1% 1%<br />

2 51 130 139 73 310 169 -21 -180 -30 2% 4% 5% 2% 5% 3%<br />

3 1 882 1 635 1 036 84 42 70 1 799 1 594 966 71% 53% 38% 2% 1% 1%<br />

4 1 24 46 16 -24 -45 -16 0% 0% 0% 1% 1% 0%<br />

5 29 84 187 456 922 1 108 -427 -838 -921 1% 3% 7% 12% 15% 19%<br />

6 329 634 568 515 918 786 -186 -284 -218 12% 20% 21% 13% 15% 13%<br />

7 179 95 143 1 821 2 770 2 695 -1 642 -2 675 -2 552 7% 3% 5% 46% 44% 46%<br />

8 71 247 372 220 390 444 -148 -142 -72 3% 8% 14% 6% 6% 8%<br />

9 13 5 105 95 116 149 -82 -111 -44 0% 0% 4% 2% 2% 3%<br />

Total 2 648 3 103 2 714 3 924 6 233 5 896 -1 277 -3 130 -3 182 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 11 36 123 25 47 120 -14 -11 3 12% 9% 30% 13% 15% 18%<br />

1 1 3 4 2 -4 1 0% 0% 1% 0% 1% 0%<br />

2 6 41 33 7 19 19 -1 22 14 7% 10% 8% 4% 6% 3%<br />

3 24 157 34 107 24 156 -73 25% 38% 8% 0% 0% 16%<br />

4 2 2 0% 0% 1% 0% 0% 0%<br />

5 9 26 67 37 56 90 -28 -29 -24 9% 6% 16% 20% 17% 13%<br />

6 36 130 104 101 109 174 -65 21 -70 38% 31% 25% 54% 34% 26%<br />

7 1 9 20 13 78 105 -12 -69 -85 1% 2% 5% 7% 24% 16%<br />

8 6 14 20 2 10 51 4 4 -31 6% 3% 5% 1% 3% 8%<br />

9 1 1 1 -1 1% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Total 93 413 408 186 323 670 -93 90 -263 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 1 7 7 8 23 -16 6% 13% 15% 2% 4% 9%<br />

1 14 1 2 -14 -1 -2 0% 0% 0% 68% 0% 1%<br />

2 12 8 5 12 6 -4 2% 20% 19% 0% 2% 5%<br />

3 3 2 4 26 -24 2% 6% 4% 0% 2% 10%<br />

4 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

5 2 1 1 20 14 -1 -17 -12 2% 4% 3% 4% 9% 5%<br />

6 8 23 11 3 86 71 5 -63 -60 83% 40% 26% 14% 39% 27%<br />

7 4 3 1 75 101 -71 -97 5% 8% 8% 4% 35% 39%<br />

8 4 9 2 8 8 -1 -4 1 2% 7% 21% 8% 4% 3%<br />

9 1 2 11 3 -11 0% 2% 3% 0% 5% 1%<br />

Total 10 58 43 20 217 260 -10 -160 -215 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétro<strong>le</strong>; 3 = Combustib<strong>le</strong>s minéraux;<br />

4 = Hui<strong>le</strong>s, graisses anima<strong>le</strong>s & végéta<strong>le</strong>s; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;<br />

8 = Artic<strong>le</strong>s manufacturés; 9 = Biens non classés<br />

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël<br />

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

-88-


Israël<br />

Israël a certes connu une croissance moyenne<br />

de 3% depuis la deuxième moitié des<br />

années 1995. Mais, après <strong>le</strong>s résultats<br />

records de 2000 (+7,4%), l’économie est<br />

entrée en forte récession du fait des tensions<br />

politiques persistantes avec <strong>le</strong>s Territoires<br />

Pa<strong>le</strong>stiniens, auxquel<strong>le</strong>s se sont greffés<br />

l’éclatement de la bul<strong>le</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s hautes technologies<br />

et <strong>le</strong> ra<strong>le</strong>ntissement de l’activité<br />

internationa<strong>le</strong>. Ainsi, en 2002 et pour la<br />

seconde année consécutive la croissance est<br />

négative à -1%.<br />

Tous <strong>le</strong>s secteurs de l’économie israélienne<br />

sont touchés : la construction affiche des taux<br />

de croissance négatifs depuis trois ans ; l’industrie<br />

a connu un retournement spectaculaire,<br />

après avoir atteint 14%, en 2000, avec<br />

deux années consécutives de récession (-6,1%<br />

en 2001 et –2,2% en 2002). De fait, depuis <strong>le</strong><br />

début de la crise, <strong>le</strong> PIB a régressé de 3%.<br />

L’impact <strong>sur</strong> <strong>le</strong> chômage est naturel<strong>le</strong>ment<br />

très important : <strong>le</strong> nombre de chômeurs augmente<br />

d’environ 10% par an depuis 2000 et<br />

touche, en mars <strong>2003</strong>, 10,8% de la population<br />

active.<br />

Composition sectoriel<strong>le</strong> du PIB<br />

% 2000 2001 2002<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

-5<br />

-10<br />

-15<br />

7,6 8,0<br />

3,3<br />

Agriculture,<br />

pêche<br />

14,0<br />

-6,1<br />

-2,2<br />

Industrie, y<br />

compris<br />

énergie<br />

-3,6<br />

-9,3<br />

-4,5<br />

7,4<br />

1,0<br />

-0,7<br />

Construction Total services<br />

Sources : Eurostat, programme Medstat, Ministère<br />

des Finances.<br />

-89-<br />

Cette tendance a incité <strong>le</strong>s autorités israéliennes<br />

à modifier <strong>le</strong> cadre légal régissant <strong>le</strong><br />

marché du travail, notamment pour ce qui<br />

touche la main-d’oeuvre étrangère : <strong>le</strong>s<br />

taxes <strong>sur</strong> l’emploi de travail<strong>le</strong>urs étrangers,<br />

qui représentent 14% de l’emploi dans <strong>le</strong><br />

secteur privé, ont été augmentées. Les effets<br />

de ces me<strong>sur</strong>es commencent à apparaître<br />

dans <strong>le</strong> secteur de la construction : l’emploi<br />

des étrangers y a diminué de 30,2% par rapport<br />

à 1997. Mais, cela ne relance pas la<br />

dynamique des créations d’emplois, toujours<br />

peu vigoureuse.<br />

Sur <strong>le</strong> plan macro-économique, la situation<br />

est la suivante :<br />

(i) Le commerce extérieur, qui a été <strong>le</strong><br />

moteur de la croissance pendant une décennie,<br />

subit depuis deux ans <strong>le</strong>s effets négatifs<br />

de la crise politique.<br />

Entre 1990 et 2001, l’ouverture globa<strong>le</strong> a<br />

légèrement progressé pour atteindre 55,5%<br />

de la production intérieure. La structure<br />

généra<strong>le</strong> des échanges est relativement<br />

diversifiée et axée <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s produits industriels<br />

de façon croissante, tandis que <strong>le</strong>s<br />

produits agrico<strong>le</strong>s perdent du terrain (de<br />

%<br />

8<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

-1<br />

-2<br />

3,4<br />

1988<br />

Croissance réel<strong>le</strong> 1988-<strong>2003</strong><br />

1,4<br />

1989<br />

6,2 5,9<br />

1990<br />

1991<br />

6,7<br />

1992<br />

3,3<br />

1993<br />

7 6,8<br />

1994<br />

1995<br />

4,7<br />

1996<br />

3,3 3<br />

1997<br />

1998<br />

2,6<br />

1999<br />

7,4<br />

2000<br />

-0,9 -1<br />

Sources : Eurostat, programme Medstat, Ministère<br />

des Finances.<br />

2001<br />

2002<br />

1<br />

<strong>2003</strong>


8% en 1990 à 3% en 2001). Ce sont<br />

d’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>s relations avec l’Union<br />

Européenne qui se modifient dans <strong>le</strong>ur<br />

structure : entre 1990 et 2001, la part des<br />

produits agrico<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s exportations<br />

vers l’Union est passée de 17% à 7%, tandis<br />

que, dans <strong>le</strong> même temps, cel<strong>le</strong> des «<br />

Machines et matériels de transport » augmentait<br />

de 12% à 30%. L’orientation géographique<br />

ne laisse pas apparaître un effet<br />

« volume » du <strong>partenariat</strong> euro-méditerranéen.<br />

Les exportations vers l’UE ne représentent<br />

que 27% des exportations tota<strong>le</strong>s,<br />

part assez proche du niveau de 1990<br />

(29%), mais nettement inférieure à celui de<br />

1995 (32%). Le phénomène est identique<br />

pour <strong>le</strong>s importations en provenance de l’UE<br />

(42% du total en 2001), en légère progression<br />

par rapport à 1990 (38%), mais en<br />

repli sensib<strong>le</strong> depuis 1995 (52%). Le déficit<br />

de la balance commercia<strong>le</strong> demeure à des<br />

niveaux é<strong>le</strong>vés depuis 1995 (environ 8 milliards<br />

de dollars), l’essentiel de ce déficit<br />

naissant des relations avec l’Union.<br />

Mais, depuis deux ans, <strong>le</strong>s exportations de<br />

biens et services connaissent des croissances (ii) Du côté de la demande interne, <strong>le</strong> seul<br />

fortement négatives (voir figure suivante). soutien de la croissance depuis 2000 est la<br />

Plus loin, <strong>le</strong>s exportations de biens manufac- consommation publique, rendant la situation<br />

turés de haute technologie, spécialisation de diffici<strong>le</strong>. A l’effondrement des exportations,<br />

Décomposition du PIB<br />

(cou<strong>le</strong>ur claire : 1998-2000, cou<strong>le</strong>ur moyenne : 2000-2001, cou<strong>le</strong>ur foncée : 2001-2002)<br />

10%<br />

5%<br />

0%<br />

-5%<br />

-10%<br />

-15%<br />

5,0%<br />

-1,1% -1,1%<br />

Produit<br />

Intérieur Brut<br />

5,4%<br />

4,1% 4,0%<br />

1,7%<br />

Consommation<br />

Privée<br />

-1,0%<br />

2,7%<br />

-90-<br />

l’économie, ont de nouveau régressé de<br />

–0,9% dans <strong>le</strong>s premiers mois de <strong>2003</strong>.<br />

C’est éga<strong>le</strong>ment la tendance qui pèse <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

flux financiers. Si, en 2001, <strong>le</strong>s IDE se sont<br />

maintenus (3 044 millions de dollars en 2001<br />

contre 4 392 millions de dollars en 2000<br />

selon l’UNCTAD), <strong>le</strong>s financements bancaires<br />

continuent d’afficher des sorties importantes<br />

(–1 302 millions de dollars en 2001), tout<br />

comme <strong>le</strong>s investissements de portefeuil<strong>le</strong><br />

(–910 millions en 2001 contre +2 947 en<br />

2000) —source FMI juin 2002.<br />

Le taux de change s’est déprécié en 2002<br />

vis-à-vis des principaux partenaires et en<br />

particulier du dollar, mais <strong>le</strong>s exportations ne<br />

réagissent qu’avec retard à ce type de changement<br />

et il faudra attendre fin <strong>2003</strong> pour en<br />

voir <strong>le</strong>s effets éventuel<strong>le</strong>ment bénéfiques.<br />

Toutefois, la nature de la croissance, aux<br />

Etats-Unis notamment, focalisée <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

industries traditionnel<strong>le</strong>s n’avantage pas<br />

Israël dont <strong>le</strong>s exportations concernent <strong>sur</strong>tout<br />

des produits technologiques.<br />

-0,5%<br />

-7,5%<br />

-8,8%<br />

Sources : Fond Monétaire International, IFS avril <strong>2003</strong>, Banque centra<strong>le</strong>.<br />

Consommation<br />

Publique<br />

Investissement<br />

fixe<br />

4,1%<br />

-13,3%<br />

Exportations<br />

de biens et<br />

services<br />

-4,8%<br />

2,7%<br />

-2,1% -1,9%<br />

Importations<br />

de biens et<br />

services


s’ajoutent la chute de l’investissement (-<br />

7,5% en 2000 et -8,8% en 2002) et, maintenant,<br />

cel<strong>le</strong> de la consommation privée<br />

(–1% en 2002), en partie imputab<strong>le</strong> à l’évolution<br />

défavorab<strong>le</strong> des salaires qui perdent<br />

6% en 2002 en termes réels soit une réduction<br />

du pouvoir d’achat de 12% (Institut<br />

israélien de la statistique, chiffres d’octobre<br />

2002). L’amélioration pour <strong>2003</strong> sera probab<strong>le</strong>ment<br />

peu importante du fait de la pression<br />

à la baisse des salaires induite par <strong>le</strong>s plans<br />

de licenciements qui se multiplient et de l’absence<br />

d’évolution <strong>sur</strong> la plan du conflit avec<br />

<strong>le</strong>s pa<strong>le</strong>stiniens.<br />

(ii) La politique monétaire reste extrêmement<br />

restrictive, orientée vers <strong>le</strong> respect de la cib<strong>le</strong><br />

d’inflation annoncée en août 2000, un taux de<br />

2-3% en 2002. Les autorités ont éga<strong>le</strong>ment<br />

maintenu des taux d'intérêt réels é<strong>le</strong>vés afin<br />

de limiter <strong>le</strong>s sorties de capitaux. Le premier<br />

objectif a été atteint faci<strong>le</strong>ment en 2000 et<br />

2001 avec des taux de 1,1%. Certes, <strong>le</strong> taux<br />

d’inflation est remonté à 5,8% en 2002, mais<br />

<strong>le</strong>s enquêtes <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s anticipations d’inflation<br />

semb<strong>le</strong>nt indiquer que cela ne relève pas de<br />

tensions inflationnistes structurel<strong>le</strong>s mais de<br />

l’ajustement du taux de change, retardé du<br />

fait du niveau des taux d'intérêt.<br />

%<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

-5<br />

-10<br />

-15<br />

22<br />

12<br />

10<br />

6<br />

4<br />

1<br />

Politique monétaire<br />

-3<br />

M2 Avances au secteur public Crédit à l'économie<br />

domestique<br />

Sources : Fond Monétaire International, IFS avril <strong>2003</strong>, Banque centra<strong>le</strong>.<br />

-9<br />

-91-<br />

Mais, <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan du deuxième objectif, cette<br />

stratégie a été un échec puisque <strong>le</strong>s investissements<br />

directs ont encore baissé, atteignant<br />

585 millions de dollars en 2002<br />

(chiffres FMI, balance des paiements) ; <strong>le</strong>s<br />

investissements de portefeuil<strong>le</strong> plongent à –1<br />

910 millions de dollars en 2002. Ainsi, <strong>le</strong><br />

solde du compte financier passe d’un excédent<br />

de 3 788 millions de dollars en 2000 à<br />

un déficit de –746 millions de dollars en<br />

2002. Le pays a donc été victime de la fuite<br />

vers des placements moins risqués, et ne<br />

subsiste que <strong>le</strong> coût supporté en termes de<br />

ra<strong>le</strong>ntissement de la croissance. En même<br />

temps, <strong>le</strong>s autorités sont contraintes dans<br />

<strong>le</strong>ur choix car el<strong>le</strong>s doivent éviter une dégradation<br />

de <strong>le</strong>ur notation par <strong>le</strong>s agences de<br />

rating internationa<strong>le</strong>s qui pèserait <strong>sur</strong> <strong>le</strong>ur<br />

gestion de la dette. La dette tota<strong>le</strong> représente<br />

106% du PIB en 2002 dont 75% est interne<br />

mais seu<strong>le</strong>ment 14% de la dette tota<strong>le</strong> est<br />

à court terme.<br />

Néanmoins, compte-tenu de la situation, <strong>le</strong>s<br />

taux ont été diminués en 2002 afin d’aider au<br />

redémarrage de la croissance.<br />

(iii) La politique budgétaire est très prudente,<br />

orientée vers une restructuration :<br />

1993-1997 1998-2000 2001 2002<br />

15<br />

11<br />

11<br />

4<br />

1<br />

Inflation<br />

6


(a) des systèmes d’allocation : <strong>le</strong> gouvernement<br />

a abaissé <strong>le</strong>s transferts sociaux et<br />

notamment <strong>le</strong>s allocations chômage<br />

dont la générosité est jugée non incitative.<br />

Le gouvernement compte ainsi<br />

faire revenir <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché du travail <strong>le</strong>s<br />

allocataires de revenus de substitution<br />

afin d’accroître <strong>le</strong> taux de participation<br />

au niveau de celui des pays de l’OCDE<br />

(65% contre 56% en Israël) et faire<br />

régresser la pauvreté. La charge des<br />

salaires représente une part stab<strong>le</strong> du<br />

budget de 15% soit la moitié de cel<strong>le</strong> de<br />

l’Egypte ou de l’Algérie et <strong>le</strong> tiers de<br />

cel<strong>le</strong> de la Jordanie, du Maroc ou de la<br />

Tunisie. El<strong>le</strong> a été réduite de 2,8% en<br />

termes réels en 2002 après une hausse<br />

de 2,6% en 2001 et de 5,9% en 2000.<br />

(b) Des dépenses dirigées vers <strong>le</strong> poste<br />

recherche et capital (15% du budget en<br />

2002) pour renforcer <strong>le</strong>s infrastructures<br />

et accroître la productivité, tout en<br />

tirant mieux parti des investissements<br />

en éducation (14% des dépenses) et en<br />

santé publique (13%, <strong>le</strong> taux <strong>le</strong> plus<br />

fort de la zone). Il faut noter <strong>sur</strong> ce dernier<br />

plan, que la structure démographique<br />

en Israël diffère de cel<strong>le</strong>s des<br />

autres PM, non pas <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan de la<br />

20<br />

18<br />

16<br />

14<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

16<br />

17<br />

19<br />

18<br />

12 12<br />

11<br />

10<br />

Dépenses<br />

% 1995-1997 1998-2000 2001 2002<br />

8<br />

6<br />

5<br />

4<br />

15 15<br />

14 14 14<br />

12<br />

11<br />

12<br />

Dépenses de Intérêts de laInvestissement<br />

Dépenses Dépenses de<br />

personnel dette publique dans <strong>le</strong>s d'éducation en santé en %<br />

dépenses % des des dépenses<br />

tota<strong>le</strong>s dépenses<br />

tota<strong>le</strong>s<br />

tota<strong>le</strong>s<br />

-92-<br />

jeunesse de la population (28% de<br />

moins de 15 ans en 2000), mais <strong>sur</strong><br />

celui de la proportion des plus de 65<br />

ans (près de 10%), deux fois plus é<strong>le</strong>vée<br />

que la moyenne des PM. Cela oblige<br />

donc à avoir des dépenses de santé<br />

plus é<strong>le</strong>vées. Mais, en contrepartie,<br />

cette frange de la population a des<br />

capacités d’épargne plus importantes.<br />

Enfin, <strong>le</strong> pas des réformes a été accéléré.<br />

Les autorités jouent donc la carte de la<br />

rigueur budgétaire pour ne pas peser <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

perspectives de croissance à long terme.<br />

El<strong>le</strong>s espèrent que, malgré la récession, <strong>le</strong><br />

déficit ne dépassera pas 3% du PIB en <strong>2003</strong>,<br />

ce qui apparaît très optimiste compte tenu<br />

du résultat atteint en 2002 (3,97% du PIB)<br />

et de la détérioration continuel<strong>le</strong> de la situation<br />

économique et socia<strong>le</strong> (réduction des<br />

recettes fisca<strong>le</strong>s). De plus, sans amélioration<br />

de la situation régiona<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s marges de<br />

manœuvre du gouvernement israélien sont<br />

fortement contraintes par <strong>le</strong> niveau des<br />

dépenses de défense.<br />

Les aides internationa<strong>le</strong>s, notamment la prise<br />

en garantie par <strong>le</strong>s Etats-Unis des nouveaux<br />

titres de dette émis, en allégeant <strong>le</strong> service<br />

798080<br />

77<br />

45<br />

42 41<br />

40<br />

Recettes<br />

% 1995-1997 1998-2000 2001 2002<br />

28 282728<br />

61<br />

59 59 60<br />

Sources : Ministère des Finances, Banque centra<strong>le</strong>, Fond Monétaire International, GDF octobre 2002.<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Revenus des<br />

taxes<br />

Impôts<br />

directs<br />

Impôts<br />

indirects<br />

dont TVA


de la dette déterminent <strong>le</strong> degré de f<strong>le</strong>xibilité<br />

du budget et l’amp<strong>le</strong>ur des interventions<br />

possib<strong>le</strong>s de l’Etat <strong>sur</strong> l’économie. Malgré <strong>le</strong><br />

poids de la dette interne, <strong>le</strong> secteur bancaire<br />

ne semb<strong>le</strong> cependant pas fragilisé.<br />

Une position objective exceptionnel<strong>le</strong> en<br />

Méditerranée mais des facteurs de<br />

risque qui hypothèquent <strong>le</strong>s rating<br />

Comme on pouvait s’y attendre, la position<br />

d’Israël n’a aucune commune me<strong>sur</strong>e avec<br />

cel<strong>le</strong> des autres PM. Du point de vue des indicateurs<br />

macroéconomiques, l’économie dans<br />

<strong>le</strong>s bonnes années fait même mieux que <strong>le</strong>s<br />

pays de l’Union (l’année de référence est<br />

2001), notamment en termes d’inflation<br />

(1,12% contre 3%), de croissance du PIB (6%<br />

contre 2,29%). Toutefois, ce portrait statique<br />

fondé <strong>sur</strong> la période 2001, élude ici un point<br />

essentiel : la situation politique qui rend pour<br />

ainsi dire anecdotique toute tentative de<br />

rendre compte de la situation économique (et<br />

suspecte la va<strong>le</strong>ur de certains indicateurs<br />

comme <strong>le</strong> déficit budgétaire officiel qui ne<br />

prend pas en compte <strong>le</strong>s dépenses militaires).<br />

On notera néanmoins dans <strong>le</strong> cadre des<br />

aspects subjectifs quelques faib<strong>le</strong>sses non<br />

liées à ce quasi-état de guerre :<br />

(i) la régulation des marchés financiers n’est<br />

pas jugée du niveau du standard des économies<br />

développées. Ici, la participation<br />

encore trop importante de l’État dans <strong>le</strong><br />

secteur bancaire, <strong>le</strong>s restrictions de participations<br />

étrangères dans ce secteur et<br />

certaines dispositions particulières<br />

(ii)<br />

comme l’interdiction faite aux banques<br />

d’opérer dans <strong>le</strong> secteur des as<strong>sur</strong>ances<br />

ou l’encadrement strict limitant <strong>le</strong>ur<br />

capacité à gérer des fonds de pension.<br />

La transparence et <strong>le</strong> niveau démocratique<br />

est éga<strong>le</strong>ment en retrait de ce que<br />

l’on trouve dans <strong>le</strong>s pays développés.<br />

-93-<br />

(iii) L’activité <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché noir est extrêmement<br />

développée, notamment pour<br />

tout ce qui concerne <strong>le</strong>s produits norma<strong>le</strong>ment<br />

protégés par la propriété<br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>, plus encore que dans la<br />

moyenne des autres PM. A l’instar de ce<br />

qui est mis en avant pour la plupart des<br />

PM, c’est la mise en application des<br />

textes qui est fustigée.


Israël<br />

5,00<br />

4,00<br />

3,00<br />

2,00<br />

1,00<br />

0,00<br />

Israel 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs<br />

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie<br />

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)<br />

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants<br />

Liberté d'échange <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)<br />

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)<br />

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)<br />

Contrô<strong>le</strong> du marché noir 7 Balance du Compte Courant<br />

Participation et transparence 8 Croissance du PIB<br />

Contrô<strong>le</strong> de la corruption 9 Déficit Budgétaire<br />

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)<br />

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)<br />

12 Service de la dette (% export. de biens et services)<br />

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)<br />

14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)<br />

UE Subj.<br />

Comparaison des critères subjectifs<br />

1<br />

5<br />

10<br />

4<br />

2<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

13<br />

10<br />

7<br />

Objectifs<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

et des critères objectifs<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

Classe 5<br />

++<br />

2<br />

7<br />

5<br />

UE Obj.<br />

3<br />

6<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

10<br />

7<br />

13<br />

10<br />

Subjectif<br />

Classe 4<br />

+<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Classe 3<br />

Moyen<br />

-94-<br />

12<br />

11<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

2<br />

7<br />

Classe 2<br />

-<br />

ISRAEL - Les principaux indicateurs de l'ouverture commercia<strong>le</strong><br />

1990 1995 2001<br />

Taux d'ouverture X+M/PIB<br />

Orientation des exportations (en%)<br />

52,20% 53,40% 55,50%<br />

vers l'UE 29% 32% 27%<br />

vers <strong>le</strong>s PM 1% 1% 1%<br />

vers RdM<br />

Orientation des importations (en%)<br />

70% 67% 72%<br />

issues de l'UE 38% 52% 42%<br />

issues des PM 0% 1% 2%<br />

issues de RdM<br />

Taux de couverture X/M<br />

62% 47% 56%<br />

avec l'UE 0,61 0,42 0,49<br />

avec RdM<br />

Soldes en millions de dollars<br />

0,88 0,97 0,96<br />

avec l'UE -2 221 -8 519 -7 143<br />

avec RdM<br />

Indices de concentration des exportations<br />

-1 104 -407 -673<br />

vers <strong>le</strong> monde 0,27 0,29 0,34<br />

vers l'UE<br />

Indicateurs de commerce intrabranche<br />

0,19 0,18 0,19<br />

avec <strong>le</strong> monde 48,4 51,2 48,9<br />

avec l'UE 37,3 39,0 40,5<br />

avec RdM 36,8 43,1 42,1<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4<br />

12<br />

11<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Objectifs Subjectif<br />

UE Obj. UE Subj.<br />

Classe 1<br />

--<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4


Va<strong>le</strong>ur et structure des échanges d'Israël avec ses principaux partenaires par grandes catégories de<br />

produits (en millions de dollars et en %)<br />

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS<br />

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001<br />

0 978 950 870 947 1 505 1 654 31 -555 -783 8% 5% 3% 6% 5% 5%<br />

1 21 39 11 73 111 188 -53 -72 -177 0% 0% 0% 0% 0% 1%<br />

2 437 510 536 610 721 609 -173 -211 -74 4% 3% 2% 4% 3% 2%<br />

3 80 3 7 1 354 1 368 3 169 -1 275 -1 365 -3 162 1% 0% 0% 9% 5% 10%<br />

Monde<br />

4<br />

5<br />

1<br />

1 734<br />

1<br />

2 804<br />

6<br />

3 584<br />

37<br />

1 508<br />

89<br />

2 641<br />

62<br />

3 134<br />

-35<br />

226<br />

-88<br />

164<br />

-56<br />

450<br />

0%<br />

14%<br />

0%<br />

15%<br />

0%<br />

14%<br />

0%<br />

10%<br />

0%<br />

9%<br />

0%<br />

9%<br />

6 4 397 7 053 10 335 5 330 9 063 9 228 -934 -2 010 1 107 36% 37% 41% 35% 32% 28%<br />

7 2 930 5 111 7 223 4 047 9 624 11 929 -1 117 -4 512 -4 705 24% 27% 29% 26% 34% 36%<br />

8 1 455 2 121 2 480 1 086 2 336 3 243 369 -215 -763 12% 11% 10% 7% 8% 10%<br />

9 20 454 5 332 582 71 -312 -128 -66 0% 2% 0% 2% 2% 0%<br />

Total 12 052 19 045 25 059 15 324 28 039 33 287 -3 272 -8 994 -8 228 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 372 340 385 547 696 966 -175 -356 -581 4% 3% 2% 6% 5% 5%<br />

1 10 33 7 51 81 124 -41 -48 -118 0% 0% 0% 1% 1% 1%<br />

2 160 139 160 463 397 354 -303 -258 -194 2% 1% 1% 5% 3% 2%<br />

3 78 1 3 1 347 1 360 3 115 -1 268 -1 360 -3 112 1% 0% 0% 14% 10% 17%<br />

Reste du<br />

4 1 1 3 21 50 30 -20 -49 -28 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Monde<br />

5 902 1 380 2 251 864 905 1 193 38 475 1 057 11% 11% 13% 9% 7% 6%<br />

6 3 368 5 193 8 309 2 345 2 956 4 620 1 023 2 237 3 690 40% 41% 46% 25% 23% 25%<br />

7 2 502 3 801 5 152 2 922 5 122 6 516 -420 -1 321 -1 364 30% 30% 29% 31% 39% 35%<br />

8 1 010 1 377 1 669 665 1 063 1 672 345 314 -3 12% 11% 9% 7% 8% 9%<br />

9 12 407 5 295 450 26 -283 -43 -21 0% 3% 0% 3% 3% 0%<br />

Total 8 416 12 673 17 943 9 521 13 080 18 616 -1 104 -407 -673 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 605 606 481 387 778 627 218 -172 -145 17% 10% 7% 7% 5% 5%<br />

1 10 5 5 22 30 62 -12 -25 -57 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

2 268 353 359 142 308 240 126 44 119 8% 6% 5% 2% 2% 2%<br />

3 1 2 5 8 7 51 -6 -6 -46 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

UE<br />

4<br />

5 774 1 296<br />

1<br />

1 205<br />

15<br />

642<br />

34<br />

1 721<br />

20<br />

1 890<br />

-15<br />

132<br />

-33<br />

-425<br />

-19<br />

-686<br />

0%<br />

22%<br />

0%<br />

21%<br />

0%<br />

18%<br />

0%<br />

11%<br />

0%<br />

12%<br />

0%<br />

14%<br />

6 1 019 1 836 1 953 2 967 5 931 4 227 -1 949 -4 094 -2 274 29% 30% 29% 51% 40% 30%<br />

7 419 1 274 2 004 1 124 4 482 5 331 -704 -3 208 -3 326 12% 21% 30% 19% 31% 38%<br />

8 437 733 767 419 1 263 1 432 17 -530 -665 12% 12% 11% 7% 9% 10%<br />

9 7 45 36 115 44 -29 -70 -44 0% 1% 0% 1% 1% 0%<br />

Total 3 541 6 149 6 781 5 762 14 669 13 924 -2 221 -8 519 -7 143 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 1 4 4 13 31 61 -12 -27 -58 1% 2% 1% 32% 11% 8%<br />

1 2 -2 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

2 9 18 17 4 15 16 4 3 2 9% 8% 5% 10% 5% 2%<br />

3 4 -4 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Partenaires 4 2 6 11 -6 -9 0% 0% 1% 0% 2% 1%<br />

Med. (**) 5 58 128 129 2 15 50 56 113 79 61% 58% 38% 5% 5% 7%<br />

6 10 24 72 18 176 381 -8 -152 -309 10% 11% 22% 43% 61% 51%<br />

7 8 36 67 2 20 82 7 17 -15 9% 16% 20% 5% 7% 11%<br />

8 9 12 44 2 11 139 7 1 -95 9% 5% 13% 5% 4% 19%<br />

9 1 17 1 -16 -1 0% 0% 0% 1% 6% 0%<br />

Total 95 223 335 41 290 746 54 -68 -411 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 8 26 29 6 11 25 2 16 5 13% 11% 10% 8% 7% 10%<br />

1 1 -1 0% 0% 0% 0% 0% 1%<br />

2 3 5 5 8 8 8 -5 -3 -3 5% 2% 2% 10% 5% 3%<br />

3 1 1 -1 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

AC10 (***)<br />

4<br />

5 20 74 56 8<br />

2<br />

29<br />

1<br />

48 12<br />

-2<br />

45<br />

-1<br />

9<br />

0%<br />

31%<br />

0%<br />

30%<br />

0%<br />

19%<br />

0%<br />

10%<br />

1%<br />

19%<br />

0%<br />

19%<br />

6 10 30 47 52 73 62 -42 -43 -14 15% 12% 16% 64% 47% 24%<br />

7 14 81 121 5 28 74 9 53 46 21% 33% 42% 7% 18% 29%<br />

8 10 29 29 1 3 32 9 26 -3 15% 12% 10% 1% 2% 13%<br />

9 2 1 1 1 0% 1% 0% 0% 1% 0%<br />

Total 66 249 289 81 157 253 -15 92 37 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétro<strong>le</strong>; 3 = Combustib<strong>le</strong>s minéraux;<br />

4 = Hui<strong>le</strong>s, graisses anima<strong>le</strong>s & végéta<strong>le</strong>s; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;<br />

8 = Artic<strong>le</strong>s manufacturés; 9 = Biens non classés<br />

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël<br />

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

-95-


Jordanie<br />

Grâce à une diversification de la production<br />

et des échanges supérieure aux autres PM,<br />

la Jordanie a fait preuve d'une remarquab<strong>le</strong><br />

résilience aux chocs internes (sécheresse)<br />

et externes (ra<strong>le</strong>ntissement de la conjoncture<br />

internationa<strong>le</strong>, etc.) intervenus depuis<br />

2001, comme l’atteste la stabilité du taux<br />

de croissance. Entre 1997 et 2001, <strong>le</strong> taux<br />

annuel moyen a été de 3,6% et atteint<br />

4,8% en 2002.<br />

Fruit de la politique de réforme et de développement<br />

par l'ouverture de la Jordanie,<br />

cette diversification productive permet une<br />

montée en gamme des produits, au bénéfice<br />

d’une industrie manufacturière qui poursuit<br />

son développement et enregistre encore une<br />

forte progression en 2002 (10,6%), après<br />

cinq années de bons résultats.<br />

Ce mouvement doit être impérativement<br />

soutenu et poursuivi car, malgré une tendance<br />

à la progression du PIB par tête<br />

(3 966 dollars par habitant en 2000 contre<br />

3 818 en 1998), <strong>le</strong> taux de croissance est<br />

encore insuffisant pour absorber <strong>le</strong>s nouveaux<br />

entrants <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché du travail. Sur<br />

16,8<br />

Contribution des secteurs au PIB<br />

-96-<br />

la base de la période 1990-1999, il faudrait<br />

en effet un rythme de croissance annuel<strong>le</strong> du<br />

PIB de 8,3% pour atteindre <strong>le</strong> taux de création<br />

d'emplois nécessaire de 5,8% par an<br />

(Kel<strong>le</strong>r et Nabli, 2002). Aussi, <strong>sur</strong> la période<br />

2000-2002, <strong>le</strong> chômage augmente de 13,7%<br />

à 15,3%, particulièrement chez <strong>le</strong>s moins de<br />

25 ans (de 26,6% à 31%).<br />

Cette charge empêche non seu<strong>le</strong>ment l’amélioration<br />

significative des conditions socia<strong>le</strong>s,<br />

mais pèse éga<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> la compétitivité.<br />

Sur <strong>le</strong> premier plan, plus que <strong>le</strong> taux d’il<strong>le</strong>ttrisme<br />

(évalué à 10% mais ne s’améliorant<br />

pas et touchant plus fortement <strong>le</strong>s femmes,<br />

16%, que <strong>le</strong>s hommes, 5%), la qualification<br />

des travail<strong>le</strong>urs va souffrir du fait que seuls<br />

64% des enfants en âge d’être scolarisés<br />

dans <strong>le</strong> primaire <strong>le</strong> sont effectivement (59%<br />

dans <strong>le</strong> secondaire).<br />

Sur <strong>le</strong> second plan, il faut bien noter que la<br />

Jordanie est <strong>le</strong> PM pour <strong>le</strong>quel la croissance<br />

de la productivité des facteurs a <strong>le</strong> plus ra<strong>le</strong>nti,<br />

avec retournement de tendance important<br />

dans l’accumulation des facteurs (décroissance<br />

du rythme d’accumulation du capital et<br />

croissance du rythme du travail). Comme on<br />

% Part dans <strong>le</strong> PIB Croissance annuel<strong>le</strong> 2001 Croissance annuel<strong>le</strong> 2002<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

