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La différenciation des sexes et des genres

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Manuscrit auteur, publié dans "Annales medico-psychologiques 168, 6 (2010) 471"<br />

DOI : 10.1016/j.amp.2010.05.006<br />

Accepted Manuscript<br />

Title: <strong>La</strong> <strong>différenciation</strong> <strong>des</strong> <strong>sexes</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>genres</strong><br />

Author: M.-L. Bourgeois<br />

PII:<br />

S0003-4487(10)00154-X<br />

DOI:<br />

doi:10.1016/j.amp.2010.05.006<br />

Reference: AMEPSY 1167<br />

To appear in:<br />

Annales Médico-Psychologiques<br />

peer-00659515, version 1 - 13 Jan 2012<br />

Please cite this article as: Bourgeois M-L, <strong>La</strong> <strong>différenciation</strong> <strong>des</strong> <strong>sexes</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>genres</strong>,<br />

Annales medio-psychologiques (2008), doi:10.1016/j.amp.2010.05.006<br />

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peer-00659515, version 1 - 13 Jan 2012<br />

Cahier de formation continue<br />

<strong>La</strong> <strong>différenciation</strong> <strong>des</strong> <strong>sexes</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>genres</strong><br />

II – Aspects psychosociaux. Débats <strong>et</strong> polémiques actuelles<br />

M.-L. Bourgeois<br />

IPSO, 121, rue de la Béchade (Université Victor Segalen Bordeaux II),<br />

33076 Bordeaux, France<br />

Auteur correspondant : Pr M.-L. Bourgeois, IPSO, 121, rue de la Béchade (Université Victor<br />

Segalen Bordeaux II), 33076 Bordeaux, France<br />

Tél. : 05 56 56 17 67<br />

Fax : 05 56 56 17 69<br />

Adresse email : ipso.bourgeois@u-bordeaux2.fr<br />

« Le Genre est l’opium du peuple, <strong>et</strong> non la religion »<br />

Ervin Goffman (L’arrangement <strong>des</strong> <strong>sexes</strong>, 1979-2002) [14]<br />

« L’hétérosexualité est par nature<br />

une violence faite aux femmes »<br />

Elsa Dorlin (Sexe, genre <strong>et</strong> sexualités, 2008) [13]<br />

Résumé<br />

Le sexe <strong>et</strong> le genre représentent désormais <strong>des</strong> catégories distinctes. <strong>La</strong> nature<br />

Accepted Manuscript<br />

biologique de la différence <strong>des</strong> <strong>sexes</strong> est violemment mise en cause par le nouveau féminisme<br />

qui en fait le témoin d’une insupportable domination masculine. Le genre précéderait le sexe.<br />

Rôle <strong>et</strong> statut social, comportement <strong>et</strong> psychisme seraient de pures constructions. Il est vrai<br />

que la psychologie elle-même dans ses instruments d’évaluation témoigne <strong>des</strong> stéréotypes<br />

culturels conditionnant les attitu<strong>des</strong> <strong>et</strong> comportements de la féminité <strong>et</strong> de la masculinité. Les<br />

personnes transsexuelles (MtF) <strong>et</strong> les états intersexués sont invoqués comme témoignant de la<br />

multiplicité <strong>des</strong> <strong>sexes</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>genres</strong> <strong>et</strong> de l’artificialité du binarisme homme/femme. Sont<br />

contestées aussi bien la biologie, la clinique psychiatrique, <strong>et</strong> la psychanalyse, accusées de<br />

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justifier <strong>et</strong> pérenniser l’asservissement <strong>des</strong> femmes. Revue de publications polémiques<br />

concernant ces problèmes.<br />

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Mots clés : Féminisme ; Féminité ; Genre ; Intersexe ; Masculinité ; Sexe<br />

Abstract<br />

Sex and gender are now two concepts and opposed categories. The biological nature of<br />

sex difference and gender is violently opposed by current new feminism; it is considered to be<br />

an inadmissible masculine/male domination. Gender prece<strong>des</strong> Sex. Role and social status as<br />

well as behaviour and psychological characteristics are pure constructions. It is true that<br />

Psychology itself uses models and research instruments which reveal cultural and social<br />

stereotypes. Feminine attitu<strong>des</strong> and behaviour are condioned by these stereotypes transsexual<br />

(MtF) and intersex patients are used as proof of the multiplicity of genders and of the artificial<br />

male-female binarism and feminity-masculity stereotypes. Biology, neurosciences, clinical<br />

psychiatry, and psychoanalysis are accused to justify and perp<strong>et</strong>uate the enslavement of<br />

women.<br />

Keywords: Feminism; Feminity; Gender; Intersex; Masculinity; Sex<br />

Dans les années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale, deux universitaires<br />

américains proposèrent de distinguer le Sexe <strong>et</strong> le Genre (Sex and Gender) : John Money<br />

(1921-2006), célèbre sexo-endocrinologue (Université Johns Hopkins, Baltimore), <strong>et</strong> Robert<br />

Stoller (1925-1992), psychiatre, psychanalyste (UCLA) dont le livre Sex and Gender. The<br />

Development of Masculity and Feminity, consacré aux états intersexuels avec ambiguïté<br />

Accepted Manuscript<br />

génitale, était devenu un classique, ainsi que le second tome consacré à l’« expérience<br />

transsexuelle » [26,27] (nous en avons fait une longue analyse dans les Annales Médico-<br />

Psychologiques de 1985, p. 1097–1104] . C<strong>et</strong>te distinction allait faire florès. L’équipe de<br />

Stanford, avec Fisk, <strong>La</strong>ub <strong>et</strong> Walker (fondateur de la HBIGDA 1 ), allait promouvoir peu après<br />

le concept de « Dysphorie de genre », plus large que celui de transsexualisme [7].<br />

1 HBIGDA (Harry Benjamin International Gender Dysphoria Association), devenue ultérieurement WPATH,<br />

(World Professionnal, Association for Transgender Health), dont le 21 e symposium biennal s’est tenu les 17-<br />

