Datation par dendrochronologie : 125 rue Fondue Haute, Cahors (46)

C. E. D. R. E.
Datation par dendrochronologie :
125 rue Fondue Haute,
Cahors (46)
Besançon - Septembre 2011
Largeur
Temps
Quercus sp.
Abies alba

C. E. D. R. E.
Largeur
Datation par dendrochronologie :
125 rue Fondue Haute,
Cahors (46)
Christophe Perrault
Temps
12 av. de Chardonnet
25 000 Besançon
03 81 40 19 06
cedre.perrault@wanadoo.fr
Quercus sp.
Abies alba
Etude financée par la Région Midi-Pyrénées

- Datation dendrochronologique ›
Photo 1 (Lavier) : Prélèvement à la tarrière électrique
phases de travaux sont supposées dans un
édifice, il est indispensable de prévoir des
sous-ensembles de prélèvements représentant
chaque phase.
L’analyse porte sur la croissance
radiale des arbres utilisés (Photo 2). La
datation se rapporte donc à leur abattage et
non pas directement à leur mise en oeuvre.
Les décalages observés entre abattage et
emploi restent minimes et permettent
parfois de nourrir des hypothèses quant au
mode d’approvisionnement du chantier
(Hoffsummer, 1989; Wrobel et al., 1993).
Dans des structures détruites, les
prélèvements sont effectués par
tronçonnage. Dans une charpente en place,
des carottes sont extraites à l’aide d’une
tarière électrique (Photo 1). Le dommage
occasionné reste limité à un orifice de la
taille d’un trou de cheville. Les contraintes
mécaniques de la poutre ne sont pas
modifiées. L’aspect esthétique peut toutefois
nécessiter de reboucher le trou, mais cette
opération doit respecter certaines
contraintes. Les échantillons sont surfacés
pour faciliter la mesure des largeurs de
cernes (Photo 4). Pour le mobilier, des
techniques spécifiques sont utilisées.
Datation dendrochronologique - Principes - 5
- Principes ›
La datation d’une
structure en bois dans un
bâtiment, photo 3, ou dans
une fouille archéologique,
ou de mobilier requiert la
collecte d’un ensemble
d’échantillons. Le lot Photo 2 : Prélèvement d’un arbre vivant
constitué doit permettre aux
résultats obtenus par des méthodes statistiques d’être
représentatifs des structures étudiées. Si plusieurs
Photo 3 : vue de la charpente de la Sainte Chapelle de Riom (63)
Photo 4 : préparation des échantillons
Laboratoire de Chrono-Ecologie (CNRS, Univ. Franche-Comté)
O. Girardclos et C. Perrault - 07/99 -

6 - Datation dendrochronologique - Principes
Largeur de cerne
largeur moyenne
largeur moyenne
Etapes de la datation dendrochronologique :
Acquisition des données et principe de l’étalonnage
17ème
Laboratoire de Chrono-Ecologie (CNRS, Univ. Franche-Comté)
O. Girardclos et C. Perrault - 07/99 -
18ème 19ème 20ème Siècle
Prélèvements et préparation (Photos 1-2-4)
Mesure des séries de largeur de cernes (Photos 5-6) Standardisation (Fig.2)
Largeur
de cerne
Indices
Temps Temps
Synchronisation des séries individuelles (Fig.5)
Synchronisation des moyennes de sites (Fig.5)
Référence locale ou régionale
temps
temps
1999
temps 1999
Figure 1 : Principe de l’étalonnage du temps par la dendrochronologie (d’après Lambert, 1998)