13,4<br />

9,8<br />

10,6<br />

11 11,5<br />

9<br />

3,6<br />

2,2<br />

3<br />

4<br />

5,8<br />

3,6<br />

2,6 2,6<br />

5,5<br />

6,8<br />

3,7<br />

1,7<br />

5,9 5,7<br />

3,7<br />

2,9<br />

4<br />

3,9<br />

2,82,1<br />

Agriculture<br />

Mines et<br />

extraction<br />

Secteur<br />

manufacturier<br />

E<strong>le</strong>ctricité et eau<br />

Données en termes constants aux prix de 1994.<br />

Sources : Département des Statistiques, Banque centra<strong>le</strong>, Eurostat, programme Medstat.<br />

Construction<br />

Commerce,<br />

restaurants, hôtels<br />

17,9<br />

Transport<br />

19,4<br />

Services financiers<br />

et d'as<strong>sur</strong>ance<br />

Services sociaux<br />

16,8<br />

Services<br />

gouvernementaux


l’a vu plus haut, c’est un mouvement fina<strong>le</strong>ment<br />

cohérent compte tenu de la contrainte<br />

d’absorption des nouveaux entrants <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

marché du travail, mais qui met en péril la<br />

dynamique de long terme, notamment vis-àvis<br />

des autres régions en développement.<br />

Toutefois, l’évolution récente apparaît favorab<strong>le</strong><br />

et montre que l’économie est <strong>sur</strong> la<br />

bonne voie :<br />

(i) la dynamique observée en 2002 des<br />

secteurs de la construction, des mines<br />

et de l'agriculture peut permettre d'absorber<br />

<strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs peu qualifiés,<br />

nombreux en Jordanie.<br />

(ii) L’analyse sectoriel<strong>le</strong> de l’investissement<br />

tend à indiquer une meil<strong>le</strong>ure allocation<br />

du capital. Les secteurs véhiculant <strong>le</strong>s<br />

technologies <strong>le</strong>s plus récentes et permettant<br />

des gains de productivité<br />

rapides représentent une part croissante<br />

de l'investissement total (services<br />

financiers et d'as<strong>sur</strong>ance, transports,<br />

secteur manufacturier et commerce,<br />

restaurants et hôtels). De même, la<br />

structure de la croissance de l'investissement<br />

est favorab<strong>le</strong> puisqu’il semb<strong>le</strong> se<br />

détourner de secteurs peu innovants<br />

%<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

-50<br />

-100<br />

48,1<br />

37,3 30,0<br />

2,6 3,3 10,0<br />

Agriculture<br />

Investissement sectoriel<br />

10,2<br />

-64,7<br />

0,4<br />

-47,4<br />

-97-<br />

(construction) et s'orienter de plus en<br />

plus vers ceux tournés vers la demande,<br />

vers l'exportation (mines et extraction,<br />

secteur manufacturier) et la valorisation<br />

du territoire (transports) qui contribuent<br />

à améliorer la productivité.<br />

En termes d’évolution macroéconomique, <strong>le</strong>s<br />

points remarquab<strong>le</strong>s sont :<br />

(i) <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché des biens à l’extérieur, la<br />

Jordanie reste un des pays <strong>le</strong>s plus extravertis<br />

de la région, malgré une chute du taux<br />

d’ouverture au cours de la première partie de<br />

la décennie (de 87,5% à 66,6%) : <strong>le</strong>s<br />

échanges représentent en 2001 près de 77%<br />

de la production intérieure. El<strong>le</strong> se distingue<br />

des autres partenaires méditerranéens <strong>sur</strong><br />

de nombreux points :<br />

(a) une orientation géographique origina<strong>le</strong> ;<br />

la faib<strong>le</strong>sse des relations avec l’Union<br />

Européenne demeure tout au long de la<br />

décennie, l’Union ne représentant que<br />

28% des importations jordaniennes et<br />

moins de 4% de ses exportations. A l’inverse,<br />

<strong>le</strong>s flux intra-méditerranéens<br />

sont plus importants qu’ail<strong>le</strong>urs et <strong>le</strong>ur<br />

part a presque doublé (de 7,6% à<br />

Accumulation du capital 1999-2000 part dans l'investissement total 2000<br />

Mines et<br />

extraction<br />

Secteur<br />

manufacturier<br />

Données en termes constants aux prix de 1994.<br />

Sources : Département des Statistiques, Banque centra<strong>le</strong>.<br />

E<strong>le</strong>ctricité et eau<br />

Construction<br />

7,7<br />

-15,5<br />

Commerce,<br />

restaurants,<br />

hôtels<br />

122,5<br />

20,2 19,9<br />

Transport<br />

-6,2<br />

Services financiers<br />

et d'as<strong>sur</strong>ance<br />

2,4<br />

-32,7<br />

Services sociaux<br />

22,8<br />

-1,2<br />

Services<br />

gouvernementaux


13,1% des exportations). De même, <strong>le</strong>s<br />

exportations vers d’autres pays du<br />

Moyen-Orient sont très développées, ce<br />

qui pourrait paradoxa<strong>le</strong>ment poser problème<br />

compte-tenu de la situation politique<br />

qu’a connue la région en <strong>2003</strong><br />

(l’Irak représentait près de 10% des<br />

exportations et 14% des importations<br />

en 2001). La Jordanie est <strong>le</strong> fer de lance<br />

de la politique de création d’une zone de<br />

libre-échange entre <strong>le</strong>s pays arabes et<br />

<strong>le</strong>s Etats-Unis. La feuil<strong>le</strong> de route<br />

publiée par <strong>le</strong>s Etats-Unis avance des<br />

chiffres de progression des exportations<br />

jordaniennes vers <strong>le</strong>s Etats-Unis mirobolants<br />

(en hausse de 60 à 76% en<br />

2002). Mais, la réalité apparaît toute<br />

différente : <strong>le</strong>s retombées commercia<strong>le</strong>s<br />

semb<strong>le</strong>nt ne pas avoir été à la hauteur<br />

des espérances et <strong>le</strong>s importations jordaniennes<br />

auraient même régressé<br />

légèrement. En fait, un amalgame a été<br />

fait avec un autre projet qui visait à établir<br />

des liens commerciaux entre Israël<br />

et <strong>le</strong>s pays arabes voisins afin de maintenir<br />

la paix dans la zone. Celui-ci prévoyait<br />

que <strong>le</strong>s produits manufacturés<br />

jordaniens pouvaient entrer <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché<br />

américain sans être soumis à quotas<br />

ou droits de douanes s’ils incorporaient<br />

au moins 8% de va<strong>le</strong>ur ajoutée<br />

israélienne. Les activités de ré-exportation<br />

(+48,3% en 2002) ont principa<strong>le</strong>ment<br />

profité à l’industrie du cuir qui,<br />

certes, est une industrie intensive en<br />

main d'œuvre mais dont <strong>le</strong> marché<br />

mondial est peu dynamique.<br />

(b) Une structure des exportations qui s’est<br />

largement diversifiée, <strong>le</strong>s matières premières<br />

hors hydrocarbures (phosphates<br />

notamment) ayant vu <strong>le</strong>ur poids dans <strong>le</strong><br />

total baisser de 38% en 1990 à 18% en<br />

2001, tandis que celui des artic<strong>le</strong>s manufacturés<br />

augmentait de 5 à 20% depuis<br />

1995. On notera que <strong>le</strong>s relations avec<br />

-98-<br />

l’Union ont éga<strong>le</strong>ment connu la même<br />

évolution : <strong>le</strong> poids de matières premières<br />

a chuté de 75% en 1995 à 33%<br />

en 2001, <strong>le</strong>s produits industriels (postes<br />

6 à 8 de la CTCI) passant eux de 9 à<br />

39%. Ce mouvement a entre autres permis<br />

à la Jordanie de réduire fortement la<br />

volatilité des termes de l’échange et du<br />

pouvoir d’achat de ses exportations.<br />

(c) Une balance commercia<strong>le</strong> structurel<strong>le</strong>ment<br />

déficitaire où la contribution de<br />

l’Union (pour près de la moitié de ce<br />

déficit : -1,3 milliards <strong>sur</strong> un déficit total<br />

de près de 3 milliards de dollars en<br />

2001) est hors de proportion eu égard à<br />

ce que représente <strong>le</strong> marché européen<br />

pour la Jordanie.<br />

En 2002 cependant, <strong>le</strong>s déficits de la balance<br />

des biens et des biens et services se réduisent<br />

respectivement de 13,2% et de 8%<br />

grâce à une hausse des exportations (20%)<br />

plus rapide que cel<strong>le</strong> des importations (+3%)<br />

et au maintien de l’excédent des services.<br />

Les recettes touristiques après avoir baissé<br />

en 2000 (-9%) et 2001 (-3%), se sont rétablies<br />

en 2002 (+12%). Cette résistance provient<br />

de la part du tourisme arabe (+17,4%<br />

en 2002) et africain (+21%) qui contrebalance<br />

cel<strong>le</strong> des européens (-25,3%) et des<br />

israéliens (-12%).<br />

Les besoins d'épargne ainsi générés sont<br />

couverts par <strong>le</strong>s transferts de fonds des travail<strong>le</strong>urs<br />

qui se renforcent (+10,3% en 2001<br />

et -6,3% en 2002) ainsi que par <strong>le</strong>s financements<br />

publics (+62% en 2001 et +10% en<br />

2002). Mais, en 2001, <strong>le</strong>s investissements de<br />

portefeuil<strong>le</strong> régressent (-22%), comme <strong>le</strong>s<br />

financements privés (-34%). Ces orientations<br />

ne devraient pas se modifier pour 2002.<br />

Avec la guerre en Irak, l’année <strong>2003</strong> s’annonçait<br />

diffici<strong>le</strong> malgré une bonne saison<br />

agrico<strong>le</strong>. En janvier et février <strong>2003</strong>, <strong>le</strong>s


exportations ont diminué de 13,6% et 15,2%<br />

respectivement par rapport aux résultats de<br />

l’année précédente. Les importations ont<br />

connu une évolution similaire avec <strong>le</strong> ra<strong>le</strong>ntissement<br />

de l’activité (-2,8% en janvier et -<br />

19,5% en février ). Le mois de mars fait<br />

cependant état d’un retour à la hausse des<br />

exportations (+29,7%) et des importations<br />

(+44,7%), signe peut-être que la confiance<br />

dans l’économie jordanienne n’a pas été<br />

durab<strong>le</strong>ment affectée par <strong>le</strong> climat politique.<br />

Toutefois, <strong>le</strong>s éventuel<strong>le</strong>s tensions <strong>sur</strong> la<br />

balance des paiements seront largement<br />

réduites grâce aux aides extérieures. Les<br />

Etats-Unis ont proposé de couvrir <strong>le</strong> manque<br />

à gagner dû à la perte du marché irakien que<br />

<strong>le</strong> gouvernement jordanien avait évalué à<br />

1,1 milliards de dollars. A cela s’ajoute <strong>le</strong>s<br />

250 millions d’aide directe et <strong>le</strong>s 198 millions<br />

d’aide militaire précédemment octroyés.<br />

D’autres bail<strong>le</strong>urs de fonds se sont joints à<br />

cet effort pour soutenir la balance courante<br />

jordanienne. Le Japon offre 50 millions d’aide<br />

budgétaire et autant pour <strong>le</strong> financement<br />

de projets de développement. L’Union européenne<br />

propose 35 millions d’euros. La<br />

Banque Mondia<strong>le</strong> intervient aussi sous la<br />

forme d’un programme d’aide <strong>sur</strong> trois ans<br />

(305 millions en tout) et <strong>le</strong> Club de Paris<br />

consent des reports de créances.<br />

(ii) Ces chiffres laissent supposer que du côté<br />

de la demande interne, en 2001 et 2002, <strong>le</strong>s<br />

exportations ont su tirer la croissance plus<br />

fortement que ne <strong>le</strong> laissent supposer <strong>le</strong>s<br />

chiffres pour 1998-2000 (figure suivante). La<br />

consommation privée est un autre moteur<br />

puissant. Néanmoins, entre 1998 et 2002, la<br />

consommation publique n'a pas nourri l'investissement<br />

ce qui signifie qu'un rattrapage<br />

est nécessaire.<br />

(iii) <strong>le</strong> taux de change effectif réel s'est<br />

apprécié passant de 118,5 en 1999 à 132,5<br />

-99-<br />

en avril 2002 ce qui nuit à la compétitivité<br />

des produits jordaniens. Cela est en grande<br />

partie dû à l'évolution du dollar. Cependant,<br />

l'ancrage de la monnaie au dollar peut se justifier<br />

aussi bien du point de vue (a) de la distribution<br />

géographique des échanges compte<br />

tenu, comme on l’a vu, de la part des exportations<br />

vers <strong>le</strong>s pays arabes, dont la plupart<br />

sont ancrés au dollar et de cel<strong>le</strong> des Etats-<br />

Unis ; (b) de la structure en devise de la<br />

dette qui privilégie <strong>le</strong> dollar à 32% en 2000<br />

et <strong>le</strong> yen à hauteur de 24%. La Jordanie doit<br />

donc restaurer sa compétitivité en jouant <strong>sur</strong><br />

la productivité des facteurs et <strong>le</strong>urs coûts.<br />

(iii) La politique monétaire, saine, est caractérisée<br />

par une réduction du seigneuriage et<br />

une croissance modérée de la masse monétaire.<br />

L'inflation est maîtrisée du fait de l'ancrage<br />

du change qui favorise l'importation de<br />

la crédibilité de la banque centra<strong>le</strong> américaine.<br />

En 2002, la relance de l'économie a pris<br />

la forme d'une forte hausse des crédits à<br />

l'économie qui ne s'est, pour l'instant, pas<br />

traduite par une augmentation des prix.<br />

Mais, tout risque n'est pas écarté.<br />

Les choix d'endettement ont deux objectifs :<br />

répondre aux besoins en devises dans <strong>le</strong>s<br />

périodes d'incertitudes, notamment poli-<br />

14%<br />

12%<br />

10%<br />

8%<br />

6%<br />

4%<br />

2%<br />

0%<br />

Décomposition du PIB 1998-2000<br />

3,5%<br />

Produit Intérieur<br />

Brut<br />

8,5%<br />

Consommation<br />

Privée<br />

5,7%<br />

Consommation<br />

Publique<br />

Source : Banque centra<strong>le</strong>.<br />

1,5%<br />

Investissement<br />

fixe<br />

8,5%<br />

Exportations de<br />

biens et services<br />

5,6%<br />

Importations de<br />

biens et services


tiques, et éviter de peser <strong>sur</strong> l'économie<br />

domestique. Ainsi la dette externe s'accroît<br />

comme <strong>le</strong> montant de la dette tota<strong>le</strong> par rapport<br />

au PIB mais la structure de la dette est<br />

favorab<strong>le</strong> (seu<strong>le</strong>ment 6% de dette à court<br />

terme en 2001) et la solvabilité est satisfaisante.<br />

Le service de la dette ne représente,<br />

en effet, que 14% des exportations et <strong>le</strong> ratio<br />

des réserves <strong>sur</strong> la dette externe s'améliore<br />

(42% en 2000 contre 53% en 2002).<br />

Le marché des actifs est en expansion faute<br />

d'une intermédiation bancaire de qualité. Le<br />

climat politique régional incite <strong>le</strong>s banques à<br />

la prudence et el<strong>le</strong>s hésitent à répercuter la<br />

baisse des taux (ils sont passés de 3% à<br />

2,75% début <strong>2003</strong>) <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s taux de crédit qui<br />

demeurent é<strong>le</strong>vés, même pour <strong>le</strong>s emprunteurs<br />

<strong>le</strong>s plus fiab<strong>le</strong>s (10%). Le morcel<strong>le</strong>ment<br />

des acteurs financiers joue éga<strong>le</strong>ment dans<br />

ce sens en limitant <strong>le</strong>urs capacités à faire<br />

face à des évolutions défavorab<strong>le</strong>s de la qualité<br />

de <strong>le</strong>urs actifs. La loi de 2000 qui encourage<br />

<strong>le</strong>s fusions n’a pas induit de changement<br />

notab<strong>le</strong> de la situation. Le rô<strong>le</strong> actuel<br />

de l’intermédiation financière dans <strong>le</strong> soutien<br />

de la croissance n’est donc pas satisfaisant.<br />

La nouvel<strong>le</strong> directive concernant <strong>le</strong>s ratios de<br />

solvabilité des banques qui lie plus étroite-<br />

11,5<br />

8,1<br />

7<br />

Politique monétaire<br />

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

-5<br />

-10<br />

3,9<br />

6,4<br />

4,4<br />

-2,6<br />

-8,2<br />

M2 Avances au<br />

secteur public<br />

5,9<br />

11,9<br />

3,74<br />

2,4<br />

1,8 1,91,81,8<br />

Crédit à<br />

l'économie<br />

domestique<br />

Inflation<br />

-100-<br />

ment <strong>le</strong>s fonds propres aux risques encourus<br />

ne peut qu’amplifier <strong>le</strong>s difficultés des établissements<br />

de petite tail<strong>le</strong> (entrée en<br />

vigueur prévue en 2004). Cela aura forcément<br />

un effet restrictif <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s prêts distribués.<br />

L’alternative pour <strong>le</strong>s entreprises est de<br />

recourir au marché obligataire qui a été particulièrement<br />

actif en 2002 (+40% par rapport<br />

à 2001). Cette forme de financement est<br />

à développer puisqu’el<strong>le</strong> ne représente encore<br />

que 141 millions de dollars en 2002 à<br />

comparer avec <strong>le</strong>s 7 milliards de dollars de<br />

capitalisation boursière du marché d’Amman.<br />

(iv) La politique budgétaire prudente permet<br />

de limiter <strong>le</strong> déficit à 3,9% du PIB, mais<br />

souffre des mêmes limites que <strong>le</strong>s autres<br />

partenaires méditerranéens bien qu'el<strong>le</strong> soit<br />

moins exposée aux aléas des prix des<br />

matières premières : fragilité des ressources<br />

et rigidité des dépenses.<br />

Les recettes des taxes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> commerce international<br />

représentent encore 11,6% des<br />

recettes tota<strong>le</strong>s, mais el<strong>le</strong>s ont été réduites de<br />

moitié en 8 ans ce qui prouve l'engagement de<br />

la Jordanie <strong>sur</strong> la voie de l'ouverture. Le revenu<br />

des taxes est encore insuffisant (49,3% en<br />

2002 des recettes tota<strong>le</strong>s). La TVA (25% des<br />

Endettement<br />

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002<br />

Sources : Fond Monétaire International, IFS avril <strong>2003</strong>, Eurostat, programme Medstat, Banque centra<strong>le</strong>.<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

-5<br />

-10<br />

3,9<br />

11,5<br />

8,1<br />

7<br />

6,4<br />

4,4<br />

-2,6<br />

-8,2<br />

M2 Avances au<br />

secteur public<br />

5,9<br />

11,9<br />

3,74<br />

2,4<br />

1,8 1,91,81,8<br />

Crédit à<br />

l'économie<br />

domestique<br />

Inflation


ecettes tota<strong>le</strong>s et 90,5% des impôts indirects)<br />

permet des ajustements. La Jordanie a, en<br />

2002, élargi <strong>le</strong> champ d’application de la TVA à<br />

certains des biens exonérés jusque là (2% <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> pain, thé, sucre, etc.). Ces me<strong>sur</strong>es ne l’ont<br />

pas empêché de perdre 7,5% des recettes fisca<strong>le</strong>s<br />

et 10,9% des recettes non fisca<strong>le</strong>s attendues<br />

du fait du rythme ra<strong>le</strong>nti des privatisations<br />

et des aléas de la mise en place de la<br />

TVA. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s impôts directs restent<br />

faib<strong>le</strong>s et pèsent assez peu <strong>sur</strong> l'expansion du<br />

secteur privé et de la consommation (20,5%<br />

des recettes tota<strong>le</strong>s en 2002).<br />

Du côté des dépenses, <strong>le</strong>s engagements font<br />

preuve d'une remarquab<strong>le</strong> stabilité. Le poste<br />

des salaires absorbe 49% et la défense 24%<br />

des dépenses tota<strong>le</strong>s. La part de ce dernier<br />

est presque aussi importante que pour Israël.<br />

Malgré ses difficultés, la Jordanie préserve <strong>le</strong><br />

niveau des dépenses de santé (9%), d'éducation<br />

(14%) et d'investissement (19%).<br />

Reste que, pour apprécier la dépendance de<br />

l’économie jordanienne vis-à-vis des financements<br />

internationaux, son déficit budgétaire<br />

doit s’apprécier hors dons. En 2002, il<br />

représente 8% du PIB. L’exercice <strong>2003</strong> qui<br />

retient des hypothèses de croissance écono-<br />

en % dépenses tota<strong>le</strong>s<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

25 24 24<br />

Dépenses de<br />

défense<br />

Dépenses<br />

49<br />

47<br />

44<br />

Dépenses de<br />

salaires<br />

1998-2000 2001 2002<br />

19 18 19<br />

Dépenses de<br />

capital<br />

13 13<br />

11<br />

Dépenses<br />

d'intérêt de la<br />

dette<br />

Source : Ministère des Finances, Fond Monétaire international, GDF 2002.<br />

-101-<br />

mique (5%), des exportations (15%) et de<br />

l’aide internationa<strong>le</strong> (16%) optimistes risque<br />

de se conclure par un déficit assez important.<br />

D’autant qu’il faudra intégrer la hausse<br />

des dépenses au titre du plan de transformations<br />

socia<strong>le</strong>s et économiques lancé par<br />

<strong>le</strong> roi en 2001.<br />

Une bonne position de la Jordanie vis-àvis<br />

des autres pays en développement<br />

Cas particulier au sein des PM, la Jordanie a<br />

une position é<strong>le</strong>vée, à la fois selon <strong>le</strong>s critères<br />

objectifs et subjectifs. D’ail<strong>le</strong>urs, sa<br />

performance du point de vue des critères<br />

macroéconomiques retenus est supérieure à<br />

cel<strong>le</strong> des nouveaux pays membres.<br />

Du point de vue des critères subjectifs, <strong>le</strong>s<br />

principa<strong>le</strong>s voies d’amélioration concernent :<br />

(i) la protection non tarifaire implicite due<br />

aux procédures douanières. Tandis que<br />

la protection tarifaire est faib<strong>le</strong> pour un<br />

pays en développement, <strong>le</strong>s procédures<br />

douanières apparaissent longues et <strong>sur</strong>tout<br />

arbitraires dans certains cas.<br />

(ii) Les marchés financiers, <strong>sur</strong>tout <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

plan du financement de long terme,<br />

en % des ressources tota<strong>le</strong>s<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

-20<br />

5051<br />

49<br />

Revenus des<br />

taxes<br />

24<br />

2220<br />

Impôts<br />

directs<br />

Recettes<br />

1998-2000 2001 2002<br />

16<br />

12 12<br />

28 28<br />

25<br />

Revenus des Impôts<br />

taxes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> indirects<br />

commerce<br />

international<br />

9190<br />

87<br />

-4 -3-4<br />

dont TVA Déficit<br />

budgétaire<br />

en % PIB


(iii) La transparence, en particulier dans <strong>le</strong>s<br />

administrations où <strong>le</strong>s procédures sont<br />

parfois appliquées de manière opaque<br />

ou arbitraire.<br />

Pour ce qui concerne <strong>le</strong>s indicateurs objectifs,<br />

<strong>le</strong>s grandes forces de l’économie jordanienne<br />

que sont <strong>le</strong> niveau des IDE en proportion de<br />

la production intérieure, la maîtrise de l’inflation<br />

et de la balance du compte courant et<br />

l’accès au crédit pour <strong>le</strong> secteur privé sont<br />

amoindries par :<br />

(i) un niveau général de développement<br />

humain à peine moyen, notamment <strong>sur</strong><br />

-102-<br />

<strong>le</strong> plan des conditions économiques (si <strong>le</strong><br />

niveau de l’espérance de vie est é<strong>le</strong>vé, <strong>le</strong><br />

PIB par tête est faib<strong>le</strong>, même vis-à-vis du<br />

niveau moyen des PM) ;<br />

(ii) une ouverture commercia<strong>le</strong> relativement<br />

à la population à peine moyenne,<br />

ce qui rend d’autant plus importante la<br />

réforme des procédures douanières ;<br />

(iii) un déficit budgétaire encore important ;<br />

(iv) un niveau d’endettement plus é<strong>le</strong>vé que<br />

dans <strong>le</strong>s autres PM ;<br />

(v) un niveau des infrastructures de télécommunications<br />

et d’utilisateurs d’internet<br />

moyen, inférieurs à ce que l’on observe<br />

dans <strong>le</strong>s pays en voie d’adhésion.


Jordanie<br />

5,00<br />

4,00<br />

3,00<br />

2,00<br />

1,00<br />

0,00<br />

Jordan 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs<br />

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie<br />

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)<br />

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants<br />

Liberté d'échange <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)<br />

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)<br />

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)<br />

Contrô<strong>le</strong> du marché noir 7 Balance du Compte Courant<br />

Participation et transparence 8 Croissance du PIB<br />

Contrô<strong>le</strong> de la corruption 9 Déficit Budgétaire<br />

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)<br />

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)<br />

12 Service de la dette (% export. de biens et services)<br />

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)<br />

14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)<br />

12<br />

11<br />

UE Subj.<br />

Comparaison des critères subjectifs<br />

1<br />

5<br />

10<br />

2<br />

4<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

7<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

et des critères objectifs<br />

14<br />

9<br />

5 1<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

Classe 5<br />

++<br />

2<br />

7<br />

5<br />

3<br />

6<br />

UE Obj.<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

10<br />

7<br />

13<br />

10<br />

Classe 4<br />

+<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Subjectif<br />

Objectifs<br />

Classe 3<br />

Moyen<br />

-103-<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

5 1<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

2<br />

7<br />

Classe 2<br />

-<br />

JORDANIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commercia<strong>le</strong><br />

1990 1995 2001<br />

Taux d'ouverture (X+M/PIB)<br />

Orientation des exportations (en%)<br />

87,50% 66,60% 76,80%<br />

vers l'UE 3,3% 6,3% 3,7%<br />

vers <strong>le</strong>s PM 7,6% 10,4% 13,1%<br />

vers RdM<br />

Orientation des importations (en%)<br />

89,1% 83,3% 83,2%<br />

issues de l'UE 22,8% 34,0% 28,2%<br />

issues des PM 5,4% 8,4% 8,4%<br />

issues de RdM<br />

Taux de couverture X/M<br />

71,8% 57,6% 63,4%<br />

avec l'UE 0,05 0,07 0,05<br />

avec RdM<br />

Soldes en millions de dollars<br />

0,44 0,58 0,51<br />

avec l'UE -562 -1 134 -1 304<br />

avec RdM<br />

Indices de concentration des exportations<br />

-1 048 -881 -1 501<br />

vers <strong>le</strong> monde 0,37 0,28 0,20<br />

vers l'UE<br />

Termes de l'échange (1990=100) (*)<br />

0,65 0,66 0,38<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des exportations 100 117 107<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des importations 100 99 105<br />

Termes de l'échange 100 118 102<br />

Pouvoir d'achat des exportations<br />

Indicateurs de commerce intrabranche<br />

100 168 170<br />

avec <strong>le</strong> monde 23,3 24,8 30,0<br />

avec l'UE 4,1 5,8 21,5<br />

avec RdM 22,8 20,1 28,0<br />

(*) Source : Cnuced<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4<br />

12<br />

11<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Objectifs Subjectif<br />

UE Obj. UE Subj.<br />

Classe 1<br />

--<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4


Va<strong>le</strong>ur et structure des échanges de la Jordanie avec ses principaux partenaires par grandes catégories de<br />

produits (en millions de dollars et en %)<br />

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS<br />

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001<br />

0 90 142 191 609 598 740 -519 -456 -548 10% 10% 10% 23% 17% 15%<br />

1 7 7 32 15 14 47 -8 -7 -14 1% 1% 2% 1% 0% 1%<br />

2 354 370 353 65 130 150 289 240 203 38% 26% 18% 3% 4% 3%<br />

3 471 379 699 -471 -379 -698 0% 0% 0% 18% 11% 14%<br />

Monde<br />

4<br />

5<br />

1<br />

285<br />

210<br />

431<br />

60<br />

487<br />

33<br />

287<br />

135<br />

456<br />

55<br />

535<br />

-32<br />

-2<br />

74<br />

-26<br />

5<br />

-48<br />

0%<br />

31%<br />

15%<br />

30%<br />

3%<br />

26%<br />

1%<br />

11%<br />

4%<br />

13%<br />

1%<br />

11%<br />

6 118 138 238 452 719 940 -334 -582 -702 13% 10% 12% 17% 20% 19%<br />

7 22 65 173 493 906 1 324 -472 -840 -1 151 2% 5% 9% 19% 25% 27%<br />

8 47 69 373 135 209 288 -88 -140 84 5% 5% 20% 5% 6% 6%<br />

9 43 52 94 -43 -52 -94 0% 0% 0% 2% 1% 2%<br />

Total 922 1 432 1 907 2 603 3 599 4 871 -1 681 -2 167 -2 964 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 76 109 161 425 346 491 -350 -236 -330 9% 9% 10% 23% 17% 16%<br />

1 6 5 30 4 4 38 2 1 -8 1% 0% 2% 0% 0% 1%<br />

2 312 275 314 44 85 110 268 190 204 38% 23% 20% 2% 4% 4%<br />

3 469 367 673 -469 -367 -673 0% 0% 0% 25% 18% 22%<br />

Reste du<br />

4 1 208 58 18 122 49 -17 86 10 0% 17% 4% 1% 6% 2%<br />

Monde<br />

5 256 390 412 163 220 298 93 170 114 31% 33% 26% 9% 11% 10%<br />

6 108 84 178 311 401 595 -203 -318 -417 13% 7% 11% 17% 19% 19%<br />

7 20 61 150 326 403 622 -305 -343 -472 2% 5% 9% 17% 19% 20%<br />

8 43 61 283 87 94 164 -44 -32 120 5% 5% 18% 5% 5% 5%<br />

9 24 32 49 -24 -32 -49 0% 0% 0% 1% 2% 2%<br />

Total 822 1 193 1 587 1 870 2 073 3 088 -1 048 -881 -1 501 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 3 10 3 151 152 148 -149 -142 -145 8% 11% 4% 26% 12% 11%<br />

1 2 10 10 5 -10 -8 -5 0% 2% 0% 2% 1% 0%<br />

2 22 67 23 14 39 34 8 28 -11 73% 75% 33% 2% 3% 2%<br />

3 2 1 25 -2 -1 -25 0% 0% 0% 0% 0% 2%<br />

UE<br />

4<br />

5 3 1 18<br />

14<br />

109<br />

13<br />

215<br />

5<br />

208<br />

-14<br />

-106<br />

-13<br />

-214<br />

-5<br />

-190<br />

0%<br />

10%<br />

0%<br />

1%<br />

0%<br />

26%<br />

2%<br />

18%<br />

1%<br />

18%<br />

0%<br />

15%<br />

6 1 4 16 77 224 178 -76 -220 -161 4% 5% 23% 13% 18% 13%<br />

7 1 163 469 662 -163 -468 -661 0% 0% 2% 27% 38% 48%<br />

8 2 5 10 36 80 77 -35 -75 -68 5% 6% 14% 6% 7% 6%<br />

9 16 20 33 -16 -20 -33 0% 0% 0% 3% 2% 2%<br />

Total 30 90 70 592 1 223 1 374 -562 -1 134 -1 304 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 12 23 28 33 101 101 -21 -78 -73 17% 15% 11% 23% 33% 25%<br />

1 1 1 2 1 3 1 -1 2% 0% 1% 0% 0% 1%<br />

2 20 28 16 7 6 6 13 22 10 29% 19% 6% 5% 2% 2%<br />

3 11 1 -11 -1 0% 0% 0% 0% 4% 0%<br />

Partenaires 4 2 2 2 2 -2 2 0% 1% 1% 1% 0% 0%<br />

Med. (**) 5 26 40 57 15 21 29 10 19 28 37% 27% 23% 11% 7% 7%<br />

6 8 50 44 64 94 168 -56 -44 -123 11% 33% 18% 46% 31% 41%<br />

7 1 4 22 5 34 40 -4 -29 -18 2% 3% 9% 4% 11% 10%<br />

8 2 2 80 12 35 48 -9 -33 32 3% 1% 32% 8% 12% 12%<br />

9 2 12 -2 -12 0% 0% 0% 2% 0% 3%<br />

Total 70 149 250 140 302 409 -71 -153 -159 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 15 3 6 -15 -3 -6 4% 1% 1% 42% 8% 18%<br />

1 0% 0% 4% 0% 0% 0%<br />

2 4 1 -1 4 0% 2% 67% 3% 1% 0%<br />

3 1 19% 3% 8% 0% 0% 0%<br />

AC10 (***)<br />

4<br />

5 2 1 3 5 5 -3 -3 -4<br />

0%<br />

5%<br />

0%<br />

79%<br />

0%<br />

16%<br />

1%<br />

10%<br />

0%<br />

14%<br />

0%<br />

15%<br />

6 12 19 14 -12 -19 -14 19% 5% 0% 33% 53% 41%<br />

7 2 7 7 -2 -7 -7 0% 4% 1% 6% 20% 19%<br />

8 1 2 1 1 -1 -1 -1 52% 6% 2% 5% 4% 4%<br />

9 1 0% 0% 0% 0% 0% 2%<br />

Total 1 3 6 36 35 34 -35 -33 -27 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétro<strong>le</strong>; 3 = Combustib<strong>le</strong>s minéraux;<br />

4 = Hui<strong>le</strong>s, graisses anima<strong>le</strong>s & végéta<strong>le</strong>s; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;<br />

8 = Artic<strong>le</strong>s manufacturés; 9 = Biens non classés<br />

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël<br />

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

-104-


Liban<br />

La situation du Liban reste toujours préoccupante.<br />

Sur <strong>le</strong> plan de la croissance, l’amélioration<br />

est patente. Entre 1998 et 2000, <strong>le</strong> PIB<br />

n’a cru que de 0,5% par an, mais ce taux<br />

atteint +1,3% en 2001 et la Banque Mondia<strong>le</strong><br />

prévoit une croissance de 3,5% en 2002.<br />

Le secteur qui a connu la croissance la plus<br />

rapide en 2001 est l’agriculture (+2,6%),<br />

mais el<strong>le</strong> ne représente que 12% de la va<strong>le</strong>ur<br />

ajoutée. L’industrie qui compte pour 21,9%<br />

du PIB (10,3% du PIB pour <strong>le</strong> seul secteur<br />

manufacturier) se redresse et affiche maintenant<br />

une progression de 1,2%. Surtout, en<br />

2002, il a permis une très nette progression<br />

dans la création d’emploi (+51,9%). Le secteur<br />

des services (66,1% du PIB) augmente<br />

son rythme de croissance, +1,7% en 2001<br />

contre +0,6% en 2000. Ces évolutions sectoriel<strong>le</strong>s<br />

indiquent que <strong>le</strong>s efforts de restructuration<br />

du gouvernement semb<strong>le</strong>nt commencer<br />

à porter <strong>le</strong>urs fruits.<br />

Mais, el<strong>le</strong>s sont encore insuffisantes pour<br />

faire face aux nécessités d’emploi. Le chômage<br />

reste é<strong>le</strong>vé et touche 10% de la population<br />

active, plus particulièrement <strong>le</strong>s jeunes<br />

(24% en 2000).<br />

Décomposition du PIB<br />

(cou<strong>le</strong>ur claire : 1995-2000, cou<strong>le</strong>ur moyenne : 2000-2001)<br />

15%<br />

10%<br />

5%<br />

0%<br />

-5%<br />

-10%<br />

-15%<br />

1,7% 1,3%<br />

Produit Intérieur<br />

Brut<br />

-2,2%<br />

8,8%<br />

Consommation<br />

Privée<br />

7,8%<br />

-1,9%<br />

Consommation<br />

Publique<br />

-9,8%<br />

Investissement<br />

fixe<br />

-6,5%<br />

Source : Banque mondia<strong>le</strong>, 2002.<br />

11,4%<br />

-2,2% -2,2%<br />

Exportations de<br />

biens et services<br />

5,3%<br />

Importations de<br />

biens et services<br />

-105-<br />

Bien que <strong>le</strong> Liban ait réussi à enrayer la chute<br />

du PIB par tête (-1,8% en 2000 ; 0% en<br />

2001 ; prévisions de la Banque Mondia<strong>le</strong><br />

pour 2001-2005 de +1,4% par an), la pauvreté<br />

s’aggrave d’autant que <strong>le</strong>s populations<br />

se concentrent dans <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s (90% de la<br />

population tota<strong>le</strong>). L’il<strong>le</strong>ttrisme touche encore<br />

14% de la population en 2001 avec une forte<br />

discrimination par genre (19,7% de femmes<br />

et 7,9% d’hommes) mais qui se réduit.<br />

L’enjeu pour <strong>le</strong> Liban va donc consister, dans<br />

<strong>le</strong>s toutes prochaines années à :<br />

(i) assainir sa gestion budgétaire et son<br />

endettement afin de moins peser <strong>sur</strong><br />

l’économie domestique,<br />

(ii) redynamiser son ouverture (<strong>le</strong>s exportations<br />

ne représentent que 11,5% du<br />

PIB en 2001 contre 47,5% pour la<br />

Tunisie ou 44,2% pour la Jordanie)<br />

(iii) restaurer l’importance du pays en tant<br />

que place financière internationa<strong>le</strong>.<br />

La situation actuel<strong>le</strong> peut être résumée de la<br />

façon suivante :<br />

(i) Sur <strong>le</strong> marché des biens, <strong>le</strong>s années 1990<br />

n’ont pas permis au Liban d’améliorer son<br />

ouverture commercia<strong>le</strong> : <strong>le</strong> taux d’ouverture<br />

22,1<br />

10,3<br />

Politique monétaire 1/<br />

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

-5<br />

-10<br />

7,4 7,6<br />

24,8<br />

10,6<br />

5,5<br />

8,9<br />

33,1<br />

13,7<br />

11,7<br />

0,5<br />

M3 M4 Crédit à l'économie<br />

domestique<br />

9,92<br />

0,6<br />

-4,9<br />

Inflation<br />

1/ Taux de croissance annuel moyen.<br />

Sources : Banque centra<strong>le</strong>, Eurostat, programme<br />

Medstat, Fond Monétaire International, juin 2002.


