ISAAC S'EN VA, LES MENACES DEMEURENT ! - Haiti Liberte
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HAÏTI LIBERTÉ<br />
<br />
<br />
<br />
<strong>ISAAC</strong> S’EN <strong>VA</strong>, <strong>LES</strong> <strong>MENACES</strong><br />
<strong>DEMEURENT</strong> !<br />
28 Out 1994 - 28 Out<br />
2012: 18 lane asasina<br />
Pè Jean-Marie Vincent<br />
Page 6<br />
Voir page 4<br />
Ce sont les<br />
premiers pas qui<br />
comptent<br />
Page 7<br />
La tête dans les vents, les corps dans l'eau, rien ne manque pour que cette victime<br />
d'Isaac soit consommée<br />
Dossier Venezuela :<br />
Les Années Chávez<br />
Page 10<br />
CEP: DES SAGES APPELLENT<br />
MARTELLY À LA RAISON !<br />
La tête en arrière au volant du pays, Martelly s'enfonce dans le malheur. Va t-il écouter<br />
les personnes qui le somment à la raison ?<br />
Voir page 4<br />
Les étudiants du Chili<br />
sont dans la rue. Des<br />
affrontements et des<br />
centaines d’arrestations<br />
Page 17
Ramollissement des partis politiques,<br />
durcissement annoncé de Martelly<br />
Par Berthony Dupont<br />
C<br />
’est fait ou presque fait. Le pouvoir a choisi et les<br />
choses sont définitivement claires pour le moment.<br />
Désormais, l’iniquité, l’arbitraire et l’aveuglement<br />
prévaudraient sur la raison. En effet, tous ceux qui<br />
avaient encore quelqu’illusion, particulièrement les<br />
représentants des Partis politiques allés à la rencontre<br />
de l’exécutif haïtien à l’hôtel Karibe, ce mardi 28<br />
Août, se sont heurtés à un mur.Une rencontre qui sans<br />
nulle doute ne peut être qu’un pas vers le processus<br />
de la reconnaissance du Conseil électoral Présidentiel<br />
ou personnel de Martelly, une irrégularité radicalement<br />
anticonstitutionnelle que Martelly inflige à la Nation.<br />
Certains partis politiques avaient dénoncé la formation<br />
du CEP de 6 membres et n’acceptaient pas la<br />
façon de faire de Martelly pour élire ces 6 valets à la<br />
tête du CEP. Mais, pourquoi se sont-ils présentés à<br />
cette réunion des fauves pour discuter avec un pouvoir<br />
qui unilatéralement a choisi de marcher sur les pas<br />
des forces impérialistes ? Alors que Lucien Jura avait<br />
clairement signalé que la rencontre allait avoir comme<br />
seul objectif de recueillir les points de vues des formations<br />
politiques autour du processus électoral. « Le<br />
Président ne va pas revenir sur sa décision de former le<br />
Conseil électoral permanent, encore moins d'attendre<br />
les trois représentants du pouvoir législatif. Le chef de<br />
l'Etat veut tout simplement dialoguer avec les partis<br />
politiques sur le CEP déjà au travail avec six membres<br />
sur neuf. Le président veut discuter, dialoguer et entendre<br />
les points de vue des partis politiques sur le CEP<br />
»<br />
La participation de ces partis à cette rencontre ne<br />
va que permettre à Martelly de se présenter comme<br />
un démocrate, un homme ouvert au dialogue, même<br />
s’il s’agit d’un dialogue de sourds. En d’autres termes,<br />
une façon pour ces partis de l’aider à durcir ses agissements<br />
contre les progressistes et les masses populaires<br />
du pays qui, coûte que coûte, auront à l’affronter.<br />
Si les partis politiques avaient un brin d’honnêteté<br />
politique et de probité intellectuelle, ils auraient dû ne<br />
Editorial<br />
pas courber l’échine devant le forcing impérial approuvant<br />
ainsi la domination des puissances étrangères. Ils<br />
devraient en bloc rejeter cette rencontre de l’exécutif,<br />
laissant seulement le soin aux mercenaires proches<br />
de Martelly entre autres Osner Févry et son parti le<br />
Conaced, Latibonit An Aksyon de Youri Latortue et<br />
Combite sud-est de Joseph Lambert le soin de sabler le<br />
champagne dans ce marchandage électoral avec leur<br />
patron.<br />
En somme, les commentaires de certains dirigeants<br />
montrent déjà que ce qui les préoccupe beaucoup plus,<br />
ce n’est pas la formation du Cep en soi mais l’annonce<br />
du calendrier électoral pour les prochaines élections.<br />
Voilà qui en dit long sur la mentalité croupion des partis<br />
politiques qui ne vivent que pour assurer l’ordre impérialiste<br />
et néo-colonial dans le pays. Ils ne font aucun<br />
cas des conditions dans lesquelles vit la population<br />
particulièrement les victimes du tremblement de terre<br />
qui languissent encore sous des tentes. Lors du dernier<br />
cyclone Isaac, le gouvernement a laissé un nombre incalculable<br />
de gens affronter l’ouragan sous des tentes<br />
sans les transférer dans un endroit sûr. Un parti politique<br />
conséquent au lieu d’aller prendre langue avec<br />
l’exécutif sur la question des élections aurait eu plus de<br />
prestige, s’il s’adonnait à forcer la main à l’Etat pour<br />
l’aide qu’il devrait apporter aux personnes en danger.<br />
Ce n’est pas sans raison que le passage d’Isaac à<br />
Cuba n’a donné lieu à aucun cas de mortalité, pourtant<br />
dans notre pays le nombre dépasse déjà la vingtaine.<br />
La réalité c’est qu’à Cuba, l’Etat est soucieux de la<br />
population mais pour nous, pour l’actuel pouvoir, c’est<br />
totalement le contraire.<br />
La seule chose qui compte pour les politiciens,<br />
membres ou non de partis politiques, c’est de mettre<br />
le pied à l’étrier électoral, car à bien considérer leur<br />
vraie nature, ils ne diffèrent pas l’un de l’autre. Ils ne<br />
sont guère soucieux de la population qu’au fond ils<br />
méprisent. La seule chose qui compte, c’est de prendre<br />
le pouvoir dans n’importe quelle condition même à<br />
marcher sur les cadavres des masses populaires pour<br />
aller remplir leurs poches. Mais alors, que les consuls<br />
prennent garde !<br />
HAITI<br />
1583 Albany Ave<br />
Brooklyn, NY 11210<br />
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LIBERTÉ<br />
Bulletin d'Abonnment B Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012<br />
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2<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times
A Travers <strong>Haiti</strong><br />
L’insécurité bat son<br />
plein en Haïti<br />
Publication des résultats du<br />
baccalauréat-UNNOH dénonce<br />
Par Thomas Péralte<br />
Après le carnaval dit des fleurs,<br />
organisé par le gouvernement<br />
KaleTèt de Martelly-Lamothe, la<br />
situation sécuritaire s’aggrave<br />
dans presque tout le pays. Des<br />
cas d’assassinats, de meurtres, de<br />
kidnapping augmentent quotidiennement.<br />
Et, d’ailleurs le gouvernement<br />
l’a reconnu, le secrétaire<br />
d’Etat à la sécurité publique,<br />
Réginald Delva a fait savoir que<br />
l’insécurité a augmenté dans la<br />
région métropolitaine depuis le<br />
déroulement du Carnaval des fleurs,<br />
où on a déjà enregistré plus de<br />
5 cas en 2 semaines.<br />
Des cas d’insécurité ont été<br />
également enregistrés dans des<br />
zones de province, notamment<br />
dans le haut Plateau-Central, à<br />
Hinche et ses environs et dans<br />
le haut Artibonite, aux Gonaïves.<br />
Le dimanche 19 Août dernier,<br />
un adolescent de 14 ans, Jameson<br />
François, disparu la veille de<br />
sa mort, a été retrouvé, décapité<br />
dans un champ de canne-à-sucre,<br />
dans la localité de « Moje »<br />
première section communale de<br />
Savanette, Cabral, commune de<br />
Thomonde, d’où la victime est<br />
originaire. D’un autre côté, dans<br />
la localité de l’Eau sèche, 2e section<br />
Marmont, à Hinche, une tentative<br />
de kidnapping a été déjouée<br />
par la population le dimanche 19<br />
Août, dans l’après-midi. Un suspect<br />
qu’on accusait d’avoir tenté<br />
d’enlever une fillette de 6 ans, dénommée<br />
Fléïna Jean-Marie, a été<br />
lapidé par la population. Il était<br />
âgé d’une quarantaine d’années.<br />
Aux Gonaïves, l’homme<br />
d’affaires, professeur, âgé de 48<br />
ans, père de 3 enfants, Pétone<br />
Narcisse a été assassiné par des<br />
bandits armés dans son magasin<br />
de provisions alimentaires et de<br />
boissons gazeuses, le week-end<br />
du 18 au 19 Août dernier. La<br />
victime de ces actes de banditisme<br />
avait fait ses carrières dans<br />
l’éducation. Il fut professeur de<br />
français dans plusieurs établissements<br />
scolaires de la ville, surveillant<br />
général au Lycée des<br />
jeunes filles des Gonaïves et directeur<br />
du collège diocésain Saint-<br />
Paul. Dans le cadre de cet assassinat,<br />
4 présumés meurtriers ont été<br />
appréhendés, il s’agit de : Djems<br />
Casséus, Mercier Jean-Baptiste,<br />
Adelus Jean-Philippe et de Marjorie<br />
Malval, Ils sont âgés entre<br />
32 et 38 ans, selon les informations<br />
disponibles de la direction<br />
départementale de la police des<br />
Gonaïves.<br />
Le secrétaire exécutif de<br />
la Plateforme des Organisations<br />
Haïtiennes des Droits Humains<br />
(POHDH), Antonal Mortimé a fait<br />
savoir, cette semaine, qu’au cours<br />
de ces deux (2) derniers mois<br />
juin et juillet, 99 personnes sont<br />
mortes par balles et 544 autres<br />
blessées par balles des bandits,<br />
dans les zones métropolitaines de<br />
la capitale.<br />
Une étude réalisée conjointement<br />
par des chercheurs étasuniens<br />
et brésiliens a prouvé que le<br />
taux de criminalité a augmenté en<br />
Haïti à la hauteur de 25%, durant<br />
le premier semestre de l’année<br />
2012. Les données recueillies correspondent<br />
à un record de 76.2<br />
meurtres par 100 mille habitants.<br />
Ce sont des chiffres les plus élevés<br />
depuis l’année 2006. Les mauvaises<br />
conditions économiques<br />
de la majorité des Haïtiens sont<br />
des facteurs déterminants de la<br />
montée de la criminalité, selon<br />
les chercheurs de l’université du<br />
Michigan, Kolba Athéna et Marie<br />
Puccio et de l’Igarape Institut, du<br />
Brésil, Robert Muggah, rapporte<br />
l’Agence en ligne Associated<br />
Press. Kolba Athéna a déclaré :<br />
« cela nous indique que la ville<br />
est moins sûre en Haïti. » Il encourage<br />
les autorités du pays et<br />
de la communauté internationale<br />
à s’attaquer aux causes de la<br />
criminalité dans ce pays, avant<br />
d’affronter les effets. Les causes<br />
sont d’abord d’ordre économique<br />
et social.<br />
Cette semaine, le ministère de<br />
l’Education Nationale et de la<br />
Formation Professionnelle (ME-<br />
NEP) a rendu publics les résultats<br />
de la session ordinaire des examens<br />
de baccalauréat 1ere et 2eme parties<br />
pour les élèves réguliers. Le taux<br />
de réussite global est de 37.08%,<br />
dont 26,97% en Rétho, soit 24,740<br />
admis sur 91,731 participants et<br />
60,65% en philo, soit 23,876 admis<br />
sur 39,370 participants.<br />
Le nombre d’ajournés en Rétho<br />
est de 38,442 candidats, soit<br />
41,90%, et celui des élèves éliminés<br />
28,549 participants, soit 31,12%.<br />
Pour la classe terminale, l’effectif<br />
d’ajournés s’élève à 14,051, soit<br />
35, 68% et l’effectif d’éliminés<br />
1,443 soit 3,66%.<br />
Le ministère en a profité pour<br />
annoncer que la session extraordinaire<br />
des examens des bacs I et II<br />
aura lieu du 3 au 6 Septembre prochain<br />
sur tout le territoire.<br />
De son côté, le secrétaire général<br />
de l’Union Nationale des Normaliens<br />
d’Haïti (UNNOH), le professeur,<br />
Josué Mérilien a dénoncé<br />
HAÏTI EN ONDES &<br />
SÉRUM VÉRITÉ<br />
Tous les dimanches de 2 h à 4 h p.m.<br />
Deux heures d’information et d’analyse<br />
politiques animées par des journalistes<br />
chevronnés haïtiens à la pointe de<br />
l’actualité tels:<br />
Jean Elie Th. Pierre-Louis, Guy Dorvil,<br />
Dorsainvil Bewit, Claudy Jean-Jacques,<br />
Jean Laurent Nelson, et pour Haïti<br />
Liberté, Kim Ives.<br />
En direct avec Bénédict Gilot depuis Haïti.<br />
Soyez à l’écoute sur Radyo Panou &<br />
Radyo Inite.<br />
la disparité existant entre le salaire<br />
d’un officiel du gouvernement et celui<br />
d’un enseignant haïtien. Selon<br />
les dires de Mérilien, un enseignant<br />
perçoit comme salaire mensuel le<br />
quart (¼) des frais quotidiens d’un<br />
directeur général. « Pendant qu’ils<br />
s’acharnent à s’octroyer des salaires<br />
mirobolants, des avantages de<br />
toutes sortes, des frais scandaleux,<br />
ils estiment normal de maintenir<br />
les enseignants dans une situation<br />
misérable, en continuant à leur accorder<br />
mensuellement une pitance<br />
», s’est-il plaint.<br />
Il a, en outre, qualifié de déplorable<br />
la situation des enseignants,<br />
alors que le gouvernement<br />
haïtien accorde comme per-diem<br />
à un directeur général 600 dollars<br />
US par jour pour les voyages à<br />
l’étranger, ce qui équivaut à 4 mois<br />
de salaire de base d’un enseignant,<br />
soit 6000 gourdes par mois. Josué<br />
Mérilien s’en prend également au<br />
grand argentier de la République,<br />
Marie-Carmelle Jean Marie qui avait<br />
déclaré récemment par devant la<br />
Commission finance du Sénat que<br />
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(entre Linden & Martense)<br />
Tél: 718.941.2644<br />
l’Etat n’a pas de moyens pour augmenter<br />
le salaire des enseignants<br />
et des policiers, mais que les enseignants<br />
doivent de préférence<br />
réclamer d’autres avantages sociaux<br />
en lieu et place de l’augmentation<br />
de salaire. Le secrétaire général de<br />
l’UNNOH continue d’exiger 50 mille<br />
gourdes comme salaire minimum<br />
pour les enseignants, une loi définissant<br />
le statut de l’enseignant,<br />
le paiement des arriérés de plusieurs<br />
mois de salaire à des professeurs et<br />
la nomination des enseignants et<br />
des finissants de l’Ecole Normale<br />
Supérieure,ainsi que la publication<br />
de la loi sur les frais scolaires votée<br />
depuis 2 ans par les législateurs.<br />
Pour faire entendre et satisfaire les<br />
revendications des enseignants,<br />
l’UNNOH compte organiser une<br />
marche pacifique d’avertissement le<br />
lundi 3 septembre 2012.<br />
D’aucuns se demandent si le<br />
maigre salaire des enseignants de<br />
toutes catégories et leurs conditions<br />
de travail ne contribueraient-ils pas<br />
au faible taux de réussite des examens<br />
d’Etat chaque année ?<br />
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Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 3
CEP: Des sages appellent Martelly<br />
à la raison<br />
Isaac s’en va, les<br />
menaces demeurent !<br />
Par Marie Laurette Numa<br />
Après que divers secteurs de la société<br />
aient élevé leurs voix pour<br />
dénoncer la violation de la constitution<br />
par le président Martelly en installant<br />
six (6) sur 9 d’un Conseil Electoral et<br />
l’appellent à la raison par le dialogue,<br />
des sages sont sortis du silence pour<br />
encourager le président à faire le retrait<br />
de cette installation, pour ne pas<br />
continuer à plonger le pays dans une<br />
perpétuelle crise politique. C’est le cas<br />
de l’Evêque émérite du diocèse de la<br />
Grand’Anse, Sud’Ouest d’Haïti, Mgr.<br />
Willy Romélus et d’autres organisations<br />
de la société.<br />
A l’occasion du centenaire de la<br />
paroisse de Sainte-Jeanne de Chantal,<br />
située dans le Sud du pays, le mardi<br />
21 Août 2012, l’évêque de « Rache<br />
Manyòk ou bay tè a blanch », dans<br />
son homélie de circonstance invite le<br />
président Martelly à entendre la voix<br />
de la raison pour prendre la voie du<br />
dialogue. Selon lui, il refuse d’écouter<br />
la voix de la majorité de différents<br />
secteurs organisés du pays qui disent<br />
NON à l’inacceptable. Il appelle enfin<br />
tous les secteurs de la vie nationale à<br />
s’asseoir autour d’une table pour trouver<br />
une solution dans l’intérêt supérieur<br />
de la nation et travailler à reconstruire<br />
le pays dans la solidarité. « Le<br />
pays va être dans une grave crise, si<br />
les autorités persistent dans cette voie<br />
irrégulière sur la question du Conseil<br />
Electoral Permanent devant organiser<br />
les élections dans le pays pour renouveler<br />
le tiers du Sénat et des Collectivités<br />
territoriales », a-t-il clairement<br />
indiqué.<br />
Dans un article titré : « Coup<br />
de force, fait accompli, la politique du<br />
pire… », publié le jeudi 23 Août 2012,<br />
Hérold Jean François, directeur d’une<br />
station de radio de la capitale a inscrit<br />
la politique de M. Martelly dans la<br />
ligne droite de la continuité de son prédécesseur,<br />
alors qu’il a promis la rupture<br />
et le changement sans contenus.<br />
«La rupture que nous avait promise le<br />
candidat Martelly s’apparente plutôt<br />
à la continuité de l’entêtement que<br />
nous avons connu avec le Président<br />
René Préval par rapport au CEP et aux<br />
élections. Un véritable concert de voix<br />
a appelé l’ancien président à renvoyer<br />
le CEP pour créer un climat de confiance<br />
propice aux élections. Comme portant<br />
des œillères, Préval a foncé tête baissée<br />
vers l’organisation des élections avec<br />
le même Conseil électoral. Martelly<br />
s’aligne sur la même logique en<br />
faisant un ensemble de mise en place<br />
pour dominer les institutions du pays.<br />
Regardez bien le contexte. Vous avez<br />
remarqué les joyeux et gais lurons lors<br />
du lancement du parti politique « Tèt<br />
Kale » ! La vassalisation du pouvoir<br />
judiciaire par l’intermédiaire des<br />
jouets de Martelly à l’intérieur de cette<br />
institution nouvelle. La dernière étape<br />
et pas la moindre, la mainmise sur le<br />
Conseil Électoral. Comme d’habitude,<br />
la maladie du pouvoir hante ses<br />
tenants et les active à essayer de durer<br />
au pouvoir ou dans l’espace politique.<br />
Mais l’histoire est là pour témoigner<br />
des déboires de ceux-là qui voulaient<br />
la permanence au pouvoir, à quelques<br />
rares exceptions, ils n’ont pas réussi.<br />
Plus ils voulaient rester au pouvoir,<br />
plus vite ils sont tombés du pouvoir. »<br />
Il a également rappelé le début<br />
des pratiques dictatoriales de François<br />
Duvalier, qui lui a permis de passer 29<br />
ans au pouvoir. « François Duvalier a<br />
duré au pouvoir parce qu’en face, la<br />
société s’est laissée terroriser. La lâcheté<br />
des uns, la couardise des autres<br />
ou la bassesse de toute une cour de<br />
serviteurs qui se sont mis au service<br />
du dictateur par intérêt ou par peur,<br />
autant d’éléments dans la réussite de<br />
ce pouvoir dynastique. Or les occasions<br />
de neutraliser Duvalier ne manquaient<br />
pas. La proclamation de Papa Doc président-à-vie,<br />
l’exécution des 19 officiers<br />
où Duvalier assistait en personne<br />
au peloton d’exécution, la succession<br />
à Jean-Claude Duvalier où toute cette<br />
clique de personnalités a laissé faire…<br />
», a-t- il poursuivi<br />
La nature du régime Tèt Kale,<br />
Kale Tèt ne diffère pas de celle de<br />
Papa Doc. Et d’ailleurs, des fils et des<br />
filles des dinosaures du régime dictatorial<br />
sont actuellement au timon des<br />
affaires.<br />
Dans la foulée, huit (8) organisations<br />
de la société civile et de<br />
défense des droits de l’homme, dans<br />
une déclaration conjointe, écrite, datée<br />
du 20 Août 2012, ont élevé leur voix<br />
pour condamner la tentative de mise<br />
en place d’un CEP dit permanent, en<br />
utilisant des procédés illégaux et anticonstitutionnels.<br />
« Les choix du CSPJ,<br />
ont été effectués, en violation des<br />
normes démocratiques universellement<br />
admises et des prescrits de la<br />
loi régissant le CSPJ. L’article 13 de la<br />
Loi créant le CSPJ stipule : « Il ne peut<br />
délibérer qu’en présence de cinq (5)<br />
au moins de ses membres. Il se prononce<br />
à la majorité des voix. En cas<br />
de partage des voix, celle du Président<br />
est prépondérante. » Le Président du<br />
CSPJ, affirme lui-même dans sa lettre<br />
du 7 Août aux membres qui contestent<br />
la nomination, que le choix a été fait<br />
par « les quatre conseillers présents à<br />
la séance du 23 Juillet 2012 » y compris<br />
le Président. Les conditions légales<br />
n’étaient donc pas réunies pour<br />
permettre la délibération. Par ailleurs,<br />
la voix du Président ne peut compter<br />
double qu’en cas de ballotage. Or<br />
en l’occurrence, il ne pouvait y avoir<br />
vote, faute de quorum et encore moins<br />
de ballotage. Le Président de la République,<br />
garant de la bonne marche des<br />
institutions devait exiger que dans<br />
une affaire aussi délicate et importante,<br />
la stricte légalité soit respectée<br />
en vue de garantir une pleine légitimité<br />
aux membres du Conseil Electoral,<br />
appelé à mettre en confiance toutes les<br />
sensibilités politiques susceptibles de<br />
participer aux élections. Ce ne serait<br />
pas de l’ingérence. En effet, veiller à<br />
la bonne marche des institutions, c’est<br />
s’assurer que leur fonctionnement est<br />
en conformité avec la loi. D’ailleurs,<br />
le Président l’avait bien assumé à<br />
l’occasion de la publication de la<br />
version erronée de l’amendement<br />
constitutionnel», lit-on dans cette<br />
déclaration.<br />
Pour le plus grand bien de la<br />
patrie commune, les organisations signataires,<br />
dont Initiative Société Civile<br />
(ISC), Conseil Haïtien des Acteurs non-<br />
Etatiques (CONHANE),RNDDH demandent<br />
aux pouvoirs judiciaire et exécutif<br />
de se ressaisir et de revenir de leur<br />
décision anti-démocratique, mettant<br />
ainsi en péril les avancées vers un Etat<br />
de droit. «D’une part au CSPJ de rétablir<br />
la confiance au sein de l’ensemble<br />
de ses membres et des institutions<br />
impliquées dans leur choix, en vue<br />
de reprendre le processus de désignation,<br />
dans le respect de la loi. D’autre<br />
part au Président de la République,<br />
de revenir sur sa décision, tant en ce<br />
qui concerne les membres du Conseil<br />
Electoral que du Directeur Général et<br />
d’entamer avec les Parlementaires un<br />
dialogue constructif en vue de trouver<br />
un modus operandi susceptible de<br />
permettre le respect des prescrits de la<br />
Charte Fondamentale du pays, relatifs<br />
à la formation de l’institution électorale<br />
et de mettre ainsi en confiance les<br />
différents secteurs de la société et les<br />
formations politiques. Les Organisations<br />
de la Société Civile et des Droits<br />
de l’Homme appellent enfin les forces<br />
vives de la nation à se mobiliser en<br />
vue de défendre et de sauvegarder les<br />
acquis démocratiques,»a -t-on conclu.<br />
Dans l’horizon politique haïtien,<br />
une quinzaine de partis ou de groupuscules<br />
politiques, dont PNDPH de Turneb<br />
Delpé, KID d’Evans Paul, de MRN<br />
d’Omar Garat, Plateforme Libération<br />
de Serge Jean-Louis dans une prise de<br />
position commune ont dénoncé énergiquement<br />
les pratiques anti-démocratiques<br />
qui conduiront le pays vers une<br />
dictature à l’instar des Duvalier : « La<br />
création du Conseil Electoral Permanent<br />
(CEP) à six membres, au lieu de neuf<br />
(9), comme l’exige la Constitution de<br />
1987, constitue un cas de forfaiture.<br />
Elle représente, en outre, un pas de<br />
trop en direction de l’arbitraire, de<br />
l’illégalité et de l’inconstitutionnalité.<br />
C’est ce qu’on appelle un crime contre la<br />
Constitution. Le mode de gouvernance<br />
du président Martelly constitue un<br />
danger public, qui risque d’entrainer<br />
le pays dans une instabilité politique<br />
tout à fait chronique, laquelle signifie<br />
la permanence de la misère, de la vie<br />
chère, du chômage et de l’insécurité<br />
publique. Les partis et plateformes<br />
politiques soussignés dénoncent, avec<br />
force, le caractère inconstitutionnel et<br />
illégal de l’arrêté Présidentiel nommant<br />
les six (6) membres du CEP, après un<br />
scandale sans précèdent opposant les<br />
membres du Conseil Supérieur de la<br />
Justice (CSPJ), et devant l’impossibilité<br />
pour le Parlement haïtien de désigner<br />
les trois autres membres manquants,<br />
au motif que le Sénat a été amputé<br />
d’un tiers de ses membres, parce<br />
que l’Exécutif n’a pas respecté les<br />
échéances électorales. »<br />
ls ont du même coup demandé<br />
au premier mandataire de la nation de<br />
stopper les dérives qui seront catastrophiques<br />
pour le pays. « Les partis<br />
et plateformes politiques soussignés<br />
demandent au chef de l’Etat de :<br />
geler la mise en œuvre de l’Arrêté<br />
présidentiel, portant nomination d’un<br />
Conseil Electoral à six (6) conseillers,<br />
en violation de la constitution ; passer<br />
en urgence, à l’établissement par<br />
consensus, d’un Conseil Electoral<br />
Provisoire de transition ; éviter de<br />
continuer à maintenir le pays, dans<br />
la situation déshonorante, d’un Etat<br />
failli, d’une nation quasiment assistée<br />
ou celui de seul pays moins avancé de<br />
l’hémisphère occidental.»<br />
La Plateforme politique INITE<br />
a complété la liste des organisations<br />
politiques et sociales qui dénoncent les<br />
manœuvres politiciennes d’un apprenti<br />
dictateur visant à éliminer toutes les<br />
forces politiques pour asseoir sa dictature.<br />
« Nous devons être fermes et<br />
solidaires pour stopper la machine de<br />
la dictature qui est en train de nous<br />
foncer dessus», a lancé, Paul Denis, un<br />
politicien transfuge de l’Organisation<br />
du Peuple en Lutte (OPL) à ladite Plateforme,<br />
sous la gouvernance de René<br />
Préval. L’ex-candidat à la présidence<br />
de l’OPL a averti que la gouvernance<br />
politique catastrophique de Martelly<br />
expose Haïti à de graves crises, et en<br />
dernière instance il invite la communauté<br />
internationale à surseoir de soutenir<br />
l’administration de Martelly dans<br />
une telle entreprise.<br />
Aujourd’hui, il est nécessaire de<br />
rappeler que les principaux dirigeants<br />
de l’INITE ont largement contribué<br />
à conduire le pays là où il se trouve,<br />
d’abord en excluant le parti majoritaire<br />
des scrutins de 2010, en organisant<br />
des élections exclusives sous diktats<br />
de l’International contre le peuple et<br />
en sacrifiant la constitution haïtienne<br />
de 1987 sous l’autel de l’INITE. Donc<br />
l’INITE est largement responsable de<br />
ces dérives politiques, économiques<br />
et sociales auxquelles le pays fait face<br />
actuellement.<br />
De son côté, l’ex-secrétaire<br />
général du CEP de 2005-2006, du<br />
regroupement politique des Fusion<br />
Sociaux-démocrates, Rosemond Pradel<br />
a ouvertement déploré la façon dont le<br />
président Martelly avec le support de<br />
l’International a procédé à la mise en<br />
place d’un CEP mort-né, disait-il, qui<br />
Dans différentes zones frappées par la tempête, des victimes lancent<br />
encore des SOS aux autorités. C’est le cas des victimes de Cité Soleil, de la<br />
Saline, du Centre-ville, de Kenscoff, de Tabarre, du Canapé-vert et autres.<br />
Photo Credit : MINUSTAH/Victoria Hazou<br />
Par Yves Pierre-Louis<br />
Après le passage de la tempête tropicale<br />
Isaac sur Haïti, du vendredi 24<br />
au samedi 25 Août 2012, les autorités<br />
haïtiennes, qui se sont mobilisées pour<br />
essayer de limiter les dégâts, ont donné<br />
un bilan partiel des épreuves lors d’une<br />
conférence de presse, le lundi 27 Août.<br />
Selon les autorités de l’Office Protection<br />
Civile (OPC), les deux (2) départements<br />
les plus frappés par le passage d’Isaac<br />
sont l’Ouest et le Sud’Est, où le bilan<br />
s’élève à 19 morts, plus de 300 maisons<br />
détruites, 15,812 déplacés, plusieurs<br />
centaines de maisons endommagées et<br />
d’autres secteurs dont les plus frappés<br />
sont : l’agriculture, les infrastructures<br />
routières et électriques. Et depuis lors<br />
la capitale haïtienne est plongée dans<br />
le black-out total ; tous les circuits sont<br />
coupés, au total 32; le directeur général<br />
adjoint de l’Electricité d’Haïti (ED’H),<br />
Duckens Raphaël a annoncé que les<br />
techniciens de cette entreprise publique<br />
sont mobilisés pour remettre en fonction<br />
le système électrique, 11 circuits<br />
sont déjà en marche selon lui.<br />