Données brutes (largeur de cerne 1/100 mm)
Indices de croissance
Photo 6 : chaine d’acquisition des données
-1050
Les largeurs de
cernes sont mesurées en
centième de millimètre à l’aide
d’un système optique et
informatique, puis les séries
sont transformées sous forme
de graphiques en fonction du
temps (Photo 5 et 6).
La datation ne peut
pas être effectuée directement
avec des largeurs de cernes.
Les tests statistiques sont
réalisés soit à partir du sens de
la variation interannuelle (cf.
test de Eckstein Figure 4), soit
à partir des données
standardisées.
Données brutes
-1000
Temps (années av. J.-C.)
BI : Bois initial ou bois de printemps
BF : Bois final ou bois d'été
BI + BF = un cerne annuel
Signal de moyenne fréquence
Signal de basse fréquence
Signal de haute fréquence
-950
Figure 2 : standardisation des données brutes
Datation dendrochronologique - Principes - 7
L’anatomie du bois est
différente selon les espèces. Le cerne
annuel du Chêne est composé d’une
assise de gros vaisseaux élaborés au
printemps (bois initial) et d’une zone
essentiellement fibreuse produite en
été (bois final). Celui de Sapin est
constitué d’un seul type de cellules,
les trachéides, dont l’épaisseur et la
densité augmentent au cours de
l’année (Photo 5).
BF
BI
BF
BI
Temps
Les séries de largeurs de
cernes présentent des variations de
basse, moyenne et haute fréquence
(Figure 2). Les premières sont
principalement liées au
vieillissement de l’arbre. Les
variations de l’ordre de 10 à 30 ans
ont un déterminisme plus
complexe, elles peuvent être liées à
des pratiques sylvicoles, aux
ravages d’insectes ou au climat...
Le signal de haute fréquence est le
seul permettant de dater à l’année
près. La standardisation a donc
comme objectif d’amortir les autres
influences, elle transforme les
données brutes en séries d’indices
stationnaires. En routine, l’indice
Except (Lambert et Lavier 1992,
Guibal et al. 1991) est utilisé pour
les datations.
Laboratoire de Chrono-Ecologie (CNRS, Univ. Franche-Comté)
O. Girardclos et C. Perrault - 07/99 -
Largeur
Photo 5 : mesure des largeurs de cerne d’un Chêne et d’un Sapin
-900

8 - Datation dendrochronologique - Principes
Largeur
Série 1
Série 2
Données brutes
Etapes de la datation dendrochronologique :
Traitement des données et présentation des résultats
Bâtiment à dater
Synchronisation sur la référence
Laboratoire de Chrono-Ecologie (CNRS, Univ. Franche-Comté)
O. Girardclos et C. Perrault - 07/99 -
Synchronisation des séries individuelles
(Fig.6)
Recherche du meilleur synchronisme
par glissements pas à pas (Fig.5)
D a t e
0 +1 -1 -1 +1 0 +1
Temps
-1 +1 -1 0 +1 -1 -1
Sens de la variation interannuelle :
Série 1 0 +1 -1 -1 +1 0 +1
Série 2 -1 +1 -1 0 +1 -1 -1
i m d i m i D
i écart ignoré
m concordance de deux montants
C nombre d'écarts concordants
montants ou descendants
Gleichläufigkeit
coefficient de coïncidence :
W:
coefficient de ECKSTEIN
d concordance de deux descendants
D écart discordant
T nombre total de comparaisons
non ignorées
G = C / T
W = (G-0,5)*2√ T
temps
temps 1999
décompte des années en marche arrière
Figure 3 : datation sur un référentiel (d’après Lambert, 1998)
La synchronisation est
réalisée par glissement de pas annuel
d’une série sur l’autre. Deux tests
statistiques permettent de quantifier la
qualité du synchronisme pour chaque
position. Le test de Eckstein est basé
sur la concordance des écarts
interannuels (Figure 4). Après
standardisation des données, les séries
d’indices peuvent être comparées par
le coefficient de corrélation dont la
fiabilité est estimée par un test de
Student. Les meilleures valeurs
proposées par ces tests statistiques
sont vérifiées graphiquement. La
décision de sélectionner une des
propositions relève de la responsabilité
de l’opérateur. La justification de ce
choix est donc indispensable (Figure 5).
Figure 4 : test de Eckstein (1969)