(importations+exportations <strong>sur</strong> PIB) a ainsi<br />

baissé de 67% à 42%. Dans <strong>le</strong> même temps,<br />

malgré <strong>le</strong>s accords d’association, <strong>le</strong>s relations<br />

avec l’Union semb<strong>le</strong>nt se distendre : l’Union<br />

ne représente plus que 19% des exportations<br />

libanaises en 2001 contre 38% en 1990. Le<br />

mouvement est moindre au niveau des importations,<br />

mais de même direction, <strong>le</strong> poids de<br />

l’Union passant de 50% à 45% au cours de la<br />

même période. Dans <strong>le</strong> même temps, <strong>le</strong> Liban<br />

développe ses relations avec <strong>le</strong>s autres PM qui<br />

absorbent maintenant 15% des exportations<br />

(contre 9% en 1990) et fournissent 8% des<br />

importations (4% en 1990).<br />

Cette modification sensib<strong>le</strong> de l’orientation<br />

des échanges n’a toutefois pas entraîné<br />

d’amélioration du déficit structurel des<br />

échanges (près de 5 milliards de dollars en<br />

2001). Au contraire, <strong>le</strong> taux de couverture<br />

avec l’Union se détériore fortement.<br />

La structure des exportations évolue légèrement,<br />

mais de façon ambiguë. Certes, la<br />

concentration des exportations baisse dans la<br />

décennie, sous l’effet d’une réduction du<br />

poids des exportations de matières premières<br />

hors hydrocarbures (de 22% à 9% du<br />

Dollarisation de l'économie 2/<br />

billions de LBE<br />

16000<br />

14000<br />

12000<br />

10000<br />

8000<br />

6000<br />

4000<br />

2000<br />

0<br />

88 13998<br />

2941<br />

avr-89<br />

65<br />

avr-91<br />

69<br />

4974<br />

10056<br />

53<br />

avr-93<br />

avr-95<br />

11451<br />

avr-97<br />

Taux de dollarisation Réserves de change<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

65<br />

60<br />

50<br />

40<br />

5435<br />

30<br />

4582<br />

20<br />

10<br />

0<br />

avr-99<br />

2/ Taux de dollarisation, échel<strong>le</strong> de droite,<br />

Réserves de change, échel<strong>le</strong> de gauche.<br />

Source : Banque centra<strong>le</strong>.<br />

%<br />

-106-<br />

total) et d’une progression du poste<br />

« machines et matériels de transports ».<br />

Mais, dans <strong>le</strong> même temps, la part des produits<br />

manufacturés évolue négativement (de<br />

20% à 18%) et <strong>sur</strong>tout, la part des artic<strong>le</strong>s<br />

manufacturés perd 10 points (de 33% à<br />

23%). Ainsi, la structure des exportations se<br />

spécialise vis-à-vis de la demande mondia<strong>le</strong><br />

(Cf. <strong>Rapport</strong> annuel du <strong>Femise</strong> 2002, p.47).<br />

En 2002, <strong>le</strong>s exportations ont augmenté de<br />

17,5% alors que <strong>le</strong>s importations baissaient<br />

de 11,6%, en partie du fait de <strong>le</strong>ur renchérissement<br />

en dollars, ce qui a permis une<br />

réduction du déficit de la balance des biens<br />

de 22% et allége <strong>le</strong>s pressions qui pèsent <strong>sur</strong><br />

l’épargne nationa<strong>le</strong>.<br />

Le problème est qu'un des groupes de biens<br />

dont <strong>le</strong>s importations ont <strong>le</strong> plus diminué est<br />

celui des machines et outillages (-15,4% en<br />

2002 et -20,5% au premier trimestre <strong>2003</strong>),<br />

ce qui ne sera pas sans conséquence <strong>sur</strong> l'accumulation<br />

du capital.<br />

Enfin, si <strong>le</strong> déficit du compte courant est couvert<br />

et la balance des paiements en <strong>sur</strong>plus<br />

c'est uniquement dû aux entrées de capitaux<br />

Endettement<br />

% 1995-1997 1998-2000 2001 2002<br />

350<br />

300<br />

250<br />

200<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

85<br />

75<br />

70<br />

74 74<br />

66<br />

54<br />

Dette<br />

intérieure/Dette<br />

tota<strong>le</strong><br />

Dette à court<br />

terme/Dette<br />

externe tota<strong>le</strong><br />

44 46<br />

29<br />

Service de la<br />

dette/exportations<br />

de biens, services<br />

et revenus<br />

120<br />

102<br />

49<br />

35<br />

Réserves/Dette<br />

externe tota<strong>le</strong><br />

207<br />

260<br />

297<br />

Dette externe<br />

tota<strong>le</strong>/exportations<br />

de biens, services<br />

et revenus<br />

Sources : Fond Monétaire International, GDF<br />

novembre 2002, Banque centra<strong>le</strong>, Ministère des<br />

Finances.


ésultants du réaménagement de la dette décidé<br />

à la conférence de Paris II, seuls 15% des<br />

entrées relèvent des mouvements usuels[12].<br />

(ii) Sur <strong>le</strong> plan de la demande interne, en<br />

2001, la consommation privée repart avec<br />

une croissance à 8,8% contre -2,9% en<br />

2000. El<strong>le</strong> est <strong>le</strong> principal soutien de la croissance<br />

en 2001 avec <strong>le</strong>s exportations et<br />

relaye la consommation publique qui malgré<br />

sa forte croissance n'a pas pu empêcher la<br />

chute vertigineuse de l'investissement.<br />

(iii) Le taux de change effectif nominal se<br />

déprécie, perdant 5,8% en 2002. Le mouvement<br />

se poursuit depuis janvier, <strong>sur</strong>tout à<br />

cause de la baisse du dollar US et de la crise<br />

politique en Irak. La position libanaise s'en<br />

trouve améliorée puisque la part des exportations<br />

vers <strong>le</strong>s pays arabes dans <strong>le</strong>s exportations<br />

tota<strong>le</strong>s ne faiblit pas et atteint encore<br />

<strong>le</strong>s 49% en 2002. La mise en place de la zone<br />

de libre-échange avec <strong>le</strong>s pays arabes pourrait<br />

favoriser <strong>le</strong> développement de liens commerciaux<br />

étroits. Par contre, si l'ancrage au<br />

dollar se justifie du point de vue de la composition<br />

de la dette (61% en dollars en<br />

2000), c’est moins <strong>le</strong> cas d’un point de vue<br />

commercial, du fait du poids des importations<br />

avec l'Union européenne toujours<br />

important malgré la baisse.<br />

(iv) L'efficacité de la politique monétaire est<br />

très réduite à cause d'une part, d'une dollarisation<br />

importante de l'économie (68,6% en<br />

mars <strong>2003</strong> en termes de dépôts) et, d'autre<br />

part, de l'ancrage au dollar qui dicte <strong>le</strong> niveau<br />

des taux d'intérêt étant donné <strong>le</strong> risque pays.<br />

A la différence de l'Egypte, la forte dollarisation<br />

n'est pas ici principa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> résultat<br />

d'un manque de liquidités mais d’une<br />

défiance envers la solvabilité du gouvernement<br />

étant donné sa situation financière.<br />

Afin de renouer avec la croissance, en l'ab-<br />

-107-<br />

sence de pressions inflationnistes (-5,9%<br />

en 2002 après –4,9% en 2001 et -2,2% en<br />

2000), une baisse des taux d'intérêt est<br />

intervenue (16,76% en 2001 contre<br />

14,74% en mai <strong>2003</strong>) mais el<strong>le</strong> reste largement<br />

insuffisante pour aider à dynamiser<br />

la croissance. De plus, l'écart persistant<br />

qui existe entre <strong>le</strong>s taux pratiqués <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s prêts en monnaie loca<strong>le</strong> et ceux en dollars<br />

(9,62% <strong>sur</strong> ceux en dollars) affaiblit <strong>le</strong><br />

contrô<strong>le</strong> des autorités <strong>sur</strong> l'économie.<br />

Ainsi, <strong>le</strong> ratio crédit/dépôts en livre libanaise<br />

est de 19% alors qu’il est de 41,3% <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> dollar. Le réaménagement de la dette a<br />

permis de redonner confiance aux investisseurs,<br />

ce qui se traduit par une croissance<br />

de M4, qui comprend <strong>le</strong>s titres émis par <strong>le</strong><br />

Trésor <strong>sur</strong> la dette nationa<strong>le</strong> et détenus par<br />

<strong>le</strong> secteur non-bancaire, plus rapide que<br />

M3 en 2002.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> gouvernement limite <strong>le</strong><br />

recours à la <strong>le</strong>vée de fonds <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché<br />

domestique (la dette interne passe de 85%<br />

à 54% de la dette tota<strong>le</strong>) afin de minimiser<br />

l'effet d'éviction dont souffre <strong>le</strong> secteur<br />

privé. Cela peut avoir des conséquences<br />

positives <strong>sur</strong> la dollarisation, mais, en<br />

contrepartie, cela accroît l’exposition aux<br />

chocs externes, notamment <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s taux de<br />

change vis-à-vis des monnaies d'emprunt.<br />

De plus, <strong>le</strong>s réserves de change ne couvrent<br />

plus que 35% de la dette externe et <strong>le</strong> service<br />

de la dette absorbe 46% des recettes<br />

des transactions <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s biens, services et<br />

revenus. Enfin, la structure de la dette n'est<br />

pas favorab<strong>le</strong> au Liban, puisque 74% de la<br />

dette est à court terme. La conférence de<br />

Paris II a certes donné une bouffée d'oxygène<br />

au Liban, mais <strong>le</strong> pays ne pourra s'engager<br />

<strong>sur</strong> la voie d'un désendettement que s'il<br />

abaisse ses taux d'intérêt pour enregistrer<br />

une croissance économique n’est pas forcément<br />

compatib<strong>le</strong> avec la politique actuel<strong>le</strong><br />

d’ancrage.


(iv) La politique budgétaire est tiraillée<br />

entre deux objectifs irréconciliab<strong>le</strong>s : <strong>le</strong><br />

désendettement et l'aide à l'apparition des<br />

conditions d'une croissance durab<strong>le</strong>. La<br />

TVA entrée en vigueur en 2002 pourrait y<br />

pourvoir. El<strong>le</strong> représente déjà 18% des<br />

recettes tota<strong>le</strong>s. Mais, <strong>le</strong>s possibilités de<br />

son augmentation, nécessaire pour <strong>le</strong>ver<br />

<strong>le</strong>s ressources indispensab<strong>le</strong>s à l'assainissement<br />

des finances publiques, vont se<br />

heurter très vite au niveau de la pauvreté.<br />

La part des impôts directs est faib<strong>le</strong> et la<br />

croissance encore timide ne permet pas<br />

d'envisager de progression rapide. Le<br />

Liban est <strong>le</strong> pays méditerranéen dont <strong>le</strong><br />

budget dépend <strong>le</strong> plus des recettes du<br />

commerce international (30% en 2002),<br />

ce qui est intenab<strong>le</strong>, compte-tenu de l’exigence<br />

d’ouverture soulignée plus haut,<br />

comme des engagements pris dans <strong>le</strong><br />

cadre du <strong>partenariat</strong>.<br />

LIBAN - Les principaux indicateurs de l'ouverture commercia<strong>le</strong><br />

1990 2001<br />

Taux d'ouverture (X+M/PIB)<br />

Orientation des exportations (en%)<br />

67,30% 42,30%<br />

vers l'UE 38,0% 19,3%<br />

vers <strong>le</strong>s PM 9,2% 15,2%<br />

vers RdM<br />

Orientation des importations (en%)<br />

52,8% 65,5%<br />

issues de l'UE 50,1% 45,4%<br />

issues des PM 4,0% 7,6%<br />

issues de RdM<br />

Taux de couverture X/M<br />

45,9% 47,0%<br />

avec l'UE 0,13 0,06<br />

avec RdM<br />

Soldes en millions de dollars<br />

0,20 0,20<br />

avec l'UE -709 -2 590<br />

avec RdM<br />

Indices de concentration des exportations<br />

-599 -2 274<br />

vers <strong>le</strong> monde 0,19 0,11<br />

vers l'UE<br />

Termes de l'échange (1990=100) (*)<br />

0,22 0,18<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des exportations 100 110<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des importations 100 102<br />

Termes de l'échange 100 107<br />

Pouvoir d'achat des exportations<br />

Indicateurs de commerce intrabranche<br />

100 142<br />

avec <strong>le</strong> monde 17,3 18,5<br />

avec l'UE 9,9 9,3<br />

avec RdM 18,9 21,4<br />

-108-<br />

Du côté des dépenses, la charge du paiement<br />

des intérêts de la dette qui absorbe encore<br />

85,6% des recettes budgétaires en 2002<br />

(quelque peu réduite par rapport aux<br />

100,5% de 2001) oblige <strong>le</strong> gouvernement à<br />

réduire toutes ses dépenses de fonctionnement<br />

comme d'investissement, <strong>le</strong>s recettes<br />

ne pouvant toujours couvrir que 63,6% des<br />

dépenses en 2002. De fait, selon une étude<br />

du Consultation and Research Institut, <strong>le</strong>s<br />

dépenses socia<strong>le</strong>s ne permettent pas une<br />

hausse significative du bien-être des populations.<br />

Le revenu mensuel moyen d’un ménage<br />

libanais est de 550 dollars américains ce<br />

qui est très en deçà du seuil minimum pour<br />

as<strong>sur</strong>er un train de vie décent, que l’institut<br />

estime à 780 dollars. Plus loin, <strong>le</strong>s ménages<br />

travaillant dans <strong>le</strong> privé, dans l’agriculture et<br />

en tant qu’indépendants sont <strong>le</strong>s plus touchés<br />

mais constituent la frange de population<br />

qui bénéficie <strong>le</strong> moins des dépenses socia<strong>le</strong>s.<br />

(*) Source : Cnuced<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée


Va<strong>le</strong>ur et structure des échanges du Liban avec ses principaux partenaires par grandes catégories de produits (en millions de dollars<br />

et en %)<br />

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS<br />

Produits (*) 1990 2001 1990 2001 1990 2001 1990 2001 1990 2001<br />

0 28 101 295 980 -267 -879 10% 11% 18% 16%<br />

1 8 49 43 188 -36 -139 3% 6% 3% 3%<br />

2 62 83 34 211 28 -128 22% 9% 2% 3%<br />

3 38 81 -38 -81 0% 0% 2% 1%<br />

Monde<br />

4<br />

5<br />

1<br />

16<br />

9<br />

100<br />

32<br />

175<br />

42<br />

723<br />

-30<br />

-159<br />

-32<br />

-624<br />

0%<br />

6%<br />

1%<br />

11%<br />

2%<br />

11%<br />

1%<br />

12%<br />

6 55 157 355 1 105 -300 -948 20% 18% 22% 18%<br />

7 13 124 331 1 721 -318 -1 597 5% 14% 20% 28%<br />

8 94 206 318 774 -224 -568 33% 23% 20% 13%<br />

9 4 59 9 253 -5 -194 1% 7% 1% 4%<br />

Total 282 888 1 629 6 078 -1 347 -5 190 100% 100% 100% 100%<br />

0 21 72 107 385 -86 -313 14% 12% 14% 13%<br />

1 6 30 19 140 -13 -110 4% 5% 3% 5%<br />

2 14 38 21 121 -6 -82 10% 7% 3% 4%<br />

3 13 29 -13 -29 0% 0% 2% 1%<br />

Reste du<br />

4 1 7 11 20 -10 -13 1% 1% 1% 1%<br />

Monde<br />

5 5 51 54 233 -49 -182 3% 9% 7% 8%<br />

6 28 75 187 564 -159 -490 19% 13% 25% 20%<br />

7 3 90 205 739 -202 -648 2% 16% 27% 26%<br />

8 67 159 126 374 -59 -215 45% 27% 17% 13%<br />

9 2 59 5 252 -3 -193 2% 10% 1% 9%<br />

Total 149 582 748 2 856 -599 -2 274 100% 100% 100% 100%<br />

0 2 8 150 393 -148 -385 2% 5% 18% 14%<br />

1 2 16 24 45 -23 -29 2% 9% 3% 2%<br />

2 41 34 12 61 29 -27 38% 20% 1% 2%<br />

3 24 42 -24 -41 0% 0% 3% 2%<br />

UE<br />

4<br />

5 9<br />

1<br />

28<br />

17<br />

116<br />

17<br />

442<br />

-17<br />

-106<br />

-16<br />

-415<br />

0%<br />

8%<br />

1%<br />

16%<br />

2%<br />

14%<br />

1%<br />

16%<br />

6 20 39 159 442 -139 -403 18% 23% 19% 16%<br />

7 10 15 124 955 -114 -940 9% 9% 15% 35%<br />

8 22 31 188 364 -166 -334 21% 18% 23% 13%<br />

9 1 4 1 -2 -1 1% 0% 0% 0%<br />

Total 107 171 816 2 762 -709 -2 590 100% 100% 100% 100%<br />

0 5 22 38 203 -33 -181 18% 16% 58% 44%<br />

1 2 3 -1 0% 2% 0% 1%<br />

2 7 11 1 30 6 -19 26% 8% 2% 6%<br />

3 1 11 -1 -11 0% 0% 2% 2%<br />

Partenaires 4 1 3 5 -3 -3 0% 1% 5% 1%<br />

Med. (**) 5 2 21 6 48 -4 -27 8% 15% 9% 10%<br />

6 7 43 9 99 -2 -56 28% 32% 14% 21%<br />

7 1 19 2 27 -2 -8 3% 14% 4% 6%<br />

8 4 16 4 36 -20 16% 12% 6% 8%<br />

9 0% 0% 0% 0%<br />

Total 26 135 65 461 -39 -326 100% 100% 100% 100%<br />

0 2 3 52 -2 -50 2% 7% 20% 46%<br />

1 8 -8 3% 0% 3% 7%<br />

2 1 -1 2% 0% 1% 1%<br />

3 0% 0% 0% 0%<br />

AC10 (***)<br />

4<br />

5 1<br />

3<br />

3 6<br />

-3<br />

-3 -5<br />

0%<br />

4%<br />

0%<br />

3%<br />

19%<br />

23%<br />

0%<br />

5%<br />

6 3 5 1 27 2 -22 35% 15% 8% 24%<br />

7 1 2 9 1 -7 8% 7% 1% 8%<br />

8 4 22 3 10 1 12 46% 67% 25% 9%<br />

9 0% 0% 0% 0%<br />

Total 10 33 13 113 -4 -80 100% 100% 100% 100%<br />

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétro<strong>le</strong>; 3 = Combustib<strong>le</strong>s minéraux;<br />

4 = Hui<strong>le</strong>s, graisses anima<strong>le</strong>s & végéta<strong>le</strong>s; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés;<br />

7 = Machines & matériels de transport; 8 = Artic<strong>le</strong>s manufacturés; 9 = Biens non classés<br />

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël<br />

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre<br />

Sources : Comtrade et Eurostat/Medstat - Calculs de l'Institut de la Méditerranée<br />

-109-<br />

IMPORTATIONS


Maroc<br />

La situation du Maroc se caractérise par un<br />

taux de croissance du PIB insuffisant et<br />

erratique depuis <strong>le</strong> début des années 90<br />

(3,5%), avec une augmentation dans la<br />

période récente (6,5% en 2001, 3% en<br />

2002, 4,5 % prévus en <strong>2003</strong>). Ce taux de<br />

croissance est directement influencé par <strong>le</strong>s<br />

sécheresses (la croissance du PIB marocain<br />

est strictement confondue avec la croissance<br />

de la production agrico<strong>le</strong>, bien que l’agriculture<br />

au sens strict ne représente que<br />

14% du PIB). Pendant cette période relativement<br />

favorab<strong>le</strong>, l’économie marocaine a<br />

perdu 35 000 emplois au total tout en<br />

créant 63 000 emplois supplémentaires<br />

pour <strong>le</strong>s actifs. Les départs à la retraite<br />

n’ont donc pas été remplacés, essentiel<strong>le</strong>ment<br />

dans <strong>le</strong> secteur privé d’une part, et<br />

d’autre part, <strong>le</strong> taux d’activité a régressé<br />

passant de 51,3% en 2001 à 50,7% en<br />

2002. Ce mouvement explique la légère<br />

amélioration du taux de chômage dans la<br />

période récente (11,6% en 2002 vs 13,6%<br />

en 2000).<br />

La création d’emploi s’effectue dans <strong>le</strong>s<br />

milieux urbains où <strong>le</strong> niveau global de l’emploi<br />

augmente, alors que dans <strong>le</strong> milieu rural<br />

on assiste à la fois à une baisse de l’emploi<br />

total et à une baisse des emplois offerts à la<br />

population en âge de travail<strong>le</strong>r, donc, au non<br />

remplacement des départs à la retraite.<br />

Cette évolution qui est à la fois la cause et la<br />

conséquence directe de l’exode rural, signifie<br />

que <strong>le</strong>s jeunes actifs ruraux ne remplacent<br />

plus <strong>le</strong>urs pères et que <strong>le</strong>s milieux<br />

urbains devront offrir <strong>le</strong>s emplois nécessaires<br />

dans un contexte où <strong>le</strong>s liens resteront<br />

encore très forts avec <strong>le</strong> monde agrico<strong>le</strong>,<br />

ce qui se manifeste par l’homothétie des<br />

courbes de croissance précédemment évoquée<br />

(par la commercialisation des produits<br />

agrico<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>ur transformation, etc.).<br />

-110-<br />

Le secteur public a été un important pourvoyeur<br />

d’emplois ces dernières années<br />

(+4,6% des emplois créés entre 2001 et<br />

2000), alors que l’emploi dans <strong>le</strong> secteur<br />

privé a légèrement baissé, en particulier<br />

dans l’industrie (<strong>le</strong>s secteurs où l’emploi a<br />

augmenté sont <strong>le</strong> BTP et <strong>le</strong> commerce).<br />

Ce contexte est donc marqué par une croissance<br />

du PIB instab<strong>le</strong> et en moyenne insuffisante,<br />

par des difficultés récurrentes à créer<br />

<strong>le</strong>s emplois nécessaires pour absorber la<br />

croissance de la population active, croissance<br />

concentrée dans <strong>le</strong>s milieux urbains, et<br />

par des poches de pauvreté endémique : <strong>le</strong><br />

taux d’il<strong>le</strong>ttrisme est <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé des partenaires<br />

méditerranéens (51%), avec de fortes<br />

disparités selon <strong>le</strong> genre (63,9% d’il<strong>le</strong>ttrées<br />

chez <strong>le</strong>s femmes), seu<strong>le</strong>ment 79,5% des<br />

enfants sont scolarisés dans <strong>le</strong> primaire, etc..<br />

L’appréciation doit tenir compte de la capacité<br />

de l’économie marocaine à développer une<br />

gestion macro-économique rigoureuse, de sa<br />

capacité à maîtriser <strong>le</strong>s chocs externes (baisse<br />

des recettes touristiques et de transport,<br />

faib<strong>le</strong>sse de la croissance européenne), et<br />

interne (sécheresses), de l’effectivité des<br />

réformes permettant une ouverture plus<br />

diversifiée et plus efficace en termes de productivité.<br />

C’est à cette condition que l’économie<br />

marocaine pourra distribuer <strong>le</strong>s revenus<br />

qui la placeront dans un processus endogène<br />

de croissance plus é<strong>le</strong>vé.<br />

La situation macro-économique de fin de<br />

période se caractérise :<br />

(i) <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché des biens, par un solde de<br />

la balance des biens et services négatif (ce<br />

qui correspond pour <strong>le</strong> Maroc à un déficit<br />

d’épargne) compensé par de très importants<br />

revenus rapatriés des immigrés en Europe<br />

(au moins jusqu’en 2002). Par ail<strong>le</strong>urs, pour<br />

ce qui concerne la demande interne c’est la<br />

consommation publique qui a joué <strong>le</strong> rô<strong>le</strong>


d’ajustement quand la consommation privée<br />

avait tendance à fléchir, de façon à maintenir<br />

un volume d’investissement significatif. On<br />

voit nettement dans la figure suivante que la<br />

croissance de l’investissement s’est maintenue<br />

en fin de période malgré une chute<br />

considérab<strong>le</strong> de la consommation privée et<br />

une chute plus amortie de la consommation<br />

publique. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> sérieux de la gestion<br />

macro-économique marocaine s’est manifesté<br />

par une diminution sensib<strong>le</strong> du taux de<br />

croissance des importations.<br />

(ii) Par un taux de change effectif réel<br />

(cf. figure suivante) qui, après s’être apprécié<br />

significativement depuis 1990 du fait de<br />

l’ancrage du dirham et du différentiel d’inflation,<br />

a commencé à se déprécier à partir de<br />

2001 pour permettre d’améliorer la compétitivité<br />

prix des exportations. Le maintien<br />

d’un taux de change effectif réel au niveau<br />

de parité des prix relatifs est un impératif<br />

dans <strong>le</strong>s années à venir, si <strong>le</strong> Maroc veut<br />

pouvoir rester compétitif. De ce point de<br />

vue, l’on peut noter que l’appréciation réel<strong>le</strong><br />

de la monnaie qui a eu cours depuis <strong>le</strong><br />

début des années 90 (près de 20%), représente<br />

presque l’avantage en termes de<br />

Décomposition de la croissance du PIB<br />

(cou<strong>le</strong>ur claire : 1995-2000, cou<strong>le</strong>ur moyenne : 2000-<br />

2001, cou<strong>le</strong>ur foncée 2001-2002)<br />

14%<br />

12%<br />

10%<br />

8%<br />

6%<br />

4%<br />

2%<br />

0%<br />

0,9%<br />

6,5%<br />

Produit Intérieur<br />

Brut<br />

3,0%<br />

10,8%<br />

0,5%<br />

Consommation<br />

Privée<br />

2,0%<br />

13,8%<br />

4,9%<br />

4,6%<br />

4,7%<br />

3,3%<br />

3,1% 3,2%<br />

Consommation<br />

Publique<br />

Investissement fixe<br />

2,2%<br />

6,1%<br />

0,5% 0,5%<br />

0,3%<br />

Exportations de<br />

biens et services<br />

Importations de<br />

biens et services<br />

Source : Fond Monétaire International, IFS, avril <strong>2003</strong>.<br />

-111-<br />

coûts unitaires du travail du Maroc vis-à-vis<br />

des pays entrés dans la phase d’adhésion à<br />

l’UE. Cela explique que cette contrainte due<br />

au système d’ancrage ait poussé à un<br />

contrô<strong>le</strong> étroit de la hausse des prix. La<br />

question de savoir s’il faut passer à un régime<br />

de f<strong>le</strong>xibilité comme en Egypte, n’est pas<br />

aujourd’hui d’actualité compte tenu du fait<br />

que la convertibilité du compte de capital<br />

n’est pas complète, et paraît aujourd’hui risquée<br />

étant donnée <strong>le</strong> manque de crédibilité<br />

d’ensemb<strong>le</strong> de la politique économique<br />

marocaine.<br />

(iii) Par un marché de la monnaie dont <strong>le</strong>s<br />

évolutions sont étroitement contrôlées et qui<br />

a permis de limiter <strong>le</strong>s tensions inflationnistes<br />

en fin de période. Le premier point à<br />

souligner est que <strong>le</strong> Maroc a eu peu recours<br />

au seigneuriage (avances de la Banque<br />

Centra<strong>le</strong>) pour financer <strong>le</strong>s difficultés budgétaires.<br />

En général, <strong>le</strong> financement du budget<br />

s’effectue par emprunts, ce qui a pour effet<br />

de maintenir <strong>le</strong>s taux à des niveaux relativement<br />

é<strong>le</strong>vés (entre 7 et 12% pour <strong>le</strong>s crédits<br />

aux PME en 2002) et à conserver un écart<br />

hiérarchique entre <strong>le</strong>s taux très importants,<br />

car <strong>le</strong> Trésor continue à emprunter à des taux<br />

préférentiels.<br />

Taux de change effectif nominal et réel<br />

120<br />

110<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002<br />

Source : Banque centra<strong>le</strong>.<br />

Taux de change officiel<br />

Taux de change effectif nominal<br />

Taux de change effectif réel


Lors des années de bonne conjoncture,<br />

cependant, <strong>le</strong> taux d’emprunt du Trésor en<br />

termes réels a été inférieur à la croissance<br />

réel<strong>le</strong> du revenu national, ce qui est la règ<strong>le</strong><br />

d’or pour diminuer l’endettement. On observe<br />

que <strong>sur</strong> la période, la dette a court terme<br />

de l’Etat marocain a sensib<strong>le</strong>ment augmenté,<br />

sans que, pour autant, cela pose des problèmes<br />

de solvabilité, car <strong>le</strong>s réserves couvraient<br />

en 2001 encore 58% de la dette tota<strong>le</strong>,<br />

la dette extérieure représentant 26% du<br />

PIB en 2002 et la dette intérieure 48% du<br />

PIB. Il reste que si cette stratégie de financement<br />

de l’Etat par l’endettement interne<br />

permet de limiter <strong>le</strong> risque inflationniste et la<br />

crise de trésorerie de l’Etat, el<strong>le</strong> limite aussi<br />

<strong>le</strong>s capacités de croissance et d’accumulation<br />

du capital du fait, d’une part, du niveau des<br />

taux d’intérêt, d’autre part, de l’effet d’éviction<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> secteur privé. Quoiqu’il en soit, ce<br />

mécanisme a donné une croissance de M2<br />

(14% en 2001, 6,4% en 2002) et une croissance<br />

des prix qui est passée de 0,7% en<br />

2001 à 2,8% en 2002, <strong>le</strong>s prévisions <strong>2003</strong><br />

donnant 2,5%, compatib<strong>le</strong>s avec l’équilibre<br />

macro-économique.<br />

(iv) Par une politique budgétaire prudente<br />

qui a permis de limiter <strong>le</strong> déficit à 3% du PIB.<br />

Politique monétaire<br />

%<br />

20<br />

10<br />

0<br />

-10<br />

-20<br />

-30<br />

-40<br />

9<br />

14,1<br />

6,4<br />

-6<br />

-34,2<br />

3,1<br />

M2 Avances Trésor<br />

Public<br />

7<br />

-1,2<br />

4,6<br />

2,8<br />

1,3<br />

0,7<br />

1998-2000 2001 2002<br />

Crédit Domestique Inflation<br />

Sources : Fond Monétaire International, avril <strong>2003</strong>,<br />

Eurostat, programme Medstat, Banque centra<strong>le</strong>.<br />

-112-<br />

Cependant <strong>le</strong>s fondamentaux de la politique<br />

budgétaire sont encore fragi<strong>le</strong>s dans la<br />

me<strong>sur</strong>e où l’Etat marocain a bénéficié indirectement<br />

ces dernières années d’une augmentation<br />

exceptionnel<strong>le</strong> des transferts de<br />

revenus des immigrés en Europe (suite à la<br />

mise en place de l’euro). L’augmentation des<br />

coefficients de réserves obligatoires des<br />

banques et <strong>le</strong>s dépôts en devises sont <strong>le</strong>s<br />

vecteurs qui ont permis ces facilités. A cela<br />

s’ajoute une modification sensib<strong>le</strong> des<br />

spreads <strong>sur</strong> la dette souveraine marocaine<br />

qui autorise des conditions d’emprunt beaucoup<br />

plus favorab<strong>le</strong>s (février <strong>2003</strong> : plus de<br />

caution, spread à 250 points de base c’est-àdire<br />

inférieur à la Turquie et à la Tunisie).<br />

La consolidation à moyen terme de cette<br />

situation macro-économique requière<br />

aujourd’hui une attention particulière autour<br />

de deux questions : (i) comment se consolide<br />

la situation budgétaire de l’Etat, compte<br />

tenu de la baisse des recettes douanières, de<br />

la dépendante vis-à-vis de la conjoncture<br />

agrico<strong>le</strong> et du probab<strong>le</strong> assèchement de la<br />

manne qu’ont représentée <strong>le</strong>s transferts de<br />

revenus des immigrés depuis deux ans ?<br />

(ii) comment faire en sorte de maintenir une<br />

compétitivité suffisante et stabiliser l’équi-<br />

Indicateurs de dette<br />

%<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

33<br />

20<br />

18<br />

1 1 2<br />

0<br />

Dette à court Service de la<br />

terme/Dette tota<strong>le</strong>dette/Exportations<br />

de biens et<br />

services<br />

17<br />

28<br />

58<br />

Réserves/Dette<br />

tota<strong>le</strong><br />

1995 2000 2001<br />

48<br />

43<br />

43<br />

56<br />

61<br />

Dette tota<strong>le</strong>/PIB Dette<br />

intérieure/Dette<br />

tota<strong>le</strong><br />

Sources : Fond Monétaire International, GDF<br />

novembre 2002, IFS avril <strong>2003</strong>, Banque centra<strong>le</strong>.


libre du compte extérieur dans un contexte<br />

de désarmement douanier ?<br />

Une situation budgétaire diffici<strong>le</strong> à contrô<strong>le</strong>r<br />

malgré une croissance améliorée<br />

Les dépenses du budget de l’Etat sont pour<br />

l’essentiel grevées par <strong>le</strong>s salaires des personnels<br />

de la fonction publique (45% des<br />

dépenses courantes de l’Etat cf. figure suivante).<br />

Ceux-ci représentent aujourd’hui<br />

974.000 emplois <strong>sur</strong> un total de 9,3 millions.<br />

Après une longue période de gel des salaires,<br />

un rattrapage a été instauré ces dernières<br />

années (13% en 2001, 6,6% en 2002) suite<br />

à la montée des tensions socia<strong>le</strong>s dans la<br />

fonction publique.<br />

Le deuxième poste de dépense important est<br />

représenté par <strong>le</strong>s intérêts <strong>sur</strong> la dette et <strong>le</strong><br />

troisième par <strong>le</strong>s dépenses d’investissement.<br />

Les points à souligner dans l’évolution récente<br />

sont, d’une part, la stabilité de la charge<br />

de la dette (17% des dépenses en 2001, et<br />

16 % en 2002) et, d’autre part, <strong>le</strong> taux d’investissement<br />

publics é<strong>le</strong>vé (18%). Toute la<br />

question qui se posera dans l’avenir est de<br />

savoir : (i) si ces taux d’investissement public<br />

pourront continuer à se maintenir en cas de<br />

Désendettement<br />

%<br />

14<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

-2<br />

-4<br />

3,2<br />

2,1<br />

6,9<br />

11,4<br />

2,8<br />

-2,2<br />

2,8<br />

4,74,6<br />

2,3<br />

0,1 0<br />

1997 1998 1999 2000 2001 2002<br />

Solde primaire<br />

Effets des conditions macro-économiques : taux d'intérêt fourchette basse<br />

Effets des conditions macro-économiques : taux d'intérêt fourchette haute<br />

Sources : Fond Monétaire International, GDF<br />

novembre 2002, IFS avril <strong>2003</strong>, Banque centra<strong>le</strong>.<br />

8,1<br />

0,4<br />

3,9<br />

4,7<br />

-113-<br />

choc comme ils l’ont fait dans <strong>le</strong>s années précédentes,<br />

et donc si l’Etat pourra contribuer<br />

à l’accumulation du capital par ses infrastructures,<br />

(ii) si ce maintien à un niveau relativement<br />

é<strong>le</strong>vé de l’investissement public quand<br />

la conjoncture fléchit ne crée pas un effet<br />

d’éviction <strong>sur</strong> l’investissement privé et ne<br />

contribue pas à une augmentation exagérée<br />

des taux d’intérêt.<br />

Examinée du point de vue des fonctions de<br />

l’Etat, on voit que <strong>le</strong>s trois budgets <strong>le</strong>s plus<br />

importants qui sont l’éducation nationa<strong>le</strong><br />

(28,6% en 2001), la défense nationa<strong>le</strong><br />

(17,6%) et <strong>le</strong> ministère de l’économie et des<br />

finances (16,5 %) représentent près des deux<br />

tiers des actions de l’Etat. L’évolution de ces<br />

dernières années s’est effectuée au bénéfice<br />

de l’éducation nationa<strong>le</strong> et au léger détriment<br />

des deux autres, ce qui est dû pour l’essentiel<br />

au fait que la hausse des salaires de la fonction<br />

publique s’y est répercutée davantage<br />

(en effet, <strong>le</strong>s dépenses d’équipement dans<br />

l’éducation nationa<strong>le</strong> sont relativement plus<br />

faib<strong>le</strong>s que dans la défense et<br />

l’économie/finance). On est donc en partie<br />

confronté à un effet d’optique, l’augmentation<br />

de la part de l’éducation nationa<strong>le</strong> étant pour<br />

l’essentiel due aux augmentations salaria<strong>le</strong>s.<br />

Dépenses budgétaires<br />

%<br />

50<br />

1993-1995 1996-2000 2001 2002<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

39<br />

43<br />

43,4<br />

45<br />

Dépenses de salaires en %<br />

dépenses courantes<br />

21<br />

20<br />

17<br />

16,1<br />

20<br />

17<br />

18,4<br />

17,8<br />

Intérêts de la dette publique Investissement<br />

Sources : Fond Monétaire International, GDF<br />

novembre 2002, Ministère des Finances.