En termes de prévention, le gouvernement<br />
central a remis aux Délégations<br />
départementales 2 millions<br />
de gourdes, la Délégation de l’Ouest a<br />
remporté le gros lot avec 5 millions,<br />
selon le Premier ministre, Laurent Lamothe.<br />
Mais dans différentes zones<br />
frappées par la tempête, des victimes<br />
lancent encore des SOS aux autorités.<br />
C’est le cas des victimes de Cité Soleil,<br />
de la Saline, du Centre-ville, de Kenscoff,<br />
de Tabarre, du Canapé-vert et<br />
autres. A Cité Soleil, la Rivière grise a<br />
débordé et envahi une bonne partie de<br />
la population, des toitures de maisonnettes<br />
ont été emportées par les bourrasques<br />
de vent du vendredi soir. La<br />
population de Cité Soleil est aux abois.<br />
Au Camp des déplacés, des victimes<br />
du tremblement de terre du 12<br />
janvier 2010, à Delmas 30, communément<br />
appelé « Camp Accra », se plaignent<br />
du fait qu’ils n’ont rien reçu durant<br />
le passage de la tempête tropicale :<br />
« Van an pase la a li pran prela nou yo,<br />
nou pase tout nwit lan anba lapli, tout<br />
bagay nou mouye, nou pa dómi. Nou<br />
pa wè pèsonn. Yo lage nou la a pou<br />
ne jouit pas, au premier abord de la<br />
confiance du peuple haïtien. Dans ce<br />
projet macabre du président Martelly,<br />
il accuse la communauté Internationale<br />
d’être à la base de toutes les crises<br />
politiques en Haïti pour justifier sa présence<br />
continue avec ses forces d’occupation.<br />
C’est dans cet esprit qu’il a dénoncé<br />
la énième visite de la directrice<br />
du cabinet de la secrétaire d’Etat des<br />
Etats-Unis, Cheryl Mills accompagnée<br />
de l’ambassadrice étasunienne, Pamela<br />
White au Parlement haïtien le mardi<br />
21 Août dernier, pour exercer des pressions<br />
sur des parlementaires afin de<br />
violer la Constitution d’Haïti au profit<br />
des intérêts impérialistes. Ce qui a été<br />
vite dénoncé par le sénateur du Nord,<br />
Moïse Jean-Charles et ses collègues<br />
de l’assemblée. Il a réitéré l’appel à la<br />
n mouri. N ap viv nan fatra, nou pa<br />
gen sekirite, se tout lajounen vólè ap<br />
pran zafè nou, y ap vyole nou. Kolera-<br />
Minustah ap touye moun nan kan an.<br />
Depi lapli a koumanse tonbe, gen yon<br />
moun ki déjà mouri la a semèn pase<br />
a. Pou noumenm, nou pa egziste pou<br />
dirijan yo nan peyi a. Nou tande yo<br />
wete moun sou plas yo nan Petyonvil<br />
ak Channmas, noumenm sinistre nan<br />
Delma, nou pa janm wè pèsonn vin<br />
pale ak nou. »<br />
C’était la déclaration d’une dame<br />
âgée de 32 ans. Elle vit dans le camp<br />
Accra à Delmas 32 depuis plus de 2<br />
ans.<br />
Les sinistrés d’un camp de Canapé-vert,<br />
au dos du building de la Téléco,<br />
le camp AVIC, s’étaient mobilisés le samedi<br />
25 Août pour faire entendre leur<br />
voix ; la Police a débarqué et procédé<br />
à l’arrestation de neuf (9) d’entre eux,<br />
Feneh Daniel, Toussaint Carl ,Edouard<br />
Ralph, Donal Monéus, René hendry,<br />
Fritz Monima, Figaro Domingue, Michel-Ange<br />
Saint Jean, Junior. Ce sont<br />
neuf victimes du séisme du 12 janvier<br />
2010 vivant encore sous les tentes au<br />
Camp AVIC. Ils ont été arrêtés par la Police<br />
Nationale pour avoir osé, le samedi<br />
25 aout 2012, revendiquer la protection<br />
de l’Etat haïtien durant le passage<br />
d’Isaac.<br />
Au centre-ville, à Lalue, la responsable<br />
des victimes des coopératives,<br />
Magarette Fortuné, responsable<br />
également d’un centre d’hébergement<br />
de la même zone, contenant 65 familles<br />
appelle le gouvernement au secours.<br />
Selon elle les centres d’urgence annoncés<br />
par le gouvernement de Lamothe<br />
ne fonctionnent pas : « Je l’ai appelé<br />
à plusieurs reprises, mais personne<br />
ne m’a répondu. J’ai été obligé de recourir<br />
au secrétaire d’Etat à la sécurité<br />
publique, Réginald Delva qui m’a promis<br />
de faire le suivi. Le gouvernement<br />
a fait 10/10 dans les campagnes de<br />
préventions et de sensibilisation, mais<br />
en termes d’action concrète, c’est zéro<br />
barré. On a déjà enregistré 1 mort dans<br />
le camp dont un enfant de 2 ans faute<br />
de médicaments ». a-t-il tempêté.<br />
D’après les responsables de la<br />
Protection civile d’Haïti, Isaac s’en va,<br />
mais il laisse derrière lui des milliers de<br />
victimes de toutes sortes.<br />
mobilisation de la population, en dernier<br />
ressort pour faire plier le président<br />
Martelly sur la position de la majorité<br />
et lui faire respecter les lois du pays.<br />
Par ailleurs, ce mardi le président<br />
Martelly a rencontré les dirigeants de<br />
certains partis politiques du pays à<br />
l’hôtel Karibe. Parmi les participants<br />
il y avait entre autres Maryse Narcisse<br />
de Fanmi Lavalas, Evans Paul<br />
du KID, Edmonde Suplice Beauzile<br />
pour Fusion, Rebu pour GREH, l’Agr.<br />
Jean André Victor pour PLH, Me Henry<br />
Céant pour Renmen Ayiti et d’autres<br />
représentants. Il semblerait que l’OPL,<br />
le RDNP et INITE n’ont pas été representés.<br />
Sans doute Lambert n’avait<br />
pas invité ses anciens collègues de la<br />
plateforme Inite. Une rencontre qui a<br />
fini en queue de poisson.<br />
4<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012
Twa fèy, Twa rasin O<br />
Deux superbes sousou, joyaux du régime Martelly<br />
A propos du sousouisme et du souflantyouisme<br />
Par Fanfan La Tulipe<br />
Il y a toujours eu à travers le temps,<br />
sous tous les cieux des individus qui<br />
ont excellé dans la pratique de se tenir<br />
non pas droits face au pouvoir mais<br />
plutôt à angle droit. Ce sont les sousou.<br />
Une échine souple leur permet de se<br />
tenir à différents angles de prosternation<br />
devant le chef, tout dépend des<br />
besoins du moment. Un angle aigu<br />
d’environ 30º, c’est juste pour se faire<br />
remarquer du pouvoir. A 60º, le sousou<br />
est déjà plus agressif, il fait signe qu’il<br />
aimerait lui aussi sucer un os. A 90º, la<br />
position échinante à angle droit indique<br />
l’urgence suçante. Il y a aussi l’angle<br />
plat, l’angle de 180º, c’est la position<br />
sousoute extrême qui correspond à l’àplat-ventre.<br />
On n’a plus affaire à un<br />
être humain, on est en face d’un reptile.<br />
Je vais commencer par vous<br />
«prendre loin» pour, éventuellement,<br />
vous «emmener près» de deux superbes<br />
sousou. En attendant, patientez<br />
un peu. Dans les années 30, le président<br />
Vincent agacé par le comportement<br />
d’un juge à la cour de cassation,<br />
Me Baléwouzé, voulut le révoquer.<br />
Mais les juges sont inamovibles. Vincent<br />
fit alors appel au plus grand juriste<br />
de l’époque, Me Zabulon, et lui fit part<br />
de ses pulsions révocantes. Prompt<br />
comme l’éclair, Maître Za jeta à la face<br />
du chef les différents articles de loi<br />
attestant de l’inamovibilité des juges,<br />
ajoutant que cette révocation mijotée<br />
par le président serait aussi répréhensible<br />
que scandaleuse, déclencherait<br />
une crise politique et serait un très<br />
mauvais précédent dans l’histoire du<br />
pays. Maître Za alors tout fier de luimême<br />
s’en alla raconter l’affaire à ses<br />
pairs à la ronde badette.<br />
Entre-temps, Vincent, cynique<br />
comme lui seul, glissa à l’oreille d’un<br />
de ses proches, Marc Tibouchon, que<br />
Za était vraiment un couillon de la pire<br />
espèce car si le juriste lui avait dit qu’il<br />
pouvait révoquer le juge Baléwouzé, il<br />
aurait fait de Za son ambassadeur à Paris.<br />
Vincent est certain que Tibouchon,<br />
en bon sousou qu’il est, va le faire<br />
savoir à Za. En effet, Tibouchon rencontre<br />
Maître Zabulon et lui reproche<br />
sa couillonnerie. Za se rend compte<br />
comment par une couillonne imbécillité<br />
il a raté un poste tant convoité par tant<br />
de politiciens sousou. Il se précipite au<br />
palais national avec plusieurs livres de<br />
loi sous les bras, s’excuse à plat ventre<br />
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Le Secrétaire d’Etat à la<br />
Communication Guyler C. Delva<br />
auprès de Vincent à qui il «démontre»,<br />
textes de loi à l’appui, qu’il est parfaitement<br />
en droit de révoquer Baléwouzé.<br />
Ah ! Gen sousou ak sousou.<br />
Sous Duvalier, on en a pas mal<br />
vu, lu et entendu ces sousou qui ne se<br />
sont pas gênés pour soutenir le régime<br />
sanguinaire de Papa Doc. Dans un fascicule<br />
où Duvalier avait fait imprimer<br />
les flatteries de nombre de sousou du<br />
régime, un médecin, obstétricien-gynécologue,<br />
un grand bourgeois de la<br />
bonne société port-au-princienne, avait<br />
ainsi apporté sa contribution sousoute<br />
au dictateur: « L’amitié des grands est<br />
un bienfait des dieux». On n’oubliera<br />
pas non plus la fracassante déclaration<br />
sousoute d’un autre docteur, l’ineffable<br />
et extravagant Jacques Fourcand, lors<br />
de la tentative d’assassinat de Jean-<br />
Claude Duvalier. C’était en avril 1963.<br />
Après le carnage perpétré au domicile<br />
des Benoît, au Bois Verna, Fourcand<br />
avait eu la folle et criminelle audace de<br />
menacer le pays d’une «rivière de sang<br />
et d’une Himalaya de cadavres». Duvalier<br />
capta le message cinq sur cinq et<br />
récompensa l’animal.<br />
Chaque régime a toujours eu ses<br />
sousou, ses oui-oui chèf, ses padonchèf,<br />
ses domestiques, ses larbins,<br />
ses frotte-manches, ses frotte-culs,<br />
ses lèche-culs, ses lèche-manches,<br />
ses lèche-bottes, ses lèche-fesses, ses<br />
lèche-bav prezidan, ses lèche-kras<br />
prezidan, ses lèche-bòkyè madan<br />
prezidan, ses laquais, ses valets, ses<br />
restavèk, ses tyoulit, ses souflantyou,<br />
ses souffle-en-culs. On prend presque<br />
plaisir à les regarder évoluer, gesticuler,<br />
tant ils ont élevé leurs sousouteries au<br />
rang d’un véritable art. C’est le cas d’un<br />
larbin de Vincent qui glissait à l’oreille<br />
du président, lors d’un cinq-à-sept au<br />
palais :«Votre ministre Untel, il porte<br />
un complet gris, une cravate grise, des<br />
Dr. Kesler Dalmacy<br />
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Communauté Haïtienne<br />
à New York<br />
souliers gris, tout est gris sauf la matière.<br />
Mais vous, président, pour la matière<br />
grise, vous en avez à revendre».<br />
Un seul tour de langue, un coup de<br />
langue, un coup de sousou.<br />
Les propagandistes d’un régime<br />
comptent parmi ses meilleurs souflantyou.<br />
On peut se rappeler un certain<br />
Morille Figaro sous Duvalier. Lors<br />
d’un éditorial relatif à la brutale et trop<br />
intempestive arrestation du commerçant<br />
Shibley Talamas qui passa de vie<br />
à trépas sous les coups des sbires du<br />
sanguinaire président, le lèche-cul du<br />
président expliqua ainsi le passage au<br />
pays sans chapeau de Talamas :«Le<br />
malotru pesait dans les 290 livres, donc<br />
difficile à maîtriser. Dans son obstination<br />
à s’opposer aux forces de l’ordre<br />
il offrit tant de résistance que son cœur<br />
finit par céder. Le gouvernement avait<br />
fait son possible pour éviter un pareil<br />
dénouement. Shibley Talamas est mort<br />
d’un arrêt cardiaque…»<br />
Le souflantyou n’a ni âme, ni<br />
cœur. C’est sa panse qui lui sert de<br />
conviction. Il doit vivre, fò l manje. C’est<br />
une loi de la nature, disons plutôt de sa<br />
nature. Il faut le voir le premier janvier<br />
quand il vient présenter ses hommages<br />
au président. L’échine souple il se plie<br />
à 90º, formant un parfait angle droit et<br />
au moment de presser la main au chef<br />
il lui glisse, furtivement, sousoutement,<br />
tyoulitement :«Excellence, n’oubliez<br />
pas votre digne serviteur. Il est toujours<br />
à vos ordres et prie Dieu de vous<br />
protéger de vos ennemis». Le président<br />
qui lui-même se fout de la protection<br />
divine toise le tyoul. Ce dernier tout<br />
en se rendant compte du mépris, de la<br />
toiserie, adresse une «dernière prière»<br />
au chef avant de lui lâcher finalement<br />
la main :«je ne suis pas dans l’opposition,<br />
je veux humblement servir votre<br />
gouvernement, donnez-m-en l’opportunité,<br />
je vous en prie et vous supplie».<br />
C’est à la radio, derrière un micro<br />
que le larbin est dans son plat pour déployer<br />
ses ailes souflantyoutes. Il dira<br />
tout, fera tout pour expliquer l’inexplicable,<br />
faire admettre l’inadmissible,<br />
excuser l’inexcusable, faire prendre des<br />
vessies pour des lanternes et le président<br />
pour le phare d’Alexandrie en<br />
Egypte ou le phare romain d’Ostie, en<br />
Italie. Il mentira effrontément, voudra<br />
se faire passer pour un certain Jean Pic<br />
de la Mirandole, li konn tout bagay. Il<br />
ira même au devant des désirs du chef<br />
pour lui plaire, devinera ses pensées,<br />
applaudira tout ce que le président a<br />
fait, fit, fait, fera, ferait ou même déferait,<br />
surtout si le président est un fèzè.<br />
Après vous avoir promenés à<br />
travers l’Egypte et la Chaldée de ces<br />
considérations souflantyoutes j’en<br />
viens maintenant à deux superbes sousou<br />
que je considère être des joyaux<br />
du régime Martelly. Ils ont donné libre<br />
cours à leur dispositions souflantyoutes<br />
et leur naturel frotte-manche au cours<br />
de deux récentes émissions Ranmase,<br />
à Radio Caraïbe. Il s’agit du Secrétaire<br />
d’Etat à la Communication Guyler C.<br />
Le ministre de la Culture Mario Dupuy<br />
Delva et du ministre de la Culture Mario<br />
Dupuy. Ainsi, sur le site «Forum <strong>Haiti</strong><br />
: Des Idées et des Débats sur l’Avenir<br />
d’<strong>Haiti</strong>», on peut lire en date du<br />
jeudi 16 août 2012 : «Le journaliste<br />
Guy C. Delva récompensé pour son discours<br />
pro-Martelly».<br />
Plus loin, sur le même site, un<br />
internaute commente: « C’était clair<br />
que Guy C. Delva était devenu un<br />
agent du gouvernement Lamothe/Martelly.<br />
Le murmure [sic] de ce journaliste<br />
à l’émission Matin-Caraibe retentissait<br />
aux quatre coins du pays. Guyler C.<br />
Delva était un fantôme de la Presse<br />
au service du gouvernement haïtien.<br />
C’était trop beau pour qu’il soit un journaliste<br />
indépendant. On aurait dû se<br />
méfier».<br />
Toujours sur le même site, une<br />
internaute écrit:« Effectivement…, je<br />
connais le parcours de Guy Delva, mais<br />
je ne pense pas qu’il pourrait être un<br />
secrétaire d’état objectif. Il va travailler<br />
pour la propagande de Micky; je dirais<br />
même qu’il a travaillé fort pour être au<br />
sein de l’équipe de Micky. Je n’avais<br />
aucun doute quant à sa capacité au<br />
sein de S.O.S. Journaliste. Il défendait<br />
le droit des journalistes battus, tués<br />
ou maltraités. Il les défendait du bec<br />
et des ongles et j’en étais ravie, mais<br />
présentement, il est un vendu. Il va<br />
sûrement être utile uniquement à son<br />
gouvernement. Je l’ai entendu à Matin<br />
Caraïbes; il a dit qu’il sera toujours présent<br />
pour répondre à ceux qui diront du<br />
mal de son gouvernement. Il promet<br />
de s’inviter dans toutes les émissions<br />
lorsque le besoin se fera sentir…Je crois<br />
sincèrement que sa carrière de journaliste<br />
vient d’être terminée, malheureusement.»<br />
Le dernier coup pour tuer le coucou,<br />
sur le même site, se lit comme suit:<br />
«Je n’ai aucun problème avec le choix<br />
de Guy C. Delva de devenir membre<br />
du parti politique haitien TETKALE de<br />
Michel Martelly. Mon problème avec<br />
le journaliste Delva c’est qu’il faisait<br />
de la propagande pour la présidence à<br />
l’émission Matin Caraïbe avant même<br />
qu’il soit nommé. Je trouve ce comportement<br />
malhonnête et indigne de la<br />
part d’un journaliste de l’acabit de Guy<br />
C. Delva. Il savait bien ce qu’il faisait<br />
depuis des semaines au micro de cette<br />
radio. Il faisait de la propagande pour<br />
Martelly et Lamothe. Je crois qu’il est<br />
pire qu’un Jean Marie Chanoine au<br />
temps des Duvalier. Au moins on savait<br />
qui était Jean Marie Chanoine. C’était<br />
un duvaliériste. Guy C. Delva s’était<br />
toujours présenté comme un journaliste<br />
indépendant, et en s’affiliant avec le<br />
gouvernement de droite de Martelly /<br />
Lamothe il fait preuve d’un manquement<br />
grave au niveau d’éthique».<br />
Ces commentaires collent parfaitement<br />
avec le comportement de<br />
Delva à l’émission Ranmase du samedi<br />
18 août 2012. Il s’agitait, intervenant<br />
à tout propos au point que dans son<br />
compte-rendu de cette émission Jean<br />
Monard Métellus a peint «un Guy Delva<br />
qui a essayé de jouer «au touche-àtout»<br />
pour défendre du bec et des ongles<br />
le pouvoir du président Martelly…Sans<br />
pitié pour l’ancien responsable de SOS<br />
journaliste, Me [André] Michel et le<br />
professeur D’Meza ont déclaré «enfin,<br />
Guy a été nommé» et le dernier, enfonçant<br />
le clou un peu plus profondément<br />
dans la plaie a indiqué qu’il ne croit pas<br />
que la nation prendra trop au sérieux<br />
un homme qui a fait successivement<br />
les trois derniers pouvoirs qui se sont<br />
succédé au pays». Amen.<br />
C’est à cette même émission que<br />
Guy Delva en plein dans ses acrobaties<br />
sousoutes, a été rappelé à un minimum<br />
de décence par Anthony Barbier,<br />
membre du parti Fusion et présumé<br />
GNBiste, tant le nouveau secrétaire à<br />
la Communication «faisait la culbute»<br />
pour vanter les réalisations du chef.<br />
D’ailleurs, à l’émission du samedi 25<br />
août 2012, le lendemain du passage du<br />
cyclone Isaac, Guy Delva se montrait<br />
encore «beau culbuteur» pour étaler<br />
les prouesses présidentielles-gouvernementales<br />
à venir au secours de la<br />
population : 530 plats chauds au Lycée<br />
Jean-Marie Vincent, 960 plats chauds<br />
à l’école nationale de Cazeau, 400<br />
plats chauds à la mairie de Tabarre,<br />
1500 plats chauds à l’École nationale<br />
de Tabarre, les numéros de téléphone<br />
pour rejoindre des introuvables comme<br />
le commissaire du gouvernement, les<br />
agents de l’OFATMA ou les techniciens<br />
de l’EDH. J’en passe.<br />
C’est malheureux que Nobel<br />
n’ait pas pensé à un Prix Souflantyou,<br />
car Mario Dupuy l’aurait gagné haut la<br />
main. Il a donné la mesure de sa nature<br />
souflantyoute lors d’une intervention<br />
à cette émission Ranmase du 18 août.<br />
Il était intervenu par téléphone, suite<br />
à une aimable remarque de Me André<br />
Michel à son adresse:« j’apporte toute<br />
ma solidarité à Mario Dupuy avili par<br />
Martelly en direct à la Citadelle le mois<br />
dernier». Piqué au vif dans sa «dignité»,<br />
le ministre de la Culture répondait béatement,<br />
sousoutement, bassement, sottement,<br />
maladroitement, scandaleusement,<br />
honteusement, indignement:<br />
«J’ai l’honneur de refuser cette solidarité».<br />
Sans rire, sans gêne Mario Dupuy<br />
a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une<br />
humiliation mais que, au contraire,<br />
c’était lui-même qui avait invité le chef<br />
de l’Etat à venir voir l’état des lieux,<br />
alors que la scène d’humiliation avait<br />
été retransmise sur les télévisions. Mario<br />
Dupuy était encore chanceux que le<br />
président, ce matin là, n’était pas sur<br />
son brenzeng koulanguiettant. Li t ap<br />
konn Jòj.<br />
Alors, Martelly peut être fier de<br />
ses choix: un ministre de l’Inculture<br />
et un secrétaire d’Etat à l’Incommunication,<br />
deux superbes sousou, deux<br />
joyaux souflantyou de son peu reluisant<br />
régime, particulièrement éclaboussé<br />
depuis la lettre de Me. Newton Saint-<br />
Juste au commissaire du gouvernement<br />
dénonçant des dépenses injustifiées de<br />
la Première dame et le priant de mettre<br />
l’action publique en mouvement contre<br />
la Première dame Sophia Martelly et<br />
contre son fils Olivier Martelly pour des<br />
dépenses engagées au nom de l’Etat.<br />
Pour couronner son accusation, l’avocat<br />
a également écrit aux présidents du<br />
Sénat et de la chambre basse pour informer<br />
de la dénonciation faite en date<br />
du 16 août 2012 contre la Première<br />
dame Sophia St Rémy Martelly et son<br />
fils Olivier Martelly pour «usurpation<br />
de titre ou de fonction et association de<br />
malfaiteurs». Grosse affaire.<br />
Bien sûr Martelly s’en fiche. Sur<br />
les ondes de Scoop FM il a eu à déclarer<br />
que tout ça «n’est que du blablabla». Il<br />
a raison, il peut compter sur ses deux<br />
superbes sousou pour désamorcer cette<br />
bombe Saint-Justine.<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 5
Kwonik Kreyòl<br />
Frakka mande liberasyon militan<br />
MOLEGHAF yo<br />
Madi 19 jen 2012 la, lapolis arete<br />
Oxigène David ak Charles Dukens<br />
pandan yo t ap manifeste nan yon sitign<br />
« Mouvement de Liberté d’Egalite<br />
des Haïtiens pour la Fraternité »<br />
MOLEGHAF te òganize devan Ministè<br />
Afè Sosyal. Se chak madi manm MO-<br />
LEGHAF òganize sitign sa a devan<br />
Ministè a pou rele « aba grangou ak<br />
lavichè epi mande gouvènman an<br />
travay ».<br />
Militan MOLEGHAF yo deja genyen<br />
2 mwa 2 jou nan prizon Penitansye<br />
Nasyonal san jije. Yo te parèt<br />
devan jij enstriksyon Berge O. Surpris<br />
nan pakè Pòtoprens 18 jiyè 2012 la.<br />
Akizasyon lapolis lage sou do mesye<br />
yo se (ak vandalis) paske yo kraze vit<br />
yon machin ki te kanpe nan zòn lan.<br />
Alòske swadizan mèt machin lan pa<br />
t janm parèt nan tribinal la. Jij Berge<br />
O. Surpris retounen mesye yo nan<br />
penitansye. Ki donk, sèl krim 2 militan<br />
MOLEGHAF yo komèt, se paske yo t<br />
ap rele « aba grangou ak lavichè, yo<br />
bezwen travay ».<br />
Oxigène David abite Fònasyonal<br />
yon katye popilè, se papa 5 pitit, 4 fi<br />
1 gason. Se manm fondatè epi prensipal<br />
lidè MOLEGHAF, yon òganizasyon<br />
revandikatif ki rasanble jenn gason ak<br />
jenn fanm nan zòn lan. Depi sou gouvènman<br />
Rene Preval, òganizasyon sa a<br />
toujou òganize sitign chak madi devan<br />
Ministè Afè Sosyal pou mande travay.<br />
Yon revandikasyon lejitim nan yon<br />
peyi ak yon popilasyon 60 pousan jèn<br />
BOUKAN<br />
101.9 FM • SCA<br />
Radyo Pa Nou<br />
Emisyon KAKOLA<br />
Konbit Ayisyen pou Kore Lit la ann Ayiti<br />
• Nouvèl •<br />
• Analiz •<br />
• Kòmantè •<br />
• Deba •<br />
Pou yon Ayiti Libere<br />
(917) 251-6057<br />
www.RadyoPaNou.com<br />
Mèkredi 9-10 pm<br />
ak yon to chomaj anviwon 70 pousan,<br />
kote lavichè a ap grenpe pi plis chak<br />
jou.<br />
Charles Dukens, yon jenn militan<br />
23 lane, ki apèn fin fè klas filo. Dukens<br />
Yon manifestasyon pou mande liberasyon Oxigène David<br />
ak Charles Dukens<br />
ap milite nan MOLEGHAF depi anviwon<br />
yon lane edmi. Dukens se youn<br />
nan 8 pitit madan Anile Charles, ki pap<br />
viv avèk mari l depi 12 lane. Madanm<br />
lan ap kriye tout jounen tout lanuit pou<br />
pitit gason l k ap manje prizon paske li<br />
te pèmèt li rele aba grangou sou gouvènman<br />
Mateli Lamòt la.<br />
Arestasyon Oxigène David ak<br />
Charles Dukens, se yon zak politik pou<br />
fèmen bouch militan MOLEGHAF yo<br />
k ap rele aba grangou, ba yo travay.<br />
Alòske madan prezidan an gen yon<br />
Oxigène David<br />
pwogram ki rele (aba grangou). Pandan<br />
nou ka konstate grangou ak lamizè<br />
ap touye moun nan peyi a . Arestasyon<br />
ak anprizònman 2 jenn gason sa yo<br />
ki pa komèt okenn zak malonèt, ki<br />
senpleman t ap defann dwa yo, fè nou<br />
poze tèt nou kesyon pou mande ki kantite<br />
inosan k ap manje prizon san yo pa<br />
fè anyen ? Alòske, bandi legal yo gen<br />
pouvwa pou yo fè sa yo vle ak peyi a.<br />
Nou menmm nan FRAKKA, nou<br />
denonse aretasyon 2 jenn gason sa yo<br />
k ap boule prizon depi anviwon 2 mwa<br />
paske sèlman yo t ap mande travay ak<br />
manje. Se yon aretasyon abitrè, ilegal,<br />
ki vyole dwa konstitisyon 1987 la bay<br />
tout moun pou manifeste kòlè yo kont<br />
tout sa yo pa dakò k ap fèt nan sosyete<br />
a. Nou pwofite lanse yon apèl bay tout<br />
fòs pwogresis yo, pou nou leve kanpe<br />
kont retou rejim gwo ponyèt makout k<br />
ap rechouke nan peyi a.<br />
Konsa nou menm nan FRAKKA,<br />
nou mande :<br />
Jij enstriksyon Berge O. Surpris libere<br />
Oxigène David ak Charles Dukens ki pa<br />
fè okenn krim pou y ap manje prizon.<br />
Enstitisyon k ap defann dwa<br />
moun yo pou pran pozisyon sou arestasyon<br />
gwo ponyèt ak anprizònman abitrè<br />
Oxigène David ak Charles Dukens.<br />
Pou sektè popilè a leve kanpe<br />
kont retou rejim boutdi makout ladwat<br />
ak lekstrèm dwat la vle rechouke nan<br />
peyi a.<br />
Aba grangou ak lavichè! Viv<br />
liberasyon Oxigène David ak Charles<br />
Dukens<br />
Pou Fòs Refleksyon ak Aksyon sou<br />
Koze Kay (Frakka)<br />
SANON Reyneld<br />
Sekretè Egzekitif<br />
RADIO<br />
PA NOU<br />
1685 Nostrand Avenue<br />
Brooklyn, NY 11226<br />
67 Khz<br />
www.radyopanou.com<br />
Depuis 2002<br />
<br />
<br />
<br />
Fondateur: Jude Joseph<br />
Bureau:<br />
(718) 940- 3861<br />
Studio:<br />
<br />
<br />
(718) 469- 8511<br />
28 Out 1994 -28 Out<br />
2012: 18 lane asasina<br />
Pè Jean-Marie Vincent<br />
Patisipan yo nan rankont pou te komemore 18 lane asasina Pè Jean-<br />
Marie Vincent<br />
out 1994 kriminèl asasen yo ki<br />
28 te nan lame kriminèl Raoul Cédras/Michel<br />
François ak manm FRAPH<br />
li yo te touye yon gwo potorik gason,<br />
ki t ap travay ak mas pèp la, sitou ak<br />
peyizan yo nan komin Jean-Rabel, se<br />
Pè Jean-Marie Vincent, nan ri Bausan,<br />
nan zòn Tijo.<br />
Tankou anpil lòt viktim kouwè:<br />
Pè Ti-Jean Pierre-Louis, Jean Léopold<br />
Dominique, Antoine Izméry, Guy Malary,<br />
Lovinsky Pierre-Antoine elatriye<br />
san nou pa bliye kantite moun ki<br />
tonbe nan katye popilè yo, ki pa janm<br />
konn gou lajistis. Pandanstan kriminèl,<br />
asasen yo kontinye ap taye banda<br />
nan tout espas pouvwa yo nan peyi a,<br />
yo toujou ap benefisye reny enpinite a.<br />
Anesa a ankò, madi 28 Out<br />
2012 la, Fondasyon Jean-Marie Vincent<br />
(FJMV) te òganize yon woumble<br />
nan lokal Biwo Avoka Entènasyonal<br />
yo (BAI) pou kontinye reflechi sou<br />
lide pwogresis Pè a t ap defann pou<br />
te fè sosyete a vanse epi kontinye egzije<br />
jistis pou li ak tout lòt viktim Lame<br />
kriminèl rejim Duvalier yo.<br />
Sou panèl lan te gen reprezantan<br />
plizyè òganizasyon tankou: Pè Frantz<br />
Grandoit pou (FJMV/FODEP); M.A<br />
Vincent ak M.A Figaro (FJMV); Rosemé<br />
Anthony (ANAPP/REPT); Marc-<br />
Arthur Fils-Aimé (ICKL), Pierre-Lyns<br />
(PRNCPS) ak Romestil Pierre Melisca<br />
(CPJ), ki t ap anime deba yo. Me. Mario<br />
Joseph, responsab (BAI) la te esplike<br />
kouman dosye pè Jean-Marie a<br />
ap tatonnen nan sistèm Lajistis pouri<br />
a, moun yo te arete yo tankou : Remy<br />
Lucas ak kapitèn Jackson Joanis jwenn<br />
liberasyon yo. Anpil non moun ki te<br />
figire nan dosye a epi lajistis te tande,<br />
pa t nan lis moun ki nan òdonans<br />
Lajistis te rann sou dosye sasinay pè<br />
Jean-Marie a. Angwo, daprè mèt Mario<br />
Joseph, Lajistis la pa janm anfavè<br />
mas pèp la ak tout moun k apgoumen<br />
bòkote mas yo. Se enpinite k ap reye<br />
nan peyi a, kote bouwo yo, kriminèl<br />
yo ap mache libelibè, pandan viktim<br />
yo kontinye ak sibi enjistis anba<br />
aparèy jidisye Martelly a.<br />
Pè Frantz Grandoit te pale sou<br />
pwojè alfabetizasyon pè a te genyen<br />
pou mas pèp la te ka aprann li, ekri<br />
epi apwofondi refleksyon yo sou zafè<br />
politik ak ekonomik peyi a. M. A Figaro<br />
bò kote pa l te esplike vizyon pè<br />
Jean-Marie te genyen pou te devlope<br />
yon lòt modèl ekonomik pou te konbat<br />
vye sistèm kapitalis peze souse a, gwo<br />
vale piti a, k ap mache sou zantray<br />
mas pèp la. Eksperyans li te fè nan<br />
mete koperativ kanpe pou ede moun<br />
ki pi pòv yo.<br />
Plizyè lòt moun te pale sou batay<br />
pè Jean-Marie te mennen, nan komin<br />
Jean-Rabel, Nòdwès peyi a pou ti<br />
peyizan yo jwenn tè, zouti ak angrè<br />
pou fè pwodiksyon nasyonal la vin pi<br />
efikas, pou peyi pa t tonbe nan katyouboumbe<br />
li ye jounen jodi a, kote<br />