valeur t de Student
coefficient W Eckstein
Largeur de cerne
Recherche par glissement
temps
Position de synchronisme
Synchronisation
des séries individuelles
Série moyenne
Temps
Légende
Moelle
Seuil
Datation dendrochronologique - Principes - 9
valeur t de Student
coefficient W Eckstein
Fréquence
Bloc-diagramme
Réfection
Duramen Aubier
Figure 6 : constitution du bloc - diagramme
Tri par ordre décroissant
Position de synchronisme
Synchronisme élevé
Absence de synchronisme
Seuil de vérification graphique
rang
Présentation des résultats
La recherche par glissement produit une série
de valeurs parmi lesquelles une seule doit être jugée
exceptionnelle pour que la datation soit validée. Le
risque associé à cette datation est directement fonction
de la dispersion de la valeur choisie par rapport aux
autres propositions. Sur la figure de présentation des
résultats cette valeur se trouve d’autant rejetée d’un côté
de l’axe que le risque d’erreur est faible.
La datation de la moyenne de site est réalisée
sur plusieurs références régionales et locales. La
comparaison de l’ensemble des résultats permet de
définir globalement la qualité de la datation. Figure 5
180
Référence : Bourgogne.33
Période de recherche : 705 - 1991
160 Bibliographie : (Lambert et Lavier 1992)
140
120
100
80
Absence de synchronisme
Synchronisme élevé
60
40
20
0
0 1 2
1422
1732
1795
1616
3 4
date acquise
1398
5 6 7 8 9 10
Valeur t de Student
Date d'abattage Temps
Ecorce
Aubier manquant estimé
Le bloc-diagramme est élaboré à partir des séries individuelles synchronisées. Il permet
de visualiser les phases d’abattage des arbres représentés par le lot d’échantillons. La date est
précise à l’année près lorsque l’écorce est observable. Si la pièce de bois a été équarrie, une partie
des cernes périphériques est détruite. La date d’abattage doit être estimée. Ceci est possible si
quelques cernes d’aubier (partie externe du bois assurant le transport de la sève brute) sont
conservés. En effet, il est généralement admis que l’aubier des chênes comporte entre 2 et 40 cernes
(Lambert 1996). Si la taille a totalement détruit ce tissu, seule une date post-quem peut être
déterminée.
Laboratoire de Chrono-Ecologie (CNRS, Univ. Franche-Comté)
O. Girardclos et C. Perrault - 07/99 -
Date d'abattage estimée

Cahors (46) 125 rue Fondue Haute - 11
Matériel analysé
L’ensemble situé au 125 rue Fondue Haute comprend un ensemble de bâtiments (photo 1 et
2) en briques, en partie repris à l’époque Moderne et une extension du XIXe siècle (photo 13).
Photo 1 : Façade sud du bâtiment D. Le trait en pointillé indique approximativement le niveau de plafond étudié.
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011

12 - Datation dendrochronologique -
Photo 2 (en haut, à gauche) : Bâtiment moderne devant le bâtiment D médiéval.
Photo 3 (en haut, à droite) : Vue du plafond du premier niveau du bâtiment D, vers le sud.
Photo 4 (au centre, à gauche) : Vue du plafond du premier niveau vers le nord, à l'ouest du mur de refend.
Photo 5 (au centre, à droite) : Vue du plafond vers le nord, à l'est du mur de refend.
Photo 6 (en bas, à gauche) : Solives à l'arrière de l'arc brisé.
Photo 7 (en bas, à droite) : Solive noueuse.
Le bâtiment D (photo 1), en fond de parcelle, s’élève sur quatre niveaux, dont un comble
aménagé. Il a conservé un plafond ancien.
L’étude porte sur le plafond médiéval du bâtiment D et sur les charpentes.
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011

PLaFonD 1er nIveau, bâtIMent D
Ce plafond (figure 1) est constitué d’une série de solives de forte section, reposant à chaque
extrémité sur une poutre de rive : l’une dans la maçonnerie sud (photo 3), l’autre au nord, au-
dessus d’un arc brisé en briques (photo 4 à 6), recoupé par un mur de refend postérieur à la
construction. Les bois sont en chênes, certains sont très noueux (photo 7). Ils sont équarris à
la hache sur les quatre faces, mais l’équarrissage imparfait a laissé de larges bandes d’aubier
(flaches).
Ce type de plafonds sans report des solives sur une poutre maîtresse est courant à Cahors
pour la période médiévale et pour des salles aux faibles dimensions.
CHarPente, bâtIMent D
La charpente est à fermes et à pannes. elle comprend quatre fermes identiques, dans un
comble à surcroît (le plancher est situé sous l’arase des murs gouttereaux, dégageant ainsi un
important volume aménageable).
Les fermes (figure 2) peuvent être divisées en deux parties :
- La ferme proprement dite, constituée de deux arbalétriers, un entrait retroussé et un
poinçon court (photo 8).
Cahors (46) 125 rue Fondue Haute - 13
C.E.D.R.E.
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14 - Datation dendrochronologique -
- un portique en trapèze formé par l’entrait et deux jambes de forces, relié au premier
ensemble par un blochet (photo 9).
Deux cours de pannes intermédiaires au dos des arbalétriers répartissent longitudinalement
les charges transmises par la couverture aux chevrons (photo 10).
Dans l’axe des fermes, le contreventement est assuré par un cours de faîtières raidi par des
liens.
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011
Photo 8 (en haut, à gauche) : Vue de la partie est de la ferme
nord de la charpente du bâtiment D.
Photo 9 (en haut, à droite) : Base d'un "portique" en pied
de ferme, créant un surcroît dans le comble.
Photo 10 (au centre, à gauche) : Panne au dos d'un arbalétrier.
Photo 11 (au centre, à droite) : Marque VII au noir de charbon.
Photo 12 (en bas, à gauche) : Traces d'équarrissage à la doloire
et marque XV au ciseau sur un arbalétrier et une jambe de force.