Si <strong>le</strong> côté dépenses apparaît relativement<br />

stab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> côté recettes pose des questions<br />

plus diffici<strong>le</strong>s. La difficulté vient, en premier<br />

lieu, de la modification de la structure fisca<strong>le</strong><br />

imposée par l’accord d’association avec l’UE.<br />

Même si <strong>le</strong> gros du désarmement douanier<br />

s’effectuera dans <strong>le</strong>s cinq prochaines années,<br />

de premiers effets apparaissent du fait de la<br />

diminution des droits de douane <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s produits<br />

intermédiaires et <strong>le</strong>s biens d’équipement.<br />

Si l’on prend comme référence l’année<br />

1993, <strong>le</strong>s recettes douanières représentaient<br />

23,5% des recettes tota<strong>le</strong>s de l’Etat ; en<br />

2002 ces recettes ne représentent que<br />

15,2%, phénomène qui va s’accélérer. A cela<br />

s’ajoute un effet TVA négatif lié au désarmement<br />

tarifaire <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s biens d’équipement et<br />

<strong>le</strong>s biens intermédiaires qui sont <strong>le</strong>s premiers<br />

à enregistrer des diminutions tarifaires.<br />

Enfin, <strong>le</strong>s recettes fisca<strong>le</strong>s au Maroc proviennent<br />

essentiel<strong>le</strong>ment des activités agrico<strong>le</strong>s et<br />

d’investissement, deux postes qui ont été fortement<br />

perturbés ces dernières années avec <strong>le</strong>s<br />

sécheresses et <strong>le</strong> ra<strong>le</strong>ntissement en Europe. La<br />

TVA indirecte est encore un instrument qui<br />

manque de soup<strong>le</strong>sse et ne permet pas de lisser<br />

<strong>le</strong>s recettes budgétaires dont l’évolution est<br />

dominée par <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> économique.<br />

Recettes budgétaires<br />

%<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

75<br />

78 79<br />

Revenus de<br />

taxes<br />

18<br />

16<br />

15<br />

Droits de<br />

douane<br />

38<br />

37<br />

34<br />

Impôts<br />

directs<br />

41 42<br />

41<br />

Impôts<br />

Indirects<br />

1996-2000 2001 2002<br />

21 21<br />

20<br />

13<br />

12 12<br />

dont TVA Fiscalité<br />

pétrolière<br />

Sources : Fond Monétaire International, GDF<br />

2002, Ministère des Finances.<br />

-114-<br />

Une ouverture extérieure toujours limitée,<br />

mais sensib<strong>le</strong> au <strong>partenariat</strong><br />

A l’analyse des principaux indicateurs de l’ouverture<br />

commercia<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Maroc apparaît<br />

comme l’un des partenaires où l’effet des<br />

accords d’association est <strong>le</strong> plus sensib<strong>le</strong>, tant<br />

d’un point de vue qualitatif que quantitatif.<br />

Sur <strong>le</strong> plan du volume des échanges, la<br />

décennie passée se coupe clairement en<br />

deux périodes, avec un avant et un après<br />

1995 :<br />

(i) de 1990 à 1995, <strong>le</strong> taux d’ouverture<br />

avait légèrement diminué de 41% à<br />

40% ; en 2001, il s’établit à 51%.<br />

(ii) De 1990 à 1995, <strong>le</strong> poids de l’Union<br />

dans <strong>le</strong>s échanges avait notab<strong>le</strong>ment<br />

baissé, tant du point de vue des exportations<br />

marocaines vers l’UE (de 67% à<br />

62%) que des importations provenant<br />

de l’Union (de 66% à 56%). En 2001,<br />

l’évolution négative au niveau des<br />

importations est stoppée et <strong>sur</strong>tout la<br />

part de l’Union dans <strong>le</strong>s exportations<br />

marocaines a augmenté de près de 12%<br />

pour s’établir à 74%.<br />

(iii) De 1990 à 1995, <strong>le</strong> taux de couverture<br />

n’a cessé de se dégrader passant, pour<br />

<strong>le</strong>s relations avec l’Union de 87% à<br />

61%. De ce fait, <strong>le</strong> déficit de la balance<br />

commercia<strong>le</strong> qui s’é<strong>le</strong>vait à 1 milliard de<br />

dollars en 1990, avait presque quadruplé<br />

en 1995 (-3,7 milliards). Entre 1995<br />

et 2001, <strong>le</strong> déficit a été stabilisé (-3,6<br />

milliards), avec une évolution fondamenta<strong>le</strong>ment<br />

différente selon <strong>le</strong>s partenaires.<br />

Il s’est accru de 44% avec <strong>le</strong><br />

Monde hors Union, mais a été réduit de<br />

moitié avec l’Union.<br />

Sur <strong>le</strong> plan de la structure des échanges, <strong>le</strong><br />

constat est identique. De 1990 à 1995 en<br />

effet, <strong>le</strong> poids du secteur agrico<strong>le</strong> a augmen-


té, passant pour l’ensemb<strong>le</strong> des exportations<br />

de 27% à 31%, tandis que la part des<br />

artic<strong>le</strong>s manufacturés a connu une évolution<br />

fortement négative (de 32% à 20%). Ce<br />

mouvement a éga<strong>le</strong>ment pu être observé<br />

pour <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s exportations à destination de<br />

l’Union (de 25% à 29% pour <strong>le</strong>s produits<br />

agrico<strong>le</strong>s ; de 37% à 29% pour <strong>le</strong>s artic<strong>le</strong>s<br />

manufacturés). La tendance s’est complètement<br />

inversée depuis 1995 : <strong>le</strong> poids des<br />

produits agrico<strong>le</strong>s est revenu à 21%, six<br />

points sous <strong>le</strong> niveau de 1990 tandis que <strong>le</strong><br />

poids des artic<strong>le</strong>s manufacturés est remonté<br />

à 37%, cinq points au dessus du niveau du<br />

début de la décennie. Et ce mouvement s’observe<br />

essentiel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s échanges<br />

avec l’Union. Car, si, avec <strong>le</strong>s autres partenaires,<br />

on observe éga<strong>le</strong>ment une diminution<br />

des produits agrico<strong>le</strong>s (de 32% en 1990 à<br />

28% en 2001), el<strong>le</strong> est de faib<strong>le</strong> intensité et<br />

ne s’est pas accompagnée d’une hausse des<br />

produits industriels : la part des postes 6 à 8<br />

de la CTCI a éga<strong>le</strong>ment baissé de 32% en<br />

1990 à 15% en 2001 (avec <strong>le</strong> « reste du<br />

Monde », ce sont <strong>le</strong>s produits chimiques qui<br />

ont remplacé <strong>le</strong>s produits agrico<strong>le</strong>s). Mais,<br />

dans <strong>le</strong>s exportations vers l’Union, la part des<br />

postes 6 à 8 de la CTCI a fortement augmenté<br />

atteignant 77% en 2001 (dont 48%<br />

pour <strong>le</strong>s seuls artic<strong>le</strong>s manufacturés) contre<br />

47% en 1990.<br />

De fait, comme on a pu <strong>le</strong> remarquer pour la<br />

Jordanie, cette modification de la structure<br />

des exportations a permis une amélioration<br />

quasi continue des termes de l’échange et du<br />

pouvoir d’achat des exportations depuis<br />

1995.<br />

Une position vis-à-vis des autres pays<br />

en développement qui reflète <strong>le</strong> chemin<br />

restant à parcourir<br />

Comme dans <strong>le</strong> cas du voisin algérien, la<br />

position du Maroc est médiocre, qu’el<strong>le</strong> soit<br />

-115-<br />

appréhendée par <strong>le</strong>s critères subjectifs ou<br />

par <strong>le</strong>s critères objectifs.<br />

Comme <strong>le</strong> montre <strong>le</strong> détail du classement<br />

selon <strong>le</strong>s indicateurs subjectifs, <strong>le</strong>s efforts de<br />

libéralisation de l’économie et de meil<strong>le</strong>ure<br />

gestion macroéconomique ont été nombreux<br />

depuis <strong>le</strong> début des années 80. Ainsi, <strong>le</strong><br />

cadre légal des investissements étrangers est<br />

maintenant jugé au niveau des standards <strong>le</strong>s<br />

plus é<strong>le</strong>vés : il n’y a plus d’approbation à<br />

obtenir, <strong>le</strong> traitement national est généralisé<br />

et lorsqu’un secteur relève d’un monopo<strong>le</strong><br />

public cela concerne à la fois <strong>le</strong>s étrangers et<br />

<strong>le</strong>s résidents (sauf pour ce qui concerne <strong>le</strong>s<br />

terres agrico<strong>le</strong>s inaccessib<strong>le</strong>s aux étrangers)<br />

et la participation étrangère n’est pas limitée,<br />

pouvant atteindre 100%. Le niveau de régulation<br />

est éga<strong>le</strong>ment bon. Le marché noir est<br />

sous contrô<strong>le</strong>, d’un niveau faib<strong>le</strong> pour un<br />

pays en développement et relativement à la<br />

moyenne des PM. De même, <strong>le</strong> niveau de<br />

corruption est peu é<strong>le</strong>vé.<br />

Toutefois, l’économie marocaine ne peut tirer<br />

<strong>le</strong>s bénéfices de ces avantageuses positions,<br />

tant el<strong>le</strong> apparaît peu ouverte :<br />

(i) l’ouverture commercia<strong>le</strong> est jugée très<br />

timide, tant par un niveau important de<br />

protection tarifaire que par des procédures<br />

douanières jugées arbitraires.<br />

(ii) L’ouverture financière est réduite. Les<br />

banques ne peuvent être détenues à<br />

100% par des étrangers et la convertibilité<br />

se cantonne aux transactions du<br />

comptes courants. Toutefois, la plupart<br />

des contrô<strong>le</strong>s et restrictions ne touchent<br />

pas <strong>le</strong>s étrangers, libre d’évoluer <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

marchés boursiers, mais plutôt <strong>le</strong>s résidents<br />

marocains.<br />

(iii) Le cadre des droits de propriétés apparaît<br />

cohérent. Mais, comme dans <strong>le</strong> cas<br />

de la plupart des PM (et des pays en<br />

développement), c’est la mise en appli-


cation des textes qui est perçue comme<br />

peu efficace. L’impossibilité pour <strong>le</strong>s<br />

étrangers d’obtenir la propriété de<br />

terres agrico<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s problèmes de<br />

contrefaçon dans l’industrie texti<strong>le</strong> sont<br />

éga<strong>le</strong>ment mis en avant.<br />

(iv) D’une manière généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s efforts de<br />

l’État marocain pour réformer ses administrations<br />

sont considérés comme<br />

réels et sérieux. Mais, un certain<br />

manque d’efficacité et de transparence<br />

dans <strong>le</strong>s procédures sont soulignés<br />

dans certains cas.<br />

Pour <strong>le</strong>s indicateurs objectifs, la situation<br />

est similaire : <strong>le</strong>s critères pour <strong>le</strong>squels la<br />

position marocaine est bonne (maîtrise de<br />

l’inflation et de la balance courante, taux de<br />

croissance du PIB é<strong>le</strong>vés certaines années<br />

et accès du secteur privé au crédit) ne peuvent<br />

compenser ceux où la situation est<br />

problématique :<br />

(i) au niveau du développement humain en<br />

premier lieu avec un indicateur du PNUD<br />

sensib<strong>le</strong>ment plus faib<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s autres<br />

-116-<br />

PM. Si l’espérance de vie est dans la<br />

moyenne des pays en développement,<br />

el<strong>le</strong> est inférieure à cel<strong>le</strong> enregistrée<br />

dans <strong>le</strong>s autres PM. Le niveau du PIB<br />

par tête est éga<strong>le</strong>ment moins é<strong>le</strong>vé et la<br />

proportion d’analphabétisme très<br />

(ii)<br />

important constitue un handicap certain<br />

pour <strong>le</strong> développement à moyen terme ;<br />

<strong>le</strong> faib<strong>le</strong> niveau des échanges relativement<br />

à la population et des investissements<br />

directs relativement à la production<br />

intérieure donne à la perception de<br />

fermeture de l’économie re<strong>le</strong>vée plus<br />

haut une traduction objective dans la<br />

sphère économique ;<br />

(iii) <strong>le</strong> déficit du budget apparaît plus important<br />

que dans la moyenne des PM ;<br />

(iv) et si <strong>le</strong> niveau de l’endettement ramené<br />

à la production apparaît plus favorab<strong>le</strong>,<br />

celui du service de la dette relativement<br />

aux exportations constitue l’un des éléments<br />

<strong>le</strong>s plus préoccupants, car il met<br />

lui aussi en jeu <strong>le</strong>s capacités même du<br />

pays à remédier à ses faib<strong>le</strong>sses, en<br />

absorbant une grande partie des<br />

marges de manoeuvre budgétaires.


Maroc<br />

5,00<br />

4,00<br />

3,00<br />

2,00<br />

1,00<br />

0,00<br />

Morocco 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs<br />

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie<br />

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)<br />

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants<br />

Liberté d'échange <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)<br />

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)<br />

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)<br />

Contrô<strong>le</strong> du marché noir 7 Balance du Compte Courant<br />

Participation et transparence 8 Croissance du PIB<br />

Contrô<strong>le</strong> de la corruption 9 Déficit Budgétaire<br />

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)<br />

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)<br />

12 Service de la dette (% export. de biens et services)<br />

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)<br />

14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)<br />

12<br />

11<br />

UE Subj.<br />

Comparaison des critères subjectifs<br />

1<br />

5<br />

10<br />

2<br />

4<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

7<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

et des critères objectifs<br />

14<br />

9<br />

5 1<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

Classe 5<br />

++<br />

2<br />

7<br />

5<br />

3<br />

6<br />

UE Obj.<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

10<br />

7<br />

13<br />

10<br />

Classe 4<br />

+<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Classe 3<br />

Moyen<br />

MAROC - Les principaux indicateurs de l'ouverture commercia<strong>le</strong><br />

-117-<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

5 1<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Subjectif<br />

2<br />

7<br />

Classe 2<br />

-<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4<br />

Objectifs<br />

1990 1995 2001<br />

Taux d'ouverture (X+M/PIB)<br />

Orientation des exportations (en%)<br />

41,10% 40,20% 51,40%<br />

vers l'UE 67,6% 62,1% 73,7%<br />

vers <strong>le</strong>s PM 3,0% 3,9% 2,2%<br />

vers RdM<br />

Orientation des importations (en%)<br />

29,4% 34,1% 24,1%<br />

issues de l'UE 65,6% 56,1% 56,6%<br />

issues des PM 0,8% 3,7% 3,8%<br />

issues de RdM<br />

Taux de couverture X/M<br />

33,6% 40,2% 39,6%<br />

avec l'UE 0,87 0,61 0,84<br />

avec RdM<br />

Soldes en millions de dollars<br />

0,74 0,47 0,39<br />

avec l'UE -490 -1 861 -986<br />

avec RdM<br />

Indices de concentration des exportations<br />

-503 -1 830 -2 648<br />

vers <strong>le</strong> monde 0,19 0,18 0,18<br />

vers l'UE<br />

Termes de l'échange (1990=100) (*)<br />

0,20 0,17 0,21<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des exportations 100 107 94<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des importations 100 101 79<br />

Termes de l'échange 100 106 118<br />

Pouvoir d'achat des exportations<br />

Indicateurs de commerce intrabranche<br />

100 159 206<br />

avec <strong>le</strong> monde 9,8 13,6 19,3<br />

avec l'UE 10,8 16,4 20,0<br />

avec RdM 5,6 7,6 15,4<br />

(*) Source : Cnuced<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

12<br />

11<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Objectifs Subjectif<br />

UE Obj. UE Subj.<br />

Classe 1<br />

--<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4


Va<strong>le</strong>ur et structure des échanges du Maroc avec ses principaux partenaires par grandes catégories de<br />

produits (en millions de dollars et en %)<br />

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS<br />

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001<br />

0 1 304 1 444 1 479 361 1 304 1 295 943 140 185 27% 31% 21% 6% 15% 12%<br />

1 5 14 11 57 82 78 -51 -68 -67 0% 0% 0% 1% 1% 1%<br />

2 731 634 608 381 849 538 350 -215 70 15% 13% 9% 7% 10% 5%<br />

3 67 104 302 91 1 173 1 944 -24 -1 069 -1 643 1% 2% 4% 2% 14% 18%<br />

Monde<br />

4<br />

5<br />

46<br />

661<br />

23<br />

981<br />

11<br />

870<br />

87<br />

572<br />

197<br />

1 017<br />

158<br />

1 066<br />

-41<br />

90<br />

-174<br />

-36<br />

-147<br />

-196<br />

1%<br />

14%<br />

0%<br />

21%<br />

0%<br />

12%<br />

2%<br />

10%<br />

2%<br />

12%<br />

1%<br />

10%<br />

6 265 425 422 1 574 1 562 2 478 -1 309 -1 137 -2 056 5% 9% 6% 27% 18% 22%<br />

7 237 153 773 2 234 1 987 2 698 -1 997 -1 835 -1 925 5% 3% 11% 39% 23% 24%<br />

8 1 568 939 2 655 378 368 777 1 190 571 1 879 32% 20% 37% 7% 4% 7%<br />

9 6 1 12 50 12 -44 1 0% 0% 0% 1% 0% 0%<br />

Total 4 891 4 719 7 143 5 785 8 540 11 042 -894 -3 822 -3 900 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 461 551 489 204 745 797 257 -194 -308 32% 34% 28% 10% 22% 18%<br />

1 1 6 4 42 58 57 -41 -52 -53 0% 0% 0% 2% 2% 1%<br />

2 277 266 300 233 487 319 45 -221 -19 19% 17% 17% 12% 14% 7%<br />

3 26 134 28 911 1 549 -28 -885 -1 415 0% 2% 8% 1% 27% 35%<br />

Reste du<br />

4 1 7 4 48 41 120 -46 -34 -117 0% 0% 0% 2% 1% 3%<br />

Monde<br />

5 236 503 519 147 259 314 89 245 205 16% 31% 30% 8% 8% 7%<br />

6 68 119 81 443 402 468 -375 -283 -387 5% 7% 5% 23% 12% 11%<br />

7 53 40 60 701 455 595 -648 -415 -535 4% 3% 3% 36% 13% 14%<br />

8 336 88 122 80 80 137 256 9 -15 23% 5% 7% 4% 2% 3%<br />

9 5 1 8 16 11 -11 1 -3 0% 0% 0% 1% 0% 0%<br />

Total 1 439 1 607 1 721 1 942 3 437 4 368 -503 -1 830 -2 648 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 839 863 932 152 517 450 688 346 482 25% 29% 18% 4% 11% 7%<br />

1 5 8 7 15 19 19 -10 -11 -12 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

2 440 324 297 143 329 205 296 -5 92 13% 11% 6% 4% 7% 3%<br />

3 67 69 155 63 163 215 4 -94 -60 2% 2% 3% 2% 3% 3%<br />

UE<br />

4<br />

5<br />

44<br />

335<br />

17<br />

428<br />

8<br />

313<br />

40<br />

413<br />

156<br />

737<br />

33<br />

711<br />

5<br />

-78<br />

-140<br />

-309<br />

-25<br />

-398<br />

1%<br />

10%<br />

1%<br />

15%<br />

0%<br />

6%<br />

1%<br />

11%<br />

3%<br />

15%<br />

1%<br />

11%<br />

6 167 272 312 1 110 1 074 1 929 -943 -802 -1 617 5% 9% 6% 29% 22% 31%<br />

7 178 103 710 1 528 1 515 2 065 -1 350 -1 412 -1 355 5% 4% 13% 40% 32% 33%<br />

8 1 229 846 2 530 297 280 627 932 566 1 903 37% 29% 48% 8% 6% 10%<br />

9 1 4 34 1 -33 3 0% 0% 0% 1% 0% 0%<br />

Total 3 305 2 929 5 267 3 794 4 790 6 254 -490 -1 861 -986 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 4 31 58 5 42 48 -1 -11 10 3% 17% 37% 11% 13% 11%<br />

1 5 2 -5 -2 0% 0% 0% 0% 2% 0%<br />

2 14 44 11 5 33 14 9 11 -3 10% 24% 7% 11% 11% 3%<br />

3 10 12 100 180 -90 -168 0% 5% 8% 0% 32% 43%<br />

Partenaires 4 1 4 -1 -4 0% 0% 0% 0% 0% 1%<br />

Med. (**) 5 90 50 38 11 21 41 79 28 -3 61% 27% 25% 23% 7% 10%<br />

6 29 34 29 21 86 81 9 -52 -52 20% 19% 19% 43% 27% 19%<br />

7 6 9 3 5 17 38 1 -8 -35 4% 5% 2% 10% 5% 9%<br />

8 3 5 4 1 9 13 2 -3 -9 2% 3% 2% 2% 3% 3%<br />

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Total 147 183 155 48 314 420 99 -131 -266 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 17 15 44 15 -27 0% 14% 24% 5% 23% 15%<br />

1 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

2 24 14 50 31 -26 -18 0% 19% 22% 0% 26% 32%<br />

3 32 81 30 2 1 32 78 29 99% 66% 49% 0% 1% 1%<br />

AC10 (***)<br />

4<br />

5 4 5 -4 -5<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

2%<br />

0%<br />

5%<br />

6 1 78 21 -78 -20 0% 0% 1% 4% 40% 21%<br />

7 1 1 14 23 -13 -21 0% 0% 2% 65% 7% 23%<br />

8 2 3 -2 -3 0% 0% 1% 26% 1% 3%<br />

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Total 32 122 62 1 194 98 32 -72 -37 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétro<strong>le</strong>; 3 = Combustib<strong>le</strong>s minéraux;<br />

4 = Hui<strong>le</strong>s, graisses anima<strong>le</strong>s & végéta<strong>le</strong>s; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés;<br />

7 = Machines & matériels de transport; 8 = Artic<strong>le</strong>s manufacturés; 9 = Biens non classés<br />

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël<br />

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

-118-


Syrie<br />

La Syrie est une économie dominée par <strong>le</strong>s<br />

ressources naturel<strong>le</strong>s : l’agriculture représente<br />

22% du PIB et <strong>le</strong>s estimations concernant<br />

<strong>le</strong>s hydrocarbures varient de 14% à<br />

20% du PIB. Sa croissance est donc largement<br />

déterminée par <strong>le</strong>s aléas météorologiques<br />

et l’évolution des prix des matières<br />

premières. Son cyc<strong>le</strong> est heurté et après une<br />

forte récession en 1999 où la croissance avait<br />

chuté à –3,6%, l’économie syrienne croît en<br />

2001 de +3,4%.<br />

Le taux de chômage progresse rapidement<br />

ces dernières années, passant de 9,5% en<br />

2000 à 11,4% en 2001 (Eurostat,<br />

Programme Medstat). La pression à la création<br />

d’emplois qui s’exerce <strong>sur</strong> <strong>le</strong> gouvernement<br />

est d’autant plus forte que sa population<br />

se stabilisera beaucoup plus tard que<br />

pour <strong>le</strong>s autres PM, aux a<strong>le</strong>ntours de 2060, et<br />

que la part des moins de 15 ans, 40,4% en<br />

2001, sera encore de 30% en 2020.<br />

L’emploi agrico<strong>le</strong> représente encore plus du<br />

quart des emplois totaux en 2001 (26,9%), en<br />

très nette diminution par rapport aux 32% de<br />

2000. L’exode rural est ainsi très fort ce qui<br />

accroît <strong>le</strong>s tensions <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s milieux urbains.<br />

Le taux d’il<strong>le</strong>ttrisme reste é<strong>le</strong>vé (26% en<br />

2000), mais il a diminué sensib<strong>le</strong>ment durant<br />

la dernière décennie (il s’é<strong>le</strong>vait à 35% en<br />

1990). S’il est particulièrement important<br />

chez <strong>le</strong>s femmes (<strong>le</strong> taux d’il<strong>le</strong>ttrisme féminin<br />

se monte à 40%, contre 12% pour <strong>le</strong> taux<br />

masculin), il devrait se réduire grâce à une<br />

scolarisation moins discriminante maintenant.<br />

L’enseignement primaire est suivi par<br />

92% des enfants en âge de <strong>le</strong> faire, 88%<br />

pour <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s et 96% pour <strong>le</strong>s garçons. Si<br />

seu<strong>le</strong>ment 37% des classes d’âge concernées<br />

suivent un enseignement secondaire, la<br />

répartition fil<strong>le</strong>s/garçons est équilibrée.<br />

-119-<br />

La Syrie est dans une situation similaire à<br />

cel<strong>le</strong> de l'Algérie. El<strong>le</strong> est face à un problème<br />

d’épuisement de ses ressources pétrolières,<br />

de croissance chaotique et insuffisante pour<br />

répondre aux besoins d’emploi actuels et à<br />

venir. Cependant, la question de la gestion<br />

inter-temporel<strong>le</strong> de la richesse nationa<strong>le</strong> se<br />

pose de manière très aigue dans la me<strong>sur</strong>e<br />

où <strong>le</strong> pays, vivant <strong>sur</strong> l’exploitation de ses<br />

ressources naturel<strong>le</strong>s —<strong>le</strong>s autorités ont<br />

d’ail<strong>le</strong>urs développé un programme d’exploitation<br />

des gisements de gaz— ne s’est pas<br />

réel<strong>le</strong>ment engagé dans des réformes vers<br />

l’économie de marché.<br />

La situation macro-économique actuel<strong>le</strong> se<br />

caractérise de la façon suivante :<br />

(i) <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché des biens, la faib<strong>le</strong>sse de<br />

la demande interne et de l’investissement a<br />

été compensée par la forte hausse des<br />

dépenses publiques en 2001 (figure suivante).<br />

Les conséquences néfastes de la faib<strong>le</strong>sse<br />

de la consommation privée <strong>sur</strong> la<br />

croissance ont ainsi été atténuées. Mais,<br />

c’est une situation qui n’est pas tenab<strong>le</strong> à<br />

terme et ne laisse comme solution qu’une<br />

forte ouverture commercia<strong>le</strong>.<br />

Décomposition du PIB<br />

(cou<strong>le</strong>ur claire : 1998-2000, cou<strong>le</strong>ur moyenne : 2000-<br />

2001)<br />

15%<br />

10%<br />

5%<br />

0%<br />

-5%<br />

-10%<br />

3,4%<br />

-0,7%<br />

Produit Intérieur<br />

Brut<br />

-0,8%<br />

-3,6%<br />

Consommation<br />

Privée<br />

8,6%<br />

-1,7%<br />

Consommation<br />

Publique<br />

8,0%<br />

-8,7%<br />

Investissement fixe<br />

13,1%<br />

-3,6%<br />

Exportations de<br />

biens et services<br />

Source : Eurostat, programme Medstat.<br />

11,3%<br />

-2,4%<br />

Importations de<br />

biens et services


De ce point de vue, la décennie passée n’a<br />

pas fait progresser une situation très fragi<strong>le</strong>.<br />

Apparemment, <strong>le</strong> cas de la Syrie offre à nouveau<br />

une grande similitude avec <strong>le</strong> cas de<br />

l’Algérie au niveau de l’ouverture commercia<strong>le</strong>.<br />

Comme cel<strong>le</strong>-ci en effet, <strong>le</strong> commerce<br />

syrien est essentiel<strong>le</strong>ment une affaire de<br />

produits pétroliers, ce qui entraîne une similarité<br />

des situations <strong>sur</strong> certains points :<br />

√ l’économie syrienne est sans doute l’une<br />

des moins ouvertes dans <strong>le</strong> monde, et<br />

l’évolution du taux d’ouverture commercia<strong>le</strong><br />

en témoigne : <strong>le</strong> ratio, déjà très<br />

faib<strong>le</strong>, a baissé tout au long de la décennie,<br />

passant de 15,7% à 11,5% ;<br />

√ une concentration <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s produits pétroliers<br />

en hausse entre 1995 et 2001 (de<br />

70% à 78% des exportations tota<strong>le</strong>s ;<br />

√ une croissance de la part de l’Union<br />

dans <strong>le</strong>s exportations de 1990 à 1995,<br />

mais une stagnation depuis ;<br />

√ une balance commercia<strong>le</strong> largement<br />

excédentaire ... quand <strong>le</strong>s cours du<br />

pétro<strong>le</strong> sont é<strong>le</strong>vés ;<br />

√ une grande volatilité des termes de<br />

l’échange et du pouvoir d’achat des<br />

exportations.<br />

Toutefois, quelques aspects dynamiques pourraient<br />

être envisagés de manière positive :<br />

√ une modification de la structure des<br />

exportations peut s’observer avec <strong>le</strong>s<br />

partenaires non euro-méditerranéens<br />

avec <strong>le</strong> développement des exportations<br />

dans d’autres secteurs. Ainsi, avec <strong>le</strong> «<br />

reste du monde », <strong>le</strong>s exportations<br />

syriennes d’hydrocarbures ne représentent<br />

« plus que » 47 % du total en 2001<br />

contre 89% en 1990. Les exportations<br />

de produits agrico<strong>le</strong>s (23%) et d’artic<strong>le</strong>s<br />

manufacturés (15%) se sont développées<br />

pour atteindre un poids moins<br />

anecdotique.<br />

-120-<br />

√ Il reste à déterminer si la forte croissance<br />

relative de ces postes n’est pas<br />

entièrement déterminée par la chute<br />

des exportations hors de l’Union (de<br />

43% en 1990 à 18% en 2001), el<strong>le</strong>même<br />

largement liée à un effondrement<br />

des exportations de produits pétroliers<br />

hors de l’Union (-78% entre 1990 et<br />

1995 ; et malgré une reprise en 2001,<br />

<strong>le</strong> niveau atteint est toujours en baisse<br />

de 39% <strong>sur</strong> l’ensemb<strong>le</strong> de la décennie).<br />

Cela ne semb<strong>le</strong> pas être tota<strong>le</strong>ment <strong>le</strong><br />

cas, dans la me<strong>sur</strong>e où <strong>le</strong>s indicateurs<br />

de commerce intrabranche, s’ils restent<br />

faib<strong>le</strong>s, ont évolué de manière positive<br />

entre 1990 et 2001. Similaires à ceux<br />

de l’Algérie en début de période, ils sont<br />

trois fois plus é<strong>le</strong>vés en 2001.<br />

(ii) Le taux de change effectif réel s’est<br />

apprécié tout au long de la décennie 1990 ce<br />

qui a érodé la compétitivité des produits<br />

syriens (79 en 1993 contre 111,1 en avril<br />

2002). Or, un des piliers de la politique de<br />

développement du secteur privé de la Syrie<br />

est l’accroissement des échanges : signature<br />

d’un accord de libre-échange avec l’Union<br />

européenne, entrée à court terme à l’OMC,<br />

prise de participation active dans la création<br />

de la zone de libre-échange arabe, mais aussi<br />

réforme douanière en sont <strong>le</strong>s éléments<br />

constitutifs. Le taux de change livre syrienne-dollar<br />

US a été unifié en 2000 pour <strong>le</strong>s<br />

exportations et <strong>le</strong>s importations. Les interdictions<br />

d’importation ont été abolies et seront<br />

remplacées par des tarifs douaniers en partie<br />

pour répondre aux exigences d’un accord<br />

avec l’Europe mais beaucoup reste à faire car<br />

<strong>le</strong>s procédures demeurent opaques.<br />

(iii) La politique monétaire se traduit par une<br />

relance très importante visant à la fois <strong>le</strong> secteur<br />

privé et public. Cependant, l’étroitesse<br />

du secteur privé ne permet pas de répondre<br />

à une demande en forte expansion. La


consommation privée commence à se renforcer<br />

et si la consommation publique ne se<br />

réduit pas à son bénéfice, <strong>le</strong>s tensions inflationnistes<br />

naissantes risquent d’augmenter<br />

fortement.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, la Syrie a entrepris une réforme<br />

de sa politique monétaire. El<strong>le</strong> a réactivé <strong>le</strong><br />

Conseil Monétaire et de Crédit qui doit piloter<br />

la réforme du système bancaire. Il est donc<br />

chargé de choisir <strong>le</strong>s banques privées étrangères<br />

auxquel<strong>le</strong>s des licences sont attribuées<br />

<strong>le</strong>ur permettant d’exercer <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché<br />

domestique[13]. Cette me<strong>sur</strong>e est très<br />

encourageante <strong>sur</strong> bien des points :<br />

(a) el<strong>le</strong> fait progresser la profondeur du<br />

marché très spécialisé auparavant et<br />

peut encourager l’émergence d’un secteur<br />

privé non-agrico<strong>le</strong> compétitif en<br />

utilisant au mieux <strong>le</strong>s fonds générés par<br />

la politique d’attraction des IDE et d’encouragement<br />

au rapatriement des fonds<br />

domestiques placés à l’étranger.<br />

L’augmentation de la concurrence va<br />

améliorer l’affectation des ressources et<br />

encourager un changement des comportements<br />

des banques domestiques<br />

qui privilégiaient jusqu’ici <strong>le</strong> secteur<br />

Politique monétaire et inflation<br />

% 1993-1997 1998-2000 2001 2002<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

-5<br />

-10<br />

9,9<br />

16,2<br />

23,5<br />

14,8<br />

0,8<br />

9,6<br />

M2 Avances au<br />

secteur public<br />

-0,3<br />

-6,2<br />

18,6<br />

Crédit à<br />

l'économie<br />

domestique<br />

9,4<br />

-1,0<br />

1,0 1,7<br />

Inflation<br />

Sources : Eurostat, programme Medstat, Fond<br />

Monétaire International, IFS avril <strong>2003</strong>.<br />

-121-<br />

(b)<br />

public. Cependant, la restructuration du<br />

système bancaire risque d’avoir d’importantes<br />

et néfastes conséquences <strong>sur</strong><br />

l’économie étant donné <strong>le</strong>s passifs des<br />

banques domestiques, notamment <strong>le</strong>s<br />

prêts au secteur public. Mais l’effet net<br />

est diffici<strong>le</strong> à évaluer.<br />

El<strong>le</strong> révè<strong>le</strong> une vision large de l’intégration<br />

bancaire, à savoir régiona<strong>le</strong>, qui<br />

prolongerait la simp<strong>le</strong> mise en place<br />

d’une zone de libre-échange entre chacun<br />

des PM et l’Union européenne (l’accord<br />

Union européenne-Syrie pourrait<br />

voir <strong>le</strong> jour avant la fin de l’année<br />

<strong>2003</strong>). Cela pourrait favoriser une<br />

meil<strong>le</strong>ure intégration Sud-Sud.<br />

(c) L’activation de ce Conseil véhicu<strong>le</strong> un<br />

effet de signal fort pour <strong>le</strong>s investisseurs<br />

nationaux et étrangers <strong>sur</strong> la hiérarchie<br />

des objectifs des autorités et permettrait<br />

de tirer p<strong>le</strong>inement parti de l’admission<br />

de la Syrie au sein de l’Agence<br />

de Garantie des Investissements<br />

(d)<br />

Multilatéraux et de la révision de la politique<br />

de change. La Syrie ne bénéficie<br />

d’aucun fonds public ou d’investissements<br />

de portefeuil<strong>le</strong>[14]. Pour financer<br />

la restructuration de son économie, <strong>le</strong><br />

pays ne peut s’appuyer que <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s IDE.<br />

Or, c’est un des PM qui en reçoit <strong>le</strong><br />

moins. Depuis 1999-2000, la perspective<br />

de cette nouvel<strong>le</strong> politique <strong>le</strong>s a fait<br />

croître de 150% bien que <strong>le</strong> contexte<br />

législatif ne soit pas encourageant.<br />

La réactivation du Conseil est aussi un<br />

signal fort de la volonté du gouvernement<br />

de réduire son influence <strong>sur</strong> l’économie.<br />

Cependant, la composition du<br />

Conseil[15] empêche toute indépendance<br />

de la banque centra<strong>le</strong> et de la politique<br />

monétaire vis-à-vis du gouvernement.<br />

Cela représente toujours un<br />

risque de retour à des interventions et<br />

limite malheureusement la portée du<br />

signal initial.