20 juin 2009 à Oslo, Norvège.<br />

2<br />

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Il n’y avait pas d’usage philosophique traditionnel du concept de genre (Genos),<br />

synonyme de Eidos pour Platon (forme « intelligible »). Catégorie logique, aristotélicienne,<br />

ou dénomination d’un domaine de réalité. Le genre, tel qu’on l’entend désormais, est<br />

directement issu de l’anglo-américain Gender. Il allait devenir un philosophème, plutôt<br />

éristique d’ailleurs. D’innombrables travaux <strong>et</strong> ouvrages ont pris appui sur c<strong>et</strong>te opposition<br />

binaire Sexe/Genre. Malheureusement, tous ces textes ne donnent aucune définition claire, <strong>et</strong><br />

évidemment aucune définition opératoire. Les références à la biologie <strong>et</strong> à la médecine sont au<br />

mieux fragmentaires, contestées <strong>et</strong> déjà obsolètes. L’avantage de ce néologisme est qu’il<br />

signifie clairement un thème de lutte idéologique <strong>des</strong> nouvelles féministes, un prétexte à <strong>des</strong><br />

considérations sociophilosophiques, <strong>des</strong> assertions polémiques <strong>et</strong> un nouveau prétexte à <strong>des</strong><br />

luttes politiques. On conserve d’ailleurs souvent le terme anglophone de Gender 2 .<br />

Ces thèmes concernent directement les neurosciences, la psychiatrie, la psychologie <strong>et</strong><br />

la psychanalyse, accusées de cautionner <strong>des</strong> positions conservatrices <strong>et</strong> réactionnaires.<br />

1. L’amplification médiatique<br />

Les médias, tout autant que les prouesses biotechnologiques <strong>et</strong> médico-chirurgicales,<br />

ont contribué à m<strong>et</strong>tre au premier plan la problématique Sexe/Genre.<br />

Thomas Beatie (34 ans), sans doute femme XX réassignée FtM, légalement mâle <strong>et</strong><br />

marié, avait décidé de porter un bébé pour sa femme, stérile car hystérectomisée depuis<br />

longtemps. Il avait décidé de garder ses organes femelles puisque la stérilisation n’est pas<br />

requise pour changer de sexe… Il a donc cessé de prendre les hormones <strong>et</strong>, contre la<br />

résistance <strong>des</strong> médecins, pratiqua une insémination au domicile, en s’étant procuré le<br />

nécessaire dans une banque du sperme, là encore, malgré l’opposition <strong>des</strong> médecins, <strong>des</strong><br />

réceptionnistes <strong>et</strong> de l’entourage. Dans un premier temps, une grossesse ectopique de triplés<br />

ayant nécessité l’ablation de la trompe de Fallope droite <strong>et</strong> la perte <strong>des</strong> embryons. Deuxième<br />

Accepted Manuscript<br />

grossesse pour un bébé fille : « Je serai le père de ma fille, <strong>et</strong> ma femme sa mère. » D’autres<br />

cas similaires ont été rapportés (The Times, 2008) [28]. Le père légal a donc fait fonction de<br />

mère porteuse.<br />

2 Le Grand Dictionnaire d’Oxford (OED) donne à la rubrique Gender : 1. kind, sort, class, genus, opposed to<br />

species, 2. gramm. : (each of the three or two) grammatical “kinds” corresponding more or less to distinctions of<br />

sex appartenance. Indo-european: Masculine feminine neutral. Natural gender opposed to grammatical gender.<br />

Modern: Euphemism for the sex of a human being, often to emphasize the social and cultural, as opposed two<br />

the biological, distinctions b<strong>et</strong>ween the <strong>sexes</strong>.<br />

3<br />

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On a appris par Paris Match (2007, p. 156) que Jenny Bailey (45 ans), élue maire de<br />

Cambridge, avait été un homme marié <strong>et</strong> père de deux fils ; il avait été transformé en femme<br />

une quinzaine d’années auparavant. Transexuel MtF, il/elle vivait avec Jennifer Leddle<br />

(49 ans), adjointe au maire, également transsexuelle (MtF). On apprenait aussi que Camille<br />

Cabral (MtF) était le/la premièr(e) transsexuel(le) élu(e) conseillèr(e) du 17 e arrondissement<br />

de Paris en 2001, mais transsexuel(le) non opéré(e). Était signalée aussi l’existence de<br />

l’association PASTT (Prévention Action Santé Travail pour les TranssGenders…).<br />

Les spectacles populaires n’ont pas manqué d’exploiter la veine <strong>des</strong> travestissements<br />

<strong>et</strong> du transformisme. Rappelons certains films à succès : L’homme est une femme comme les<br />

autres, Victor-Victoria, Tootsie, <strong>et</strong> l’immense <strong>et</strong> durable succès de <strong>La</strong> cage aux folles… Le<br />

comble de l’ambiguïté (involontaire ou non) réside dans le titre d’un film Ma femme s’appelle<br />

Maurice (le syndrome de Morris étant la désignation éponymique du syndrome du testicule<br />

féminisant, attribué à M. John, Américain né en 1914).<br />

Le transsexuel (MtF) est donc devenu une figure médiatique souvent invoquée liée aux<br />

exploits endocrino-chirurgicaux. On peut, avec Ira Pauly (1965), dire : « D’une certaine façon<br />

le transsexualisme est une pathologie iatrogène. » Comment peut-on alors exiger une<br />

« démédicalisation <strong>des</strong> corps » ? D’autre part, l’amplification médiatique, nimbée d’une<br />

sulfureuse ambiance de scandale, contribue largement à étendre l’épidémie actuelle de<br />

transsexualisme.<br />

Outre-Atlantique, on a vu prospérer les Gender Studies, à la suite de la militance de<br />

Butler [9,10]. Dans ces travaux, « sexe » renvoie à l’anatomie sexuelle, <strong>et</strong> « genre » à<br />

l’assignation de l’identité de genre, aux rôles <strong>et</strong> aux statuts, ainsi qu’aux stéréotypes <strong>des</strong><br />

comportements masculins <strong>et</strong> féminins (Nature vs Culture).<br />

2. <strong>La</strong> fabrique du sexe, essai sur le corps <strong>et</strong> sur le genre en Occident (<strong>La</strong>queur, 1990)<br />