politik neyoliberal, mache lib la lage l,<br />
Pè Jean-Marie Vincent<br />
kote grangou ak chomaj woz tèt kale a<br />
ap fè ti trip vale gwo trip.<br />
Nou pa kab bliye tou, dokiman<br />
wikiliks yo enplike Youri Latortue,<br />
kòm youn nan asasen pè Vincent,<br />
men Lajistis pa janm fè anyen sou sa,<br />
paske se menm yo menm yo ki sou<br />
pouvwa a.<br />
Yo te pale tou sou nesesite pou<br />
tout fanmi, pwòch viktim ak tout lòt<br />
moun k ap goumen pou yon lòt sosyete,<br />
pou yon lot kalte jistis, mete tèt<br />
yo ansanm pou batay kont enpinite<br />
epi mete kanpe yon lòt Leta ki chita<br />
sou lajistis sosyal ak respè dwamoun,<br />
pou lide pè Jean-Marie Vincent yo kontinye<br />
fè chimen l.<br />
EMMANUEL<br />
FUNERAL HOME<br />
“An Oasis of Peace”<br />
14300 West Dixie Highway, Miami, FL<br />
110 South Dixie Highway, Lake Worth, FL<br />
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6<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012
Perspectives<br />
Ce sont les premiers pas qui comptent<br />
Par Marc-Arthur Fils-Aimé<br />
Le président de la République,<br />
M. Joseph Martelly s’est entortillé<br />
davantage dans les mailles de<br />
l’inconstitutionnalité avec la formation<br />
du nouveau Conseil Électoral<br />
Permanent, issu d’un processus entaché<br />
de mille et une irrégularités.<br />
Paradoxalement, ce sont ceux et<br />
celles qui sont dotés de la responsabilité<br />
de faire les lois et de les faire<br />
respecter qui s’obstinent à creuser<br />
et à lui préparer le chemin tortueux<br />
de l’illégalité. Hier, il revenait à des<br />
parlementaires peu soucieux de la<br />
bonne marche du pays d’amender<br />
dans l’obscurité la plus épaisse la<br />
Constitution de 1987. Au cours des<br />
premières semaines de son quinquennat,<br />
le président Martelly avait<br />
rejeté l’amendement proposé qui,<br />
d’après ses premières analyses, est<br />
truffé de fraudes et d’erreurs. Il en a<br />
même soupçonné un piège qui lui serait<br />
tendu. Malgré cela, il a promulgué<br />
le même amendement plus d’un<br />
an après sans autre forme de procès.<br />
Aujourd’hui, c’est le nouveau président<br />
de la Cour de Cassation, la plus<br />
haute instance judiciaire du pays et<br />
président constitutionnel du Conseil<br />
Supérieur du Pouvoir Judiciaire<br />
le CSPJ, Me Anel Alexis, qui a accompagné<br />
le chef de l’État dans ce<br />
forfait. Cet allié fidèle du président de<br />
la République a profité de l’absence<br />
de trois membres sur huit- le neuvième<br />
se trouvait à l’étranger- de<br />
cette instance tout récemment nommée<br />
pour choisir de son propre chef<br />
les trois personnes devant siéger, au<br />
nom du pouvoir judiciaire, au Conseil<br />
Électoral Permanent. Me. Alexis<br />
ne s’est pas même embarrassé du<br />
principe de la majorité absolue requis<br />
pour faire sa nomination alors qu’il<br />
n’a pas droit de vote. Le ver est déjà<br />
dans l’amendement de la Loi-mère et<br />
de sa promulgation.<br />
En effet, le nouvel amendement<br />
a enlevé aux Collectivités territoriales<br />
certaines de leurs prérogatives<br />
démocratiques. Elles ne peuvent<br />
plus participer à la constitution du<br />
Conseil Electoral Permanent dont la<br />
responsabilité incombe désormais<br />
exclusivement aux trois grands pouvoirs<br />
traditionnels, en l’occurrence,<br />
les pouvoirs législatif, judiciaire et<br />
exécutif. Chacun d’eux a droit à trois<br />
représentants. Excipant de sa bonne<br />
foi pour mettre fin aux sempiternels<br />
Conseils Électoraux Provisoires- le<br />
pays en a connu une quinzaine<br />
au cours de plus d’une vingtaine<br />
d’années- le président Martelly s’est<br />
empêtré dans l’illégalité la plus fragrante<br />
en publiant la liste des six<br />
membres du nouveau Conseil, soit<br />
ceux de l’exécutif et ceux du Conseil<br />
Supérieur du Pouvoir Judicaire, malgré<br />
le tollé qu’a provoqué la brutale<br />
méthode de Me. Alexis. Il a fait fi de<br />
la proportion réservée à l’assemblée<br />
nationale des parlementaires. Il a<br />
hiérarchisé les pouvoirs dans la<br />
lignée du présidentialisme fort de<br />
tous les régimes haïtiens précédents<br />
en s’accordant la part du lion. Les<br />
mailles de l’inconstitutionnalité sont<br />
devenues tellement serrées que tous<br />
les pas du président Joseph Martelly<br />
le conduisent vers le même précipice.<br />
Il sera très difficile à son pouvoir de<br />
s’en sortir.<br />
Le président du CEP de Martelly<br />
est son ancien ministre de la Justice<br />
Josué Pierre-Louis. En réalité, un<br />
Conseil Électoral permanent ne va<br />
rien changer en ce sens. Le problème<br />
ne réside pas dans sa durée mais<br />
très sûrement dans sa nature<br />
Le président Martelly subit les<br />
conséquences de son calcul<br />
erroné.<br />
Existerait-il une voie légale pour<br />
contourner la résistance d’une fraction<br />
importante du sénat qui refuse<br />
jusqu’à présent tout compromis dans<br />
le dossier de la formation du Conseil<br />
Électoral Permanent ? La Chambre<br />
haute est amputée d’un tiers de ses<br />
membres, arrivé à la fin de leur mandat<br />
depuis quelque trois mois. Le président<br />
Martelly subit les conséquences<br />
négatives de son calcul erroné de<br />
n’avoir pas organisé les élections<br />
pour le tiers du Sénat et les Collectivités<br />
territoriales durant le mois de<br />
novembre de l’année dernière suivant<br />
le délai fixé par la Constitution.<br />
Ainsi, comme la vie est mouvement,<br />
la minorité du début s’est transformée<br />
en une majorité imposante<br />
et opposante. Celle-ci refuse pour<br />
des raisons diverses, soit d’ordre<br />
idéologique pour certains ou d’ordre<br />
politique ou simplement personnel<br />
pour d’autres, de collaborer au choix<br />
des trois personnalités que la Charte<br />
fondamentale ou l’amendement, son<br />
fils bâtard, octroie à l’assemblée nationale.<br />
Le président s’enfonce dans<br />
l’illégalité quand de son propre chef,<br />
il autorise le fonctionnement d’un<br />
Conseil Électoral Permanent de six<br />
membres au lieu des neuf constitutionnellement<br />
prévus. Sous certaines<br />
pressions, d’après plus d’un,<br />
venant de ses conseillers internes et<br />
de quelques courants de ladite communauté<br />
internationale, il a ainsi<br />
franchi le Rubicond. Suit-il un plan<br />
que son équipe et lui se sont tracé<br />
? Navigue-t-il à vue pour arriver à<br />
des fins qu’il s’est proposées ? Le<br />
cours des évènements nous donnera<br />
la réponse.<br />
Le proche avenir s’annonce<br />
indécis.<br />
Deux grands obstacles augurent<br />
d’imminentes difficultés qui vont obscurcir<br />
les processus électoraux pour<br />
le renouvellement du tiers du Sénat<br />
et des collectivités territoriales. La<br />
grande majorité des partis politiques<br />
traditionnels qui en réalité baignent<br />
avec des nuances près dans la même<br />
logique néolibérale que les deux<br />
branches de l’Exécutif, se montrent<br />
offusqués de la conduite du président<br />
comme s’il agissait seul en<br />
dehors d’un corps organique, d’un<br />
système politique vieux de plus deux<br />
cents ans. Ils se sont démarqués de<br />
son comportement personnel et ont<br />
déclaré qu’ils bouderont les prochaines<br />
élections.<br />
Le président Martelly s’appuie<br />
sur deux équations connues pour<br />
continuer sa course vers l’inconnu. Il<br />
spécule, pour placer ses pions, d’une<br />
part, sur l’indifférence des masses<br />
populaires qui affichent un certain<br />
mépris de ce jeu de trublions où les<br />
intérêts de ces derniers ne se confondent<br />
pas avec les leurs. Ce peut<br />
être, pourtant, une indifférence calculée<br />
ou disons mieux une procrastination<br />
en attendant de se mobiliser<br />
sur leurs vraies causes comme elles<br />
en ont toujours fait montre à travers<br />
le temps. Le président Martelly,<br />
d’autre part, a bien mesuré les limites<br />
de la déclaration de la classe<br />
politique qui n’a que la force d’une<br />
misérable pression. Les partis politiques<br />
de droite ou d’obédience sociale-<br />
démocrate qui occupent le<br />
terrain politique, malgré qu’ils soient<br />
tout récemment formés, ont déjà<br />
montré des signes d’épuisement. A<br />
peine sont-ils capables de canaliser<br />
les grands mouvements de colère<br />
populaire, même s’ils n’ont pas la<br />
capacité de les déclencher. Le pays<br />
est habitué avec les ‘’sans cœur’’<br />
qui ne rechignent pas au pouvoir<br />
politique et surtout au pouvoir de<br />
l’argent et de l’honneur. Ce seront<br />
les propres membres de ces partis qui<br />
vont se porter candidats et s’inscrire<br />
au processus électoral parce qu’ils ne<br />
diffèrent pas dans leur nature l’un de<br />
l’autre. Tout le monde est familier<br />
avec leurs arguments pour expliquer<br />
leur décision prise au mépris de la<br />
ligne de leur parti. Avec une forte<br />
dose d’immoralité, ils reprocheront,<br />
plus tard, au Conseil Electoral, les<br />
fraudes, sa partialité s’ils échouent,<br />
que les fraudes ou la partialité se<br />
vérifient ou non. Avec un manque<br />
d’éthique politique, la direction de<br />
ces partis réclamera celles ou ceux<br />
qui auront la chance d’être élus comme<br />
étant leurs ‘’camarades de combat’’<br />
s’ils réussissent aux élections<br />
comme si aucune indiscipline n’avait<br />
été commise. Ce sont ces genres de<br />
gouffre béant qui ensemencent les<br />
crises.<br />
En fait, il appert que la vraie<br />
difficulté sera de savoir sous quelle<br />
loi électorale ce Conseil va asseoir<br />
son autorité, car il doit envoyer sa<br />
proposition de loi au président de la<br />
République qui aura à la soumettre<br />
au vote des deux Chambres. En tenant<br />
compte de l’opposition croissante<br />
au sein de la Chambre basse<br />
qui s’aligne sur la demande d’un<br />
nombre considérable de sénateurs de<br />
constituer un ultime Conseil Électoral<br />
Provisoire, la prochaine loi électorale<br />
obligatoire, d’après la Constitution,<br />
qui devra guider le Conseil électoral<br />
Permanent court un risque énorme<br />
d’être rejetée, malgré les pressions<br />
ouvertes du Département d’État.<br />
Mme Cherry Mills, chef du cabinet<br />
de Mme Hillary Clinton, accompagnée<br />
de Mme Pamela Ann White, la<br />
nouvelle ambassadrice des États-<br />
Unis d’Amérique, vient d’effectuer<br />
ce mardi 21 août, entre autres, sa<br />
deuxième tournée au Parlement dans<br />
un laps de temps très court. Elles ont<br />
rencontré le président du sénat et<br />
président de l’assemblée nationale,<br />
Dieuseul Simon Desras et le viceprésident<br />
de la Chambre des députés<br />
Pauly Faustin, en absence de son<br />
président Levaillant Louis-Jeune qui<br />
se trouve en dehors du pays, sous<br />
l’innocent prétexte de visite de courtoisie.<br />
Logiquement, cette courtoisie<br />
aurait dû se dérouler entre pairs parlementaires<br />
des deux pays libres et<br />
souverains.<br />
Quelle peut être l’utilité de la<br />
complicité de tels personnages ? Ils<br />
pourront par des moyens forcés faire<br />
bouger les choses en leur sens ou<br />
en leur faveur tout en sachant que<br />
parallèlement ils brouillent davantage<br />
la carte du président Martelly<br />
et aggravent la crise qui exige pour<br />
sa solution une toute autre qualité<br />
d’analyse. L’on ne doit pas isoler<br />
le président Martelly du reste de<br />
ses adversaires conjoncturels parce<br />
qu’ils appartiennent au même embranchement<br />
politique antipopulaire<br />
avec des nuances parfois, il est vrai,<br />
considérables. L’actuelle turbulence<br />
politique est loin d’être une œuvre<br />
spontanée. Elle est forgée d’un matériau<br />
composite, issu de toutes<br />
les manœuvres de ses prédécesseurs<br />
depuis la fuite de Jean-Claude<br />
Duvalier le 7 février 1986, si l’on<br />
veut dater cet imbroglio. D’ailleurs,<br />
c’est un excès de langage admis<br />
dans notre pratique de considérer<br />
ces divers courants qui se croisent<br />
et s’entrecroisent quotidiennement<br />
dans les multiples couloirs du pouvoir<br />
comme étant des opposants. Ce<br />
n’est pas du fait qu’il leur arrive souvent<br />
de ne pas s’entendre sur leurs<br />
visions tactiques tout en caressant<br />
le même rêve stratégique bourgeois<br />
ou petit-bourgeois qu’ils se sont érigés<br />
en de véritables opposants politiques.<br />
C’est pourquoi nous disons<br />
que le proche avenir s’annonce indécis,<br />
car la lutte n’est pas menée au<br />
bon endroit.<br />
Que faut-il changer ? La durée<br />
ou la nature du Conseil Électoral<br />
?<br />
Alors que la situation socioéconomique<br />
empire avec une augmentation<br />
substantielle du coût de<br />
la vie et une dégradation accélérée<br />
de nos Valeurs, l’attention est portée<br />
plutôt sur la durée du mandat<br />
du Conseil électoral ou du moins sur<br />
la façon dont il est composé. D’une<br />
façon générale, c’est ce dont les<br />
gens discutent au lieu de réfléchir<br />
sur sa nature. Est-ce parce que les<br />
différents Conseils qui se sont succédés<br />
depuis la fin des années 1980<br />
sur la scène politique ont été provisoires<br />
qu’ils ont vendu aux puissances<br />
impérialistes la dignité et la<br />
souveraineté du pays en dépit de la<br />
présence remarquable d’un grand<br />
nombre de conseillers honnêtes et<br />
patriotiques? Est-ce du fait de leur<br />
situation éphémère qu’Ils se sont<br />
anesthésiés pour livrer le sort des<br />
élections aux étrangers ? La montagne,<br />
malheureusement pour la<br />
nation, a toujours accouché d’une<br />
souris. À l’exception d’une minorité<br />
de gens responsables qui visent à<br />
l’avancement de la grande majorité<br />
de la population, ils ont facilité la<br />
victoire aux élections à une pléiade<br />
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souvent d’incompétents. Un Conseil<br />
Électoral permanent ne va rien<br />
changer en ce sens. Le problème ne<br />
réside pas dans sa durée mais très<br />
sûrement dans sa nature.<br />
L’effet de la propagande bourgeoise<br />
n’en est pas pour rien. Elle<br />
a induit en erreur le peuple d’ici<br />
et d’ailleurs en lui faisant accroire<br />
que ces formes d’élections sont les<br />
seules qui soient valables et acceptables.<br />
Pourtant, les élections à<br />
la démocratie capitaliste réclament<br />
des sommes d’argent de plus en plus<br />
grosses et contribuent à la création<br />
d’une ploutocratie qui se donne les<br />
bras à travers les cinq continents.<br />
Par conséquent, elles excluent les<br />
petits paysans, les prolétaires et<br />
d’autres couches et classes sociales<br />
qui sont constitutivement dépourvues<br />
de grands moyens financiers et<br />
qui peuvent être pourtant plus riches<br />
en citoyenneté que ces vendeurs de<br />
tout.<br />
En guise de conclusion<br />
A moins d’un sursaut démocratique<br />
du chef de l’État et de ses collaborateurs<br />
les plus influents, la seule<br />
issue qui leur reste est de s’engluer<br />
dans l’inconstitutionnalité, car les<br />
premiers pas sont déjà comptés.<br />
L’égo de M. Martelly rendrait cette<br />
alternative très difficile et affecterait<br />
aussi son autorité. Il a emprunté un<br />
chemin qui est apte à déboucher sur<br />
des turbulences dont les principales<br />
victimes seront encore les masses<br />
populaires. Il en sera ainsi pour longtemps<br />
en attendant qu’elles parviennent<br />
à bien construire leur camp et à<br />
avoir la force réelle pour participer à<br />
la direction de leurs luttes et la capacité<br />
pour conduire en bonne voie leur<br />
victoire et transformer cette dernière<br />
en conquête finale sans l’autorité auto-proclamée<br />
d’intermédiaires indécis<br />
et opportunistes de la petite bourgeoisie.<br />
Seule la gauche progressiste<br />
et révolutionnaire peut marquer la<br />
différence et offrir l’unique alternative.<br />
Cette gauche qui existe en puissance<br />
se trouve dans l’obligation<br />
d’agglutiner ses forces non en se<br />
contentant d’additionner les initiatives<br />
anciennes et ou nouvelles à la<br />
suite de simples opérations arithmétiques,<br />
mais plutôt par et dans une<br />
pratique commune pour aboutir à<br />
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Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 7
Perspectives<br />
Persécution contre<br />
les vodouisants<br />
haïtiens<br />
Par Thomas Péralte<br />
Depuis la publication des amendements<br />
falsifiés de la constitution<br />
haïtienne de 1987, lesquels suppriment<br />
l’article 297, stipulant : « Toutes<br />
les lois, tous les décrets-lois, tous les<br />
décrets restreignant arbitrairement les<br />
droits et libertés fondamentales des<br />
citoyens notamment : a) Le décret-loi<br />
du septembre 1935 sur les croyances<br />
superstitieuses ; b) La loi du 2 Août<br />
1977 instituant le tribunal de la sûreté<br />
de l’Etat ; c) La loi du 28 juillet 1975<br />
soumettant les terres de la vallée de<br />
l’Artibonite à un statut d’exception ;<br />
d) La loi du 29 avril 1969 condamnant<br />
toute doctrine d’importation<br />
; sont et demeurent abrogés. » Les<br />
vodouisants font face à d’intenses<br />
persécutions à travers le pays. Une<br />
telle situation a été dénoncée par les<br />
responsables de la Confédération Nationale<br />
des Vodouisants haïtiens et<br />
l’Ati National, Max Gesner Beauvoir.<br />
Selon le chef suprême de la religion<br />
de tous les vrais Haïtiens. « Cet acte<br />
nous remet directement à la loi de<br />
1935 de Sténio Vincent, laquelle fait<br />
du Vodou une pratique superstitieuse<br />
à détruire et légaliser les campagnes<br />
des « rejetés » en 1941 et après. »,<br />
a-t-il regretté.<br />
Il a également dénoncé la<br />
marginalisation de la religion profonde<br />
des Haïtiens par le président<br />
Michel Joseph Martelly au profit des<br />
autres religions de domination et<br />
d’exploitation impérialistes. Depuis<br />
son arrivée au pouvoir, le 14 mai<br />
2011, M. Martelly fait bon ménage<br />
avec les catholiques et les protestants.<br />
« Le président Martelly a visité<br />
les protestants en allant à l’Eglise<br />
de Shalom. Il maintient de très bons<br />
rapports avec les catholiques romains.<br />
Il s’est fait initier dans la<br />
Franc-Maçonnerie et a obtenu le titre<br />
de grand protecteur de l’ordre. » Et,<br />
comme récompense, il a fait nommer<br />
l’actuel grand Maître de l’ordre,<br />
Yves Benoit Jean comme l’un des<br />
représentants du pouvoir judiciaire<br />
(CSPJ) au Conseil Electoral dit permanent<br />
de Martelly. Tandis que le Vodou<br />
est traité en parent pauvre : « Il n’a<br />
jamais approché le Vodou, ni visité<br />
un péristyle», a déploré l’Ati. Alors<br />
que la musique populaire haïtienne,<br />
le Compas, dont SweetMicky s’était<br />
autoproclamé président a puisé sa<br />
source dans le rythme du Vodou,<br />
rappelle-t-il.<br />
Dans la perspective d’une<br />
mobilisation générale contre les<br />
comportements anti-Vodou et les<br />
agissements criminels contre les<br />
vodouisants, le 22 Août dernier, à<br />
l’occasion du 221e anniversaire du<br />
soulèvement général des esclaves<br />
en 1791, contre le système d’alors<br />
établi, les vodouisants, lors d’une<br />
conférence de presse ont appelé au<br />
respect de leurs droits. De la même<br />
manière au congrès politique du<br />
Bois-Caïman, dans la nuit du 13 au<br />
14 Août 1791, ils jurèrent de ne pas<br />
laisser piétiner leurs droits les plus<br />
authentiques ni par les autres religions<br />
ni par le pouvoir en place.<br />
Les pratiquants du vodou comptent<br />
organiser une marche pacifique<br />
le 17 Octobre 2012, dans le Nord du<br />
pays, à l’occasion de l’assassinat de<br />
l’Empereur, Jean-Jacques Dessalines,<br />
autour du thème : « Dessalines kriye<br />
lonè, vodouyizan yo reponn Ayibobo.<br />
» pour protester contre les détracteurs<br />
du vodou haïtien, la religion<br />
de résistance et de combat contre le<br />
colonialisme. « Le vodou est le culte<br />
de la vie, » a lancé l’Ati National. Il<br />
a profité de l’occasion pour dénoncer<br />
le comportement et les discours racistes<br />
de certains chefs de la religion<br />
chrétienne vis-à-vis de leurs frères<br />
vodou : « Ce sont les détracteurs de<br />
la religion de résistance haïtienne qui<br />
ont commis ces actes aux fins d’en<br />
faire endosser la responsabilité au<br />
vodou relégué au rang de pratiques<br />
superstitieuses à détruire, depuis<br />
l’abrogation de l’article 297 de la loi<br />
mère», a confié l’Ati.<br />
Il a, de plus rejeté tous les complots<br />
des chefs de la religion chrétienne<br />
et du pouvoir étatique visant<br />
à discréditer et à faire endosser méchamment<br />
certaines pratiques traditionnelles<br />
de la société. Il a dénoncé<br />
l’arrestation du « Ougan » ou prête du<br />
vodou, Jean Raymond dit Zaza, gardien<br />
du Bois-Caïman, Nord d’Haïti, le<br />
mardi 14 Août par les policiers venus<br />
directement de la capitale. Jean<br />
Raymond croupit actuellement au<br />
Pénitencier national, la prison civile<br />
d’Haïti, sous le chef d’accusation présumée<br />
« d’association de malfaiteurs<br />
». Selon Max Beauvoir, l’arrestation du<br />
« Ougan », Jean Raymond, à cette date<br />
symbolique du 14 Août, traduit clairement,<br />
une fois de plus, le mépris total<br />
du vodou par le régime réactionnaire<br />
TètKale, KaleTèt de Martelly/Lamothe.<br />
A rappeler, dans le passé, sous la<br />
dictature des Duvalier, la religion vodou<br />
a été domestiquée, comme tous les autres<br />
secteurs par la tyrannie duvaliérienne,<br />
durant 29 longues années. Plus<br />
tard sous le règne du président Jean<br />
Bertrand-Aristide, une loi reconnaissant<br />
la religion Vodou en Haïti a été votée<br />
et publiée. Et de droit, le secteur Vodou<br />
participe régulièrement dans la vie<br />
politique du pays aux côtés des autres<br />
religions. Sous le second mandat du<br />
président René Préval, le secteur vodou<br />
s’était fait représenter au Conseil Electoral<br />
Provisoire au même titre des églises<br />
protestantes, catholiques romaines<br />
et anglicanes. Aujourd’hui il est traité<br />
en parent pauvre par le gouvernement<br />
KaleTèt de Martelly/Lamothe.<br />
Coopération Cuba-Haïti: Un<br />
modèle vraiment à suivre!<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
Depuis environ 14 années, la<br />
République socialiste de Cuba<br />
apporte sa solidarité franche et sincère<br />
à la République sœur d’<strong>Haiti</strong><br />
dans plusieurs domaines tels : la<br />
Santé, l’éducation, l’agriculture,<br />
l’alphabétisation, l’entretien des<br />
poids lourds, l’énergie et autres.<br />
Malgré l’embargo criminel imposé<br />
depuis plus de 50 ans par les Etats-<br />
Unis sur l’Ile de Fidel Castro, le gouvernement<br />
socialiste de Cuba n’a<br />
jamais cessé de se solidariser avec<br />
le peuple haïtien, sans tenir compte<br />
de la nature du régime au pouvoir.<br />
La solidarité de Cuba à Haïti passe<br />
toujours par le gouvernement ou de<br />
l’Etat à Etat.<br />
Une fois de plus, dans le cadre<br />
d’un accord bilatéral, la 5e brigade<br />
vétérinaire cubaine se déploie dans<br />
le pays. Cette brigade contenant 23<br />
spécialistes dont 10 étaient arrivés<br />
en Haïti le 10 Août dernier. Ils seront<br />
dans le pays pour deux ans et<br />
ils travailleront avec le ministère de<br />
l’Agriculture pour le renforcement<br />
de la production animale. Ils sont<br />
tous des spécialistes de haut niveau,<br />
ayant acquis chacun entre 20 à 30<br />
ans d’expérience de terrain.<br />
Dans le cadre de leur travail,<br />
ils fourniront également un encadrement<br />
spécial à des jeunes vétérinaires<br />
haïtiens qui sont au nombre<br />
de 75, formés à Cuba et revenus en<br />
Haïti entre 2006 et 2008. Il est à noter<br />
que, ces brigadiers constituent le<br />
cinquième groupe de vétérinaires cubains<br />
arrivés en Haïti pour appuyer<br />
le Ministère de l’Agriculture, depuis<br />
l’année 2000. Le premier groupe, de<br />
20 membres dont 19 professionnels<br />
vétérinaires (médecins vétérinaires<br />
et techniciens de laboratoire) et un<br />
ingénieur, était arrivé en Haïti en<br />
juillet 2000 et y a séjourné durant<br />
deux ans. En août 2002, s’en est<br />
suivi un deuxième groupe de 19 médecins<br />
vétérinaires et d’un ingénieur<br />
pour continuer le travail du premier<br />
groupe de coopérants jusqu’au mois<br />
d’août 2004. Les troubles politiques<br />
qui ont secoué le pays, joints à des<br />
difficultés financières durant cette<br />
période, avaient fini par entrainer<br />
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durant plus d’un an la suspension<br />
de cette aide à Haïti. En novembre<br />
2005, la coopération en santé animale<br />
a pu redémarrer et pour des raisons<br />
multiples le troisième groupe de<br />
vétérinaires a été réduit à 16 cadres<br />
techniques. Une quatrième brigade,<br />
constituée de 11 membres dont 9<br />
spécialistes en santé animale et 2 en<br />
production végétale, est arrivée dans<br />
le pays durant les mois de janvier et<br />
février 2008. Son mandat est terminé<br />
à la fin du mois de février 2010.<br />
La cinquième brigade et la<br />
dernière en date, démarre son travail<br />
sur le terrain ce mois d’août. Les<br />
quatre brigades qui ont déjà séjourné<br />
en Haïti sont intervenues à différents<br />
niveaux tels que : le renforcement<br />
institutionnel au niveau central du<br />
ministère, la dynamisation des structures<br />
départementales vétérinaires,<br />
la formation des techniciens et<br />
agents vétérinaires, la surveillance<br />
épidémiologique, la vaccination et la<br />
quarantaine animale.<br />
En plus de la brigade vétérinaire<br />
de 23 spécialistes, Cuba a aussi<br />
expédié une brigade médicale de 723<br />
médecins. Ils sont en Haïti depuis<br />
1998 et déployés dans les recoins<br />
du pays pour apporter des soins aux<br />
Haïtiens du pays profond. En 2009<br />
d’autres coopérants Cubains avec la<br />
méthode andragogique « Wi mwen<br />
kapab » apportent leur solidarité<br />
dans le domaine de l’alphabétisation<br />
au peuple haïtien. Des milliers<br />
d’Haïtiens ont déjà décroché leurs<br />
certificats d’apprentissage de la technique<br />
d’écriture, de lecture et du cal-<br />
L’ambassadeur du Venezuela<br />
en <strong>Haiti</strong> Pédro Antonio Canino<br />
Gonzalez<br />
cul. En mars 2012, 750 nouveaux<br />
alphabétisés venus de cinq communes<br />
du département de l’Ouest<br />
faisant partie des 18 mille apprenants<br />
des centres Alpha ont reçu<br />
leurs certificats. Ils ont appris à lire<br />
et à écrire entre Juillet et décembre<br />
2011. Au total, plus de 52 mille Haïtiens<br />
ont pu être alphabétisés.<br />
Présents à la cérémonie, les<br />
ambassadeurs de Cuba et du Venezuela<br />
en Haïti ont exprimé leur<br />
satisfaction dans le processus<br />
d’accompagnement du peuple haïtien.<br />
Selon Ricardo Garcia Nàpoles,<br />
le représentant de l’Ile de José Martí,<br />
plus de 5 millions de personnes devront<br />
être alphabétisées dans les prochaines<br />
années. Il a fait appel à la<br />
collaboration de la communauté internationale,<br />
au sens large du terme<br />
pour atteindre cet objectif.<br />
Pour le représentant de Hugo<br />
Chavez, Pédro Antonio Canino Gonzalez<br />
: « Nous lutterons jusqu’à la<br />
victoire finale, » a-t-il lancé.<br />
Au niveau de l’éducation en<br />
matière de Santé, depuis l’année<br />
2002, à l’université des Sciences<br />
médicales de Santiago de Cuba, plus<br />
de 800 médecins haïtiens reçoivent<br />
leur formation. Ils sont tous recrutés<br />
dans tous les départements<br />
géographiques du pays. Le vendredi<br />
24 Août dernier 12 jeunes Haïtiens<br />
ont laissé le pays pour poursuivre<br />
leurs formations dans le cadre de la<br />
coopération bilatérale Cuba-Haïti.<br />
Il est à remarquer que la coopération<br />
de Cuba et du Venezuela<br />
diffère totalement à celle des autres<br />
pays de l’Amérique latine, comme<br />
le Brésil, l’Argentine, le Chili,<br />