(iii) Les effets de la politique budgétaire sont<br />

fragilisés par la volatilité des ressources<br />

(51,3% des recettes du budget <strong>2003</strong><br />

devraient provenir de la fiscalité pétrolière)<br />

et la rigidité des dépenses. Le budget <strong>2003</strong><br />

est en progression de 18% par rapport à<br />

celui 2002, lui-même déjà en hausse de 10%<br />

par rapport à celui de 2001. Les prévisions de<br />

croissance optimistes et des recettes pétrolières<br />

calculées <strong>sur</strong> la base d’un baril à<br />

24 dollars laissent présager des difficultés de<br />

bouclage, mais la saison agrico<strong>le</strong> <strong>2003</strong><br />

devrait être bonne, ce qui soutiendra <strong>le</strong>s<br />

recettes fisca<strong>le</strong>s.<br />

Les dépenses sont contraintes par la volonté<br />

du gouvernement de limiter <strong>le</strong>s effets des<br />

restructurations <strong>sur</strong> la population. 14% des<br />

dépenses sont affectées aux salaires et <strong>le</strong><br />

poids de ce poste devrait augmenter puisque<br />

<strong>le</strong>s autorités prévoient un doub<strong>le</strong>ment des<br />

salaires de la fonction publique. L’effort de<br />

restructuration est <strong>sur</strong>tout apparent dans<br />

l’évolution des dépenses d’investissement<br />

dont <strong>le</strong> niveau est é<strong>le</strong>vé (51% du budget<br />

total) et la progression prévue conséquente,<br />

15% pour <strong>2003</strong> après cel<strong>le</strong> de 14% de 2002.<br />

Cependant ses effets <strong>sur</strong> la croissance seront<br />

réduits si cela ne s’accompagne pas d’une<br />

hausse de la qualité du facteur travail.<br />

Une réforme fisca<strong>le</strong> est donc nécessaire qui<br />

doit notamment s’appuyer plus largement,<br />

(i) <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s impôts <strong>sur</strong> <strong>le</strong> revenu, qui ne représentent<br />

que 19% des recettes attendues<br />

pour <strong>2003</strong> contre 25% pour <strong>le</strong>s impôts <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s sociétés, en limitant <strong>le</strong>s exonérations permanentes<br />

offertes, (ii) <strong>sur</strong> une TVA généralisée<br />

en limitant <strong>le</strong>s produits subventionnés,<br />

-122-<br />

(iii) veil<strong>le</strong>r au remplacement des recettes<br />

douanières, puisque la politique de dynamisation<br />

de la croissance est fondée <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

démantè<strong>le</strong>ment douanier progressif.<br />

Une inquiétante position relative, très<br />

en retrait quel<strong>le</strong>s que soient <strong>le</strong>s références<br />

Comme la plupart des autres PM, la position<br />

de la Syrie selon <strong>le</strong>s critères subjectifs est<br />

bien inférieure à cel<strong>le</strong> obtenue selon <strong>le</strong>s critères<br />

objectifs. Mais dans ce cas, cette<br />

remarque tient presque de l’anecdote. Car si<br />

la Syrie apparaît comme l’une des économies<br />

<strong>le</strong>s moins hospitalières au monde, vue la<br />

position qu’el<strong>le</strong> occupe, son classement selon<br />

<strong>le</strong>s critères objectifs, bien que meil<strong>le</strong>ur,<br />

montre qu’intrinsèquement, el<strong>le</strong> appartient<br />

au tiers <strong>le</strong> moins performant. Si la balance<br />

courante est contrôlée, notamment grâce aux<br />

cours é<strong>le</strong>vés des hydrocarbures (ce qui permet<br />

éga<strong>le</strong>ment de maintenir <strong>le</strong> service de la<br />

dette relativement aux exportations à un bon<br />

niveau, malgré un stock de dette externe dramatique),<br />

si l’inflation est bien contenue et si,<br />

selon <strong>le</strong>s années, la croissance du PIB atteint<br />

un bon niveau, tous <strong>le</strong>s autres indicateurs<br />

sont à des niveaux très faib<strong>le</strong>s. Cela laisse<br />

l’impression d’une économie <strong>sur</strong> <strong>le</strong> fil du<br />

rasoir, dont l’équilibre économique précaire<br />

est à la merci d’un retournement <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés<br />

des hydrocarbures. Compte-tenu de la<br />

jeunesse de la population (40% des syriens a<br />

moins de 15 ans), ce qui implique que la Syrie<br />

doit créer d’ici à 2020 un nombre d’emploi<br />

supplémentaire presque égal à l’actuel<br />

nombre d’emploi, c’est éga<strong>le</strong>ment l’équilibre<br />

social qui dépend de ces marchés.


Syrie<br />

5,00<br />

4,00<br />

3,00<br />

2,00<br />

1,00<br />

0,00<br />

Syria 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs<br />

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie<br />

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)<br />

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants<br />

Liberté d'échange <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)<br />

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)<br />

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)<br />

Contrô<strong>le</strong> du marché noir 7 Balance du Compte Courant<br />

Participation et transparence 8 Croissance du PIB<br />

Contrô<strong>le</strong> de la corruption 9 Déficit Budgétaire<br />

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)<br />

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)<br />

12 Service de la dette (% export. de biens et services)<br />

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)<br />

14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)<br />

12<br />

11<br />

UE Subj.<br />

Comparaison des critères subjectifs<br />

1<br />

5<br />

10<br />

2<br />

4<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

7<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

et des critères objectifs<br />

14<br />

9<br />

5 1<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

Classe 5<br />

++<br />

2<br />

7<br />

5<br />

3<br />

6<br />

UE Obj.<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

10<br />

7<br />

13<br />

10<br />

Classe 4<br />

+<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Classe 3<br />

Moyen<br />

-123-<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

5 1<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Objectifs<br />

2<br />

7<br />

Classe 2<br />

-<br />

SYRIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commercia<strong>le</strong><br />

1990 1995 2001<br />

Taux d'ouverture (X+M/PIB)<br />

Orientation des exportations (en%)<br />

15,70% 13,70% 11,50%<br />

vers l'UE 49,6% 69,5% 68,3%<br />

vers <strong>le</strong>s PM 7,2% 14,4% 13,9%<br />

vers RdM<br />

Orientation des importations (en%)<br />

43,3% 16,2% 17,8%<br />

issues de l'UE 42,8% 44,9% 42,6%<br />

issues des PM 12,5% 10,7% 10,5%<br />

issues de RdM<br />

Taux de couverture X/M<br />

44,7% 44,4% 47,0%<br />

avec l'UE 1,2 1,3 2,0<br />

avec RdM<br />

Soldes en millions de dollars<br />

1,0 0,3 0,5<br />

avec l'UE 154 512 1 867<br />

avec RdM<br />

Indices de concentration des exportations<br />

-1 202 -1 014<br />

vers <strong>le</strong> monde 0,73 0,63 0,71<br />

vers l'UE<br />

Termes de l'échange (1990=100) (*)<br />

0,67 0,78 0,84<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des exportations 100 90 136<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des importations 100 118 105<br />

Termes de l'échange 100 76 130<br />

Pouvoir d'achat des exportations<br />

Indicateurs de commerce intrabranche<br />

100 72 113<br />

avec <strong>le</strong> monde 2,0 8,0 6,6<br />

avec l'UE 3,0 4,9 9,4<br />

avec RdM 1,6 14,5 10,9<br />

(*) Source : Cnuced<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4<br />

12<br />

11<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Objectifs Subjectif<br />

UE Obj. UE Subj.<br />

Classe 1<br />

--<br />

2<br />

7<br />

Subjectif<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4


Va<strong>le</strong>ur et structure des échanges de la Syrie avec ses principaux partenaires par grandes catégories de<br />

produits (en millions de dollars et en %)<br />

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS<br />

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001<br />

0 23 338 346 487 614 621 -464 -276 -275 1% 10% 6% 26% 16% 15%<br />

1 1 7 5 2 28 34 -1 -20 -29 0% 0% 0% 0% 1% 1%<br />

2 167 374 248 44 89 129 123 285 119 9% 11% 5% 2% 2% 3%<br />

3 1 635 2 269 4 142 28 50 116 1 607 2 220 4 026 86% 70% 78% 2% 1% 3%<br />

Monde<br />

4<br />

5 2<br />

6<br />

12<br />

5<br />

37<br />

23<br />

241<br />

60<br />

429<br />

39<br />

563<br />

-23<br />

-239<br />

-54<br />

-417<br />

-35<br />

-526<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

1%<br />

1%<br />

13%<br />

2%<br />

11%<br />

1%<br />

13%<br />

6 48 49 240 455 1 060 964 -407 -1 011 -725 2% 1% 4% 25% 27% 23%<br />

7 5 36 35 472 1 367 1 465 -468 -1 331 -1 430 0% 1% 1% 26% 35% 35%<br />

8 23 157 274 73 150 186 -50 7 89 1% 5% 5% 4% 4% 4%<br />

9 3 2 9 23 41 62 -20 -39 -54 0% 0% 0% 1% 1% 1%<br />

Total 1 906 3 250 5 340 1 848 3 889 4 180 58 -639 1 160 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 15 210 217 156 304 324 -141 -94 -107 2% 40% 23% 19% 18% 16%<br />

1 1 3 22 20 -19 -20 0% 1% 0% 0% 1% 1%<br />

2 38 65 53 34 63 96 5 3 -43 5% 12% 6% 4% 4% 5%<br />

3 734 163 450 1 -6 734 162 455 89% 31% 47% 0% 0% 0%<br />

Reste du<br />

4 1 3 17 27 23 -17 -26 -20 0% 0% 0% 2% 2% 1%<br />

Monde<br />

5 1 11 16 72 140 224 -71 -130 -208 0% 2% 2% 9% 8% 11%<br />

6 22 26 52 206 549 513 -183 -522 -461 3% 5% 6% 25% 32% 26%<br />

7 1 5 13 295 550 687 -295 -544 -675 0% 1% 1% 36% 32% 35%<br />

8 11 39 140 37 65 78 -26 -27 63 1% 7% 15% 4% 4% 4%<br />

9 2 1 6 8 5 5 -6 -4 1 0% 0% 1% 1% 0% 0%<br />

Total 825 525 950 825 1 727 1 964 -1 202 -1 014 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 2 27 18 275 230 178 -273 -203 -160 0% 1% 0% 35% 13% 10%<br />

1 2 5 14 -2 -5 -14 0% 0% 0% 0% 0% 1%<br />

2 103 222 103 9 21 26 95 201 77 11% 10% 3% 1% 1% 1%<br />

3 809 1 863 3 272 27 43 84 782 1 820 3 187 86% 83% 90% 3% 2% 5%<br />

UE<br />

4<br />

5<br />

5<br />

3<br />

4<br />

107<br />

9<br />

225<br />

4<br />

305<br />

-4<br />

-107<br />

-4<br />

-224<br />

-4<br />

-302<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

1%<br />

14%<br />

1%<br />

13%<br />

0%<br />

17%<br />

6 18 16 127 144 301 296 -126 -285 -169 2% 1% 3% 18% 17% 17%<br />

7 3 28 10 172 793 714 -169 -765 -704 0% 1% 0% 22% 45% 40%<br />

8 8 96 111 35 83 101 -27 13 10 1% 4% 3% 4% 5% 6%<br />

9 1 1 2 14 36 57 -14 -35 -55 0% 0% 0% 2% 2% 3%<br />

Total 945 2 257 3 646 791 1 746 1 779 154 512 1 867 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 6 100 111 55 80 119 -49 20 -8 4% 22% 15% 24% 19% 27%<br />

1 4 5 4 5 0% 1% 1% 0% 0% 0%<br />

2 25 86 93 2 5 7 23 81 86 19% 18% 12% 1% 1% 2%<br />

3 91 244 421 6 38 91 238 383 67% 52% 57% 0% 1% 9%<br />

Partenaires 4 1 2 24 12 -2 -24 -11 0% 0% 0% 1% 6% 3%<br />

Med. **) 5 1 18 62 64 34 -62 -63 -16 0% 0% 2% 27% 15% 8%<br />

6 7 6 60 105 210 155 -97 -204 -95 5% 1% 8% 45% 50% 36%<br />

7 1 3 12 5 25 64 -4 -22 -52 1% 1% 2% 2% 6% 15%<br />

8 5 23 23 1 2 7 4 21 16 3% 5% 3% 0% 0% 2%<br />

9 1 -1 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Total 136 467 744 232 416 437 -95 51 307 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 2 3 9 -1 -9 7% 4% 0% 7% 3% 10%<br />

1 4% 0% 0% 2% 0% 0%<br />

2 3 3 1 2 3 1% 4% 2% 3% 1% 0%<br />

3 51 158 1 51 157 0% 85% 94% 0% 0% 1%<br />

AC10 (***)<br />

4<br />

5<br />

5<br />

12<br />

1<br />

13<br />

-5<br />

-12<br />

-1<br />

-13<br />

0%<br />

4%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

0%<br />

2%<br />

7%<br />

4%<br />

10%<br />

1%<br />

13%<br />

6 3 1 3 41 27 3 -40 -23 73% 1% 2% 4% 35% 28%<br />

7 1 47 40 -47 -39 1% 0% 0% 6% 40% 41%<br />

8 3 2 1 7 5 -1 -4 -2 11% 5% 1% 69% 6% 5%<br />

9 1 2 1 -2 0% 0% 0% 0% 1% 1%<br />

Total 4 60 169 2 118 97 1 -57 72 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétro<strong>le</strong>; 3 = Combustib<strong>le</strong>s minéraux;<br />

4 = Hui<strong>le</strong>s, graisses anima<strong>le</strong>s & végéta<strong>le</strong>s; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;<br />

8 = Artic<strong>le</strong>s manufacturés; 9 = Biens non classés<br />

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël<br />

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

-124-


Tunisie<br />

La croissance de la Tunisie est une des plus<br />

stab<strong>le</strong>s de la zone et se situe régulièrement<br />

dans la fourchette de 5 à 6%. Mais, la Tunisie<br />

étant l’un des PM <strong>le</strong>s plus extravertis (essentiel<strong>le</strong>ment<br />

avec l’Union) et ayant développé<br />

une forte activité touristique, <strong>le</strong>s chocs de<br />

2001 qui se sont prolongés en 2002 (ra<strong>le</strong>ntissement<br />

de la conjoncture internationa<strong>le</strong>,<br />

baisse des recettes du tourisme, alourdissement<br />

de la facture pétrolière, agriculture) ont<br />

durement freiné ce rythme, qui n’atteint, en<br />

2002, que 1,7%.<br />

Néanmoins, la modification de la structure productive<br />

dans la décennie passée permet à la<br />

Tunisie d’as<strong>sur</strong>er une bonne capacité de protection<br />

vis-à-vis des chocs externes et internes.<br />

On note ainsi qu’entre 1991 et 2001 :<br />

(i) l'agriculture, dont <strong>le</strong>s performances sont<br />

très volati<strong>le</strong>s et peu dynamiques (croissance<br />

annuel<strong>le</strong> moyenne de 2,1% entre<br />

1991 et 2001), a vu sa contribution à<br />

l’économie diminuer de 30,5% <strong>sur</strong> la<br />

dernière décennie ;<br />

(ii) l’industrie au sens large a maintenu sa<br />

part dans <strong>le</strong> PIB à 28,8% ; mais il est à<br />

Part dans la va<strong>le</strong>ur ajoutée<br />

%<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

-2<br />

-4<br />

-6<br />

-8<br />

-10<br />

-12<br />

-10,3<br />

-1,5<br />

Agriculture et<br />

pêche<br />

3,0<br />

5,2<br />

Industrie y<br />

compris<br />

énergie<br />

5,7<br />

7,1<br />

3,0<br />

2002 2001<br />

Construction Total services<br />

Sources : Banque centra<strong>le</strong>, Eurostat, Programme<br />

Medstat.<br />

6<br />

-125-<br />

remarquer que <strong>le</strong> secteur manufacturier<br />

s’est bien développé (de 16,9% à 18,5%<br />

du PIB), ce qui tend à indiquer un mouvement<br />

de montée en gamme de la production<br />

tunisienne ; <strong>le</strong>s services marchands<br />

quant à eux ont connu une large<br />

expansion et représentent, en 2001,<br />

59,9% de la production intérieure ;<br />

(iii) l’analyse sectoriel<strong>le</strong> des investissements<br />

confirme cette évolution bénéfique<br />

en faveur des secteurs porteurs. Il<br />

tend à privilégier ceux en croissance<br />

comme on l’a vu, mais éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s<br />

secteurs qui sont <strong>le</strong> plus à même de<br />

générer des externalités positives au<br />

sein de l’économie (énergie, équipements<br />

col<strong>le</strong>ctifs).<br />

Mais, cette modernisation de la structure<br />

économique est encore <strong>le</strong>nte à modifier <strong>le</strong><br />

processus de création d’emplois, toujours<br />

dominé par l’évolution des secteurs traditionnels<br />

comme l’agriculture et la construction.<br />

La dynamique est certes dans <strong>le</strong> bon sens,<br />

avec une forte progression des emplois créés<br />

dans <strong>le</strong> secteur manufacturier (doub<strong>le</strong>ment<br />

de la part représentée à 8%) et dans <strong>le</strong>s<br />

transport-télécommunications.<br />

Investissement sectoriel<br />

%<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

-10<br />

-20<br />

-30<br />

11<br />

-12<br />

Agriculture et<br />

pêche<br />

1<br />

Mines<br />

25<br />

Part dans l'investissement en 2002<br />

Accumulation du capital 2001-2002<br />

9<br />

-24<br />

Energie<br />

13<br />

-5<br />

Secteur<br />

manufacturier<br />

53<br />

11<br />

2<br />

4 6 4<br />

Construction<br />

Services<br />

marchands<br />

Equipements<br />

col<strong>le</strong>ctifs<br />

Sources : Banque centra<strong>le</strong>, Eurostat, Programme<br />

Medstat.


Ainsi, <strong>sur</strong> la base de la décennie passée, la<br />

Tunisie est sans doute <strong>le</strong> seul PM qui<br />

semb<strong>le</strong> arriver à un niveau de création<br />

d’emploi suffisant pour absorber <strong>le</strong>s nouveaux<br />

entrants. D’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong> taux de chômage<br />

a encore reculé en 2002, malgré la<br />

conjoncture, pour s’établir à 14,9% de la<br />

population active contre 15,6% en 2000.<br />

Toutefois, une partie de cette tendance<br />

positive s’explique par <strong>le</strong> résultat de programmes<br />

actifs de placements des jeunes<br />

diplômés et des chômeurs, notamment via<br />

des subventions de projets et des exonérations<br />

de taxes, me<strong>sur</strong>es dont l'effet de long<br />

terme est incertain.<br />

El<strong>le</strong> doit éga<strong>le</strong>ment ce résultat à sa politique<br />

d’extraversion et la modification de la<br />

structure productive qui ont permis d’enregistrer<br />

de forts gains de productivité tout<br />

au long de la décennie (1,9% par an selon<br />

Kel<strong>le</strong>r et Nabli, 2002). Mais, pour maintenir<br />

ce sentier de croissance, qui montre que<br />

pour <strong>le</strong>s PM, l’arbitrage antagonique entre<br />

emploi et gain de productivité n’a rien<br />

d’inéluctab<strong>le</strong>, il faudra progresser encore<br />

<strong>sur</strong> au moins deux plans qui pourraient<br />

rapidement venir épuiser <strong>le</strong> mouvement :<br />

(i) <strong>le</strong> taux d’investissement semb<strong>le</strong> encore<br />

un peu faib<strong>le</strong> pour atteindre la croissance<br />

nécessaire à l’absorption des nou-<br />

Création d'emploi 1998-2002<br />

Création d'emploi<br />

(unités)<br />

-126-<br />

veaux entrants <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché de l’emploi<br />

: Kouamé (2000) estime ainsi qu’il<br />

faudrait que <strong>le</strong> taux d’investissement<br />

atteigne 30 à 35% du PIB pour réaliser<br />

cet objectif, alors qu’il se situe régulièrement<br />

aux a<strong>le</strong>ntours de 25% ;<br />

(ii) un effort important doit encore être<br />

porté <strong>sur</strong> l’éducation et l’analphabétisme,<br />

notamment celui des femmes. Le<br />

taux d’il<strong>le</strong>ttrisme moyen s’élève encore à<br />

29% (celui des femmes à 39,4%) et<br />

seu<strong>le</strong> une moitié des classes d’âge<br />

concernées suit un enseignement secondaire.<br />

Dans ce contexte, se pose la question<br />

de la capacité d'absorption par <strong>le</strong>s<br />

travail<strong>le</strong>urs des nouvel<strong>le</strong>s technologies<br />

contenues dans l'investissement. Cette<br />

structure de l'offre d'emplois risque de<br />

limiter la progression de la productivité<br />

globa<strong>le</strong> des facteurs, ce qui réduirait <strong>le</strong>s<br />

bénéfices en termes d'emplois de la<br />

croissance de l'investissement.<br />

Sur <strong>le</strong> plan macroéconomique, la Tunisie se<br />

caractérise par une gestion rigoureuse. Tout<br />

l’enjeu va résider en sa capacité à poursuivre<br />

cette saine gestion et à améliorer la<br />

liquidité de son économie afin de ne pas<br />

contraindre <strong>le</strong> développement du secteur<br />

privé, à accroître sa compétitivité externe et<br />

à tirer parti des externalités positives qu'el<strong>le</strong><br />

a su créer en procédant aux réformes qui<br />

Part dans la création<br />

d'emploi tota<strong>le</strong> hors<br />

agriculture<br />

(%)<br />

Évolution de la<br />

croissance annuel<strong>le</strong><br />

moyenne<br />

(%)<br />

1998 2001 2002 1998 2001 2002 2001-<br />

1998<br />

2002-<br />

2001<br />

Pêche 900 1 200 -599 1 2 -1 10 NS<br />

Mines et énergie -50 500 220 0 1 0 NS -56<br />

Secteur manufacturier 2 300 5 000 4 750 4 7 8 30 -5<br />

Construction 18 200 20 800 17 989 30 30 29 5 -14<br />

Transport et télécommunications 4 250 6 200 6 000 7 9 10 13 -3<br />

Tourisme 2 600 3 000 1 600 4 4 3 5 -47<br />

Autres services 25 800 25 800 25 000 42 37 41 0 -3<br />

Administration 7 000 6 800 6 657 11 10 11 -1 -2<br />

Total 61 000 69 300 61 617 100 100 100 4 -11<br />

Source : Banque centra<strong>le</strong>.


la placeront <strong>sur</strong> un sentier de croissance<br />

plus é<strong>le</strong>vé.<br />

(i) C’est <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché des biens que se<br />

situent <strong>le</strong>s principaux avantages de la<br />

Tunisie. Sur <strong>le</strong> plan commercial en général, et<br />

<strong>sur</strong> celui des relations commercia<strong>le</strong>s avec<br />

l’Union, la Tunisie partage avec <strong>le</strong> Maroc un<br />

bilan très positif tout au long de la décennie.<br />

Mais, à la différence du second, l’essentiel<br />

des modifications structurel<strong>le</strong>s est antérieur<br />

à 1995. Depuis, <strong>le</strong> mouvement s’est ra<strong>le</strong>nti,<br />

mais <strong>le</strong>s indicateurs étant toujours orientés<br />

positivement, on pourra créditer <strong>le</strong>s accords<br />

d’associations d’un effet stabilisateur.<br />

Avec un taux d’ouverture de plus de 79% en<br />

2001, la Tunisie est <strong>le</strong> partenaire méditerranéen<br />

<strong>le</strong> plus inséré dans <strong>le</strong>s échanges. C’est<br />

éga<strong>le</strong>ment celui qui est <strong>le</strong> plus proche de<br />

l’Union en termes commerciaux, puisque <strong>le</strong>s<br />

15 représentent 80% des exportations tunisiennes<br />

et plus de 70% des importations<br />

(respectivement 63% et 58% en 1990 ; 79%<br />

et 71% en 1995).<br />

Cette intensification des échanges avec<br />

l’Union a eu un effet de stabilisation du déficit<br />

commercial qui atteint 2,3 milliards de<br />

dollars en 2001. Le taux de couverture des<br />

échanges avec l’Union est en effet passé de<br />

69% à 82% entre 1990 et 2001 (alors qu’il<br />

baissait de 56% à 46% avec <strong>le</strong> reste du<br />

monde pendant la même période).<br />

La structure des exportations est éga<strong>le</strong>ment<br />

l’un des points forts de la Tunisie. El<strong>le</strong> n’est<br />

pas <strong>le</strong> pays <strong>le</strong> plus diversifié, se situant<br />

même dans la moyenne des PM. Mais sa relative<br />

spécialisation se situe dans <strong>le</strong>s produits<br />

industriels (postes 6 à 8 de la CTCI) qui<br />

représentent aujourd’hui 72% des exportations<br />

tunisiennes (dont 48% pour <strong>le</strong>s seuls<br />

artic<strong>le</strong>s manufacturés). De ce fait, <strong>sur</strong> la<br />

décennie passée, la Tunisie a évité toute<br />

-127-<br />

volatilité des termes de l’échange et a même<br />

connu une forte appréciation du pouvoir<br />

d’achat des exportations. Plus loin, <strong>le</strong> fait que<br />

l’indice du pouvoir d’achat des exportations<br />

croît sensib<strong>le</strong>ment (162 en 2000, base 100<br />

en 1990), alors que l’indice des termes de<br />

l’échange reste très stab<strong>le</strong> (97 en 2000, base<br />

100 en 1990) indique une réel<strong>le</strong> amélioration<br />

de la compétitivité des produits tunisiens.<br />

Cette même spécialisation s’observe dans <strong>le</strong>s<br />

exportations de la Tunisie vers l’Union. La<br />

part des produits industriels est ainsi passée<br />

de 52% en 1990 à 80% en 2001, grâce à la<br />

croissance des exportations d’artic<strong>le</strong>s manufacturés<br />

(de 39% à 57%) mais éga<strong>le</strong>ment<br />

des « machines et matériels de transport »<br />

(de 6 à 17%).<br />

En 2002 d’après <strong>le</strong>s chiffres provisoires de la<br />

Banque Centra<strong>le</strong>, <strong>le</strong> ra<strong>le</strong>ntissement économique<br />

a induit une quasi-stagnation des<br />

exportations (+1,5%). Mais, <strong>le</strong>s importations<br />

ont, el<strong>le</strong>s, baissé de 1,4%, ce qui a permis de<br />

réduire <strong>le</strong> déficit commercial de 7,8% (après<br />

une hausse de 11,4% en 2001). Les autres<br />

postes du compte courant ont bien résisté,<br />

Décomposition du PIB<br />

(cou<strong>le</strong>ur claire : 1998-2000, cou<strong>le</strong>ur moyenne : 2000-<br />

2001)<br />

15%<br />

13%<br />

11%<br />

9%<br />

7%<br />

3%<br />

1%<br />

-1%<br />

-3%<br />

-5%<br />

1,7%<br />

6,2%<br />

8,4%<br />

-0,9%<br />

12,2%<br />

5%<br />

5,4%<br />

4,8%<br />

5,2% 5,2%<br />

3,4%<br />

5,2%<br />

4,5%<br />

3,9%<br />

5,2%<br />

Produit Intérieur Brut<br />

Consommation Privée<br />

Consommation<br />

Publique<br />

Investissement fixe<br />

Exportations de biens<br />

et services<br />

-0,6%<br />

3,5%<br />

4,4%<br />

Importations de biens<br />

et services<br />

-1,7%<br />

Sources : Eurostat, programme Medstat, Banque<br />

centra<strong>le</strong>.


notamment au choc <strong>sur</strong> <strong>le</strong> tourisme. De ce<br />

fait, <strong>le</strong> déficit en 2002 est en diminution de<br />

14,6%. Les besoins de financements ont été<br />

couverts par <strong>le</strong>s emprunts et <strong>le</strong>s aides internationa<strong>le</strong>s,<br />

notamment cel<strong>le</strong> de l’Union qui a<br />

représenté 82,4% de l’excédent.<br />

(ii) Sur <strong>le</strong> plan de la demande interne, en<br />

2002, <strong>le</strong> soutien à la croissance qu'apportait<br />

la consommation publique s'est réduit. Les<br />

politiques économiques restrictives ont<br />

déprimé la consommation privée, mais cel<strong>le</strong>ci<br />

croit plus rapidement que <strong>le</strong> PIB. Outre <strong>le</strong><br />

recul de la contribution des exportations, on<br />

note que l'investissement a chuté de manière<br />

spectaculaire.<br />

Une politique économique prudente qui<br />

visait à limiter <strong>le</strong>s effets de la situation<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s comptes externes.<br />

(iii) La compétitivité de l'économie tunisienne<br />

a été entamée par l'appréciation du taux de<br />

change effectif réel entre 1990 et 2000<br />

(+4,5%), malgré l'ancrage en termes réels<br />

de la monnaie à un panier constitué des<br />

monnaies des principaux partenaires. Les<br />

autorités ont donc organisé la dépréciation<br />

du dinar vis-à-vis de l'euro, -5% <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s cinq<br />

Politique monétaire<br />

%<br />

40<br />

1993-1997 1998-2000 2001 2002<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

