Rapport du Groupe d'experts réuni par l'Institut de la ... - Femise

(iii) Des questions communes en matière de management de systèmes éducatifs qui ont pour
propriété d’être des systèmes d’enseignement de masse : mise au point d’outils de
pilotage, de systèmes d’information et de mécanismes d’évaluation.
(iv) La mise au point d’une ingénierie des LMD qui est également aujourd’hui une demande
forte émanant notamment de l’Algérie, de la Tunisie et du Maroc.
68. Le deuxième projet devrait concerner la production du savoir et la recherche.
Un des déséquilibres les plus frappants aujourd’hui entre les deux rives de la Méditerranée est la
disproportion entre les capacités de recherche. La recherche au Sud est squelettique, peu considérée,
car elle joue un rôle marginal dans la production du savoir et ses acteurs sont dans des situations de
découragement. C’est à l’évidence son développement qui permettra une meilleure interprétation du
réel et de faire un pas vers la modernité. L’Union Méditerranéenne devrait viser à opérer un véritable
saut quantitatif et qualitatif dans ce domaine. Les moyens à envisager qui vont bien au delà d’une
participation aux PCRD européens sont les suivants :
Faciliter les coopérations entre laboratoires de recherche par des programmes pilotés par une
agence méditerranéenne, qui pourrait travailler dans le cadre du VIIème programme cadre de
recherche de l’UE et s’appuyer sur le programme d’interconnexion de bande large (Euro-Med
Connect).
Rendre complète la mobilité des chercheurs, en s’appuyant sur le programme TEMPUS qui
existe entre les pays de l’Euromed,
Cibler certains secteurs particuliers où la rive Sud à des compétences et à forte connotation
sociale (en particulier la santé).
Faire un effort particulier sur les sciences dites dures, et retrouver une tradition
méditerranéenne aujourd’hui disparue. De nombreux indices montrent, en effet, les capacités
particulières des étudiants arabes (notamment issus des écoles religieuses) en mathématiques,
sciences dures et médecine. Développer ces capacités, les structurer en relation avec des
dispositifs de recherche européens, permettre qu’elles se développent sur place, réhabiliter le
statut de chercheur (aujourd’hui, le chercheur qui réussit vise un poste dans une
administration), installer des bibliothèques disposant des ouvrages internationaux et des
dispositifs numériques, encourager l’édition et la diffusion par internet, est une urgence
absolue.
69. Le troisième projet, concerne plus directement ce qu’il est convenu d’appeler « l’économie fondée
sur la connaissance ». Il s’agit de mettre en place des dispositifs permettant de produire du savoir
opérationnel, de le diffuser, de le renouveler de matière permanente (dans l’économie de la
connaissance le rythme de renouvellement du savoir, donc l’innovation, est plus important que son
stock) et de faire en sorte qu’il soit approprié par les entreprises et les administrations. Cette question
qu’ont désormais prise à bras le corps la Tunisie, le Maroc et l’Egypte et qui est maintenant à l’ordre
du jour en Algérie, est décisive pour augmenter le rythme de croissance, développer de nouvelles
spécialisations et employer la jeunesse. Elle pourrait être soutenue par quatre opérations :
La première, consiste à installer une agence méditerranéenne de valorisation de la
recherche du type Anvar qui soutiendrait des projets sélectionnés pour les amener à la phase
d’opérationnalité, qui financerait les dépôts de brevets internationaux (dont le coût est très
élevé) et qui aiderait à préparer les dossiers de financement et les business plan permettant
d’installer des entreprises. Il est à noter que l’Etat peut jouer un rôle important dans
l’émergence de ces projets soit par sa stratégie industrielle (cf. le programme « Emergence »
au Maroc), soit en créant un marché. Ainsi, par exemple, l’Algérie qui a décidé de lancer un
programme de construction d’un million de logements pourrait décider d’en réserver une part
importante à des logements respectant des conditions d’économie d’énergie et
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