l’Uruguay, notamment l’Equateur et<br />
la Bolivie qui, de leur côté ont choisi<br />
d’expédier des soldats lourdement<br />
armés pour les forces d’occupation<br />
de l’ONU à travers la MINUS-<br />
TAH pour protéger les intérêts des<br />
grandes puissances impérialistes qui<br />
continuent à piller les ressources du<br />
pays au grand dam du peuple haïtien.<br />
Il est grand temps pour que ces<br />
pays du Sud se ressaisissent et cessent<br />
d’alimenter les forces de l’ONU.<br />
8<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012
This Week in <strong>Haiti</strong><br />
Tropical Storm Isaac:<br />
Victims Fault Government<br />
for Not Enough “Concrete<br />
Action”<br />
<strong>Haiti</strong>ans brave flooding caused by Tropical Storm Isaac. “We don’t exist<br />
in the eyes of <strong>Haiti</strong>an authorities,” one tent-camp dweller said<br />
By Yves Pierre-Louis<br />
After the passage of Tropical Storm<br />
Isaac through <strong>Haiti</strong> from Fri.,<br />
Aug. 24 to Sat., Aug. 25, 2012, <strong>Haiti</strong>an<br />
authorities gave a preliminary<br />
damage report at a press conference<br />
on Mon., Aug. 27.<br />
According to the authorities<br />
of the Civil Protection Office (OPC),<br />
the two departments most affected<br />
by the storm were the West and the<br />
South East, where the balance sheet<br />
amounted to 19 dead, more than 300<br />
houses destroyed, 15,812 displaced,<br />
and hundreds of houses damaged.<br />
Agriculture, roads, and electricity<br />
networks were also hit hard. (Reports<br />
on Aug. 28 said the death toll<br />
had risen to 24.)<br />
Isaac also plunged Port-au-<br />
Prince, the <strong>Haiti</strong>an capital, into a<br />
total blackout, with all 32 power<br />
grids knocked out. Dukens Raphael,<br />
the Deputy Director General of the<br />
state power company Electricity of<br />
<strong>Haiti</strong> (EDH), announced that workmen<br />
were working hard to repair the<br />
damaged electrical network, with 11<br />
grids already back up by Tuesday.<br />
In terms of prevention, the<br />
central government sent each of<br />
nine departmental delegations two<br />
million gourdes (US$47,500), while<br />
the delegation of the West department<br />
received five million gourdes<br />
(US$118,900), according to Prime<br />
Minister Laurent Lamothe. Nonetheless,<br />
there were many cries of help<br />
from various parts of the country after<br />
the storm.<br />
Appeals for assistance came<br />
from La Saline, downtown Port-au-<br />
Prince, Kenscoff, Tabarre, Canapé<br />
Vert, and other places. In the giant<br />
slum of Cité Soleil, the polluted grey<br />
river running though it overflowed<br />
and flooded many houses, while the<br />
roofs of many others were blown<br />
away Friday night. The population of<br />
Cité Soleil is desperate.<br />
At Delmas 32, the large tent<br />
camp of internally displaced people<br />
(IDPs) from the Jan. 12, 2010 earthquake,<br />
commonly called “Camp Accra,”<br />
storm victims complain that<br />
they received no assistance during or<br />
after Tropical Storm Isaac’s passage.<br />
“The wind came and blew<br />
away our tarp,” said one young<br />
32-year-old woman who has lived in<br />
Camp Accra since the earthquake 32<br />
months ago. “We spent the night in<br />
the rain. All of our things got wet.<br />
Logan Abassi<br />
We didn’t sleep. We didn’t see any<br />
authorities. They left us here to die.<br />
We live amidst garbage. We don’t<br />
have security; all the time criminals<br />
steal our things, or rape us. The cholera<br />
that MINUSTAH [the UN Mission<br />
to Stabilize <strong>Haiti</strong> occupation force]<br />
brought is killing people in the camp<br />
since it started raining. Someone died<br />
here [of cholera] already last week.<br />
The way we see it, we don’t exist in<br />
the eyes of <strong>Haiti</strong>an authorities. We<br />
heard that they removed the people<br />
in the square of Pétionville and on<br />
[Port-au-Prince’s central square] the<br />
Champ de Mars, but for us victims<br />
here in Delmas, we haven’t yet seen<br />
anybody come talk to us.”<br />
The earthquake victims in the<br />
AVIC camp in Canapé Vert behind<br />
the old Teleco building mobilized on<br />
Sat., Aug. 25 to make their voices<br />
heard. But the police intervened and<br />
arrested nine of them: Feneh Daniel,<br />
Toussaint Carl, Edouard Ralph, Donal<br />
Monéus, René Hendry, Fritz Monima,<br />
Figaro Domingue, Michel-Ange<br />
Saint-Jean, and a man known just as<br />
Junior. Their crime? Demonstrating<br />
to call for protection from the <strong>Haiti</strong>an<br />
state as Isaac passed through.<br />
In the capital’s downtown, on<br />
Lalue, Margarette Fortuné heads a<br />
camp containing 65 families. She<br />
called on the government for help.<br />
“I called several times nobody<br />
answered me,” she said. “I was<br />
forced to appeal to the Secretary of<br />
State for Public Security, Reginald<br />
Delva, who promised to follow up. I<br />
rate the government 10 out of 10 in<br />
their prevention and awareness campaign,<br />
but in terms of concrete action,<br />
they get zero. We have already<br />
recorded one death in the camp, a<br />
2-year-old child, because he couldn’t<br />
get medicine.”<br />
The Miami Herald reported that<br />
there was some “dispute” and skepticism<br />
about how many people the<br />
government actually relocated. “The<br />
International Organization for Migration<br />
evacuated 1,000 people before<br />
the storms,” the Herald wrote. “On<br />
Saturday, Civil Protection announced<br />
that 5,000 were in shelters, and on<br />
Sunday the numbers had increased<br />
to 14,000.” The OPC “defended the<br />
numbers, saying many had sought<br />
shelter even after Isaac’s passing,”<br />
the paper said.<br />
According to the OPC, Isaac<br />
has left thousands of victims of all<br />
kinds in its wake, but the threat of<br />
flooding remains.<br />
On the Transformed Existence of<br />
Dead <strong>Haiti</strong>an Artists<br />
By André Juste<br />
It’s late night. Trying to make some<br />
sense of the death of three artistscompatriots,<br />
I plop down on my studio’s<br />
sofa and pour myself a finger or<br />
two from a bottle of Barbancourt. Rum,<br />
I’ve suspected for some time, doesn’t<br />
quite agree with me, but a friend had<br />
left a half-empty bottle on my taptap-colored<br />
bar. I pour from my glass a<br />
trickle onto the floor, a self-consciously<br />
learned gesture I’ve tried out a few<br />
times before.<br />
Frank Robuste has died. His early<br />
work, especially a forceful depiction of<br />
a rara dancer, had caught my eyes over<br />
30 years ago. I would encounter him in<br />
progressive circles a few times since I<br />
first saw his fiery painting and even attended<br />
an informal display of his art at<br />
a mutual friend’s apartment. We would<br />
remain mostly cordial to each other. His<br />
paintings had devolved into this voguish,<br />
stylized cubism that harks back<br />
(by way of Bernard Wah’s curvilinear<br />
approach and Wilson Bigaud’s more<br />
sober “Conflict and Tension”) to modernist<br />
Cuban shows in mid-forties <strong>Haiti</strong>.<br />
More recently, he would regale me with<br />
some scintillating tidbits and quite bold<br />
observations about various personalities<br />
on the <strong>Haiti</strong>an art scene, including<br />
his own brother Valcin II, who died before<br />
him. (Robuste discounted the supposed<br />
risks that his more well-known<br />
brother took for his political themes<br />
during the repressive days of Duvalierism.<br />
He had, allegedly, some tacit tonton<br />
macoute support — although, in<br />
truth, the razzle-dazzle of his cubist<br />
style might well have been protection<br />
enough.)<br />
At my behest, Robuste visited my<br />
upstate New York studio along with another<br />
friend last year on a late-October<br />
weekend that was suddenly blanketed<br />
with a foot of snow. As we hesitantly<br />
prepared a cow-foot bouyon (stew),<br />
he helped me insulate my sieve-like<br />
windows, including those in this now<br />
rum-moistened studio. His conversation,<br />
and especially his response to a<br />
coffin-like sculpture of mine, made<br />
him come across as a mystic or hougan<br />
(Vodou priest). After some steaming<br />
bouyon and many hours of talk on<br />
the politics of the <strong>Haiti</strong>an art world, he<br />
recommended some concoction for my<br />
health as well as that of my daughter.<br />
He even gathered some leaves for me<br />
before returning to <strong>Haiti</strong>, where he died<br />
in July. He would have approved of my<br />
libation, though perhaps not my sipping<br />
from the glass first, before honoring<br />
the spirits.<br />
Of the three deceased artists, I’m<br />
more familiar with the amiable Raphaël<br />
Denis who died in Brooklyn in July.<br />
Some friends and I who wanted to preserve<br />
the memory of an older generation<br />
of artists had actually done a video<br />
interview with him a few years back. I<br />
kept in touch with him once in a while,<br />
even phoning at times on New Year’s<br />
Day to greet him. A painter as well as<br />
a journeyman bookbinder, he had rebound<br />
for me <strong>Haiti</strong> et ses Peintres, my<br />
two much used tomes by Philippe Lerebours.<br />
Sometimes with little advance<br />
notice, I would drop by Denis’ house<br />
for some art talk in his cozy basement<br />
studio, and he along with his tenderly<br />
smiling wife Violette would ply me and<br />
other guests with appetizers, if not with<br />
some hearty joumou (yellow squash)<br />
soup.<br />
Denis was a painter of formally<br />
choreographed, cubist-filtered scenes<br />
of market women and the like. At one<br />
point he made a series of small abstract-expressionist-inspired<br />
works inflected<br />
with vèvè (ritual Vodou ground<br />
drawing) motifs. His art flaunts a certain<br />
psychological and aesthetic ease<br />
Frank Robuste produced voguish, stylized cubism similar to modernist<br />
Cuban shows in mid-forties <strong>Haiti</strong><br />
that matches his measured resignation<br />
and proper bearing. I have inferred that<br />
he could never quite digest my championing<br />
of the emotive, raw, and primitif-inspired<br />
art of Emmanuel Mérisier,<br />
his formerly close friend going back to<br />
the mid-fifties when they first joined<br />
the Foyer des Arts Plastiques. Nevertheless,<br />
even though I had never once<br />
seen him nor any of his visitors pour<br />
anything on the floor when we shared<br />
a drink (just as I can’t recall anyone<br />
ever seeing me do the same), Denis<br />
probably would have averred the spiritual<br />
solidarity or nationalist streak that<br />
my libation suggests.<br />
Nine months before Denis’ death,<br />
Paul Gardère died in September 2011,<br />
with not much notice in the <strong>Haiti</strong>an<br />
world. I know his art more intimately,<br />
but I had met with him no more than<br />
A detail from Paul Gardère’s<br />
“Brothers Apart”, 2006<br />
two or three times. He was not the type<br />
you would find in gatherings at Denis’<br />
meeting hub in Crown Heights, Brooklyn,<br />
not far from Carroll Gardens where<br />
Gardère lived and kept a studio. A maverick,<br />
he is the only one I know who<br />
would never disavow the Western influences<br />
on his art. Yet, he would insist<br />
that it be best apprehended through the<br />
prism of <strong>Haiti</strong>an history and culture. If<br />
he seemed to shun the <strong>Haiti</strong>an milieu<br />
(even after his resettling in <strong>Haiti</strong> toward<br />
the last few years of Jean-Claude<br />
Duvalier’s velvet-glove dictatorship),<br />
he also believed himself a “poor version”<br />
of a would-be well-integrated<br />
American. Unlike Robuste and Denis,<br />
he would have parsed my exercise in<br />
ancestor affirmation, exposing some<br />
countervailing dynamics in my gesture.<br />
There is another dimension to<br />
my musings about the death of these<br />
men. As an artist, death has always<br />
been an important subject to me. For<br />
years, I’ve drawn, painted, and sculpted<br />
a number of works depicting coffins<br />
and executions. In a five-year stretch, I<br />
attempted to represent as a god a dead<br />
uncle named Pedro, known years ago<br />
mostly for his big, well-patronized griot<br />
(fried pork) restaurant in <strong>Haiti</strong>’s Carrefour<br />
district. I tend to take my artistic<br />
concerns with death as my own connection<br />
with Vodou, particularly how<br />
the religion manifests itself in <strong>Haiti</strong>’s<br />
social history and visual culture. So I<br />
fancy this latest wave of death as being<br />
tied to the larger struggle for <strong>Haiti</strong>an<br />
liberation, regardless of the fallen artists’<br />
relative contribution to the cause.<br />
Of course, a large number of<br />
other deceased artists who may or may<br />
not be alive in our memory have taken<br />
part in this imagined struggle. Among<br />
the vanguard, one would certainly find<br />
Carlo Jean-Jacques, who until his death<br />
in 1990 faithfully represented local life<br />
in a sympathetic yet distinctly unsentimental<br />
realism. But even Gelsy Verna,<br />
“The Unexpected <strong>Haiti</strong>an Artist” (the<br />
title of an art statement of hers), made<br />
this quest. Her art evokes lyrically,<br />
in pared-down, intuitively rendered<br />
paintings, sketches, or collages, a very<br />
loose, yet purposeful, sense of cultural<br />
identity. An art professor at the University<br />
of Wisconsin, she died suddenly in<br />
her home in 2008. Her five-year-old<br />
daughter, then all alone with her, lived<br />
with the death for a few days before it<br />
was finally discovered.<br />
And if, say, Dieudonné Cédor,<br />
who died on September 2010, showed<br />
a keen urge to deepen his artistic consciousness<br />
from the very start of his<br />
primitif period, it was also all in the<br />
name of freedom and self-liberation. In<br />
his drawings and paintings, he seemed<br />
bent on liberating the body, sublimating<br />
it and later suffusing it, for better<br />
or worse, in a shimmering atmosphere<br />
of precious light. The muted preciosity<br />
of his “sophistiqué” period (starting<br />
in about 1950, the year of the famous<br />
Centre d’Art schism that led to the formation<br />
of the Foyer) is at the root of<br />
<strong>Haiti</strong>’s School of Beauty.<br />
Of Cédor’s generation, the selfmade<br />
Spencer Dépas also fits the profile<br />
of a combatant. An erstwhile fireeater<br />
and dancer who used to entertain<br />
<strong>Haiti</strong>’s tourists before joining the Centre<br />
d’Art as a carpenter in 1947, he was<br />
a quick study in his early days there,<br />
soon able to express himself comfortably<br />
in recognizable modernist idioms.<br />
In the last few years of his career, I<br />
would drop by his brownstone in Fort<br />
Green, Brooklyn, and find him smoking<br />
filter-less cigarettes and quietly sipping<br />
his ti piké (as he referred to his scotch<br />
on the rocks). A professed “internationalist”<br />
in the periphery of would-be<br />
more desirable or exclusionary art venues,<br />
he once mused about showing his<br />
work in the grander upper floors of the<br />
Brooklyn Museum, instead of the cafeteria-abutting<br />
and sequestered “Community<br />
Gallery” where, due in part to<br />
his initiative, sophistiqués and primitifs<br />
alike were at times exhibited. He<br />
would bring out his biggest audience<br />
with his death in 1990.<br />
I can still see him at an opening<br />
years ago at Brooklyn’s Bedford<br />
Stuyvesant Restoration Plaza, in an<br />
ankle-length overcoat draped over his<br />
tiny frame, belting out “La Dessalinienne.”<br />
With his grizzled, rakishly<br />
continued on p(14)<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 9
Par Breno Altman, Jonatas Campos &<br />
Marina Terra<br />
L’ère Chavez impose le Venezuela<br />
sur la scène mondiale<br />
Les profonds changements dans la<br />
politique, l’économie et la société ont<br />
propulsé le pays andin sur le devant de<br />
la scène internationale<br />
A plus de mille mètres d’altitude<br />
sur la côte vénézuélienne des Caraïbes,<br />
une ville naît du néant. Elle occupe 1<br />
200 hectares, dans l’état de Vargas,<br />
enclavée entre Caracas, la capitale, et<br />
le principal aéroport du pays. Le lotissement<br />
a été projeté pour être l’une<br />
des grandes vitrines du gouvernement<br />
de Hugo Chavez Frias, président de la<br />
République depuis février 1999.<br />
En espagnol, le projet s’appelle<br />
Ciudad Caribia. Le chantier est dirigé<br />
par une société mi cubaine mi vénézuélienne,<br />
la Construtora Alba Bolivariana.<br />
Près de 7 000 personnes sont déjà logées<br />
dans 1 100 appartements. Quand<br />
l’ensemble sera conclu, en 2018, la<br />
zone urbaine aura une capacité de 20<br />
000 logements. Cent milles Vénézuéliens<br />
y vivront.<br />
Seuls des gens très pauvres sont<br />
devenus propriétaires ou auront accès<br />
à la propriété de ces appartements. Ce<br />
sont des cinq pièces de 72 m2 : trois<br />
chambres, deux salles de bain, une<br />
buanderie, une salle à manger, un salon<br />
et une cuisine. Tous complètement<br />
meublés et équipés.<br />
Il ne s’agit pas seulement d’une<br />
cité résidentielle. Le quartier abritera<br />
des écoles, des parcs pour les enfants,<br />
des crèches, une bibliothèque, un commissariat,<br />
un club sportif, un centre<br />
commercial et des espaces pour les<br />
réunions et événements. Les véhicules<br />
ne pourront pas circuler dans son enceinte.<br />
Les déplacements seront assurés<br />
par un système de transports publics<br />
qui prévoit même un téléphérique pour<br />
que les habitants rejoignent la côte et<br />
la capitale.<br />
Des conseillers municipaux<br />
élus gèrent cette grande copropriété<br />
publique. Ils ont également le pouvoir<br />
de développer des entreprises commerciales<br />
et industrielles. Le projet de<br />
collecte et de recyclage des déchets, par<br />
exemple, est déjà en marche. Son fonctionnement<br />
obéit à un modèle d’autogestion,<br />
soutenu par le gouvernement<br />
national, qui remplace la traditionnelle<br />
verticalité étatique. « J’entends<br />
beaucoup de personnes dire que<br />
Ciudad Caribia n’existe pas, qu’il s’agit<br />
d’un mensonge du gouvernement »,<br />
rapporte Carlos Marques. À 45 ans, il<br />
fait partie du premier groupe de familles<br />
qui sont arrivées. Il est le porte-parole<br />
d’un des quatre conseils municipaux. «<br />
Nous faisons partie d’une expérience. Je<br />
ne suis pas un de ces chavistes pur et<br />
dur qui est d’accord avec tout ce que dit<br />
le président. Mais en octobre, je voterai<br />
pour lui. Il a changé ma vie. »<br />
À ce sentiment de rédemption,<br />
qui est apparemment généralisé chez les<br />
plus pauvres, s’oppose le rejet parfois<br />
féroce des plus privilégiés. Quand<br />
Chavez a été élu la première fois, on<br />
imaginait qu’il serait un révolutionnaire<br />
en politique et un réformateur<br />
bienveillant de l’économie. Une partie<br />
du patronat l’a même soutenu car le<br />
système gangrené de la IV République<br />
(1958-1999), était devenu un fléau<br />
insupportable. Elle était si corrompue<br />
qu’elle représentait même un obstacle<br />
pour les affaires.<br />
Ce mécanisme qui a prospéré<br />
consistait en un pouvoir duopole.<br />
D’un côté l’Action Démocratique (AD)<br />
de centre gauche. De l’autre, le social<br />
démocrate Comité d’Organisation Politique<br />
Électorale Indépendante (COPEI),<br />
de centre droit. Après la chute du dictateur<br />
Perez Jimenez, en 1958, ces<br />
deux partis ont conclu un accord connu<br />
comme le Pacte de Punto Fijo, du nom<br />
de la ville où il a été signé. Des règles<br />
implacables ont été établies pour empêcher<br />
les importuns de gâcher la fête.<br />
Pendant 40 ans, l’AD et le COPEI ont<br />
vécu sur la bête.<br />
Pétrole<br />
Dans le cas vénézuélien, la roue de la<br />
fortune tourne grâce au pétrole. Le pays<br />
est le cinquième exportateur mondial et<br />
possède les plus importantes réserves<br />
prouvées. Jusqu’en 1976, l’exploitation<br />
a été entre les mains d’entreprises<br />
privées, principalement nord-américaines.<br />
Les hommes d’affaires locaux<br />
se sont enrichis en étant des associés<br />
minoritaires ou prestataires de services<br />
des grandes compagnies pétrolières.<br />
Pendant le règne du capitalisme<br />
prédateur, le Venezuela a utilisé les<br />
dividendes de l’or noir pour importer<br />
presque tout ce qu’il consommait. Son<br />
niveau de développement agricole et industriel<br />
était très bas. Ceux qui avaient<br />
accès aux négoces pétroliers vivaient<br />
comme des nababs. La majorité de la<br />
population, sans travail fixe ni revenus<br />
stables, s’entassaient dans les villes et<br />
vivaient d’emplois précaires.<br />
L’élite politique aussi en profitait.<br />
Les deux partis qui s’alternaient au<br />
gouvernement vivaient des commissions<br />
grasses qui étaient versées en<br />
échange des licences d’exploitation et<br />
autres concessions publiques. De haut<br />
en bas, le pays a été ligoté par l’un des<br />
plus grands schémas de corruption au<br />
monde.<br />
La hausse des prix du pétrole, à<br />
partir de la crise mondiale de 1973, a<br />
conduit le président Carlos Andrés Perez,<br />
du parti AD, à nationaliser l’activité<br />
et à créer, en 1976, la PDVSA – Petroleos<br />
de Venezuela SA. Sans nuire aux<br />
intérêts des multinationales, puisque<br />
les activités de raffinage et de commerce<br />
international demeuraient entre<br />
les mains du privé, le nouveau modèle<br />
a alimenté le vol à grande échelle, en<br />
utilisant comme alibi un nationalisme<br />
de façade.<br />
Les bénéfices engrangés grâce<br />
aux hydrocarbures et gérés directement<br />
par les hommes politiques du pacte<br />
Punto Fijo a engraissé la ploutocratie<br />
para-étatique. Elle a profité des contrats<br />
divers et variés de PDVSA. Ces barons<br />
du pétrole ont aussi renforcé leur<br />
hégémonie dans les secteurs peu risqués<br />
de la banque, de la télévision, de<br />
l’importation. L’establishment politique<br />
s’est alors confondu définitivement<br />
avec les maîtres de l’argent.<br />
Durant ces dix ans de bien-être,<br />
les couches sociales les plus basses<br />
ont aussi reçu leur lot de bonheur. Au<br />
bout du compte, même avec les poches<br />
pleines, les politiques ont besoin de<br />
votes. Ce qui exige de satisfaire une clientèle.<br />
Le Venezuela du pétrole était un<br />
pays saoudien mais avec un régime de<br />
démocratie électorale.<br />
Quand le cours du pétrole a chuté,<br />
à partir des années 80, le modèle<br />
a fait banqueroute. L’inflation a bondi<br />
de 7,4 % par an en 1978, à 103 % en<br />
1996. Les intérêts de la dette ont fini<br />
par représenter 30 % du budget de la<br />
nation. Le PIB par habitant, en tenant<br />
compte de l’inflation, a reculé de presque<br />
19 % entre 1978 et 1998. Dans<br />
le même temps, le salaire réel a perdu<br />
48 % de sa valeur, provoquant une<br />
baisse de 25 % de la consommation des<br />
familles, alors que le chômage est passé<br />
de 4,3 % à 14,5 %.<br />
Cependant tout le monde n’a pas<br />
été ruiné. Le secteur privé, qui auparavant<br />
vivait grassement grâce à la rente<br />
pétrolière, a compensé ses pertes éventuelles<br />
par des gains financiers en or. Et<br />
ce, grâce aux taux d’intérêts que l’État<br />
a concédé en mettant sur le marché<br />
des titres de la dette publique. Les plus<br />
de 30 milliards de dollars envoyés à<br />
l’étranger entre 1984 et 1998 sont la<br />
preuve de cette abondance alors que le<br />
pays agonisait.<br />
Le transfert accéléré des ressources<br />
publiques vers les groupes<br />
privés durant les gouvernements pré-<br />
Chavez, a été accompagné de l’une<br />
des versions les plus radicales du programme<br />
d’ajustements recommandés<br />
par le FMI (Fond Monétaire International)<br />
: révision des tarifs des services<br />
publics, coupe des aides sociales, privatisation<br />
des entreprises publiques.<br />
Le fait est que, quand l’actuel<br />
président est arrivé aux affaires, il a<br />
fait face à une économie brisée et une<br />
société décomposée. Dix pour-cents de<br />
la population, qui représentait alors de<br />
23 millions d’habitants, intégraient la<br />
patrie du pétrole et de la finance. Les<br />
90 % restants ont vu leur niveau de vie<br />
dégringoler, détérioré par le chômage,<br />
le blocage des salaires et l’élimination<br />
de leurs droits. La majorité de ces personnes<br />
ont donné leur aval pour enterrer<br />
la IV République et lancer un impétueux<br />
processus de changement.<br />
Hugo Chavez Frias, président de la République du Venezuela depuis<br />
février 1999<br />
le fil conducteur de la pédagogie chaviste a été de ressusciter l’histoire et<br />
la pensée de Simon Bolivar, le patriarche de l’indépendance vénézuélienne,<br />
chef politique et militaire de la guerre anticolonialiste contre les Espagnols<br />
au XIXème siècle<br />
DOSSIER VE<br />
<strong>LES</strong> ANNÉE<br />
L’initiation<br />
Le premier pas du nouveau régime, renommé<br />
V République à partir de la Constitution<br />
de 1999, a été d’exploser le<br />
système politique dont il héritait. Adossés<br />
à une majorité parlementaire, les<br />
partisans de Chavez ont pu adopter une<br />
série de mécanismes plébiscitaires et de<br />
participation politique, qui ont détoné<br />
le contrôle institutionnel exercé par le<br />
bipartisme. Les forces déroutées par le<br />
chavisme ont perdu leur hégémonie sur<br />
l’assemblée nationale, le pouvoir judiciaire<br />
et les forces armées.<br />
Les nouvelles règles du jeu ont<br />
permis que des consultations improbatives,<br />
via référendums, puissent être<br />
convoquées par le président, le parlement<br />
ou par initiatives populaires<br />
avec un minimum de signatures. Les<br />
mandats législatifs ou administratifs<br />
ont pu être révoqués par vote populaire.<br />
Les lois ont pu être approuvées sans<br />
l’aval du parlement, si elles ont été entérinées<br />
par les urnes.<br />
Cette offensive politique a affaibli<br />
les secteurs les plus conservateurs. Fin<br />
2001, Chavez s’est senti assez fort<br />
pour lancer ses premières réformes<br />
structurelles dans l’économie. Les principales<br />
ont été la Loi des Terres (qui a<br />
fixé les paramètres de la réforme agraire)<br />
et la Loi des Hydrocarbures (qui a<br />
augmenté les impôts sur les entreprises<br />
privées et le contrôle du gouvernement<br />
sur l’activité pétrolière).<br />
La réaction de l’opposition et<br />
des grands groupes économiques a été<br />
immédiate. Elle a convoqué la classe<br />
moyenne dans la rue et incité les militaires<br />
à se rebeller contre le gouvernement.<br />
Profitant de sa main mise sur les<br />
moyens de communication, ces cercles<br />
ont créé un climat de chaos et se sont<br />
lancés dans la tentative de coup d’État<br />
d’avril 2002. L’aventure a duré moins<br />
de 48 heures. Les militaires légalistes<br />
encouragés par des centaines de milliers<br />
de manifestants dans les rues, ont<br />
restitué son mandat constitutionnel à<br />
Chavez.<br />
Une nouvelle révolte insensée<br />
s’est produite à la fin de l’année 2002.<br />
Les patrons ont paralysé l’économie du<br />
pays. Au centre de cette grève, PDVSA,<br />
encore sous le contrôle de directeurs<br />
et de gérants qui refusaient d’obéir au<br />
gouvernement. À nouveau le président<br />
a gagné le bras de fer à la suite<br />
d’une bataille de 60 jours. À la suite<br />
du coup d’État d’avril, les mouvements<br />
adversaires au sein de l’armée se sont<br />
dissouts. La paralysie pétrolière surmontée,<br />
Chavez a finalement réussi à<br />
prendre les commandes de l’entreprise<br />
publique, malgré la démission de 32<br />
000 fonctionnaires qui avaient adhéré<br />