-10<br />

-20<br />

11<br />

17<br />

-17<br />

30<br />

11 11<br />

2<br />

-12<br />

M2 Avances au<br />

secteur public<br />

7<br />

17<br />

9<br />

6<br />

Crédit à<br />

l'économie<br />

4<br />

3<br />

2<br />

3<br />

Inflation<br />

Sources : Fond Monétaire International, avril <strong>2003</strong>,<br />

Banque centra<strong>le</strong>.<br />

-128-<br />

premiers mois de <strong>2003</strong>, contre une appréciation<br />

de 7,2% face au dollar. La Tunisie se dirige<br />

doucement vers un taux de change de<br />

plus en plus f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>. Les études montrent, en<br />

effet, que ce régime de change a apporté <strong>le</strong>s<br />

fruits espérés (baisse de l'inflation, croissance<br />

des exportations) et que la Tunisie a su<br />

gérer <strong>le</strong> change de façon suffisamment avisée<br />

pour éviter une <strong>sur</strong>évaluation qui décou<strong>le</strong><br />

souvent de ce type de politique étant<br />

donné la difficulté qu'il y a à estimer <strong>le</strong> taux<br />

de change d'équilibre (Fanizza, Laframboise,<br />

Martin, Sab, Karpowicz, 2002).<br />

Actuel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> pays commence à prendre la<br />

me<strong>sur</strong>e des limitations afférentes à son régime<br />

cambiaire qui n'est positif et viab<strong>le</strong> que<br />

s'il s'accompagne de restrictions <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s mouvements<br />

de capitaux, de politiques monétaire<br />

et budgétaire très prudentes et d'un<br />

contrô<strong>le</strong> de l'évolution des salaires domestiques.<br />

Or, l'ouverture croissante et notamment<br />

avec l’Union, de l'économie tunisienne<br />

complique la détermination du taux d'équilibre<br />

et multiplie <strong>le</strong>s risques d'erreurs d'évaluation<br />

qui sont préjudiciab<strong>le</strong>s à l'expansion<br />

du commerce tunisien. De plus, <strong>le</strong>s besoins<br />

de financements de l'économie sont importants<br />

et <strong>le</strong> pays doit pouvoir recourir plus lar-<br />

Endettement<br />

%<br />

70<br />

1995 2000 2001 2002<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

12,1<br />

16,9<br />

16,7<br />

Dette à court Service de la dette<br />

terme/Dette tota<strong>le</strong> externe/Exportations<br />

de biens et services<br />

15,6<br />

19,5<br />

Réserves/Dette<br />

externe tota<strong>le</strong><br />

53,8<br />

51,5<br />

57,5<br />

Dette tota<strong>le</strong>/PIB Dette<br />

intérieure/Dette<br />

tota<strong>le</strong><br />

Sources : Fond Monétaire International, avril <strong>2003</strong>,<br />

Banque centra<strong>le</strong>.


gement aux capitaux étrangers et, en même<br />

temps, diversifier <strong>le</strong>s sources de financements<br />

externes afin de réduire <strong>le</strong>s risques de<br />

fragilisation de la croissance. Cela passe par<br />

un accroissement de la convertibilité du<br />

compte financier et une f<strong>le</strong>xibilité plus grande<br />

du taux de change. Enfin, la dette est <strong>sur</strong>tout<br />

libellée en dollar et en yen (30% et 22% respectivement<br />

en 2000), alors que <strong>le</strong>s principaux<br />

partenaires commerciaux sont <strong>le</strong>s pays<br />

d'Europe, ce qui justifie l'ancrage à un panier<br />

de monnaies ou un flottement plus libre, mais<br />

pas un rapprochement avec l'euro.<br />

(iv) Le marché de la monnaie est très étroitement<br />

<strong>sur</strong>veillé par <strong>le</strong>s autorités tunisiennes<br />

afin de maîtriser l'inflation et de préserver la<br />

compétitivité externe. Malgré ses difficultés<br />

économiques, <strong>le</strong> gouvernement n'a pas eu<br />

recours au seigneuriage, à quelques exceptions<br />

près. Le financement du budget se fait<br />

par l'emprunt. A court terme, la dette n'exerce<br />

pas de pression forte <strong>sur</strong> <strong>le</strong> gouvernement<br />

puisque seuls 6,5% de la dette tota<strong>le</strong> est à<br />

échéance courte en 2001 et <strong>le</strong> service de la<br />

dette externe ne représente que 16,7% des<br />

exportations de biens et services en 2002, ce<br />

qui est relativement modéré (mais obère<br />

Recettes budgétaires<br />

en % des ressources tota<strong>le</strong>s<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

73 73,5<br />

Revenus des<br />

taxes<br />

22,5<br />

20<br />

Impôts<br />

directs<br />

10<br />

9,8<br />

1998-2000 2001 2002<br />

Revenus des Impôts<br />

taxes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> indirects<br />

commerce<br />

international<br />

34,7 33,9<br />

32<br />

31<br />

dont TVA<br />

-129-<br />

néanmoins <strong>le</strong>s marges budgétaires ; cf. partie<br />

suivante). Cependant, <strong>le</strong>s réserves ne couvrent<br />

que 19,5% de la dette externe, la dette<br />

tota<strong>le</strong> représente 51,5% du PIB (majoritairement<br />

composée par de la dette interne à<br />

57,5%). Sur <strong>le</strong>s dix dernières années, la<br />

Tunisie n'a pas réussi à mettre en place <strong>le</strong>s<br />

conditions d'un désendettement progressif<br />

qui veu<strong>le</strong>nt que la croissance de l'excédent<br />

primaire soit générée par la conjonction de<br />

taux d'intérêt réels bas et d'une croissance<br />

forte. Donc, pour être crédib<strong>le</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés<br />

financiers internationaux et trouver faci<strong>le</strong>ment<br />

à refinancer sa dette, la Tunisie doit<br />

absolument préserver ses réserves en devises<br />

et une gestion macroéconomique saine. En<br />

2001, malgré un rating inchangé, <strong>le</strong>s spreads<br />

<strong>sur</strong> la dette souveraine tunisienne ont augmenté,<br />

passant de 130 points de base en<br />

2000 à 170. Par ail<strong>le</strong>urs, à cause de sa difficulté<br />

à stabiliser et accroître ses avoirs, la<br />

Tunisie est confrontée à une pénurie structurel<strong>le</strong><br />

de devises qui freine <strong>le</strong> développement<br />

des opérations du secteur privé (<strong>le</strong>s réserves<br />

s'élèvent à 3,5 mois d'importations).<br />

(v) La politique budgétaire rigoureuse permet<br />

de limiter <strong>le</strong> déficit budgétaire à 1,8% du<br />

Dépenses budgétaires 1/<br />

%<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

-10<br />

46,9<br />

49,6<br />

Dépenses de<br />

salaires<br />

22,0<br />

22,3<br />

Dépenses de<br />

capital<br />

1998-2000 2001 2002<br />

10,3<br />

10,1<br />

Dépenses<br />

d'intérêt de la<br />

dette<br />

-1,7-2,5-1,8<br />

Déficit<br />

budgétaire<br />

1/ Dépenses en % des dépenses tota<strong>le</strong>s, sauf dépenses de salaire, en pourcentage des dépenses courantes<br />

et solde budgétaire en pourcentage du PIB.<br />

Sources : Fond Monétaire International, GDF, novembre 2002, Banque centra<strong>le</strong>, Ministère des Finances.


PIB en 2002, contre 2,5% en 2001. Signe<br />

que <strong>le</strong>s réformes sont très avancées, <strong>le</strong>s<br />

revenus des taxes représentent 73,5% des<br />

recettes budgétaires en 2002. Les impôts<br />

indirects sont prépondérants (34,7% des<br />

recettes) mais la TVA est encore en retrait<br />

(33,9% des impôts indirects) par rapport aux<br />

pays développés. Il s’agit là d’un bon candidat<br />

au remplacement des recettes issues des<br />

droits de douane qui se montent encore à<br />

9,8% du total des revenus.<br />

Du côté des dépenses, <strong>le</strong>s rigidités sont<br />

importantes en raison du poids de la masse<br />

salaria<strong>le</strong> et du service de la dette qui absorbent<br />

respectivement 50% et 10,1% des<br />

dépenses.<br />

En 2002, malgré la réduction des recettes<br />

dues à la conjoncture économique défavorab<strong>le</strong>,<br />

il est important d’observer que <strong>le</strong> gouvernement<br />

a réussi à préserver <strong>le</strong>s dépenses<br />

de capital, qui se situent encore à 22,3% des<br />

dépenses tota<strong>le</strong>s contre 24,1% en 2001.<br />

Une perception de l’économie tunisienne<br />

en retrait par rapport à ses performances<br />

objectives<br />

La position de la Tunisie est l’archétype de<br />

cel<strong>le</strong> des PM. Du point de vue objectif, sa<br />

position est intrinsèquement bonne. Dans la<br />

première partie de la classe moyenne, ce<br />

classement indique que du point de vue des<br />

critères retenus, l’économie tunisienne réalise<br />

une meil<strong>le</strong>ure performance que la majorité<br />

des autres économies, pays développés<br />

compris. D’ail<strong>le</strong>urs, el<strong>le</strong> devance <strong>le</strong>s pays en<br />

voie d’adhésion.<br />

Dans <strong>le</strong> même temps, son classement<br />

d’après <strong>le</strong>s critères subjectifs est médiocre,<br />

au coeur de l’avant-dernière classe, ce qui<br />

place devant el<strong>le</strong> près des deux tiers des<br />

économies.<br />

-130-<br />

Cette forte déconnexion tendrait à montrer<br />

d’une part que la perception qu’offrent la<br />

Tunisie en particulier et <strong>le</strong>s partenaires<br />

méditerranéens en général de <strong>le</strong>urs économies<br />

ne reflète pas <strong>le</strong>s efforts effectivement<br />

menés, d’autre part qu’il manque sans<br />

doute d’appuis au niveau des institutions<br />

internationa<strong>le</strong>s pour mieux valoriser <strong>le</strong>s<br />

réformes qui ont été réalisées.<br />

Comme <strong>le</strong> montre <strong>le</strong> détail de la position<br />

selon <strong>le</strong>s critères subjectifs, la Tunisie exhibe<br />

une position similaire aux pays en voie d’adhésion,<br />

sauf en ce qui concerne :<br />

(i) <strong>le</strong>s barrières aux échanges : ce sont<br />

non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s tarifs appliqués qui<br />

sont hauts, relativement aux autres<br />

PM et aux pays en voie d’adhésion,<br />

mais éga<strong>le</strong>ment la protection non tarifaire<br />

;<br />

(ii) des limitations <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s possibilités d’utilisation<br />

des devises étrangères pour <strong>le</strong>s<br />

résidents, qui freinent <strong>le</strong>ur capacité d’insertion<br />

dans <strong>le</strong>s échanges ;<br />

(iii) un manque de transparence dans <strong>le</strong>s<br />

procédures administratives, par ail<strong>le</strong>urs<br />

longues.<br />

Sur <strong>le</strong> plan des critères objectifs, la Tunisie<br />

offre un contraste entre :<br />

(i) une gestion macroéconomique rigoureuse,<br />

permettant de contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s<br />

grands équilibres (inflation et budget,<br />

relativement aux autres PM ou aux pays<br />

en voie d’adhésion).<br />

(ii) Et un l’équilibre de la balance courante<br />

précaire. Des restrictions persistent<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s flux financiers, tant pour <strong>le</strong>s<br />

résidents en règ<strong>le</strong> généra<strong>le</strong>, que pour<br />

<strong>le</strong>s non résidents, notamment pour ce<br />

qui concerne <strong>le</strong> compte en capital. Si<br />

cela peut permettre d’éviter des sorties<br />

massives de capitaux en période


de volatilité, ces mêmes restrictions<br />

freinent l’insertion dans <strong>le</strong>s flux<br />

d’échanges, qui apparaissent sous<br />

dimensionnés par rapport à la population<br />

et relativement aux pays en voie<br />

d’adhésion. Cela renforce la dualité de<br />

l’économie entre un secteur officiel<strong>le</strong>ment<br />

orienté vers <strong>le</strong>s exportations et<br />

<strong>le</strong> secteur traditionnel dont <strong>le</strong>s possibilités<br />

d’ouverture sont largement<br />

amoindries.<br />

-131-<br />

De fait, si <strong>le</strong>s performances actuel<strong>le</strong>s en<br />

termes de croissance sont meil<strong>le</strong>ures que <strong>le</strong>s<br />

autres PM et que <strong>le</strong>s pays en voie d’adhésion,<br />

la soutenabilité à moyen terme n’est pas évidente,<br />

d’autant que <strong>le</strong> poids du service de la<br />

dette renforce la contrainte <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s flux financiers<br />

d’une part, que la relative faib<strong>le</strong>sse des<br />

infrastructures de télécommunications et la<br />

faib<strong>le</strong>sse du nombre d’internautes pourraient<br />

signifier que l’économie manque <strong>le</strong> virage des<br />

nouvel<strong>le</strong>s technologies d’autre part.


Tunisie<br />

5,00<br />

4,00<br />

3,00<br />

2,00<br />

1,00<br />

0,00<br />

Tunisia 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs<br />

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie<br />

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)<br />

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants<br />

Liberté d'échange <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)<br />

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)<br />

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)<br />

Contrô<strong>le</strong> du marché noir 7 Balance du Compte Courant<br />

Participation et transparence 8 Croissance du PIB<br />

Contrô<strong>le</strong> de la corruption 9 Déficit Budgétaire<br />

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)<br />

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)<br />

12 Service de la dette (% export. de biens et services)<br />

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)<br />

14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)<br />

12<br />

11<br />

UE Subj.<br />

Comparaison des critères subjectifs<br />

1<br />

5<br />

10<br />

2<br />

4<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

7<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

et des critères objectifs<br />

14<br />

9<br />

5 1<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

Classe 5<br />

++<br />

2<br />

7<br />

5<br />

3<br />

6<br />

UE Obj.<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

10<br />

7<br />

13<br />

10<br />

Classe 4<br />

+<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

TUNISIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commercia<strong>le</strong><br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

Objectifs<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Classe 3<br />

Moyen<br />

1990 1995 2001<br />

Taux d'ouverture (X+M/PIB)<br />

Orientation des exportations (en%)<br />

72,90% 74,20% 79,10%<br />

vers l'UE 62,7% 79,0% 80,0%<br />

vers <strong>le</strong>s PM 4,8% 5,7% 3,5%<br />

vers RdM<br />

Orientation des importations (en%)<br />

32,5% 15,4% 16,5%<br />

issues de l'UE 57,8% 71,4% 70,5%<br />

issues des PM 5,0% 5,4% 3,9%<br />

issues de RdM<br />

Taux de couverture X/M<br />

37,3% 23,2% 25,6%<br />

avec l'UE 0,69 0,77 0,82<br />

avec RdM<br />

Soldes en millions de dollars<br />

0,56 0,46 0,46<br />

avec l'UE -970 -1 318 -1 157<br />

avec RdM<br />

Indices de concentration des exportations<br />

-904 -991 -1 236<br />

vers <strong>le</strong> monde 0,21 0,22 0,22<br />

vers l'UE<br />

Termes de l'échange (1990=100) (*)<br />

0,26 0,27 0,26<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des exportations .. .. ..<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des importations 100 122 102<br />

Termes de l'échange 100 97 97<br />

Pouvoir d'achat des exportations<br />

Indicateurs de commerce intrabranche<br />

100 127 162<br />

avec <strong>le</strong> monde 21,2 25,8 28,9<br />

avec l'UE 19,1 22,6 23,0<br />

avec RdM 20,5 24,6 27,3<br />

(*) Source : Cnuced<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

-132-<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

5 1<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Subjectif<br />

2<br />

7<br />

Classe 2<br />

-<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4<br />

12<br />

11<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Objectifs Subjectif<br />

UE Obj. UE Subj.<br />

Classe 1<br />

--<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4


Va<strong>le</strong>ur et structure des échanges de la Tunisie avec ses principaux partenaires par grandes catégories de<br />

produits (en millions de dollars et en %)<br />

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS<br />

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001<br />

0 234 247 314 474 788 666 -239 -541 -352 7% 5% 5% 9% 10% 7%<br />

1 29 57 58 33 65 56 -4 -8 3 1% 1% 1% 1% 1% 1%<br />

2 82 116 129 421 486 399 -338 -370 -270 2% 2% 2% 8% 6% 4%<br />

3 604 464 485 493 572 379 112 -108 106 17% 8% 7% 9% 7% 4%<br />

Monde<br />

4<br />

5<br />

121<br />

508<br />

230<br />

652<br />

149<br />

676<br />

71<br />

487<br />

128<br />

719<br />

56<br />

874<br />

50<br />

21<br />

103<br />

-67<br />

93<br />

-198<br />

3%<br />

15%<br />

4%<br />

12%<br />

2%<br />

10%<br />

1%<br />

9%<br />

2%<br />

9%<br />

1%<br />

10%<br />

6 357 560 496 1 480 2 228 2 464 -1 123 -1 668 -1 968 10% 10% 8% 27% 28% 27%<br />

7 273 516 1 057 1 554 2 048 2 975 -1 282 -1 531 -1 917 8% 9% 16% 28% 26% 33%<br />

8 1 288 2 632 3 116 458 854 1 060 830 1 778 2 056 37% 48% 48% 8% 11% 12%<br />

9 1 3 5 16 66 -4 -16 -63 0% 0% 0% 0% 0% 1%<br />

Total 3 498 5 475 6 484 5 476 7 903 8 995 -1 978 -2 428 -2 511 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 48 86 137 269 385 386 -221 -299 -249 4% 10% 13% 13% 21% 17%<br />

1 21 42 48 23 49 39 -2 -7 9 2% 5% 4% 1% 3% 2%<br />

2 31 35 51 304 216 177 -273 -181 -125 3% 4% 5% 15% 12% 8%<br />

3 56 63 59 189 244 -2 -126 -244 5% 7% 0% 3% 10% 11%<br />

Reste du<br />

4 6 8 26 24 17 36 -18 -9 -11 1% 1% 2% 1% 1% 2%<br />

Monde<br />

5 271 301 352 169 180 189 102 121 163 24% 36% 33% 8% 10% 8%<br />

6 149 161 167 496 285 313 -347 -124 -146 13% 19% 16% 24% 16% 14%<br />

7 134 46 155 548 417 687 -415 -371 -532 12% 6% 15% 27% 23% 30%<br />

8 420 98 130 145 78 195 275 20 -65 37% 12% 12% 7% 4% 8%<br />

9 2 4 16 38 -4 -16 -36 0% 0% 0% 0% 1% 2%<br />

Total 1 138 841 1 067 2 042 1 831 2 303 -904 -991 -1 236 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 174 147 162 198 330 215 -24 -183 -53 8% 3% 3% 6% 6% 3%<br />

1 6 9 9 10 14 13 -4 -5 -3 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

2 46 68 68 93 236 197 -48 -168 -130 2% 2% 1% 3% 4% 3%<br />

3 541 399 472 295 175 70 245 225 402 25% 9% 9% 9% 3% 1%<br />

UE<br />

4<br />

5<br />

113<br />

177<br />

221<br />

247<br />

122<br />

216<br />

47<br />

311<br />

111<br />

528<br />

20<br />

666<br />

66<br />

-133<br />

110<br />

-281<br />

102<br />

-450<br />

5%<br />

8%<br />

5%<br />

6%<br />

2%<br />

4%<br />

1%<br />

10%<br />

2%<br />

9%<br />

0%<br />

10%<br />

6 146 285 288 915 1 874 2 044 -768 -1 589 -1 756 7% 7% 6% 29% 33% 32%<br />

7 125 426 870 990 1 607 2 240 -865 -1 181 -1 370 6% 10% 17% 31% 28% 35%<br />

8 864 2 521 2 980 304 767 853 561 1 754 2 126 39% 58% 57% 10% 14% 13%<br />

9 1 1 1 27 -26 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Total 2 193 4 324 5 187 3 163 5 642 6 344 -970 -1 318 -1 157 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 13 14 16 7 73 65 6 -58 -50 8% 5% 7% 3% 17% 19%<br />

1 1 6 1 2 4 1 4 -3 1% 2% 1% 0% 0% 1%<br />

2 6 13 10 23 34 25 -17 -22 -15 4% 4% 4% 9% 8% 7%<br />

3 7 1 13 139 208 66 -131 -207 -53 4% 0% 6% 51% 48% 19%<br />

Partenaires 4 1 1 1 1 1 1 1% 0% 1% 0% 0% 0%<br />

Med. (**) 5 60 104 108 7 11 20 52 93 89 35% 34% 47% 3% 3% 6%<br />

6 62 114 41 69 69 107 -8 45 -66 37% 37% 18% 26% 16% 31%<br />

7 14 44 32 16 24 48 -2 20 -16 8% 14% 14% 6% 5% 14%<br />

8 4 13 7 9 9 12 -6 4 -5 2% 4% 3% 4% 2% 3%<br />

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Total 168 310 230 271 430 347 -103 -120 -118 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 2 1 8 10 12 -7 -8 -11 11% 9% 6% 10% 11% 15%<br />

1 5% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

2 2 15 12 33 17 -31 -2 12 45% 61% 57% 44% 19% 0%<br />

3 2 4 21 -4 -19 0% 8% 0% 5% 22% 0%<br />

AC10 (***)<br />

4<br />

5<br />

1<br />

9 4 5<br />

-1<br />

-9 -4 -5<br />

1%<br />

7%<br />

0%<br />

1%<br />

0%<br />

1%<br />

2%<br />

12%<br />

0%<br />

4%<br />

0%<br />

6%<br />

6 1 2 1 13 28 17 -12 -27 -16 19% 7% 5% 17% 31% 20%<br />

7 2 1 7 10 43 -7 -8 -42 10% 8% 7% 10% 11% 53%<br />

8 2 5 2 4 1% 7% 24% 1% 2% 5%<br />

9 0% 0% 0% 0% 0% 0%<br />

Total 3 24 21 75 92 82 -72 -68 -61 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétro<strong>le</strong>; 3 = Combustib<strong>le</strong>s minéraux;<br />

4 = Hui<strong>le</strong>s, graisses anima<strong>le</strong>s & végéta<strong>le</strong>s; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;<br />

8 = Artic<strong>le</strong>s manufacturés; 9 = Biens non classés<br />

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël<br />

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

-133-


Turquie<br />

La Turquie retrouve la voie de la croissance<br />

en 2002 (+7,8% contre -7,5% en 2001) et<br />

cela semb<strong>le</strong> se confirmer pour <strong>2003</strong> avec des<br />

prévisions supérieures à 5%. Les progrès<br />

réalisés par l’économie turque dans la réduction<br />

de son exposition aux effets des chocs<br />

externes et internes sont à analyser selon<br />

deux points de vue, (i) la structure sectoriel<strong>le</strong><br />

du PIB, qui a beaucoup changé en 10 ans,<br />

en faveur du secteur manufacturier notamment,<br />

qui véhicu<strong>le</strong> <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s technologies<br />

; (ii) celui de la structure de l’emploi car <strong>le</strong>s<br />

emplois se déplacent des secteurs où la productivité<br />

est faib<strong>le</strong> vers ceux où el<strong>le</strong> est relativement<br />

plus é<strong>le</strong>vée et où el<strong>le</strong> peut progresser<br />

rapidement. Ces évolutions ont donné à<br />

l’économie dans son ensemb<strong>le</strong> <strong>le</strong>s sources<br />

d’accroissement de la productivité et de la<br />

compétitivité et la possibilité de profiter d’externalités<br />

positives :<br />

(i) <strong>le</strong>s secteurs traditionnels employant de<br />

la main d’œuvre peu qualifiée sont en<br />

nomie vis-à-vis de facteurs exogènes.<br />

retrait. Ils créent relativement peu de (ii) Les secteurs à forte va<strong>le</strong>ur ajoutée et/ou<br />

nouveaux emplois, ce qui diminue <strong>le</strong>ur permettant l’importation et la diffusion<br />

part dans l’emploi total. C’est essentiel- du progrès technique renforcent à l’in<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong> cas de la construction et de verse <strong>le</strong>ur position dans <strong>le</strong> PIB et absor-<br />

Croissance de la création d’emploi par branche.<br />

%<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

-10<br />

-20<br />

-30<br />

34,9<br />

3,1<br />

Agriculture<br />

-6,5<br />

0,4<br />

22,1<br />

19,7<br />

Mines et<br />

extraction<br />

Source : Banque centra<strong>le</strong>.<br />

17,4<br />

-1,3<br />

Secteur<br />

Manufacturier<br />

3,4<br />

0,4<br />

7,3<br />

4,9<br />

6,5<br />

-19,0<br />

-134-<br />

-13,6<br />

l’agriculture. Le premier représente 5%<br />

du PIB en 2002. Sa croissance en 1995-<br />

2000 était faib<strong>le</strong> (0,5%) et devient<br />

négative en 2001 et 2002 aux a<strong>le</strong>ntours<br />

de –5%. La construction ne représente<br />

que 6,5% de l’emploi total et perd des<br />

emplois (-19% en 2001 et -13,6% en<br />

2002). L’agriculture quant à el<strong>le</strong> représente<br />

15% du PIB et encore 34,9% de<br />

l’emploi total. Mais, el<strong>le</strong> subit éga<strong>le</strong>ment<br />

une dynamique négative des emplois en<br />

2002 (-6,5%). Cette évolution peut être<br />

favorab<strong>le</strong> à moyen terme sous certaines<br />

conditions. La réallocation des ressources<br />

qu’el<strong>le</strong> implique peut, en effet,<br />

contribuer à la croissance de la productivité<br />

des facteurs si el<strong>le</strong> s’effectue en<br />

faveur des secteurs plus dynamiques et<br />

des emplois permettant l’acquisition de<br />

nouvel<strong>le</strong>s connaissances. Comme il<br />

s’agit éga<strong>le</strong>ment d’activités cycliques ou<br />

fortement soumises aux aléas, cela permet<br />

de réduire la dépendance de l’éco-<br />

Part dans l'emploi en 2002 Création d'emploi en 2001 Création d'emploi en 2002<br />

E<strong>le</strong>ctricité, eau<br />

Construction<br />

18,2<br />

5,7<br />

5,0<br />

-2,0 -2,5-3,3<br />

Commerce,<br />

restaurants,<br />

hôtels<br />

Transport et<br />

communications<br />

3,3<br />

-0,4<br />

Services<br />

financiers et<br />

d'as<strong>sur</strong>ance<br />

14,0<br />

7,5<br />

3,2<br />

Services sociaux


ent une part croissante de la population<br />

active. Il s’agit des secteurs manufacturier<br />

et du commerce dont la croissance<br />

en 2002 est 2,5 fois plus importante que<br />

cel<strong>le</strong> enregistrée entre 1995 et 2000 :<br />

10,4% dans <strong>le</strong> secteur manufacturier<br />

(26,8% du PIB en 2002) et 12,8% pour<br />

celui du commerce (21% du PIB) contre<br />

respectivement 3,9% et 5,3% en 1995-<br />

2000. La part dans l’emploi total du secteur<br />

manufacturier est passée de 14,2%<br />

à 17,4% et cel<strong>le</strong> de celui du commerce<br />

et du tourisme de 11,6% à 18,2%. Par<br />

ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s activités, dirigées vers l’exportation<br />

et <strong>le</strong> tourisme (seul secteur à<br />

connaître une croissance forte en 2001,<br />

9,9%), protègent <strong>le</strong> pays de certains<br />

chocs proprement domestiques ce qui a<br />

certainement limité <strong>le</strong>s pertes d’emplois<br />

en 2001.<br />

(iii) Le secteur financier, malgré des activités<br />

principa<strong>le</strong>ment tournées vers <strong>le</strong><br />

croissance.<br />

financement de l’endettement du gou- Malgré ces dynamiques apparemment favovernement,<br />

a été très rentab<strong>le</strong> jusqu’à rab<strong>le</strong>s, la productivité globa<strong>le</strong> des facteurs a<br />

la crise de l’an passé. La restructuration été décevante dans <strong>le</strong>s années 1990 du fait<br />

est coûteuse, mais <strong>le</strong> potentiel de crois- des nombreuses crises que la Turquie a subi<br />

sance de ce secteur est important s’il en 1994, 1999 et 2001. Mais, il n’en reste<br />

parvient à diversifier ses activités en pas moins que <strong>le</strong>s facteurs permettant d’ac-<br />

Part dans <strong>le</strong> PNB et croissance par branche (prix constants)<br />

19<br />

14,9<br />

2<br />

1,3<br />

26,8<br />

25<br />

3,8<br />

3<br />

7<br />

5,0<br />

-135-<br />

direction du secteur privé. Une meil<strong>le</strong>ure<br />

intermédiation financière aiderait<br />

notamment à assainir <strong>le</strong> budget des<br />

entreprises existantes et pourrait soutenir<br />

la croissance en améliorant l’allocation<br />

des ressources. Le développement<br />

de ce secteur est un élément clé de la<br />

compétitivité future de la Turquie, parce<br />

qu’il se situe en général au coeur de<br />

l’articulation entre l’existence ou la fourniture<br />

d’externalités et <strong>le</strong>ur utilisation<br />

par <strong>le</strong> secteur privé.<br />

(iv) La dynamique des secteurs de l’é<strong>le</strong>ctricité-eau<br />

et des transports-télécommunications<br />

est forte (+8% en 2002 pour <strong>le</strong><br />

premier et +5,4%) tandis que <strong>le</strong> secteur<br />

de la construction traditionnel<strong>le</strong> recu<strong>le</strong>,<br />

ce qui témoigne d’un effort intense pour<br />

mettre en place <strong>le</strong>s externalités nécessaires<br />

à l’amélioration du sentier de<br />

% Part dans <strong>le</strong> PIB en 1990 Part dans <strong>le</strong> PIB en 2002 Croissance économique en 2002<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

-5<br />

-10<br />

Agriculture<br />

7,1<br />

Mines et<br />

extraction<br />

-4,4<br />

Source : Banque centra<strong>le</strong>.<br />

Secteur<br />

manufacturier<br />

10,4<br />

E<strong>le</strong>ctricité, eau<br />

8,0<br />

Construction<br />

-4,9<br />

20,9<br />

19<br />

Commerce<br />

12,8<br />

4,1<br />

3<br />

1,1<br />

Services, hôtels<br />

et restaurants<br />

14,6<br />

13<br />

Transport et<br />

communications<br />

5,4<br />

3<br />

2,3<br />

Institutions<br />

financières<br />

-7,1


croître l’efficacité du processus de production<br />

semb<strong>le</strong>nt avoir joué un rô<strong>le</strong> prédominant<br />

dans <strong>le</strong>s progrès enregistrés (Karadag,<br />

Onder, Deliktas, 2002). Tout au long de la<br />

décennie 90 en effet, l’économie turque a<br />

toujours rapidement renoué avec la croissance<br />

et c’est encore <strong>le</strong> cas cette fois. L’effort<br />

structurel demande néanmoins à être poursuivi<br />

de manière intense, car la tendance se<br />

dégrade <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan de l’emploi. Depuis deux<br />

ans, la baisse régulière du chômage qu’enregistrait<br />

ce pays depuis une décennie s’est<br />

renversée et il est passé de 6,6% en 2000 à<br />

8,4% en 2001 et à 10,6% en 2002 (plus 6%<br />

de sous-employés) et <strong>le</strong> chômage des jeunes<br />

(29%) est préoccupant. Mais, là encore, la<br />

Turquie s’appuie <strong>sur</strong> un mouvement de fond<br />

positif. Si <strong>le</strong> taux d’il<strong>le</strong>ttrisme est encore de<br />

15%, il épargne <strong>le</strong>s jeunes générations, ce<br />

qui donne à la Turquie la capacité de pouvoir<br />

faire face à l’entrée <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché de l’emploi<br />

des quelques 30% des moins de 15 ans que<br />

comptait la population en 2000.<br />

Sur <strong>le</strong> plan macro-économique, la situation de<br />

la Turquie est marquée par une rigueur insuffisante,<br />

tel<strong>le</strong> que la croissance et l'emploi sont<br />

plus fortement conditionnés par <strong>le</strong>s salaires,<br />

qui sont connus, que par <strong>le</strong>s profits (Onaran<br />

et Stockhammer, 2001). Cela tend à freiner la<br />

capacité à tirer parti des efforts de restructuration<br />

déployés afin d'augmenter la compétitivité<br />

et la résistance aux chocs. Il apparaît<br />

aussi nettement qu’il va falloir améliorer <strong>le</strong><br />

rythme des réformes, notamment du secteur<br />

bancaire, afin d’accompagner plus efficacement<br />

<strong>le</strong> développement du secteur privé.<br />

(i) Contrairement à l’évolution de la situation<br />

macro-économique, l’évolution des indicateurs<br />

de l’ouverture commercia<strong>le</strong> de la<br />

Turquie a été positive durant la décennie passée.<br />

Ainsi, <strong>le</strong> taux d’ouverture a doublé, passant<br />

de 23,4% du PIB en 1990 à 46,6% en<br />

2001. La balance commercia<strong>le</strong> est toujours en<br />

-136-<br />

déficit (d’environ 10 milliards de dollars en<br />

2001, un montant voisin du déficit observé en<br />

1990 : -9,5 milliards), mais cette apparente<br />

stabilité cache deux évolutions contradictoires<br />

: de 1990 à 1995, tandis que <strong>le</strong>s<br />

échanges de la Turquie augmentaient, <strong>le</strong> taux<br />

de couverture ne s’est pas modifié, ce qui a<br />

mécaniquement approfondi <strong>le</strong> déficit, qui<br />

dépassait 14,5 milliards de dollars en 1995 ;<br />

puis, dans la seconde partie des années 90, <strong>le</strong><br />

taux de couverture s’est nettement amélioré<br />

grâce à une importante croissance des exportations<br />

(+45% alors que dans la même période<br />

<strong>le</strong>s importations ont crû de 16%), induisant<br />

une baisse du déficit de près de 29%.<br />

Les échanges se sont fortement orientés vers<br />

l’Union européenne, mais ce mouvement<br />

s’est essentiel<strong>le</strong>ment déroulé entre 1990 et<br />

1995. Depuis 1995, l’orientation géographique<br />

des échanges est stab<strong>le</strong>, mais c’est la<br />

structure qui se modifie sensib<strong>le</strong>ment dans<br />

un sens positif. Ainsi, l’essentiel de l’amélioration<br />

de la balance commercia<strong>le</strong> provient<br />

des relations avec l’Union : <strong>le</strong> déficit de la<br />

Turquie avec <strong>le</strong>s 15 a été divisé par deux<br />

depuis 1995, mais s’élève quand même à<br />

2,1 milliards de dollars.<br />

Du point de vue sectoriel en effet, la part des<br />

produits industriels n’a cessé de croître, passant<br />

de 65% en 1990 à 79% en 2001 (83%<br />

dans <strong>le</strong>s exportations à destination de<br />

l’Union). Dans <strong>le</strong> même temps, la part des<br />

produits agrico<strong>le</strong>s a baissé de 18% à 11%.<br />

Cette diversification de la structure des<br />

échanges a essentiel<strong>le</strong>ment pour origine <strong>le</strong><br />

développement des exportations dans <strong>le</strong>s<br />

« machines et matériels de transport » (7%<br />

en 1990, 23% en 2001), évolution dans<br />

laquel<strong>le</strong> on discerne l’impact des investissements<br />

étrangers des années 1990.<br />

Conséquence de cette modification de la<br />

structure des exportations, <strong>le</strong>s échanges de


type intra-branche ont largement augmenté.<br />

L’évolution des termes de l’échange s’est stabilisée<br />

<strong>sur</strong> l’ensemb<strong>le</strong> de la décennie. Dans <strong>le</strong><br />

même temps, l’indice de pouvoir d’achat des<br />

exportations a connu une croissance soutenue<br />

et non volati<strong>le</strong>, à l’instar de la Tunisie,<br />

qui tend à indiquer une amélioration de la<br />

compétitivité des exportations turques.<br />

En 2002, <strong>le</strong> déficit de la balance commercia<strong>le</strong><br />

s’est accru par rapport à 2001 (doublant<br />

pratiquement pour atteindre 8 635 millions<br />

de dollars). Ce mouvement est néanmoins<br />

positif lorsque l’on analyse son origine : une<br />

plus grande progression des importations<br />

que des exportations. Les biens intermédiaires<br />

importés sont un des intrants essentiels<br />

de la production domestique et sa forte<br />

croissante en 2002 a accru la demande en<br />

produits importés (+22,8%). Ce facteur joue<br />

positivement <strong>sur</strong> la compétitivité non prix<br />

des exportations à moyen termes et peut<br />

permettre aux exportateurs de ne pas subir<br />

la déprime de la demande et de l’investissement<br />

domestique. C’est d’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong> cas en<br />