Accepted Manuscript<br />

Thomas <strong>La</strong>queur, professeur d’histoire à l’Université de Berkeley (Californie) qui se<br />

présente – pour s’en excuser ? – comme hétérosexuel, marié, père de famille (cela le<br />

disqualifierait-il ?), a publié après dix ans de travaux un ouvrage célèbre (1990, traduction<br />

française en 1992) sur la mutation lentement inscrite dans les esprits concernant la conception<br />

du corps <strong>et</strong> du sexe depuis le XVIII e siècle. Dans le monde grec, puis dans les deux millénaires<br />

qui ont suivi, « l’étalon du corps humain <strong>et</strong> ses représentations demeurent le corps mâle » [16,<br />

p. 87]. Il présente son travail comme le prolongement de la thèse de Simone de Beauvoir sur<br />

Le deuxième sexe : « Tout ce que l’on peut vouloir dire sur le sexe contient déjà une<br />

4<br />

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affirmation sur le genre » [5, p. 26]. Les références majeures sont les french studies. Cela est<br />

contredit, ou tout au moins très relativisé, par Nicole Loraux [18] qui assure que les sociétés<br />

grecques centrées sur le masculin étaient en fait envieuses de la féminité : « Le féminin était<br />

l’obj<strong>et</strong> le plus désiré de l’homme grec. »<br />

Monique Schneider [22,23,24] explore <strong>et</strong> interprète l’inconscient de Freud dans son<br />

processus d’élaboration du concept d’inconscient, véritable psychanalyse du père de la<br />

psychanalyse théorisant la bisexualité psychique. Elle rejoint Nicole Loraux : « <strong>La</strong> nature de<br />

la différence sexuelle ne se prête pas à une mise à l’épreuve empirique. Elle est logiquement<br />

indépendante <strong>des</strong> faits biologiques parce que le langage du genre fait déjà corps avec le<br />

langage de la science, tout au moins lorsqu’il s’applique à toute interprétation de la différence<br />

sexuelle qui a une résonance culturelle… » [24] p. 175]. Les découvertes scientifiques n’ont<br />

rien changé ! Le sexe unique n’a pas dépéri. Mais à l’inégalité homme/femme a succédé une<br />

radicale différence : « Le sexe prit la place du genre en tant que catégorie fondatrice première.<br />

En fait, se forma alors le cadre qui perm<strong>et</strong>trait de distinguer clairement le naturel du social »<br />

(p. 176).<br />

Pour <strong>La</strong>queur, pendant très longtemps a dominé l’idée d’un sexe unique, la femme<br />

n’étant qu’un homme inaccompli : « Il y a tout d’abord une biologie de la hiérarchie où il n’y<br />

a qu’un seul sexe… » [16, p. 40]. On croit entendre ici <strong>La</strong>can proclamer que la femme<br />

n’existe pas, <strong>et</strong> Safouan dire que la femme idéale est un homme châtré. <strong>La</strong>queur fait de son<br />

ouvrage « l’histoire de l’aporie de l’anatomie » (p. 270). Dans c<strong>et</strong>te même page sont cités une<br />

seule fois Masters <strong>et</strong> Johnson à propos de l’orgasme féminin, « entièrement clitoridien » !<br />

C’était pourtant la première fois, dans les années 1970, que les réactions sexuelles étaient<br />

empiriquement objectivées <strong>et</strong> étudiées en laboratoire.<br />

Freud est convoqué dans ce bilan, mais « la version freudienne » du modèle unisexe<br />

n’emprunte pas le même vocabulaire que celle de Galien… « Au fond la substance du<br />

discours de la différence sexuelle ignore l’entrave <strong>des</strong> faits <strong>et</strong> demeure aussi libre qu’un jeu de<br />

Accepted Manuscript<br />

l’esprit ». Telle est la dernière phrase du livre, qui fait un étalage étourdissant de références<br />

historiques, philosophiques <strong>et</strong> littéraires, de citations <strong>et</strong> d’anecdotes. Mais la thèse du livre est<br />

extrêmement simple : le genre a précédé le sexe !<br />

Assiste-t-on à un r<strong>et</strong>our du balancier ? À la lecture <strong>des</strong> articles polémiques les plus<br />

récents, on peut être tenté de voir un r<strong>et</strong>our à l’in<strong>différenciation</strong> primitive supposée par<br />

<strong>La</strong>queur. Antiquité : théorie unisexe <strong>des</strong> corps différenciés seulement par une question de<br />

degré d’achèvement (l’homme représentant le telos – le fin du fin). À partir du XVIII e siècle,<br />

émergence de deux <strong>sexes</strong> différents reposant sur deux natures corporelles différentes.<br />

5<br />

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Actuellement, on assiste à un militantisme pour un r<strong>et</strong>our à l’unicité derrière l’atomisation en<br />

d’innombrables <strong>genres</strong> <strong>et</strong> identités sexuelles.<br />

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3. Démédicaliser les corps ?<br />

Tel est le titre d’un article publié par Kraus <strong>et</strong> al. en 2008 [15]. Les féministes les plus<br />

combatives veulent ainsi rallier les « inter<strong>sexes</strong> » <strong>et</strong> les « trans<strong>genres</strong> ». John Money en prend<br />

pour son grade en raison de l’assignation très précoce <strong>des</strong> nouveau-nés présentant une<br />

ambiguïté sexuelle, terme insupportable pour les auteurs qui veulent s’en tenir à<br />

l’intersexualité (la prévalence serait de 1,53 % <strong>des</strong> naissances). On incrimine la biologie <strong>et</strong><br />

l’aspect fondamentalement androcentriste <strong>des</strong> positions médicales puisque les femmes y sont<br />

considérées comme de moindres mâles. Le « discours pathologisant » est honni : « Ce n’est<br />

pas le sexe de l’enfant qui est ambigu, mais seulement les organes génitaux. » Le « fondement<br />

supposé biologique de la bicatégorisation par sexe » est contesté. Enfin, le script médical<br />

tiendrait aux parents un discours constructioniste sur le genre (le constructionisme <strong>et</strong> la<br />

déconstruction font encore fureur chez les intellectuels !). Il est aussi affirmé que « le signe<br />

d’une assignation réussie est le mariage à l’âge adulte ». Ainsi, on ôterait toute existence aux<br />

inter<strong>sexes</strong> pour en faire <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>des</strong> femmes comme les autres (mais n’est-ce pas la<br />

volonté <strong>des</strong> parents dont l’existence <strong>des</strong> enfants dépend totalement ?). Ce numéro rédigé par<br />