au blocus.<br />
L’opposition a encore trouvé la<br />
force de convoquer, en 2004, un référendum<br />
révocatoire afin de destituer<br />
le président par voie constitutionnelle.<br />
D’ailleurs, dans le Venezuela<br />
de Chavez noirci par ses ennemis, qui<br />
qualifient le président de despote, 20<br />
% des électeurs peuvent plébisciter un<br />
scrutin pour limoger le chef de l’État.<br />
Malgré ce nombre de signature minimale,<br />
l’opposition a été battue lors de<br />
la consultation populaire. Le président<br />
a poursuivi son mandat et a été réélu<br />
en 2006, avec plus de 60 % des voix.<br />
Test de Chavez<br />
Cette administration prend fin en janvier<br />
2013. La troisième, du leader bolivarien<br />
(la première n’a duré qu’un an<br />
et demi, 1999-2000, et s’est terminée<br />
après la promulgation de la nouvelle<br />
Constitution). Lors des cinq années<br />
suivantes, il a surtout mené une révolution<br />
politique. Il a éloigné les vieilles<br />
élites du pouvoir et dérouté leurs attaques<br />
anticonstitutionnelles. Ces six<br />
dernières années, il s’est engagé dans<br />
la construction d’un nouveau projet<br />
économique et social que les urnes<br />
jugeront en octobre.<br />
Le président a ouvert de nombreux<br />
chantiers. La première de ses<br />
inventions : les missions sociales. Elles<br />
sont principalement destinées à affronter<br />
les déficiences des systèmes de<br />
santé et scolaire. En même temps, il a<br />
accéléré le processus de nationalisation<br />
qui a commencé par le secteur pétrolier.<br />
Il a aussi touché d’autres secteurs stratégiques<br />
comme le système financier,<br />
la sidérurgie et les communications.<br />
Mais aussi d’autres moins importants<br />
: comme la distribution et les services.<br />
Une partie des bénéfices de PDVSA,<br />
de l’augmentation des impôts et de la<br />
dette publique a servi à acquérir ces entreprises.<br />
La stratégie de Chavez, depuis<br />
2006, est baptisée de « socialisme du<br />
XXI siècle ». Elle repose sur un État<br />
fort, pourvoyeur de droits et régulateur<br />
de l’économie. Un État qui détient<br />
les moyens de production et parti-<br />
10<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012
NEZUELA :<br />
S CHÁVEZ<br />
cipe significativement à leur gestion.<br />
L’élimination des capitalistes n’est pas<br />
une finalité comme elle a pu l’être lors<br />
d’autres expériences socialistes. Ses opposants,<br />
d’ailleurs, ont pris l’habitude<br />
de le critiquer d’avoir créé la « bolibourgeoisie<br />
». Des entrepreneurs attelés au<br />
gouvernement et au projet bolivarien.<br />
De toute façon, il est indéniable qu’en<br />
nageant à contre courant, en rejetant<br />
les idées néolibérales triomphantes qui<br />
ont suivi le collapse de l’Union Soviétique,<br />
Chavez a attiré l’attention du<br />
monde sur son pays.<br />
Cette attention s’explique actuellement<br />
par la polarisation politique<br />
et idéologique entre le Venezuela d’un<br />
côté, et les Etats-Unis et autres puissances<br />
occidentales de l’autre. Les conflits<br />
internes avec l’opposition attisent<br />
aussi la curiosité mondiale. Défenseur<br />
de l’intégration latino-américaine et<br />
d’une géopolitique, qui ignore la suprématie<br />
exercée par la Maison Blanche,<br />
le président vénézuélien est devenu un<br />
acteur important sur la scène internationale.<br />
La récente filiation de son pays<br />
au Mercosul, célébrée le 31 juillet, atteste<br />
ce caractère instigateur.<br />
Mais le Venezuela de Chavez<br />
mérite d’être exploré au-delà des batailles<br />
d’idées. Les résultats de ces presque<br />
14 ans de gestion ne peuvent<br />
pas être ignorés. Malgré les problèmes,<br />
comme les difficultés rencontrées dans<br />
la diversification de l’outil industriel ou<br />
l’augmentation de la criminalité dans<br />
les grandes villes, le pays a conquis des<br />
succès notables. L’Unesco l’a déclaré<br />
libérer de l’analphabétisme. Ce n’est<br />
pas rien. Ou encore, selon le Cepal et<br />
l’indice Gini, le pays détient la meilleure<br />
distribution de revenus d’Amérique du<br />
Sud. Il affiche aussi le salaire minimum<br />
le plus élevé de la région selon<br />
les chiffres de l’OIT (Organisation Internationale<br />
du Travail). Il peut aussi<br />
se féliciter d’avoir connu la plus forte<br />
accélération de l’IDH (Indice de développement<br />
humain) du continent lors<br />
des dix dernières années, information<br />
relayée par un récent rapport des Nations<br />
Unies.<br />
De la patrie fondée par Simon<br />
Bolivar jaillit désormais plus que du pétrole.<br />
Les expériences et changements,<br />
que l’on soit pour ou contre, sont des<br />
sujets importants pour ceux qui veulent<br />
discuter avec sérieux les défis de notre<br />
époque.<br />
Les missions réorganisent les<br />
services publics et luttent contre la<br />
pauvreté<br />
L’opposition reconnaît que le programme<br />
est efficace et qu’il a marqué<br />
des points. Elle crie cependant à la «<br />
manipulation politique »<br />
La voiture s’éloigne du centre de<br />
Caracas par l’autoroute qui mène à la<br />
ville de La Guaira. Il suffit de quelques<br />
minutes et le paysage se transforme.<br />
Plus tôt, les immeubles et les panneaux<br />
publicitaires occupaient tout l’espace.<br />
Maintenant à Catia, dans la banlieue<br />
de la capitale, c’est l’agglomérat de<br />
constructions simples qui attire l’attention.<br />
Dans cette mer de maisons en<br />
briques empilées les unes sur les autres,<br />
se détache un immeuble rouge et blanc<br />
flambant neuf. « J’ai déménagé il y a<br />
seulement 15 jours », raconte Suyin<br />
Morales en ouvrant la porte de l’ascenseur.<br />
« Soyez les bienvenus au A4-03 »,<br />
dit-elle avec le sourire en entrant dans<br />
son appartement, l’un des quarante de<br />
ce lotissement érigé avec l’argent de<br />
Gran Misión Vivienda. Lancé en 2011,<br />
ce programme du gouvernement vise à<br />
multiplier l’offre de logements. C’est un<br />
trois pièces de 70 m². Un salon, deux<br />
chambres, une cuisine américaine et<br />
une salle de bain. « Les autorités ont<br />
livré tous les meubles », affirme Suyin,<br />
qui vivait dans la rue avant d’emménager<br />
ici. « J’ai tout perdu, lors d’une<br />
inondation, même ma maison. Je me<br />
suis retrouvée dans un abri avec mon<br />
La stratégie de Chavez, depuis 2006, est baptisée de « socialisme du XXI<br />
siècle ». Elle repose sur un État fort, pourvoyeur de droits et régulateur<br />
de l’économie<br />
Les Etats-Unis poussant le parti de l’opposition MUD du Candidat à<br />
l’élection présidentielle Henrique Capriles<br />
mari, mes filles et mes petits-enfants.<br />
Hugo Chavez<br />
Chavez dispose d’un autre atout important en ce qui concerne le monde<br />
du travail. Il a fait reculer significativement le chômage. Au moment de<br />
la transition, en 1999, le chômage touchait 14,4 de la population<br />
On était huit dans ce trou », se sou-<br />
vient-elle.<br />
Deux longues années se sont<br />
écoulées avant de recevoir l’appel du<br />
ministère du Logement et de l’Habitat.<br />
Mais si Suyin possède aujourd’hui sa<br />
maison, les calculs du gouvernement<br />
soulignent un déficit de logement dans<br />
le pays. Il manque plus de 2,7 millions<br />
de résidences, 3 742 226 foyers sont<br />
en attente d’un logement – 73,6 % ont<br />
besoin de nouvelles maisons. « C’est<br />
la première fois qu’un gouvernement<br />
donne des maisons aux gens gratuitement.<br />
Avant on n’aidait pas les plus<br />
pauvres », souligne Suyin.<br />
Selon les estimations du gouvernement,<br />
de la Commission économique<br />
pour l’Amérique latine et les Caraïbes<br />
(CEPALC) et d’autres organisations<br />
internationales, le nombre de pauvres<br />
est passé de 36 % à 66 % de la population<br />
entre 1984 et 1995. L’extrême<br />
pauvreté a triplé : de 11 % de la population<br />
à 36 %. Par ailleurs, entre 1981<br />
et 1997, la participation des pauvres à<br />
la richesse du pays a reculé de 19,1 %<br />
à 14,7 %. Au même moment, celle des<br />
riches augmentait de 21,8 % à 32,8 %.<br />
En 1998, 70 % de la population<br />
n’avaient pas accès au service de santé<br />
ou n’étaient couverts par aucun système<br />
de mutuelle. La majorité des adolescents<br />
et des jeunes avaient déserté<br />
l’école. C’est dans ce scénario et dans<br />
un contexte de profonde crise sociale,<br />
que les Missions ont été crées.<br />
Mariana Bruce est professeur<br />
d’Histoire à l’Université Fédérale Fluminense<br />
(UFF), au Brésil. Dans sa<br />
thèse sur les Missions, elle explique que<br />
ces programmes se structurent « dans<br />
le souci d’allier les réformes sociales à<br />
l’encouragement des classes populaires<br />
à agir de manière organisée ». Selon<br />
elle, il s’agit « plus qu’un programme<br />
d’assistance, il a été pensé comme l’un<br />
des principaux instruments à l’origine<br />
de la construction d’un nouveau modèle<br />
social et économique ».<br />
Financées avec les pétrodollars,<br />
les Missions ont surgi alors que se<br />
jouait un conflit politique acéré. Le gouvernement<br />
était encore sous le choc du<br />
coup d’État d’avril 2002 et de la paralysie<br />
du pays fomentée par les patrons<br />
en décembre 2002. Les transformations<br />
sociales de grande envergure se<br />
faisaient attendre et les Vénézuéliens<br />
étaient mécontents. Dans le but de refonder<br />
et de consolider sa base politique<br />
et électorale, le président Hugo Chavez<br />
a misé sur les Missions.<br />
Lors d’un entretien avec Fidel<br />
Castro, le leader vénézuélien lui a demandé<br />
de soutenir son plan. « Je lui ai<br />
dit : «Écoute, j’ai une idée, il faut attaquer<br />
avec toutes les forces» », a rapporté<br />
Chavez en novembre 2004. « Il<br />
m’a répondu : «Si il y a une chose dont<br />
je suis sûr, c’est que tu peux compter<br />
sur mon soutien». Alors, des médecins<br />
ont commencé à arriver par centaines,<br />
un pont aérien a été lancé, il y avait des<br />
avions dans tous les sens ».<br />
Les Missions<br />
La Mission Barrio Adentro, dont<br />
l’élaboration est mentionnée dans<br />
l’entretien entre Chavez et Fidel, a initié<br />
l’ère des Missions au Venezuela. Mais<br />
la coopération entre les deux pays et<br />
la réelle origine de la Mission Santé<br />
remontent à 1999. Cette année là, des<br />
volontaires cubains se sont rendus au<br />
Venezuela lors d’un voyage humanitaire,<br />
après une catastrophe naturelle<br />
qui avait touché dix états. C’est la première<br />
Mission.<br />
Au début, des familles vénézuéliennes<br />
hébergeaient les médecins cubains.<br />
Le projet se développant, le gouvernement<br />
leur a construit des petites<br />
maisons de deux étages dans les villes<br />
du Venezuela qui avaient le plus besoin<br />
d’aide. Les Cubains y dispensaient des<br />
soins basiques, des examens de santé,<br />
organisaient des campagnes de vaccination.<br />
L’objectif était de prévenir la<br />
propagation des infirmités et de désengorger<br />
les couloirs des hôpitaux.<br />
Au 17 avril 2012, la Mission<br />
Barrio Adentro a fêté ses neuf ans<br />
d’existence. Le gouvernement revendique<br />
500 000 consultations médicales<br />
gratuites. Plus de 8 000 médecins<br />
vénézuéliens ont été formés dans<br />
l’Université Bolivarienne du Venezuela<br />
(UBV) grâce à l’expansion du projet.<br />
Les Missions ont obtenu des<br />
résultats significatifs aussi dans le domaine<br />
de l’éducation. L’Organisation<br />
des Nations-Unies pour l’éducation,<br />
la science et la culture (UNESCO) a<br />
déclaré en 2006 que le Venezuela avait<br />
éradiqué l’analphabétisme, trois ans<br />
après le lancement de la Mission Robinson.<br />
Ce programme a appris à 1,6<br />
millions de Vénézuéliens à lire et écrire.<br />
Cette Mission a aussi compté sur le<br />
soutien cubain qui a envoyé des professeurs,<br />
des technologies et une méthode<br />
d’alphabétisation, la « Yo si, puedo ».<br />
La Mission Robinson a été suivie<br />
par la Mission Robinson II. Son objectif<br />
: permettre aux Vénézuéliens de poursuivre<br />
leurs études jusqu’au collège. En<br />
2003, la Mission Ribas est lancée à son<br />
tour. Elle se consacre aux collégiens et<br />
lycéens. Enfin, la Mission Sucre boucle<br />
le cycle scolaire. Elle offre l’accès aux<br />
études universitaires et fonde l’UBV.<br />
Les Missions Plus grand amour et Enfants<br />
du Venezuela sont plus récentes.<br />
La première cible les personnes âgées.<br />
La seconde porte sur la redistribution de<br />
revenus à des adolescentes enceintes, à<br />
des mineurs en situation de pauvreté et<br />
à des personnes de tout âge souffrant<br />
de handicaps. Le gouvernement pense<br />
ainsi aider 1 500 543 Vénézuéliens qui<br />
n’ont jamais pu cotiser pour leur retraite<br />
auprès de l’Institut Vénézuélien<br />
de la Prévoyance Sociale (IVSS selon<br />
le sigle en espagnol). Toujours selon<br />
le gouvernement, 216 492 personnes<br />
âgées sont déjà bénéficiaires du projet.<br />
Ils perçoivent chaque mois un salaire<br />
minimum (environ 320 euros). Trente<br />
milles participants de la Mission Enfant<br />
du Venezuela touchent, eux, entre 80<br />
euros et 110 euros par mois.<br />
Critiques<br />
Le succès des Missions est l’un des piliers<br />
de la popularité du président Hugo<br />
Chavez. Face au succès, l’opposition,<br />
qui a d’abord critiqué farouchement<br />
l’initiative, assure maintenant que<br />
ces programmes seront maintenus en<br />
cas de victoire aux élections. Tout en<br />
remettant en cause certains aspects<br />
du contrat. « Les Missions doivent être<br />
un engagement pour la transformation<br />
sociale. Elles sont devenues des instruments<br />
de la révolution chaviste, du<br />
socialisme », regrette Leopoldo Lopez,<br />
ex-maire de Chacao et membre du parti<br />
Volonté Populaire. « On doit gouverner<br />
pour tous les Vénézuéliens, pour les<br />
riches aussi, et pas seulement pour certains<br />
segments de la population. »<br />
Le chœur de l’opposition est renforcé<br />
par la voix de certains spécialistes.<br />
Selon Yolanda D’Elia et Luis Francisco<br />
Cabezas, chercheurs vénézuéliens à<br />
l’Institut Latino-americain de Recherches<br />
Sociales, « les Missions ne sont plus<br />
un dispositif pour affronter les épreuves<br />
politiques et économiques. Elles sont<br />
devenues un mécanisme de contrôle<br />
politique et social au service de la propagation<br />
de la révolution ». Ils pensent<br />
que ce changement s’est transformé en<br />
obstacle pour l’approfondissement et<br />
l’institutionnalisation des Missions. Ce<br />
qui se reflète dans leur qualité et leur<br />
quantité.<br />
Les problèmes que pointe<br />
l’opposition, le gouvernement les analyse<br />
comme des percées. « Les Missions<br />
ont permis de rompre avec le<br />
mécanisme d’un État bureaucratique,<br />
vertical et éloigné du peuple », affirme<br />
Aristobulo Istúriz, vice-président<br />
de l’Assemblée Nationale et du PSUV.<br />
« Il ne s’agit pas seulement de mettre<br />
en œuvre des politiques sociales, mais<br />
aussi d’aider les gens à se prendre en<br />
main, à s’organiser seul afin de transformer<br />
leurs communautés en espaces<br />
de pouvoir et de participation. »<br />
L’insécurité, préoccupation principale<br />
de la majorité des Vénézuéliens<br />
Une étude indique cependant que<br />
le sentiment d’insécurité progresse<br />
plus que le nombre de victimes de<br />
la criminalité<br />
Anxieux, le garçon hésite avant de<br />
commencer à témoigner. Il regarde avec<br />
curiosité la caméra, respire et attend<br />
que le bruit des klaxons du quartier du<br />
23 de Enero – l’un des plus peuplés et<br />
des plus pauvres de Caracas – le laissent<br />
parler. « Ça enregistre ? Bon. Je<br />
m’appelle Andrés López, j’ai 15 ans, et<br />
la seule chose que je voudrais changer<br />
au Venezuela, c’est la peur de la violence<br />
», dit-il. « Si tu traînes dans la rue,<br />
on va te voler, on va t’enlever, c’est ce<br />
que ma mère me répète tous les jour.<br />
C’est une atmosphère de terreur. »<br />
Les inégalités sociales ont significativement<br />
diminué depuis l’arrivée<br />
de Hugo Chavez au pouvoir.<br />
Suite à la page (12)<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 11
Dossier Venezuela :<br />
Suite de la page (11)<br />
Et l’insécurité reste un thème majeur.<br />
Selon un sondage de l’institut de statistiques<br />
chiliens, Latinobarometro, pour<br />
61 % des Vénézuéliens il s’agit de la première<br />
préoccupation. C’est aussi le principal<br />
cheval de bataille de l’opposition<br />
contre le président. Certains assurent que<br />
l’insécurité a augmenté depuis l’élection<br />
du leader vénézuélien. D’autres soulignent<br />
qu’elle a toujours été un phénomène<br />
préoccupant. « Il y a des groupes<br />
d’habitants qui protègent leur zone de<br />
manière anormale avec des pistolets et<br />
des armes », poursuit Andrés, en faisant<br />
allusion aux milices armées qui circulent<br />
dans les quartiers de Caracas. « Au bout<br />
du compte, ils terrorisent les gens. La<br />
paix n’existe pas au Venezuela ». De<br />
fait, le Venezuela est l’un des pays les<br />
plus violents au monde avec un taux de<br />
49 homicides pour 100 000 habitants,<br />
selon les chiffres du gouvernement et<br />
de l’Office des Nations-Unies contre la<br />
Drogue et le Crime (UNODC). « Parmi les<br />
dix pays avec les taux d’homicides les<br />
plus élevés, on constate que huit sont<br />
latino-américains. Le Venezuela figure<br />
en cinquième position. Ce qui prouve<br />
que les mesures sociales ne sont pas<br />
suffisantes pour diminuer les indices<br />
de violence et de criminalité », a admis<br />
Chavez au mois de juin lors du lancement<br />
de Gran Misión a toda Venezuela. Un<br />
programme gouvernemental qui vise<br />
à diminuer la violence. Le budget total<br />
du projet se monte à 287 millions de<br />
bolivars (environ 54 millions d’euros).<br />
« Entre 60 % et 70 % des crimes sont<br />
commis par des jeunes. L’objectif<br />
de cette mission est de réduire la<br />
formation de délinquants. Des jeunes,<br />
qui malheureusement finissent par<br />
commettre des crimes », a expliqué le<br />
ministre de l’Intérieur, Tarek El-Aissami.<br />
En mai, le gouvernement a annoncé<br />
une autre mesure de sécurité publique :<br />
l’interdiction de vendre des armes aux<br />
civils. « Au Venezuela, plus de 90 % des<br />
homicides sont perpétrés avec des armes<br />
à feu. Ce qui nous oblige à adopter des<br />
mesures radicales pour traiter cette<br />
question », insistait El-Aissami à<br />
l’époque.<br />
En plus de la grande quantité<br />
d’armes en circulation, l’influence du<br />
crime organisé et la corruption des<br />
corps de police sont d’autres facteurs<br />
d’inquiétude. A cet égard, La création<br />
de la Police Nationale Bolivarienne a été<br />
l’une des principales mesures du gouvernement<br />
vénézuélien. Il a aussi lancé<br />
« l’Indice Global des Corps de Police au<br />
Venezuela ». Plus de 170 indicateurs<br />
vont mesurer l’efficacité, le respect des<br />
droits de l’homme et diverses autres<br />
données liées à l’activité. L’Université<br />
Nationale Expérimentale de Sécurité a<br />
aussi été fondée. Les nouveaux policiers<br />
y suivront leurs études supérieures.<br />
Thème de campagne<br />
Aucune de ces mesures ne semble calmer<br />
les accusations de l’opposition, qui a<br />
choisi la sécurité publique comme principale<br />
thème de campagne pour l’élection<br />
présidentielle. « Chavez prétend que la<br />
violence trouve ses origines dans le capitalisme,<br />
dans les feuilletons des chaînes<br />
de télévision, dans les gouvernements<br />
antérieurs. Jamais il n’assume ses responsabilités<br />
», affirme Leopoldo Lopez,<br />
ex-maire de Chacao, dirigeant du parti<br />
Première Justice, et principal meneur de<br />
la campagne du candidat de l’opposition,<br />
Henrique Capriles. « C’est évident, on a<br />
perdu le contrôle de la situation ».<br />
Selon les chiffres de López, il y<br />
a eu 150 000 homicides durant les 14<br />
années du gouvernement Chavez. De ce<br />
total, 140 000 n’auraient pas été résolus.<br />
Et les cas d’enlèvements auraient<br />
augmenté de 2 500 %.<br />
L’Observatoire Vénézuélien de la<br />
Violence (OVV) décrit aussi un scénario<br />
alarmant. Le gouvernement accuse<br />
cependant cette ONG d’être financée<br />
par l’opposition. En 1999, au début du<br />
mandat de Chavez, le pays aurait enregistré<br />
chaque année 6 000 homicides<br />
environ. En 2011, cet indice est passé à<br />
19 300 assassinats, selon l’OVV.<br />
Le sentiment d’insécurité<br />
Selon une enquête menée par Latinobarometro,<br />
le sentiment d’insécurité, en<br />
hausse, serait en décalage par rapport<br />
aux indicateurs réels. L’indicateur, qui<br />
calcule le pourcentage de foyers dont<br />
l’un des membres a été victime d’un<br />
délit lors des douze derniers mois, serait<br />
retombé à son niveau historique normal,<br />
31 % en 2011. Entre 2001 et 2007, cet<br />
indicateur avait atteint 50 %. Pourtant,<br />
le sentiment d’insécurité est en hausse<br />
de 8 % depuis 2003. Pour 61 % des sondés,<br />
c’est une question majeure.<br />
Ce décalage que les autorités gouvernementales<br />
attribuent en partie à<br />
l’exploitation du thème par les médias<br />
anti-Chavez, se répercute de manière<br />
différente dans les différentes couches de<br />
la population. Pour la classe moyenne et<br />
les plus riches, la violence est devenue<br />
un motif fondamental pour remettre en<br />
cause le président vénézuélien. Parmi les<br />
plus pauvres, le gouvernement national<br />
se partage la responsabilité avec les administrations<br />
régionales et municipales,<br />
souvent entre les mains de l’opposition.<br />
La poussée du thème dans l’opinion<br />
publique a, de toute façon, fait de la violence<br />
urbaine une question de première<br />
importance dans les plans chavistes. Le<br />
lancement de Gran Misión a toda Venezuela<br />
témoigne de cette nouvelle focalisation<br />
qui provoque des polémiques sur<br />
le contenu du programme.<br />
L’opposition réclame plus de répression<br />
et de policiers dans les rues.<br />
Elle dénonce aussi férocement la corruption<br />
des actuels appareils de sécurité.<br />
Même si le gouvernement met en place<br />
des politiques qui renforcent la présence<br />
policière, il continue d’associer la lutte<br />
contre la criminalité à l’amélioration<br />
des indicateurs sociaux. Il assure une<br />
présence forte de l’État dans les quartiers<br />
les plus sensibles en offrant des services<br />
et des nouvelles perspectives.<br />
Pour Andrés Antillano, professeur<br />
de l’UCV (Université Centrale du Venezuela)<br />
et criminologue, les solutions<br />
doivent prendre en compte la récupération<br />
des espaces publics. « L’origine de<br />
la violence est sociale et elle est essentiellement<br />
présente chez les plus pauvres<br />
», affirme-t-il. « C’est la raison pour<br />
laquelle elle doit être combattue avec des<br />
politiques sociales et une organisation<br />
politique, de concert avec les interventions<br />
policières ».<br />
Pays le moins inégalitaire<br />
d’Amérique du Sud, le Venezuela<br />
est la scène d’un affrontement<br />
politique fort<br />
Ce phénomène existe alors que l’écart<br />
entre les revenus les plus bas et les plus<br />
élevés a diminué et que les plus riches<br />
ont maintenu leur niveau de vie<br />
Dans les cercles des sciences politiques,<br />
lorsqu’il s’agit d’étudier le comportement<br />
des électeurs, un paradigme<br />
fait l’unanimité : la diminution des inégalités<br />
sociales et la consolidation de la<br />
classe moyenne tendent à amollir le débat<br />
idéologico-politique. Cependant celui qui<br />
appliquerait cette logique au Venezuela,<br />
se mettrait le doigt dans l’oeil. La dispute<br />
entre les camps chavistes et antichavistes<br />
s’exacerbe alors que le pays<br />
devient socialement plus homogène. Le<br />
Venezuela arrive même au top du classement<br />
de la distribution des revenus<br />
en Amérique du Sud. « La politisation<br />
de toutes les classes sociales s’est<br />
radicalisée depuis l’élection du président<br />
Chavez et conduit à un positionnement<br />
qui va au-delà des intérêts immédiats<br />
des différents segments de la société<br />
», analyse Jesse Chacon, directeur du<br />
Groupe de Recherche Sociale XXI siècle<br />
(GIS XXI). « Ici la gauche et la droite,<br />
gouvernement et opposition sortent<br />
dans la rue pour débattre de projets<br />
de portée nationale qui dépassent les<br />
revendications ponctuelles, les bénéfices<br />
économiques ou les avancées sociales ».<br />
Jesse Chacon a participé à la rébellion<br />
militaire de 1992, quand l’actuel<br />
président a tenté de faire tomber la IV<br />
République. Chacon était alors un jeune<br />
lieutenant qui, comme son chef, a fini<br />
derrière les barreaux. Ingénieur en informatique<br />
et diplômé en télématique, il a<br />
déjà occupé les fauteuils de ministre des<br />
Télécommunications, de l’Intérieur et<br />
de la Science et Technologie de l’actuel<br />
gouvernement. À 46 ans, il étudie désormais<br />
les dynamiques politiques et sociales<br />
au Venezuela. « Les propriétaires<br />
des moyens de production sont en train<br />
de perdre la main mise sur le pouvoir<br />
politique. Il s’agit du point de tension<br />
centrale, qui provoque une réaction des<br />
couches sociales les plus favorisés et<br />
de leurs sympathisants », souligne-t-il.<br />
« Le revenu moyen de 20 % des plus<br />
riches n’a pas été affecté. Son style de<br />
vie non plus. Mais ils perçoivent qu’ils<br />
ne tiennent plus les rennes de l’État et<br />
de la société, ce qui leur fait peur et les<br />
enrage ».<br />
Un large répertoire de mesures<br />
sociales et de politiques de distribution<br />
a été destiné aux plus pauvres.<br />
Pourtant, leur comportement est également<br />
dicté par des motivations qui<br />
extrapolent les conquêtes ou les attentes<br />
économiques. L’embrasement<br />
de ces couches sociales avec en toile<br />
de fond l’amélioration des conditions<br />
de vie, est aussi attisé par le président<br />
qui, sans cesse, s’efforce de mener des<br />
batailles d’idées et de valeurs.<br />
Depuis le début de son gouvernement,<br />
mais de manière plus ample<br />
depuis le coup d’État en 2002, Chavez<br />
s’attache à occuper le maximum d’espace<br />
dans les médias. Son discours est<br />
presque toujours articulé de manière<br />
à confondre chaque mouvement de<br />
son gouvernement au processus révolutionnaire.<br />
En même temps, il sème<br />
chez ses sympathisants un sentiment<br />
de répulsion contre les adversaires des<br />
changements en cours.<br />
Contraire à la logique de conciliation,<br />
le président a fait un pari<br />
pédagogique qui semble tenir ses promesses.<br />
Plus la polarisation est grande,<br />
plus la confrontation des points de vue<br />
est limpide, plus il est facile de créer<br />
une base de soutien forte et mobilisée.<br />
Pour les bons et les mauvais moments.<br />
Au début, le fil conducteur de<br />
la pédagogie chaviste a été de ressusciter<br />
l’histoire et la pensée de Simon<br />
Bolivar, le patriarche de l’indépendance<br />
vénézuélienne, chef politique<br />
et militaire de la guerre anticolonialiste<br />
contre les Espagnols au XIXème<br />
siècle. En s’engageant sur cette voie,<br />
Chavez a imprimé une forte marque<br />
nationaliste à son projet, qui affronte<br />
les nouveaux seigneurs coloniaux (les<br />
États-Unis) et leurs alliés de l’intérieur<br />
(l’élite locale).<br />
Petit à petit, la syntaxe du socialisme<br />
historique s’est ajoutée au bolivarisme<br />
original. Cet amalgame entre<br />
les racines nationalistes et les valeurs<br />
de gauche a été largement repris<br />
comme un code culturel qui dessine le<br />
visage et donne la couleur des réalisations<br />
politiques du gouvernement.<br />
Le président refuse ainsi la recette à la<br />
mode dans les courants progressistes<br />
pour qui la politique est une question<br />
