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Rapport du Groupe d'experts réuni par l'Institut de la ... - Femise

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<strong>Rapport</strong> <strong>du</strong> <strong>Groupe</strong> d’experts<br />

<strong>réuni</strong> <strong>par</strong> l’Institut <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée<br />

sur le projet d’Union Méditerranéenne<br />

(octobre 2007)<br />

Institut <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée<br />

Pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong> Pharo<br />

58, Bd Charles Livon – 13007 Marseille – France<br />

Tél (33) 0 491 31 51 95 – Fax (33) 0 491 31 50 38 – ins.med@femise.org


SOMMAIRE :<br />

<strong>Rapport</strong> <strong>du</strong> <strong>Groupe</strong> d’experts <strong>réuni</strong> <strong>par</strong> l’Institut <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée sur le projet d’Union<br />

Méditerranéenne ................................................................................................................................... 1<br />

Executive Summary .............................................................................................................................. 3<br />

<strong>Rapport</strong> <strong>du</strong> <strong>Groupe</strong> d’experts <strong>réuni</strong> <strong>par</strong> l’Institut <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée sur le projet d’Union<br />

Méditerranéenne ................................................................................................................................... 7<br />

Composition <strong>du</strong> groupe d’experts...................................................................................................... 7<br />

Personnalités auditionnées ou ayant fourni une contribution......................................................... 7<br />

Thème 1 : Quel concept pour l’Union Méditerranéenne ? ................................................................ 8<br />

Une histoire, une vision, une approche............................................................................................. 8<br />

Thème 2 : Quelle est <strong>la</strong> situation actuelle <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre l’Europe et <strong>la</strong> Méditerranée ? ...... 11<br />

Les actifs et les limites <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone et <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinage ..................... 12<br />

Thème 3. Comment l’Union Méditerranéenne peut-elle se situer <strong>par</strong> rapport aux dispositifs<br />

existants ? ............................................................................................................................................. 15<br />

Thème 4. Quelle couverture géographique <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne ?................................... 18<br />

Thème 5. Quelle structure institutionnelle et quel type <strong>de</strong> gouvernance ?..................................... 18<br />

Les <strong>de</strong>ux options............................................................................................................................... 18<br />

Les contraintes communes aux <strong>de</strong>ux options.................................................................................. 19<br />

Première option ................................................................................................................................ 19<br />

Deuxième option .............................................................................................................................. 20<br />

Thème 7. Quelles sont les priorités qui seraient mieux couvertes <strong>par</strong> l’Union Méditerranéenne<br />

que <strong>par</strong> les dispositifs actuels et lui assureraient une crédibilité ?.................................................. 22<br />

L’action sur les conditions initiales et sur les difficultés d’adaptation.......................................... 22<br />

La connaissance et les compétences................................................................................................ 24<br />

La culture ......................................................................................................................................... 27<br />

L’environnement.............................................................................................................................. 28<br />

Thème 8. Quelles ressources financières avec quelles institutions ?............................................... 30<br />

Thème 9. Peut-on intégrer dans l’Union Méditerranéenne les différents dispositifs <strong>de</strong><br />

coopération infranationaux sur <strong>la</strong> zone et les coordonner ?............................................................ 32<br />

Thème 10. Epure résumée d’un projet d’Union Méditerranéenne accompli ................................ 33<br />

2


Executive Summary<br />

Le groupe d’experts <strong>réuni</strong> <strong>par</strong> l’Institut <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée a retenu dix thèmes qui sont ap<strong>par</strong>us<br />

centraux pour <strong>la</strong> viabilité <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne proposée <strong>par</strong> <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce française.<br />

Le premier thème concerne le concept même d’Union Méditerranéenne. Selon le groupe d’experts,<br />

celui-ci doit bien mettre en relief les <strong>par</strong>ticu<strong>la</strong>rités historiques <strong>de</strong> l’espace méditerranéen et retenir une<br />

vision qui consoli<strong>de</strong> le lien entre les peuples <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, lien qui s’est maintenu malgré une<br />

histoire tourmentée. C’est ainsi que ce concept constituera un ancrage fort pour les pays qui y<br />

adhéreront. La Méditerranée est aujourd’hui l’épicentre <strong>de</strong> ce que l’on a appelé le dialogue <strong>de</strong>s<br />

civilisations. Le choix d’aller vers une Union Méditerranéenne, choix auquel le groupe d’experts a<br />

pleinement adhéré, implique d’envisager <strong>de</strong> s’engager dans un processus endogène et volontaire visant<br />

un but commun et fonctionnant sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> codécision. Ce processus peut être long, mais il doit<br />

commencer <strong>par</strong> <strong>de</strong>s actions ciblées et centrales pour <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s ambitions retenues. Ce processus<br />

doit être ouvert aux pays d’Europe, y compris non méditerranéens qui souhaiteraient y adhérer. Il<br />

serait, en <strong>par</strong>ticulier, souhaitable que l’Allemagne qui a <strong>de</strong>puis l’origine manifesté un intérêt<br />

<strong>par</strong>ticulier pour le <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone et qui a <strong>de</strong>s liens poussés avec <strong>la</strong> Turquie en soit un <strong>de</strong>s<br />

moteurs.<br />

Le <strong>de</strong>uxième thème concerne <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre l’Union Méditerranéenne et l’Europe. Après avoir<br />

analysé <strong>la</strong> situation actuelle, les <strong>par</strong>ticipants ont convenu que ce qui avait été entrepris dans les<br />

re<strong>la</strong>tions euro-méditerranéennes <strong>de</strong>vait être poursuivi, en <strong>par</strong>ticulier l’instal<strong>la</strong>tion d’une zone <strong>de</strong> libre<br />

échange approfondie. Il a été souligné qu’étant donné l’importance <strong>de</strong>s politiques communes<br />

européennes, l’Union Méditerranéenne <strong>de</strong>vait prendre soin <strong>de</strong> bien se situer <strong>par</strong> rapport aux politiques<br />

européennes et, en <strong>par</strong>ticulier, <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinage. Néanmoins, les limites <strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong><br />

processus ont été soulignées, en <strong>par</strong>ticulier celles qui concernent l’incapacité <strong>de</strong>s dispositifs actuels à<br />

corriger l’écart entre les situations <strong>de</strong> dé<strong>par</strong>t, à faciliter les ajustements <strong>de</strong> façon à éviter <strong>la</strong> montée,<br />

même temporaire, <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté, à installer une véritable politique <strong>de</strong> convergence et à développer le<br />

dialogue interculturel.<br />

Le troisième thème a consisté à préciser les principes qui <strong>de</strong>vraient gouverner le fonctionnement d’une<br />

Union Méditerranéenne agissant <strong>de</strong> façon complémentaire <strong>par</strong> rapport à <strong>la</strong> politique européenne <strong>de</strong><br />

voisinage. Il a été notamment souligné : (i) que l’Union Méditerranéenne <strong>de</strong>vrait offrir un cadre <strong>de</strong><br />

dialogue politique « d’égal à égal » dans <strong>la</strong> mesure où il ne s’agit plus <strong>de</strong> répondre à « une politique<br />

européenne » mais <strong>de</strong> concevoir ensemble une « politique méditerranéenne », (ii) que cette politique<br />

ne se substituerait pas aux politiques engagées, mais qu’elle serait complémentaire, (iii) qu’une <strong>de</strong>s<br />

préoccupations majeures <strong>de</strong>vrait être <strong>de</strong> s’intéresser au retard dans les structures <strong>de</strong> base,<br />

infrastructures, é<strong>du</strong>cation, (iv) que les considérations visant à lutter contre <strong>la</strong> pauvreté et à équilibrer<br />

les territoires <strong>de</strong>vaient être intégrées en amont <strong>de</strong>s choix économiques, (v) qu’un important effort<br />

<strong>de</strong>vrait être entrepris pour institutionnaliser les réseaux où se sont mobilisés les acteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> société<br />

civile. Il a été recommandé d’installer <strong>de</strong>s structures opérationnelles conjuguant l’action infranationale<br />

et l’action internationale, travail<strong>la</strong>nt au niveau <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> région méditerranéenne,<br />

suffisamment dotées, capables d’apprentissage et développant une véritable expertise.<br />

3


Le quatrième thème qui concerne <strong>la</strong> couverture géographique <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne a con<strong>du</strong>it le<br />

groupe d’experts à souligner que sans <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong> Maghreb et les membres <strong>de</strong> l’UE concernés, celleci<br />

n’aurait pas <strong>de</strong> crédibilité opérationnelle. Dans son principe, l’Union Méditerranéenne <strong>de</strong>vrait<br />

pouvoir inclure l’Egypte, le Liban, <strong>la</strong> Turquie, <strong>la</strong> Syrie, <strong>la</strong> Libye, l’Autorité Palestinienne et Israël.<br />

Mais le groupe d’experts a insisté sur le fait, qu’en tout état <strong>de</strong> cause, <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s trois conflits<br />

sur <strong>la</strong> zone (Israélo-palestinien, Sahara occi<strong>de</strong>ntal, Chypre) ne doit pas constituer une condition pour<br />

<strong>par</strong>ticiper à l’Union. En revanche, le groupe d’experts considère que <strong>de</strong>s discussions sur ces conflits<br />

doivent figurer à son agenda. Par ailleurs, le groupe d’experts a souligné que <strong>la</strong> Turquie <strong>de</strong>vrait<br />

pouvoir y <strong>par</strong>ticiper sans que ce<strong>la</strong> ne remette en cause son statut <strong>de</strong> pays p<strong>la</strong>cé dans le processus<br />

d’adhésion à l’UE.<br />

Le cinquième thème consacré aux institutions a considéré <strong>de</strong>ux options, une option accomplie et une<br />

option ré<strong>du</strong>ite au dé<strong>par</strong>t et <strong>de</strong>stinée à être approfondie. Mais, qu’elle que soit l’option choisie, il est<br />

ap<strong>par</strong>u nécessaire : (i) <strong>de</strong> disposer d’une structure intergouvernementale fonctionnant en codécision et<br />

fondée sur une Charte précisant les valeurs <strong>par</strong>tagées et les objectifs visés, (ii) un organe <strong>de</strong> pilotage,<br />

<strong>par</strong> exemple, un Haut Commissariat (sans doute préférable à un secrétariat politique dans un souci<br />

d’efficacité), (iii) <strong>de</strong> coordonner les actions bi<strong>la</strong>térales au niveau régional et d’articuler les actions <strong>de</strong><br />

coopération décentralisées avec l’action multi<strong>la</strong>térale, (iv) <strong>de</strong> s’appuyer sur <strong>de</strong>s agences spécialisées <strong>de</strong><br />

façon à rompre avec l’habitu<strong>de</strong> qui consiste à <strong>réuni</strong>r <strong>de</strong>s Conseils <strong>de</strong>s ministres sur les questions les<br />

plus variées en citant dans les compte-ren<strong>du</strong>, à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong>s orientations très générales et ambitieuses et<br />

<strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> très faible envergure pour les atteindre. Le groupe d’experts pense qu’il est nécessaire<br />

<strong>de</strong> rompre avec cette politique déc<strong>la</strong>rative, au profit, notamment en matière <strong>de</strong> réformes<br />

institutionnelles, d’une démarche visant à évaluer <strong>de</strong>s objectifs annoncés et à vérifier leur <strong>de</strong>gré<br />

d’application pratique. Par ailleurs, l’opinion publique <strong>de</strong>vrait avoir accès à ces évaluations.<br />

Le sixième thème, concerne <strong>la</strong> question juridique et, notamment, <strong>la</strong> possibilité pour <strong>de</strong>s pays<br />

européens liés <strong>par</strong> le Traité <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong> <strong>par</strong>ticiper à une Union Méditerranéenne ayant un contenu<br />

substantiel. La solution <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération renforcée sur <strong>de</strong>s domaines où il n’y a pas <strong>de</strong> compétences<br />

spécifiques <strong>de</strong> l’UE est ap<strong>par</strong>ue comme <strong>la</strong> plus adaptée. Tout indique que dans un contexte où l’Union<br />

Européenne a, <strong>de</strong>puis Longtemps admis <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> <strong>la</strong> différenciation, soit en rythme, soit en<br />

contenu, et <strong>la</strong> possibilité pour un groupe <strong>de</strong> pays européens <strong>de</strong> progresser plus vite que les autres, cette<br />

démarche est appropriée. Sur certains dossiers, les pays méditerranéens <strong>de</strong> l’Europe sont justifiés à<br />

vouloir renforcer leurs liens avec le Sud <strong>de</strong> façon ouverte mais spécifique. L’admonestation d’un chef<br />

d’entreprise <strong>par</strong>ticipant au groupe d’experts indique bien <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> processus ainsi déclenché à<br />

<strong>par</strong>tir <strong>de</strong> cette base juridique : « d’abord, mettez vous d’accord sur un certain nombre <strong>de</strong> choses<br />

essentielles qui concernent le développement, ensuite, mesurez l’impact extraordinaire <strong>de</strong> cette idée<br />

d’Union Méditerranéenne, c’est une belle utopie où un vrai méditerranéen se reconnaîtra, enfin, il faut<br />

engager <strong>de</strong> façon décidée un processus et <strong>la</strong>ncer une action qui doit tendre vers cette Union. Et il est<br />

c<strong>la</strong>ir, à terme, que ce processus entraînera dans son sil<strong>la</strong>ge et développera tout ce qui a déjà été fait ».<br />

Le septième groupe <strong>de</strong> questions concerne les priorités sur lesquelles appuyer l’Union<br />

Méditerranéenne. Le groupe d’experts a retenu quatre domaines principaux : (i) une action<br />

complémentaire à celle <strong>de</strong> l’UE visant à améliorer les conditions <strong>du</strong> développement, en <strong>par</strong>ticulier<br />

ciblée sur les infrastructures, les retards institutionnels et le coût social <strong>de</strong>s ajustements liés à<br />

l’ouverture <strong>de</strong>s économies, (ii) une action tournée vers <strong>la</strong> connaissance et les compétences avec <strong>la</strong><br />

mise en p<strong>la</strong>ce d’une « Communauté Méditerranéenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Connaissance et <strong>de</strong>s Compétences » qui est<br />

un <strong>de</strong>s domaines où le principe <strong>de</strong> subsidiarité s’applique <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon <strong>la</strong> plus ferme en Europe, (iii) une<br />

action tournée vers <strong>la</strong> culture, (iv) une action tournée vers l’environnement. Plusieurs orientations <strong>de</strong><br />

projets ont été proposées à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> « Communauté <strong>de</strong> <strong>la</strong> Connaissance et <strong>de</strong>s Compétences ».<br />

Ce sont :<br />

Des projets qui concernent l’é<strong>du</strong>cation (qui n’est jamais que <strong>la</strong> forme institutionnalisée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

culture) et <strong>la</strong> formation, plus précisément : (i) <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un dispositif visant à définir<br />

4


un socle commun à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire, processus aujourd’hui en œuvre en<br />

France, en Italie et en Espagne, (ii) une action conjointe en direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s<br />

maîtres, ce qui permettrait d’impliquer une élite aujourd’hui cachée, au sens où elle n’est pas<br />

insérée dans les réseaux internationaux, (iii) une assistance visant à installer une meilleure<br />

orientation et <strong>de</strong>s cycles professionnels courts, (iv) le traitement technique <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong><br />

management <strong>de</strong>s systèmes é<strong>du</strong>catifs, <strong>de</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s LMD etc.<br />

Des projets qui concernent <strong>la</strong> recherche au Sud, dont le développement est un impératif, qui<br />

concernent, en <strong>par</strong>ticulier, (i) les coopérations entre <strong>la</strong>boratoires, (ii) <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s<br />

chercheurs qui <strong>de</strong>vrait être complète et soutenue, (iii) une série d’actions <strong>par</strong>ticulièrement<br />

ciblées sur les sciences dites <strong>du</strong>res et <strong>la</strong> santé.<br />

Des projets qui visent à développer « l’économie fondée sur <strong>la</strong> connaissance ». Dans cette<br />

perspective, le groupe d’experts recomman<strong>de</strong> : (i) une agence méditerranéenne <strong>de</strong> valorisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche qui sélectionnerait <strong>de</strong>s projets pour les rendre opérationnels au niveau<br />

international, (ii) <strong>la</strong> mise en réseau <strong>de</strong>s pôles technologiques et <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité,<br />

(iii) <strong>la</strong> généralisation <strong>du</strong> recours au TIC, (iv) un dispositif d’accréditation, à l’échelle<br />

méditerranéenne, <strong>de</strong>s compétences techniques et professionnelles.<br />

En matière <strong>de</strong> culture, le groupe d’experts préconise l’instal<strong>la</strong>tion d’un « Collège <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée »<br />

institution hautement symbolique qui évoque <strong>la</strong> Maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sagesse <strong>de</strong> l’ancien temps et qui aurait<br />

pour rôle d’approfondir <strong>la</strong> charte fondatrice <strong>de</strong> l’Union à <strong>par</strong>tir d’une réflexion sur ses valeurs<br />

communes, qui <strong>la</strong>ncerait plusieurs programmes <strong>de</strong> travail, dont un programme sur « les mémoires, les<br />

histoires et les patrimoines », « l’image, l’écrit, <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction », « l’histoire <strong>de</strong>s religions », « le<br />

plurilinguisme ». Il préconise également <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r et <strong>de</strong> prolonger l’action <strong>de</strong> <strong>la</strong> fondation Anna<br />

Lindh, <strong>de</strong> développer les « ateliers culturel euro-méditerranéens », <strong>de</strong> favoriser les copro<strong>du</strong>ctions, <strong>la</strong><br />

mobilité <strong>de</strong>s artistes et <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce une politique télévisuelle méditerranéenne.<br />

En matière d’environnement, le groupe d’experts recomman<strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tion d’un système<br />

d’observation méditerranéen sur l’environnement et le développement <strong>du</strong>rable, <strong>de</strong> favoriser une<br />

concertation préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong>s responsables politiques <strong>de</strong>s pays riverains avant chaque <strong>réuni</strong>on<br />

internationale concernant <strong>la</strong> construction <strong>du</strong> droit international <strong>de</strong> l’environnement au travers <strong>de</strong>s<br />

conventions thématiques internationales concernant notamment le climat et <strong>la</strong> biodiversité. Ces<br />

orientations pourraient con<strong>du</strong>ire à l’instal<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> trois institutions qui sont : « Une Commission<br />

Méditerranéenne <strong>du</strong> Développement Durable », « Un Observatoire Méditerranéen <strong>du</strong> Développement<br />

Durable », « Une Agence Méditerranéenne <strong>de</strong> l’Eau ».<br />

Le huitième thème concerne les ressources financières et les institutions liées. Le groupe d’experts<br />

considère que sans une perspective <strong>de</strong> moyens significatifs nouveaux, disponibles à terme, le projet<br />

d’Union Méditerranéenne doit être abandonné. Deux travers possibles ont été soulignés, le premier est<br />

celui <strong>de</strong> l’UMA, Union qui, faute <strong>de</strong> moyens, et p<strong>la</strong>cée <strong>de</strong>vant l’incapacité <strong>de</strong> faire avancer les conflits<br />

entre ses membres a per<strong>du</strong> sa crédibilité, le second, serait <strong>de</strong> créer une Union visant une symbolique<br />

ambitieuse et ayant pour contenu un nombre significatif <strong>de</strong> petits projets mal articulés.<br />

La mise en p<strong>la</strong>ce d’une institution financière dédiée <strong>par</strong>aît être un impératif au groupe d’experts. Deux<br />

solutions sont envisageables : un fonds <strong>de</strong> fonds permettant <strong>de</strong> financer <strong>de</strong>s fonds primaires concernant<br />

les PMI/PME, une banque <strong>de</strong> développement. Les <strong>par</strong>ticipants au groupe d’experts ont nettement<br />

penché pour <strong>la</strong> solution d’une banque <strong>de</strong> développement méditerranéenne qui pourrait bénéficier <strong>de</strong><br />

l’expérience acquise <strong>par</strong> <strong>la</strong> FEMIP. Cette banque qui pourrait être une filiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> BEI aurait trois axes<br />

d’intervention principaux : (i) mettre en œuvre une action spécifiquement euro-méditerranéenne, se<br />

concentrant sur un nombre limité <strong>de</strong> problématiques en complément <strong>de</strong> l'existant (l'Euro-Med),<br />

(ii) faire <strong>la</strong> synthèse entre les nécessités <strong>de</strong>s ajustements économiques à court terme et le soutien à long<br />

terme <strong>du</strong> développement économique, (iii) être dotée d'une force <strong>de</strong> frappe intellectuelle pour combler<br />

le déficit capacitaire <strong>de</strong>s pays <strong>par</strong>tenaires et <strong>la</strong>ncer <strong>la</strong> communauté méditerranéenne <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

connaissance.<br />

5


Le neuvième thème concerne l’articu<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> coopération décentralisée qui s’est développée <strong>de</strong><br />

façon considérable <strong>de</strong>puis Barcelone et le niveau intergouvernemental. Compte tenu <strong>du</strong> poids <strong>de</strong>s<br />

échelons décentralisés en Europe qui représentent plus <strong>de</strong> 60% <strong>de</strong>s fonds publics disponibles, <strong>du</strong> fait<br />

que ces échelons (régions, villes, dé<strong>par</strong>tement) vivent <strong>la</strong> Méditerranée en termes <strong>de</strong> cohabitation avec<br />

ceux <strong>du</strong> Sud, <strong>de</strong> leur confrontation à <strong>de</strong>s problématiques qui touchent très directement <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s<br />

peuples, le groupe d’expert recomman<strong>de</strong> qu’ils soient associés aux décisions stratégiques et qu’ils<br />

puissent bénéficié, à l’instar <strong>de</strong> <strong>la</strong> pratique en vigueur en Europe d’un apport significatif <strong>de</strong>s fonds<br />

structurels.<br />

Le <strong>de</strong>rnier thème, enfin, donne une idée d’un schéma d’Union Méditerranéenne abouti tel que le<br />

groupe d’experts l’imagine.<br />

Charte constitutive,<br />

Réunion intergouvernementale annuelle au plus haut niveau où siège le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’UE<br />

Haute Autorité (ou secrétariat politique) avec <strong>la</strong> présence d’un représentant <strong>de</strong>s échelons décentralisés<br />

Organes <strong>de</strong> contrôle démocratique et propositions, Parlement méditerranéen<br />

Comité <strong>de</strong>s échelons infranationaux, régions, villes, dé<strong>par</strong>tements<br />

Représentants <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile : Conseil Economique et Social<br />

Dispositifs sectoriels « Communauté <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance et <strong>de</strong>s compétences » « Commission <strong>du</strong><br />

développement <strong>du</strong>rable »<br />

Agences (eau, énergie, agence <strong>de</strong> transfert), Collège <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, forums régionaux, fondations<br />