<strong>des</strong> personnes inter<strong>sexes</strong> serait le premier de ce genre. On y souligne « la violence normative<br />

<strong>et</strong> la curiosité déplacée de certains membres du corps médical » (c’est un XXY qui parle). Il<br />

est question aussi de la mainmise du corps médical sur le corps <strong>des</strong> inter<strong>sexes</strong>, ne laissant pas<br />

le libre choix <strong>des</strong> options possibles… On se réjouit de l’émergence d’un mouvement<br />

intersexe, « Archipel intersexe » ou « Archipel du genre » avec demande d’un droit à<br />

l’autodéfinition en dehors de la dichotomie homme/femme <strong>et</strong> de l’essentialisation qu’elle<br />

suppose. On y souligne aussi « le potentiel de subversion que possèdent les corps Queer »,<br />

Accepted Manuscript<br />

afin de m<strong>et</strong>tre fin aux discriminations que subissent les « Trans » : psychiatrisation,<br />

transphobie, <strong>et</strong>c. Notre corps nous appartient : démédicaliser les corps, politiser les identités.<br />

« Le mouvement Queer positionne les minorités dans une stratégie de lutte <strong>et</strong> de critique qui<br />

dérange l’aspiration égalitaire à une vie aussi paisible que celle de la majorité ».<br />

Toujours dans ce même discours, il n’y a pas de revendication intersexe, il n’y a que<br />

<strong>des</strong> revendications féministes (qui ont une pertinence scientifique <strong>et</strong> politique) : luttes contre<br />

les inégalités, les discriminations, les violences <strong>et</strong> les normes hétérocentristes du système de<br />

genre : on partage un même « ennemi principal ». Il s’agit donc de démédicaliser les corps,<br />

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dépsychiatriser les identités, redéfinir les femmes, les homosexuel(le)s, les Queers, <strong>et</strong>c.<br />

« Trans » <strong>et</strong> « inter<strong>sexes</strong> » sont <strong>des</strong> catégories politiques ! On signale la fondation de<br />

l’Intersex Soci<strong>et</strong>y of North American (ISNA). On est donc en bonne voie pour une<br />

tribalisation <strong>et</strong> un communautarisme en fonction de la démultiplication <strong>des</strong> <strong>genres</strong>.<br />

4. Un nouveau combat politique : la guerre <strong>des</strong> <strong>sexes</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>genres</strong><br />

« Toute connaissance qui ne reconnaît pas, qui ne prend pas pour prémisse<br />

l’oppression sociale la nie, <strong>et</strong> en conséquence la sert objectivement » (Delphy, 1998 :<br />

L'ennemi principal : 1. Économie politique du patriarcat. Éditions Syllepse [11]). Il y aurait eu<br />

une masculinisation cartésienne de la pensée (rappeler ici que l’autisme type Asperger, six<br />

fois plus fréquent chez les garçons, est interprété comme une hypermasculinisation du<br />

cerveau, comme le don pour les mathématiques !). L’hétérosexualité serait par nature une<br />

violence faite aux femmes, l’acte sexuel est un acte par essence sexiste (C. McKinnon),<br />

fondée sur la hiérarchie <strong>des</strong> rôles sexuels, elle est le fer de lance de la domination sur les<br />

femmes. Toute pratique sexuelle qui implique une <strong>différenciation</strong> <strong>des</strong> rôles sexuels (même<br />

aléatoires ou temporelles) entre passif <strong>et</strong> actif, entre pénétré(e) <strong>et</strong> pénétrant-e, entre obj<strong>et</strong> de<br />

jouissance <strong>et</strong> suj<strong>et</strong> de la jouissance, est par définition sexiste.<br />

L’agressivité polémique de ces minorités féministes n’est-elle pas une illustration de la<br />

thésaurisation <strong>des</strong> ressources de colère dans les luttes politiques (Sloterdijk, Colère <strong>et</strong> Temps,<br />

2009) [25].<br />

5. Les stéréotypes culturels masculinité/féminité<br />

Force est de constater que la psychologie comme la psychiatrie <strong>et</strong> leurs instruments<br />

d’évaluation suivent les stéréotypes culturels 3 . Féminité <strong>et</strong> masculinité font partie <strong>des</strong> échelles<br />

Accepted Manuscript<br />

d’attitude <strong>et</strong> seraient reliées à <strong>des</strong> traits de personnalité universels, l’une <strong>et</strong> l’autre étant <strong>des</strong><br />

caractéristiques présentes chez l’homme <strong>et</strong> chez la femme, à <strong>des</strong> degrés divers selon le sexe <strong>et</strong><br />

l’individu (Spence <strong>et</strong> Kolh, 1975). <strong>La</strong> masculinité aurait <strong>des</strong> rapports avec la « bonne santé<br />

mentale », alors que la féminité aurait <strong>des</strong> liens avec le neuroticisme, la dépendance <strong>et</strong> la<br />

dépression. De plus, la féminité est corrélée à un de bas niveaux de psychoticisme (empathie,<br />

socialisation <strong>et</strong> sensibilité), alors que la masculinité est corrélée à l’extraversion <strong>et</strong> aux<br />

3 Il existe déjà depuis longtemps une revue : Sex Role, publiée par Springer, qui publie <strong>des</strong> articles sur les<br />