d’efficacité. Pour utiliser le vieux jargon,<br />
Chavez est un politique de lutte<br />
des classes sur laquelle il parie pour<br />
isoler et dérouter ses ennemis.<br />
L’opposition, confortée par son<br />
emprise sur les moyens de communication,<br />
a elle aussi misé sur l’affrontement<br />
ouvert. En plus de ses recours<br />
médiatiques, elle a toujours pu compter<br />
sur les forces économiques et les<br />
relations internationales pour mobiliser<br />
les classes moyennes contre le<br />
gouvernement. Même après le putsch<br />
et le blocus de 2002, à l’apogée de la<br />
polarisation, les partis antichavistes<br />
ont poursuivi une stratégie de collision.<br />
La classe C<br />
Mais les deux camps doivent actuellement<br />
prendre en compte un<br />
nouveau phénomène. Plus de 30<br />
% de la population a changé de<br />
couche sociale. Ils ont migré des<br />
segments les plus pauvres vers ce<br />
que la sociologie des enquêtes démographiques<br />
appelle la classe C –<br />
à proprement parler ils ont intégré<br />
la classe moyenne.<br />
Si par le passé elle a opposé une<br />
résistance absolue aux questions sociales,<br />
l’opposition est obligée de reconnaître<br />
certaines avancées. Dans sa<br />
campagne, Capriles promet de préserver<br />
les Missions sociales. Cependant,<br />
son plan de gouvernement propose en<br />
même temps d’éliminer le Fondem, le<br />
fond qui finance les programmes sociaux<br />
grâce aux pétrodollars. Par ailleurs,<br />
le candidat modère relativement<br />
son message pour dialoguer avec les<br />
segments qui ont tiré profit de la V République.<br />
Côté gouvernemental, surgissent<br />
aussi de nouvelles questions. «<br />
Disputer les cœurs et les esprits de ce<br />
nouveau contingent de la classe moyenne<br />
demeure le problème du processus<br />
révolutionnaire », affirme Jesse<br />
Chacon. « Nombreux sont ceux qui<br />
se sont élevés socialement grâce aux<br />
initiatives gouvernementales mais qui<br />
ont embrassé les valeurs morales et<br />
culturelles des élites dont le mode de<br />
vie est leur référence ». L’ex-militaire<br />
pointe spécialement la préservation<br />
des aspirations consuméristes, le rejet<br />
des projets et des organisations collectifs,<br />
la négation de l’identité originale<br />
de classe et parfois même de race.<br />
Les diverses enquêtes, celles du<br />
GIS XXI ou celles d’instituts proches<br />
de l’opposition, décèlent l’émergence<br />
ces dernières années d’un groupe<br />
d’électeurs auquel on se réfère de façon<br />
informelle comme les ni-ni. C’està-dire<br />
ceux qui ne s’alignent pas automatiquement<br />
sur les positions de<br />
Chavez, ni sur celles de ses ennemis.<br />
La majorité fait partie des classes ascendantes.<br />
Les ni-ni représentent aux<br />
alentours de 40 % des électeurs, la<br />
même proportion que les indéfectibles<br />
électeurs pro Chavez, contre 20 %<br />
de fidèles à l’opposition. La gauche,<br />
cependant, recueille des résultats qui<br />
dépassent ses frontières grâce à la<br />
combinaison de deux facteurs. D’une<br />
part les programmes du gouvernement<br />
(principalement celui lié au logement)<br />
contentent la population. D’autre<br />
part le cancer de Chavez crée un climat<br />
affectif de solidarité. Le président<br />
avoisine dans les sondages les plus fiables<br />
60 % des intentions de vote pour<br />
le scrutin d’octobre. Il ouvre un écart<br />
de 15 % à 30 % face à son adversaire.<br />
Ces chiffres indiquent que les nini<br />
se répartissent entre les deux pôles.<br />
Bien que la tendance semble favorable<br />
à une réélection tranquille du président<br />
sortant, la chasse aux voix de cet électorat<br />
demeure frénétique. « Si la campagne<br />
de Chavez réussit à conquérir<br />
une partie plus significative de ce segment,<br />
un avantage plus expressif encore<br />
pourra être construit », souligne<br />
Jesse Chacon.<br />
Stratégies<br />
L’un des aspects de la stratégie<br />
pour venir à bout des résistances de<br />
Suite à la page (15)<br />
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Perspectives<br />
Les syndicats, la pseudo-gauche et le<br />
massacre en Afrique du Sud<br />
Par Joseph Kishore<br />
Le massacre de 34 travailleurs grévistes<br />
de la mine du groupe Lonmin<br />
de Marikana en Afrique du Sud a mis<br />
en évidence avec netteté, dans un<br />
contexte de soulèvement mondial de<br />
la classe ouvrière, le rôle joué par les<br />
syndicats officiels en Afrique du Sud et<br />
internationalement.<br />
Une rivière de sang sépare à<br />
présent les mineurs et le syndicat National<br />
Union of Mineworkers (NUM)<br />
– l’élément central du Congrès des<br />
syndicats d’Afrique du Sud (Congress<br />
of South African Trade Unions, CO-<br />
SATU), qui est étroitement aligné sur<br />
le gouvernement de l’African National<br />
Congress (ANC). Le NUM s’est révélé<br />
être lui-même un instrument de répression<br />
et de meurtre d’Etat.<br />
La manifestation de la colère de<br />
la classe ouvrière contre les propriétaires<br />
du groupe Lonmin a fait entrer<br />
les travailleurs en conflit direct avec<br />
les organisations qui sont censées les<br />
représenter. Après le massacre, le secrétaire<br />
général du NUM, Frans Baleni,<br />
a exigé que « tous les travailleurs<br />
reprennent le travail et que les organismes<br />
chargés de l’application de la loi<br />
répriment les coupables de la violence<br />
et des meurtres », qui sont, selon le<br />
NUM, les travailleurs eux-mêmes.<br />
Le conflit entre la classe ouvrière<br />
et le NUM ne se limite pas à Marikana.<br />
Le site internet de l’industrie minière<br />
mineweb.com a écrit dernièrement, «<br />
Ce qui est particulièrement inquiétant<br />
ici, c'est que les mineurs contournent<br />
le NUM, ce qui suggère un manque<br />
total de confiance dans l'organisation<br />
traditionnelle du syndicat minier. Le<br />
NUM semble être considéré comme un<br />
laquais du parti politique au pouvoir,<br />
l’African National Congress – et donc,<br />
de faire partie du nouvel establishment<br />
sud-africain.<br />
Cet alignement de forces – dans<br />
lequel les syndicats se positionnent<br />
derrière les compagnies et le gouvernement<br />
– est de portée internationale.<br />
C’est aussi le cas du soulèvement<br />
grandissant des travailleurs contre ces<br />
institutions droitières pro-patronales<br />
au fur et à mesure que la classe dirigeante<br />
applique un programme social<br />
contre-révolutionnaire.<br />
En Europe, partout où les luttes<br />
sont sorties du cadre des actions officiellement<br />
approuvées par les syndicats,<br />
les syndicats ont collaboré avec le<br />
gouvernement pour les réprimer. Durant<br />
la grève des contrôleurs aériens<br />
espagnols en 2010, le gouvernement<br />
avait mobilisé l’armée pour briser la<br />
grève avec le soutien des syndicats et<br />
de leurs alliés politiques.<br />
Une série de luttes importantes a<br />
éclaté au cours de ces deux dernières<br />
années aux Etats-Unis en opposition<br />
à la confédération syndicale AFL-CIO,<br />
les travailleurs cherchant à combattre<br />
l’assaut du patronat contre leurs emplois<br />
et leurs prestations sociales, assaut<br />
qui est actuellement mené par le<br />
gouvernement Obama.<br />
En 2010, les travailleurs<br />
d’Indianapolis, dans l’Etat d’Indiana,<br />
avaient rejeté une réduction de 50<br />
pour cent des salaires soutenue par<br />
le syndicat des travailleurs unis de<br />
l’automobile (United Automobile<br />
Workers, UAW) en chassant les responsables<br />
syndicaux d’une réunion<br />
syndicale. Une section des travailleurs<br />
avait formé un comité indépendant<br />
de travailleurs pour organiser une lutte<br />
pour la défense des emplois et des<br />
salaires. Quelques mois plus tôt, les<br />
travailleurs de l’automobile avaient<br />
provoqué une quasi émeute contre<br />
les responsables de l’UAW qui soutenaient<br />
la fermeture de l’usine NUMMI<br />
de Fremont en Californie.<br />
Pas plus tard que la semaine<br />
dernière, les travailleurs de l’usine<br />
de montage de moteurs Chrysler de<br />
l’unité de Dundee dans le Michigan,<br />
révoltés par des heures supplémentaires<br />
obligatoires et des salaires à<br />
deux vitesses, ont voté en grande<br />
majorité contre un contrat local à la<br />
grande surprise et colère de la direction<br />
et de l’UAW. Là où les luttes ont éclaté<br />
sous le contrôle syndical – comme<br />
Le secrétaire général du NUM,<br />
Frans Baleni<br />
dans le cas de la grève des travailleurs<br />
chez Caterpillar à Joliet, en Illinois – les<br />
travailleurs se sont rapidement heurtés<br />
au fait que le syndicat oeuvre pour<br />
les isoler et pour qu'ils perdent leur<br />
combat.<br />
Ces événements confirment<br />
tout à fait l’analyse faite par le Comité<br />
international de la Quatrième<br />
Internationale en ce qui concerne le<br />
caractère des syndicats. En 1993, le<br />
Workers League, prédécesseur du Socialist<br />
Equality Party (Parti de l’Egalité<br />
socialiste, SEP) avait expliqué que la<br />
dégénérescence des syndicats était<br />
ancrée dans leur perspective nationaliste<br />
et pro-capitaliste qui est sapée<br />
par la mondialisation de la production<br />
et l’effondrement de l’ordre social<br />
d’après-guerre : « Dans chaque pays,<br />
le rôle de ces appareils bureaucratiques<br />
a été transformé. Ils ne font plus pression<br />
sur les employeurs et l’Etat pour<br />
obtenir des concessions en faveur<br />
des travailleurs. Ils font maintenant<br />
pression sur les travailleurs pour leur<br />
soutirer des concessions au profit des<br />
employeurs de façon à attirer le capital.<br />
»<br />
A Marikana, les syndicats ont<br />
évolué et sont passés de l’exercice de<br />
la pression à la répression ouverte et<br />
violente. Lorsque les circonstances<br />
l’exigeront, ils agiront de la même<br />
manière en Europe, aux Etats-Unis et<br />
ailleurs.<br />
Les efforts des travailleurs pour<br />
se libérer de ces institutions suscitent<br />
l’indignation non seulement<br />
de l’élite patronale, mais aussi des<br />
Suite à la page (18)<br />
Pourquoi le<br />
Venezuela se retire<br />
de la Commission<br />
interaméricaine des<br />
droits de l’homme<br />
Par Salim Lamrani<br />
Le 28 juillet 2012, le président Hugo<br />
Chávez a fait part sa décision de se<br />
retirer de la Commission interaméricaine<br />
des droits de l’homme, suite<br />
au jugement condamnant le Venezuela<br />
pour mauvais traitements à l’égard<br />
d’un détenu sanctionné pour terrorisme<br />
et désormais en fuite aux Etats-Unis.<br />
Caracas dénonce un verdict politique.<br />
Le 24 juillet 2012, la Cour interaméricaine<br />
des droits de l’homme<br />
(CIDH) a rendu publique sa décision<br />
condamnant l’Etat vénézuélien « d’être<br />
internationalement responsable de la<br />
violation du droit à l’intégrité personnelle<br />
et de traitements inhumains et<br />
dégradants à l’encontre de Monsieur<br />
Raúl José Díaz Peña ». L’instance a<br />
jugé que la « détention [de ce dernier]<br />
aurait été illégale et arbitraire et qu’il<br />
aurait été soumis à un régime de détention<br />
préventive qui aurait dépassé<br />
les limites établies dans la loi pénale,<br />
en invoquant une présomption de risque<br />
de fuite ». La CIDH a également<br />
condamné l’Etat vénézuélien à verser<br />
15 000 dollars à Díaz Peña[1].<br />
Qui est Raúl José Díaz Peña ?<br />
Raúl José Díaz Peña est un fugitif vénézuélien<br />
lourdement condamné par<br />
la justice pour terrorisme et réfugié<br />
aux Etats-Unis. En 2003, le Venezuela<br />
vivait une situation de polarisation<br />
politique extrême suite au coup d’Etat<br />
avorté d’avril 2002 contre le président<br />
démocratiquement élu Hugo Chávez et<br />
le sabotage pétrolier qui avaient coûté<br />
la somme de 10 milliards de dollars à<br />
l’économie vénézuélienne. Tous deux<br />
Nicolás Maduro, ministre des<br />
Affaires étrangères du Venezuela<br />
Raúl José Díaz Peña<br />
avaient été organisés par l’opposition<br />
avec le soutien explicite des Etats-Unis<br />
qui avait reconnu la junte putschiste<br />
dirigée par Pedro Carmona Estanga,<br />
alors président du syndicat patronal<br />
Suite à la page (14)<br />
La journée de deuil en Afrique du Sud ne calme pas<br />
la colère provoquée par le massacre de Marikana<br />
Par Julie Hyland<br />
La colère continue de grandir au<br />
sujet du massacre de 34 mineurs<br />
grévistes de la mine de platine du<br />
groupe Lonmin de Marikana le 16<br />
août et ce en dépit des efforts officiels<br />
déployés pour atténuer les tensions.<br />
La journée de deuil national<br />
décrétée jeudi par le président Jacob<br />
Zuma du Congrès national africain<br />
(African National Congress,<br />
ANC), parti au pouvoir, a clairement<br />
montré que des paroles de tristesse<br />
ne suffiront pas à faire disparaître<br />
l’indignation à l’égard non seulement<br />
des compagnies minières mais<br />
aussi de l’ANC et de ses alliés au sein<br />
du National Union of Mineworkers<br />
(NUM), du Congress of South African<br />
Trade Unions (Congrès des syndicats<br />
sud-africains, COSATU) et du<br />
Parti communiste sud-Africain.<br />
L’hostilité à l’égard de Zuma est telle qu’il n'a été en mesure<br />
d’assister à aucune des cérémonies<br />
Lors de la principale commémoration<br />
en mémoire des victimes<br />
de la mine de Marikana au Nord-<br />
Ouest de Johannesburg, les veuves<br />
en pleurs des travailleurs tués ont<br />
été rejointes par plus d’un millier de<br />
personnes, dont les parents des 259<br />
grévistes qui sont actuellement emprisonnés.<br />
Plus tôt, Impala Rustenberg,<br />
la plus grande mine de platine du<br />
monde, a annoncé que l’ensemble<br />
de la production avait été stoppé<br />
pour la journée pour permettre aux<br />
travailleurs de rendre hommage à<br />
leurs collègues. Impala Rustenberg<br />
a été cette année le théâtre d’une<br />
grève âpre de six semaines qui a<br />
coûté la vie à quatre travailleurs.<br />
L’hostilité à l’égard de Zuma<br />
est telle qu’il n'a été en mesure<br />
d’assister à aucune des cérémonies.<br />
La police a fait profil bas, néanmoins<br />
des centaines de policiers étaient regroupés<br />
dans les rues avoisinantes.<br />
Les responsables du gouvernement,<br />
les dirigeants de l’église et<br />
des syndicats s’étaient mis d’accord<br />
pour qu’aucun discours politique ne<br />
soit autorisé. Mais l’humeur combative<br />
au sein des mineurs a trouvé<br />
son expression durant la célébration<br />
lorsqu’un homme non identifié<br />
est monté à la tribune pour exiger,<br />
avant d’être privé du microphone, la<br />
démission de Zuma.<br />
Plus tard, à la fin de la cérémonie,<br />
le dirigeant exclu de la<br />
Ligue de Jeunesse de l’ANC, Julius<br />
Malema, a été applaudi lorsqu’il a<br />
attaqué la collusion de l’ANC avec<br />
les compagnies minières, en disant,<br />
« Notre gouvernement est devenu<br />
un cochon qui mange ses enfants.<br />
» Ancien pilier de Zuma, Malema<br />
avait été exclu de l’ANC en février<br />
dernier, accusé de « semer la zizanie<br />
». Un dizaine de ministres du gouvernement<br />
ANC ont quitté la cérémonie<br />
durant son discours.<br />
Plus d’une semaine après le<br />
massacre, moins d’un tiers des employés<br />
ont repris le travail à Lonmin,<br />
et beaucoup d’autres se sont<br />
jurés de mener le combat jusqu’au<br />
bout. La plupart des foreurs qui<br />
menaient le débrayage sont des immigrés.<br />
Ils travaillent dans des conditions<br />
extrêmement dangereuses<br />
pour à peine 500 dollars par mois<br />
et ils sont logés dans des campements<br />
sordides. Nombre d’entre<br />
eux ont quitté le NUM, qui est, à<br />
juste titre, considéré être de mèche<br />
avec les patrons des mines, pour<br />
Suite à la page (18)<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 13
continued from page (9) Suite de la page (13)<br />
Raphaël Denis was a painter of<br />
formally choreographed, cubistfiltered<br />
scenes of market women<br />
and the like<br />
twisted Vandyke, he along with a large<br />
group of fellow artists and supporters<br />
had seized the moment, it seemed, the<br />
swelling veins of his throat punctuating<br />
the feverish conviction etched<br />
in his momentary scowl. (I, as club<br />
advisor to some <strong>Haiti</strong>an students in<br />
my charge, also had once proudly led<br />
them in singing the same national anthem<br />
before a folkloric performance<br />
in a Brooklyn high school.) It’s this<br />
nationalist mythos that inflects almost<br />
all “<strong>Haiti</strong>an art” that telegraphs itself<br />
as such since the U.S. occupation of<br />
<strong>Haiti</strong> (1915-1934).<br />
In this light, the wake of the<br />
painter Jacques Mérisier is notable.<br />
(Unbeknownst to me until after his<br />
death in March 1998, close ties between<br />
his family and mine go back<br />
over 50 years in <strong>Haiti</strong>.) He had never<br />
attained the reputation of Dépas or of<br />
other hard drinking, ballyhooed sophistiqué<br />
painters such as Luckner<br />
Lazard (who died in 1998), or even<br />
of Bernard Wah (who died in 1981) –<br />
although Wah’s surreal, stylized cubism<br />
resonates in Mérisier’s paintings.<br />
At his wake in Brooklyn (as at Denis’<br />
funeral service in July 2012), his coffin<br />
at one point drew a phalanx of<br />
artists toward it. As part of Mérisier’s<br />
entourage, I took hold of an aspergillum<br />
that was passed on to me, and, as<br />
others had already done, I saw myself<br />
solemnly sprinkling holy water on his<br />
frozen body.<br />
I must confess that not long<br />
ago the death of even those I hardly<br />
knew had sometimes overly weighed<br />
on me. (If tears, and not just keening<br />
wails, were required of hired criers,<br />
I would have earned my keep years<br />
ago at some <strong>Haiti</strong>an funerals.) I tend<br />
to link undue human suffering in<br />
general, which is a sort of prefigured<br />
death, with the evil aspects of capitalism<br />
and with (<strong>Haiti</strong>’s) anti-imperialist<br />
struggles. This feeling of empathy for<br />
the suffering and struggles of others<br />
(dating from when I first learned about<br />
colonialism and slavery) would stew<br />
in my mind for a long time before I<br />
realized that the reflection of Vodou in<br />
my work is actually a crucial implement<br />
in the intellectual and cultural<br />
toolbox with which I deal with death.<br />
Gardère said his own art practice<br />
was a way to relieve pain, stemming<br />
from his exile, disconnection from his<br />
new milieu, and the death of a bygone<br />
<strong>Haiti</strong> he had to relinquish as a fatherless<br />
bourgeois youth. My works are<br />
also often a way for me to compensate<br />
for the anguish of death — in truth,<br />
for the alienation in my own ruptured<br />
life as well. They attempt to project<br />
vicariously a pragmatic and peoplecentered<br />
sense of Vodou spirituality<br />
that could support the materialist in<br />
all of us. I’d like to believe that I have<br />
fashioned parts of my life and psyche<br />
out of my own culture-specific sense<br />
of death.<br />
Likewise, my writing about the<br />
passing of <strong>Haiti</strong>an artists is a way of<br />
reimagining their transformed existence<br />
as a standing army of like-minded<br />
comrades struggling since 1804 in<br />
the quest for national liberation and<br />
regeneration.<br />
Stivenson Magloire and Burton<br />
Chenet, both of whom were dastardly<br />
assassinated in <strong>Haiti</strong> in 1994 and<br />
2012 respectively, are now also enlisted<br />
soldiers in this idealistic, yet topical,<br />
quest. I had met them in New York<br />
and <strong>Haiti</strong>, each perhaps just a couple<br />
of times. Chenet delighted in faux-naïve<br />
pictures based on <strong>Haiti</strong>an folklore<br />
and especially vèvè-like images dappled<br />
at times with distinct brushwork.<br />
He struck me as being pleasant and<br />
full of heart, without the swagger or<br />
guardedness that’s at times reserved<br />
for dyaspora artists like me who venture,<br />
one would think, into the domain<br />
of the local <strong>Haiti</strong>an art establishment.<br />
The meteoric and prolific Magloire,<br />
on the other hand, seemed<br />
more coiled in himself. He was known<br />
for his twig-like images of beings gadding<br />
about in darkish worlds pulsing<br />
with symbolic life. At the Oloffson<br />
Hotel years ago, he appeared both<br />
restless and dazed. Then, at an opening<br />
featuring his paintings at Kenkeleba<br />
Gallery in lower Manhattan,<br />
he sat at one point by himself on a<br />
flight of stairs, quietly removed from<br />
the crowd. There, looking downward<br />
with hands partly shielding his face,<br />
tears welled in his eyes. Did he then<br />
feel somehow that sense of death or<br />
suffering in the trajectory of his life or<br />
country? I don’t recall anyone getting<br />
Magloire to say a word about what<br />
he felt at the opening. But the need<br />
to bring more light to bear on the life,<br />
work, and death of our artists is paramount,<br />
if not to support of the everunfinished<br />
national struggle then for<br />
the foregrounding of the mirror from<br />
which we create our own individual<br />
sense of self and liberation — which is<br />
all dynamically integrated. Indeed, for<br />
any of us who consider ourselves not<br />
just artists but <strong>Haiti</strong>an artists as well,<br />
the conceptualization of self is inseparable<br />
from that of nation.<br />
Author Philippe Thoby-Marcelin<br />
writes, for instance, of the great,<br />
academically trained sculptor Normil<br />
Charles who died in 1938 in a “condition<br />
next to shame” and of the few<br />
works that have survived him — particularly<br />
“Dans le Rêve” (Dreaming),<br />
which supposedly exists only in the<br />
form of it’s plaster mold. We’re told<br />
that the actual work was a “patriotically<br />
inspired” figurative sculpture, a<br />
“sort of Sleeping Beauty that represented<br />
innocently… <strong>Haiti</strong> asleep during<br />
the American occupation.” A rare,<br />
unpublished sepia-toned photograph<br />
of Charles proudly posing next to “Le<br />
Réveil” (The Awakening), his overlife-size<br />
plaster masterwork, suggests<br />
a bolder narrative. It shows a reclining,<br />
somewhat down-to-earth black<br />
nude with head cocked and eyes fixated,<br />
propping herself up as if to gauge a<br />
distant, yet (with her knowing frown)<br />
familiar reality.<br />
Contextually, this sculpture<br />
speaks of the <strong>Haiti</strong>an nation not just<br />
shaking off the yoke of the U.S. occupation<br />
but guarding against its potential<br />
return. A seminal figure who has<br />
yet to be given his due in the development<br />
of modernism in <strong>Haiti</strong> before<br />
the Centre d’Art juggernaut, I envision<br />
more clearly now Charles’ abiding<br />
support to the army of the <strong>Haiti</strong>an<br />
imaginary.<br />
Gardère’s final works before his<br />
death (after his wife Marcia’s passing<br />
a mere month earlier) reveal that his<br />
would-be dispassionate critical take<br />
on <strong>Haiti</strong>an history, culture, and colonialism<br />
has morphed into an embrace<br />
of the necessary romance of national<br />
(or self-) liberation and culture. To<br />
complete his last few works, which<br />
are unusually somber, solemn, and<br />
de-intellectualized, he must have finally<br />
conflated self and Vodou. He<br />
might have poured a libation as well<br />
— at least to his wife. For these final<br />
works are an affirmation of Vodou. In<br />
at least one of them, symbols of Èzili<br />
and Gédé, juxtaposed with the boldly<br />
inscribed words lanmou (love) and<br />
lanmò (death), touchingly demonstrate<br />
that death (or undue suffering)<br />
is the mirror that also reflects a world<br />
of coherence and love.<br />
So the bright vision of our liberation<br />
in this seemingly endless night<br />
is still strong. I now empty down the<br />
drain my unfinished drink on this new<br />
morning.<br />
August 2012<br />
Fedecámaras regroupant les intérêts<br />
économiques privés du pays, et actuellement<br />
réfugié en Colombie.<br />
Le 25 février 2003, une faction<br />
radicale de l’opposition composée de<br />
Felipe Rodríguez, José Colina Pulido,<br />
Germán Varela López, Silvio Mérida<br />
et Raúl José Díaz Peña, décidée à renverser<br />
Hugo Chávez, a fait exploser<br />
plusieurs bombes au Consulat général<br />
de la République de Colombie et<br />
à l’Ambassade d’Espagne. L’objectif<br />
était d’accuser les partisans du président<br />
vénézuélien des attentats<br />
terroristes, lesquels auraient agi en<br />
représailles à la décision de Bogota et<br />
de Madrid de reconnaitre l’éphémère<br />
junte putschiste d’avril 2002[2].<br />
Néanmoins, le plan échoua car<br />
Díaz Peña et ses complices furent arrêtés<br />
le même jour par les autorités du<br />
pays. Suite à son procès, le 29 avril<br />
2008, il a été condamné en première<br />
instance à 9 ans et 4 mois de prison<br />
pour terrorisme par la justice vénézuélienne.<br />
En mai 2010, un juge a<br />
décidé d’octroyer un régime de semiliberté<br />
à Díaz Peña en lui permettant<br />
de passer les weekends en famille<br />
et d’exercer une activité professionnelle.<br />
En septembre 2010, Díaz Peña<br />
a pris la fuite et s’est réfugié aux<br />
Etats-Unis[3].<br />
La CIDH, une juridiction<br />
indépendante ?<br />
Organe juridique de l’Organisation<br />
des Etats américains, entité sous<br />
forte influence des Etats-Unis – à<br />
tel point que l’ensemble des pays<br />
d’Amérique latine et de la Caraïbe ont<br />
décidé de créer la Communauté des<br />
Etats latino-américains et caribéens<br />
Paul J. Jourdan<br />
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(CELAC) en décembre 2011, afin<br />
de s’émanciper de l’ombre tutélaire<br />
de Washington et de son fidèle allié<br />
canadien –, la CIDH est soupçonnée<br />
de partialité à l’égard des gouvernements<br />
de gauche en Amérique latine.<br />
Ainsi, contre toute attente, la<br />
CIDH a accepté dès 2005 d’étudier le<br />
cas de Díaz Peña soumis par la Venezuela<br />
Awareness Foundation, une<br />
organisation de l’opposition à Hugo<br />
Chávez. Or, pour pouvoir émettre<br />
un jugement, les statuts de l’entité<br />
interaméricaine stipulent que tous<br />
les recours juridiques doivent avoir<br />
été épuisés dans le pays d’origine,<br />
ce qui n’est pas le cas pour l’affaire<br />
Díaz Peña. C’est la première fois dans<br />
l’histoire de la justice interaméricaine<br />
que la CIDH accepte d’étudier le cas<br />
d’un individu condamné pour terrorisme<br />
dans son propre pays, en fuite<br />
aux Etats-Unis et dont le procès est<br />
toujours en cours, en violation de sa<br />
propre Convention. A ce jour, l’entité<br />
juridique de l’OEA n’a pas fourni<br />
d’explication à ce sujet[4].<br />
Nicolás Maduro, ministre des<br />
Affaires étrangères du Venezuela,<br />
a fait part de sa consternation et a<br />
annoncé que son pays se retirerait<br />
de l’organisation. « Il est regrettable<br />
d’en arriver là, mais le Venezuela y a<br />
été contraint par les décisions aberrantes<br />
et abusives qui ont été prises<br />
contre notre pays depuis 10 ans »<br />
par la CIDH. « Aucun pays d’Europe<br />
ni les Etats-Unis n’accepteraient que<br />
la CIDH protège un terroriste », a-t-il<br />
ajouté[5]. La diplomatie vénézuélienne<br />
a accusé l’entité « de complicité<br />
avec la politique de Washington de<br />
protection aux terroristes » et a exigé<br />
« que soient appliqués les principes<br />
d’universalité, d’impartialité,<br />
d’objectivité et de non-sélectivité<br />
dans l’examen des questions des<br />
droits de l’homme[6] ».<br />
En effet, depuis l’arrivée<br />
d’Hugo Chávez au pouvoir en 1999,<br />
la CIDH a multiplié les décisions et<br />
rapports défavorables au Venezuela,<br />
dans des proportions largement<br />
