La différenciation des sexes et des genres

peer-00659515, version 1 - 13 Jan 2012
Le genre tend à être défini comme un système de bicatégorisation hiérarchisée entre
les sexes (homme/femme) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées
(masculin/féminin). Les études sur le genre ont succédé récemment aux études féministes.
Mais ce néologisme s’est vu rejeté par la commission générale de terminologie (JO, 2005). Le
sexe biologique est une construction sociale, un produit du genre, le genre étant conçu comme
un « sexe social ». On attribue à Margaret Mead la notion de « rôles sexuels » (mariée à un
« indigène », elle s’était parfois laissée naïvement conter des sornettes !).
Après les incontournables Stoller, Money et Erhardt, abusivement convoqués comme
alibis, c’est Ann Oakley qui engage cette distinction sexe/genre dans les combats féministes.
Il est affirmé : « Les réalités anatomiques en elles-mêmes sont insignifiantes car le sexe est le
marqueur de la division sociale qui fait exister les hommes et les femmes comme groupes
antagonistes. L’oppression est liée à un système appelé patriarcat » (qui représentait pour
Freud une avancée majeure de l’humanité).
On affirme la pluralité irréductible des critères de détermination du « vrai sexe » :
anatomie (pénis/vagin 7 ), les gonades, testicules, ovaires, les hormones
(testostérone/œstrogène), l’ADN, les chromosomes XY/XX. L’inévitable invocation de
« l’intersexualité » est trompeuse (synonyme historique d’hermaphrodisme) car on oublie que
dans la réalité clinique, il s’agit presque toujours d’« ambiguïté sexuelle » avec pseudohermaphrodisme.
Argument pour radicaliser l’inversion de la paire sexe/genre : les sexes sont
construits, jusque dans leur matérialité, par le genre.
9. L’asymétrie et l’ordre de la nature
Les scientifiques sont fascinés depuis longtemps par l’asymétrie dans la plupart des
phénomènes physiques et du vivant. Dans une conférence savante, Primo Levi, qui était
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chimiste, rappelle que l’asymétrie est universelle, peut-être la condition majeure de
l’évolution… La symétrie serait ainsi mortelle comme pour les racémiques, fusion des
isomères, qui deviennent inertes, ce qui explique le drame de la Thalidomide (hypnogène et
antiémétique).
Dans la conférence de 1984, ce chapitre tient en 12 pages (p. 244–56), chapitre qui
donne son titre à l’ensemble de l’ouvrage rassemblant des articles et essais de Levi (1985-
7 À la pièce de théâtre Les monologues du vagin (E. Ensler, 1996), qui a toujours un grand succès, fait pendant
Les monologues du pénis de Goncalves Carlos !
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