Tribunal d’arbitrage <strong>de</strong>s conflits commerciaux<br />

Banque dédiée<br />

6


<strong>Rapport</strong> <strong>du</strong> <strong>Groupe</strong> d’experts <strong>réuni</strong> <strong>par</strong> l’Institut <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée sur le projet<br />

d’Union Méditerranéenne<br />

1. Le présent rapport a été réalisé à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong>s réflexions issues <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>réuni</strong>ons <strong>du</strong> groupe d’experts<br />

<strong>de</strong> haut niveau présidé <strong>par</strong> le Professeur Jean-Louis Reiffers. Le groupe d’experts s’est <strong>réuni</strong> les 5 et<br />

13 juillet à <strong>la</strong> CCIMP <strong>de</strong> Marseille-Provence et a auditionné, soit directement, soit <strong>par</strong> l’intermédiaire<br />

d’une contribution écrite ou orale propre, un certain nombre <strong>de</strong> personnalités directement concernées<br />

<strong>par</strong> le projet <strong>de</strong> <strong>la</strong> Prési<strong>de</strong>nce française.<br />

Composition <strong>du</strong> groupe d’experts<br />

Jean-Louis Reiffers, Doyen honoraire, Faculté <strong>de</strong>s Sciences Economiques <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Méditerranée, Prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Conseil scientifique <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée et <strong>du</strong> <strong>Femise</strong><br />

Louis Aloccio, Vice-prési<strong>de</strong>nt Chambre <strong>de</strong> Commerce et d’In<strong>du</strong>strie <strong>de</strong> Marseille-Provence.<br />

Andrea Amato, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’IMED (Istituto per il Mediterraneo) Rome, Italie.<br />

Denis Bauchard, Conseiller scientifique à l’IFRI.<br />

Christian <strong>de</strong> Boissieu, Professeur à <strong>la</strong> Sorbonne, Prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Conseil d’Analyse Economique <strong>du</strong><br />

Premier Ministre.<br />

Jean-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Cousseran, Secrétaire Général <strong>de</strong> l’Académie Internationale.<br />

Ahmed Ga<strong>la</strong>l, Directeur <strong>de</strong> l’Economic Research Forum <strong>du</strong> Caire, Prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> <strong>Femise</strong>, Egypte.<br />

Michael Gasiorek, Professeur à l’Université <strong>de</strong> Sussex, UK<br />

Jean-Paul <strong>de</strong> Gau<strong>de</strong>mar, Recteur <strong>de</strong> l’Académie d’Aix-Marseille<br />

Peter Holmes, Professeur à l’Université <strong>de</strong> Sussex, UK<br />

Larbi Jaidi, Professeur à l’Université Mohames V <strong>de</strong> Rabat, Maroc<br />

Bernard Latarjet, Directeur Général <strong>de</strong> <strong>la</strong> candidature Marseille Capitale Europe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Culture<br />

Alejandro Lorca Corrons, Professeur, Universidad Autonoma <strong>de</strong> Madrid<br />

Rostane Mehdi, Directeur <strong>du</strong> CERIC, Professeur à <strong>la</strong> faculté <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong> l’Université Paul Cézanne<br />

Henry Roux-Alezais, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée<br />

Henri-Luc Thibault, Directeur <strong>du</strong> P<strong>la</strong>n Bleu, Sophia-Antipolis<br />

Jean-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Tourret, Délégué général <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée.<br />

Personnalités auditionnées ou ayant fourni une contribution<br />

Jean-Eric Aubert, Directeur <strong>du</strong> Bureau <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque Mondiale à Marseille.<br />

Andrès Bassols, chef adjoint <strong>de</strong> l’Unité régionale RELEX, Bruxelles, UE<br />

Halim Benattal<strong>la</strong>h, ambassa<strong>de</strong>ur d’Algérie à Bruxelles<br />

Henry Marty-Gauquié, Représentant <strong>du</strong> groupe BEI à Paris<br />

Philippe <strong>de</strong> Fontaine Vive, Vice-prési<strong>de</strong>nt BEI,<br />

François Gouyette, Ambassa<strong>de</strong>ur <strong>du</strong> Processus euro-méditerranéen, France.<br />

Jacques Huntziger, Ambassa<strong>de</strong>ur pour le dialogue interculturel euro-méditerranéen, France<br />

Jean-Marie Paugam, sous-directeur Europe, Afrique, Moyen-Orient à <strong>la</strong> Direction Générale <strong>du</strong> Trésor et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Politique Economique, Ministère <strong>de</strong> l’Economie <strong>de</strong>s Finance et <strong>de</strong> l’Emploi, France.<br />

Juan Prat, Ambassa<strong>de</strong>ur en Mission spéciale pour les Affaires méditerranéennes, Espagne<br />

Farida Loudaya, Conseillère pour les affaires politiques <strong>de</strong> l’Ambassa<strong>de</strong> <strong>du</strong> Royaume <strong>du</strong> Maroc en France<br />

Philippe Orliange, Directeur Adjoint AFD, Direction Méditerranée-Moyen-Orient<br />

Fathal<strong>la</strong>h Sijilmassi, Ambassa<strong>de</strong>ur <strong>du</strong> Maroc en France,<br />

Michel Vauzelle, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Région PACA.<br />

2. Dix thèmes principaux ont été i<strong>de</strong>ntifiés comme <strong>de</strong>vant être précisés. Compte tenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité<br />

d’origine <strong>de</strong>s membres <strong>du</strong> groupe, <strong>de</strong>s débats ont eu lieu sur chacun <strong>de</strong> ces thèmes. On précisera ici,<br />

pour chaque thème, les enjeux et les orientations retenus.<br />

Les dix thèmes retenus sont :<br />

7


1) Quel concept peut supporter le projet d’Union Méditerranéenne ?<br />

2) Quelle est <strong>la</strong> situation actuelle <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre l’Europe et <strong>la</strong> Méditerranée ?<br />

3) Comment ce concept peut-il se situer <strong>par</strong> rapport à l’UE ?<br />

4) Quelle couverture géographique <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne ?<br />

5) Quelle construction institutionnelle et quel type <strong>de</strong> gouvernance ?<br />

6) Quelle formule juridique pour permettre une action initiée <strong>par</strong> un sous-ensemble d’Etats membres <strong>de</strong><br />

l’Union Européenne ?<br />

7) Quelles sont les priorités qui seraient mieux couvertes <strong>par</strong> l’Union Méditerranéenne que <strong>par</strong> les<br />

dispositifs actuels et lui assureraient une crédibilité ?<br />

8) Quelles ressources financières avec quelles institutions ?<br />

9) Peut-on intégrer dans l’Union Méditerranéenne les différents dispositifs <strong>de</strong> coopération nationaux et<br />

infranationaux sur <strong>la</strong> zone et les coordonner ?<br />

10) Epure résumée <strong>du</strong> projet d’Union Méditerranéenne.<br />

Thème 1 : Quel concept pour l’Union Méditerranéenne ?<br />

3. Le groupe d’experts a unanimement salué l’idée d’une Union Méditerranéenne comme un<br />

aboutissement possible <strong>du</strong> processus <strong>de</strong> rapprochement entre l’UE et les pays méditerranéens entamé<br />

<strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années. Il a souligné, cependant, que pour être crédible cette initiative <strong>de</strong>vait<br />

s’appuyer sur une vision symbolique puissante, fortement ancrée dans l’histoire et compatible avec les<br />

politiques communes européennes.<br />

Une histoire, une vision, une approche<br />

4. Les peuples riverains <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée sont liés <strong>par</strong> une longue histoire, « une histoire accumulée<br />

en couches aussi épaisses que l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chine lointaine » comme le disait F. Brau<strong>de</strong>l. C’est là<br />

que trois grands univers <strong>de</strong> civilisation ont survécu à ses péripéties : l’univers <strong>la</strong>tin dont le centre a été<br />

Rome, l’univers is<strong>la</strong>mique qui commence à La Mecque et aboutit au Maroc, l’univers grec ou<br />

orthodoxe, qui se <strong>par</strong>tage entre Athènes et Constantinople <strong>de</strong>venue en 1453 Istanbul. Malgré leurs<br />

combats, ces trois civilisations se sont maintenues, car, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s empires, <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong>s Etats-<br />

Nations « ces corps épais qui grandissent », <strong>de</strong>s envahissements, <strong>de</strong>s romantismes exacerbés, les<br />

peuples <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranéen sont unis <strong>par</strong> un lien profond, un lien comportemental, qui subsiste en<br />

dépit <strong>de</strong>s violences. Ce lien est celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépendance commune à <strong>la</strong> nature, d’une interprétation<br />

voisine <strong>de</strong> <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong> l’eau, <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre et <strong>du</strong> soleil. Il se tra<strong>du</strong>it <strong>par</strong> <strong>de</strong>s formes accentuées <strong>de</strong><br />

re<strong>la</strong>tions collectives (<strong>la</strong> satisfaction indivi<strong>du</strong>elle a aussi comme argument le bien être « <strong>du</strong> voisin »<br />

comme il est dit explicitement dans le Coran), <strong>de</strong>s ancrages familiaux et <strong>de</strong> fratrie où les enfants jouent<br />

un rôle central, une gran<strong>de</strong> créativité, liée à <strong>de</strong>s défauts patents d’organisation qui ont toujours con<strong>du</strong>it<br />

à magnifier le génie isolé plutôt qu’à favoriser le travailleur spécialisé et le chercheur anonyme insérés<br />

dans un réseau organisé.<br />

5. C’est là que les peuples <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée ont pu trouver les conditions harmonieuses qui leur ont<br />

permis <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r les bases <strong>du</strong> savoir et <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie. Mais <strong>la</strong> Méditerranée a manqué le tournant <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> révolution in<strong>du</strong>strielle à cause <strong>de</strong> métaphysiques qui <strong>la</strong> rendaient réticente à l’égard <strong>de</strong>s prémices <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> science mo<strong>de</strong>rne. Le capitalisme s’y est développé sous <strong>de</strong>s formes spécifiques dans le contexte <strong>de</strong><br />

sociétés marquées <strong>par</strong> <strong>de</strong>s valeurs collectives profondément ancrées et <strong>par</strong> <strong>de</strong>s comportements qui se<br />

sont avérés souvent inefficaces, que ce soit dans <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s administrations ou dans celle <strong>de</strong>s<br />

entreprises. Des systèmes rentiers se sont installés au Nord comme au Sud, qui nécessitent désormais<br />

<strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s réformes pour permettre à <strong>la</strong> Méditerranée <strong>de</strong> retrouver sa p<strong>la</strong>ce dans le mon<strong>de</strong>. Mais, en<br />

même temps, <strong>de</strong>s manières plus re<strong>la</strong>tionnelles et subjectives <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’économie, <strong>de</strong> gérer les<br />

entreprises, <strong>de</strong> concevoir <strong>la</strong> finance se sont développées dont certaines peuvent être l’occasion <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>s innovations.<br />

6. Depuis les indépendances, plusieurs phases se sont succédé. Il y eut, d’abord, celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> reconquête<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> souveraineté nationale dans le cadre <strong>de</strong> systèmes autocentrés re<strong>la</strong>tivement fermés, qui ont<br />

développé <strong>de</strong>s fonctions collectives, tenté d’installer, avec <strong>de</strong>s résultats contrastés, <strong>de</strong>s bases<br />

8


pro<strong>du</strong>ctives nationales. Devant l’en<strong>de</strong>ttement et les déséquilibres économiques, il y eut, ensuite, une<br />

phase d’ouverture mo<strong>de</strong>ste (début <strong>de</strong>s années 80) et un considérable effort <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong>s<br />

économies, centré sur l’apprentissage <strong>de</strong>s équilibres macroéconomiques et d’une gestion rigoureuse<br />

<strong>de</strong>s comptes publics. Enfin, <strong>la</strong> troisième pério<strong>de</strong> que l’on peut situer au début <strong>de</strong>s années 90, est celle<br />

<strong>du</strong> choix <strong>de</strong> l’ouverture, certes avec <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> rythme importantes, <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tion d’une<br />

économie marchan<strong>de</strong> désormais universelle et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s institutions adéquates.<br />

7. Depuis toujours, l’Europe est concernée <strong>par</strong> <strong>la</strong> Méditerranée qui, d’une certaine façon, est son<br />

berceau. Dans <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> récente, elle a développé une politique méditerranéenne et une politique<br />

méditerranéenne rénovée correspondant à un type <strong>de</strong> coopération bi<strong>la</strong>térale c<strong>la</strong>ssique, au sens où cette<br />

politique était une coopération <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> faible envergure, et se gardait d’intervenir sous forme<br />

conditionnelle. Au milieu <strong>de</strong>s années 90 (Barcelone), l’ambition fut sensiblement plus gran<strong>de</strong> puisqu’il<br />

s’agissait <strong>de</strong> couvrir <strong>la</strong> paix, <strong>la</strong> sécurité, l’économie et <strong>la</strong> culture. Au moment où ce rapport est<br />

présenté nous sommes toujours dans le cadre <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone, fondé pour l’essentiel sur <strong>la</strong><br />

mise en p<strong>la</strong>ce d’une zone <strong>de</strong> libre-échange et un transfert public gratuit re<strong>la</strong>tivement faible. Si cette<br />

évolution a pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong>s effets bénéfiques incontestables, elle ne suffit manifestement pas pour<br />

envisager sérieusement une convergence <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> rive Sud avec les pays<br />

européens, ni <strong>la</strong> possibilité d’employer les nouveaux arrivants sur le marché <strong>du</strong> travail. Par ailleurs, on<br />

perçoit nettement que <strong>la</strong> démarche choisie <strong>par</strong> les <strong>par</strong>tenaires, qui consiste à s’ouvrir, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’UE au mon<strong>de</strong> global <strong>par</strong> le marché et les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie, engendre <strong>de</strong>s résistances dans les sociétés<br />

méditerranéennes qui nécessitent une attention et une progressivité <strong>par</strong>ticulière, sauf à accepter le<br />

risque <strong>de</strong> voir cette évolution remise en cause <strong>par</strong> <strong>de</strong>s tendances obscurantistes légitimées <strong>par</strong> le vote<br />

démocratique. D’ailleurs, l’UE ne s’y est pas trompée, qui a pris une position moins paternaliste dans<br />

l’injonction aux réformes tout en regrettant que celles-ci ne soient pas plus rapi<strong>de</strong>s. De ce point <strong>de</strong> vue,<br />

<strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinage, qualifiée <strong>par</strong>fois d’instrument <strong>de</strong> voisinage pour <strong>la</strong>isser aux méditerranéens<br />

le sentiment qu’ils sont considérés <strong>par</strong> les européens comme différents <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est concernés,<br />

est, dans son principe, un moyen pour l’Europe d’accélérer un processus universel d’insertion dans le<br />

mon<strong>de</strong> global avec ses voisins que l’on pourrait aussi bien traiter, si c’était possible, dans le cadre <strong>de</strong>s<br />

Nations Unies et <strong>de</strong> l’OMC.<br />

8. Le point sur lequel nous voudrions insister ici est que l’histoire montre que chaque fois qu’un<br />

modèle importé a été proposé aux peuples méditerranéens, et ce, quel qu’il soit, ils l’ont adopté à<br />

minima en tentant <strong>de</strong> conserver leurs caractères spécifiques. Ces caractères touchent aussi bien <strong>la</strong> vie<br />

domestique, les mœurs, que <strong>la</strong> façon <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’économie ou <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ire les institutions. Cette<br />

distance, on <strong>la</strong> retrouve dans toutes les aires culturelles spécifiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, au Sud <strong>de</strong><br />

l’Europe atténuée, comme sur les rives africaines et orientales <strong>de</strong> cette mer. Les peuples <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Méditerranée ont le plus souvent refusé <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s entités entièrement fonctionnalisées <strong>par</strong> <strong>de</strong>s<br />

logiques universelles qui les dépassent (marchan<strong>de</strong>s, technologiques ou financières). Ils ont même eu<br />

souvent tendance à imposer leurs propres façons <strong>de</strong> voir et <strong>de</strong> vivre, y compris <strong>par</strong> <strong>la</strong> violence. La<br />

pério<strong>de</strong> actuelle se caractérise <strong>par</strong> une exacerbation <strong>de</strong> tensions <strong>de</strong> natures diverses : <strong>la</strong> situation<br />

culturelle se dégra<strong>de</strong>, les perspectives économiques et sociales sont incertaines, les valeurs et surtout<br />

les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie <strong>par</strong>aissent brutalement plus difficiles à rapprocher, les exigences <strong>de</strong> démocratisation<br />

se heurtent aux réalités et à <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> voir accé<strong>de</strong>r au pouvoir les adversaires <strong>de</strong> cette même<br />

démocratie, l’exigence <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>vient dominante au point qu’on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si l’Union<br />

Méditerranéenne n’est pas en train <strong>de</strong> se réaliser subrepticement <strong>par</strong> sa face cachée.<br />

9. Il y a, enfin, trois conflits anciens qui nécessitent une volonté affirmée d’avancer sur le p<strong>la</strong>n<br />

politique : ce sont le conflit <strong>du</strong> Sahara occi<strong>de</strong>ntal, <strong>la</strong> sé<strong>par</strong>ation <strong>de</strong> Chypre et le conflit israélo /<br />

palestinien. Les <strong>par</strong>ticipants au groupe d’experts pensent que <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong> ces conflits ne peut être<br />

au cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne et, en tout cas, ne doit pas constituer un préa<strong>la</strong>ble à<br />

sa réalisation. Il reste, qu’en cas d’avancée, elle aura probablement un rôle significatif à jouer.<br />

10. La conséquence <strong>de</strong> ce constat est que <strong>la</strong> vision qui doit prési<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’Union<br />

Méditerranéenne doit s’appuyer sur l’ambition <strong>de</strong> construire un avenir commun respectueux <strong>de</strong>s<br />

9


différences et appuyé sur <strong>de</strong>s valeurs c<strong>la</strong>irement <strong>par</strong>tagées. Cet avenir commun ne peut se concevoir<br />

sans que l’on définisse c<strong>la</strong>irement ce qu’il s’agit <strong>de</strong> faire converger et ce qui peut rester spécifique.<br />

11. La première question est celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> convergence <strong>de</strong>s valeurs. Les <strong>par</strong>ticipants à l’Union <strong>de</strong>vront<br />

définir le cercle <strong>de</strong>s valeurs <strong>par</strong>tagées, exactement comme l’UE l’a réalisé. Au Sud, ce ne seront pas<br />

toutes les valeurs retenues en Europe, au Nord ce ne seront pas, non plus, les valeurs <strong>du</strong> mon<strong>de</strong><br />

musulman, car chacun <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s doit pouvoir conserver celles qui sont enracinées dans sa<br />

culture. Est-ce que ce<strong>la</strong> nous dispense <strong>de</strong> réfléchir aux valeurs communes que <strong>de</strong>vraient<br />

progressivement adopter l’Union Méditerranéenne ? La réponse est non dans <strong>la</strong> mesure où même<br />

strictement cantonnée à l’économique, l’Union en véhiculera. Ne pas tenter d’imaginer jusqu’à quel<br />

point les sociétés méditerranéennes et européennes sont prêtes à se rapprocher c’est s’interdire <strong>de</strong><br />

renforcer le lien, notamment dans les échanges <strong>de</strong> services, <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s personnes et <strong>de</strong>s capitaux.<br />

Ce point est ap<strong>par</strong>u <strong>de</strong> façon éc<strong>la</strong>tante lors <strong>de</strong>s discussions sur <strong>la</strong> proposition européenne d’offrir un<br />

jalon dans son marché intérieur aux pays méditerranéens. Les européens étaient tout disposés à ai<strong>de</strong>r<br />

les pays méditerranéens à disposer, dans un dispositif symétrique, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux libertés <strong>du</strong> marché intérieur<br />

européen, à savoir celle <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its et <strong>de</strong>s services, mais prenaient peu d’engagement sur les <strong>de</strong>ux<br />

autres, les conditions permettant une liberté <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> capitaux et, surtout, <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s<br />

hommes et <strong>de</strong>s femmes. Quant aux méditerranéens <strong>du</strong> Sud, ils étaient réticents sur l’ouverture<br />

complète <strong>de</strong> leur marché aux services européens surtout sans contre<strong>par</strong>tie sur les pro<strong>du</strong>its agricoles et<br />

sans une circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s personnes plus libre (et les débats ayant cours à cette époque sur les trois<br />

directives services dans l’UE elle-même, montraient bien <strong>la</strong> difficulté à libéraliser les services tout en<br />

contraignant l’instal<strong>la</strong>tion).<br />

12. Contrairement à une idée encore trop <strong>la</strong>rgement répan<strong>du</strong>e, un certain nombre <strong>de</strong> valeurs qui<br />

constituent le socle <strong>de</strong> l’UE sont <strong>la</strong>rgement <strong>par</strong>tagées <strong>par</strong> les pays <strong>du</strong> Sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée. Il suffit<br />

<strong>de</strong> citer les principales :<br />

Les droits <strong>de</strong> l’homme, <strong>la</strong> dignité humaine,<br />

Les libertés fondamentales,<br />

La légitimité démocratique,<br />

La paix et le rejet <strong>de</strong> <strong>la</strong> violence comme moyen ou métho<strong>de</strong>,<br />

Le développement équitable,<br />

L’égalité <strong>de</strong>s chances,<br />

Les principes <strong>du</strong> raisonnement rationnel, l’éthique <strong>de</strong> l’évi<strong>de</strong>nce et <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve,<br />

La préservation <strong>de</strong> l’environnement,<br />

La responsabilité indivi<strong>du</strong>elle.<br />

Notons qu’il en est d’autres qui sont plus difficiles à retenir en commun, comme <strong>la</strong> <strong>la</strong>ïcité, l’égalité <strong>de</strong><br />

genre, <strong>la</strong> sé<strong>par</strong>ation, <strong>de</strong>s pouvoirs, une certaine forme <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong> <strong>la</strong> presse <strong>par</strong> exemple, ce qui<br />

justifie bien <strong>la</strong> nécessité d’échanger sur ces points <strong>de</strong> façon à trouver un équilibre. Pour les européens<br />

qui croient en ces valeurs, ce<strong>la</strong> signifie aussi qu’il faut <strong>la</strong>isser <strong>du</strong> temps aux Méditerranéens <strong>de</strong> les<br />

rendre praticables. Il a fallu plusieurs siècles à l’Europe pour y <strong>par</strong>venir. Peut-on exiger <strong>de</strong> pays qui<br />

sont encore confrontés à <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> développement vitales <strong>de</strong> s’y conformer en une trentaine<br />

d’années ? Il ne s’agit pas d’accepter un quelconque re<strong>la</strong>tivisme culturel, il s’agit <strong>de</strong> prendre en<br />

compte le temps nécessaire pour faire <strong>par</strong>tager ces valeurs à l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> société.<br />

13. L’Union Méditerranéenne doit également prendre en compte l’existence <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie<br />

spécifiques faits <strong>de</strong> communautés vil<strong>la</strong>geoises rurales <strong>la</strong>rgement en marge <strong>de</strong>s courants marchands et<br />

technologiques dominants, <strong>de</strong> secteurs informels qui ne fonctionnent pas sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong> rationalité<br />