supérieures au reste de l’Amérique<br />
latine. Ainsi, depuis sa création en<br />
1959 et jusqu’à l’arrivée d’Hugo<br />
Chávez au pouvoir en 1999, la<br />
CIDH n’avait émis que cinq jugements<br />
condamnant des violations<br />
de droits de l’homme au Venezuela.<br />
En revanche, entre 2000 et 2012, la<br />
CIDH a condamné Caracas à 36 reprises.<br />
Ainsi, en l’espace de 12 ans,<br />
la CIDH a condamné le Venezuela 7<br />
fois plus que durant les 40 années<br />
précédentes, marquées par des exactions<br />
de toute sorte et notamment le<br />
Caracazo du 27 et 28 février 1989,<br />
révolte populaire contre la vie chère<br />
réprimée dans le sang par l’armée et<br />
la police et qui a coûté la vie à près de<br />
3 000 civils[7].<br />
Par ailleurs, lors de coup d’Etat<br />
d’avril 2002, la CIDH, à l’instar des<br />
Director: Florence Comeau<br />
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Etats-Unis, a ouvertement reconnu<br />
la dictature de Pedro Carmona dans<br />
une lettre adressée à ce dernier et<br />
signée de la main de Santiago Antón,<br />
alors secrétaire exécutif de la<br />
CIDH[8]. Maduro n’a pas manqué<br />
de rappeler cet épisode qui jette une<br />
ombre sur la crédibilité et la réputation<br />
de l’entité interaméricaine : « La<br />
Commission a reconnu les putschistes<br />
et a refusé de soutenir le président<br />
Hugo Chávez[9] ».<br />
Le président Chávez a confirmé<br />
que son pays se retirerait de<br />
la CIDH[10]. « Le Venezuela se retire<br />
de la Cour interaméricaine des<br />
droits de l’homme par dignité et nous<br />
l’accusons aux yeux du monde d’être<br />
indigne de porter ce nom de droits de<br />
l’homme en apportant son soutien<br />
au terrorisme », a-t-il souligné[11].<br />
La CIDH « ne nous a même pas appelés<br />
pour nous consulter. Ici [au<br />
Venezuela], il y a eu un jugement,<br />
une condamnation, il y a des témoins<br />
qui ont affirmé que ce terroriste a fait<br />
exploser des bombes à l’ambassade<br />
d’Espagne et de Colombie. Cela a été<br />
prouvé », a-t-il ajouté[12].<br />
La réaction des Etats-Unis<br />
De son côté, Washington a fustigé<br />
la décision de Caracas. Victoria Nuland,<br />
porte-parole du Département<br />
d’Etat a déclaré que « le Venezuela<br />
enverrait un message lamentable au<br />
sujet de ses engagements envers les<br />
droits de l’homme et de la démocratie<br />
» au reste du continent, en se retirant<br />
de la juridiction de la CIDH. Nuland<br />
a fait l’éloge de l’entité interaméricaine,<br />
et a fait part de son respect pour<br />
cette dernière [13].<br />
Néanmoins, la position des<br />
Etats-Unis n’est pas exempte de contradictions.<br />
En effet, contrairement à<br />
l’ensemble des pays de l’Amérique<br />
latine, les Etats-Unis, tout comme<br />
le Canada, ont toujours refusé de se<br />
soumettre à la juridiction de la CIDH<br />
et ne reconnaissent pas son autorité,<br />
estimant qu’elle viole leur souveraineté<br />
nationale.<br />
La récente décision de la CIDH<br />
concernant le Venezuela suscite de<br />
nombreuses interrogations. Pourquoi<br />
la CIDH a-t-elle accepté d’étudier le<br />
dossier Ruiz Peña avant la fin de son<br />
procès au Venezuela, violant ainsi<br />
sa propre Convention ? Quelles ont<br />
été les motivations qui ont amené<br />
les magistrats à rendre un jugement<br />
favorable à un individu lourdement<br />
condamné par la justice vénézuélienne<br />
pour terrorisme et en fuite aux<br />
Etats-Unis ? Sont-elles politiques ou<br />
bien juridiques ? Aurait-elle étudié le<br />
cas si Ruiz Peña avait été colombien,<br />
mexicain ou chilien ? Quel a été le<br />
rôle de la CIDH lors du coup d’Etat<br />
contre Hugo Chávez et la démocratie<br />
vénézuélienne en avril 2002 ? En un<br />
mot, la CIDH est-elle impartiale visà-vis<br />
du Venezuela ?<br />
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<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012
Dossier Venezuela :<br />
Suite de la page (12)<br />
ces secteurs hybrides, est de démonter<br />
l’un des arguments en grande<br />
partie construit par les moyens<br />
de communication liés à l’opposition<br />
: Chavez voudrait en finir<br />
avec la propriété privée et voudrait<br />
que toute l’activité économique<br />
soit entre les mains de l’État. «<br />
Le processus révolutionnaire a<br />
augmenté le nombre de propriétaires<br />
dans le pays, principalement<br />
depuis la réforme agraire », affirme<br />
le directeur du GIS XXI. « Le<br />
programme de la Révolution se bat<br />
contre les monopoles et renforce<br />
l’État. Mais il ouvre un espace à<br />
différents types de propriétés, de<br />
caractère privé, coopératif ou social.<br />
Le gouvernement doit mieux définir<br />
le rôle de ces modèles pour torpiller<br />
l’image d’un État fondamentaliste<br />
que l’opposition tente de vendre ».<br />
Le candidat de l’opposition<br />
est confronté au problème inverse.<br />
Représentant une alliance dont les<br />
soutiens sont de puissants hommes<br />
d’affaires (comme la brasserie Polar, le<br />
groupe agro-industriel Mavesa et agroalimentaire<br />
Alfonso Rivas entre autres),<br />
Capriles doit convaincre qu’il est<br />
capable de prendre à son compte une<br />
partie au moins des mesures, qui depuis<br />
1999 favorisent 80 % des électeurs qui<br />
ne sont pas des classes A et B. Cependant<br />
son programme ne l’aide pas<br />
beaucoup. Même s’il a modéré ses critiques<br />
à l’égard des politiques sociales<br />
du président, il est un défenseur impétueux<br />
des privatisations. Il ne parle pas<br />
seulement de réduire l’État, de revenir<br />
sur les nationalisations ou d’en finir<br />
avec le contrôle de l’État sur la PDVSA.<br />
Il défend explicitement que les grands<br />
propriétaires terriens expropriés récupèrent<br />
leurs exploitations. « Premièrement,<br />
nous devons en finir avec les expropriations,<br />
ramener la sécurité dans<br />
les campagnes et que le gouvernement<br />
restaure la confiance », a affirmé<br />
Capriles lors d’une récente conférence<br />
de presse.<br />
Indépendamment du résultat,<br />
l’administration de Hugo Chavez a<br />
réussi un fait qui mérite d’être observé<br />
de près par les analystes politiques.<br />
À l’inverse de ce qui se passe dans la<br />
majorité des pays, le marketing n’a pas<br />
domestiqué la politique et occulté le débat<br />
d’idées pour coller aux attentes de<br />
l’électeur. Au Venezuela, même les impératifs<br />
électoraux ne diluent la bataille<br />
frontale entre programmes.<br />
Les plus pauvres forment la<br />
base électorale de Chavez<br />
Les politiques sociales, les créations<br />
d’emplois et la redistribution des<br />
richesses ont sorti de la pauvreté<br />
près neuf millions de Vénézuéliens.<br />
Rabin Azuaje chemine vers les<br />
70 ans mais sa foulée est toujours<br />
vigoureuse. Alors qu’il monte et descend<br />
les ruelles du quartier 23 de Enero,<br />
l’ancien professeur de théâtre se<br />
souvient des années qui ont précédé<br />
l’arrivée de Hugo Chavez au pouvoir.<br />
« À l’époque, sous les gouvernement<br />
de Carlos Andrés Pérez (1974-1979 ;<br />
1989–1993) et Rafael Caldera (1969-<br />
1974 et 1994–1999) par exemple, ici<br />
c’était une espèce de zone expérimentale<br />
pour la répression », se rappelle<br />
ce communiste, militant depuis qu’il<br />
a douze ans. « Ils testaient tout type<br />
d’armement contre nous ».<br />
Le 23 de Enero, comme tous les<br />
quartiers pauvres de Caracas, étaient<br />
des bastions de résistance contre les administrations<br />
des partis conservateurs<br />
AD et Copei. « La voix du pauvre n’a<br />
jamais été entendu. Tout le monde pouvait<br />
voter, mais personne ne répondait<br />
à nos besoins », souligne Rabin Azuaje.<br />
« Avec Chavez, c’est la première fois<br />
qu’un président fait construire des maisons<br />
pour les plus démunis. Grâce à lui,<br />
nous avons commencé à comprendre<br />
que nous étions la majorité et que nos<br />
intérêts devaient guider les politiques<br />
du pays ».<br />
Cette perception se matérialise à<br />
la lecture des données de l’Institut National<br />
de Statistiques (INE). Jusqu’en<br />
1998, 50,8 % de la population étaient<br />
considérés pauvres, 20,3 % extrêmement<br />
pauvres. En douze ans, ces indices<br />
ont respectivement chuté à 31,9<br />
% et 8,6 % de la population. Pour être<br />
plus précis : 71,1 % des habitants<br />
étaient pauvres ou misérables au début<br />
de l’actuelle administration. De ce contingent,<br />
43 % ont migré vers les classes<br />
sociales au-dessus. Plus de 30 % de la<br />
population a changé de classe socioéconomique.<br />
Ce qui n’est pas rien.<br />
Une étude récente de la Commission<br />
économique pour l’Amérique<br />
latine et les Caraïbes (Cepalc) montre<br />
que le Venezuela est actuellement le<br />
pays d’Amérique Latine qui présente<br />
le moins d’inégalités sociales. Elle affiche<br />
un coefficient Gini de 0,394. Plus<br />
l’indice est proche de zéro, plus les<br />
inégalités sont réduites. L’héritage qu’a<br />
reçu Chavez des gouvernements conservateurs<br />
était bien pire. L’indice était<br />
alors de 0,487.<br />
L’augmentation du salaire minimum<br />
a été l’un des principaux instruments<br />
pour soutenir la redistribution<br />
des richesses. Quand Chavez a remporté<br />
les élections en 1998, le salaire légal<br />
le plus bas était équivalent à 182 dollars.<br />
En septembre 2012, il approchera<br />
les 480 dollars. Ajouté à l’assistance<br />
alimentation, un droit pour tous les<br />
salariés, le montant frôlera les 480 dollars.<br />
Le salaire minimum le plus élevé<br />
d’Amérique Latine selon l’Organisation<br />
Mondiale du Travail (OIT). En deuxième<br />
position, vient l’Argentine (530<br />
dollars). Avec 250 dollars, le Brésil<br />
n’occupe que la neuvième place.<br />
Chavez dispose d’un autre atout<br />
important en ce qui concerne le monde<br />
du travail. Il a fait reculer significativement<br />
le chômage. Au moment de la<br />
transition, en 1999, le chômage touchait<br />
14,4 de la population. Durant la<br />
crise politique de 2002-2003, quand<br />
l’opposition a tenté un putsch civiquemilitaire<br />
et a paralysé l’économie en<br />
bloquant les centres de production, presque<br />
20 % des Vénézuéliens se sont<br />
retrouvés sans emploi. Malgré la crise<br />
mondiale, la taux de chômage se situe<br />
à 7,5 % aujourd’hui. Par ailleurs 56 %<br />
des contrats de travail sont déclarés, légaux.<br />
Contre 49 % en 1998.<br />
L’augmentation des revenus et la<br />
création d’emplois explique la dévotion<br />
que vouent les plus pauvres à Chavez.<br />
Mais pour bien comprendre les raisons<br />
économiques et sociales de cette dévotion,<br />
il faut prendre en compte la croissance<br />
débridée des investissements<br />
dans les programmes sociaux. Lors des<br />
douze ans qui ont précédé son gouvernement,<br />
73,5 milliards de dollars avait<br />
été consacrés au social. Entre 1999 et<br />
2011, ce chiffre a bondi à 468,6 milliards.<br />
Adoration<br />
Il n’est pas rare d’observer à Caracas<br />
des drapeaux et des affiches avec le<br />
visage du ”Comandante” sous fond<br />
rouge, la couleur qui caractérise<br />
Hugo Chavez. Dans le centre de la<br />
capitale, de nombreuses boutiques<br />
vendent des pin’s, des t-shirts, des<br />
mugs. Il y a même de poupées en<br />
plastique à l’image du président qui<br />
répète ses discours et des chansons<br />
que Chavez entonne.<br />
Les provocations contre « les immondes<br />
», comme Chavez appelle ses<br />
adversaires de l’opposition, sont commémorées<br />
et reproduites par ses disciples.<br />
Exemple de ceci en juin. Henrique<br />
Capriles du parti de l’opposition MUD<br />
(Table pour l’Unité Démocratique) et<br />
candidat aux élections présidentielles,<br />
organise une marche dans les rues de<br />
La Guaira, dans l’état de Vargas. En arrivant<br />
chez une habitante, la femme le<br />
reçoit avec la photo portrait de Chavez<br />
entre les mains. « Ici nous sommes tous<br />
des rouges et petits rouges », lance la<br />
chaviste devant les caméras, abandonnant<br />
le prétendant « bleu » dans une<br />
situation inconfortable.<br />
L’histoire d’Alex<br />
À une dizaine de kilomètres, dans<br />
une pièce, au troisième étage de la<br />
Fondation Centre d’Études Latinoaméricaines<br />
Romulo Gallegos (Celarg),<br />
Alex Valbuena, enseignant de<br />
54 ans, donne un cours sur « Doña<br />
Barbara », célèbre roman de l’ancien<br />
président vénézuélien Gallegos.<br />
Publiée en 1929, l’histoire oppose<br />
la civilisation et la rudesse de la<br />
campagne. Elle met en scène des<br />
personnages victimes de leur destin<br />
mais qui continuent d’être forts et<br />
courageux. « Cette histoire parle du<br />
Venezuela », résume le professeur.<br />
Alex Valbuena explique pourquoi<br />
il a décidé d’étudier cette œuvre en profondeur,<br />
il y a huit ans. À l’époque, il<br />
venait d’apprendre à lire et écrire. Il travaillait<br />
comme vigile dans l’immeuble<br />
où Romulo Gallegos a vécu, dans le<br />
quartier de Altamira – l’un des plus nobles<br />
de la capitale vénézuélienne. « J’ai<br />
découvert un nouveau monde quand<br />
j’ai réussi à comprendre ce texte », dit-il.<br />
« Sans les Missions d’alphabétisation,<br />
je ferais encore probablement mes<br />
rondes nocturnes ».<br />
Les Missions sociales ont commencé<br />
en 2003 et sont des piliers<br />
du gouvernement Chavez. Les programmes<br />
dont parle Alex Valbuena, et<br />
leur efficacité ont été salués par des organismes<br />
internationaux. Depuis 2006,<br />
le Venezuela est un ”territoire libéré de<br />
l’analphabétisme”. Le pays comptait,<br />
en 2003, 1,6 millions d’analphabètes<br />
qui ont tous appris à lire et à écrire en<br />
deux ans. Selon le gouvernement, des<br />
premières personnes alphabétisées lors<br />
de la Mission Ronbinson, 65 % d’entre<br />
elles ont poursuivi leurs études grâce à<br />
la Mission Robinson II.<br />
Alex Valbuena attribue la responsabilité<br />
de ce changement à Chavez.<br />
Comme le professeur, des millions<br />
d’autres Vénézuéliens qui se sont éveillés<br />
au long des 14 ans d’administration<br />
chaviste votent pour la continuité du<br />
projet. « Il m’a donné l’essentiel, ce<br />
qu’aucun autre gouvernement n’avait<br />
tenté de me donner. Pourquoi je voterais<br />
pour quelqu’un d’autre ? », demande<br />
l’enseignant qui poursuit ses<br />
études en maîtrise de Lettres.<br />
La classe moyenne entre doutes<br />
et haine de Chavez<br />
Riches et gouvernement<br />
s’empoignent pour conquérir les<br />
nouvelles classes sociales qui ont<br />
émergé en 14 ans. Une dispute qui<br />
est au centre de la politique vénézuélienne<br />
Les arbres ombragent les rues<br />
Californie, Madrid, Paris et Londres.<br />
Elles forment avec l’avenue Rio de Janeiro<br />
l’un des plus riches districts de<br />
Baruta, localisé dans l’état de Miranda<br />
qui fait partie du Distrito Metropolitano<br />
de Caracas. L’endroit est connu sous<br />
le nom Las Mercedes. Il concentre les<br />
meilleurs restaurants de la région, une<br />
vie nocturne intense et de très beaux<br />
immeubles résidentiels.<br />
Ici, vit une partie des Vénézuéliens<br />
qui constitue les classes sociales<br />
les plus aisées. Les 3 % de la population<br />
regroupés dans les classes socio-économiques<br />
que l’on appelle A et B. Au<br />
contraire des zones moins favorisées,<br />
sur les murs de ce quartier chic, il n’y<br />
a aucun graffiti en hommage à Hugo<br />
Chavez, à Che Guevara ou Simon Bolivar.<br />
La révolution que propose le président<br />
vénézuélien n’est pas bien vu.<br />
À chaque élection, le<br />
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gouvernement y est rejeté un peu<br />
plus. Grâce aux votes de la 2ème<br />
circonscription de Miranda, qui réunit<br />
Baruta et trois autres municipalités,<br />
la députée de l’opposition Marina<br />
Corina Machado a recueilli le nombre<br />
impressionnant de 235 259 voix, soit<br />
41,93% des suffrages. Un record pour<br />
les élections législatives selon le Conseil<br />
National Électoral (CNE). Candidat du<br />
parti chaviste, PSUV (Parti Socialiste<br />
Uni du Venezuela), Luiz Dias Laplace<br />
n’a obtenu que 43 550 bulletins, 7,76<br />
% des votes.<br />
Baruta est un réduit de Henrique<br />
Capriles, du parti de l’opposition MUD.<br />
Candidat à l’élection présidentielle, il a<br />
été maire de la ville de 2000 à 2008.<br />
Ensuite, il a été à la tête de l’état de<br />
Miranda. « Ici il va remporter la majorité<br />
des voix, mais ce ne sera pas suffisant<br />
pour gagner l’élection », regrette<br />
Luiz Rodriguez, 29 ans. Dans la boîte<br />
Sabu, l’une des plus tendances de la<br />
capitale, un verre de Prosecco à la main<br />
l’homme d’affaire poursuit : « Malheureusement,<br />
Chavez a envoûté les plus<br />
pauvres qu’il a remontés contre nous ».<br />
Styliste de 28 ans, son amie Ana<br />
renchérit : « Même s’il gagne, j’espère<br />
qu’il ne gouvernera pas trop longtemps<br />
». La brune aux longs cheveux lisses<br />
réajuste au-dessus des genoux sa robe<br />
super moulée assortie à ses talons<br />
hauts rutilants. « En peu de temps, il<br />
meurt de son cancer et laisse à d’autres<br />
le champs libre », conclut-elle d’un<br />
sourire étincelant.<br />
Le son de la musique électronique<br />
entrecoupe la voix d’Ana, qui<br />
trouve que les conditions de vie ont<br />
vraiment empiré depuis l’arrivée au<br />
pouvoir de Chavez. « Il y a plus de violence.<br />
Aujourd’hui, il y a des enlèvements<br />
et des vols tous les jours. On m’a<br />
déjà volé trois Blackberrys », racontet-elle.<br />
Les téléphones de la marque<br />
canadienne qui coûtent 330 euros environ<br />
font fureur. Avec plus de 1,9 million<br />
d’usagers, le Venezuela détient le<br />
record mondial de vente de ce modèle<br />
d’appareils par habitant.<br />
Luiz Rodriguez est d’accord avec<br />
son amie. Il déclare qu’il a peur quand<br />
il marche dans la rue. « Même quand<br />
on arrive à la porte du Sabu et qu’on se<br />
retrouve face à face avec cette espèce<br />
de macaque, on a peur d’être séquestré<br />
», invective-t-il. Sans retenue, il fait allusion<br />
au videur de la boîte, un noir de<br />
plus de 1,90 mètre. Autour de l’homme<br />
d’affaire, cinq jeunes d’une vingtaine<br />
d’années, les cheveux balayés en arrière,<br />
portent des chemises de marque.<br />
Ils dansent avec enthousiasme. Le plus<br />
animé du groupe tient un verre de Buchanan’s.<br />
Un whisky 18 ans d’âge qui<br />
coûte 150 dollars au bar de la discothèque.<br />
D’ailleurs, la consommation<br />
de whisky explose au Venezuela.<br />
L’association internationale du secteur<br />
place le pays au sixième rang mondial<br />
des plus grand consommateurs. Avec<br />
9,3 millions de litres par an, il est le numéro<br />
un en Amérique Latine. Le rhum<br />
est pourtant considéré comme la boisson<br />
typique vénézuélienne. Pourquoi<br />
cette préférence pour le whisky ? «<br />
Parce qu’on en a les moyens », répond<br />
Luiz Rodriguez en explosant de rire.<br />
Dans la discothèque, les premières<br />
notes de “Gonna get your love”,<br />
interprétée par la chanteuse italienne<br />
Jenny B., mettent le feu sur la piste de<br />
danse. Se faufilant, presque invisibles<br />
parmi les jeunes, les serveurs prennent<br />
avec difficultés les commandes. «<br />
C’est vrai, nous avons toujours eu une<br />
vie nocturne bouillonnante », raconte<br />
l’homme d’affaires. « Ça ressemble<br />
beaucoup à Miami, do you know what<br />
I mean ? », conclut-il en Anglais. Dans<br />
son élan, il rapporte qu’il va fréquemment<br />
aux États-Unis mais qu’il ne<br />
connaît aucun autre pays d’Amérique<br />
Latine.<br />
La nouvelle classe moyenne<br />
Luiz et Ana font partie des 3 % qui<br />
haïssent le plus Chavez, leur pire<br />
ennemi. Cette couche de la population<br />
et le président se disputent<br />
l’influence des autres 17 % qui<br />
composent le reste de la classe moyenne<br />
aux revenus moins élevés.<br />
Les chercheurs les regroupent dans<br />
la classe dite C. Bon nombre de ces<br />
Vénézuéliens ont directement profité<br />
des politiques sociales de l’actuelle<br />
administration. Pourtant ils ne sont<br />
plus séduits par les programmes<br />
alimentaire ou d’aide au logement<br />
par exemple. Ils s’approprient les attentes<br />
et les valeurs du sommet de la<br />
pyramide sociale.<br />
Selon l’Institut National de Statistiques<br />
(INE), la population au-dessus<br />
de la ligne de pauvreté a augmenté de<br />
8,5 millions. Elle est passée de 49,6<br />
% en 1998 (11 millions de citoyens)<br />
à 68,1 % en 2011 (19,5 millions).<br />
La ligne de pauvreté correspond à un<br />
revenu mensuel par foyer supérieur ou<br />
égal à 3 600 bolivars. Soit 680 euros<br />
environ.<br />
Ce nombre rassemble les 3 %<br />
des classes supérieures, les 17 % des<br />
classes moyennes et les presque 50 %<br />
des classes moyennes modestes et des<br />
travailleurs, qui soutiennent majoritairement<br />
le projet porté par Hugo Chavez.<br />
L’augmentation de 198 % des inscriptions<br />
à l’université entre 1998 et 2011<br />
est l’une des répercussions directes de<br />
cette ascension sociale. Ce qui place le<br />
Venezuela au deuxième rang des pays<br />
avec le plus grand nombre d’étudiants<br />
universitaires.<br />
Le gouvernement fait la liste des<br />
changements qui ont directement affecté<br />
la classe moyenne. Dans le secteur<br />
immobilier, l’accès à la propriété a été<br />
rendu plus simple grâce à des crédits<br />
immobiliers à bas taux. Chavez a aussi<br />
mis fin à la T<strong>VA</strong> sur les véhicules et a<br />
élargi l’accès au crédit. Le nombre de<br />
détenteurs de carte de crédit à doublé<br />
entre 1999 et 2010, avec des taux<br />
d’intérêts annuels inférieurs à 30 %.<br />
Dans l’agro-alimentaire,<br />
le gouvernement a combattu la<br />
Suite à la page (16)<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 15
Suite de la page (15)<br />
spéculation en contrôlant les prix des<br />
produits de base, comme le savon, la<br />
farine. Selon le Groupe de Recherche<br />
Sociale XXI Siècle (GIS XXI), 70 %<br />
de la classe moyenne vénézuélienne<br />
affirment avoir profité du Mercal, une<br />
chaîne publique de supermarché. Par<br />
ailleurs, l’assurance sociale compte<br />
plus de 1,5 millions de Vénézuéliens<br />
dans ses registres. Un bond de 400 %<br />
entre 1999 et 2011. « Pour les plus<br />
riches, peu importe quel président est<br />
au pouvoir », analyse Jesse Chacon,<br />
ex-ministre de la Communication<br />
vénézuélien et directeur du GIS XXI.<br />
« En réalité, ils continuent de gagner<br />
beaucoup d’argent et savent très<br />
bien que s’ils ne sont pas contents,<br />
ils peuvent prendre l’avion et s’en<br />
aller quand ils veulent. Ce qui est<br />
important, c’est savoir comment va se<br />
comporter la nouvelle classe moyenne<br />
qui a surgi durant le gouvernement<br />
Chavez. En tout cas, elle est convoitée<br />
idéologiquement par les riches et<br />
le processus révolutionnaire. Cette<br />
dispute sera décisive pour la formation<br />
d’une majorité forte qui contribuera à la<br />
marche de la révolution ».<br />
La démocratie provoque la<br />
polémique en pleine campagne électorale<br />
vénézuélienne<br />
L’opposition critique Chavez pour<br />
une présumée violation des libertés. Le<br />
parti du président revendique que le<br />
système actuel a été le plus participatif<br />
de l’histoire<br />
Assis à des tables d’écoliers, dix<br />
membres des conseils municipaux du<br />
quartier 10 de Enero, à Caracas, débattent<br />
de la création d’une entreprise<br />
de manutention des ascenseurs pour le<br />
voisinage. Les conseillers, qui l’auront<br />
créée, en seront les propriétaires. Ils<br />
pourront compter sur le financement<br />
et l’appui technique du gouvernement<br />
national et de ses institutions. La nuit<br />
est tombée. Les participants de la réunion<br />
vont discuter des statuts de la<br />
société qu’ils souhaitent créer.« Ce qui<br />
est sûr, c’est qu’elle sera administrée<br />
par la communauté », souligne Darwin<br />
Jaimes, conseiller de Las Palmas 1320.<br />
« Aucun gouvernement ou homme<br />
d’affaires ne pourra prendre possession<br />
de l’entreprise ». Cette aspiration<br />
n’habite pas seulement ce traditionnel<br />
quartier de Caracas. Depuis l’approbation<br />
des lois dites du pouvoir populaire<br />
en décembre 2010, de nombreuses initiatives<br />
similaires ont été enregistrées.<br />
Les partis de l’opposition critiquent<br />
ce nouveau modèle qui permet<br />
à l’État de repasser directement à ces<br />
organisations de quartier des recours et<br />
des attributions. Ils estiment que ce mécanisme<br />
vide les administrations régionales<br />
et municipales, dans lesquelles ils<br />
conservent une forte présence et que ce<br />
mécanisme centralise plus de pouvoirs<br />
entre les mains de l’exécutif national.<br />
Les défenseurs de cette politique<br />
ne se donne même pas la peine de réfuter<br />
la thèse de la purge des anciens<br />
corps administratifs. « Nous voulons<br />
remplir le pays de communes », affirme<br />
Aristóbulo Istúriz, de 66 ans. Il est viceprésident<br />
de l’Assemblée Nationale et<br />
du Parti Socialiste Uni du Venezuela<br />
(PSUV), principal parti du chavisme.<br />
« L’état capitaliste bourgeois est hiérarchisé.<br />
L’état fédéral commande le<br />
régional, qui l’emporte sur le municipal,<br />
qui domine le quartier. En-dessous de<br />
cette structure bureaucratique, il y a le<br />
peuple, loin du pouvoir. Notre stratégie<br />
consiste à abattre cette pyramide et à la<br />
rendre horizontale ».<br />
Selon les données officielles, il<br />
existe déjà 46 000 communes à travers<br />
le pays. Chacune d’entre elles réunit<br />
des zones de quartier déterminé, dans<br />
lesquelles vivent entre 150 et 400 familles.<br />
Le conseil de la commune est élu<br />
au suffrage populaire. Dans les zones<br />
rurales et parmi les populations indigènes,<br />
la base de démarcation est plus<br />
petite. Le conseil débat des questions<br />
sociales de sa localité et de l’organisation<br />
des services publics. Mais cet organisme<br />
fait en outre partie d’un nouveau<br />
système économique. Il peut créer des<br />
entreprises communales, comme celle<br />
du 23 de Enero, constituer des sociétés<br />
mixtes avec des hommes d’affaires, ou<br />
des coopératives. Plusieurs communes<br />
peuvent s’unir et créer un projet commun.<br />
La commune, selon la législation<br />
approuvée par le parlement, est la nouvelle<br />
unité élémentaire de l’État fédéral.<br />
Malgré une forte résistance de l’opposition,<br />
plusieurs instruments d’imposition<br />
communale ont été réglementés. Ils<br />
incluent une partie des impôts locaux et<br />
régionaux, des subventions nationales,<br />
des barèmes pour certains services. Les<br />
infrastructures publiques de tout genre<br />
– écoles, centres de santé, aires de loisirs<br />
– peuvent passer sous sa tutelle. «<br />
Nous voyons la décentralisation comme<br />
le transfert des ressources vers les<br />
endroits où se trouvent les problèmes, à<br />
travers les communautés organisées »,<br />
proclame Aristóbulo Istúriz. « Le vieux<br />
concept de démocratie représentative<br />
et exclusivement politique nous<br />
poussait à la centralisation. Ce qui<br />
créait des strates bureaucratiques de<br />
pouvoir. Maintenant nous forgeons des<br />
espaces de participation où le peuple<br />
vit. Les personnes ne se sentent plus<br />
fragmentées, elles se sentent une partie<br />
de l’État national ».<br />
L’opposition<br />
L’opposition ne voit pas d’un bon<br />
œil cette voie. Elle essaie de traiter<br />
tout ce qui remet en question la<br />
démocratie représentative comme<br />
une attaque au régime démocratique<br />
en général. Pourtant le pluripartisme<br />
existe. Treize élections ont été scrutées<br />
par des observateurs internationaux.<br />
La majorité des médias<br />
est contrôlée par la droite. Mais les<br />
adversaires de Chavez insistent, au<br />