1
:
Entrait Entrait
2 : Arbalétrier
3 : Entrait
retroussé
4 4 : : Poinçon
5 : Blochet
6
:
JJambe
ambe
dde
e fo force orce
7
:
CChevron
hevron
8
:
PPanne
anne
iintermédiaire
ntermédiaire
9
:
FFaîtière
aîtière
110
0 :
LLien
ien
dde
e ccontreventement
ontreventeme
n nt
1
3
4
8.35 8.
35
m
Cahors (46) 125 rue Fondue Haute - 15
Est
2
OOuest
uest
5
6
7
8
8
110
0
9
Plancher P l lancher
FFigure
igg
ure
2
:
CCoupe
oupe
ttransversale
ransversale
sschématique
chématique
dd'une
'une
fe ferme erme
dde
e lla
a ccharpente
harpente
ddu
u bbâtiment
ât
t iment
DD.
.
Les bois utilisés sont en chênes et sont particulièrement noueux. Ils sont équarris à la doloire
(photo 12). Certains présentent des indices de remploi, avec des mortaises orphelines en
position inadaptée (par exemple pour un lien de contreventement).
Des marques réalisées au ciseau sont observées à proximité des assemblages entre deux
éléments. une série cohérente (figure 3) est observée sur l’ensemble des fermes, même si
l’ensemble des marques n’a pas pu être lue : I et II pour la ferme F1 (la plus au nord), III et un
triangle pour F2, Xv ou v selon les cas (photo 12) et vI pour F3, vII au noir de charbon (photo
11) sur l’arbalétrier ouest de la ferme F4 (au sud).
N
Ferme 1
Ferme 2
Ferme 3
Ouest Est
Blochet Jambe Arbalétrier Entrait retroussé Poinçon Entrait Arbalétrier Jambe Blochet
S Ferme 4
noir
Figure 3 : Relevé des marques d'assemblage de la charpente du bâtiment D.
Habituellement, le charpentier utilise la même marque pour tous les éléments d’une même
ferme, avec l’ajout d’une contremarque à la marque franche pour différencier les assemblages
symétriques. Ici, deux marques différentes sont gravées, des signes sont même utilisés
(triangle en lieu et place du IIII).
une petite incohérence est notée sur la ferme F3, avec des éléments marqués v et Xv. Les
premiers sont bien intégrés à la série, contrairement aux seconds qui pourraient être le reflet
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011

16 - Datation dendrochronologique -
d’un remaniement.
néanmoins, la série de marquages est pertinente et traduit un ensemble relativement
homogène. on peut noter qu’aucune marque n’a été identifiée sur les liens du
contreventement.
CHarPente, eXtensIon (aILe suD)
La charpente de l’extension sud est à fermes et à pannes, en chênes, dans un comble à surcroît.
Les trois fermes sont constituées de deux arbalétriers se croisant en tête pour porter un cours
de faîtières, deux blochets, deux jambes de force et un entrait (photo 14).
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011
Photo 13 (en haut) : Extension sud.
Photo 14 (en bas) : Ferme à arbalétriers se croisant en tête.