2002 : <strong>le</strong>s exportations ont augmenté de<br />

13% et constituent, comme en 2001, <strong>le</strong><br />

moteur de la croissance. La consommation<br />

Décomposition du PIB<br />

(cou<strong>le</strong>ur claire : 1998-2000, cou<strong>le</strong>ur moyenne : 2000-<br />

2001)<br />

15%<br />

10%<br />

5%<br />

0%<br />

-5%<br />

-10%<br />

-15%<br />

1,0%<br />

-7,5%<br />

Produit Intérieur<br />

Brut<br />

7,8%<br />

2,7%<br />

2,0%<br />

-9,2%<br />

Consommation<br />

Privée<br />

6,4%<br />

5,4%<br />

-8,5%<br />

Consommation<br />

Publique<br />

-3,7%<br />

-0,8%<br />

Investissement fixe<br />

-31,5%<br />

2,7%<br />

11,0%<br />

7,4%<br />

Exportations de<br />

biens et services<br />

Source : Eurostat, programme Medstat.<br />

1,8%<br />

15,7%<br />

-9,1%<br />

Importations de<br />

biens et services<br />

-137-<br />

privée s’est reprise (ce qui a éga<strong>le</strong>ment eu<br />

un effet <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s importations), mais la<br />

consommation publique ne soutient plus l’activité<br />

et <strong>sur</strong>tout l’investissement fixe poursuit<br />

son recul.<br />

(ii) Le taux de change effectif réel s'est<br />

apprécié jusque dans la seconde moitié de<br />

l'année 2002. Il s'est ensuite déprécié par <strong>le</strong><br />

fait de la dépréciation nomina<strong>le</strong> de la monnaie,<br />

qui a résulté des incertitudes politiques,<br />

et du différentiel d'inflation défavorab<strong>le</strong>.<br />

Après <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions, <strong>le</strong> taux de change réel a<br />

donc recommencé à s'apprécier (8,3% fin<br />

2002) réduisant la compétitivité externe de<br />

la Turquie. Ceci illustre bien <strong>le</strong>s répercutions<br />

néfastes que peut avoir la déconnexion entre<br />

<strong>le</strong>s mouvements du taux de change et ceux<br />

des fondamentaux économiques provoqués<br />

par des comportements spéculatifs. La<br />

banque centra<strong>le</strong> a peu de prise <strong>sur</strong> ces comportements.<br />

Ses interventions, malgré <strong>le</strong>s<br />

montants considérab<strong>le</strong>s impliqués (280 millions,<br />

242 millions et 273 millions de dollars<br />

en avril, mai et juin 2002) sont restées sans<br />

succès. El<strong>le</strong> a donc laissé jouer l'offre et la<br />

demande et la volatilité du change s'est calmée<br />

après <strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctions. Reste qu'il est diffici<strong>le</strong><br />

pour <strong>le</strong>s agents de se protéger du risque<br />

que représentent <strong>le</strong>s opérations avec l'étranger<br />

dans de tel<strong>le</strong>s circonstances. Couplés au<br />

manque de crédibilité du programme<br />

macroéconomique ces évènements ont provoqué<br />

des sorties de capitaux massives, <strong>sur</strong>tout<br />

en 2001, mais qui se poursuivent en<br />

2002, malgré la reprise de la croissance. Les<br />

investissements de portefeuil<strong>le</strong> sont restés<br />

négatifs en 2002 (-694 millions de dollars<br />

contre + 1 022 millions en 2000).<br />

(iii) La politique monétaire s’est dotée d'une<br />

cib<strong>le</strong> d'inflation en 2002 et prévoit que la<br />

croissance de la monnaie de base ne dépasse<br />

pas 40%. Cet objectif est traité comme un<br />

critère de performance prioritaire. À ce titre,


la banque centra<strong>le</strong> a augmenté <strong>le</strong>s taux d'intérêt<br />

en fin d'année, bien qu'el<strong>le</strong> ait respecté<br />

sa cib<strong>le</strong> afin de jugu<strong>le</strong>r, <strong>le</strong>s anticipations d'inflation.<br />

L’inflation est encore de 45% en<br />

2002, mais el<strong>le</strong> a été réduite de 22% par<br />

rapport à 2001 et de 90,5% par rapport à<br />

1997. Les autorités espèrent en <strong>2003</strong> la<br />

contenir à 20% ce qui paraît ambitieux. Il<br />

faut espérer que <strong>le</strong> nouveau programme économique<br />

turc et l’assistance du FMI parviendront<br />

à sortir <strong>le</strong> pays du cerc<strong>le</strong> vicieux du<br />

financement auto-entretenu du déficit public<br />

par <strong>le</strong> seigneuriage : la hausse de l’inflation<br />

entraîne un accroissement de la dollarisation<br />

qui réduit la taxe inflationniste dont bénéficie<br />

<strong>le</strong> gouvernement, celui-ci accroît la masse<br />

monétaire afin de la restaurer créant encore<br />

plus d’inflation et encourageant la dollarisation<br />

(Bahmani-Oskooee, Domac, 2002).<br />

De fait, en 2002, la dollarisation de l’économie<br />

se réduit (49% des dépôts en mars <strong>2003</strong><br />

contre 55% en 2002) et <strong>le</strong>s souscriptions de<br />

titres publics par <strong>le</strong>s ménages et <strong>le</strong>s investisseurs<br />

étrangers augmentent, ce qui va alléger<br />

l’endettement. La structure de la dette est, en<br />

effet, une autre conséquence de l’accumulation<br />

des déficits qui a fortement pesé <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

développement du secteur privé en créant un<br />

Politique monétaire<br />

%<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

115,2<br />

67,8<br />

86,2<br />

22,7<br />

68,4<br />

1907<br />

40,2<br />

50<br />

M2 Avances au<br />

secteur public<br />

1993-1997 1998-2000 2001 2002<br />

113,2<br />

73,9<br />

101,9<br />

24,9<br />

Crédit<br />

domestique<br />

85,3<br />

68,2<br />

54,9<br />

Inflation<br />

Sources : Eurostat, programme Medstat, Fond<br />

Monétaire International, IFS avril <strong>2003</strong>.<br />

45<br />

-138-<br />

effet d’éviction important. Ainsi, bien que la<br />

structure de la dette soit relativement favorab<strong>le</strong><br />

puisque la dette à court terme ne représente<br />

que 11% de la dette externe, son poids<br />

demeure un grand problème. La dette tota<strong>le</strong><br />

se monte à 131,2% du PIB (très majoritairement<br />

constituée de créances internes à<br />

78,2%) et <strong>le</strong> service de la dette absorbe<br />

47,2% des exportations de biens et services.<br />

Mais, <strong>le</strong>s réserves ne couvrent que 28,6% de<br />

la dette externe. Les améliorations sont<br />

<strong>le</strong>ntes, mais <strong>le</strong> gouvernement espère à la fois<br />

mettre en place <strong>le</strong>s conditions d’une croissance<br />

forte et se refinancer à des taux réels bas<br />

ce qui est la règ<strong>le</strong> d’or d’un désendettement<br />

progressif et continu.<br />

(iv) La politique budgétaire ne parvient pas à<br />

retrouver l’équilibre. Le déficit culmine à<br />

15% du PIB en 2002. Cela est dû à la<br />

conjoncture défavorab<strong>le</strong> qui amoindrit <strong>le</strong>s<br />

recettes (augmentation de 23% de l’impôt<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s revenus en 2002 contre 60% en<br />

2000) alors que <strong>le</strong>s engagements sont très<br />

peu f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>s.<br />

Du côté des revenus, la Turquie est encore<br />

dépendante des taxes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> commerce international<br />

: 11,6% de ses revenus pour 2002.<br />

Endettement<br />

%<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

25<br />

14<br />

11<br />

2000 2001 2002<br />

37<br />

47<br />

43<br />

0<br />

Dette externe à court Service de la dette<br />

terme/Dette externe externe/Exportations<br />

tota<strong>le</strong> de biens et services<br />

29 29<br />

26<br />

Réserves/Dette<br />

externe tota<strong>le</strong><br />

88<br />

149<br />

131<br />

69<br />

87<br />

78<br />

Dette tota<strong>le</strong>/PIB Dette<br />

intérieure/Dette<br />

tota<strong>le</strong><br />

Sources : Fond Monétaire International, GDF 2002,<br />

Banque centra<strong>le</strong>.


La TVA a moins progressé que <strong>le</strong>s années<br />

précédentes (+58,3% contre +84% en<br />

2000). Les taxes <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s biens et services<br />

(+65% en 2002 contre +59% en 2001) et la<br />

TVA <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s importations (+72% contre<br />

+32%) sont <strong>le</strong>s deux postes importants qui<br />

ont crû en 2002 par rapport à 2001.<br />

Du côté des dépenses, <strong>le</strong>s dépenses de<br />

salaires (20% des dépenses tota<strong>le</strong>s mais<br />

74,6% des dépenses courantes en 2002) et<br />

<strong>le</strong> paiement du service de la dette (44,9%<br />

des dépenses tota<strong>le</strong>s) ne laissent que peu de<br />

marges de manœuvres. Le gouvernement<br />

maintient avec difficulté son effort d’investissement<br />

(6% des dépenses tota<strong>le</strong>s en 2002<br />

contre 8% en 1997). C’est néanmoins <strong>le</strong><br />

poste qui marque la plus nette progression<br />

en 2002 (+66,4%).<br />

Aujourd’hui l’économie semb<strong>le</strong> être dans une<br />

phase de changements profonds : révision<br />

des priorités de politique économique en<br />

faveur de la réduction de l’inflation et de la<br />

maîtrise de l’endettement, recherche d’externalités<br />

positives permettant de placer l’économie<br />

<strong>sur</strong> un sentier de croissance plus<br />

é<strong>le</strong>vé. Mais, une question doit être résolue :<br />

comment consolider <strong>le</strong> secteur bancaire afin<br />

% des recettes tota<strong>le</strong>s<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

-20<br />

-40<br />

79<br />

7778<br />

Revenus des<br />

taxes<br />

36<br />

33<br />

30<br />

Impôts<br />

directs<br />

Recettes<br />

10 10<br />

12<br />

Revenus des Impôts<br />

taxes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> indirects<br />

commerce<br />

international<br />

1998-2000 2001 2002<br />

39<br />

4140<br />

38<br />

35<br />

32<br />

-10<br />

-15<br />

-17<br />

dont TVA Déficit<br />

budgétaire<br />

en % PIB<br />

-139-<br />

qu’il participe plus largement à l’effort de<br />

restructuration de l’économie.<br />

Une restructuration du système bancaire<br />

coûteuse mais porteuse d’espoirs<br />

La restructuration du système bancaire a<br />

coûté très cher à l’économie directement (<strong>le</strong><br />

coût de la recapitalisation des banques est<br />

estimé à 2,15 milliards de dollars) et indirectement<br />

puisqu’el<strong>le</strong> est en partie responsab<strong>le</strong><br />

de la crise économique de 2001. Beaucoup<br />

reste à faire dans la me<strong>sur</strong>e où :<br />

(i) Le secteur est de petite tail<strong>le</strong> (<strong>le</strong> total<br />

des actifs s’élève à 65% du PIB soit <strong>le</strong><br />

quart de la moyenne européenne).<br />

(ii) Le morcel<strong>le</strong>ment du réseau ne lui permet<br />

pas d’as<strong>sur</strong>er efficacement son rô<strong>le</strong><br />

d’intermédiaire financier et lui confère<br />

une aversion au risque particulièrement<br />

forte d’où des activités essentiel<strong>le</strong>ment<br />

tournées vers <strong>le</strong> secteur public (40%<br />

des actifs des banques en 2002).<br />

(iii) Enfin, bien qu’après la restructuration<br />

de juil<strong>le</strong>t 2002, la part des prêts irrécouvrab<strong>le</strong>s<br />

ait été diminuée de 62,5% et<br />

ne représente plus que 9% des actifs<br />

des banques, la structure de <strong>le</strong>urs actifs<br />

en % des dépenses tota<strong>le</strong>s<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

4<br />

3<br />

Dépenses de<br />

santé<br />

Sources : Fond Monétaire International, GDF 2002, Banque centra<strong>le</strong>.<br />

11<br />

8<br />

15<br />

Dépenses<br />

d'éducation<br />

Dépenses<br />

1998-2000 2001 2002<br />

8<br />

6<br />

Dépenses de<br />

défense<br />

24<br />

20<br />

19<br />

6 6<br />

5<br />

Dépenses de Dépenses de<br />

salaires capital<br />

41<br />

51<br />

45<br />

Dépenses<br />

d'intérêt de<br />

la dette


contraint fortement <strong>le</strong>ur activité : ils<br />

sont constitués essentiel<strong>le</strong>ment de<br />

dépôts à court terme (2,8 mois) ce qui<br />

limite la durée des prêts qui peuvent<br />

être accordés.<br />

L’excessive exposition au risque de défaut et<br />

l’expérience récente rendent <strong>le</strong>s banques<br />

turques très fri<strong>le</strong>uses et <strong>le</strong>s empêche de remplir<br />

correctement et dans de bonnes conditions<br />

<strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> d’intermédiaire financier. De<br />

plus, <strong>le</strong>s modifications actuel<strong>le</strong>s de l’environnement<br />

dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong>s opèrent en termes<br />

de baisse des taux d'intérêt, de besoins de<br />

financements décroissants du gouvernement<br />

et de hausse de la compétition risque d’induire<br />

des faillites nombreuses (Karacabey, 2001).<br />

Un besoin urgent d’améliorer la situation<br />

macro-économique et la dimension<br />

socia<strong>le</strong> pour profiter des avantages que<br />

procurent <strong>le</strong>s perspectives d’adhésion<br />

La situation de la Turquie n’est guère brillante,<br />

tant du point de vue des critères objectifs<br />

que des critères subjectifs. Mais, à la différence<br />

des autres PM, la situation « subjective<br />

» est meil<strong>le</strong>ure que cel<strong>le</strong> appréhendée<br />

selon <strong>le</strong>s critères objectifs (conformément à<br />

ce que l’on observe pour la plupart des pays<br />

en voie d’adhésion).<br />

Du point de vue subjectif, la Turquie est perçue<br />

comme une économie fondamenta<strong>le</strong>-<br />

-140-<br />

ment ouverte. L’accord d’Union douanière<br />

avec l’UE n’y est certainement pas étranger,<br />

alors même que l’on ne manquera pas de<br />

remarquer sa mise en place encore partiel<strong>le</strong>,<br />

notamment en ce qui concerne <strong>le</strong>s<br />

échanges de produits agrico<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s produits<br />

pharmaceutiques et <strong>le</strong>s produits sidérurgiques.<br />

Mais, si l’économie apparaît<br />

attrayante, la gouvernance en général<br />

constitue <strong>le</strong> talon d’Achil<strong>le</strong>, à la fois <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

plan de la régulation, de la transparence et<br />

de la corruption.<br />

Au niveau des indicateurs objectifs, la<br />

Turquie est en retard <strong>sur</strong> tous <strong>le</strong>s critères,<br />

tant relativement aux autres pays en voie<br />

d’adhésion qu’aux PM (sauf <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s infrastructures<br />

téléphoniques vis-à-vis de ces<br />

derniers). Toutefois, ce qui peut semb<strong>le</strong>r <strong>sur</strong>prenant,<br />

c’est que ce retard ne concerne pas<br />

seu<strong>le</strong>ment la gestion des équilibres macroéconomiques<br />

(inflation, balance courante,<br />

équilibre budgétaire), mais éga<strong>le</strong>ment :<br />

(i) <strong>le</strong> degré d’ouverture, que ce soient <strong>le</strong>s<br />

échanges de biens et services, me<strong>sur</strong>és<br />

relativement à la population, ou <strong>le</strong>s flux<br />

d’investissement étrangers en proportion<br />

du produit intérieur.<br />

(ii) La sphère socia<strong>le</strong> : l’espérance de vie<br />

est plus faib<strong>le</strong> que dans <strong>le</strong>s autres PM et<br />

l’indicateur de développement humain<br />

est largement en dessous du niveau des<br />

autres pays en voie d’adhésion.


Turquie<br />

5,00<br />

4,00<br />

3,00<br />

2,00<br />

1,00<br />

0,00<br />

Turkey 2001 ou donnée la plus récente Indicateurs Subjectifs Indicateurs Objectifs<br />

Barrières tarifaires et non tarifaires 1 Espérance de Vie<br />

Liberté d'utilisation des devises 2 IDE (en % du PIB)<br />

Droits de propriété 3 Échanges (imports+exports) par habitants<br />

Liberté d'échange <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés de capitaux et financiers 4 PIB par tête ($ PPP)<br />

Régulation des investissements étrangers 5 Indicateur de développement Humain (2000)<br />

Régulation de l'économie 6 Inflation (CPI)<br />

Contrô<strong>le</strong> du marché noir 7 Balance du Compte Courant<br />

Participation et transparence 8 Croissance du PIB<br />

Contrô<strong>le</strong> de la corruption 9 Déficit Budgétaire<br />

Rating Moody's 10 Lignes de Téléphone par habitants (2000)<br />

11 Utilisateurs d'Internet (par habitants, 2000)<br />

12 Service de la dette (% export. de biens et services)<br />

13 Dette externe (en % du PIB, 2000)<br />

14 Crédit octroyé au secteur privé (en % du PIB)<br />

12<br />

11<br />

UE Subj.<br />

Comparaison des critères subjectifs<br />

1<br />

5<br />

10<br />

2<br />

4<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

7<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

et des critères objectifs<br />

14<br />

9<br />

5 1<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

Classe 5<br />

++<br />

2<br />

7<br />

5<br />

3<br />

6<br />

UE Obj.<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Par rapport à Partenaires Méditerranéens (Isr. Incl.) UE 15 Pays Candidats<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

10<br />

7<br />

13<br />

10<br />

Classe 4<br />

+<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

6<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

Classe 3<br />

Moyen<br />

-141-<br />

9<br />

8<br />

12<br />

11<br />

13<br />

10<br />

Subjectif<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

5 1<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

2<br />

7<br />

Classe 2<br />

-<br />

TURQUIE - Les principaux indicateurs de l'ouverture commercia<strong>le</strong><br />

1990 1995 2001<br />

Taux d'ouverture (X+M/PIB)<br />

Orientation des exportations (en%)<br />

23,40% 33,80% 46,60%<br />

vers l'UE 29,5% 51,3% 51,4%<br />

vers <strong>le</strong>s PM 6,2% 6,9% 7,9%<br />

vers RdM<br />

Orientation des importations (en%)<br />

64,3% 41,8% 40,7%<br />

issues de l'UE 26,2% 47,2% 44,2%<br />

issues des PM 2,9% 3,4% 5,6%<br />

issues de RdM<br />

Taux de couverture X/M<br />

71,0% 49,3% 50,3%<br />

avec l'UE 0,66 0,66 0,88<br />

avec RdM<br />

Soldes en millions de dollars<br />

0,53 0,51 0,61<br />

avec l'UE -2 002 -5 786 -2 163<br />

avec RdM<br />

Indices de concentration des exportations<br />

-7 499 -8 599 -8 072<br />

vers <strong>le</strong> monde 0,13 0,12 0,10<br />

vers l'UE<br />

Termes de l'échange (1990=100) (*)<br />

0,13 0,16 0,14<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des exportations 100 107 83<br />

Indice va<strong>le</strong>urs unitaires des importations 100 111 91<br />

Termes de l'échange 100 96 91<br />

Pouvoir d'achat des exportations<br />

Indicateurs de commerce intrabranche<br />

100 150 225<br />

avec <strong>le</strong> monde 18,6 22,1 30,4<br />

avec l'UE 15,4 18,0 28,1<br />

avec RdM 17,7 20,8 25,5<br />

(*) Source : Cnuced<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4<br />

Objectifs<br />

12<br />

11<br />

9<br />

8<br />

13<br />

10<br />

10<br />

7<br />

14<br />

9<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

8<br />

6<br />

Objectifs Subjectif<br />

UE Obj. UE Subj.<br />

Classe 1<br />

--<br />

2<br />

7<br />

2<br />

5<br />

3<br />

6<br />

4<br />

5<br />

3<br />

4


Va<strong>le</strong>ur et structure des échanges de la Turquie avec ses principaux partenaires par grandes catégories de<br />

produits (en millions de dollars et en %)<br />

EXPORTATIONS IMPORTATIONS SOLDES EXPORTATIONS IMPORTATIONS<br />

Produits (*) 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001 1990 1995 2001<br />

0 2 304 3 417 3 316 1 180 1 482 736 1 124 1 935 2 580 18% 16% 11% 5% 4% 2%<br />

1 455 467 471 346 173 296 110 294 175 4% 2% 2% 2% 0% 1%<br />

2 750 775 691 1 684 3 536 2 435 -934 -2 761 -1 744 6% 4% 2% 8% 10% 6%<br />

3 296 288 445 4 622 4 619 6 141 -4 326 -4 330 -5 696 2% 1% 1% 21% 13% 15%<br />

Monde<br />

4<br />

5<br />

139<br />

747<br />

325<br />

888<br />

180<br />

1 272<br />

298<br />

2 850<br />

638<br />

5 342<br />

321<br />

6 243<br />

-159<br />

-2 103<br />

-314<br />

-4 454<br />

-141<br />

-4 971<br />

1%<br />

6%<br />

2%<br />

4%<br />

1%<br />

4%<br />

1%<br />

13%<br />

2%<br />

15%<br />

1%<br />

15%<br />

6 3 833 6 217 9 453 3 351 6 675 6 643 482 -458 2 810 30% 29% 30% 15% 19% 16%<br />

7 855 2 402 7 152 7 036 11 492 12 636 -6 182 -9 090 -5 483 7% 11% 23% 32% 32% 31%<br />

8 3 579 6 817 8 099 933 1 750 2 533 2 646 5 068 5 566 28% 32% 26% 4% 5% 6%<br />

9 2 253 1 3 415 2 -3 162 0% 0% 1% 0% 0% 8%<br />

Total 12 959 21 599 31 334 22 301 35 707 41 399 -9 341 -14 109 -10 065 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 1 497 1 523 1 504 740 828 484 757 695 1 020 18% 17% 12% 5% 5% 2%<br />

1 393 325 326 332 152 272 61 172 55 5% 4% 3% 2% 1% 1%<br />

2 456 315 331 1 254 1 985 1 547 -799 -1 671 -1 215 5% 3% 3% 8% 11% 7%<br />

3 76 80 186 4 127 3 668 4 902 -4 050 -3 588 -4 716 1% 1% 1% 26% 21% 24%<br />

Reste du<br />

4 114 202 55 206 515 270 -93 -312 -215 1% 2% 0% 1% 3% 1%<br />

Monde<br />

5 464 512 795 1 648 1 936 2 075 -1 184 -1 424 -1 280 6% 6% 6% 10% 11% 10%<br />

6 2 199 3 018 4 316 2 179 3 576 3 359 21 -558 957 26% 33% 34% 14% 20% 16%<br />

7 546 849 2 633 4 741 4 332 4 355 -4 195 -3 483 -1 722 7% 9% 21% 30% 25% 21%<br />

8 2 587 2 197 2 470 604 630 1 013 1 983 1 567 1 457 31% 24% 19% 4% 4% 5%<br />

9 2 131 1 2 542 -1 2 -2 412 0% 0% 1% 0% 0% 12%<br />

Total 8 332 9 022 12 748 15 831 17 622 20 819 -7 499 -8 599 -8 072 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 593 1 629 1 441 436 638 222 157 991 1 219 15% 15% 9% 7% 4% 1%<br />

1 62 136 115 14 21 24 48 115 91 2% 1% 1% 0% 0% 0%<br />

2 270 413 321 359 1 403 773 -89 -990 -453 7% 4% 2% 6% 8% 4%<br />

3 207 194 203 128 148 207 80 45 -4 5% 2% 1% 2% 1% 1%<br />

UE<br />

4<br />

5<br />

16<br />

198<br />

95<br />

292<br />

98<br />

337<br />

86<br />

1 060<br />

124<br />

3 231<br />

50<br />

3 968<br />

-71<br />

-862<br />

-29<br />

-2 939<br />

48<br />

-3 630<br />

0%<br />

5%<br />

1%<br />

3%<br />

1%<br />

2%<br />

1%<br />

18%<br />

1%<br />

19%<br />

0%<br />

22%<br />

6 1 229 2 440 4 169 1 133 3 049 3 220 95 -610 949 32% 22% 26% 19% 18% 18%<br />

7 274 1 301 3 940 2 291 7 139 7 974 -2 017 -5 837 -4 034 7% 12% 24% 39% 42% 44%<br />

8 980 4 578 5 374 324 1 111 1 498 656 3 467 3 877 26% 41% 33% 6% 7% 8%<br />

9 119 344 -225 0% 0% 1% 0% 0% 2%<br />

Total 3 829 11 077 16 118 5 832 16 862 18 280 -2 002 -5 786 -2 163 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 213 264 371 3 16 29 210 248 341 27% 18% 15% 1% 1% 1%<br />

1 7 30 7 29 0% 0% 1% 0% 0% 0%<br />

2 24 47 39 70 148 115 -46 -101 -76 3% 3% 2% 11% 12% 5%<br />

3 13 15 56 368 803 1 032 -355 -787 -976 2% 1% 2% 58% 66% 45%<br />

Partenaires 4 9 27 28 5 1 5 27 26 1% 2% 1% 1% 0% 0%<br />

Med. (**) 5 85 85 139 143 176 200 -58 -91 -61 11% 6% 6% 22% 14% 9%<br />

6 405 760 968 39 50 64 366 710 905 51% 51% 39% 6% 4% 3%<br />

7 35 252 579 5 22 306 30 230 273 4% 17% 23% 1% 2% 13%<br />

8 12 42 255 5 9 23 6 33 232 1% 3% 10% 1% 1% 1%<br />

9 4 528 -525 0% 0% 0% 0% 0% 23%<br />

Total 798 1 500 2 468 638 1 223 2 299 160 276 169 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

0 48 64 91 80 58 11 -32 6 80 16% 8% 10% 24% 14% 2%<br />

1 8 23 20 1 7 23 20 3% 3% 2% 0% 0% 0%<br />

2 21 11 12 8 27 11 13 -16 1 7% 1% 1% 2% 7% 2%<br />

3 31 53 46 3 23 28 30 46 10% 6% 5% 1% 6% 0%<br />

AC10 (***)<br />

4<br />

5<br />

1<br />

21<br />

2<br />

40<br />

2<br />

67<br />

1<br />

47<br />

1<br />

41 95<br />

1<br />

-26<br />

1<br />

-2<br />

2<br />

-28<br />

0%<br />

7%<br />

0%<br />

5%<br />

0%<br />

7%<br />

0%<br />

14%<br />

0%<br />

10%<br />

0%<br />

14%<br />

6 64 164 291 71 125 125 -7 39 166 21% 20% 31% 21% 31% 19%<br />

7 46 94 292 118 114 407 -72 -20 -115 15% 11% 31% 36% 28% 60%<br />

8 65 388 110 4 16 25 62 372 85 21% 46% 12% 1% 4% 4%<br />

9 5 0% 0% 1% 0% 0% 0%<br />

Total 305 840 937 331 407 675 -26 434 257 100% 100% 100% 100% 100% 100%<br />

(*) - 0 = Alimentation & animaux vivants; 1 = Boissons & tabac; 2 = Matières prem. excl pétro<strong>le</strong>; 3 = Combustib<strong>le</strong>s minéraux;<br />

4 = Hui<strong>le</strong>s, graisses anima<strong>le</strong>s & végéta<strong>le</strong>s; 5 = Produits chimiques; 6 = Produits manufacturés; 7 = Machines & matériels de transport;<br />

8 = Artic<strong>le</strong>s manufacturés; 9 = Biens non classés<br />

(**) Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie, Syrie, Turquie, Liban, Israël<br />

(***) Pologne, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Slovaquie, Slovénie, Republique Tchèque, Malte, Chypre<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée<br />

-142-


Notes<br />

[1] Le taux de participation du pays considéré<br />

est remplacé par celui de la zone<br />

choisie pour cib<strong>le</strong> quand il est inférieur<br />

à ce dernier.<br />

[2] Cet indice est fondé <strong>sur</strong> quatre composantes<br />

: politique commercia<strong>le</strong>, politique<br />

fisca<strong>le</strong>, niveau du taux de change<br />

réel et privatisation.<br />

[3] Cette analyse a été détaillée dans <strong>le</strong> rapport<br />

<strong>Femise</strong> <strong>2003</strong> <strong>sur</strong> l’élargissement<br />

[4] Les accords dits ATV (Accords <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

Texti<strong>le</strong> et <strong>le</strong> Vêtement) ont prolongé<br />

<strong>le</strong>s accords multifibres conclus pour 30<br />

ans en 1974, pour une période allant<br />

jusqu’au 1er janvier 2005.<br />

[5] La Turquie, avec plus de 73% de la<br />

production méditerranéenne, est <strong>le</strong><br />

principal producteur de la région,<br />

avant la Tunisie (9%), <strong>le</strong> Maroc (7%),<br />

l’Egypte (5%) et la Syrie (5%).<br />

[6] Données calculées à partir de UNIDO -<br />

Industrial Demand Supply balance<br />

data base 2002.<br />

[7] DREE, (<strong>2003</strong>).<br />

[8] Mis en évidence avec <strong>le</strong> concept de<br />

chaîne de va<strong>le</strong>ur, cf Belghazi, (2002)<br />

[9] DREE (<strong>2003</strong>).<br />

[10] Notons encore que <strong>le</strong>s PM affichent<br />

éga<strong>le</strong>ment de meil<strong>le</strong>ures statistiques<br />

en termes de répartition des revenus<br />

(différences entre <strong>le</strong>s hauts et <strong>le</strong>s bas<br />

revenus) relativement aux autres<br />

régions en développement.<br />

[11] Me<strong>sur</strong>ant la proportion de la population<br />

vivant sous la ligne de pauvreté.<br />

[12] A la fin de l’année 2002, la communauté<br />

internationa<strong>le</strong> s’est mobilisée<br />

pour venir en aide au Liban et contribuer<br />

ainsi à préserver la stabilité politique<br />

au Proche-Orient. Lors de la<br />

Conférence de Paris II, une aide de 4,4<br />

milliards de dollars a été accordée au<br />

Liban dont 3,1 milliards de prêts à long<br />

terme à taux d'intérêt faib<strong>le</strong> doivent<br />

servir à la restructuration de la dette<br />

publique et 1,3 milliards doivent être<br />

affectés à des projets d’infrastructures.<br />

[13] Pour l’instant seu<strong>le</strong>s des banques<br />

arabes ont bénéficié de cette nouvel<strong>le</strong><br />

politique, l’un libanais (la banque du<br />

Liban d’Outre-Mer), l’autre jordanienne<br />

(la Housing Bank for Trade and<br />

Finance), la dernière saoudienne (en<br />

fait il s’agit d’une association de<br />

-143-<br />

banques : la banque européenne pour<br />

<strong>le</strong> Moyen-Orient et la banque El Saudi<br />

El Fransi). Une banque non-arabe<br />

devrait faire son entrée en <strong>2003</strong> : la<br />

Société Généra<strong>le</strong>. Deux autres<br />

banques sont éga<strong>le</strong>ment <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s rangs,<br />

l’une jordanienne (l’Arab Bank) et<br />

l’autre du Bahreïn (banque d’Etat).<br />

[14] MIGA est un filia<strong>le</strong> de la Banque<br />

Mondia<strong>le</strong>. Sa mission est de garantir <strong>le</strong>s<br />

investissements internationaux contre<br />

<strong>le</strong>s risques non commerciaux (expropriation,<br />

rapatriement des capitaux,<br />

rupture de contrat unilatéra<strong>le</strong>, conflits).<br />

El<strong>le</strong> offre éga<strong>le</strong>ment une assistance<br />

pour faciliter <strong>le</strong>s placements à l’étranger.<br />

Parmi <strong>le</strong>s PM, Chypre et Malte n’en<br />

font pas partie, mais ces pays bénéficient<br />

d’une caution très puissante éga<strong>le</strong>ment<br />

cel<strong>le</strong> de l’Union européenne qui<br />

profite aussi à la Turquie mais dans une<br />

moindre me<strong>sur</strong>e.<br />

[15] Parmi <strong>le</strong>s membres du Conseil figurent<br />

<strong>le</strong> Gouverneur et <strong>le</strong> Vice-Gouverneur<br />

de la banque centra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s Vice-<br />

Ministres des Finances, de l’Industrie<br />

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World Bank.<br />

Yousef T., Johansson S. et C. Silav-Jauregui,<br />

(<strong>2003</strong>), « Is Economic Volatility in the<br />

Midd<strong>le</strong> East Really High ? », Fourth<br />

Mediterranean Social and Political<br />

Research Meeting, mars.