économique habituelle. Près <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s pays <strong>du</strong> Sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée vit dans<br />

ce contexte. Un <strong>de</strong>s reproches adressé à l’ensemble <strong>de</strong> l’expertise internationale <strong>par</strong> une <strong>par</strong>tie<br />

croissante <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion au Sud est <strong>de</strong> vouloir imp<strong>la</strong>nter à marche forcée un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie qui n’est<br />

pas le sien. Cette imp<strong>la</strong>ntation s’effectue à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>is d’une élite locale peu nombreuse,<br />

compétente, mais re<strong>la</strong>tivement déconnectée <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Le <strong>par</strong>adoxe est que<br />

chacun veut un accès à certains aspects <strong>du</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie européen, on pense ici, en <strong>par</strong>ticulier, aux<br />

10


services <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation, et <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s utilités. Mais sur d’autres, qui interfèrent<br />

<strong>la</strong>rgement avec les mœurs, <strong>la</strong> réticence est beaucoup plus forte, voire c<strong>la</strong>irement affirmée. Il s’agit<br />

d’un problème d’une extrême complexité dans <strong>la</strong> mesure où il <strong>par</strong>aît difficile d’avoir les uns sans<br />

évoluer sur les autres (cf. les TIC, internet, etc.…). En tout cas, cette question qui est au cœur <strong>de</strong>s<br />

oppositions à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnité qui se développent au Sud, ne peut être exclue <strong>de</strong> l’agenda <strong>de</strong> l’Union<br />

Méditerranéenne.<br />

14. Ces différentes remarques p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>nt pour une approche qui pourrait avoir les caractéristiques<br />

suivantes :<br />

En premier lieu, les <strong>par</strong>ticipants au groupe d’experts considèrent que l’Union Méditerranéenne<br />

doit constituer un ancrage fort et crédible pour les pays qui y adhéreront. Comme on le verra<br />

plus loin, ce<strong>la</strong> suppose, (dans une déc<strong>la</strong>ration ou une charte) une cible <strong>de</strong> convergence <strong>de</strong>s<br />

niveaux <strong>de</strong> vie, une volonté <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s valeurs communes atteignables à moyen terme,<br />

l’affirmation <strong>du</strong> respect <strong>de</strong>s différences et <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités culturelles, <strong>la</strong> protection <strong>de</strong><br />

l’environnement. Ce<strong>la</strong> suppose aussi <strong>de</strong>s projets concrets significatifs avec un agenda <strong>de</strong><br />

réalisation, <strong>de</strong>s moyens humains et financiers et un dispositif d’évaluation.<br />

En second lieu, il s’agit d’enclencher un processus dont on acceptera <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée qui pourra<br />

commencer <strong>par</strong> <strong>de</strong>s actions ciblées et centrales pour <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> l’ambition retenue, à<br />

l’instar <strong>de</strong> ce qu’a fait l’Europe, <strong>par</strong> exemple, avec <strong>la</strong> CECA. Plusieurs membres <strong>du</strong> groupe<br />

d’experts ont souligné qu’il ne fal<strong>la</strong>it pas poser <strong>de</strong> préa<strong>la</strong>bles (notamment sur les conflits<br />

précités) à l’adhésion à l’Union Méditerranéenne.<br />

En troisième lieu, le processus doit être ouvert aux pays, y compris non méditerranéens, qui<br />

souhaiteraient adhérer à <strong>la</strong> démarche. Il doit être également perméable à <strong>de</strong>s problématiques<br />

nouvelles (à cet égard les <strong>par</strong>ticipants au groupe d’experts ont souligné <strong>la</strong> rigidité <strong>du</strong><br />

mécanisme quinquennal d’un autre âge retenu <strong>par</strong> l’UE pour p<strong>la</strong>nifier ses moyens)<br />

En quatrième lieu, le fonctionnement <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne doit viser à développer un<br />

système re<strong>la</strong>tionnel fondé sur un dialogue continu au niveau intergouvernemental, comme au<br />

niveau infranational et à celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile. Et ce<strong>la</strong> sur les principaux sujets qui<br />

concernent les sociétés considérées, en <strong>par</strong>ticulier ceux qui touchent à l’économie, à<br />

l’évolution <strong>de</strong>s infrastructures et <strong>de</strong>s institutions, à l’environnement et à <strong>la</strong> culture. Il s’agit ici<br />

d’un point central dans <strong>la</strong> mesure où chacun doit comprendre que <strong>la</strong> Méditerranée est<br />

aujourd’hui l’épicentre <strong>de</strong> ce que l’on a appelé le choc <strong>de</strong>s civilisations. La nouveauté est <strong>de</strong><br />

rassembler dans un processus d’Union un nombre significatif <strong>de</strong> nations <strong>du</strong> Nord comme <strong>du</strong><br />

Sud et <strong>de</strong> l’Est méditerranéen, <strong>de</strong> culture ancienne mais profondément différente qui se sont<br />

plusieurs fois confrontées. Ce regroupement <strong>de</strong>vrait profiter à l’ensemble <strong>de</strong>s peuples et servir<br />

<strong>de</strong> nouveau jalon dans <strong>la</strong> marche <strong>du</strong> progrès humain. Il ne s’agit pas seulement d’éviter les<br />

affrontements, ou <strong>de</strong> tenter d’imposer une quelconque hégémonie, il s’agit d’un<br />

processus endogène et volontaire visant un but commun et fonctionnant sur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> codécision.<br />

Thème 2 : Quelle est <strong>la</strong> situation actuelle <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions entre l’Europe et <strong>la</strong> Méditerranée ?<br />

15. Compte tenu <strong>du</strong> nombre d’instances qui, aujourd’hui, sont concernées <strong>par</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, le<br />

groupe d’experts considère qu’il serait inutile, voire contre-pro<strong>du</strong>ctif que l’Union Méditerranéenne<br />

constitue une instance supplémentaire, sans véritable pouvoir politique, sans agenda précis et original<br />

et sans moyens. Il n’est que <strong>de</strong> citer ces instances pour donner une idée <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation : il y a le<br />

<strong>par</strong>tenariat euro-méditerranéen issu <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Barcelone qui regroupe désormais 37 pays, <strong>la</strong><br />

politique <strong>de</strong> voisinage (43 pays, dont 16 voisins), le dialogue 5+5, le forum méditerranéen créé à<br />

l’initiative <strong>de</strong> <strong>la</strong> France et <strong>de</strong> l’Egypte en 1994 qui regroupe onze pays, et qui sert à pré<strong>par</strong>er les<br />

<strong>réuni</strong>ons <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat, le Parlement Euro-méditerranéen (240 députés) issu <strong>du</strong> Parlement européen et<br />

<strong>de</strong>s <strong>par</strong>lements nationaux, qui joue un rôle consultatif et prend <strong>de</strong>s « résolutions » sans pouvoir<br />

11


contraignant sur <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> société (droits <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme, qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, immigration, sécurité<br />

et droits <strong>de</strong> l’homme etc.), sans compter l’Union <strong>du</strong> Maghreb Arabe aujourd’hui en panne et les<br />

nombreux accords visant à faciliter les échanges (AGADIR, GAFTA, etc.).<br />

16. L’autre contrainte impérative est le lien entre l’Union Méditerranéenne et l’UE. Au moins <strong>de</strong>ux<br />

raisons p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>nt pour un dispositif complémentaire et pas substituable.<br />

La première, est que <strong>la</strong> Méditerranée ne peut pas se passer <strong>de</strong> l’Europe : (i) les pays<br />

méditerranéens <strong>de</strong> l’Europe sont liés <strong>par</strong> <strong>de</strong>s politiques communes dans le cadre <strong>de</strong> l’Union<br />

Européenne et, <strong>de</strong> ce fait, nombre <strong>de</strong> sujets qui concernent les pays <strong>du</strong> Sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée<br />

ne peuvent être traités en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces politiques communes, (ii) plusieurs pays européens <strong>du</strong><br />

Nord ont montré dans les années récentes leur intérêt pour <strong>la</strong> Méditerranée et se sont<br />

impliqués dans le <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone, (iii) l’Europe est l’espace <strong>de</strong> référence pour tous<br />

les pays méditerranéens <strong>du</strong> Sud qui, en moyenne, sont dépendants <strong>de</strong> son marché pour plus <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s échanges.<br />

La secon<strong>de</strong>, est que, bien que chacun <strong>de</strong> ces dispositifs ait <strong>de</strong>s limites évi<strong>de</strong>ntes, ce qui<br />

explique le foisonnement auquel on assiste, ils ont tous contribué à constituer un actif<br />

re<strong>la</strong>tionnel qui a eu <strong>de</strong>s effets bénéfiques et qui doit être conservé et approfondi.<br />

Il n’est donc pas envisageable d’imaginer qu’une Union Méditerranéenne constituée à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong>s 22<br />

pays riverains puisse prendre <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce d’une politique multi<strong>la</strong>térale qui implique tous les pays <strong>de</strong> l’UE.<br />

17. On pourrait penser, ce que certains membres <strong>du</strong> groupe d’experts ont évoqué, que ce n’est pas une<br />

Union Méditerranéenne qu’il faudrait créer, mais une Union Euro-méditerranéenne qui serait le point<br />

d’aboutissement <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone (ce qui est d’ailleurs <strong>la</strong> position espagnole aujourd’hui).<br />

Après un <strong>la</strong>rge échange <strong>de</strong> vues, le groupe d’experts a montré sa réticence vis-à-vis <strong>de</strong> cette hypothèse<br />

au vu d’un examen attentif <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone, <strong>de</strong> ses résultats, <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont il opère et <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> philosophie qui prési<strong>de</strong> à <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinage qui est censée l’encadrer.<br />

Les actifs et les limites <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone et <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinage<br />

18. Pour traiter brièvement <strong>du</strong> constat on considérera les trois éléments qui constituent le cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

politique européenne actuelle à savoir : (i) son ambition politique et les adaptations qui ont <strong>du</strong> être<br />

faites dans son fonctionnement, (ii) sa contribution au développement économique, (iii) ses effets sur<br />

<strong>la</strong> culture et le rapprochement <strong>de</strong>s sociétés.<br />

19. Initialement, le <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone avait pour objectif <strong>de</strong> contribuer à apporter <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong><br />

sécurité, <strong>de</strong> favoriser le développement économique <strong>par</strong> l’instal<strong>la</strong>tion d’une zone <strong>de</strong> libre-échange et<br />

un programme d’ai<strong>de</strong> (MEDA qui est une ai<strong>de</strong> gratuite et <strong>la</strong> FEMIP qui est une facilité <strong>de</strong> crédit<br />

adossée à <strong>la</strong> BEI), d’ai<strong>de</strong>r au dialogue <strong>de</strong>s cultures et à <strong>la</strong> mobilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile. Les<br />

<strong>par</strong>ticipants au groupe d’experts sont convaincus que <strong>par</strong>ler d’échec pour ce qui concerne le<br />

<strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone est inapproprié.<br />

20. Les actifs <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone sont, en effet, importants : (i) instauration d’un espace <strong>de</strong><br />

dialogue euro-méditerranéen régulier dans <strong>la</strong> plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> compétence européenne, encore<br />

qu’au vu <strong>du</strong> fonctionnement actuel <strong>du</strong> comité Euromed on puisse douter <strong>de</strong> l’importance qui lui est<br />

accordé, (ii) intérêt soutenu pour <strong>la</strong> Méditerranée <strong>de</strong> plusieurs pays non méditerranéens <strong>de</strong> l’UE y<br />

compris <strong>par</strong>mi les nouveaux états-membres, (iii) transformation profon<strong>de</strong> <strong>du</strong> positionnement <strong>de</strong>s pays<br />

méditerranéens <strong>du</strong> Sud vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> mondialisation : tous les pays méditerranéens <strong>par</strong>tenaires <strong>de</strong><br />

l’UE ont, sans exception, mais à <strong>de</strong>s rythmes divers, bénéficié <strong>de</strong>s effets dynamiques liés à l’ouverture<br />

extérieure, (iv) amorces significatives d’évolutions institutionnelles qui semblent irréversibles,<br />

(v) coopération poussée en matière <strong>de</strong> sécurité, <strong>de</strong> trafics divers et <strong>de</strong> lutte contre le terrorisme.<br />

12


21. Néanmoins, les résultats n’ont pas été à <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong>s objectifs affichés ce qui, selon le groupe<br />

d’experts, impose pour les projets à venir <strong>de</strong> bien ajuster les objectifs aux moyens que l’on a <strong>de</strong> les<br />

réaliser. Il ne s’agit pas d’une tâche facile dans un contexte <strong>de</strong> moyens limités et d’une attente très<br />

importante <strong>de</strong>s peuples <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée. Initié après <strong>la</strong> re<strong>la</strong>nce <strong>du</strong> dialogue israélo-palestinien, le<br />

processus <strong>de</strong> Barcelone avait, pour premier objectif, d’instaurer <strong>la</strong> paix dans <strong>la</strong> région. Ce<strong>la</strong> fut un<br />

échec évi<strong>de</strong>nt qui a prouvé que <strong>la</strong> situation était plus complexe que supposée et que l’Europe n’avait<br />

pas une influence géostratégique à <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> cette ambition. Ce fut donc le <strong>de</strong>uxième objectif qui<br />

sollicita le plus le <strong>par</strong>tenariat, à savoir <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> libre-échange et l’appui aux<br />

réformes institutionnelles liées.<br />

22. Ce <strong>de</strong>uxième objectif a été <strong>la</strong>rgement entamé, mais l’on s’aperçut qu’il impliquait un processus<br />

plus long que celui prévu initialement et qu’il n’avait pas donné tous les résultats atten<strong>du</strong>s, au moins si<br />

on les com<strong>par</strong>e avec ceux obtenus <strong>par</strong> les nouveaux adhérents à l’UE. On soulignera, <strong>par</strong> ailleurs, que<br />

réaliser une zone <strong>de</strong> libre-échange (au <strong>de</strong>meurant incomplète car les pro<strong>du</strong>its agricoles ne sont pas<br />

concernés) ne suffit pas à faire converger suffisamment les économies. Cette constatation qui vaut<br />

également pour NAFTA est un débat qui a eu lieu aux débuts <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction européenne elle-même<br />

qui a choisi d’accoler le libre-échange et plus tard le marché commun à d’importantes politiques<br />

structurelles <strong>de</strong> convergence pour corriger l’écart entre les conditions initiales et faciliter les<br />

ajustements inévitables. On connaît le résultat, l’Europe a eu une croissance légèrement plus faible<br />

qu’ailleurs, mais a fait converger le niveau <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> ses membres <strong>de</strong> façon unique dans l’histoire. Les<br />

nouveaux états membres qui ont bénéficié <strong>de</strong> <strong>la</strong> même approche, sont sans conteste désormais engagés<br />

eux aussi dans le même processus <strong>de</strong> convergence. On a là l’explication <strong>de</strong> l’attachement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie<br />

à poursuivre dans <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> l’adhésion à l’UE malgré certaines réticences et l’importance <strong>de</strong>s<br />

ajustements internes nécessaires.<br />

23. Si l’on considère <strong>la</strong> situation actuelle en matière <strong>de</strong> développement économique cinq constations<br />

s’imposent :<br />

La première est que <strong>la</strong> trajectoire <strong>de</strong> croissance et le contenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance en emplois <strong>de</strong><br />

tous les pays <strong>par</strong>tenaires méditerranéens, sans exception, sont insuffisants pour permettre<br />

l’emploi <strong>de</strong>s nouveaux arrivants sur le marché <strong>du</strong> travail (jeunes et femmes). Il est à noter que<br />

cette insuffisance, si elle se maintient, viendra nécessairement en contradiction avec les<br />

objectifs visant à faire évoluer les sociétés (généralisation <strong>du</strong> travail féminin, augmentation <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation, amélioration <strong>de</strong>s niveaux d’étu<strong>de</strong>, démocratisation générale <strong>de</strong> sociétés qui<br />

supporteront encore moins le chômage <strong>de</strong>s jeunes, ouverture aux TIC qui diffusent les<br />

modèles <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>s pays riches etc.).<br />

La secon<strong>de</strong> est que selon différentes estimations concordantes au minimum 22 millions<br />

d’emplois nouveaux sont à créer dans les quinze prochaines années chez les <strong>par</strong>tenaires<br />

méditerranéens <strong>de</strong> l’UE pour maintenir à leurs niveaux actuels les taux <strong>de</strong> chômage, sans<br />

aucune modification <strong>de</strong>s taux d’activité, en <strong>par</strong>ticulier <strong>du</strong> travail féminin et <strong>du</strong> retour dans<br />

l’emploi formalisé <strong>de</strong> nombreux indivi<strong>du</strong>s. Ce<strong>la</strong> signifie, qu’à contenu en emplois i<strong>de</strong>ntique<br />

<strong>du</strong> point <strong>de</strong> croissance, <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance <strong>du</strong> PIB <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 7/8% l’an sont nécessaires<br />

(ils sont en moyenne légèrement supérieurs, 4% dans les années plus favorables et erratiques<br />

aujourd’hui). Ajoutons à ce<strong>la</strong> que le contenu en emplois <strong>du</strong> point <strong>de</strong> croissance est encore<br />

<strong>la</strong>rgement dépendant <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong>s emplois publics et que toutes les réformes<br />

institutionnelles mises en œuvre visent à le ré<strong>du</strong>ire au profit <strong>de</strong> l’emploi privé. Nous sommes<br />

donc manifestement face à une situation explosive dans certains pays comme l’Algérie, où les<br />

moins <strong>de</strong> trente ans représentent près <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Le groupe d’experts tient<br />

à souligner que les vingt / trente années à venir seront décisives dans <strong>la</strong> mesure où tous les<br />

pays méditerranéens <strong>du</strong> Sud sont en situation <strong>de</strong> transition démographique ce qui signifie qu’à<br />

cette échéance, les équilibres atteints entre l’offre et <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail seront, sauf<br />

imprévu, quasi définitifs pour le reste <strong>du</strong> XXIème siècle.<br />

13


La troisième est que, au lieu <strong>de</strong> se ré<strong>du</strong>ire, l’écart <strong>de</strong>s revenus <strong>par</strong> tête entre, d’une <strong>par</strong>t, les<br />

quinze <strong>de</strong> l’UE et les nouveaux membres et, d’autre <strong>par</strong>t, les pays tiers méditerranéens s’est<br />

sensiblement accru ce qui conforte le rôle <strong>de</strong> l’adhésion dans <strong>la</strong> convergence <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong><br />

vie. Deux raisons principales expliquent ce fait : d’une <strong>par</strong>t, l’entrée dans le processus<br />

d’adhésion représente une quasi-certitu<strong>de</strong> que toutes les réformes institutionnelles seront faites<br />

sans retour en arrière, ce qui engendre <strong>de</strong> fortes entrées <strong>de</strong> capitaux étrangers, d’autre <strong>par</strong>t,<br />

l’importance <strong>de</strong>s sommes accordées en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> convergence <strong>de</strong>s nouveaux états membres<br />

(PAC, FEDER, FSE, autres politiques communes) est sans commune mesure avec ce que<br />

reçoivent les <strong>par</strong>tenaires méditerranéens. On notera que pour <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2007-2013, <strong>la</strong> seule<br />

Pologne recevra autour <strong>de</strong> 60 milliards d’€ <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> convergence, alors que l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

<strong>par</strong>tenaires méditerranéens ne recevra que 11 milliards, dont <strong>la</strong> moitié en prêts FEMIP/BEI.<br />

La quatrième est que se crée ainsi une situation extrêmement dangereuse pour les pays<br />

méditerranéens <strong>de</strong> l’Europe, dans <strong>la</strong> mesure où l’interdépendance matérielle qui les lie au Sud<br />

représente moins <strong>de</strong> 5% <strong>de</strong> leur engagement international (flux commerciaux et<br />

investissements) alors que les proximités humaines et sociales (immigrés, risques <strong>de</strong> sécurité,<br />

échos dans les media etc.) sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 15/20 %. Pour les pays <strong>du</strong> Sud, l’engagement<br />

matériel vis-à-vis <strong>de</strong> l’Europe est beaucoup plus fort car il représente, autour <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong> leur<br />

engagement international. Et il n’y a pas d’exemples dans l’histoire où un tel déca<strong>la</strong>ge entre<br />

les aspirations humaines liées à <strong>la</strong> proximité géographique, culturelle, administrative et <strong>la</strong><br />

réalité <strong>de</strong> l’interdépendance matérielle ne se soit tra<strong>du</strong>it <strong>par</strong> <strong>de</strong>s crises graves.<br />

Enfin, l’UE réalise sur le bassin méditerranéen Sud <strong>de</strong>s excé<strong>de</strong>nts commerciaux qu’elle ne<br />

réalise nulle <strong>par</strong>t ailleurs dans le mon<strong>de</strong> en proportion <strong>de</strong>s échanges, excé<strong>de</strong>nts non compensés<br />

<strong>par</strong> <strong>de</strong>s investissements directs ou <strong>de</strong> portefeuille et <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> publique. Si les ba<strong>la</strong>nces<br />

courantes sont équilibrées, c’est uniquement <strong>par</strong> les transferts <strong>de</strong> revenus <strong>de</strong>s migrants (ce qui<br />

suppose une émigration importante) et <strong>par</strong> le tourisme (ce qui suppose <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité). Les taux<br />

d’investissements sont bas (investissements/PIB <strong>de</strong> 21% en moyenne vs. 28/30% dans <strong>la</strong><br />

phase <strong>de</strong> décol<strong>la</strong>ge en Asie) et insuffisants pour atteindre les taux <strong>de</strong> croissance nécessaires. Il<br />

est donc inexact <strong>de</strong> dire qu’il y a un excès d’é<strong>par</strong>gne en Méditerranée en s’appuyant sur les<br />

sol<strong>de</strong>s courants car cette é<strong>par</strong>gne est réalisée en Europe.<br />

24. La situation culturelle <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat est, à bien <strong>de</strong>s égards, <strong>par</strong>adoxale. Dès <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong><br />

Barcelone les sociétés civiles <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rives, appuyées <strong>par</strong> les autorités locales et régionales, se sont<br />

mobilisées sous <strong>la</strong> forme d’associations, d’initiatives diverses montrant un considérable appétit à<br />

renouer <strong>de</strong>s liens anciens (en <strong>par</strong>ticulier entre le Maghreb et l’Europe). A ce<strong>la</strong> s’ajoute une tendance<br />

croissante à l’émigration, liée non seulement au différentiel <strong>de</strong> revenus, mais également au besoin<br />

d’une immigration <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cement en Europe et le développement <strong>de</strong> nombreux liens entre les <strong>de</strong>ux<br />

rives <strong>du</strong> fait d’une diaspora active et très attachée à ses origines (cf. l’importance <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong><br />

revenus <strong>de</strong>s immigrés en Europe). Parallèlement, en Europe même, <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Barcelone a joué<br />

un rôle sensible sur l’évolution <strong>de</strong>s mentalités, chose qui s’est manifestée c<strong>la</strong>irement dans <strong>la</strong> plu<strong>par</strong>t<br />

