Rapport du Groupe d'experts réuni par l'Institut de la ... - Femise

simplement d’un système de reconnaissance des diplômes mais d’un système de
reconnaissance de la qualité du capital humain et de sa valeur relative.
En second lieu, l’éducation est le noyau dur institutionnalisé de la culture qui peut jouer un
rôle important pour conjurer les oppositions entre deux traditions culturelles et éducatives
dans un des lieux au monde les plus chargés d’histoire. Il n’y a pas aujourd’hui d’instance
ouverte et paritaire discutant de cette question en Méditerranée. Le seul fait d’accepter de
l’installer, sans calendrier et obligation de résultat, aurait un impact considérable pour l’Union
Méditerranéenne.
En troisième lieu, il existe aujourd’hui une très grande demande au Sud malgré les grandes
différences entre les systèmes éducatifs. Cela tient au fait qu’après les indépendances, les pays
de la rive Sud ont massivement investi dans l’éducation, au point que celle-ci représente
sensiblement plus en termes budgétaires que les autres pays du monde à niveau de
développement comparable. Mais leur dispositif est peu efficient et souffre de défauts
d’organisation patents auxquels les pays européens, confrontés aux mêmes questions,
commencent à apporter des réponses.
En quatrième lieu, les questions qui touchent à l’éducation et à la formation constituent un
champ particulièrement adapté à la collaboration entre l’intergouvernemental, la coopération
infranationale et l’intervention de la société civile. De nombreuses actions de coopération
décentralisées se développent aujourd’hui dans ce champ. Le présent projet devrait permettre
d’obtenir un saut d’échelle en généralisant les meilleures pratiques, et en développant d’autres.
67. Un certain nombre d’actions nécessiteraient un appui lourd. On pense ici à la réalisation d’écoles
d’ingénieurs, d’Instituts de technologies (cf. le rôle des sept instituts de technologies installés en
Tunisie), à la mise en place d’une action massive visant à éradiquer l’analphabétisme qui touche
encore, dans certains pays, près de 40% de la population. Mais d’autres interventions sont moins
coûteuses et susceptibles de progrès importants à moyen terme :
La première, est la définition conjointe d’un socle commun de connaissances et de
compétences qui pourrait se situer à la fin de la scolarité obligatoire. La France est aujourd’hui
plongée dans cette question, l’Espagne et l’Italie également. Pourquoi ne pas entamer des
discussions pour aboutir à une épure voisine au niveau de l’Union Méditerranéenne ? On
objectera que les cultures sont différentes, ciblons certaines compétences (calcul,
informatique, maîtrise de la langue nationale, histoire) et ouvrons des options tenant compte
des particularités culturelles. Discuter de la mise en place de ce socle aurait à l’évidence un
immense impact pour le lancement de l’Union Méditerranéenne et indiquerait au monde que
ce que l’UE ne sait pas faire, l’Union Méditerranéenne le tente.
La deuxième, concerne des questions touchant plus directement à l’organisation :
(i) La formation des maîtres qui doit profondément évoluer. Pourquoi ne pas favoriser la
circulation des maîtres par un système de bourses (objectif beaucoup moins coûteux qu’un
Erasmus méditerranéen, dispositif qui aurait deux inconvénients majeurs, pousser au
brain-drain, faire de fait de la sélection adverse au profit des couches favorisées et
occidentalisées) ? Un dispositif de ce type aurait, en effet, l’intérêt de mobiliser une élite
« cachée » aujourd’hui délaissée au profit d’un millier d’experts de bonne qualité, mais
qui monopolisent les colloques, les contrats de sous-traitance, les postes dans les
organisations internationales.
(ii) Le développement du lien entre la formation et le développement économique, avec, en
particulier, les questions relatives à l’orientation et au développement des cycles
technologiques et professionnels courts.
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