Gender Differences <strong>et</strong> les stéréotypes.<br />

7<br />

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performances (Arrindell <strong>et</strong> al. 1997). On n’est pas loin de la définition de la féminité par le<br />

vieux Freud : narcissisme, passivité, masochisme… À faire hurler les féministes <strong>et</strong> les<br />

chiennes de garde ! Par exemple le MMPI II comporte plusieurs items indiquant le degré de<br />

masculinité <strong>et</strong> de féminité.<br />

Il existe aussi, moins connu, un inventaire du rôle sexuel (le Bem Sex Role Inventory,<br />

BSRD 4 , 60 items cotés chacun de un à sept suivant la fréquence) (cf. annexe). Il contient <strong>des</strong><br />

items qui différencient l’homme <strong>et</strong> la femme dans la culture nord-américaine <strong>et</strong> européenne.<br />

Ces items sont « socialement désirables ». On classe ainsi <strong>des</strong> individus masculins, féminins<br />

ou androgynes, ou bien encore indifférenciés… Il existe une version française validée (Rogé,<br />

1992) 5 .<br />

On sait combien ces rôles masculin ou féminin sont dépendants de la culture <strong>et</strong><br />

changent avec les époques. L’étude de Hoster <strong>et</strong> Hom (2000) révèle que si 18 <strong>des</strong> « traits<br />

féminins » restent féminins, huit seulement <strong>des</strong> « traits masculins » restent féminins<br />

(débandade <strong>des</strong> hommes). Les femmes continuent de valider l’échelle masculine, alors que les<br />

hommes invalident c<strong>et</strong>te échelle.<br />

Il est conclu que la notion de rôle sexuel, bien que variable avec les cultures, est à<br />

prendre en compte car elle est en relation avec la dépression dont on sait qu’elle est au moins<br />

deux fois plus fréquente chez les femmes (est-ce lié à leur nature ou à notre culture ?).<br />

On citera encore l’échelle de Terman <strong>et</strong> Miles. Lorsque l’on demande aux transsexuels<br />

candidats au changement de sexe : « Qu’est-ce qu’une femme (ou la féminité), <strong>et</strong> qu’est-ce<br />

qu’un homme ? », ils énumèrent eux aussi ces caractéristiques selon les mêmes stéréotypes.<br />

On r<strong>et</strong>rouve d’ailleurs la différence <strong>des</strong> <strong>genres</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> <strong>sexes</strong> dans la présentation clinique <strong>et</strong> le<br />

discours <strong>des</strong> deux catégories de personnes dites transsexuelles demandant un changement de<br />

sexe : les femmes XX demandant une transition FtM paraissent en rajouter dans l’assertion<br />

masculine, les personnes XY MtF s’efforçant à une présentation féminine. Il serait sans doute<br />

déplacé désormais de reprendre le titre d’un texte de Joan Rivière <strong>La</strong> féminité en tant que<br />

Accepted Manuscript<br />

mascarade (1929, traduit en 1964 par VN Smiroff, rendu célèbre en France par <strong>La</strong>can) [20].<br />

Janice Raymond, en 1978, reproche aux personnes réputées transsexuelles (MtF) de<br />

s’abandonner aux stéréotypes les plus caricaturaux de la féminité [19].<br />

4 A. Bem (1974), traduction : B. Rogé, 1992.<br />

5 Consistance interne bonne (> 0,80). <strong>La</strong> fidélité test re-test (quatre semaines) est à 0,90. Pas de corrélation entre<br />

les échelles masculines <strong>et</strong> féminines. Validité de construit difficile à établir. Validité convergente avec le CPI de<br />

Bem 1974. Les femmes les plus féminines <strong>et</strong> les plus masculines sont les plus dépressives <strong>et</strong> les hommes<br />

masculins sont les moins déprimés. <strong>La</strong> validité de critère a montré que les hommes ont les score les plus hauts<br />

sur l’échelle de masculinité <strong>et</strong> inversement. Vingt ans après la construction de l’échelle (Holt <strong>et</strong> Ellis, 1998), tous<br />

les adjectifs masculins s’avèrent plus désirables pour un homme que pour une femme, <strong>et</strong> tous les adjectifs<br />

féminins plus désirables pour un homme que pour une femme.<br />

8<br />

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Elisab<strong>et</strong>h Badinter, dans L’un est l’autre (1996), sur l’égalité totale homme/femme<br />

écrivait : « L’asymétrie <strong>des</strong> <strong>sexes</strong> ne caractérise plus la société actuelle » [2, p. 237]. Elle<br />

constate la fin du principe d’inégalité, la différence <strong>des</strong> <strong>sexes</strong> devenant la complémentarité<br />

<strong>des</strong> <strong>sexes</strong> (tout en craignant que la différence se transforme vite en asymétrie). <strong>La</strong><br />

ressemblance homme/femme « incite plutôt à la paix <strong>des</strong> <strong>sexes</strong> ». C<strong>et</strong>te tendance unisexe,<br />

comme les vêtements du même nom, conduit plutôt à l’indifférence <strong>des</strong> <strong>sexes</strong>. Badinter<br />

célèbre c<strong>et</strong>te « grande première dans l’histoire de l’humanité » (p. 251). L’auteur convoque<br />

les <strong>et</strong>hnologues, Margar<strong>et</strong> Mead en premier, les psychanalystes, <strong>et</strong> le phénomène du<br />

transsexualisme avec R. Stoller <strong>et</strong> J. Money. Elle constate aussi la prédominance contestable<br />

du biologique <strong>et</strong> insiste sur la primauté du facteur psychologique dans la détermination de<br />

l’orientation sexuelle : pour elle, l’identité sexuelle est déterminée par la culture apprise après<br />

la naissance, ce qui, comme on l’a vu dans la première partie [8], est controuvé par les étu<strong>des</strong><br />

plus récentes <strong>des</strong> neurosciences. Les formules : « on ne naît pas femme, on le devient »<br />

(Beauvoir) [5], ou son symétrique : « on ne naît pas homme, on le devient », sont incomplètes<br />

<strong>et</strong> inexactes.<br />

Reprenant en 1992 une série de six conférences pour six séminaires à l’École<br />