<strong>de</strong>s élections européennes. Mais cet actif incontestable <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone est en train <strong>de</strong> se<br />

dissiper faute d’une meilleure organisation <strong>du</strong> dialogue interculturel. Aujourd’hui, nous avons <strong>de</strong><br />

nombreux réseaux militants con<strong>du</strong>its <strong>par</strong> <strong>de</strong> petites associations sans moyens, <strong>de</strong>s interdictions <strong>de</strong><br />

manifestations surprenantes (<strong>la</strong> biennale <strong>de</strong>s jeunes créateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée a été interdite), une<br />

mobilité <strong>de</strong>s artistes ré<strong>du</strong>ite, pas <strong>de</strong> bourses, une diminution <strong>de</strong>s copro<strong>du</strong>ctions, <strong>de</strong>s initiatives<br />

découragées qui doivent être re<strong>la</strong>ncées (le festival <strong>de</strong> théâtre d’Amman <strong>par</strong> exemple). L’action menée<br />

<strong>par</strong> l’UE dans le cadre <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat a, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue, souffert <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux défauts majeurs : (i) elle a<br />

été très faiblement financée – <strong>la</strong> Fondation Anna Lindh faute <strong>de</strong> moyens joue plus un rôle <strong>de</strong> guichet<br />

qu’un rôle dynamisant et est dominée <strong>par</strong> les considérations intergouvernementales, (ii) elle a été<br />

insuffisamment intégrée aux très nombreuses opérations menées dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> coopération<br />

décentralisée. En revanche, le point sur lequel tout le mon<strong>de</strong> s’accor<strong>de</strong> à souligner un progrès notable,<br />

concerne <strong>la</strong> mobilisation <strong>de</strong>s opérateurs internationaux sur <strong>la</strong> conservation <strong>du</strong> patrimoine. Mais, au<br />

total, il est c<strong>la</strong>ir que cet actif civil souffre d’un manque institutionnel patent et <strong>de</strong>s limites à <strong>la</strong> mobilité<br />

<strong>de</strong>s personnes.<br />

14


25. Le <strong>par</strong>tenariat Euromed a été complété <strong>de</strong>puis 2004 <strong>par</strong> un dispositif plus <strong>la</strong>rge à vocation<br />

bi<strong>la</strong>térale, « <strong>la</strong> Politique Européenne <strong>de</strong> Voisinage » qui concerne, désormais, les pays suivants :<br />

Algérie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Egypte, Géorgie, Israël, Jordanie, Liban, Libye,<br />

Moldavie, Maroc, Autorité palestinienne, Syrie, Tunisie, Ukraine. Comme indiqué dans le titre, il<br />

s’agit bien d’une politique européenne dont les principaux instruments sont <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’action<br />

nationaux négociés et conclus avec un nombre <strong>de</strong> pays voisins. C’est d’ailleurs une <strong>de</strong>s raisons qui<br />

expliquent les réticences <strong>de</strong> plusieurs pays méditerranéens qui perçoivent <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinage<br />

comme une politique « à prendre ou à <strong>la</strong>isser ». Au seul énoncé <strong>de</strong>s pays concernés, il est c<strong>la</strong>ir que<br />

l’on a rassemblé <strong>de</strong>s pays qui ont peu <strong>de</strong> points communs en matière d’histoire, <strong>de</strong> culture, <strong>de</strong><br />

conditions démographiques et <strong>de</strong> structures pro<strong>du</strong>ctives. Le but <strong>de</strong> l’Europe dans cette extension est <strong>de</strong><br />

conforter <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong> son voisinage en faisant évoluer <strong>de</strong>s questions qui touchent à <strong>de</strong>s valeurs<br />

communes universelles (démocratie, droits <strong>de</strong> l’homme, état <strong>de</strong> droit), <strong>la</strong> sécurité, <strong>la</strong> bonne<br />

gouvernance et l’adoption <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong> marché et <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable. Les<br />

propositions faites en décembre 2006 <strong>par</strong> <strong>la</strong> Commission visent, pour l’essentiel, à é<strong>la</strong>rgir et<br />

approfondir <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> libre-échange en y incluant <strong>de</strong> nouveaux pro<strong>du</strong>its et surtout en développant<br />

davantage l’action sur les services et l’agriculture, à développer une coopération politique avec les<br />

voisins et à tenter <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s politiques communes en matière <strong>de</strong> transports et d’énergie.<br />

26. Sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s moyens, les transferts restent <strong>du</strong> même ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur pour ce qui concerne les<br />

pays méditerranéens et <strong>la</strong> principale innovation consiste en un fonds d’investissement dit « facilité<br />

d’investissement voisinage » qui va concerner l’ensemble <strong>de</strong>s pays concernés. Quant au processus <strong>de</strong><br />

mise en œuvre, il repose sur <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’action négociés bi<strong>la</strong>téralement avec chaque pays, ce qui a<br />

pour conséquence <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire le poids re<strong>la</strong>tif <strong>de</strong> <strong>la</strong> sphère <strong>de</strong> l’action régionale <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong><br />

Barcelone, p<strong>la</strong>ns d’action qui reposent pour l’essentiel sur l’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> réformes réglementaires<br />

(économiques et politiques) et <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> réformes institutionnelles favorisant <strong>la</strong><br />

généralisation <strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong> marché. En ce qui concerne les re<strong>la</strong>tions économiques, le concept <strong>de</strong><br />

référence est <strong>la</strong> constitution d’une zone <strong>de</strong> libre-échange approfondie. Ce vocable emprunté <strong>de</strong><br />

l’accord conclu avec l’Ukraine, ne peut en aucun cas être considéré comme une démarche<br />

d’intégration. Faire l’assimi<strong>la</strong>tion, comme c’est souvent le cas, c’est faire fi <strong>de</strong> toute l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

construction européenne (et <strong>de</strong>s débats qui ont eu lieu dans les années 60 qui portaient précisément sur<br />

<strong>la</strong> différence entre intégration et libre-échange) et repose sur l’idée erronée selon <strong>la</strong>quelle une zone <strong>de</strong><br />

libre-échange, couplée avec une politique <strong>de</strong> concurrence pourrait correspondre à une vision<br />

véritablement intégrative ayant une ambition c<strong>la</strong>irement affichée <strong>de</strong> convergence. D’ailleurs, <strong>la</strong><br />

Turquie qui est p<strong>la</strong>cée dans un processus <strong>de</strong> négociation d’adhésion avec l’UE et bénéficie <strong>de</strong><br />

transferts financiers <strong>la</strong>rgement supérieurs, n’a pas été incluse dans l’ensemble voisinage. On doit<br />

noter, enfin, avec <strong>la</strong> Commission, que peu <strong>de</strong> progrès ont été réalisés sur <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s personnes et<br />

sur <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s conflits. Quant à l’action qui vise <strong>la</strong> société civile et le dialogue entre cultures elle<br />

a poursuivi ses orientations à <strong>par</strong>tir <strong>de</strong> petits projets faiblement soutenus.<br />

Thème 3. Comment l’Union Méditerranéenne peut-elle se situer <strong>par</strong> rapport aux dispositifs<br />

existants ?<br />

27. Le groupe d’experts considère que l’approfondissement <strong>de</strong>s politiques européennes mises en<br />

œuvre aujourd’hui doit être poursuivi en ayant c<strong>la</strong>irement conscience <strong>de</strong> leurs limites. Mais ce sont<br />

précisément ces limites face aux enjeux <strong>du</strong> prochain <strong>de</strong>mi-siècle qui justifient <strong>la</strong> création d’une Union<br />

Méditerranéenne.<br />

28. Réaliser une zone <strong>de</strong> libre-échange sur une échelle plus <strong>la</strong>rge, y inclure <strong>de</strong> nouveaux pro<strong>du</strong>its (en<br />

<strong>par</strong>ticulier l’agriculture), faciliter les échanges <strong>de</strong> services est une chose positive aussi bien pour l’UE<br />

qui, comme tous les ensembles développés, a un intérêt vital à é<strong>la</strong>rgir ses marchés pour une activité<br />

qui concerne plus <strong>de</strong> 70% <strong>de</strong> son PIB, que pour ses <strong>par</strong>tenaires qui verront ainsi augmenter leur<br />

dynamisme et diminuer leurs coûts <strong>de</strong> transactions. Cet approfondissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> libreéchange,<br />

couplé avec une ai<strong>de</strong> à l’adoption <strong>de</strong> valeurs communes universelles n’est jamais qu’une<br />

marche vers <strong>la</strong> globalisation qui aurait pu aussi bien être traitée dans le cadre <strong>de</strong> l’OMC pour les<br />

15


échanges <strong>de</strong> biens et services et dans celui <strong>de</strong>s Nations Unies pour les valeurs concernées. La<br />

justification principale d’une action dans ce sens avec les voisins est qu’il est plus facile d’avancer<br />

dans un cadre <strong>de</strong> voisinage où l’Europe a <strong>de</strong>s contre<strong>par</strong>ties à offrir (en <strong>par</strong>ticulier l’accès à un grand<br />

marché) que dans un cadre global. Rien ne s’oppose, en effet, à ce que <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’action bi<strong>la</strong>téraux<br />

ai<strong>de</strong>nt les pays à progresser dans <strong>la</strong> qualité et accé<strong>de</strong>r aux normes européennes (techniques, sanitaires<br />

et environnementales) qui se sont considérablement développées ces dix <strong>de</strong>rnières années.<br />

29. Par ailleurs, plusieurs politiques communes européennes qui concernent directement le<br />

développement <strong>de</strong>s pays méditerranéens ne peuvent être conçues en <strong>de</strong>hors d’une mobilisation <strong>de</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’UE. On pense ici à l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> PAC qui est indispensable pour éviter<br />

que les négociations sur <strong>la</strong> libéralisation <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its agricoles ne se ramènent à une<br />

confrontation entre le Nord qui veut exporter au Sud ses pro<strong>du</strong>its agricoles subventionnés (céréales,<br />

<strong>la</strong>it, vian<strong>de</strong> …) et le Sud qui veut maintenir une pro<strong>du</strong>ction céréalière et <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, vitale pour<br />

l’équilibre rural et exporter ses fruits et légumes et son huile d’olive. Il en est <strong>de</strong> même pour <strong>la</strong> sécurité<br />

énergétique et les transports.<br />

30. Le point <strong>de</strong> vue <strong>du</strong> groupe d’experts est que cette action doit être poursuivie et approfondie,<br />

compte tenu <strong>de</strong>s effets dynamiques qu’elle pro<strong>du</strong>it. Cet approfondissement est aujourd’hui entamé et<br />

concerne toutes les rubriques associées au développement <strong>de</strong>s échanges. Il s’agit, compte tenu <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> marché européen pour les pays <strong>du</strong> Sud :<br />

De poursuivre le désarmement tarifaire et <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce le cumul diagonal <strong>de</strong>s règles<br />

d’origine,<br />

D’harmoniser les standards et les processus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction,<br />

De libéraliser les services facteurs (banques, assurances, transports),<br />

De réaliser les harmonisations institutionnelles qui doivent aller au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s frontières et<br />

concernent les normes légales autres que les barrières aux échanges,<br />

D’accepter une discipline sur les subventions (notamment en matière agricole) ou <strong>de</strong> mettre en<br />

p<strong>la</strong>ce un modèle asymétrique au bénéfice <strong>du</strong> Sud les intégrant transitoirement avec un agenda<br />

prévoyant leur élimination,<br />

De définir un cadre légal harmonisé en ce qui concerne l’investissement,<br />

D’instaurer une politique <strong>de</strong> concurrence permettant <strong>la</strong> vérité <strong>de</strong>s prix.<br />

31. Il reste que toute l’histoire récente montre que ce type <strong>de</strong> libéralisation, non appuyée <strong>par</strong> un effort<br />

soutenu pour faciliter <strong>la</strong> transition vers une véritable économie <strong>de</strong> marché ouverte et modifier les<br />

conditions initiales ne pro<strong>du</strong>it pas les résultats atten<strong>du</strong>s. L’examen <strong>de</strong> <strong>la</strong> transition <strong>par</strong>tout dans le<br />

mon<strong>de</strong> et, en <strong>par</strong>ticulier, dans les pays <strong>de</strong> l’Est lors <strong>de</strong>s premières étapes, révèle que les gains <strong>de</strong><br />

pro<strong>du</strong>ctivité et l’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétitivité, décisifs à long terme, ont été obtenus <strong>par</strong> : (i) <strong>de</strong>s<br />

réallocations d’emplois, intersectoriels <strong>de</strong>s secteurs à désavantages com<strong>par</strong>atifs vers les secteurs à<br />

avantages com<strong>par</strong>atifs, (ii) <strong>de</strong>s entreprises moins compétitives d’un même secteur qui ferment, vers les<br />

autres, (iii) le développement <strong>de</strong> segments très spécifiques <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction qui se développent dans le<br />

cadre d’échanges intra-branches sur le marché é<strong>la</strong>rgi (et ici <strong>la</strong> non réalisation <strong>du</strong> marché intégré Sud-<br />

Sud est un frein important), (iv) <strong>par</strong> <strong>de</strong>s investissements directs étrangers massifs qui permettent un<br />

transfert <strong>de</strong> technologie et modifient <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction, (v) <strong>par</strong> les modifications<br />

institutionnelles qui concernent en <strong>par</strong>ticulier le marché <strong>du</strong> travail (contrats temporaires à l’embauche,<br />

facilités <strong>de</strong> licenciement, croissance <strong>du</strong> sa<strong>la</strong>ire minimum liée à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> travail plutôt<br />

que <strong>de</strong>s prix,) et le régime <strong>de</strong> change (taux <strong>de</strong> change réel fixe et taux <strong>de</strong> change nominal flexible).<br />

32. Mais, malgré ce<strong>la</strong>, à court terme, se pro<strong>du</strong>it nécessairement une augmentation importante <strong>du</strong><br />

chômage, une di<strong>la</strong>tation <strong>de</strong> l’espace social <strong>du</strong> travail, un renforcement <strong>de</strong>s inégalités, toutes choses que<br />

<strong>la</strong> perspective d’adhésion a permis <strong>de</strong> supporter politiquement dans les pays <strong>de</strong> l’Est et que l’Europe a<br />

facilité grâce à l’importance <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> convergence alloués. N’ayant ni perspective d’adhésion, ni<br />

transferts gratuits <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> convergence à une échelle com<strong>par</strong>able, souffrant d’un effet <strong>de</strong> distorsion<br />

vis-à-vis <strong>de</strong> l’investissement étranger qui s’est naturellement dirigé vers <strong>de</strong>s pays dont on était certain<br />

qu’il n’y aurait pas <strong>de</strong> retour en arrière, les <strong>par</strong>tenaires méditerranéens ont suivi un chemin<br />

16


sensiblement plus lent. Comme, <strong>par</strong> ailleurs, comme on l’a dit, c’est <strong>la</strong> zone <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> en<br />

développement où le % <strong>de</strong> pauvreté absolue est le plus bas (3% à moins <strong>de</strong> 1$ <strong>par</strong> jour, 20% à 2$), ce<br />

qui correspond tout à fait à <strong>la</strong> métaphysique musulmane, on doit comprendre que les réformes <strong>du</strong><br />

marché <strong>du</strong> travail, <strong>par</strong> exemple, telles que les préconise l’expertise internationale se développent avec<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés et que les mouvements intégristes y trouvent un terreau fertile.<br />

33. C’est pour toutes ces raisons que le groupe d’experts considère qu’une Union Méditerranéenne<br />

pourvue <strong>de</strong> moyens adaptée à ses ambitions, pourrait avoir une p<strong>la</strong>ce complémentaire importante.<br />

Dans son principe, elle <strong>de</strong>vrait s’attacher à six objectifs :<br />

Offrir un cadre <strong>de</strong> dialogue politique « d’égal à égal ». Il ne s’agit plus ici <strong>de</strong> répondre à une<br />

« politique européenne » <strong>de</strong> voisinage ou autre. Il s’agit d’une stratégie politique commune<br />

spécifique couvrant les quatre aspects que sont : <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong> sécurité, l’économique et le<br />

social, <strong>la</strong> culture et <strong>la</strong> société civile, l’environnement.<br />

Etablir c<strong>la</strong>irement qu’il ne s’agit pas d’une action <strong>de</strong> substitution, mais que, au contraire,<br />

l’action engagée doit être poursuivie et approfondie. Comme il a été dit cette action qui, pour<br />

l’essentiel, concerne l’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée dans l’économie marchan<strong>de</strong> mondiale doit<br />

être accentuée. Néanmoins, <strong>la</strong> création <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne signifierait que cette<br />

action n’est pas toute l’histoire. Qu’à côté, il est nécessaire <strong>de</strong> développer une « économie<br />

re<strong>la</strong>tionnelle » tenant davantage compte <strong>de</strong>s contraintes sociales et <strong>de</strong>s contextes.<br />

Se préoccuper <strong>de</strong>s conditions initiales qui, dans tous les cas, l’expérience internationale le<br />

prouve, jouent un rôle considérable dans les résultats <strong>de</strong>s politiques d’ouverture. Il s’agit <strong>de</strong><br />

l’é<strong>du</strong>cation <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes, <strong>de</strong> certaines infrastructures vitales, <strong>du</strong> fonctionnement<br />

<strong>du</strong> secteur informel, <strong>de</strong>s inégalités territoriales, <strong>de</strong> retards institutionnels inacceptables <strong>par</strong>ce<br />

qu’ils ne remettent pas en cause en profon<strong>de</strong>ur le fonctionnement <strong>de</strong>s sociétés. Ce<strong>la</strong> veut dire<br />

qu’au lieu <strong>de</strong> retenir un modèle universel diffusé avec plus ou moins <strong>de</strong> conditionnalités et<br />

« tout azimut », l’Union Méditerranéenne cherchera à hiérarchiser les actions en fonction <strong>de</strong>s<br />

contraintes politiques démocratiquement exprimées et <strong>de</strong>s contextes sociaux.<br />

Cesser <strong>de</strong> penser que toute mesure qui augmente le gain matériel net quel que soit son effet sur<br />

l’espace social ou l’équilibre <strong>du</strong> territoire permettra ultérieurement <strong>de</strong> compenser les perdants.<br />

La compensation s’effectuant <strong>de</strong> plus en plus difficilement dans un contexte concurrentiel, les<br />

écarts se creusent. Le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté, <strong>de</strong> l’équilibre social et territorial doit<br />

intervenir en amont <strong>de</strong>s choix économiques. L’expérience récente dans certains pays comme<br />

le Liban, montre <strong>de</strong> façon éc<strong>la</strong>tante les limites d’orientations visant à majorer un gain matériel<br />

net concentré sur quelques secteurs et sur une métropole.<br />

Intégrer davantage les actions <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile et conforter les réseaux mis en p<strong>la</strong>ce. On a<br />

indiqué que <strong>par</strong>mi les succès <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone se trouvait l’exceptionnelle<br />

mobilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rives. Après <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s réseaux,<br />

d’échanges divers, doit venir une phase d’institutionnalisation sous une forme à définir. Ce<strong>la</strong><br />

est va<strong>la</strong>ble pour tous les éléments qui concernent le dialogue civil que ce soient les<br />

entrepreneurs, les syndicats, les universités ou les professionnels <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture. Le temps <strong>de</strong>s<br />

colloques, <strong>de</strong>s <strong>réuni</strong>ons sur <strong>de</strong> trop nombreux sujets est désormais dépassé. Selon le groupe<br />

d’experts, fut-ce sur un spectre ré<strong>du</strong>it d’actions, il faut <strong>de</strong>s structures opérationnelles,<br />

conjuguant l’action sous-nationale et l’action internationale, travail<strong>la</strong>nt au niveau <strong>de</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> région méditerranéenne, suffisamment dotées, capables<br />

d’apprentissage et développant une véritable expertise.<br />

Enfin, le groupe d’experts considère que plusieurs domaines <strong>de</strong> subsidiarité entre pays<br />

européens pourraient faire <strong>par</strong>tie <strong>du</strong> champ d’action <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne. La meilleure<br />

façon pour ce faire est <strong>de</strong> travailler, d’abord, sur tout ce qui n’est pas <strong>de</strong>s compétences<br />

exclusives <strong>de</strong> l’Union. Dans une perspective complémentaire, il est en effet, logique <strong>de</strong> penser<br />

17


que les méditerranéens puissent s’entendre sur <strong>de</strong>s questions centrales qui ne sont pas traitées<br />

en Europe ou qui sont c<strong>la</strong>irement considérées comme <strong>de</strong>s questions relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> souveraineté<br />

nationale. On pense ici, <strong>par</strong>ticulièrement, à l’é<strong>du</strong>cation, à <strong>la</strong> formation dans certains <strong>de</strong> ses<br />

aspects, à <strong>la</strong> culture et aux institutions sociales.<br />

Thème 4. Quelle couverture géographique <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne ?<br />

34. Le groupe d’experts considère que sur <strong>la</strong> plu<strong>par</strong>t <strong>de</strong>s sujets (à l’exception <strong>de</strong> l’environnement), <strong>la</strong><br />

couverture géographique n’est pas le critère décisif qui qualifiera le mieux l’Union Méditerranéenne.<br />

Certaines contraintes ont été néanmoins évoquées.<br />

Les <strong>par</strong>ticipants au <strong>Groupe</strong> d’experts ont c<strong>la</strong>irement convenu que cette Union<br />

Méditerranéenne, sans <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong> Maghreb au Sud et les membres <strong>de</strong> l’UE les plus<br />

directement concernés (Portugal, Espagne, France, Italie, Grèce, Chypre, Malte) aurait une<br />

faible crédibilité opérationnelle.<br />

L’Union Méditerranéenne <strong>de</strong>vrait pouvoir inclure l’Egypte, le Liban, <strong>la</strong> Syrie, <strong>la</strong> Libye,<br />

l’Autorité Palestinienne et Israël. Sur ce point, le groupe d’experts a divergé sur le fait<br />

d’inclure dès le dé<strong>par</strong>t le Moyen-Orient, pour ne pas risquer les inconvénients rencontrés dans<br />

le <strong>par</strong>tenariat <strong>de</strong> Barcelone qui avait fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix dans cette région un argument constitutif.<br />

Néanmoins, une majorité s’est dégagée pour considérer que sur les sujets abordés, l’Union<br />

Méditerranéenne aurait tout intérêt à bénéficier <strong>de</strong>s apports <strong>de</strong> ces <strong>par</strong>tenaires. En revanche, le<br />

groupe d’experts a souligné que <strong>la</strong> paix au Moyen-Orient ne pouvait être un objectif premier<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche. Plus sensible est ap<strong>par</strong>ue <strong>la</strong> question <strong>du</strong> Sahara Occi<strong>de</strong>ntal dans <strong>la</strong> mesure où<br />

l’Union Méditerranéenne n’est pas concevable sans <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> l’Algérie (et/ou <strong>du</strong> Maroc).<br />