Photo 15 : Traces de sciage mécanique.
Les bois sont débités à la scie mécanique (photo 15), situant la construction de l’ensemble au
XIXe siècle. Ils portent des marques d’assemblages formant une série continue, de I à III (à la
rainette).
eCHantILLonnage
La stratégie d’échantillonnage
consiste à réaliser un lot de 5 à
10 échantillons livrant au
moins 50 cernes pour chaque
structure ou ensemble
homogène (plafond du
bâtiment D, charpente du
bâtiment D, charpente de
l’extension sud). une partie
des échantillons doit
conserver de l’aubier pour
approcher la date d’abattage
des arbres à l’année près.
vingt-six échantillons répartis
en trois lots sont ainsi collectés (figure 4).
Cahors (46) 125 rue Fondue Haute - 17
N° Structure Nature Cernes Aubier Ecorce Chronologie
1 Plafond 2e étage, annexe Solive 119 23 oui 1103-1221
2 Plafond 2e étage, annexe Solive 150 23 non 1062-1211
3 Plafond 2e étage, annexe Solive 96 23 oui 1126-1221
4 Plafond 2e étage, annexe Solive 62 0 non non daté
5 Plafond 2e étage, annexe Solive 125 11 non 1077-1201
6 Plafond 2e étage, annexe Solive, salle ouest 161 13 non 1046-1206
7 Plafond 2e étage, annexe Poutre de rive sur arc non mesuré
8 Charpente Arbalétrier ouest, F4 72 24 oui 1685-1756
9 Charpente Entrait retroussé, F4 34 2 non non daté
10 Charpente Arbalétrier est, F4 73 19 oui 1685-1757
11 Charpente Jambe de force ouest, F3 21 0 non non daté
12 Charpente Arbalétrier ouest, F3 70 19 oui 1688-1757
13 Charpente Entrait, F3 non mesuré (fragmenté)
14 Charpente Arbalétrier est, F2 62 5 non 1685-1746
15 Charpente Arbalétier est, F1 non mesuré (fragmenté)
16 Charpente Blochet ouest, F2 79 15 non non daté
17 Charpente Jambe de force ouest, F2 39 7 non non daté
18 Charpente Arbalétrier ouest, F2 84 0 non non daté
19 Charpente Arbalétrier ouest, F1 118 22 non 1635-1752
20 Charpente, extension XIXe Arbalétier est, F1 70 30 oui 1824-1893
21 Charpente, extension XIXe Jambe de force ouest, F1 78 21 non 1809-1886
22 Charpente, extension XIXe Faîtière 80 3 oui 1814-1893
23 Charpente, extension XIXe Jambe de force est, F2 83 19 oui 1811-1893
24 Charpente, extension XIXe Arbalétrier ouest, F2 79 15 oui 1815-1893
25 Charpente, extension XIXe Arbalétrier est, F2 83 12 oui 1811-1893
26 Charpente, extension XIXe Jambe de force ouest, F3 63 13 oui 1831-1893
Figure 4 : Liste des échantillons.
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011

18 - Datation dendrochronologique -
Principes de datation
après comparaison des séries de croissance sont constituées des chronologies moyennes
représentatives de la croissance de lots d'échantillons associées à une partie ou la totalité
d'une ou plusieurs structures. Ces chronologies sont ensuite comparées aux références.
Les références disponibles pour le chêne sont regroupées en base de données et construites
par plusieurs laboratoires et différents auteurs :
- base Cnrs, version publique du 30 sept. 2002
- base Cedre
- références communiquées par leurs auteurs (cf bibliographie)
- références publiées.
Ces références sont de 2 natures, en fonction du nombre et de la répartition géographique des
échantillons qui les constituent :
- Les références régionales sont élaborées à partir de chronologies de plusieurs sites
d’une région relativement vaste, mais le plus homogène possible d’un point de vue
climatique.
- Les références locales sont issues de séries d’un ou plusieurs sites d’une ville donnée.
L’objectif est de réaliser la datation à 2 échelles géographiques différentes, à partir de
chronologies construites de façon la plus indépendante possible, afin de présenter un risque
d’erreur objectif minimal. en effet, la sécurité statistique est maximale quand le synchronisme
est significatif entre la chronologie à dater et plusieurs références des 2 natures, construites le
plus indépendamment possible, c'est-à-dire avec des bois différents, par des auteurs variés et
par plusieurs laboratoires en collaboration. La sécurité estimée doit être présentée pour étayer
le propos du dendrochronologue, car elle est la seule objective et fournit des informations
chronologiques indépendantes des autres sources : typologiques, architecturales ou
historiques...
Cette procédure permet de définir un niveau de risque pris par l'opérateur :
- si la flèche, qui indique la proposition retenue, est très éloignée de la distribution des
propositions fausses sur plusieurs références, alors le risque d'erreur est très faible. Il tend
fortement vers 0, il est dit quasi-nul. La date est dite de classe a (la meilleure).
- si la flèche n'est pas très nettement dégagée de la distribution à gauche, alors le
risque est faible, mais il n'est pas à négliger. La date est de classe b.
- si la valeur retenue ne dépasse pas significativement les autres propositions du test,
alors la date n'est pas validée par les seules procédures de calcul. elle nécessite une
confirmation par d'autres données architecturales ou typologiques, pour discuter de sa
pertinence. La date est alors de classe C.
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011

