n°210 - Bibliorare

215 [Manuscrit - Les esclaves de la Lafayette en Guyane]. Maugard. Rapport fait au Citoyen
Benoist Cavay Ordonnateur de la Marine à la Guyane Française, Sur les biens du Citoyen Lafayette situés
en cette Colonie. Cayenne, le 8 thermidor, An 8. R/. cain [dimanche 27 juillet 1800].
Cinq feuillets, écrits en français, à l’encre brune, sur une moyenne de 34 lignes; signature « Maugard » (encadrées
sous verre).
Dans cete longue lettre, on apprend que « le citoyen Lafayette acquit par contrat passé le 19 dec. 1785 les habitations
St. Régis et le Maripa; mais en 1794 ce citoyen ayant été déclaré émigré, le Directoire du dép t , en conséquence de
l’injonction du commissaire civil, fit fait l’estime de ses biens.
- St. Regis, habitation Racourie, fut estimée avec ses plantations batiments, et manufactures (distraction faites des
esclaves) la somme de 9 738 f.
-Le Maripa, ménagerie, composée de quatorze têtes de gros bétails, fut estimé 1 580 f.
Tous les esclaves appartenant au citoyen Lafayette ont été vendus à l’administration de la Marine. Mais elle ne doit
pas être comptable de leur prix puisqu’ils ont été affranchis trois mois après, par la publication du décret de la liberté
des noirs. »
Il est ensuite question d’une exploitation que « le citoyen Dupas, faute de noirs, abandonna une grande partie de
ce terrain qu’il ne pouvait exploiter »
Étonnant document, révélant les nombreux esclaves noirs possédés par Lafayette
L’on n’a jamais su démêler si Lafayette avait vraiment comme idéal l’émancipation des esclaves, ou bien si la
proclamation incessante de ses grands principes ne dissimulait pas en fait à autrui, et surtout à sa conscience,
la volonté d’exploiter au maximum les ressources procurées par le système esclavagiste. L’hagiographie lafayettienne
a pu dire que le héros de la liberté avait acquis des plantations guyannaises pour aussitôt en affranchir
les esclaves; le fait est que ledit héros a maintenu ses Noirs dans l’esclavage aussi longtemps que possible,
et qu’il fallut attendre le décret pris par la Convention nationale pour que lesdits esclaves fussent libérés et
jouissent de la liberté infusée par le Créateur dans ses créatures raisonnables. Il semble donc que Lafayette
appartînt à cette sorte d’idéologues qui, en public, affichent les plus nobles idéaux et les sentiments les plus
élevés, mais qui, dans leurs affaires privées, se comportent de la façon la plus méprisable qui soit.
rc ...................................................................................................................................... estimation : 1 500 / 2 000 euros
77