Polytechnique, elle réfléchit sur « XY, De l’identité masculine » [4]. Elle interprète<br />

audacieusement la cause du suicide de Weiniger, qui aurait été lié à une perte de l’identité<br />

sexuelle. Il est pour elle difficile d’être un homme. « L’homme malade <strong>des</strong> années 1980 est un<br />

homme mutilé… Difficile d’être un homme “dur” (p. 186-192), puisque l’idéal masculin est :<br />

no sissy stuff (pas de chochotterie) ; être big wheel (une huile) ; sturdy oak (un chêne solide) ;<br />

give’em hell (allez tous au diable) ; être le plus fort, même par la violence (l’agressivité<br />

américaine), bref un dur, un mutilé de l’affect tel un Cow boy, Terminator, ou Rambo. »<br />

Étonnant que notre auteur ne trouve qu’en Amérique la caricature du surmâle, confirmant<br />

ainsi que : « les Américains sont de Mars, les Européens de Vénus ! ». Survalorisation du<br />

pénis ! Trop facile de fustiger Freud (le penisneid), <strong>La</strong>can (le Phallus), <strong>et</strong> le nom du père.<br />

Accepted Manuscript<br />

Ainsi, on devrait passer de l’homme dur à l’homme mou…<br />

À la fin du livre, l’auteur se laisse entraîner elle aussi dans les stéréotypes, puisqu’elle<br />

invite les hommes à laisser parler leur « féminité » : tendresse, chaleur, attention, <strong>et</strong> énumère<br />

comme « vertus masculines » la maîtrise de soi, la volonté de se surpasser, le goût du risque <strong>et</strong><br />

du défi, la résistance à l’oppression. Comme Greenson <strong>et</strong> Stoller 6 , <strong>et</strong> à contre-courant <strong>des</strong><br />

primitifs freudiens traditionalistes, elle défend la primauté du féminin <strong>et</strong> la nécessité pour le<br />

6 Après l’intervention chirurgicale, Stoller reprenait en psychothérapie les transsexuels masculins MtF pour<br />

éliminer les « restes de masculinité » dans leur psychisme <strong>et</strong> leur comportement.<br />

9<br />

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jeune enfant de rompre la fusion originaire avec la mère <strong>et</strong> le « travail de <strong>différenciation</strong> ».<br />

« Il sera toujours un peu plus long <strong>et</strong> un peu plus difficile de faire un homme qu’une femme ».<br />

N’est-ce pas là un aveu de faiblesse <strong>et</strong> une reconnaissance d’une plus grande sophistication<br />

masculine, comme Gide le soutenait ? Le système patriarcal est conçu comme un palliatif<br />

culturel pour contrer la fragilité masculine ! Enfin, en 2003, E. Badinter fait un diagnostic, le<br />

féminisme s’égare, il fait « fausse route » [1] … Puis à nouveau, en 2010, elle s’insurge<br />

contre l’assignation de la femme au rôle maternel <strong>et</strong> s’indigne de l’incitation forcenée à<br />

l’allaitement maternel [3].<br />

6. Le féminisme actuel<br />

E. Dorlin, maître de conférence à Paris I, dans une excellente monographie, courte <strong>et</strong><br />

dense [12], explique clairement les théories féministes actuelles. Les concepts <strong>et</strong> exemples<br />

utilisés évoquent sexe, genre <strong>et</strong> sexualités avec les principes, les postulats, les implications<br />

idéologiques, politiques, épistémologique de la délimitation nature/culture, de la différence<br />

<strong>des</strong> <strong>sexes</strong> (<strong>et</strong> de leurs différends) comme philosophème, la place faite aux femmes ou au<br />

féminin dans le corpus philosophique ou psychanalytique. Savoir indissociablement lié à un<br />

mouvement politique qui problématise le rapport que tout savoir entr<strong>et</strong>ient avec une position<br />

de pouvoir qui renforce, renverse ou modifie en r<strong>et</strong>our. Dans ce nouveau mouvement<br />

féministe prévalent marxisme <strong>et</strong> théorie Queer. Il est affirmé que les pays francophones sont<br />

clairement à la remorque du féminisme nord-américain qui fut pourtant inspiré par la french<br />

theory (Foucault, Deleuze, Derrida) <strong>et</strong> le french féminisme (Irigaray, Cixous, Kristeva). Le<br />

féminisme a été tardif, à part quelques figures de proue émergeant à l’âge classique, puis<br />

pendant les Lumières, <strong>et</strong> surtout pendant <strong>et</strong> après la Révolution française, concernant la<br />

pensée <strong>et</strong> la promotion de l’égalité <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>des</strong> femmes, luttes contre le concept<br />

d’infériorité <strong>des</strong> femmes, luttes contre l’oppression <strong>et</strong> l’iniquité. Sont promus les groupes de<br />

Accepted Manuscript<br />

paroles non mixtes, les entreprises de dépsychologisation <strong>et</strong> désindividualisation du vécu <strong>des</strong><br />

femmes. Après 1970, se forment <strong>des</strong> groupes de conscience pour lutter contre les violences<br />

faites aux femmes. Certes, le nombre de femmes tuées <strong>et</strong> agressées chaque année pourrait<br />

convaincre les plus critiques, les plus sceptiques <strong>et</strong> les plus ironiques <strong>des</strong> machos : tous les<br />

trois jours, une femme est tuée par son compagnon dans notre pays. Ainsi, il s’agit d’un<br />

engagement politique fort, car il n’y a pas de connaissance neutre. Toute connaissance est le<br />

produit d’une situation historique, « toute connaissance qui ne reconnaît pas, qui ne prend pas<br />

pour prémices l’oppression sociale, en conséquence la sert objectivement ».<br />

10<br />

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Sont mis en avant le patriarcat ainsi que l’androcentrisme <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de terrain. Il<br />

s’agit donc d’une nouvelle épistémologie féministe. Car il y a une vision « genrée » <strong>des</strong> suj<strong>et</strong>s<br />

connaissants. L’archéologie du genre origine ce concept dans les problèmes posés par les<br />

nouveau-nés hermaphrodites ou « InterSexes ».<br />

Les femmes ne représentent pas un groupe naturel mais une classe sociale naturalisée.<br />