ConstItutIon De CHronoLogIes Moyennes
Datation
Les 23 séries de croissance des échantillons analysés (3 sont écartées en raison d’une
fragmentation trop importante des carottes) sont comparées deux à deux et sont regroupées
selon leur degré de similitude.
trois groupes de séries synchrones sont constituées et pour chacun d’eux est calculée une
chronologie moyenne :
- Cahors125FH.M1 (176 cernes, séries n° 1, 2, 3, 5 et 6).
- Cahors125H.M2 (123 cernes, séries n° 8, 10, 12, 14 et 19).
- Cahors125FH.M3 (85 cernes, séries n° 20 à 26).
CoMParaIson sur Les réFérenCes
Les trois chronologies moyennes sont comparées au même panel de références de chênes et
sont ainsi rattachées à leur période de provenance : 1046-1221 pour Cahors125FH.M1 (1046
correspond à l’année de formation du premier cerne et 1225 à celle du dernier cerne, le
176ème), 1635-1757 pour Cahors125FH.M2 et 1809-1893 pour Cahors125FH.M3.
FIabILIté Des DatatIons
Cahors (46) 125 rue Fondue Haute - 19
Cahors125FH.M1
Les résultats de datation de la chronologie Cahors125FH.M1 sur les références de chênes sont
présentés dans la figure 5, pour un synchronisme correspondant à la période 1046-1221.
La flèche indique la valeur "t" entre la série à dater et la référence considérée. Cette valeur "t"
représente la qualité objective du synchronisme entre la série et les références. Celle-ci est
d’autant meilleure que la flèche est rejetée à la droite de l’axe des abscisses. De même, le
risque d’erreur est d’autant plus faible que la valeur retenue est extérieure (étrangère) à la
distribution des propositions fausses situées à gauche de l’axe (cf. Principes).
a l’échelle régionale (colonne de gauche), le meilleur résultat est enregistré sur la référence de
Midi-Pyrénées, en cours de construction. La valeur « t » est élevée et se dégage nettement des
autres propositions du test. Le synchronisme entre la chronologie moyenne et la référence
considérée est alors jugée de très bonne qualité.
La valeur « t » diminue sur les autres références citées, mais elle reste très significative.
a l’échelle locale (colonne de droite), un synchronisme de très bonne qualité est mis en
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011