Le point <strong>de</strong> vue <strong>du</strong> groupe d’experts est, qu’en tout état <strong>de</strong> cause, <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s conflits<br />

concernés ne doit pas être une condition pour <strong>par</strong>ticiper à l’Union, mais que <strong>de</strong>s discussions<br />

sur ces conflits doivent figurer à son agenda.<br />

L’Union Méditerranéenne <strong>de</strong>vrait être ouverte, dès le dé<strong>par</strong>t, à tout état-membre <strong>de</strong> l’UE autre<br />

que ceux cités, désireux d’y adhérer et permettre aux pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte Adriatique d’envisager<br />

d’y <strong>par</strong>ticiper. Il serait notamment extrêmement souhaitable que l’Allemagne qui s’est, <strong>de</strong>puis<br />

l’origine, impliquée <strong>de</strong> façon importante dans le <strong>par</strong>tenariat et qui est un <strong>par</strong>tenaire privilégié<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Turquie soit un moteur <strong>du</strong> projet.<br />

Selon les propositions avancées <strong>par</strong> le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, l’Union européenne, à<br />

travers ses institutions, en <strong>par</strong>ticulier <strong>la</strong> Commission, <strong>de</strong>vrait être acteur <strong>de</strong> plein droit <strong>de</strong><br />

l’Union Méditerranéenne. L’Union Européenne <strong>de</strong>vrait donc être représentée en tant que telle,<br />

via son Prési<strong>de</strong>nt, dans l’instance intergouvernementale <strong>de</strong> pilotage.<br />

La Turquie <strong>de</strong>vrait pouvoir y <strong>par</strong>ticiper également sans que ce<strong>la</strong> ne remette en cause son statut<br />

<strong>de</strong> pays p<strong>la</strong>cé dans le processus d’adhésion avec l’UE. La p<strong>la</strong>ce historique <strong>de</strong> ce pays dans <strong>la</strong><br />

structuration <strong>de</strong> l’espace méditerranéen rend cette <strong>par</strong>ticipation hautement souhaitable.<br />

A l’image <strong>de</strong> l’Union Européenne, l’Union Méditerranéenne doit être conçue comme un<br />

processus susceptible <strong>de</strong> s’é<strong>la</strong>rgir jusqu’à correspondre aux frontières actuelle <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat<br />

euro-méditerranéen.<br />

Thème 5. Quelle structure institutionnelle et quel type <strong>de</strong> gouvernance ?<br />

Les <strong>de</strong>ux options<br />

35. Dans un schéma abouti, l’Union Méditerranéenne <strong>de</strong>vrait être dotée d’une structure institutionnelle<br />

propre. Deux options ont été évoquées <strong>par</strong> le groupe d’experts. Une première option consiste à aller<br />

dès le dé<strong>par</strong>t dans <strong>la</strong> logique d’une Union accomplie, une <strong>de</strong>uxième option plus limitée, consisterait à<br />

18


entamer le processus à <strong>par</strong>tir d’une action centrée sur <strong>de</strong>s secteurs clés d’envergure régionale, action<br />

qui évoquerait <strong>la</strong> construction européenne qui a commencé avec le P<strong>la</strong>n Marshall (rappelons que le<br />

P<strong>la</strong>n Marshall consistait à transférer l’excé<strong>de</strong>nt commercial <strong>de</strong>s Etats-Unis vers l’Europe pour <strong>de</strong>s<br />

projets conjoints et qu’il a donné naissance à l’OECE <strong>de</strong>venue plus tard l’OCDE) et <strong>la</strong> CECA.<br />

Les contraintes communes aux <strong>de</strong>ux options<br />

36. En premier lieu, dans les <strong>de</strong>ux options, il est nécessaire d’avoir une structure intergouvernementale<br />

fonctionnant en codécision et fondée sur une charte précisant les valeurs <strong>par</strong>tagées et les objectifs à<br />

atteindre. Dotée d’un Haut Commissariat (solution peut être préférable à un secrétariat politique dans<br />

un souci d’efficacité), cette structure <strong>de</strong>vrait fixer les orientations et les objectifs opérationnels, faire<br />

les arbitrages nécessaires et pourrait coordonner les positions <strong>de</strong> ses membres dans les différentes<br />

instances <strong>de</strong> niveau plus élevé : <strong>par</strong>tenariat Euromed, voisinage, OMC, Nations Unies etc. sur les<br />

sujets concernés. Il est à noter que <strong>de</strong>s amorces <strong>de</strong> cette coordination existent déjà dans le dialogue<br />

5+5 et le Forum méditerranéen. Cependant, aujourd’hui, leur pouvoir formel est extrêmement faible.<br />

Pour preuve <strong>du</strong> faible poids politique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée on prendra un exemple. Lorsque que l’UE<br />

adopte une directive, ce qui prend <strong>de</strong>ux ou trois ans, elle consulte <strong>la</strong> Norvège et <strong>la</strong> Suisse qui font<br />

<strong>par</strong>tie <strong>de</strong> l’AELE, jamais le Maroc ou <strong>la</strong> Tunisie, y compris pour <strong>de</strong>s questions qui les touchent<br />

directement comme les normes environnementales ou sanitaires. Personne aujourd’hui ne considère le<br />

régime AELE comme contradictoire avec le régime <strong>de</strong> l’Union et on lui octroie un droit <strong>de</strong><br />

consultation, chose refusée aux pays méditerranéens qui doivent s’adapter à <strong>la</strong> directive venue <strong>de</strong><br />

Bruxelles.<br />

37. En second lieu, <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>s actions bi<strong>la</strong>térales s’impose au niveau régional sur les<br />

domaines retenus, <strong>de</strong> même que celles menées au niveau infranational. L’articu<strong>la</strong>tion entre les<br />

opérations <strong>de</strong> coopération décentralisées et l’action multi<strong>la</strong>térale doit être traitée <strong>de</strong> façon approfondie<br />

et pose <strong>de</strong>s questions d’une gran<strong>de</strong> complexité. C’est une question qu’a su résoudre l’UE et qui se<br />

pose dans <strong>de</strong>s termes plus difficiles étant donné le faible niveau <strong>de</strong> décentralisation au Sud.<br />

38. Enfin, dans tous les cas, il est nécessaire <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s agences spécialisées, bras armé <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

politique <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne qui auraient <strong>la</strong> responsabilité d’initier les projets, <strong>de</strong> suivre leur<br />

déroulement et d’évaluer leur résultat. L’avantage <strong>de</strong> ces agences spécialisées serait également <strong>de</strong><br />

pouvoir vérifier l’application effective et les modifications dans les pratiques consécutives aux<br />

changements légis<strong>la</strong>tifs et réglementaires acceptés et <strong>de</strong> développer une expertise qui fait aujourd’hui<br />

défaut. La métho<strong>de</strong> retenue actuellement dans le voisinage, inspiré <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est,<br />

pose <strong>de</strong>s difficultés d’application manifestes dans les pays méditerranéens. L’UE n’est pas dans <strong>la</strong><br />

même situation <strong>de</strong> négociation puisqu’elle n’offre pas <strong>de</strong> perspective d’adhésion. Dès lors, les pays qui<br />

n’ont pas besoin <strong>de</strong>s transferts gratuits refusent <strong>la</strong> conditionnalité <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’action, ou l’acceptent<br />

nominalement sans que les pratiques ne changent faute <strong>de</strong> moyens suffisants. Dans <strong>la</strong> situation<br />

actuelle, on passe souvent, sans intermédiaire doté d’une expertise, <strong>de</strong> <strong>réuni</strong>ons interministérielles sur<br />

les domaines les plus divers à <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> fonds aux administrations nationales.<br />

Première option<br />

39. Si <strong>la</strong> Charte ou le Traité est envisageable, les différentes agences <strong>de</strong> coopération nationales sur <strong>la</strong><br />

zone <strong>de</strong>vraient mettre en commun les moyens correspondants aux objectifs retenus, Un <strong>de</strong>s défauts <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> situation actuelle est que les pays méditerranéens <strong>du</strong> Sud sont en re<strong>la</strong>tion bi<strong>la</strong>térale avec <strong>de</strong><br />

nombreux donneurs, ce qui verticalise le raisonnement et interdit le développement d’une action<br />

régionale autre que centrée sur <strong>de</strong>s éléments très généraux (<strong>du</strong> domaine <strong>de</strong>s valeurs universellement<br />

acceptées dans les enceintes internationales,) et souvent contredits dans les pratiques.<br />

40. L’actuelle Assemblée <strong>par</strong>lementaire euro-méditerranéenne, <strong>de</strong>vrait se transformer en Parlement<br />

méditerranéen, sa représentativité accrue <strong>de</strong> même que ses pouvoirs. On voit mal comment l’Union<br />

Méditerranéenne pourrait fonctionner avec un <strong>par</strong>lement Euro-méditerranéen en <strong>par</strong>allèle, issu <strong>du</strong><br />

<strong>par</strong>lement européen et <strong>de</strong>s <strong>par</strong>lements nationaux <strong>de</strong>s pays <strong>du</strong> Sud.<br />

19


41. Il serait souhaitable que soit également instaurés un comité <strong>de</strong>s régions et <strong>de</strong>s villes et un conseil<br />

économique et social méditerranéens.<br />

Deuxième option<br />

42. La <strong>de</strong>uxième option s’imposerait s’il n’était pas possible <strong>de</strong> <strong>réuni</strong>r <strong>de</strong>s moyens financiers<br />

suffisants. En revanche, même dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième option, une couverture géographique incluant le<br />

Maghreb, l’Egypte, le Liban et les pays méditerranéens <strong>de</strong> l’Europe est l’épure minimale. Le principe<br />

<strong>de</strong> cette <strong>de</strong>uxième option serait <strong>de</strong> faire bien et à une échelle suffisante sur <strong>de</strong>s domaines restreints. Et<br />

ici le groupe d’experts pense que plusieurs scénarios sont à éviter.<br />

43. Le premier scénario à éviter est celui <strong>de</strong> l’UMA. On peut résumer <strong>la</strong> situation en disant que c’est<br />

une Union avec une ambition politique importante, peu <strong>de</strong> moyens opérationnels et pas <strong>de</strong> projets<br />

significatifs concrets. Le résultat est que <strong>de</strong>vant l’impuissance <strong>de</strong> l’UMA à faire avancer les conflits<br />

qui opposent ses membres et à tenir une position commune dans les enceintes <strong>de</strong> niveau plus élevé,<br />

elle a per<strong>du</strong> une gran<strong>de</strong> <strong>par</strong>tie <strong>de</strong> sa crédibilité.<br />

44. Le second, serait <strong>de</strong> couvrir un champ trop <strong>la</strong>rge avec <strong>de</strong> petits projets mal financés con<strong>du</strong>its <strong>de</strong><br />

manière administrative avec une assistance technique et une évaluation fonctionnant exclusivement en<br />

sous-traitance. Le groupe d’experts tient à dire qu’étant donné les faibles perspectives financières<br />

qu’évoquent certains, une erreur serait <strong>de</strong> faire remonter via les différents services une trentaine <strong>de</strong><br />

petits projets couvrant un champ <strong>la</strong>rge et constituant le projet d’Union Méditerranéenne, à l’abri d’une<br />

instance politique intergouvernementale. On risquerait <strong>de</strong> <strong>réuni</strong>r <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong>s ministres sur une<br />

gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> questions, à financer <strong>de</strong>s conférences, et à citer dans les conclusions <strong>de</strong>s<br />

interministérielles <strong>de</strong>s projets spécifiques représentant un très faible pourcentage <strong>du</strong> budget d’une<br />

université moyenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> région. S’il est alors re<strong>la</strong>tivement aisé <strong>de</strong> mobiliser l’opinion publique et les<br />

medias, l’effet est <strong>de</strong> court terme, permet sans doute <strong>de</strong> développer le tissu re<strong>la</strong>tionnel sur <strong>la</strong> zone<br />

d’une élite occi<strong>de</strong>ntalisée et initiée, mais contribue peu au développement et finalement discréditera à<br />

terme le projet méditerranéen.<br />

45. Dans cette <strong>de</strong>uxième option, il serait plus profitable <strong>de</strong> s’inspirer <strong>de</strong> l’exemple européen et <strong>de</strong><br />

développer dans l’Union Méditerranéenne une action multi<strong>la</strong>térale lour<strong>de</strong> sur un ou <strong>de</strong>ux champs<br />

décisifs, situés hors <strong>de</strong>s compétences spécifiques <strong>de</strong> l’UE actuelle comme l’a fait, en son temps, <strong>la</strong><br />

CECA. On pense ici, notamment, à une « communauté méditerranéenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance et <strong>de</strong>s<br />

compétences » ou à <strong>de</strong>s domaines qui concernent l’environnement (l’eau <strong>par</strong> ex.).<br />

46. Quant à <strong>la</strong> gouvernance, le dispositif financier mis en p<strong>la</strong>ce <strong>par</strong> l’UE donne les garanties<br />

nécessaires pour les contrats <strong>de</strong> sous-traitance et le contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> corruption. En revanche, un<br />

dispositif permanent d’évaluation <strong>de</strong>s résultats au regard <strong>de</strong>s objectifs qui ont été fixés, donnant ses<br />

conclusions <strong>de</strong> façon publique est à installer.<br />

Thème 6. Quelle formule juridique pour permettre une action initiée <strong>par</strong> un sous-ensemble<br />

d’Etats membres <strong>de</strong> l’Union Européenne ?<br />

47. Depuis longtemps, <strong>la</strong> différenciation, soit en rythme, soit en contenu, est une pratique admise dans<br />

l’UE. Dès l’origine, en effet, les traités ont aménagé <strong>de</strong>s régimes dérogatoires, ou organisé <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>uses<br />

<strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>, ou offert aux nouveaux membres <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s transitoires. L’Union a <strong>de</strong>puis<br />

longtemps été confrontée à <strong>la</strong> difficulté <strong>de</strong> permettre, à <strong>la</strong> fois, une Europe à géométrie variable sans<br />

tomber dans une formule à <strong>la</strong> carte. La solution retenue a été pragmatique, autorisant les Etats, dans un<br />

cadre contrôlé et organisé, à progresser solidairement mais à <strong>de</strong>s rythmes décalés.<br />

48. Une <strong>de</strong>s formes que l’on a pu observer est celle <strong>de</strong> l’indivi<strong>du</strong>alisation <strong>de</strong> l’acquis communautaire<br />

<strong>par</strong> banalisation <strong>de</strong>s formules d’opting out. C’est ainsi que le Traité <strong>de</strong> Maastricht a amorcé une<br />

logique <strong>de</strong> différenciation en matière sociale et monétaire. Alors que le Traité d’Amsterdam affichait<br />

20


<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s ambitions en matière d’espace <strong>de</strong> liberté, <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> justice, celles-ci furent ré<strong>du</strong>ites<br />

<strong>par</strong> le fait que un cinquième <strong>de</strong>s Etats membres ont obtenu, en vertu d’une série <strong>de</strong> protocoles, que le<br />

nouveau titre IV <strong>du</strong> Traité instituant <strong>la</strong> communauté européenne (TCE) ne leur soit pas opposable<br />

(notamment le Danemark, le Royaume-Uni, l’Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>).<br />

49. A cette situation qui rend difficile <strong>de</strong> considérer qu’un groupe <strong>de</strong> pays européens vou<strong>la</strong>nt renforcer<br />

leurs liens avec les <strong>par</strong>tenaires méditerranéens, contribuent à détricoter l’acquis communautaire,<br />

s’ajoutent les coopérations renforcées. Initiées à Amsterdam elles ont vu leur champ é<strong>la</strong>rgi dans le<br />

Traité <strong>de</strong> Nice à <strong>la</strong> politique étrangère et <strong>de</strong> sécurité commune (PESC). Les exigences <strong>de</strong>s<br />

coopérations renforcées sont les suivantes :<br />

Les coopérations renforcées doivent répondre aux exigences générales <strong>du</strong> Traité <strong>de</strong> l’Union<br />

Européenne (art. 40 TUE). Les Etats membres peuvent y avoir recours à <strong>la</strong> condition que <strong>la</strong><br />

coopération envisagée ten<strong>de</strong> à favoriser <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> l’Union et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Communauté, à préserver leurs intérêts et à renforcer leur processus d’intégration. Ceci est<br />

manifestement le cas pour l’Union Méditerranéenne.<br />

Pour écarter <strong>la</strong> menace d’une fragmentation, <strong>la</strong> <strong>par</strong>ticipation <strong>de</strong> huit Etats membres est<br />

nécessaire.<br />

Elles ne peuvent être engagées que si le Conseil juge que les objectifs proposés ne peuvent<br />

être atteints dans un dé<strong>la</strong>i raisonnable en appliquant les dispositions correspondantes <strong>de</strong>s<br />

traités (art. 43A, TUE). Ceci p<strong>la</strong>i<strong>de</strong> pour une ambition <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne<br />

complémentaire à celle <strong>du</strong> <strong>par</strong>tenariat et axée sur <strong>de</strong>s sujets spécifiques.<br />

Les coopérations renforcées sont ouvertes à tous les Etats membres et à tout moment, sous<br />

réserve pour les Etats qui entendraient les rejoindre <strong>de</strong> respecter <strong>la</strong> décision initiale, ainsi que<br />

les décisions prises dans ce cadre (art. 43B, TUE). Il s’agit pour le groupe d’experts d’un point<br />

important qui implique que l’Union Méditerranéenne soit ouverte à tous les Etats membres.<br />

Les coopérations renforcées doivent respecter les traités et le cadre institutionnel unique <strong>de</strong><br />

l’Union (art. 43b), elles doivent respecter aussi l’acquis communautaire primaire et dérivé (art.<br />

43c) ainsi que les compétences, droits et obligations <strong>de</strong>s Etats qui n’y <strong>par</strong>ticipent pas. Elles ne<br />

doivent pas empiéter sur les domaines relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence exclusive <strong>de</strong> l’Union, ne pas<br />

provoquer <strong>de</strong> discrimination aux échanges, ni <strong>de</strong> distorsion <strong>de</strong> concurrence.<br />

La Commission a un véritable pouvoir <strong>de</strong> veto sur le pilier I c’est-à-dire le pilier qui concerne,<br />

notamment, l’action commerciale, <strong>la</strong> concurrence et le développement. Le souci d’articuler <strong>de</strong><br />

façon complémentaire l’action économique <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne avec le <strong>par</strong>tenariat et<br />

<strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinage est donc, comme on l’a dit, un impératif.<br />

Sur les autres piliers (PESC, JAI) le Conseil délibère et l’adoption <strong>de</strong>s décisions est limitée<br />

aux Etats membres <strong>par</strong>tis à <strong>la</strong> coopération renforcée. Le rôle <strong>du</strong> Parlement a été renforcé dans<br />

<strong>la</strong> <strong>par</strong>tie III <strong>du</strong> Traité établissant une constitution pour l’Europe (TECE) dont l’approbation est<br />

désormais requise.<br />

50. Dans le cas présent, le groupe d’experts considère qu’aller vers une coopération renforcée est <strong>la</strong><br />

solution juridique <strong>la</strong> plus favorable pour l’Union Méditerranéenne si celle-ci veut bénéficier <strong>du</strong> soutien<br />

<strong>de</strong> l’UE. Les coopérations renforcées sont <strong>de</strong> moins en moins perçues comme <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong><br />

délitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> cohésion communautaire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> solidarité européenne, donc <strong>par</strong>faitement justifiées<br />

ici.<br />

51. Cependant, les coopérations renforcées ne peuvent se faire qu’entre Etats-membres ce qui a <strong>de</strong>ux<br />

conséquences : (i) ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>vient une initiative européenne proposée aux pays méditerranéens <strong>du</strong> Sud ce<br />

qui n’est pas, en soi, un inconvénient si le dispositif fonctionne sur le mo<strong>de</strong> d’une codécision véritable,<br />

21


(ii) Bruxelles <strong>de</strong>vient <strong>la</strong> clé <strong>de</strong> voûte <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne à <strong>par</strong>tir d’une impulsion <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Commission.<br />

52. L’autre démarche est celle <strong>de</strong>s pays baltes qui ont <strong>réuni</strong> un certain nombre d’Etats, <strong>de</strong> villes,<br />

d’ONG ap<strong>par</strong>tenant à l’UE et d’autres n’y ap<strong>par</strong>tenant pas. Cette action a visé à approfondir certains<br />

sujets pour, ultérieurement, les intro<strong>du</strong>ire dans les politiques européennes. C’est <strong>par</strong> sa capacité <strong>de</strong><br />

proposition, <strong>de</strong> lobbying et <strong>de</strong> <strong>réuni</strong>on dans un dispositif coordonné <strong>de</strong>s Etats, <strong>de</strong>s acteurs<br />

infranationaux et <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile que l’expérience <strong>de</strong>s Etats baltes est intéressante pour <strong>la</strong><br />

Méditerranée. Mais son but ultime étant l’adhésion <strong>de</strong>s pays concernés (ce qui pose aujourd’hui <strong>de</strong>s<br />

difficultés à son fonctionnement <strong>du</strong> fait <strong>de</strong>s succès obtenus <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue), cette expérience ne<br />

peut suffire à qualifier l’Union Méditerranéenne qui <strong>réuni</strong>t <strong>de</strong>s pays pour lesquels l’adhésion est<br />

exclue.<br />

53. En conclusion à ce point, le groupe d’experts recomman<strong>de</strong> d’aller vers une coopération renforcée<br />

sur <strong>de</strong>s sujets spécifiquement méditerranéens aujourd’hui insuffisamment traités dans le cadre <strong>de</strong>s<br />

politiques existantes et/ou couvrant <strong>de</strong>s domaines situés en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s politiques spécifiques <strong>de</strong><br />

l’Union Européenne. L’Union Méditerranéenne trouvera d’autant mieux sa p<strong>la</strong>ce qu’elle se situera aux<br />

marges <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> l’Union Européenne. Ce<strong>la</strong> ne veut pas dire qu’il s’agira <strong>de</strong> questions<br />

marginales, au contraire, car ces marges concernent <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> subsidiarité sur lesquels l’Union<br />

n’a pu avancer. D’une certaine façon, ce serait une sorte <strong>de</strong> coopération renforcée au cœur <strong>du</strong><br />

processus <strong>de</strong> Barcelone. Comme l’a dit un entrepreneur <strong>par</strong>ticipant au groupe d’experts : « d’abord<br />

mettez vous d’accord sur un certain nombre <strong>de</strong> choses essentielles qui concernent le développement,<br />

ensuite mesurez l’impact extraordinaire <strong>de</strong> cette idée d’Union Méditerranéenne, c’est une belle utopie<br />

où un vrai méditerranéen se reconnaîtra, enfin, il faut engager <strong>de</strong> façon décidée un processus et <strong>la</strong>ncer<br />

une action qui doit tendre vers cette Union. Et il est c<strong>la</strong>ir, à terme, que ce processus entraînera dans<br />

son sil<strong>la</strong>ge et développera tout ce qui a été déjà fait ».<br />

Thème 7. Quelles sont les priorités qui seraient mieux couvertes <strong>par</strong> l’Union Méditerranéenne<br />

que <strong>par</strong> les dispositifs actuels et lui assureraient une crédibilité ?<br />