<strong>La</strong> définition du sexe comme une catégorie est produite dans <strong>et</strong> par un rapport de domination.<br />

L’acte sexuel est donc par essence sexiste, l’hétérosexualité est fondée sur une hiérarchie <strong>des</strong><br />

rôles sexuels. Toute pratique sexuelle impliquant une <strong>différenciation</strong> <strong>des</strong> rôles sexuels<br />

(passif/actif), (pénétré-e-pénétrante, obj<strong>et</strong> de jouissance, suj<strong>et</strong> de jouissance) est par définition<br />

sexiste, dans la mesure où ces rôles de pouvoir sont articulés au féminin <strong>et</strong> au masculin<br />

(Catharin McKinnon). Pour finir l’opuscule on trouve l’incontournable chapitre sur les<br />

transsexuels dont « le suivi psychiatrique drastique est extrêmement conservateur en matière<br />

de normes sexuelles ».<br />

7. L’offensive féministe<br />

<strong>La</strong> plupart <strong>des</strong> féministes se réclament de Simone de Beauvoir comme initiatrice du<br />

mouvement de libération <strong>des</strong> femmes [5] mais on oublie le « Castor », brillante bréhaigne <strong>et</strong><br />

bisexuelle, souvent seconde après Sartre, éperdument amoureuse de Niels Agren, rêvant de<br />

repasser ses chemises, ou écrivant à son « cher p<strong>et</strong>it mari » J.-P. Sartre, <strong>et</strong> constatant<br />

amèrement à la fin de sa vie : « J’ai été flouée. »<br />

8. Les “gender studies”<br />

Les gender studies sont très à la mode outre-Atlantique. On comprend en lisant<br />

l’ouvrage de Bereni <strong>et</strong> al. (2008 [6] que l’on a affaire ici à une nouvelle scholastique, une<br />

Accepted Manuscript<br />

« philosophie » qui est un combat politique féministe dont le postulat est simple : « Il n’y a<br />

pas d’essence de la féminité, mais un apprentissage tout au long de la vie <strong>des</strong> comportements<br />

socialement attendus d’une femme. » On a donc une assertion identique à celle de Sartre : « Il<br />

n’y a pas de nature humaine » (L’existentialisme est un humanisme, 1946). C<strong>et</strong>te position est<br />

impossible à tenir pour <strong>des</strong> médecins psychiatres qui ne s’égarent pas dans <strong>des</strong> élucubrations<br />

idéologiques, comme ce fut souvent le cas au XX e siècle. <strong>La</strong> construction sociale n’est pas<br />

tout, « il y a un mur, un roc du biologique » (Freud).<br />

11<br />

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Le genre tend à être défini comme un système de bicatégorisation hiérarchisée entre<br />

les <strong>sexes</strong> (homme/femme) <strong>et</strong> entre les valeurs <strong>et</strong> représentations qui leur sont associées<br />

(masculin/féminin). Les étu<strong>des</strong> sur le genre ont succédé récemment aux étu<strong>des</strong> féministes.<br />

Mais ce néologisme s’est vu rej<strong>et</strong>é par la commission générale de terminologie (JO, 2005). Le<br />

sexe biologique est une construction sociale, un produit du genre, le genre étant conçu comme<br />

un « sexe social ». On attribue à Margar<strong>et</strong> Mead la notion de « rôles sexuels » (mariée à un<br />

« indigène », elle s’était parfois laissée naïvement conter <strong>des</strong> sorn<strong>et</strong>tes !).<br />

Après les incontournables Stoller, Money <strong>et</strong> Erhardt, abusivement convoqués comme<br />

alibis, c’est Ann Oakley qui engage c<strong>et</strong>te distinction sexe/genre dans les combats féministes.<br />

Il est affirmé : « Les réalités anatomiques en elles-mêmes sont insignifiantes car le sexe est le<br />

marqueur de la division sociale qui fait exister les hommes <strong>et</strong> les femmes comme groupes<br />

antagonistes. L’oppression est liée à un système appelé patriarcat » (qui représentait pour<br />

Freud une avancée majeure de l’humanité).<br />

On affirme la pluralité irréductible <strong>des</strong> critères de détermination du « vrai sexe » :<br />

anatomie (pénis/vagin 7 ), les gona<strong>des</strong>, testicules, ovaires, les hormones<br />

(testostérone/œstrogène), l’ADN, les chromosomes XY/XX. L’inévitable invocation de<br />

« l’intersexualité » est trompeuse (synonyme historique d’hermaphrodisme) car on oublie que<br />

dans la réalité clinique, il s’agit presque toujours d’« ambiguïté sexuelle » avec pseudohermaphrodisme.<br />

Argument pour radicaliser l’inversion de la paire sexe/genre : les <strong>sexes</strong> sont<br />

construits, jusque dans leur matérialité, par le genre.<br />

9. L’asymétrie <strong>et</strong> l’ordre de la nature<br />

Les scientifiques sont fascinés depuis longtemps par l’asymétrie dans la plupart <strong>des</strong><br />

phénomènes physiques <strong>et</strong> du vivant. Dans une conférence savante, Primo Levi, qui était<br />

Accepted Manuscript<br />

chimiste, rappelle que l’asymétrie est universelle, peut-être la condition majeure de<br />

l’évolution… <strong>La</strong> symétrie serait ainsi mortelle comme pour les racémiques, fusion <strong>des</strong><br />

isomères, qui deviennent inertes, ce qui explique le drame de la Thalidomide (hypnogène <strong>et</strong><br />

antiémétique).<br />

Dans la conférence de 1984, ce chapitre tient en 12 pages (p. 244–56), chapitre qui<br />

donne son titre à l’ensemble de l’ouvrage rassemblant <strong>des</strong> articles <strong>et</strong> essais de Levi (1985-<br />

7 À la pièce de théâtre Les monologues du vagin (E. Ensler, 1996), qui a toujours un grand succès, fait pendant<br />