évidence sur deux chronologies de sites de Cahors (Lot) et de Cordes (tarn), mais également
sur des chronologies de sites extra-régionaux (troyes, orléans, saint-rambert), même si la
valeur « t » est plus faible.
En conclusion, le synchronisme de la chronologie Cahors125FH.M1 sur les références de
chênes, correspondant à la période 1046-1221, est retenu avec un risque d’erreur très faible,
quasi-nul. La date est de classe A (très fiable).
Cahors125FH.M2
La figure 6 présente les résultats de datation de la chronologie moyenne Cahors125FH.M2 sur
les références de chênes, pour un synchronisme correspondant à la période 1635-1757.
20 - Datation dendrochronologique -
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011
M
0
1
1 0
0
1
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8
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7
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a l’échelle régionale (colonne de gauche), le meilleur résultat est observé sur la référence du
Poitou, mais elle n’est pas très élevée et ne se dégage pas nettement des autres propositions
du test. Le synchronisme est toutefois de bonne qualité entre la chronologie moyenne et cette
référence.
sur les autres références citées, la valeur « t » est peu ou pas significative. Celle de Midi-
Pyrénées, peu représentée pour la période considérée, n’est pas mentionnée.
a l’échelle locale (colonne de droite), un synchronisme de bonne qualité est mis en évidence
sur plusieurs chronologies de sites du nord de la France.
En conclusion, le synchronisme de la chronologie Cahors125FH.M2 sur les références de
chênes, correspondant à la période 1635-1757, est retenu avec un risque d’erreur faible.
Mais celui-ci ne peut pas être négligé, les valeurs « t » observées n’étant pas suffisamment
élevées. La date est de classe B et reste fiable.
Cahors125FH.M3
Les résultats de datation de la chronologie moyenne Cahors125FH.M3 sur les références de
chênes sont présentés dans la figure 7, pour un synchronisme correspondant à la période
1809-1893.
a l’échelle régionale (colonne de gauche), une valeur « t » peu élevée, qui ne se dégage pas
des autres propositions du test statistique, est observée sur les références du nord de
l’auvergne (auvergne-Limagne 3) et de Champagne-ardenne. sur les autres références, elle
n’est plus significative.
a l’échelle locale (colonne de droite), un synchronisme de bonne qualité est mis en évidence
sur la chronologie représentative de la croissance radiale des chênes de la forêt de tronçais.
sur les autres chronologies citées (forêts et site archéologique), la valeur « t » n’est pas
significative.
Cahors (46) 125 rue Fondue Haute - 21
Ces valeurs « t » globalement faibles sont essentiellement liées à la sous-représentativité de la
base de données en chronologies de la période Moderne et notamment du XIXe siècle.
En conclusion, le synchronisme de la chronologie Cahors125FH.M3 sur les références de
chênes ne peut pas être retenu uniquement sur la base des procédures de calcul. Il ne s’agit
que d’une proposition de datation qui doit être validée par d’autres sources de données.
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011

22 - Datation dendrochronologique -
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011
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Cahors (46) 125 rue Fondue Haute - 23
Interprétation
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Les échantillons n° 1 et 3 possèdent un aubier complet, dont le dernier cerne est formé en 1221
(figure 8). Dans les deux cas, le cerne situé juste sous l’écorce est constitué de gros vaisseaux
fabriqués au printemps 1221 et d’une zone fibreuse élaborée en été 1221. La coupe des arbres
se déroulent après la période de croissance de l’année 1221 et avant la reprise de celle de
l’année suivante.
Les autres échantillons ont perdu quelques cernes d’aubier, mais ils peuvent être rattachés à
la phase d’exploitation en automne-hiver 1221-1222. Les bois sont alors disponibles dès 1222
pour être mis en œuvre en 1222 ou peu après.
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trois échantillons possèdent un aubier complet jusqu’à l’écorce, dont le dernier cerne est
formé en 1756 pour le n° 8 et en 1757 pour les n° 10 et 12 (figure 9). Dans les trois cas, l’ultime
cerne est constitué de bois de printemps et de bois d’été. on en déduit la coupe des arbres en
automne-hiver 1756-1757 pour l’échantillon n° 8 et en automne-hiver 1757-1758 pour les n° 10
et 12.
Les deux autres échantillons ont perdu quelques cernes d’aubier. Mais en les prenant en
compte, il est possible de rattacher ces échantillons à la phase d’abattage des arbres en 1756-
1757 et 1757-1758.
en conclusion, l’ensemble des bois semble disponible dès 1758 pour être mis en œuvre
rapidement, en 1758 ou peu après. Cependant, une coupe un peu après reste possible.
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C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011