54. Si le but <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne est <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ire <strong>par</strong> un processus endogène fondé sur le<br />

dialogue à un espace méditerranéen convergent et cohérent tout en respectant <strong>la</strong> diversité et les<br />

i<strong>de</strong>ntités culturelles, quatre domaines émergent. Ce sont : (i) les domaines qui relèvent <strong>de</strong>s actions<br />

complémentaires pour faciliter l’adaptation et <strong>la</strong> convergence économique et sociale, (ii) ceux qui<br />

concernent <strong>la</strong> connaissance, les compétences et leur transfert, (iii) ceux qui relèvent <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture,<br />

(iv) ceux qui ont trait à l’environnement.<br />

L’action sur les conditions initiales et sur les difficultés d’adaptation<br />

56. Comme on l’a dit, si le processus <strong>de</strong> Barcelone a bien poussé les pays méditerranéens à s’ouvrir<br />

aux échanges et a permis d’obtenir <strong>de</strong>s effets dynamiques, il n’a pas suffi à déclencher un processus <strong>de</strong><br />

convergence avec l’UE. Deux raisons seront plus <strong>par</strong>ticulièrement évoquées dans ce point: (i) <strong>la</strong><br />

première est qu’il n’a pas pu, <strong>par</strong> manque <strong>de</strong> moyens et d’ambition, s’attaquer à <strong>la</strong> modification <strong>de</strong>s<br />

conditions initiales en vigueur avant <strong>la</strong> phase d’ouverture <strong>de</strong>s économies, (ii) <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>, est qu’il<br />

n’était pas armé intellectuellement et financièrement pour faciliter les ajustements inévitables.<br />

57. L’Union Méditerranéenne <strong>de</strong>vrait pouvoir prendre en considération certains retards structurels qui<br />

ne sont pas pris en compte dans le <strong>par</strong>tenariat. Certains <strong>de</strong> ces retards concernent les infrastructures,<br />

d’autres les institutions.<br />

58. Pour ce qui est <strong>de</strong>s infrastructures, <strong>la</strong> région a pris un retard sensible <strong>du</strong> fait <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns<br />

d’ajustement structurels mis en p<strong>la</strong>ce dans les années 80 et <strong>du</strong> dé<strong>la</strong>i (25 ans) qu’a pris <strong>la</strong> substitution<br />

<strong>de</strong> l’investissement privé à l’investissement public. Ces infrastructures sont indispensables pour<br />

bénéficier pleinement <strong>de</strong> l’ouverture et attirer les imp<strong>la</strong>ntations d’entreprises. On voit bien le rôle joué<br />

<strong>par</strong> l’extension <strong>du</strong> port <strong>de</strong> Tanger, extension qui est c<strong>la</strong>irement liée à <strong>la</strong> décision prise <strong>par</strong><br />

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Renault/Toyota <strong>de</strong> réaliser une très importante imp<strong>la</strong>ntation au Maroc. Les infrastructures peuvent<br />

également jouer un rôle symbolique considérable en rapprochant les peuples <strong>du</strong> Sud, à l’image <strong>du</strong> rôle<br />

joué <strong>par</strong> le tunnel sous <strong>la</strong> manche en Europe. Il n’est pas douteux qu’un TGV Alexandrie-Casab<strong>la</strong>nca,<br />

<strong>par</strong> exemple, serait un moyen puissant pour faire accepter <strong>par</strong> l’opinion publique les abandons <strong>de</strong><br />

souveraineté nécessaires pour avancer sur un dossier comme le conflit <strong>du</strong> Sahara occi<strong>de</strong>ntal. Bien<br />

d’autres projets <strong>de</strong> ce type sont évi<strong>de</strong>mment envisageables. L’histoire a été jalonnée <strong>de</strong> projets <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> envergure qui ont modifié les perceptions <strong>de</strong>s peuples, <strong>la</strong> géographie et joué un rôle central<br />

dans le développement <strong>de</strong> régions entières. Sur <strong>la</strong> Méditerranée ces projets font aujourd’hui<br />

gran<strong>de</strong>ment défaut et le groupe d’experts considère qu’une <strong>de</strong>s fonctions importante <strong>de</strong> l’Union<br />

Méditerranéenne serait <strong>de</strong> promouvoir <strong>de</strong>s projets d’infrastructures significatifs à <strong>de</strong>stination<br />

régionale.<br />

59. Les retards institutionnels doivent également être pris en compte. Ils le sont dans les p<strong>la</strong>ns<br />

d’action <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinage mais sur une base peu hiérarchisée et fondée sur <strong>de</strong>s benchmarks<br />

universels (world business) qui ne tiennent pas compte <strong>de</strong>s contextes. Une action complémentaire <strong>de</strong><br />

l’Union Méditerranéenne pourrait être d’approfondir les objectifs à atteindre à un niveau régional, <strong>de</strong><br />

mieux cibler certaines actions incontournables qui ne remettent pas en cause <strong>la</strong> souveraineté nationale.<br />

On indiquera que pour conforter <strong>la</strong> sécurité juridique <strong>de</strong>s investisseurs et renforcer <strong>la</strong> force <strong>de</strong><br />

l’ancrage à l’Union Méditerranéenne, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une instance <strong>de</strong> règlement <strong>de</strong>s conflits<br />

commerciaux (tribunal arbitral au niveau <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne <strong>par</strong> ex.) s’impose aujourd’hui.<br />

A ce<strong>la</strong> s’ajoute une action massive (et peu coûteuse) sur <strong>de</strong>s questions qui p<strong>la</strong>cent <strong>la</strong> région à <strong>de</strong>s<br />

niveaux bas dans les benchmark internationaux et qui ne posent pas <strong>de</strong> difficultés majeures sur le p<strong>la</strong>n<br />

sociétal : ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is pour créer une entreprise, diminution <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> formu<strong>la</strong>ires en<br />

instal<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s guichets uniques, modification <strong>de</strong>s <strong>du</strong>rées d’instruction <strong>de</strong>s tribunaux <strong>de</strong> commerce,<br />

diminution <strong>de</strong> l’apport en capital, facilitation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’obtention <strong>de</strong> crédits etc.<br />

60. Le groupe d’experts a également insisté sur <strong>la</strong> nécessité pour l’Union Méditerranéenne <strong>de</strong> prendre<br />

en compte le coût social <strong>de</strong>s ajustements liés à l’ouverture et <strong>de</strong> chercher à éviter que celui-ci ne se<br />

tra<strong>du</strong>ise <strong>par</strong> une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté (qui en aucun cas ne peut se pro<strong>du</strong>ire, même à court<br />

terme, pour <strong>de</strong>s raisons politiques évi<strong>de</strong>ntes) et <strong>de</strong>s inégalités (qui doivent être temporaires et bien<br />

compensées). Ce<strong>la</strong> suppose une évolution intellectuelle sensible <strong>par</strong> rapport aux pratiques actuelles.<br />

On donnera ici quelques repères sur une question fondamentale.<br />

La première nécessité est <strong>de</strong> bien se convaincre que lors d’une opération d’ouverture<br />

internationale <strong>par</strong> mise en œuvre d’une zone <strong>de</strong> libre-échange, il y a, à court terme, <strong>de</strong>s<br />

gagnants et <strong>de</strong>s perdants. Le processus qui con<strong>du</strong>it incontestablement à long terme à un gain<br />

net général, pose à court terme, dans le contexte <strong>de</strong>s pays méditerranéens, <strong>de</strong>s difficultés<br />

<strong>par</strong>ticulières qui risquent <strong>de</strong> remettre tout le processus d’ouverture en cause, surtout, si<br />

<strong>par</strong>allèlement, <strong>la</strong> démocratie se développe. Les pays d’Europe <strong>de</strong> l’Est qui ont vécu dans les<br />

années 90 cette phase <strong>de</strong> transition ont tous eu à supporter une considérable augmentation<br />

temporaire <strong>du</strong> chômage et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté. Cette phase a pu être dépassée et le régime <strong>de</strong><br />

croissance être sensiblement amélioré dans les années 2000, grâce à <strong>la</strong> perspective d’adhésion<br />

à l’UE, perspective que les pays méditerranéens <strong>du</strong> Sud n’ont pas. La conséquence est : (i) que<br />

<strong>la</strong> philosophie visant exclusivement à penser que pourvu que le gain matériel net augmente<br />

(quels que soient les bénéficiaires), il sera toujours possible <strong>de</strong> compenser les perdants, est<br />

inappropriée, (ii) qu’il convient en amont <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision économique <strong>de</strong> choisir les actions et<br />

les secteurs qui conjuguent un objectif d’efficience économique et un objectif <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> pauvreté et <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> l’inégalité. Et ici l’Union Méditerranéenne aura besoin d’une<br />

expertise importante et stable, au fait <strong>de</strong>s difficultés posées <strong>par</strong> l’économie informelle, les<br />

systèmes ruraux, les périphéries urbaines.<br />

La <strong>de</strong>uxième nécessité est <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce une action proactive visant à <strong>la</strong> convergence <strong>de</strong>s<br />

situations et <strong>de</strong>s territoires avec <strong>de</strong>s moyens financiers suffisants. Il s’agit simplement<br />

d’étendre à <strong>la</strong> Méditerranée <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong> l’Union Européenne qui a toujours associé marché<br />

et convergence. Compte tenu <strong>de</strong> l’approche choisie, <strong>de</strong>s sommes mises en œuvre, il est c<strong>la</strong>ir<br />

23


qu’aujourd’hui <strong>la</strong> politique méditerranéenne <strong>de</strong> l’Europe ne le fait pas, élément que <strong>de</strong>vra<br />

prendre en compte <strong>de</strong> façon complémentaire l’Union Méditerranéenne si <strong>la</strong> situation n’évolue<br />

pas.<br />

La troisième nécessité est <strong>de</strong> rendre plus efficace le fonctionnement <strong>de</strong>s institutions sociales<br />

<strong>de</strong>s pays <strong>du</strong> Sud et <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s politiques d’aménagement <strong>du</strong> territoire en aidant à une<br />

plus gran<strong>de</strong> décentralisation.<br />

La connaissance et les compétences<br />

61. La connaissance, sa généralisation, <strong>la</strong> façon dont elle est appropriée <strong>par</strong> les citoyens et les<br />

entreprises est à <strong>la</strong> base <strong>du</strong> développement futur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée. Il faut à <strong>la</strong> fois retrouver <strong>de</strong>s lieux<br />

d’échanges qui évoquent <strong>la</strong> Maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sagesse <strong>de</strong> Bagdad où <strong>la</strong> philosophie grecque se mesurait à<br />

<strong>la</strong> métaphysique musulmane, <strong>la</strong> complicité entre Averroès et les philosophes <strong>la</strong>tins, <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Renaissance où fleurissaient les concours <strong>de</strong> mathématiques en Italie et le dynamisme <strong>de</strong>s précurseurs<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> science mo<strong>de</strong>rne qui ont lutté avec courage pour défendre les « principes <strong>du</strong> raisonnement<br />

rationnel et une éthique <strong>de</strong> l’évi<strong>de</strong>nce et <strong>de</strong> <strong>la</strong> preuve », probablement une <strong>de</strong>s valeurs les plus<br />

importantes à diffuser aujourd’hui en Méditerranée.<br />

62. La connaissance c’est aussi <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> l’autre, <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> pouvoir communiquer<br />

avec lui, <strong>de</strong> <strong>par</strong>ler sa <strong>la</strong>ngue, <strong>de</strong> savoir le respecter <strong>par</strong>ce que l’on connaît sa culture. Un <strong>de</strong>s principaux<br />

problèmes en Méditerranée est que <strong>la</strong> communication est asymétrique et que les européens cherchent à<br />

retrouver chez l’autre leur propre <strong>la</strong>ngage.<br />

63. La connaissance, c’est une économie fondée sur le savoir, l’innovation, les nouvelles<br />

technologies, économie <strong>la</strong>rgement orientée vers les services qui repose davantage sur <strong>de</strong> vraies<br />

compétences à différents niveaux, plutôt que sur <strong>de</strong>s diplômes marqués <strong>par</strong> <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong><br />

socialisation nationales. Cette économie <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance qui est également à l’agenda <strong>de</strong> Lisbonne<br />

en Europe, a le grand avantage <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> richesse avec <strong>de</strong>s doses re<strong>la</strong>tivement faibles <strong>de</strong><br />

capital, d’être fortement créatrice d’emplois et <strong>de</strong> permettre aux nouveaux entrants sur le marché <strong>du</strong><br />

travail (les jeunes) d’être valorisés <strong>par</strong> rapport à leurs aînés.<br />

64. La connaissance, c’est, enfin, le moyen <strong>de</strong> faciliter <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes, grâce<br />

aux apports <strong>de</strong> l’échange <strong>de</strong> savoirs, <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> co<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> grilles d’interprétation <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> réel,<br />

qui peuvent être différents, mais dont on connaît l’intérêt et dont on sait mesurer <strong>la</strong> valeur.<br />

65. Plusieurs membres <strong>du</strong> groupe d’experts ont insisté sur l’intérêt qu’il y aurait à installer « une<br />

communauté méditerranéenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance et <strong>de</strong>s compétences » qui aurait pour agenda <strong>de</strong><br />

structurer ensemble, sur <strong>de</strong>s projets significatifs, les éléments précé<strong>de</strong>nts. Pour donner une première<br />

idée <strong>de</strong>s orientations opérationnelles que pourrait chercher à développer cette communauté via <strong>de</strong>s<br />

institutions à définir (haut commissariat ou agence <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne ou direction<br />

spécialisée <strong>de</strong> l’UE) le groupe d’experts suggère trois projets prioritaires au niveau régional.<br />

66. Le premier projet <strong>de</strong>vrait concerner l’é<strong>du</strong>cation et <strong>la</strong> formation qui est sans doute le plus bel<br />

exemple <strong>de</strong> subsidiarité en Europe et qui con<strong>du</strong>it, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s prérogatives nationales, à<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés pour instaurer <strong>de</strong>s coopérations. Ce sujet que l’Europe n’a pu entamer que <strong>de</strong><br />

façon informelle et <strong>par</strong>cel<strong>la</strong>ire, notamment au niveau le plus important qui est celui <strong>de</strong> l’enseignement<br />

<strong>de</strong> base (primaire, secondaire), est un enjeu majeur pour le mouvement <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes. Le<br />

point <strong>de</strong> vue <strong>du</strong> groupe d’experts est que l’on ne peut pas définir un modèle politique sur <strong>la</strong> mobilité,<br />

sans s’intéresser à l’emploi, à l’é<strong>du</strong>cation et à <strong>la</strong> formation. Il y a plusieurs raisons pour ce<strong>la</strong> :<br />

En premier lieu, cet ensemble <strong>de</strong> questions constitue le pendant positif <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong><br />

sécurité et <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> l’immigration, dans <strong>la</strong> mesure où il offre une sortie <strong>par</strong> le haut et un<br />

moyen d’apprécier le potentiel qu’amène un migrant lorsqu’il se dép<strong>la</strong>ce. Il ne s’agit pas<br />

24


simplement d’un système <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s diplômes mais d’un système <strong>de</strong><br />

reconnaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>du</strong> capital humain et <strong>de</strong> sa valeur re<strong>la</strong>tive.<br />

En second lieu, l’é<strong>du</strong>cation est le noyau <strong>du</strong>r institutionnalisé <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture qui peut jouer un<br />

rôle important pour conjurer les oppositions entre <strong>de</strong>ux traditions culturelles et é<strong>du</strong>catives<br />

dans un <strong>de</strong>s lieux au mon<strong>de</strong> les plus chargés d’histoire. Il n’y a pas aujourd’hui d’instance<br />

ouverte et <strong>par</strong>itaire discutant <strong>de</strong> cette question en Méditerranée. Le seul fait d’accepter <strong>de</strong><br />

l’installer, sans calendrier et obligation <strong>de</strong> résultat, aurait un impact considérable pour l’Union<br />

Méditerranéenne.<br />

En troisième lieu, il existe aujourd’hui une très gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au Sud malgré les gran<strong>de</strong>s<br />

différences entre les systèmes é<strong>du</strong>catifs. Ce<strong>la</strong> tient au fait qu’après les indépendances, les pays<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> rive Sud ont massivement investi dans l’é<strong>du</strong>cation, au point que celle-ci représente<br />

sensiblement plus en termes budgétaires que les autres pays <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> à niveau <strong>de</strong><br />

développement com<strong>par</strong>able. Mais leur dispositif est peu efficient et souffre <strong>de</strong> défauts<br />

d’organisation patents auxquels les pays européens, confrontés aux mêmes questions,<br />

commencent à apporter <strong>de</strong>s réponses.<br />

En quatrième lieu, les questions qui touchent à l’é<strong>du</strong>cation et à <strong>la</strong> formation constituent un<br />

champ <strong>par</strong>ticulièrement adapté à <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration entre l’intergouvernemental, <strong>la</strong> coopération<br />

infranationale et l’intervention <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile. De nombreuses actions <strong>de</strong> coopération<br />

décentralisées se développent aujourd’hui dans ce champ. Le présent projet <strong>de</strong>vrait permettre<br />

d’obtenir un saut d’échelle en généralisant les meilleures pratiques, et en développant d’autres.<br />

67. Un certain nombre d’actions nécessiteraient un appui lourd. On pense ici à <strong>la</strong> réalisation d’écoles<br />

d’ingénieurs, d’Instituts <strong>de</strong> technologies (cf. le rôle <strong>de</strong>s sept instituts <strong>de</strong> technologies installés en<br />

Tunisie), à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une action massive visant à éradiquer l’analphabétisme qui touche<br />

encore, dans certains pays, près <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Mais d’autres interventions sont moins<br />

coûteuses et susceptibles <strong>de</strong> progrès importants à moyen terme :<br />

La première, est <strong>la</strong> définition conjointe d’un socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong><br />

compétences qui pourrait se situer à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire. La France est aujourd’hui<br />

plongée dans cette question, l’Espagne et l’Italie également. Pourquoi ne pas entamer <strong>de</strong>s<br />

discussions pour aboutir à une épure voisine au niveau <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne ? On<br />

objectera que les cultures sont différentes, ciblons certaines compétences (calcul,<br />

informatique, maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue nationale, histoire) et ouvrons <strong>de</strong>s options tenant compte<br />

<strong>de</strong>s <strong>par</strong>ticu<strong>la</strong>rités culturelles. Discuter <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> ce socle aurait à l’évi<strong>de</strong>nce un<br />

immense impact pour le <strong>la</strong>ncement <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne et indiquerait au mon<strong>de</strong> que<br />

ce que l’UE ne sait pas faire, l’Union Méditerranéenne le tente.<br />

La <strong>de</strong>uxième, concerne <strong>de</strong>s questions touchant plus directement à l’organisation :<br />

(i) La formation <strong>de</strong>s maîtres qui doit profondément évoluer. Pourquoi ne pas favoriser <strong>la</strong><br />

circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s maîtres <strong>par</strong> un système <strong>de</strong> bourses (objectif beaucoup moins coûteux qu’un<br />

Erasmus méditerranéen, dispositif qui aurait <strong>de</strong>ux inconvénients majeurs, pousser au<br />

brain-drain, faire <strong>de</strong> fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> sélection adverse au profit <strong>de</strong>s couches favorisées et<br />

occi<strong>de</strong>ntalisées) ? Un dispositif <strong>de</strong> ce type aurait, en effet, l’intérêt <strong>de</strong> mobiliser une élite<br />

« cachée » aujourd’hui dé<strong>la</strong>issée au profit d’un millier d’experts <strong>de</strong> bonne qualité, mais<br />

qui monopolisent les colloques, les contrats <strong>de</strong> sous-traitance, les postes dans les<br />

organisations internationales.<br />

(ii) Le développement <strong>du</strong> lien entre <strong>la</strong> formation et le développement économique, avec, en<br />

<strong>par</strong>ticulier, les questions re<strong>la</strong>tives à l’orientation et au développement <strong>de</strong>s cycles<br />

technologiques et professionnels courts.<br />

25


(iii) Des questions communes en matière <strong>de</strong> management <strong>de</strong> systèmes é<strong>du</strong>catifs qui ont pour<br />

propriété d’être <strong>de</strong>s systèmes d’enseignement <strong>de</strong> masse : mise au point d’outils <strong>de</strong><br />

pilotage, <strong>de</strong> systèmes d’information et <strong>de</strong> mécanismes d’évaluation.<br />

(iv) La mise au point d’une ingénierie <strong>de</strong>s LMD qui est également aujourd’hui une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

forte émanant notamment <strong>de</strong> l’Algérie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie et <strong>du</strong> Maroc.<br />

68. Le <strong>de</strong>uxième projet <strong>de</strong>vrait concerner <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> savoir et <strong>la</strong> recherche.<br />

Un <strong>de</strong>s déséquilibres les plus frappants aujourd’hui entre les <strong>de</strong>ux rives <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée est <strong>la</strong><br />

disproportion entre les capacités <strong>de</strong> recherche. La recherche au Sud est squelettique, peu considérée,<br />

car elle joue un rôle marginal dans <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> savoir et ses acteurs sont dans <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong><br />

découragement. C’est à l’évi<strong>de</strong>nce son développement qui permettra une meilleure interprétation <strong>du</strong><br />

réel et <strong>de</strong> faire un pas vers <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnité. L’Union Méditerranéenne <strong>de</strong>vrait viser à opérer un véritable<br />

saut quantitatif et qualitatif dans ce domaine. Les moyens à envisager qui vont bien au <strong>de</strong>là d’une<br />

<strong>par</strong>ticipation aux PCRD européens sont les suivants :<br />

Faciliter les coopérations entre <strong>la</strong>boratoires <strong>de</strong> recherche <strong>par</strong> <strong>de</strong>s programmes pilotés <strong>par</strong> une<br />

agence méditerranéenne, qui pourrait travailler dans le cadre <strong>du</strong> VIIème programme cadre <strong>de</strong><br />

recherche <strong>de</strong> l’UE et s’appuyer sur le programme d’interconnexion <strong>de</strong> ban<strong>de</strong> <strong>la</strong>rge (Euro-Med<br />

Connect).<br />

Rendre complète <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s chercheurs, en s’appuyant sur le programme TEMPUS qui<br />

existe entre les pays <strong>de</strong> l’Euromed,<br />

Cibler certains secteurs <strong>par</strong>ticuliers où <strong>la</strong> rive Sud à <strong>de</strong>s compétences et à forte connotation<br />

sociale (en <strong>par</strong>ticulier <strong>la</strong> santé).<br />

Faire un effort <strong>par</strong>ticulier sur les sciences dites <strong>du</strong>res, et retrouver une tradition<br />

méditerranéenne aujourd’hui dis<strong>par</strong>ue. De nombreux indices montrent, en effet, les capacités<br />