RAPPORT FEMISE <strong>2003</strong> SUR<br />

LE PARTENARIAT EURO-MEDITERRANEEN<br />

Septembre <strong>2003</strong><br />

LISTE DES ANNEXES<br />

Notes méthodolohiques <strong>sur</strong> la base de données PC-TAS<br />

Notes méthodolohiques <strong>sur</strong> la méthode multicritère<br />

Entrées d’Investissements Directs Étrangers 1990-2001<br />

Annexes <strong>sur</strong> <strong>le</strong> texti<strong>le</strong> :<br />

Annexe B1 - La place des Partenaires Méditerranéens dans <strong>le</strong>s exportations mondia<strong>le</strong>s de<br />

texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

Annexe B2 - Parts relatives en % des exportateurs de la zone paneuroméditerranée<br />

Annexe B3 - Importations des produits texti<strong>le</strong>s de l'Union Européenne (hors échanges intra<br />

européens) en millions de dollars courants et en %<br />

Annexe B4 - Les avantages comparatifs des partenaires méditerranéens dans l’industrie texti<strong>le</strong><br />

Annexe B5 - Part en % de chaque catégorie de produits texti<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong>s exportations des PM<br />

Annexe B6 - La complémentarité des relations <strong>euroméditerranéen</strong>nes<br />

Annexe B7 - La complémentarité des relations entre l’UE et <strong>le</strong>s pays candidats (AC10)<br />

-147-


Notes méthodologiques <strong>sur</strong> la base de données PC-TAS<br />

I. Les problèmes inhérents à la constitution de la base de données <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s échanges commerciaux et à sa<br />

mise à jour annuel<strong>le</strong> : PC-TAS<br />

La base de données <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s échanges commerciaux est une compilation constituée à partir des bases de données PC-<br />

TAS éditées par l’ITC/UN Statistics Division et réactualisées chaque année. Dans la me<strong>sur</strong>e où tous <strong>le</strong>s pays méditerranéens<br />

ne sont pas déclarants, ou ne <strong>le</strong> sont pas de façon régulière, un certain nombre de problèmes apparaissent<br />

lorsque l’on veut compi<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s séries <strong>sur</strong> plusieurs périodes. Ceux-ci tiennent d’une part aux approximations faites<br />

pour recomposer des va<strong>le</strong>urs manquantes à un moment donné (et dont <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs déclarées sont publiées l’année<br />

d’après) et, d’autre part, au fait que de nouveaux pays déclarants, dont <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs des échanges étaient jusqu’alors<br />

« approximées », apparaissent dans la base.<br />

Dans <strong>le</strong> cas des pays qui ne rapportent jamais, on utilise <strong>le</strong>s statistiques miroirs c’est-à-dire <strong>le</strong>s montants d’importations<br />

(si on estime <strong>le</strong>s exportations) ou d’exportations (si on estime <strong>le</strong>s importations) rapportés par <strong>le</strong>s pays partenaires.<br />

C’est notamment <strong>le</strong> cas pour la Syrie, <strong>le</strong> Liban, l’Algérie jusqu’à l’édition 1999 de la base et pour la Jordanie dont <strong>le</strong>s<br />

résultats sont publiés depuis l’année 2001, (avec encore des données manquantes en 1996 et 1999, c’est pourquoi<br />

nous conservons l’approche miroir pour ce pays).<br />

C’est systématiquement <strong>le</strong> cas pour la Syrie et <strong>le</strong> Liban. Pour d’autres pays, une ou plusieurs années manquent : c’est<br />

<strong>le</strong> cas pour l’Algérie en 1992, 1993 et 1998, <strong>le</strong> Maroc en 1992, 1998 et 1999, la Jordanie en 1996 et 1999, l'Egypte<br />

en 1992 et 1993 et Malte en 1992 et 1993. Par soucis de cohérence des séries temporel<strong>le</strong>s 1992-1999, et par rapport<br />

aux résultats passés, nous avons choisi de travail<strong>le</strong>r <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s données miroirs pour l’Algérie, et la Jordanie. Par ail<strong>le</strong>urs,<br />

<strong>le</strong> Maroc ne déclarant pas ses résultats en 1998 et 1999, nous avons éga<strong>le</strong>ment dû travail<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong> présent rapport<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s données miroirs.<br />

Lorsque certaines années sont manquantes, on utilise la même méthode miroir pour reconstituer <strong>le</strong>s échanges des<br />

années non disponib<strong>le</strong>s. Mais on constate des écarts importants entre ce qui est déclaré par <strong>le</strong> pays et ce que l’on<br />

obtient à partir des déclarations des partenaires. Notre choix est alors de conserver <strong>le</strong>s données déclarées par <strong>le</strong> pays<br />

et de compléter <strong>le</strong>s années qui manquent par <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs miroirs auxquel<strong>le</strong>s on applique <strong>le</strong> coefficient de correction<br />

obtenu par <strong>le</strong> rapport de la va<strong>le</strong>ur déclarée <strong>sur</strong> la va<strong>le</strong>ur miroir pour l’année la plus proche où <strong>le</strong> pays est déclarant. Si<br />

trop de va<strong>le</strong>urs manquent, on n’utilise que <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs miroirs.<br />

Ces estimations permettent de compléter la base de données, mais présentent quelques limites : (i) <strong>le</strong>s données<br />

obtenues sont exprimées FOB pour <strong>le</strong>s importations et CAF pour <strong>le</strong>s exportations (puisque estimées à partir des<br />

déclarations d’importations), c’est-à-dire incluant <strong>le</strong>s coûts de fret et d’as<strong>sur</strong>ance, en moyenne 10% supérieur à la<br />

va<strong>le</strong>ur FOB ; (ii) de plus, <strong>le</strong>s statistiques miroirs n’intègrent que <strong>le</strong>s échanges entre pays rapporteurs et une part des<br />

échanges au sein de la zone PPM ne peut donc être comptabilisée.<br />

Enfin, la base de données constituée est <strong>le</strong> résultat de l’accumulation de séries de données mises à jour annuel<strong>le</strong>ment.<br />

Chaque année, plusieurs corrections peuvent être apportées aux résultats obtenus précédemment :<br />

√ mises à jour rétroactives des données à chaque version de la base de données ;<br />

√ introduction dans la base de nouveaux pays déclarants et <strong>le</strong>ur prise en compte ;<br />

√ non déclaration successive pour des pays anciennement déclarants ce qui peut nous obliger à changer de<br />

méthodes d’estimation ;<br />

√ déclaration à la période suivante d’une va<strong>le</strong>ur estimée à la période antérieure ; c’est <strong>le</strong> cas pour l’Algérie qui ne<br />

déclarait pas pour 1998 en 2000, mais qui l’année d’après fournissait une déclaration pour 1998 et 1999.<br />

II. Les problèmes de comptabilité entre <strong>le</strong> solde commercial tel que calculé à partir de Comtrade, PC-TAS<br />

et tel que comptabilisé dans la balance des paiements du FMI<br />

Les données commercia<strong>le</strong>s contenues dans la base de données PC-TAS éditée par l’ITC/UN Statistics Division sont des<br />

statistiques douanières, re<strong>le</strong>vant généra<strong>le</strong>ment du système dit de commerce général. La plupart du temps, ces données<br />

diffèrent de cel<strong>le</strong>s publiées dans la Balance des paiements au titre de la balance des marchandises. Au moins<br />

trois grandes divergences de définition expliquent ces différences.<br />

Il s’agit tout d’abord d’une différence en termes de couverture même des transactions : à titre d’exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s données<br />

commercia<strong>le</strong>s de la balance des paiements incluent des ajustements pour certains échanges de marchandises<br />

(service des colis postaux notamment) que l’on ne retrouve pas dans <strong>le</strong>s données issues des douanes.<br />

Il s’agit ensuite de différences dans la date même des données enregistrées : dans la balance des paiements, <strong>le</strong>s<br />

échanges sont comptabilisés au moment du changement de propriété, alors que <strong>le</strong>s données des douanes comptabilisent<br />

généra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s transactions au moment du passage de frontière.<br />

Il s’agit enfin de différences notab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s classifications utilisées : ainsi, par exemp<strong>le</strong>, la réparation de marchandises<br />

est une transaction de marchandises dans la balance des paiements, mais pas dans <strong>le</strong>s données douanières.<br />

-148-


Détail de la méthode de classement utilisée<br />

Pour comparer <strong>le</strong>s performances de différentes économies, nous avons utilisée une méthode particulière d’aide multicritère<br />

à la décision basée <strong>sur</strong> <strong>le</strong> concept de « <strong>sur</strong>classement » et utilisant <strong>le</strong> concept de tri : la méthode « e<strong>le</strong>ctre-tri »<br />

élaborée au LAMSAD de l’Université de Paris-Dauphine.<br />

Concrètement, il s’agit d’affecter chaque pays de l’échantillon retenu à des classes prédéfinies et hiérarchisées de sorte<br />

que la classe n°5 regroupe <strong>le</strong>s économies <strong>le</strong>s plus performantes eu égard aux critères choisis, que la classe n°4 contienne,<br />

el<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s économies moins performantes que cel<strong>le</strong>s de la classe n°5, mais plus performantes que cel<strong>le</strong>s de la classe<br />

n°3, etc. L’affectation d’une économie à une classe repose <strong>sur</strong> la comparaison des performances de cette économie à<br />

cel<strong>le</strong>s de profils préalab<strong>le</strong>ment établis et hiérarchisés. La comparaison utilise <strong>le</strong> principe de « <strong>sur</strong>classement », c’est-àdire<br />

que, pour <strong>le</strong>s critères choisis, l’économie A <strong>sur</strong>classe <strong>le</strong> profil i lorsqu’el<strong>le</strong> obtient, dans une majorité de cas (fixée<br />

à 70% dans l’analyse) un résultat au moins aussi bon que celui de profil considéré. Si l’économie en question <strong>sur</strong>classe<br />

<strong>le</strong> profil n°1, el<strong>le</strong> est affectée à la classe n°5. Dans <strong>le</strong> cas contraire, el<strong>le</strong> est comparée au profil n°2 avec, en cas de<br />

résultat positif, une affectation à la classe n°4 ou une comparaison au profil suivant, etc. Si l’économie est <strong>sur</strong>classée<br />

par tous <strong>le</strong>s profils, el<strong>le</strong> est affectée à la dernière classe.<br />

Afin de disposer de résultats robustes, <strong>le</strong> <strong>sur</strong>classement doit être prononcé sans équivoque. Outre l’imprécision des<br />

me<strong>sur</strong>es statistiques, il convient de savoir à partir de quand la va<strong>le</strong>ur d’un indicateur statistique doit être jugée meil<strong>le</strong>ure<br />

qu’une autre va<strong>le</strong>ur. Un indicateur de développement humain de 0,910 <strong>sur</strong>classe-t-il réel<strong>le</strong>ment un taux de 0,908 ?<br />

Pour faire face à ces problèmes, nous utilisons la possibilité qu’offre la méthode e<strong>le</strong>ctre-tri en nous basant <strong>sur</strong> l’utilisation<br />

de pseudo-critères : la définition de seuils d’indifférence (Sa) et de préférence stricte (Sp).<br />

Le seuil d’indifférence permet de définir, pour un critère, une va<strong>le</strong>ur minima<strong>le</strong> Sa en dessous de laquel<strong>le</strong> la différence<br />

entre une économie et un profil, pour ce critère, sera jugée non pertinente. Par rapport à l'exemp<strong>le</strong> précédent, si l'on<br />

fixe <strong>le</strong> seuil d'indifférence Sa à 0,02, on considère <strong>le</strong>s deux va<strong>le</strong>urs (0,910 et 0,908) comme équiva<strong>le</strong>ntes. Si on fixe <strong>le</strong><br />

seuil à 0,005, une va<strong>le</strong>ur de 0,908 est jugée moins bonne que 0,910, tandis qu'une va<strong>le</strong>ur de 0,909 est équiva<strong>le</strong>nte à<br />

0,910.<br />

Le seuil de préférence stricte Sb se définit éga<strong>le</strong>ment pour chaque critère et indique la va<strong>le</strong>ur au-delà de laquel<strong>le</strong>, pour<br />

ce critère, il y a un <strong>sur</strong>classement incontestab<strong>le</strong> dans la comparaison. Sb est généra<strong>le</strong>ment strictement supérieur à Sa.<br />

Dans notre exemp<strong>le</strong>, en fixant Sa à 0,02 et Sb à 0,03, on considère qu'une va<strong>le</strong>ur de 0,908 est équiva<strong>le</strong>nte à 0,910,<br />

mais qu'une va<strong>le</strong>ur de 0,907 (0,910-Sb) est incontestab<strong>le</strong>ment moins bonne que <strong>le</strong>s deux autres.<br />

Muni de ces seuils, la méthode calcu<strong>le</strong>, pour chaque économie, un degré de <strong>sur</strong>classement par rapport à chaque profil<br />

compte tenu de l’ensemb<strong>le</strong> des critères, degré variant entre 0 et 1 et pouvant être perçu comme la pertinence de l’affirmation<br />

: « cette économie <strong>sur</strong>classe ce profil ». Si, pour un profil, cet indice est supérieur à une va<strong>le</strong>ur donnée (70%<br />

dans notre analyse), l’économie <strong>sur</strong>classe ce profil. C’est ce degré qui fixe la position du point <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s graphiques.<br />

Le procédé utilisé pour établir <strong>le</strong>s profils de comparaison et <strong>le</strong>s seuils est crucial pour pouvoir accorder confiance aux<br />

résultats affichés. Afin d’obtenir <strong>le</strong>s résultats <strong>le</strong>s plus objectifs possib<strong>le</strong>s, nous avons appliqué des méthodes systématiques.<br />

Nous avons choisi comme norme, respectivement <strong>le</strong> 80ème centi<strong>le</strong> de la distribution pour <strong>le</strong> profil 1, <strong>le</strong> 60ème<br />

centi<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> profil 2, <strong>le</strong> 40ème centi<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> profil 3 et <strong>le</strong> 20ème centi<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> profil 4. On peut ainsi traduire en<br />

termes simp<strong>le</strong>s la signification, pour un critère donné, de la comparaison entre la performance d’une économie et la<br />

norme du profil associé. Sur 100 économies, si, pour un indicateur, l’économie considérée <strong>sur</strong>classe <strong>le</strong> profil n°1, c’est<br />

qu’el<strong>le</strong> se situe dans <strong>le</strong>s 20 premières économies en termes de performances. A contrario, si l’économie est <strong>sur</strong>classée<br />

par <strong>le</strong> profil n°4, c’est que 80% des économies dans l'échantillon (<strong>le</strong>s 203 pays des bases de la Banque Mondia<strong>le</strong>) font<br />

mieux qu’el<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> critère donné. Les centi<strong>le</strong>s des distributions sont éga<strong>le</strong>ment à la base du calcul des seuils. Ainsi,<br />

<strong>le</strong> seuil Sa est égal à 5% de la distribution (et <strong>le</strong> seuil Sb à 7,5%) : par exemp<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> profil 1, il s'agit de la différence<br />

entre <strong>le</strong> 80ème et <strong>le</strong> 75ème centi<strong>le</strong>. Le principe posé est que dans un classement de 100 économies, lorsqu’un<br />

palier a été placé à la nème place, <strong>le</strong> fait de se situer entre la nème et la n+5ème place est équiva<strong>le</strong>nt.<br />

Listes des variab<strong>le</strong>s retenues et sources<br />

Critères subjectifs :<br />

√ <strong>le</strong>s barrières tarifaires et non tarifaires (The Heritage<br />

Foundation-The Wall Street Journal),<br />

√ la liberté d’utilisation des devises (The Fraser<br />

Institute),<br />

√ <strong>le</strong>s droits de propriété (The Heritage Foundation-The<br />

Wall Street Journal),<br />

√ la liberté d’échanger <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés de capitaux<br />

(The Fraser Institute),<br />

√ la régulation des investissements étrangers (The<br />

Heritage Foundation-The Wall Street Journal),<br />

√ lla régulation (The Heritage Foundation-The Wall<br />

Street Journal),<br />

√ <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> du marché noir (The Heritage Foundation-<br />

The Wall Street Journal),<br />

√ la participation et la transparence (Kaufmann D.,<br />

Kraay A., Zoido-Lobaton P.),<br />

√ <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de la corruption (Kaufmann D., Kraay A.,<br />

Zoido-Lobaton P.),<br />

√ <strong>le</strong> rating Moody’s.<br />

-149-<br />

Critères objectifs :<br />

√ l’espérance de vie (Banque Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ la part des investissements directs dans <strong>le</strong> PIB<br />

(FMI),<br />

√ l’ouverture me<strong>sur</strong>ée par <strong>le</strong> rapport exports+imports<br />

par habitant (FMI et Banque Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ <strong>le</strong> PIB par tête (FMI et Banque Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ l’indicateur de développement humain (HDI, 2000,<br />

PNUD),<br />

√ l’inflation (CPI, FMI et Banque Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ la balance courante en % du PIB (FMI et Banque<br />

Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ la croissance du PIB (FMI et Banque Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ <strong>le</strong> déficit budgétaire en % du PIB (FMI et Banque<br />

Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ <strong>le</strong> nombre de lignes téléphoniques pour 1000 habitants<br />

(Banque Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ <strong>le</strong> nombre d’utilisateurs internet pour 1000 habitants<br />

(Banque Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ <strong>le</strong> service de la dette en % des exportations de biens<br />

et services (Banque Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ la dette extérieure en % du PIB (Banque Mondia<strong>le</strong>),<br />

√ <strong>le</strong> crédit octroyé par <strong>le</strong>s banques au profit du secteur<br />

privé en % du PIB (FMI et Banque Mondia<strong>le</strong>).


Entrées d'IDE en millions de US $<br />

Pays en développement 34 689 41 696 51 108 78 813 104 920 113 338 152 685 191 022 187 611 225 140 237 894 204 801 70 761 189 115 221 348<br />

Amérique Latine et Caraïbes 8 989 15 356 17 611 20 009 30 091 32 311 52 856 74 299 82 203 109 311 95 405 85 873 20 728 79 667 90 639<br />

Europe centra<strong>le</strong> et de l'est 300 2 448 4 439 6 757 5 932 14 268 13 547 19 113 22 608 25 363 26 563 27 200 5 691 20 158 26 882<br />

Asie du Sud et de l'Est (excl. Chine, incl. HK) 10 670 16 862 16 527 22 283 32 167 37 790 47 663 52 101 42 501 59 671 90 351 47 519 22 717 50 484 68 935<br />

Source : United Nations : World Investment Reports 1995 à 2002 ; UNCTAD Web Site et WIR 2002 pour 1999 à 2001<br />

(1) : Dernières révisions 1996-2001 selon <strong>le</strong> WIR 2002<br />

*Selon révision des prévisions UNCTAD, WIR 2002<br />

Total Monde 211 425 158 936 175 841 219 421 255 988 331 068 386 140 478 082 694 457 1 088 263 1 491 934 735 146 225 447 661 736 1 113 540<br />

Pays Partenaires de Méditerranée 1 869 1 917 2 909 2 694 3 685 3 659 3 908 5 615 5 859 8 987 8 634 11 783 2 789 6 092 10 209<br />

-150-<br />

Israël 101 350 539 429 432 1 337 1 387 1 628 1 760 2 889 4 392 3 044 531 1 916 3 718<br />

Jordanie 38 -12 41 -34 3 13 16 361 310 158 39 169 8 211 104<br />

Liban 10 80 150 200 250 298 249 10 170 274<br />

Maroc 165 317 423 491 551 335 357 1 079 333 850 201 2 658 380 655 1 430<br />

Syrie 71 62 67 176 251 100 89 80 82 263 270 205 121 129 238<br />

Tunisie 76 125 526 562 566 378 351 365 668 368 779 486 372 438 633<br />

Turquie 684 810 844 636 608 885 722 805 940 783 982 3 266 745 813 2 124<br />

Moyenne annuel<strong>le</strong> (mios $)<br />

(1) 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 (A) (B) (C)<br />

1990-95 1996-99 2000-01<br />

Algérie* 12 10 -59 18 5 270 260 501 507 438 1 196 -3 385 817<br />

Egypte 734 253 459 493 1 256 596 636 887 1 065 2 919 1 235 510 632 1 377 873


Annexe B1 - La place des Partenaires Méditerranéens dans <strong>le</strong>s exportations mondia<strong>le</strong>s<br />

de texti<strong>le</strong>-habil<strong>le</strong>ment<br />

Exportations tota<strong>le</strong>s<br />

de texti<strong>le</strong><br />

Exportations d’artic<strong>le</strong>s<br />

d’habil<strong>le</strong>ment<br />

-151-<br />

Exportations de fils et<br />

tissus<br />

1995 2001 1995 2001 1995 2001<br />

Algérie 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%<br />

Egypte 0,3% 0,4% 0,2% 0,4% 0,4% 0,3%<br />

Israël 0,3% 0,3% 0,5% 0,4% 0,3% 0,3%<br />

Jordanie 0,0% 0,1% 0,0% 0,2% 0,0% 0,0%<br />

Liban 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%<br />

Maroc 0,3% 0,7% 0,5% 1,5% 0,1% 0,1%<br />

Syrie 0,1% 0,2% 0,1% 0,1% 0,0% 0,1%<br />

Tunisie 0,7% 0,9% 1,6% 1,6% 0,1% 0,1%<br />

Turquie 2,4% 3,0% 4,2% 4,2% 1,7% 2,9%<br />

Part.<br />

Med 4,2% 5,5% 7,1% 8,4% 2,7% 4,0%<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.<br />

Annexe B2 - Parts relatives en % des exportateurs de la zone<br />

paneuroméditerranée<br />

1995 2001 1995 2001<br />

Algérie 0,2% 0,1% Chypre 0,4% 0,1%<br />

Egypte 3,9% 4,2% Estonie 1,1% 0,0%<br />

Israël 4,4% 3,4% Hongrie 6,4% 6,8%<br />

Jordanie 0,3% 1,1% Lettonie 0,9% 1,0%<br />

Liban 0,3% 0,3% Lituanie 1,7% 2,5%<br />

Maroc 4,3% 8,6% Malte 0,9% 0,6%<br />

Syrie 1,6% 1,9% Pologne 12,4% 10,4%<br />

Tunisie 10,5% 10,2% Slovaquie 3,0% 3,9%<br />

Turquie 34,2% 34,8% Slovénie 4,7% 2,8%<br />

Tchéquie 9,1% 7,3%<br />

Part. Med 59,4% 64,6% AC10 40,6% 35,4%<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.


Annexe B3 - Importations des produits texti<strong>le</strong>s de l'Union Européenne (hors<br />

échanges intra européens) en millions de dollars courants et en %<br />

Importations extra<br />

européennes<br />

Les 8 pays non<br />

méditerranéens de<br />

l'élargissement<br />

Pays partenaires<br />

méditerranéens<br />

Chi ne<br />

Les 8 pays non<br />

méditerranéens de<br />

l'élargissement<br />

Pays partenaires<br />

méditerranéens<br />

Produits texti<strong>le</strong>s 1990 1995 2000 2001<br />

Art. voyage 1 398 3 036 3 932 3 815<br />

Chaus<strong>sur</strong>es 3 406 7 206 9 498 10 290<br />

Cuirs 2 715 3 032 2 816 3 209<br />

Fils & tissus 17 435 17 654 20 262 19 108<br />

Habil<strong>le</strong>ment 17 686 42 911 50 016 51 316<br />

Mat. premières 2 701 2 931 1 841 1 640<br />

Total. imports texti<strong>le</strong>s 45 341 76 771 88 365 89 377<br />

Art. voyage 20 115 81 88<br />

Chaus<strong>sur</strong>es 81 913 866 907<br />

Cuirs 24 267 220 249<br />

Fils & tissus 128 1 710 2 202 2 378<br />

Habil<strong>le</strong>ment 384 5 283 4 699 4 884<br />

Mat. premières 15 70 47 56<br />

Total. imports texti<strong>le</strong>s 652 8 357 8 115 8 561<br />

Art. voyage 46 80 60 72<br />

Chaus<strong>sur</strong>es 148 426 525 561<br />

Cuirs 16 77 162 184<br />

Fils & tissus 1 124 2 256 2 598 2 601<br />

Habil<strong>le</strong>ment 3 463 10 237 10 547 11 003<br />

Mat. premières 213 303 228 188<br />

Total. imports texti<strong>le</strong>s 5 010 13 380 14 120 14 609<br />

Art. voyage 349 1 576 2 357 2 335<br />

Chaus<strong>sur</strong>es 209 1 123 1 829 2 026<br />

Cuirs 87 98 149 231<br />

Fils & tissus 700 1 338 1 830 1 846<br />

Habil<strong>le</strong>ment 1 077 5 348 7 803 8 216<br />

Mat. premières 222 148 142 132<br />

Total. imports texti<strong>le</strong>s 2 644 9 632 14 110 14 786<br />

Parts des AC10 en % des importations de texti<strong>le</strong>s de l'UE<br />

Art. voyage 1,4% 3,8% 2,1% 2,3%<br />

Chaus<strong>sur</strong>es 2,4% 12,7% 9,1% 8,8%<br />

Cuirs 0,9% 8,8% 7,8% 7,8%<br />

Fils & tissus 0,7% 9,7% 10,9% 12,4%<br />

Habil<strong>le</strong>ment 2,2% 12,3% 9,4% 9,5%<br />

Mat. premières 0,5% 2,4% 2,5% 3,4%<br />

Total. imports texti<strong>le</strong>s 1,4% 10,9% 9,2% 9,6%<br />

Parts des PPM en % des importations de texti<strong>le</strong>s de l'UE<br />

Art. voyage 3% 3% 2% 2%<br />

Chaus<strong>sur</strong>es 4% 6% 6% 5%<br />

Cuirs 1% 3% 6% 6%<br />

Fils & tissus 6% 13% 13% 14%<br />

Habil<strong>le</strong>ment 20% 24% 21% 21%<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.<br />

-152-


Annexe B4 - Les avantages comparatifs des partenaires méditerranéens<br />

dans l’industrie texti<strong>le</strong><br />

Partenaires<br />

Méditerranéens.<br />

AC10<br />

Egypte<br />

Jordanie<br />

Liban<br />

Syrie<br />

Israël<br />

Maroc<br />

Tunisie<br />

Turquie<br />

Chypre<br />

Malte<br />

Estonie<br />

Hongrie<br />

Lettonie<br />

Lituanie<br />

Pologne<br />

Slovaquie<br />

Slovénie<br />

Tc héquie<br />

1990<br />

2001<br />

1990<br />

2001<br />

1990<br />

2001<br />

1990<br />

2001<br />

1990<br />

2001<br />

1990<br />

2001<br />

1990<br />

2001<br />

1990<br />

2001<br />

1995<br />

2001<br />

1995<br />

2001<br />

1995<br />

2000<br />

1995<br />

2001<br />

1995<br />

2001<br />

1995<br />

2001<br />

1995<br />

2001<br />

1995<br />

2001<br />

1995<br />

2001<br />

1995<br />

2001<br />

Fibres<br />

texti<strong>le</strong>s<br />

5.2<br />

14<br />

-<br />

-<br />

0.35<br />

1.6<br />

8.65<br />

15.6<br />

-<br />

-<br />

-<br />

-<br />

3.3<br />

1.9<br />

Fi bres<br />

texti<strong>le</strong>s<br />

-<br />

-<br />

-<br />

-<br />

0.2<br />

1.76<br />

-<br />

-<br />

-<br />

-<br />

2.8<br />

1.52<br />

-<br />

-<br />

-<br />

-<br />

0.87<br />

0.91<br />

-153-<br />

Fils et<br />

tissus<br />

2.5<br />

4.3<br />

0.7<br />

0.8<br />

-<br />

-<br />

0.4<br />

0.9<br />

-<br />

-<br />

1.03<br />

0.96<br />

3.6<br />

4.7<br />

Fils et<br />

tissus<br />

-<br />

-<br />

-<br />

-<br />

2<br />

1.72<br />

-<br />

-<br />

3.6<br />

2.4<br />

2.2<br />

1.8<br />

0.75<br />

0.9<br />

1.5<br />

1.09<br />

1.29<br />

1.44<br />

2.08<br />

1.61<br />

Vêtements<br />

1.2<br />

5.2<br />

0.4<br />

2<br />

3<br />

1<br />

0.4<br />

1.08<br />

11<br />

11.5<br />

11.8<br />

11.7<br />

9.5<br />

7<br />

Vêtements<br />

5.9<br />

2.7<br />

2.9<br />

2.7<br />

2.6<br />

1.83<br />

2.63<br />

1.5<br />

1.8<br />

3.15<br />

2.65<br />

3.9<br />

3.23<br />

1.8<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.<br />

0.99<br />

1.54<br />

2.53<br />

1.39<br />

-<br />

-


Annexe B5 - Part en % de chaque catégorie de produits texti<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong>s exportations des PM<br />

Catégories de texti<strong>le</strong>s 1990 1995 2000/2001<br />

Algérie Fibres végéta<strong>le</strong>s 27% 76% 28%<br />

Fils & tissus synthétiques 63% 5% 7%<br />

Produits en tissu 1% 0% 11%<br />

Vêtements 10% 19% 54%<br />

Egypte Fibres végéta<strong>le</strong>s 59% 50%<br />

Fils & tissus synthétiques 2% 0%<br />

Mat. premières agrico<strong>le</strong>s 0% 0%<br />

Produits en tissu 5% 1%<br />

Vêtements 35% 49%<br />

Israël Fibres végéta<strong>le</strong>s 16% 8% 6%<br />

Fils & tissus synthétiques 11% 12% 15%<br />

Mat. premières agrico<strong>le</strong>s 0% 0% 0%<br />

Produits en tissu 10% 11% 14%<br />

Vêtements 63% 69% 64%<br />

Jordanie Fibres végéta<strong>le</strong>s 14% 12% 1%<br />

Fils & tissus synthétiques 35% 26% 4%<br />

Mat. premières agrico<strong>le</strong>s 0% 0% 0%<br />

Produits en tissu 9% 18% 8%<br />

Vêtements 43% 44% 88%<br />

Maroc Fibres végéta<strong>le</strong>s 5% 2%<br />

Fils & tissus synthétiques 5% 1%<br />

Mat. premières agrico<strong>le</strong>s 0% 0%<br />

Produits en tissu 6% 2%<br />

Vêtements 84% 95%<br />

Syrie Fibres végéta<strong>le</strong>s 70%<br />

Produits en tissu 5%<br />

Vêtements 25%<br />

Tunisie Fibres végéta<strong>le</strong>s 5% 8% 3%<br />

Fils & tissus synthétiques 2% 3% 2%<br />

Mat. premières agrico<strong>le</strong>s 0% 0% 0%<br />

Produits en tissu 2% 2% 1%<br />

Vêtements 92% 87% 95%<br />

Turquie Fibres végéta<strong>le</strong>s 15% 8% 10%<br />

Fils & tissus synthétiques 8% 10% 10%<br />

Mat. premières agrico<strong>le</strong>s 0% 0% 0%<br />

Produits en tissu 9% 7% 10%<br />

Vêtements 68% 75% 71%<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.<br />

-154-


Annexe B6 - La complémentarité des relations <strong>euroméditerranéen</strong>nes<br />

Importations<br />

MAROC<br />

TUNISIE<br />

EGYPTE<br />

JORDANIE<br />

SYRIE<br />

LIBAN<br />

TURQU IE<br />

ISRAEL<br />

Fibres synthétiques Fibres végéta<strong>le</strong>s<br />

UE 79% (Fr, RU)<br />

Turquie 3% - Chine 3%<br />

UE 87% (Fr, It, All)<br />

Chine 2%<br />

Turquie 17%<br />

Arabie Saoudite 11%<br />

Chine 4% -UE 5%<br />

PMed 23% - Syrie 9%<br />

Isr aël 8% - Turquie 6%<br />

Turquie 20% UE 15%<br />

Bulgarie 13%<br />

Slovaquie 5% -Chine 11% - Japon 11%<br />

UE 23% (It)<br />

Chine 15%<br />

PMed 10% - Turquie 8%<br />

UE 39% (It, All)<br />

Chine 8% -Corée 16%<br />

Inde 6%<br />

AC10 2%<br />

UE 15% (RU)<br />

USA 12% - Chine 7%<br />

Exportations Artic<strong>le</strong>s d’habil<strong>le</strong>ment<br />

MAROC UE 95% (Fr, RU)<br />

TUNISIE<br />

EGYPTE<br />

JORDANIE<br />

SYRIE<br />

LIBAN<br />

TURQU IE<br />

UE 97% (Fr, It)<br />

USA 53%<br />

UE 41% (RU, All<br />

USA 69%<br />

Isr aël 22%<br />

UE 14.5% (All) - USA 12.5%<br />

Arabie Saoudite 12% - P Med 7.5% -<br />

Jordanie<br />

UE 42.9% (Fr, Fin) –USA 5.5%<br />

Arabie Saoudite 11%<br />

Emirats 5% - Koweït 3.1%<br />

EU 72.3% ( All)<br />

USA 16.6%<br />

ISRAEL USA 61%<br />

UE 33%<br />

-155-<br />

UE 79% (Fr, Esp)<br />

Chine 2% P med 4%<br />

UE 89% (Fr, It)<br />

Syrie 44%<br />

UE 7% (Fr)<br />

UE 22% (RU)<br />

PMed 21% -Syrie 5%<br />

Turquie 5%<br />

UE 55% (It)<br />

Chine 11%<br />

Emirats Arabes 10%<br />

UE 23% (It)<br />

Chine 18% - USA 12%<br />

PMed 9% (Syrie)<br />

UE 35% (It) – USA 20%<br />

Chine 4% -<br />

PMed 6% - Syrie 3%<br />

UE 27% (It) – Chine 8%<br />

USA 5%<br />

Fils, fibres et tissus<br />

synthétiques ou végétaux<br />

Fibres végéta<strong>le</strong>s :<br />

UE 45% USA 14%<br />

Fibres végéta<strong>le</strong>s :<br />

UE 44% (Italie)<br />

PMed 30% - Turquie 20%<br />

Fibres synthétiques :<br />

46% UE – 13.4% P Med (Syrie)<br />

4.5% AC10<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.


Annexe B7 - La complémentarité des relations entre l’UE et <strong>le</strong>s pays candidats<br />

(AC10)<br />

Importations Fibres synthétiques Fibres végéta<strong>le</strong>s<br />

ESTONIE<br />

HONGRIE<br />

LETTONIE<br />

LITUANIE<br />

POLOGNE<br />

SLOVAQUIE<br />

SLOVENIE<br />

TCHEQUIE<br />

UE 78.2% (Suède, Finlande)<br />

AC10 4.5%<br />

UE 72% (It, All)<br />

AC10 5.8% - Turquie 2.7%<br />

UE 73% (All, Suède, RU)<br />

AC10 16.2% - Pologne 8%<br />

Lit uanie 4.5%<br />

UE 88% (All, RU, DK, Suède)<br />

AC10 5.5% - Pologne 3%<br />

UE 67% (All, It, Fr)<br />

AC10 6.9% - Tchéquie 2.4%<br />

PMed 3.2% - Turquie 2.6%<br />

UE 70% (All, It)<br />

AC10 12.8% - Tchéquie 8.8%<br />

Pologne 1.7%<br />

UE 81.1% (It, All)<br />

AC10 4.4%<br />

Pa rt.Med 2.1%<br />

UE 62.9% ( All)<br />

AC10 15.6% - Slovaquie 11.7%<br />

Pa rt.Med 3.5% - Turquie 3.4%<br />

MALTE UE 83.4% (It, All, RU)<br />

Chine 2.2% - Pmed 0.6%<br />

Exportations Artic<strong>le</strong>s d’habil<strong>le</strong>ment<br />

ESTONIE<br />

HONGRIE<br />

LETTONIE<br />

LITUANIE<br />

POLOGNE<br />

SLOVAQUIE<br />

SLOVENIE<br />

TCHEQUIE<br />

UE 81% (Suède, Finlande)<br />

AC10 9%<br />

Sources : Comtrade et Eurostat, programme Medstat - Calculs Institut de la Méditerranée.<br />

-156-<br />

UE 34% (All, F r)<br />

AC10 3.4%<br />

UE 74.2% (It, All, Au triche)<br />

Turquie 4.3% -AC10 3.8%<br />

UE 59.9% (It, All)<br />

AC10 12.3% - Estonie 6.2%<br />

Lit uanie 5% -Chine 2.8%<br />

UE 74% (All, Belgique)<br />

AC10 12.2% - Lettonie 7.7%<br />

UE 74.3% (It, All)<br />

AC10 7.3% - Tché quie 4 .1%<br />

PMed 4.9% - Turquie 4.5%<br />

UE 63.7% (It, All)<br />

AC10 13.3% - Tchéquie 12 .3%<br />

PMed 1.1% - Turquie<br />

UE 50.6% (It)<br />

AC10 8.8% - Tchéquie 5%<br />

PMed 7.8% - Egypte 4%<br />

Turquie 3,4%<br />

UE 50.7% (All, It)<br />

Pmed 3.4% - Turquie 1.5%<br />

AC10 2.7% - Slova qui e 1.4%<br />

UE 53.1% (It)<br />

Pmed 30% - Turquie 25.4%<br />

Fils, fibres et tissus<br />

synthétiques ou végétaux<br />

UE 82%<br />

UE 83% (It, All) UE 66% (It) fibres végéta<strong>le</strong>s<br />

UE 70% (It) fibres synthétiques %<br />

UE 86% (All, Suède, Dane mark) UE 68% (It) fibres végéta<strong>le</strong>s<br />

UE 43% (It) fibres synthétiques<br />

AC10 21%<br />

UE 92% (All, RU, Dänemark) UE 70% (It) fibres végéta<strong>le</strong>s<br />

AC10 14%<br />

UE 71% (All, F r) fibres synthéti ques<br />

AC10 10%<br />

UE 90% (All 47%- Danemark) UE 86% (All, It) fibres végéta<strong>le</strong>s<br />

UE 68% (All) f ibres synthétiques<br />

UE 79% (All, It) UE 76% (All) f ibres végéta<strong>le</strong>s<br />

AC10 17%<br />

UE 47% (All) f ibres synthétiques<br />

AC10 39%(Tchéquie)<br />

UE 83% (All) UE 78% (It) fibres végéta<strong>le</strong>s<br />

UE 65% (It) fibres synthétiques<br />

UE 84% (All) UE 62% (All, It) fibres végéta<strong>le</strong>s<br />

UE 69% (All) f ibres synthétiques<br />

AC10 19%

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