Les monologues du pénis de Goncalves Carlos !<br />

12<br />

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1987) [17]. Levi constate que l’asymétrie droite/gauche est intrinsèque à la vie, l’inutilité<br />

adaptative pour l’évolution. Elle est la vie même. <strong>La</strong> « chiralité », qui fait qu’aucune molécule<br />

n’est superposable à son image spéculaire (l’inversion de Walden) avait fait le suj<strong>et</strong> de son<br />

mémoire de maîtrise de chimie.<br />

On est tenté de recourir à ce concept pour réfuter l’idée d’un progrès dans les relations<br />

homme/femme qui consisterait en une parfaite symétrie de ces deux animaux humains comme<br />

le proposaient certaines féministes, en déniant leur nature asymétrique.<br />

10. Conclusion<br />

Les supposées « sciences humaines 8 », comme le nouveau féminisme, les Queers<br />

studies sont désormais en r<strong>et</strong>ard d’un combat. Malgré l’acharnement à disqualifier l’ordre de<br />

la nature <strong>et</strong> le biomédical, il paraît évident (cf. première partie, cf. Bourgeois, 2008 [8]) que<br />

nous sommes en tant qu’humains le produit de l’évolution darwinienne <strong>et</strong> que la Culture n’est<br />

qu’une émergence (une émancipation ?) de la Nature sur laquelle elle se fonde. L’ouvrage de<br />

JM Schaeffer [21] dans un langage philosophiquement élaboré qui en rend la lecture difficile,<br />

insiste sur les errances d’une pensée sociophilosophique ayant perdu son ancrage matérialiste.<br />

Nous sommes désormais ancrés dans les neurosciences <strong>et</strong> les biotechnologies <strong>et</strong> il est<br />

irréaliste d’en détacher toutes les pensées <strong>et</strong> entreprises humaines. <strong>La</strong> psychiatrie, en tant que<br />

spécialité médicale, fait partie de ce domaine de la biologie à son niveau de <strong>différenciation</strong> le<br />

plus extrême <strong>et</strong> le plus difficile. Perdre ce point de vue, c’est perdre une boussole essentielle<br />

pour ne pas s’égarer dans <strong>des</strong> brumes délirantes. Ne répétons pas les errances sartriennes<br />

affirmant : « il n’y a pas de nature humaine » <strong>et</strong> « la science je m’en fous »…<br />

Accepted Manuscript<br />

8 Claude Levi-Strauss : « Les Sciences Humaines ne sont <strong>des</strong> sciences que par une flatteuse imposture » (Le<br />

Monde n° 20.149 du 8 octobre 1991, repris dans Le Monde du jeudi 5 novembre 2009, p. 21).<br />

13<br />

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Annexe<br />

BSRI (Bem Sex Role Inventory), 1974, traduction B. Rogé<br />

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Nom : Age : Sexe : Date :<br />

Chaque item est scoré de un (jamais) à sept (toujours) :<br />

1. Jamais ; 2. Presque jamais ; 3. Assez rarement ; 4. Moyennement ; 5. Assez souvent ;<br />

6. Presque toujours ; 7. Toujours.<br />

1. Confiance en soi<br />

2. Complaisance,<br />

accommodant<br />

3. Secourable, serviable<br />

25. Possède <strong>des</strong> capacités de<br />

4. Défend ses propres<br />

croyances<br />

26. Sensible aux besoin <strong>des</strong><br />

5. Joyeux, gai<br />

6. Chagrin, maussade<br />

27. Vrai, authentique, dit<br />

7. Indépendant<br />

8. Timide<br />

9. Consciencieux<br />

10. Sportif<br />

30. Prend <strong>des</strong> décisions<br />

11. Affectueux<br />

12. Théâtral, affecté,<br />

spectaculaire<br />

13. Plein d’assurance<br />

14. Sensible à la flatterie<br />

15. Heureux content<br />

16. Forte personnalité<br />

17. Fidèle<br />

18. Imprévisible<br />

19. Fort, énergique<br />

20. Féminin<br />

21. Digne de confiance<br />

22. Esprit analytique<br />

23. Sympathique<br />

24. Jaloux<br />

leader, de chef<br />

autres<br />

toujours la vérité<br />

28. Compréhensif<br />

29. Réservé, dissimulé<br />

facilement<br />

31. Compatissant<br />

32. Sincère, franc<br />

33. Indépendant<br />

34. Désireux de calmer les<br />

blessures, la peine<br />

d’autrui<br />

35. Suffisant, vaniteux<br />

36. Dominant<br />

37. Parle avec douceur<br />

38. Aimable<br />

39. Masculin<br />

Accepted Manuscript<br />

14<br />

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40. Chaleureux<br />

41. Grave, sérieux<br />

42. Volonté de s’imposer,<br />

de se faire une place<br />

43. Tendre<br />

44. Amical<br />

45. Agressif<br />

46. Crédule<br />

47. Incapable, incompétent<br />

48. Se comporte en leader,<br />

en chef<br />

49. Infantile, naïf<br />

50. Capable de s’adapter<br />

51. Individualiste<br />

52. N’utilise pas un langage<br />

rude, dur<br />

53. Peu systématique, peu<br />

méthodique<br />

54. Esprit de concurrence,<br />

de rivalité<br />

55. Aime les enfants<br />

56. Possède<br />

57. Du tact<br />

58. Ambitieux<br />

59. Doux, gentil<br />

60. Conventionnel<br />

Conflit d’intérêt : à compléter par l’auteur<br />

Références<br />

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2003.<br />

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[9] Butler J. Trouble dans le genre (Gender Trouble), traduit par Cynthia Fraus. Ed. <strong>La</strong><br />

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[10] Butler J. Trouble dans le genre, le féminisme <strong>et</strong> la subversion de l’identité. <strong>La</strong><br />

Découverte Poche; 2008.<br />

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[13] Dorlin E. Sexe, genre <strong>et</strong> intersexualité. Paris: PUF; 2008.<br />

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2006.<br />

[16] <strong>La</strong>queur T. <strong>La</strong> fabrique du sexe. Essai sur le corps <strong>et</strong> le genre en Occident. Paris:<br />

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Pour en savoir plus<br />

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