<strong>par</strong>ticulières <strong>de</strong>s étudiants arabes (notamment issus <strong>de</strong>s écoles religieuses) en mathématiques,<br />

sciences <strong>du</strong>res et mé<strong>de</strong>cine. Développer ces capacités, les structurer en re<strong>la</strong>tion avec <strong>de</strong>s<br />

dispositifs <strong>de</strong> recherche européens, permettre qu’elles se développent sur p<strong>la</strong>ce, réhabiliter le<br />

statut <strong>de</strong> chercheur (aujourd’hui, le chercheur qui réussit vise un poste dans une<br />

administration), installer <strong>de</strong>s bibliothèques disposant <strong>de</strong>s ouvrages internationaux et <strong>de</strong>s<br />

dispositifs numériques, encourager l’édition et <strong>la</strong> diffusion <strong>par</strong> internet, est une urgence<br />

absolue.<br />

69. Le troisième projet, concerne plus directement ce qu’il est convenu d’appeler « l’économie fondée<br />

sur <strong>la</strong> connaissance ». Il s’agit <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s dispositifs permettant <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire <strong>du</strong> savoir<br />

opérationnel, <strong>de</strong> le diffuser, <strong>de</strong> le renouveler <strong>de</strong> matière permanente (dans l’économie <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

connaissance le rythme <strong>de</strong> renouvellement <strong>du</strong> savoir, donc l’innovation, est plus important que son<br />

stock) et <strong>de</strong> faire en sorte qu’il soit approprié <strong>par</strong> les entreprises et les administrations. Cette question<br />

qu’ont désormais prise à bras le corps <strong>la</strong> Tunisie, le Maroc et l’Egypte et qui est maintenant à l’ordre<br />

<strong>du</strong> jour en Algérie, est décisive pour augmenter le rythme <strong>de</strong> croissance, développer <strong>de</strong> nouvelles<br />

spécialisations et employer <strong>la</strong> jeunesse. Elle pourrait être soutenue <strong>par</strong> quatre opérations :<br />

La première, consiste à installer une agence méditerranéenne <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

recherche <strong>du</strong> type Anvar qui soutiendrait <strong>de</strong>s projets sélectionnés pour les amener à <strong>la</strong> phase<br />

d’opérationnalité, qui financerait les dépôts <strong>de</strong> brevets internationaux (dont le coût est très<br />

élevé) et qui ai<strong>de</strong>rait à pré<strong>par</strong>er les dossiers <strong>de</strong> financement et les business p<strong>la</strong>n permettant<br />

d’installer <strong>de</strong>s entreprises. Il est à noter que l’Etat peut jouer un rôle important dans<br />

l’émergence <strong>de</strong> ces projets soit <strong>par</strong> sa stratégie in<strong>du</strong>strielle (cf. le programme « Emergence »<br />

au Maroc), soit en créant un marché. Ainsi, <strong>par</strong> exemple, l’Algérie qui a décidé <strong>de</strong> <strong>la</strong>ncer un<br />

programme <strong>de</strong> construction d’un million <strong>de</strong> logements pourrait déci<strong>de</strong>r d’en réserver une <strong>par</strong>t<br />

importante à <strong>de</strong>s logements respectant <strong>de</strong>s conditions d’économie d’énergie et<br />

26


d’environnement <strong>par</strong>ticulières. Une comman<strong>de</strong> publique <strong>de</strong> ce type, appuyée <strong>par</strong> une agence<br />

<strong>du</strong> type « Anvar Méditerranéenne », contribuerait à l’ap<strong>par</strong>ition <strong>de</strong> nouvelles entreprises<br />

algériennes ou mixtes, porteuses <strong>de</strong> nouvelles spécialisations.<br />

La secon<strong>de</strong>, viserait à consoli<strong>de</strong>r un réseau <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité ou technologiques en<br />

Méditerranée. Plusieurs pôles technologiques ont vu le jour en Méditerranée Sud ces <strong>de</strong>rnières<br />

années qui ont besoin d’une assise plus forte et d’une plus gran<strong>de</strong> ouverture sur le mon<strong>de</strong>.<br />

La troisième, vise le développement <strong>du</strong> secteur <strong>de</strong>s TIC et surtout leur appropriation privée,<br />

qui est en soi un facteur <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> l’économie fondée sur <strong>la</strong> connaissance. De<br />

nombreuses initiatives se sont développées en Europe ces <strong>de</strong>rnières années qui pourraient être<br />

considérées, elles vont <strong>du</strong> financement d’ordinateurs portables aux élèves <strong>de</strong>s collèges, à<br />

l’instal<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> netcafés, en passant <strong>par</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> bornes publiques, au<br />

développement <strong>de</strong> nombreuses formations professionnelles touchant ce secteur (webmasters<br />

notamment) et à celui <strong>de</strong>s pépinières d’entreprises. Certaines <strong>de</strong> ces initiatives sont reprises au<br />

Sud <strong>de</strong> façon empirique (et <strong>par</strong>fois temporaire) sans que l’on ait une idée c<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> leur impact.<br />

Une cellule stratégique visant l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> literacy numérique au Sud, les moyens <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> développer et <strong>de</strong> l’intro<strong>du</strong>ire dans les pratiques pourrait être une contribution importante <strong>de</strong><br />

l’Union Méditerranéenne. Notons qu’elle impliquera <strong>de</strong>s discussions al<strong>la</strong>nt bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s<br />

aspects techniques car elles toucheront nécessairement aux libertés et aux mœurs. Le point <strong>de</strong><br />

vue <strong>du</strong> groupe d’experts est qu’il ne faut pas craindre <strong>de</strong> les abor<strong>de</strong>r dans <strong>de</strong>s instances<br />

spécialisées travail<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> façon ouverte (forums ou autres) car elles sont décisives.<br />

La quatrième, vise <strong>la</strong> compétence et son accréditation. Pour développer <strong>la</strong> mobilité,<br />

permettre <strong>de</strong> mesurer le capital humain, le faire progresser <strong>par</strong> <strong>la</strong> formation professionnelle et<br />

<strong>la</strong> formation continue tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, il est nécessaire <strong>de</strong> briser le monopole <strong>du</strong> diplôme<br />

et <strong>de</strong> l’ancienneté, comme dispositif <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualification. Il s’agirait ici <strong>de</strong> définir, à<br />

l’échelle méditerranéenne avec les représentants <strong>de</strong>s professions, un certain nombre <strong>de</strong><br />

compétences professionnelles et techniques, d’i<strong>de</strong>ntifier leur contenu et d’accréditer leur<br />

obtention. Ce<strong>la</strong> permettrait, (i) <strong>de</strong> dégager en <strong>par</strong>tie <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong>s déterminations<br />

culturelles et nationales, (ii) <strong>de</strong> mettre au point <strong>de</strong>s systèmes d’accréditation et <strong>de</strong> formation à<br />

distance à l’échelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée.<br />

La culture<br />

70. En Méditerranée, nous avons un impératif culturel c<strong>la</strong>ir : faire en sorte <strong>de</strong> prévenir un conflit<br />

civilisationel <strong>par</strong> un travail interculturel respectant <strong>la</strong> diversité, fonctionnant sur le mo<strong>de</strong> <strong>du</strong> dialogue et<br />

visant à une convergence suffisante pour que <strong>la</strong> Méditerranée soit un espace paisible et unifié. Pour<br />

aller vers ce projet, <strong>la</strong> mobilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile est indispensable car, dans plusieurs cas, on<br />

peut constater que les sociétés civiles sont plus avancées que les systèmes politiques.<br />

71. Trois impératifs sont à respecter pour aller <strong>de</strong> l’avant. Le premier est d’éviter toute forme<br />

d’eurocentrisme dans le dialogue culturel. Il existe d’autres enceintes, en <strong>par</strong>ticulier, le voisinage, les<br />

Nations Unies, où <strong>de</strong> façon <strong>par</strong>faitement légitime les nations démocratiques développées essaient<br />

d’intro<strong>du</strong>ire leurs valeurs dans le reste <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>. Le second, est d’obtenir une crédibilité suffisante<br />

pour éviter <strong>la</strong> suspicion réciproque qui existe entre les points <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile et les<br />

gouvernements, le troisième est <strong>de</strong> <strong>par</strong>venir à conforter une « in<strong>du</strong>strie culturelle » en Méditerranée,<br />

susceptible d’être soutenue <strong>de</strong> façon permanente <strong>par</strong> une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> solvable.<br />

72. Favoriser le dialogue interculturel implique <strong>de</strong> discuter <strong>de</strong>s valeurs communes et <strong>de</strong> leur mise en<br />

oeuvre, exactement comme ce fut le cas au début <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier millénaire. Et pour ce<strong>la</strong>, plusieurs<br />

conditions sont nécessaires : (i) il faut un lieu prestigieux dédié à cet effet et accueil<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s<br />

philosophes, <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, un « Collège <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée », <strong>par</strong> exemple, qui<br />

évoquerait <strong>la</strong> Maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sagesse, (ii) il faut que cette institution fonctionne <strong>de</strong> façon totalement<br />

indépendante vis-à-vis <strong>de</strong>s pouvoirs établis, et pas seulement gouvernementaux, car une suspicion<br />

27


croissante se manifeste aujourd’hui à l’encontre <strong>de</strong> certaines ONG. Ce<strong>la</strong> veut dire que <strong>la</strong> réflexion doit<br />

y être ouverte, faite sans volonté <strong>de</strong> prosélytisme, accueil<strong>la</strong>nte à toutes les opinions et que <strong>la</strong><br />

nomination <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> cette institution (un certain nombre <strong>de</strong> chaires <strong>de</strong>vraient lui être affectées),<br />

tout en respectant les équilibres géographiques, soit faite <strong>par</strong> le biais <strong>de</strong> <strong>la</strong> cooptation <strong>de</strong> pairs issus <strong>de</strong>s<br />

plus réputées institutions <strong>de</strong> recherche et intellectuelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone. Cette forme d’institutionnalisation<br />

<strong>du</strong> dialogue interculturel est aujourd’hui nécessaire pour avoir les éléments permettant <strong>de</strong> se faire une<br />

opinion sereine sur ce qui oppose les différents courants <strong>de</strong> pensée. L’agenda proposé à cette<br />

institution pourrait être :<br />

Un approfondissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> charte fondatrice sur « les valeurs communes » <strong>de</strong> l’Union<br />

Méditerranéenne,<br />

Un programme <strong>de</strong> travail sur « les mémoires les histoires et les patrimoines » sur <strong>la</strong> base <strong>du</strong><br />

programme Euromed Heritage,<br />

Des programmes spécifiques sur « l’image, l’écrit, <strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction »,<br />

La définition d’un programme « d’histoire <strong>de</strong>s religions » qui pourrait être enseigné dans<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s systèmes sco<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> Nord et <strong>du</strong> Sud,<br />

Un programme « <strong>de</strong> plurilinguisme » au Nord comme au Sud.<br />

73. Valoriser les sociétés civiles est nécessaire, car l’on sait que les principaux acteurs <strong>de</strong> changement<br />

et d’évolutions, <strong>de</strong> même que <strong>de</strong> blocages sont les sociétés. Malgré l’échec (en termes électoraux) <strong>de</strong><br />

l’approche exprimée dans le projet <strong>de</strong> Grand Moyen-Orient qui vou<strong>la</strong>it contourner les Etats en nouant<br />

une re<strong>la</strong>tion directe avec les sociétés civiles, travailler et soutenir les sociétés civiles au Sud est une<br />

dimension essentielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> dimension culturelle méditerranéenne. De ce point <strong>de</strong> vue, il serait<br />

souhaitable :<br />

De prolonger et développer l’action <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation Anna Lindh en diminuant le poids <strong>de</strong><br />

l’intergouvernemental dans sa structure <strong>de</strong> gouvernance, ce qui se manifeste <strong>par</strong> le fait que <strong>de</strong><br />

trop nombreux réseaux sont <strong>par</strong>aétatiques,<br />

Consoli<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s initiatives comme « les ateliers culturels méditerranéens » qui ne sont qu’une<br />

ébauche d’une action visant à développer plus systématiquement et sous une forme plus<br />

institutionnalisée le dialogue <strong>de</strong>s sociétés civiles. On doit noter qu’il faudra vaincre <strong>la</strong> frilosité<br />

<strong>de</strong>s Etats <strong>du</strong> Sud sur ces formes <strong>de</strong> dialogue, ce qui impliquera <strong>de</strong> commencer <strong>par</strong> <strong>de</strong>s sujets<br />

peu intrusifs comme, <strong>par</strong> exemple, le droit et les statuts personnels, le statut <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme<br />

(entamé dans le <strong>par</strong>tenariat euro-méditerranéen), <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation sociale (statut <strong>de</strong>s ONG,<br />

statut <strong>du</strong> syndicalisme etc.).<br />

74. Conforter <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction culturelle méditerranéenne est peut être le moyen le plus décentralisé et<br />

le plus sûr d’aboutir à <strong>la</strong> convergence évoquée. Ce<strong>la</strong> suppose <strong>de</strong> renverser le courant actuel en<br />

développant les pro<strong>du</strong>ctions au Sud et les copro<strong>du</strong>ctions avec le Nord, en permettant <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s<br />

professionnels <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture au même titre que celle <strong>de</strong>s hommes d’affaires ou <strong>de</strong>s chercheurs, en<br />

instal<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s dispositifs d’accueil aidés financièrement, en soutenant le livre, le théâtre, <strong>la</strong> musique et<br />

le cinéma. A cet égard, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une politique télévisuelle méditerranéenne est à envisager à<br />

condition qu’elle soit suffisamment dotée, mobilise <strong>de</strong>s opérateurs privés et qu’elle ait une capacité<br />

propre <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction sollicitant les pro<strong>du</strong>cteurs méditerranéens.<br />

L’environnement<br />

75. L’environnement doit être au cœur <strong>de</strong>s préoccupations <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne car le <strong>de</strong>venir<br />

<strong>du</strong> bassin dépendra <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont les pays riverains sauront répondre indivi<strong>du</strong>ellement et<br />

collectivement aux défis environnementaux. Ces défis seront liés à l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

28


(cent millions <strong>de</strong> personnes supplémentaires d’ici 2025 dont le tiers s’installera sur les côtes), à une<br />

augmentation considérable <strong>du</strong> tourisme (400 millions <strong>de</strong> touristes à cette échéance), à une urbanisation<br />

qui continuera à s’accélérer, aux disponibilités en eau difficiles à garantir à brève échéance, à celle <strong>de</strong><br />

l’énergie dont les besoins ne pourront plus être satisfaits <strong>par</strong> les seules énergies fossiles, sans compter<br />

le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s espaces littoral, urbain et rural qui <strong>de</strong>vront s’adapter aux conséquences <strong>de</strong>s changements<br />

climatiques.<br />

76. Depuis 1996, les pays riverains ont mis en p<strong>la</strong>ce une Commission Méditerranéenne <strong>du</strong><br />

Développement <strong>du</strong>rable, adopté une Stratégie régionale <strong>de</strong> développement <strong>du</strong>rable dont <strong>la</strong> mise en<br />

œuvre est suivie <strong>par</strong> le P<strong>la</strong>n Bleu. La prise <strong>de</strong> conscience existe donc <strong>par</strong>mi les pays riverains, mais le<br />

soutien politique est resté faible. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conférence <strong>de</strong>s <strong>par</strong>ties à <strong>la</strong> convention <strong>de</strong> Barcelone<br />

sur <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement marin et <strong>de</strong>s régions côtières <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, il n’existe pas <strong>de</strong><br />

forum <strong>réuni</strong>ssant <strong>de</strong> façon régulière les responsables politiques <strong>de</strong>s pays riverains.<br />

77. L’Union Méditerranéenne pourrait contribuer à améliorer sensiblement <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> plusieurs<br />

façons :<br />

En premier lieu, en mettant en p<strong>la</strong>ce un système d’information méditerranéen sur<br />

l’environnement et le développement <strong>du</strong>rable. Malgré quelques ébauches, l’observation<br />

systématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation environnementale <strong>de</strong> <strong>la</strong> région fait défaut.<br />

En second lieu, pour ce qui concerne les questions globales, il n’y a pas aujourd’hui <strong>de</strong> voix<br />

méditerranéenne dans le dialogue international. Deux pays riverains sont membres <strong>du</strong> G8, sept<br />

sont européens et tous relèvent <strong>de</strong> regroupements géographiques différents lorsqu’il s’agit <strong>de</strong><br />

construire le droit international <strong>de</strong> l’environnement au travers, notamment, <strong>de</strong>s conventions<br />

thématiques internationales (climat, biodiversité etc.). L’Union Méditerranéenne <strong>de</strong>vrait<br />

permettre une concertation préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong>s responsables politiques <strong>de</strong>s pays riverains avant<br />

chaque <strong>réuni</strong>on internationale traitant <strong>de</strong> ces questions. Ce<strong>la</strong> <strong>par</strong>aît <strong>par</strong>ticulièrement important<br />

en ce qui concerne le climat, puisque selon les meilleurs experts, <strong>la</strong> région méditerranéenne<br />

<strong>de</strong>vrait malheureusement constituer un « point chaud » <strong>du</strong> changement climatique dans les<br />

années à venir.<br />

En troisième lieu, pour les questions proprement régionales, une première phase <strong>de</strong>vrait<br />

permettre d’abor<strong>de</strong>r quelques questions prioritaires : (i) on citera d’abord <strong>la</strong> question <strong>de</strong> l’eau,<br />

ressource rare en Méditerranée, inégalement ré<strong>par</strong>tie qui fera certainement défaut dans<br />

quelques années dans certains pays <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> changement climatique. Les questions re<strong>la</strong>tives<br />

à une meilleure gestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, au transfert d’eau entre pays méditerranéens<br />

(autoroutes <strong>de</strong> l’eau), à <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s conditions d’exploitation <strong>de</strong>s ressources non<br />

conventionnelles – nappes fossiles régionales, <strong>de</strong>ssalement <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> mer – sont <strong>de</strong>s sujets<br />

qui <strong>de</strong>vront être abordés <strong>par</strong> l’Union Méditerranéenne, (ii) on citera, ensuite, <strong>la</strong> mer commune<br />

<strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne. Celle-ci <strong>de</strong>vrait pouvoir s’appuyer sur le P<strong>la</strong>n d’Action <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Méditerranée et son instrument juridique, <strong>la</strong> convention <strong>de</strong> Barcelone et conforter l’initiative<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission Européenne <strong>de</strong> dépolluer <strong>la</strong> Méditerranée d’ici 2020. Pour ce<strong>la</strong>, cette<br />

<strong>de</strong>rnière pourrait afficher l’ambition <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée l’un <strong>de</strong>s « écosystèmes » les<br />

mieux gérés au mon<strong>de</strong> en définissant <strong>de</strong>s normes communes, (iii) on soulignera, aussi, <strong>la</strong><br />

gestion <strong>de</strong>s zones littorales, qui sont <strong>de</strong>s zones fragiles constituées d’écosystèmes riches et<br />

diversifiés dont certains sont aujourd’hui menacés. Elles sont exposées aux modifications <strong>du</strong><br />

niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer liées au changement climatique et à <strong>la</strong> pression démographique qui se<br />

concentre sur elles. Là encore, l’Union Méditerranéenne pourra contribuer à mettre en p<strong>la</strong>ce<br />

<strong>de</strong>s instruments permettant <strong>de</strong> les préserver, (iv) reste, enfin, <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> moyens<br />

permettant <strong>de</strong> rationaliser l’utilisation <strong>de</strong> l’énergie et <strong>de</strong> développer les énergies renouve<strong>la</strong>bles<br />

ce qui <strong>de</strong>viendra une nécessité, compte tenu <strong>du</strong> fait qu’il est prévu que <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’énergie<br />

primaire augmente <strong>de</strong> 50% sur <strong>la</strong> zone d’ici 2025.<br />

29


En quatrième lieu, une action doit être développée au niveau local où <strong>de</strong> nombreuses actions<br />

qui concernent l’environnement influent directement sur <strong>la</strong> situation régionale. C’est<br />

notamment le cas <strong>du</strong> traitement <strong>de</strong>s déchets ménagers, <strong>de</strong>s eaux usées et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pollution<br />

atmosphérique. L’Union Méditerranéenne pourrait être l’instance où se définissent <strong>de</strong>s<br />

normes, <strong>de</strong>s objectifs et <strong>de</strong>s calendriers <strong>de</strong> façon que <strong>la</strong> région progresse collectivement sur<br />

ces questions tout en tenant compte <strong>de</strong>s conditions spécifiques à chaque pays membre.<br />

78. Sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s institutions, trois organes <strong>par</strong>aissent nécessaires :<br />

Une commission méditerranéenne <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, ayant un rôle consultatif<br />

constituée d’une trentaine <strong>de</strong> membres <strong>réuni</strong>ssant <strong>de</strong>s personnalités <strong>de</strong> haut niveau issus <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

sphère administrative, <strong>du</strong> secteur privé et <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile et rendant compte directement<br />

aux chefs d’Etat et <strong>de</strong> gouvernement <strong>de</strong>s pays membres,<br />

Un observatoire méditerranéen <strong>de</strong> l’environnement et <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, organe<br />

indépendant,<br />

Une agence méditerranéenne <strong>de</strong> l’eau chargée à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépollution <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée,<br />

d’une meilleure utilisation <strong>de</strong> l’eau et <strong>de</strong> son transfert intra-régional.<br />

Thème 8. Quelles ressources financières avec quelles institutions ?<br />

79. Le groupe d’experts considère que sans moyens nouveaux significatifs à terme, le projet d’Union<br />

Méditerranéenne doit être abandonné. Les différentes auditions ont montré <strong>la</strong> difficulté actuelle à<br />

penser une augmentation significative <strong>de</strong>s budgets dans un contexte où : (i) les budgets publics sont en<br />

restriction généralisée, (ii) le pays promoteur, <strong>la</strong> France, fait <strong>par</strong>tie <strong>du</strong> club <strong>de</strong> pays dits <strong>de</strong>s 1% qui ont<br />

bloqué le budget d’intervention <strong>de</strong> l’UE à ce niveau <strong>du</strong> PIB, (iii) il n’est pas concevable aussi<br />

d’espérer <strong>de</strong> financements européens, si l’initiative se limite aux seuls pays méditerranéens sans <strong>la</strong><br />

<strong>par</strong>ticipation <strong>de</strong> l’Union européenne. Dans ce cas l’Union méditerranéenne <strong>de</strong>vrait se limiter à être une<br />

instance <strong>de</strong> proposition pour <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s projets qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait <strong>la</strong> contribution <strong>du</strong> budget <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Commission européenne.<br />

