OVIDE Métamorphoses, XV, 825-828 Jupiter prédit à Vénus le <strong>de</strong>stin d'Auguste. Romanique ducis coniunx Aegyptia taedae non bene fisa ca<strong>de</strong>t, frustraque erit il<strong>la</strong> minata, seruitura suo Capitolia nostra Canopo. Une reine d'Égypte, fière d'être <strong>la</strong> femme d'un général romain, tombera dans son fol orgueil, et aura menacé en vain d'asservir à Canope notre Capitole. Traduction <strong>de</strong> G.T. Villenave, Paris, 1806 http://agorac<strong>la</strong>ss.fltr.ucl.ac.be/concordances/ovi<strong>de</strong>XV/lecture/7.htm Direction générale <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire © Ministère <strong>de</strong> l’Éducation nationale Page 26
PLINE L’ANCIEN Histoire Naturelle, LVIII (119 – 121) Nec haec summa luxuriae exemp<strong>la</strong> sunt. Duo fuere maximi uniones per omne aevum ; utrumque possedit Cleopatra, Aegypti reginarum novissima, per manus orientis regum sibi traditos. Haec, cum exquisitis cotidie Antonius saginaretur epulis, superbo simul ac procaci fastu, ut regina meretrix <strong>la</strong>utitiam eius omnem apparatumque obtrectans, quaerente eo, quid adstrui magnificentiae posset, respondit una se cena centiens HS absumpturam. Cupiebat discere Antonius, sed fieri posse non arbitrabatur. Ergo sponsionibus factis postero die, quo iudicium agebatur, magnificam alias cenam, ne dies periret, sed cotidianam, Antonio apposuit inri<strong>de</strong>nti computationemque expostu<strong>la</strong>nti. At il<strong>la</strong> corol<strong>la</strong>rium id esse et consumpturam eam cenam taxationem confirmans so<strong>la</strong>mque se centiens HS cenaturam, inferri mensam secundam iussit. Ex praecepto ministri unum tantum vas ante eam posuere aceti, cuius asperitas visque in tabem margaritas resolvit. Gerebat auribus cum maxime singu<strong>la</strong>re illud et vere unicum naturae opus. Itaque expectante Antonio, quidnam esset actura, <strong>de</strong>tractum alterum mersit ac liquefactum obsorbuit. Iniecit alteri manum L. P<strong>la</strong>ncus, iu<strong>de</strong>x sponsionis eius, eum quoque parante simili modo absumere, victumque Antonium pronuntiavit omine rato. Comitatur fama unionis eius parem, capta il<strong>la</strong> tantae quaestionis victrice regina, dissectum, ut esset in utrisque Veneris auribus Romae in Pantheo dimidia eorum cena. Et ce ne sont pas les <strong>de</strong>rnières extrémités auxquelles le luxe se soit porté : il y a eu <strong>de</strong>ux perles, les plus grosses qu'on ait jamais vues ; elles furent toutes <strong>de</strong>ux possédées par <strong>Cléopâtre</strong>, <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>s <strong>reines</strong> d'Égypte, et les rois <strong>de</strong> l'Orient se les étaient passées <strong>de</strong> main en main. Chaque jour Antoine se rassasiait <strong>de</strong> repas splendi<strong>de</strong>s; elle, avec l'orgueil et le faste dédaigneux d'une courtisane royale, rabaissait toute <strong>la</strong> somptuosité, tout l'appareil <strong>de</strong> ces festins. Antoine <strong>de</strong>manda ce qu'on pourrait ajouter à tant <strong>de</strong> magnificence : elle répondit qu'en un seul repas elle dépenserait 410 millions <strong>de</strong> sesterces (2,100,000 fr.). Antoine désirait apprendre comment, bien qu'il crût <strong>la</strong> chose impossible : on paria. Le len<strong>de</strong>main, jour où <strong>de</strong>vait se vi<strong>de</strong>r l'affaire, elle fit servir un repas magnifique, sans doute pour que <strong>la</strong> journée ne fût pas perdue, mais qui ne va<strong>la</strong>it pas mieux que les repas ordinaires d'Antoine. Celui-ci p<strong>la</strong>isante, et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le compte. <strong>Cléopâtre</strong> répond que ce n'est qu'un accessoire; elle ajoute que le repas coûtera le prix fixe, et que seule elle mangera les 10 millions <strong>de</strong> sesterces. Elle fait apporter le second service. Ses serviteurs, qui étaient dans le secret, ne p<strong>la</strong>cent <strong>de</strong>vant elle qu'un vase plein <strong>de</strong> vinaigre, liqui<strong>de</strong> dont <strong>la</strong> force dissolvante fond les perles. Elle portait en ce moment ces <strong>de</strong>ux perles, chef-d'œuvre singulier <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, et véritablement sans pareil. Antoine examinait ce qu'elle al<strong>la</strong>it faire : <strong>la</strong> reine en ôte une, <strong>la</strong> jette dans le vinaigre, <strong>la</strong> fait fondre, et l'avale. L. P<strong>la</strong>ncus, juge du pari, mit <strong>la</strong> main sur l'autre au moment où elle se préparait à <strong>la</strong> dissoudre <strong>de</strong> <strong>la</strong> même façon, et déc<strong>la</strong>ra Antoine vaincu; présage que l'événement confirma. L'autre perle n'a pas une réputation moindre. Après <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> cette reine, qui avait gagné un aussi grand pari, elle fut sciée en <strong>de</strong>ux ; et <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> leur souper on fit <strong>de</strong>ux pendants d'oreilles pour <strong>la</strong> statue <strong>de</strong> Vénus dans le Panthéon, à Rome. Traduction : Dubochet, édition d'Émile Littré http://remacle.org/bloodwolf/erudits/plineancien/livre9.htm Direction générale <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire © Ministère <strong>de</strong> l’Éducation nationale Page 27