CaHors125FH.M3
six des sept échantillons possèdent un aubier complet, dont le dernier cerne situé sous
l’écorce est fabriqué en 1893 (figure 10). Cet ultime cerne est constitué de bois de printemps
et de bois d’été. L’abattage des arbres se déroulent donc en automne-hiver 1893-1894.
en conclusion, les bois utilisés dans la charpente de l’extension sud sont disponibles en 1894
pour être mis en œuvre rapidement.
24 - Datation dendrochronologique -
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011
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Conclusion
Cette étude a permis de dater par dendrochronologie trois structures d’un ensemble situé au
125 rue Fondue Haute, à Cahors (Lot) :
Cahors (46) 125 rue Fondue Haute - 25
- Le bâtiment D en briques s’élève sur quatre niveaux. Le plafond du premier est
constitué uniquement de solives en chênes, de forte section, qui reposent à chaque extrémité
sur une poutre de rive (de type madrier), également en chênes. L’une de ces rives est disposée
au-dessus d’un arc brisé. Les bois proviennent de brins de chênes coupés à l’automne-hiver
1221-1222 et mis en œuvre par simple équarrissage des quatre faces à la hache, dès 1222 ou
peu après.
Ce type de plafonds sans poutre(s) maîtresse(s) sous les solives se rencontre fréquemment à
Cahors à la même période, pour des salles aux faibles dimensions :
9 Impasse de la Charité (1255), 75 rue Marot (1283), 46 rue Donzelle (1289), ancienne MJC
(1260), maison des soubirous 41 rue du Château du roi (tour 1229-1258)…
- La charpente du bâtiment médiéval est à fermes et à pannes, dans un comble à
surcroît. La structure est levée à partir de billes de chênes coupées sur au moins deux années
consécutives et mises en œuvre probablement à partir de 1758.
- La charpente de l’extension sud est à fermes et à pannes, avec comme particularité le
croisement des arbalétriers en tête pour reposer le cours de faîtières. Les bois sont exploités à
l’automne-hiver 1893-1894 et sont débités mécaniquement à la scie.
Ce type de structures est relativement courante dans le sud-ouest et l’auvergne dès le
Moyen-age.
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011

26 - Datation dendrochronologique -
LaboratoIres PartenaIres Pour L’eCHange Conserté Des Données :
LCe 10/2002 : base de donnée publique du laboratoire de Chrono-ecologie, uMr 6565 Cnrsuniv.
de Franche-Comté (besançon). auteurs : bernard v., Chevrier v., Doucerain C.,
girardclos o., guibal F., Lambert g.n., Lavier C., Locatelli C., Perrault C., Perrier P.
Laboratoire d’archéo-sciences (C2a), uMr 6566 Cnrs-univ. de rennes I. auteur : bernard v.
Laboratoire Dendrotech, société rennes. auteur : Le Digol y.
Istitut Méditerranéen d’ecologie et Paléo-écologie, uMr 6116 Cnrs-univ. aix-Marseille III.
auteur guibal F.
Laboratoire de dendrochronologie de l’université de Lièges (b). auteur : Hoffsummer P.,
Houbrecht D., eeckhout J., Fraiture P.
Laboratoire du Musée Cantonal d’archéologie de neuchâtel (CH). auteurs : egger H.,
gassmann P., burri.
Laboratoire d’analyse du bois de bohlingen (D), société Dendronet. auteur : tegel W.
belingard C. Dendrochronologue indépendante, Chantelauve (vienne)
› Bibliographie ›.
DenDroCHronoLogIe, HIstoIre De L’art et arCHIteCture, arCHéoLogIe :
berHauLt s. et IMMeL J.J. à paraître : La dendrochronologie : science au service de la
datation du bois. Conseil général essonne, bulletin société Historique et archéologique de
Dourdan en Hurepois
bonteMPs D. 1984 : La charpente du choeur de l’églisesaint Pierre de gonesse (val-d’oise),
archéologie Médiévale, 14, p. 127-167.
bonteMPs D. 1995 : La grange de l’abbaye cistercienne de Chaloché (49) ou de l’importance
de l’étude de la charpente dans un bâtiment médiéval. archéologie Médiévale, 25, p. 27-64.
bonteMPs D. 2002 : Charpentes de la région Centre du XIIe au XIIIe siècle. Paris, Centre de
recherches sur les Monument Historiques, Monum, 204 p..
DIetrICH a. et gauLtIer M. 2001 : La charpente de la grange abbatiale de Maubuisson
(saint-ouen-l’aumône, 95). archéologie Médiévale, 30-31, p. 109-132.
Ferauge M. 2003 : Les charpentes à chevrons suspendus de l’essonne. une relecture de
l’évolution des charpentes médiévales. Mémoire Dea univ. Paris I sorbonne. 63 p.
HoFFsuMMer P. (dir), CorvoL-Dessert a., HoubreCHts D., LaMbert g.n.,
C.E.D.R.E.
C. Perrault - Septembre 2011

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