80. Une fenêtre d’opportunité s‘ouvre, cependant, liée au fait que <strong>la</strong> PAC va être amendée et que<br />

plusieurs régions éligibles au FEDER et au FSE en Europe ont atteint un niveau <strong>de</strong> développement qui<br />

ne le justifie plus. La nécessité d’articuler l’Union Méditerranéenne avec l’Europe, implique <strong>de</strong> se<br />

p<strong>la</strong>cer dans le cadre <strong>du</strong> calendrier communautaire. En 2010 il y a une revue <strong>de</strong>s mandats extérieurs <strong>de</strong><br />

l’Union Européenne qui est prévue, il faut donc que <strong>la</strong> décision soit prise à ce moment là, quitte à ce<br />

que les formalisations aient lieu au plus tard en 2013 année qui correspond à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s actuelles<br />

perspectives financières. Il reste que le <strong>la</strong>ncement <strong>du</strong> projet ne pourra pas être sans effets sur les<br />

pratiques actuelles qui auront cinq années pour converger vers ses ambitions.<br />

81. D’après les informations que l’on peut avoir sur les évolutions budgétaires, il ap<strong>par</strong>aît que sur cinq<br />

années, une somme <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 25 milliards € pourrait être un objectif crédible à mettre en regard <strong>de</strong>s<br />

11 milliards € affectés aujourd’hui pour <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> 2007-2013, facilité FEMIP comprise. Cette<br />

question n’a pas été abordée en tant que telle <strong>par</strong> le groupe d’experts, mais les ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur, s’ils<br />

sont vérifiés, <strong>par</strong>aissent adaptés aux objectifs et projets envisagés ci-<strong>de</strong>ssus.<br />

82. Par ailleurs, il a été indiqué que <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> voisinage était un instrument assez souple pour<br />

permettre <strong>de</strong> financer, dans le cadre d’un schéma <strong>de</strong> coopération renforcée, <strong>de</strong>s actions décidées<br />

simultanément <strong>par</strong> plusieurs pays qui voudraient avancer conjointement sur certains domaines <strong>de</strong><br />

l’Union Méditerranéenne.<br />

83. Enfin, il ap<strong>par</strong>aît que si l’on cumule les fonds disponibles au niveau multi<strong>la</strong>téral (Banque<br />

Mondiale et Banque Africaine <strong>de</strong> développement), les fonds que donnent les agences <strong>de</strong> coopération<br />

nationales, les fonds privés, les fonds arabes, l’é<strong>par</strong>gne <strong>de</strong>s travailleurs émigrés, l’é<strong>par</strong>gne nationale<br />

30


non investie, le fonds voisinage, <strong>la</strong> contribution <strong>de</strong>s collectivités locales et territoriales dont les<br />

ressources représentent aujourd’hui 65% <strong>de</strong>s fonds publics disponibles en Europe, on arrive à <strong>de</strong>s<br />

montants non négligeables. La question <strong>de</strong>s ressources financières pourrait donc se résoudre, pourvu<br />

que l’on sache mobiliser ces ressources et les imputer à <strong>de</strong>s projets significatifs et au financement <strong>de</strong>s<br />

entreprises privées. Dans un contexte où, grâce à un accord politique, les pays <strong>par</strong>ticipant à l’Union<br />

Méditerranéenne <strong>par</strong>viendraient à s’entendre sur <strong>de</strong>s objectifs d’intervention et <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res, ces<br />

fonds pourraient être mobilisés en faveur <strong>de</strong> ses orientations. Il reste que les canaux qu’ils empruntent<br />

aujourd’hui, les structures administratives qui les gèrent voudront gar<strong>de</strong>r leurs prérogatives. Par<br />

ailleurs, les administrations <strong>de</strong>s pays méditerranéens <strong>du</strong> Sud ont pris l’habitu<strong>de</strong> d’utiliser ces transferts<br />

pour leurs besoins propres (contre <strong>de</strong>s entames <strong>de</strong> réformes institutionnelles), si bien que tout<br />

dépendra <strong>de</strong> l’é<strong>la</strong>n politique et stratégique que pourra donner <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> l’Union<br />

Méditerranéenne. Il ne faut pas sous-estimer <strong>la</strong> difficulté, car le projet d’Union Méditerranéenne<br />

implique nécessairement une certaine dose <strong>de</strong> fédéralisme, comme dans <strong>la</strong> CECA ou Euratom, donc<br />

une mise en commun <strong>de</strong> moyens et son corol<strong>la</strong>ire, <strong>de</strong>s abandons <strong>de</strong> souveraineté.<br />

84. Le groupe d’experts considère que l’instal<strong>la</strong>tion d’une institution financière spécialisée sur <strong>la</strong><br />

Méditerranée est une nécessité pour <strong>la</strong> crédibilité <strong>de</strong> l’Union Méditerranéenne. La raison tient avant<br />

tout au manque d’expertise spécifique et en nombre suffisant sur <strong>la</strong> zone, qui aboutit à recourir à <strong>de</strong>s<br />

actions trop inspirées <strong>par</strong> <strong>la</strong> vulgate universelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> transition. Comme il a été dit, <strong>la</strong> Méditerranée<br />

pose <strong>de</strong>s difficultés spécifiques qui doivent infléchir au minimum les <strong>du</strong>rées, voire certaines<br />

orientations et manières <strong>de</strong> faire.<br />

85. Plusieurs hypothèses sont aujourd’hui envisagées. La première est celle d’un fonds <strong>de</strong> fonds<br />

adossé ou non au fond <strong>de</strong> voisinage. La secon<strong>de</strong> est celle d’une Banque <strong>de</strong> Développement. La<br />

constitution d’un fonds <strong>de</strong> fonds est une épure peu coûteuse en personnel et qui peut <strong>par</strong>ticiper au<br />

développement <strong>de</strong>s petites et moyennes entreprises. Néanmoins, il s’agirait d’une solution <strong>de</strong> « second<br />

best « dans <strong>la</strong> mesure où ce fond <strong>de</strong> fond pourrait difficilement intervenir pour financer les<br />

infrastructures et les biens et services collectifs indispensables. Par ailleurs, il ne pourrait pas<br />

contribuer à <strong>la</strong> nécessaire é<strong>la</strong>boration d’une stratégie d’intervention plus adaptée à <strong>la</strong> Méditerranée et<br />

al<strong>la</strong>nt dans le sens <strong>du</strong> présent rapport. C’est d’une certaine façon, une solution qui, adoptée en 1944,<br />

aurait abouti à limiter l’intervention <strong>du</strong> groupe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque mondiale à <strong>la</strong> SFI. Or l’on sait le rôle<br />

d’influence que joue le service recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque Mondiale et celui <strong>de</strong>s Vice prési<strong>de</strong>nce régions,<br />

en <strong>par</strong>ticulier <strong>de</strong> MENA. Cette solution reviendrait donc à renoncer à développer une réflexion<br />

économique et sociale d’inspiration européenne (et pas américaine) adaptée à une région qui,<br />

rappelons le, est l’épicentre d’un nouveau rapport à trouver entre civilisations. Selon les membres <strong>du</strong><br />

groupe d’experts, <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> <strong>la</strong> banque <strong>de</strong> développement dédiée est nettement préférable et<br />

n’exclut pas qu’un fonds <strong>de</strong> fonds y soit inclus.<br />

86. Le mandat <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée pourrait être <strong>de</strong> mettre en œuvre une action<br />

spécifiquement euro-méditerranéenne, et coup<strong>la</strong>nt le souci d’installer les marchés et les institutions<br />

liées, tout en développant <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> convergence, ce qui est incontestablement l’approche <strong>de</strong><br />

l’Union Européenne. S’il est bien un lieu où cette philosophie d’action ne doit pas être abandonnée<br />

c’est <strong>la</strong> Méditerranée d’aujourd’hui. Dans cette perspective, <strong>la</strong> banque <strong>de</strong> développement aurait trois<br />

axes d’intervention principaux : (i) mettre en œuvre une action spécifiquement euro-méditerranéenne,<br />

se concentrant sur un nombre limité <strong>de</strong> problématiques en complément <strong>de</strong> l'existant (l'Euro-Med),<br />

(ii) faire <strong>la</strong> synthèse entre les nécessités <strong>de</strong>s ajustements économiques à court terme et le soutien à long<br />

terme <strong>du</strong> développement économique, (iii) être dotée d'une force <strong>de</strong> frappe intellectuelle pour combler<br />

le déficit capacitaire <strong>de</strong>s pays <strong>par</strong>tenaires et <strong>la</strong>ncer <strong>la</strong> communauté méditerranéenne <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

connaissance.<br />

87. Dans <strong>la</strong> configuration <strong>de</strong> référence, <strong>la</strong> Banque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée <strong>de</strong>vrait :<br />

Avoir à son capital tous les pays adhérents à l’Union Méditerranéenne,<br />

Avoir <strong>la</strong> possibilité d’ouvrir son capital à tout pays européen désireux d’y <strong>par</strong>ticiper,<br />

31


Pouvoir mobiliser les <strong>par</strong>ticipations <strong>de</strong>s agences <strong>de</strong> coopération nationales, les fonds arabes, <strong>la</strong><br />

<strong>par</strong>ticipation d’autres banques et <strong>de</strong>s investisseurs privés,<br />

Disposer d’une capitalisation <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 milliards €,<br />

Avoir une expertise <strong>de</strong> haut niveau spécialisée sur <strong>la</strong> région (à titre <strong>de</strong> référence <strong>la</strong> Banque<br />

Mondiale a 450 experts <strong>de</strong> haut niveau affectés uniquement à <strong>la</strong> région MENA),<br />

Pouvoir émettre et faire <strong>de</strong>s prêts en monnaie locale,<br />

Faire <strong>de</strong>s investissements dans les domaines <strong>de</strong>s infrastructures et les domaines sociaux<br />

(logement, santé, é<strong>du</strong>cation notamment),<br />

Prendre <strong>de</strong>s <strong>par</strong>ticipations,<br />

Faire <strong>de</strong>s bonifications d’intérêts au vu <strong>de</strong> l’intérêt collectif <strong>de</strong>s projets,<br />

Développer les capacités locales à monter <strong>de</strong>s projets, faire <strong>de</strong> l’assistance technique pour<br />

initier les projets et les rendre bancables,<br />

Mettre en p<strong>la</strong>ce un système d’assurance contre les risques permettant <strong>de</strong> corriger les<br />

distorsions d’anticipations au bénéfice <strong>de</strong>s pays adhérents à l’Union et, <strong>de</strong> ce fait, faciliter<br />

l’entrée <strong>de</strong> capitaux étrangers au bénéfice <strong>de</strong>s PME,<br />

Promouvoir toutes les formes <strong>de</strong> gestion déléguée, en <strong>par</strong>ticulier celles qui concernent les<br />

agences dont il a été fait état ci-<strong>de</strong>ssus,<br />

Installer <strong>de</strong>s fonds d’investissement bénéficiant d’avantages fiscaux à l’instar, <strong>par</strong> exemple,<br />

<strong>de</strong>s FIP à <strong>de</strong>stinations <strong>de</strong>s PMI PME,<br />

Faciliter <strong>la</strong> création <strong>de</strong> livrets <strong>de</strong> co-développement permettant d’affecter les transferts <strong>de</strong>s<br />

immigrés à <strong>de</strong>s opérations pro<strong>du</strong>ctives.<br />

88. Une <strong>de</strong>s solutions envisageables est <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> l’expérience acquise <strong>par</strong> <strong>la</strong> FEMIP, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

développer et <strong>de</strong> filialiser les activités méditerranéennes <strong>de</strong> <strong>la</strong> BEI banque européenne qui a pour<br />

propriété <strong>de</strong> savoir financer les infrastructures et les services collectifs. La transformation <strong>de</strong> <strong>la</strong> FEMIP<br />

en filiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> BEI impliquerait une réorganisation institutionnelle et une spécialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> BERD<br />

sur les pays <strong>de</strong> l’Est ce qui nécessite que les pays méditerranéens <strong>du</strong> Sud sortent <strong>du</strong> capital <strong>de</strong> cette<br />

<strong>de</strong>rnière pour entrer dans <strong>la</strong> filiale en question, alors que <strong>la</strong> BEI entrerait dans le capital <strong>de</strong> <strong>la</strong> BERD<br />

pour les activités qui concernent les pays <strong>de</strong> l’Est.<br />

Thème 9. Peut-on intégrer dans l’Union Méditerranéenne les différents dispositifs <strong>de</strong><br />

coopération infranationaux sur <strong>la</strong> zone et les coordonner ?<br />

89. Un <strong>de</strong>s succès manifeste <strong>du</strong> processus <strong>de</strong> Barcelone a été d’inciter les opérateurs infranationaux<br />

(régions, villes, dé<strong>par</strong>tements) à installer <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> coopération décentralisées avec leurs<br />

homologues <strong>du</strong> Sud. Dès l’origine, il aurait été souhaitable que ces actions soient soutenues et mieux<br />

coordonnées à Bruxelles <strong>par</strong> une action conjuguée <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux directions générales concernées (RELEX<br />

et REGIO). La coopération transfrontalière a pour <strong>par</strong>tie remédié à ce manque, mais à <strong>par</strong>tir d’un<br />

volume d’interventions très limité.<br />

90. Les oppositions à un appui plus important à ces actions tenaient à l’observation exacte selon<br />

<strong>la</strong>quelle les échelons décentralisés dans les pays <strong>du</strong> Sud ont une très faible marge d’autonomie <strong>par</strong><br />

rapport aux autorités centrales. Faut-il, pour autant, se contenter <strong>de</strong> cette situation et renoncer à<br />

32


mobiliser à une plus gran<strong>de</strong> échelle ces institutions au plus près <strong>de</strong>s citoyens ? Le point <strong>de</strong> vue <strong>du</strong><br />

groupe d’experts est, qu’au contraire, au vu <strong>de</strong> <strong>la</strong> multiplication d’actions <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong>puis lors,<br />

multiplication qui a prouvé l’intérêt que les élus <strong>de</strong>s collectivités qui bor<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> Méditerranée y<br />

portaient, il est temps désormais <strong>de</strong> les développer, <strong>de</strong> les coordonner davantage et <strong>de</strong> les inscrire dans<br />

<strong>la</strong> stratégie d’ensemble. En effet, quels que soient les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> décentralisation, les régions, les<br />

métropoles et les dé<strong>par</strong>tements ont un intérêt manifeste à se rapprocher. Ce<strong>la</strong> permet <strong>de</strong> faire<br />

bénéficier les entités infranationales <strong>du</strong> Sud <strong>de</strong> l’assistance technique <strong>de</strong>s villes, régions et<br />

dé<strong>par</strong>tements <strong>du</strong> Nord dans <strong>de</strong>s domaines très spécifiques comme <strong>la</strong> gestion urbaine, le traitement <strong>de</strong>s<br />

déchets, <strong>la</strong> purification <strong>de</strong> l’eau, <strong>la</strong> formation professionnelle, les politiques d’insertion, <strong>la</strong> santé etc.<br />

Cette coopération qui s’est <strong>la</strong>rgement développée sui generis <strong>de</strong>vra être associée, avec <strong>de</strong>s<br />

représentants qualifiés <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile, à <strong>la</strong> stratégie <strong>de</strong> l’Union dans <strong>de</strong>s formes qui peuvent<br />

ressembler à celles retenues <strong>par</strong> l’Union <strong>de</strong> <strong>la</strong> baltique qui, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue, <strong>par</strong>aît l’exemple à<br />

suivre. Les <strong>de</strong>ux <strong>par</strong>ties y ont à gagner, l’Union Méditerranéenne <strong>par</strong>ce qu’elle sera ainsi au plus près<br />

<strong>de</strong>s citoyens, les opérations considérées qui se sont développées <strong>de</strong> façon re<strong>la</strong>tivement empirique au<br />

gré <strong>de</strong>s choix politiques locaux et <strong>de</strong>s affinités et qui y trouveront un cadre quelles auront contribué à<br />

définir.<br />

91. Plusieurs régions et villes <strong>de</strong> l’arc <strong>la</strong>tin ont développé dans différents cadres (CRPM, CGLU<br />

notamment) <strong>de</strong>s coopérations <strong>de</strong>puis plusieurs années avec leurs homologues <strong>du</strong> Sud. Ces<br />

coopérations structurent désormais un tissu humain qui facilite l’action diplomatique<br />

intergouvernementale. Des p<strong>la</strong>ns d’action sont é<strong>la</strong>borés <strong>réuni</strong>ssant <strong>de</strong>s instituts spécialisés, <strong>de</strong>s réseaux<br />

d’universités, <strong>de</strong> services <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong> corporations professionnelles ; ils se développent, encouragés<br />

<strong>par</strong> <strong>de</strong>s financements locaux. Il n’y a ni conditionnalité, ni conséquences réglementaires dans ces<br />

opérations, il y a seulement <strong>la</strong> conviction que l’espace méditerranéen est un espace <strong>de</strong><br />

cohabitation.<br />

92. L’Union Méditerranéenne doit permettre d’aller plus loin dans <strong>la</strong> mesure où elle poussera les<br />

échelons infranationaux à coordonner davantage leur action et l’échelon central à tenir compte <strong>de</strong> leurs<br />

propositions. Le dispositif disposera ainsi <strong>de</strong> nouvelles idées qui permettront d’approfondir les liens,<br />

d’augmenter <strong>la</strong> crédibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche et <strong>de</strong> corriger certaines conséquences <strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong>s<br />

économies au plus près <strong>de</strong>s citoyens. Il est à noter également que les régions les villes et les<br />

dé<strong>par</strong>tements <strong>du</strong> Sud <strong>de</strong> l’Europe ont désormais, à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés variés, une expertise et <strong>de</strong>s moyens<br />

susceptibles d’être sollicités sur les gran<strong>de</strong>s questions qui concernent <strong>la</strong> Méditerranée, transports,<br />

énergie, formation professionnelle, environnement, notamment. Cette coopération entre les autorités<br />

locales et le niveau gouvernemental ne pose plus <strong>de</strong> difficultés désormais, les <strong>de</strong>ux ayant conscience<br />

<strong>de</strong> leurs apports réciproques. Le temps est loin où sur ces questions les états veil<strong>la</strong>ient jalousement à<br />

maintenir leur monopole sur les re<strong>la</strong>tions internationales et où les régions craignaient <strong>de</strong> perdre <strong>de</strong> leur<br />

autonomie.<br />

33


Thème 10. Epure résumée d’un projet d’Union Méditerranéenne accompli<br />

Charte constitutive,<br />

Réunion intergouvernementale annuelle au plus haut niveau où siège le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’UE<br />

Haute Autorité (ou secrétariat politique) avec <strong>la</strong> présence d’un représentant <strong>de</strong>s échelons décentralisés<br />

Organes <strong>de</strong> contrôle démocratique et propositions, Parlement méditerranéen<br />

Comité <strong>de</strong>s échelons infranationaux, régions, villes, dé<strong>par</strong>tements<br />

Représentants <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile : Conseil Economique et Social<br />

Dispositifs sectoriels « Communauté <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance et <strong>de</strong>s compétences » « Commission <strong>du</strong><br />

développement <strong>du</strong>rable »<br />

Agences (eau, énergie, agence <strong>de</strong> transfert), Collège <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, forums régionaux, fondations<br />

Tribunal d’arbitrage <strong>de</strong>s conflits commerciaux<br />

Banque dédiée<br />

34


Annexe<br />

Les pays Méditerranéens divergent <strong>de</strong> l’UE<br />

PIB <strong>par</strong> tête (ppp, US $)<br />

35 000,00<br />

30 000,00<br />

25 000,00<br />

20 000,00<br />

15 000,00<br />

10 000,00<br />

5 000,00<br />

0,00<br />

1980<br />

1981<br />

1982<br />

1983<br />

1984<br />

UE (15) Nouveaux Membres Pays Méditerranéens<br />

1985<br />

1986<br />

1987<br />

1988<br />

1989<br />

1990<br />

Il y a 22 millions d’emplois nouveaux à créer d’ici 2020, à taux <strong>de</strong> chômage et<br />

d’activité constants.<br />

Emploi total<br />

nécessaire<br />

en 2020<br />

Emplois à<br />

créer entre<br />

2005 et<br />

2020<br />

1991<br />

35<br />

1992<br />

1993<br />

1994<br />

1995<br />

en % emploi<br />

2005<br />

Algérie 8 892 917 2 046 953 29,90%<br />

Egypte 24 570 872 6 452 272 35,61%<br />

Israël 3 231 130 737 530 29,58%<br />

Jordanie 1 797 275 593 069 49,25%<br />

Liban 1 363 371 266 086 24,25%<br />

Maroc 12 802 303 2 889 007 29,14%<br />

Palest. A 998 460 420 021 72,61%<br />

Syrie 7 227 151 2 405 394 49,89%<br />

Tunisie 3 587 904 661 204 22,59%<br />

Turquie 27 983 306 5 937 306 26,93%<br />

Total PM 92 454 688 22 408 841 31,99%<br />

1996<br />

1997<br />

1998<br />

1999<br />

2000<br />

2001<br />

2002<br />

2003<br />

2004<br />

2005


600<br />

500<br />

Tchequie<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

-100<br />

Investissements Directs Etrangers <strong>par</strong> tête, moyenne annuel 95-2005 (BOP, US $)<br />

Estonie<br />

Israel<br />

Lebanon<br />

Hongrie<br />

Chilie<br />

Croatie<br />

Slovenie<br />

Slovaquie<br />

Argentine<br />

Pologne<br />

Lettonie<br />

Ma<strong>la</strong>isie<br />

Lituanie<br />

Mexique<br />

36<br />

Bulgarie<br />

Roumanie<br />

Brésil<br />

Corée S<br />

-5 0 5 10 15 20 25 30 35<br />

A l’exception <strong>de</strong> l’Algérie, le sol<strong>de</strong> commercial est déficitaire.<br />

30 000,00<br />

20 000,00<br />

10 000,00<br />

0,00<br />

-10 000,00<br />

-20 000,00<br />

-30 000,00<br />

-40 000,00<br />

Algérie<br />

Egypt<br />

Israel<br />

Millions <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs US, moyenne 2004-2006<br />

Sol<strong>de</strong> Courant<br />

Jordan<br />

Lebanon<br />

Morocco<br />

Syria<br />

Tunisia<br />

Turkey<br />

Algérie<br />

Egypt<br />

Israel<br />

Sol<strong>de</strong> commercial<br />

Jordan<br />

Lebanon<br />

Morocco<br />

Syria<br />

Tunisia<br />

Turkey


Le déficit commercial se boucle <strong>par</strong> les transferts <strong>de</strong> revenus <strong>de</strong>s migrants et le tourisme.<br />

30 000,00<br />

20 000,00<br />

10 000,00<br />

0,00<br />

-10 000,00<br />

-20 000,00<br />

-30 000,00<br />

-40 000,00<br />

-50 000,00<br />

Millions <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs US, moyenne 2004-2006<br />

-43 623,93<br />

21 618,27<br />

37<br />

22 555,73<br />

Ba<strong>la</strong>nce Commerciale Transferts émigrés Autres services

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