La différenciation des sexes et des genres

peer-00659515, version 1 - 13 Jan 2012
Elisabeth Badinter, dans L’un est l’autre (1996), sur l’égalité totale homme/femme
écrivait : « L’asymétrie des sexes ne caractérise plus la société actuelle » [2, p. 237]. Elle
constate la fin du principe d’inégalité, la différence des sexes devenant la complémentarité
des sexes (tout en craignant que la différence se transforme vite en asymétrie). La
ressemblance homme/femme « incite plutôt à la paix des sexes ». Cette tendance unisexe,
comme les vêtements du même nom, conduit plutôt à l’indifférence des sexes. Badinter
célèbre cette « grande première dans l’histoire de l’humanité » (p. 251). L’auteur convoque
les ethnologues, Margaret Mead en premier, les psychanalystes, et le phénomène du
transsexualisme avec R. Stoller et J. Money. Elle constate aussi la prédominance contestable
du biologique et insiste sur la primauté du facteur psychologique dans la détermination de
l’orientation sexuelle : pour elle, l’identité sexuelle est déterminée par la culture apprise après
la naissance, ce qui, comme on l’a vu dans la première partie [8], est controuvé par les études
plus récentes des neurosciences. Les formules : « on ne naît pas femme, on le devient »
(Beauvoir) [5], ou son symétrique : « on ne naît pas homme, on le devient », sont incomplètes
et inexactes.
Reprenant en 1992 une série de six conférences pour six séminaires à l’École
Polytechnique, elle réfléchit sur « XY, De l’identité masculine » [4]. Elle interprète
audacieusement la cause du suicide de Weiniger, qui aurait été lié à une perte de l’identité
sexuelle. Il est pour elle difficile d’être un homme. « L’homme malade des années 1980 est un
homme mutilé… Difficile d’être un homme “dur” (p. 186-192), puisque l’idéal masculin est :
no sissy stuff (pas de chochotterie) ; être big wheel (une huile) ; sturdy oak (un chêne solide) ;
give’em hell (allez tous au diable) ; être le plus fort, même par la violence (l’agressivité
américaine), bref un dur, un mutilé de l’affect tel un Cow boy, Terminator, ou Rambo. »
Étonnant que notre auteur ne trouve qu’en Amérique la caricature du surmâle, confirmant
ainsi que : « les Américains sont de Mars, les Européens de Vénus ! ». Survalorisation du
pénis ! Trop facile de fustiger Freud (le penisneid), Lacan (le Phallus), et le nom du père.
Accepted Manuscript
Ainsi, on devrait passer de l’homme dur à l’homme mou…
À la fin du livre, l’auteur se laisse entraîner elle aussi dans les stéréotypes, puisqu’elle
invite les hommes à laisser parler leur « féminité » : tendresse, chaleur, attention, et énumère
comme « vertus masculines » la maîtrise de soi, la volonté de se surpasser, le goût du risque et
du défi, la résistance à l’oppression. Comme Greenson et Stoller 6 , et à contre-courant des
primitifs freudiens traditionalistes, elle défend la primauté du féminin et la nécessité pour le
6 Après l’intervention chirurgicale, Stoller reprenait en psychothérapie les transsexuels masculins MtF pour
éliminer les « restes de masculinité » dans leur psychisme et leur comportement.
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