Venezuela et à l’étranger, à brosser<br />
le portrait d’une espèce de tyran<br />
mou.<br />
Face à cette perte accélérée de<br />
pouvoir, la réaction de ces segments<br />
de la société compte sur l’engagement<br />
de différentes entités qui naviguent en<br />
orbite des puissances occidentales, à<br />
commencer par la Maison Blanche. Il<br />
y a des signaux évidents de mécontentement,<br />
lancés spécialement par les<br />
États-Unis, quant à la consolidation<br />
d’un processus qui défie son hégémonie<br />
en Amérique latine mais aussi au<br />
sein du délicat noyau des nations exportatrices<br />
de pétrole.<br />
Finalement, les groupes conservateurs<br />
n’ont pas seulement été dégradés<br />
dans l’administration nationale. Le<br />
président, fort d’une majorité parlementaire<br />
et de victoires successives dans<br />
les urnes, leur a arraché des positions<br />
dominantes dans les cours de Justice,<br />
dans les forces armées, dans la diplomatie<br />
et dans d’autres sphères de l’État.<br />
Chavez n’a jamais caché son intention<br />
de mener une révolution politique, de<br />
forme « démocratique et pacifique, mais<br />
pas sans arme ». Faisant allusion à son<br />
intention de se protéger de putschs internes<br />
ou des menaces étrangères.<br />
À plusieurs reprises, le président<br />
vénézuélien a évoqué l’effondrement<br />
de Salvador Allende, président<br />
socialiste chilien entre 1970 et 1973,<br />
qui devait servir de leçon à la gauche.<br />
Pour implanter les transformations<br />
sociales en respectant l’ordre<br />
constitutionnel, la gauche doit inhiber<br />
la possibilité que ses ennemis recourent<br />
à des soulèvements militaires ou des<br />
opérations internationales. Allende est<br />
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tombé quand l’armée s’est unie aux<br />
partis de droite, qui avaient perdu du<br />
terrain dans les urnes, et a conduit le<br />
coup d’État commandé par le général<br />
Augusto Pinochet. En avril 2002,<br />
Chavez a presque vécu la même chose.<br />
Renversé par une insurrection civicomilitaire,<br />
articulée par la droite et les<br />
principaux médias, il a récupéré le<br />
pouvoir en 48 heures grâce une ample<br />
mobilisation populaire et à la réaction<br />
d’officiers légalistes.<br />
Les membres de l’opposition<br />
considèrent cependant que ces changements<br />
à la tête des pouvoirs de l’État<br />
affecte l’ordre démocratique et menace<br />
même les droits de l’homme. Aucune<br />
institution internationale de poids n’a<br />
entériné cette dénonciation. Le Venezuela<br />
est toujours considéré comme<br />
un pays qui respecte pleinement les<br />
règles démocratiques. Même l’Organisation<br />
des États Américains (OEA)<br />
dont le siège est à Washington ne remet<br />
pas en cause cette évaluation.<br />
Droits économiques et sociaux<br />
Professeur d’histoire de métier et<br />
ancien maire de Caracas sous la<br />
IV République (le régime qui a<br />
précédé l’accession de Chavez au<br />
pouvoir en 1999), Isturiz conteste<br />
de façon pédagogique les insinuations<br />
qui portent sur la faible teneur<br />
démocratique du processus mené<br />
par Chavez. « Il y a deux conceptions<br />
de la démocratie, il est normal<br />
qu’elles soient confrontées l’une<br />
à l’autre », souligne-t-il. « L’une<br />
d’elle, d’origine libérale, se limite à<br />
garantir les libertés et les droits politiques.<br />
Elle n’a aucun contenu social<br />
et elle circonscrit le rôle du citoyen<br />
au vote, qui délègue le pouvoir à<br />
ses représentants. Nous avons fait<br />
un bond vers un concept plus large,<br />
la démocratie participative, qui inclut<br />
les sauvegardes politiques,<br />
mais incorpore aussi des droits<br />
économiques et sociaux, en plus de<br />
créer des institutions qui favorisent<br />
une action politique permanente de<br />
la citoyenneté ».<br />
Pour le dirigeant du PSUV, la conception<br />
participative prédomine depuis<br />
la Constitution de 1999, qui a fondé la<br />
V République. Cela est mis en évidence<br />
par certains articles qui démontrent<br />
la prédominance de cette tendance. «<br />
Dans la Carte de 1961, il était dit que la<br />
souveraineté réside dans le peuple, qui<br />
l’exercerait par le suffrage pour les organes<br />
du pouvoir public », indique-t-il.<br />
« La nouvelle loi majeure va plus loin,<br />
car elle affirme que la souveraineté ne<br />
peut pas être transférée et qu’elle peut<br />
être exercée de forme indirecte, via le<br />
vote, ou de forme directe à travers des<br />
mécanismes créés par initiative populaire<br />
».<br />
Les ennemis de Chavez<br />
l’accusent de saper les fondements<br />
démocratiques. Cependant, il est difficile<br />
de trouver une institution qui ait<br />
été révoquée lors des 14 dernières années.<br />
Les Bolivariens ont maintenu intacts<br />
les mécanismes de la démocratie<br />
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représentative, mais ils ont aussi ouvert<br />
de nouvelles sphères et espaces de décisions<br />
qui sont étrangers à la pensée<br />
plus conservatrice.<br />
En vérité, le Venezuela peut arborer<br />
certains attributs constitutionnels<br />
assez rares. Sa Constitution prévoit des<br />
référendums et des plébiscites qui peuvent<br />
être convoqués par le Parlement,<br />
par le gouvernement ou par la simple<br />
volonté autonome des citoyens. Dans<br />
ce cas, il faut que la pétition réunisse 20<br />
% des électeurs. Ces consultations, en<br />
plus d’être impositives et irrévocables,<br />
peuvent aussi interrompre le mandat de<br />
parlementaires et de gouvernants. Le<br />
président a déjà affronté cet atout pour<br />
la démocratie, en 2004. Il a préservé<br />
son mandat avec 60 % des voix.<br />
Aucun pays affilié à la démocratie<br />
occidentale ne possède de réglementations<br />
d’une telle envergure dans<br />
son répertoire constitutionnel. Certains<br />
analystes interprètent ces dispositifs<br />
comme des moyens d’asservir les institutions<br />
à partir de la furie plébiscitaire<br />
manipulée par un chef d’État populiste.<br />
Pour les Chavistes, cependant, ce sont<br />
des armes dans la besace du président<br />
qui a misé sur la rupture avec la vieille<br />
politique. Celle des accords parlementaires<br />
et d’accommodement avec les<br />
intérêts filtrés par la bureaucratie étatique.<br />
Bien que, dans la pratique, tout<br />
soit plus confus et précipité, le choc des<br />
idées est bien réel sur le terrain.<br />
Le débat, cependant, ne laisse<br />
pas la droite vénézuélienne très à l’aise.<br />
Proposer la réduction de la participation<br />
politique pourrait s’avérer un positionnement<br />
électoral risqué et en contradiction<br />
avec ces forces politiques qui<br />
veulent se présenter comme les champions<br />
de la démocratie contre un leader<br />
soi-disant autoritaire. Vues les circonstances,<br />
l’opposition semble préférer un<br />
discours qui condamne d’éventuelles<br />
manipulations ou de restrictions dans<br />
la mise en œuvre des garanties constitutionnelles.<br />
« Il n’y a pas d’égalité de conditions<br />
politiques », réclame Leopoldo<br />
Lopez, du parti Vontade Popular (Volonté<br />
Populaire). Il est l’un des leaders du<br />
MUD (Mesa de Unidade Democratica),<br />
alliance de partis qui soutient Henrique<br />
Capriles dans la course à la présidentielle.<br />
« L’utilisation de recours publics,<br />
dans le domaine des communications,<br />
est tendancieuse. Le jeu, bien que<br />
démocratique, est déséquilibré ».<br />
Pour le PSUV, ces critiques<br />
prédisent que l’opposition pourrait se<br />
préparer à mettre en doute la légalité<br />
des élections en cours et ne pas reconnaître<br />
les résultats d’octobre. Durant les<br />
derniers mois, de fait, plusieurs délégations<br />
des partis de droite ont voyagé<br />
en Europe et aux États-Unis avec pour<br />
objectif de faire part de leurs préoccupations<br />
concernant la régularité des<br />
élections présidentielles. Et ce malgré<br />
le système de vote électronique vénézuélien<br />
considéré parmi les plus sûr au<br />
monde. Chavez affirme fréquemment<br />
qu’il respectera les résultats des urnes,<br />
quel qu’en soit le verdict. Les socialistes<br />
exigent de leurs adversaires le même<br />
engagement.<br />
Sous Chavez, le nombre de<br />
chaînes de télé et la compétition<br />
augmentent<br />
Des données divulguées par le<br />
gouvernement contredisent les critiques<br />
des ONGs de défense droits<br />
de l’homme. Quand on allume son<br />
téléviseur au Venezuela, il y a toujours<br />
au moins deux versions antagoniques<br />
des faits. La chaîne Globovision,<br />
parmi les groupes privés<br />
de communication, a l’habitude<br />
de critiquer tout ce que fait le président<br />
Hugo Chavez. Les termes<br />
employés sont radicaux et elle ne<br />
relaie que la version des opposants.<br />
Elle ne se donne généralement<br />
pas la peine d’en écouter d’autres.<br />
De l’autre côté, son pendant est la<br />
chaîne d’État VTV, la principale du<br />
système public. Un peu plus mesurée<br />
que sa concurrente, sa grille de<br />
programmes est dominée par la diffusion<br />
d’initiatives et d’opinions du<br />
gouvernement.<br />
Ce climat partidaire ne prédomine<br />
pas seulement dans les médias audiovisuels.<br />
Il touche presque tous les moyens<br />
de communication, traditionnels<br />
ou électroniques. La radicalisation du<br />
débat politique a visiblement conduit à<br />
une prédominance des éditoriaux et des<br />
analyses sur l’information. Le lecteur<br />
ou téléspectateur adhère à un journal<br />
ou à une chaîne de télé en fonction des<br />
mêmes critères qu’il choisit le parti pour<br />
lequel il va voter. C’est-à-dire par la<br />
proximité politico-idéologique. Les uns<br />
sont rouges. Les autres bleus. Celui qui<br />
hésite, zappe.<br />
Malgré la forte polarisation, on<br />
n’observe pas de monopolisation des<br />
médias par le gouvernement ou les<br />
hommes d’affaires. Au contraire. Le<br />
nombre de chaînes, par exemple, a<br />
augmenté. Selon les chiffres de la Commission<br />
National des Télécommunications<br />
(Conatel), il existait en 1998, 40<br />
concessions. Leur nombre est passé<br />
à 150 en 2012, 75 non-payantes et<br />
75 payantes. Parmi les chaînes nonpayantes,<br />
seulement quatre ont une<br />
transmission nationale. Les autres sont<br />
régionales de caractère privé, public ou<br />
communautaire.<br />
Dans la sphère des radios, le total<br />
est passé de 338 concessions en 1998,<br />
à 473 radios privées et 244 radios communautaires<br />
en 2011. C’est avec ces<br />
chiffres que le gouvernement Chavez<br />
répond aux fréquentes critiques sur les<br />
prétendues atteintes aux libertés de la<br />
presse signées par des organisations<br />
de défense des droits de l’homme ou le<br />
gouvernement des États-Unis.<br />
Le cas RCTV<br />
Sur ce terrain, l’épisode le plus tendu<br />
auquel a fait face le gouvernement,<br />
fut quand la concession de la chaîne<br />
Radio Caracas de Télévision (RCTV),<br />
la plus ancienne télé hertzienne,<br />
n’a pas été renouvelée en 2007.<br />
Elle ne pouvait plus opérer que sur<br />
Suite à la page (19)<br />
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<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012
A Travers le monde<br />
Les étudiants du Chili<br />
sont dans la rue.<br />
Des affrontements et des<br />
centaines d’arrestations<br />
Rafael Correa déclare<br />
que Julian Assange peut<br />
rester indéfiniment à<br />
l’ambassade de<br />
Quito à Londres<br />
Par Michele Claverie<br />
Les étudiants manifestent depuis 2011 pour obtenir un système<br />
d’éducation gratuite et une instruction de qualité<br />
Par Capitaine Martin<br />
Comme il arrive au Chili chaque fois<br />
que les étudiants descendent dans<br />
la rue pour revendiquer leurs droits, la<br />
journée se termine avec des dizaines<br />
voire des centaines d’arrestations. Cette<br />
fois, ce sont entre 130 et 140 jeunes<br />
qui ont été emmenés dans les casernes<br />
à la fin de la mobilisation d’avant-hier<br />
dans les rues de Santiago, au Chili. Parmi<br />
les personnes arrêtées, il y aurait au<br />
moins 74 mineurs.<br />
Le 23 août, pas moins de 10.000<br />
jeunes ont organisé quatorze manifestations<br />
différentes à travers la capitale<br />
pour demander une réforme radicale<br />
du système scolaire. La plupart de ces<br />
manifestations n’avait pas été autorisée<br />
par les autorités. Les défilés dans<br />
chacune des quatorze municipalités<br />
qui composent la capitale ont convergé<br />
vers les bureaux des maires respectifs,<br />
où les manifestants voulaient déposer<br />
leurs revendications. Mais des cordons<br />
de policiers en tenue anti-émeute et<br />
des fils de fer barbelés bloquaient déjà<br />
l’approche de certains bâtiments administratifs.<br />
Des manifestations similaires ont<br />
eu lieu dans d’autres villes du Chili :<br />
Valparaiso, Antofagasta, La Serena,<br />
Concepción, Temuco ou encore Calama.<br />
Le conflit se poursuit depuis plus<br />
d’un an contre un système scolaire parmi<br />
les plus discriminants de la planète.<br />
Ce qui a commencé comme une protestation<br />
pacifique a rapidement dégénéré<br />
en affrontements entre manifestants et<br />
policiers. Près du palais présidentiel de<br />
La Moneda, certains groupes de manifestants<br />
avec leurs visages couverts ont<br />
approché de la police avec des bâtons,<br />
des pierres et des bouteilles remplies de<br />
peinture. Les carabiniers en tenue antiémeute<br />
ont répondu en chargeant la<br />
foule, utilisant les gaz lacrymogènes et<br />
les canons à eau.<br />
Les étudiants manifestent<br />
depuis 2011 pour obtenir un système<br />
d’éducation gratuite et une instruction<br />
de qualité. « Il y a un lien<br />
toujours plus étroit entre l’accès<br />
des jeunes à l’université et les<br />
Suite à la page (18)<br />
L’ex-agent du FBI Ali Soufan<br />
accuse la CIA de dissimulation<br />
d’information avant les attentats du<br />
11 Septembre 2001<br />
Par Abby Rogers<br />
L<br />
’ancien agent du FBI, Ali Soufan,<br />
est apparu devant les caméras de<br />
la BBC l’an dernier pour expliquer que<br />
selon lui, la CIA n’avait pas transmis<br />
des informations cruciales sur deux des<br />
pirates de l’air du 11/9, et ce, avant les<br />
événements.<br />
Soufan était en mission au Yémen<br />
pour le FBI au moment des attentats<br />
du 11/9 contre le World Trade<br />
Center. Il était parti au Moyen-Orient<br />
à la poursuite des pirates de l’air, alors<br />
qu’en réalité ceux-ci se trouvaient déjà<br />
aux USA, chose que la CIA savait pertinemment,<br />
selon Soufan.<br />
Aujourd’hui, Soufan explique<br />
que le gouvernement tente de le faire<br />
taire. « Ils essaient de m’empêcher, moi<br />
et d’autres, de raconter au monde ce<br />
qui s’est réellement passé ce jour-là, »<br />
a-t-il expliqué à la BBC.<br />
Mais la CIA qualifie ses allégations<br />
de « sans fondements », et ajoute<br />
que ses accusations de censure par<br />
l’Agence sont parfaitement « ridicules.<br />
»<br />
Plus récemment, en mai 2012,<br />
Soufan a déclaré au New Yorker que<br />
les affirmations du gouvernement sur<br />
les soi-disant résultats des « techniques<br />
d’interrogatoire améliorées », aussi appelées<br />
« torture » sont bidons. « Quand<br />
ils disent que le Waterbooarding a permis<br />
de démasquer KSM (Khalid Sheikh<br />
Mohammed) comme étant le cerveau<br />
des attentats du 11 septembre 2001,<br />
c’est également faux. » a lancé Soufan<br />
au New Yorker. « Nous avions cette<br />
information déjà en avril 2002, bien<br />
avant que les contractants du Centre de<br />
contre-terrorisme de la CIA n’arrivent<br />
sur place. »<br />
Le président chilien Sebastián<br />
Piñera, représentant la frange la<br />
plus réactionnaire de la société, a<br />
tenté de minimiser la mobilisation<br />
étudiante<br />
Ali Soufan, ancien agent du FBI<br />
dans les années 2000<br />
BusinessInsider, le 23 août 2012<br />
Traduit de l’anglais par GV pour<br />
ReOpenNews<br />
Rafael Correa<br />
Le président équatorien, Rafael<br />
Correa, a déclaré que le fondateur<br />
de Wikileaks, pourra rester indéfiniment<br />
à l’ambassade de son pays à<br />
Londres, parce qu’il est protégé par<br />
l’Etat équatorien. « L’Equateur a pris<br />
une décision souveraine et nous<br />
espérons que le Royaume-Uni accordera<br />
le sauf conduit » a souligné<br />
le président Correa après avoir confirmé<br />
que le dialogue continue avec<br />
le Royaume-Uni depuis la décision<br />
de son gouvernement d’accorder<br />
l’asile au journaliste australien, ce<br />
qu’il a considéré comme une décision<br />
souveraine de l’Equateur.<br />
Il a précisé qu’il existe deux<br />
issues pour trouver une solution de<br />
la situation, l’une serait que le pays<br />
européen remette le sauf conduit et<br />
l’autre que les garanties soient obtenues<br />
pour que Julian Assange ne<br />
soit pas extradé vers un pays tiers<br />
depuis la Suède.<br />
Rafael Correa a critiqué nouvellement<br />
les menaces du gouvernement<br />
britannique de faire<br />
irruption dans l’ambassade équatorienne<br />
à Londres où se trouve<br />
Julian Assange. L’Equateur a accordé<br />
l’asile pour protéger la vie de<br />
Julian Assange qui a publié sur son<br />
site Wikileaks des informations confidentielles<br />
de gouvernements dont<br />
celui des Etats-Unis.<br />
Ahora 24 Août 2012<br />
Conversation<br />
téléphonique entre Evo<br />
Morales et Gerardo<br />
Hernández<br />
Le président bolivien Evo Morales<br />
a pu parler, au téléphone,<br />
avec Gerardo Hernández Nordelo,<br />
l’un des cinq héros cubains injustement<br />
emprisonnés aux Etats-Unis.<br />
L’appel téléphonique du héros<br />
cubain a causé la surprise en plein<br />
milieu de la rencontre entre le président<br />
et l’épouse de Gerardo, Adriana<br />
Perez, qui avait lieu au Palais<br />
du Gouvernement de La Paz. La<br />
nouvelle en a été annoncée dans<br />
un reportage du Journal National<br />
de Télévision cubain.<br />
Au cours de la rencontre, Morales<br />
a démontré sa préoccupation<br />
pour la situation actuelle de René<br />
González, Ramón Labañino, Fernando<br />
González, Antonio Guerrero<br />
et de Gerardo qui, tous, avaient été<br />
arrêtés en 1998 et condamnés, en<br />
2001, en conclusion d’un procès<br />
vicié, à des peines excessivement<br />
lourdes pour avoir surveillé les activités<br />
terroristes de groupes anticubains<br />
installés en Floride.<br />
Le président a affirmé que<br />
c’est un honneur de pouvoir soutenir<br />
la cause des Cinq et de réclamer<br />
leur libération et, en même temps,<br />
il a souligné l’importance de<br />
l’aide apportée par l’île antillaise<br />
à son pays en matière de santé et<br />
d’éducation, a informé l’agence<br />
Prensa Latina.<br />
Il a déclaré que l’administration<br />
de Washington commettait à leur<br />
égard une grande injustice et il s’est<br />
engagé à une solidarité absolue et<br />
un appui inconditionnel jusqu’à ce<br />
que ces héros antiterroristes soient<br />
libérés et qu’ils puissent retourner<br />
dans leur Patrie, au sein de leurs<br />
familles.<br />
Il a annoncé qu’il allait écrire<br />
une lettre au président Barack<br />
Obama et il s‘est engagé à faire les<br />
gestions nécessaires auprès de la<br />
communauté mondiale et des organismes<br />
internationaux.<br />
Evo Morales exigera, de plus,<br />
la fin du blocus des Etats-Unis<br />
contre le peuple de Cuba, instauré<br />
depuis déjà plus d’un demi siècle.<br />
Il a signalé qu’il s’agit là du plus<br />
long siège mené par l’empire le plus<br />
puissant du monde contre une petite<br />
nation.<br />
Ahora 25 août 2012<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 17
Suite de la page (13) Suite de la page (17)<br />
rejoindre l’Association des mineurs<br />
et de la construction (Association<br />
of Mineworkers and Construction<br />
Union, AMCU) née de cette scission.<br />
Alors même que le gouvernement<br />
tentait d’apaiser les tensions,<br />
d’autres exploitants des mines<br />
de platine alertaient qu'il y avait<br />
propagation des troubles. En début<br />
de semaine, les mineurs du groupe<br />
Royal Bafonkeng Platinum ont<br />
exigé une augmentation de salaire<br />
tandis que les travailleurs d’Anglo<br />
American Platinum de Rustenburg<br />
contournaient les syndicats pour<br />
soumettre à la direction une liste<br />
de revendications à satisfaire d’ici<br />
vendredi.<br />
Vendredi matin, plus d’une<br />
centaine de travailleurs de chez<br />
Anglo American ont défié l’ordre<br />
de reprendre le travail après n’avoir<br />
reçu aucune réponse à leurs griefs.<br />
Le travail n'a été repris qu’après<br />
que la compagnie a entamé des négociations<br />
avec des représentants<br />
choisis par les mineurs.<br />
Les craintes, au sein de l’élite<br />
dirigeante, concernant une révolte<br />
grandissante des travailleurs non<br />
seulement contre les employeurs<br />
mais aussi contre le COSATU, sont<br />
résumées par le site Internet du<br />
patronat sud-africain Moneyweb,<br />
qui pose la question, « Lonmin ne<br />
serait-il que le début ? »<br />
Moneyweb, en faisant état au<br />
cours de ces deux dernières années<br />
d’une escalade constante des grèves<br />
violentes, a cité le communiqué de<br />
l’assureur South African Special<br />
Risks Insurance Association (SAS-<br />
RIA) disant que « les déclarations<br />
de sinistre liées aux grèves ont sensiblement<br />
augmenté depuis 2006 »<br />
et représentent actuellement « plus<br />
de 70 pour cent des demandes de<br />
prise en charge de SASRIA. »<br />
Le meurtre de travailleurs<br />
grévistes est la preuve que depuis<br />
la fin de l’apartheid, il y a deux<br />
décennies, rien n’a fondamentalement<br />
changé pour la grande masse<br />
des travailleurs noirs en Afrique du<br />
Sud. Une élite noire de l’ANC et du<br />
COSATU est devenue extrêmement<br />
riche sous le slogan de la « promotion<br />
économique des Noirs (« black<br />
empowerment »). Le fondateur du<br />
NUM, Cyril Ramaphosa, un multimillionnaire,<br />
siège au directoire<br />
de Lonmin tandis que la police est<br />
supervisée par la commissaire noire<br />
Riah Phiyega, qui a cautionné le<br />
massacre.<br />
Le dossier d’Aurora Empowerment<br />
Systems en est un autre<br />
exemple. Il s'agit d'un partenariat<br />
entre le petit-fils de Nelson Mandela,<br />
Zondwa Mandela, et l’un<br />
La journée de deuil national décrétée par le président Jacob Zuma a<br />
clairement montré que des paroles de tristesse ne suffiront pas à faire<br />
disparaître l’indignation à l’égard non seulement des compagnies minières<br />
mais aussi de l’ANC et de ses alliés au sein du NUM, du Congrès des<br />
syndicats sud-africains et du Parti communiste sud-Africain<br />
des neveux de Zuma, Khulubuse<br />
Zuma. Aurora Empowerment Systems<br />
s'était vu accorder les droits<br />
pour reprendre, à la périphérie de<br />
Johannesburg, deux mines d’or<br />
qui avaient fait faillite en 2009.<br />
Ce partenariat s'est rapidement<br />
embourbé dans des allégations<br />
d’irrégularités et de dilapidation<br />
des actifs ainsi que des accusations<br />
de non-paiement des salaires aux<br />
travailleurs pendant 18 mois, les<br />
abandonnant à leur sort dans des<br />
baraquements sans électricité et<br />
tributaires de l’aide alimentaire.<br />
Claude Baissac, le directeur<br />
général d’Eunomix, conseiller<br />
minier, a prévenu, « Ce n’est pas<br />
par hasard que le défi lancé au syndicat<br />
historiquement dominant, le<br />
NUM, affilié à l’ANC, se produise<br />
dans le contexte d’une contestation<br />
grandissante des travailleurs de la<br />
base à l’égard des agissements du<br />
gouvernement. »<br />
Selon une étude réalisée par<br />
le Centre for the Study of Violence<br />
and Reconciliation (CSVR), il y a<br />
eu depuis 2009 une forte augmentation<br />
des protestations violentes<br />
dans les régions appauvries, qui<br />
est provoquée par l’absence de<br />
services de base et l'indifférence<br />
officielle. Ce rapport a été publié<br />
l’année dernière, l’année même où<br />
l’Afrique du Sud a déclassé le Brésil<br />
et est devenue le pays socialement<br />
le plus inégalitaire du monde. La<br />
moitié de la population vit en dessous<br />
du seuil de pauvreté et le taux<br />
officiel de chômage se situe à 25<br />
pour cent.<br />
La Commission d’enquête judiciaire<br />
annoncée par Zuma vise à<br />
blanchir le massacre de Lonmin et<br />
les conditions qui existent en général<br />
dans l’industrie, tout en tentant<br />
de rassurer les investisseurs<br />
que l’Afrique du Sud peut être exploitée<br />
en toute sécurité. L’ancien<br />
juge Ian Farlam devrait diriger la<br />
commission composée de trois<br />
magistrats et qui présentera son<br />
rapport dans cinq mois.<br />
Celui-ci servira inévitablement<br />
à faire adopter de nouvelles<br />
mesures répressives contre les<br />
travailleurs. Zuma a dit qu’il consultera<br />
le gouvernement, la police,<br />
les syndicats et diverses personnes<br />
pour déterminer si le recours à la<br />
force « a été raisonnable et justifiable<br />
dans les circonstances de cet<br />
événement. »<br />
Le ministre de la Police, Nathi<br />
Mthethwa, a annoncé l’ouverture<br />
d’une enquête sur « la manipulation<br />
politique présumée des mineurs,<br />
» alors que le COSATU a affirmé<br />
avoir découvert une « stratégie<br />
politique coordonnée » pour utiliser<br />
l’intimidation et la violence dans le<br />
conditions économiques ; ainsi, ce ne<br />
sont pas les capacités qui permettent<br />
ou non de suivre un cursus supérieur<br />
mais l’argent qui détermine notre<br />
éducation », a déclaré à la presse un<br />
étudiant. « Personne ne peut ignorer<br />
la crise sociale et politique que connaît<br />
le Chili », a déclaré pour sa part<br />
Camila Vallejo, vice-président de<br />
l’Union des étudiants FECH (Federación<br />
de Estudiantes de la Universidad<br />
de Chile), organisation de jeunesse<br />
communiste chilienne.<br />
Le président chilien Sebastián<br />
Piñera, représentant la frange la plus<br />
réactionnaire de la société, a tenté<br />
de minimiser la mobilisation étudiante.<br />
« Il y a onze mille écoles dans<br />
ce pays, et je comprends que pour le<br />
moment il y ait des sit-in dans neuf<br />
d’entre elles », a quant à lui déclaré le<br />
Premier ministre.<br />
Apparemment, les manifestations<br />
qui traversent les rues des villes<br />
chiliennes ne comptent pas pour ces<br />
gens-là, quand bien même le mouvement<br />
de protestation prendrait encore<br />
plus d’ampleur malgré la répression.<br />
Au moins une cinquantaine d’écoles<br />
secondaires sont toujours occupées<br />
et, il y a une semaine (le 16 août,<br />
NDLR), une mobilisation sans précédent<br />
avait vu des milliers d’étudiants<br />
but d’encourager les travailleurs à<br />
rompre avec le NUM. Les accusations<br />
sont que l’AMCU collabore<br />
avec Malema pour saper l’ANC et le<br />
COSATU. L’ANC et le COSATU participent<br />
à cette chasse aux sorcières<br />
aux côtés des compagnies minières.<br />
Malema ne propose pas<br />
d’alternative viable à l’ANC et ses<br />
alliés. En défendant ses interventions<br />
fortement médiatisées de la<br />
semaine dernière, Malema a fait<br />
une déclaration fort révélatrice. «<br />
Il y avait un vide politique et nous<br />
avons rempli cet espace, » a-t-il dit.<br />
« Si nous ne l’avions pas fait, ce<br />
sont les mauvais éléments qui auraient<br />
alors occupé cet espace. Nous<br />
l’avons pris pendant que la direction<br />
de l’[ANC] était en vase clos<br />
en train de se parler à soi-même. »<br />
Son rôle est d’utiliser un discours<br />
radical pour contraindre les<br />
sections de travailleurs mécontents<br />
à se ranger derrière la faction exclue<br />
de l’ANC qu’il dirige et les soumettre<br />
une fois de plus à l’exploitation des<br />
entreprises mondiales en alliance<br />
avec la bourgeoisie noire.<br />
Parallèlement aux menaces<br />
proférées contre l'AMCU, une campagne<br />
est menée pour récupérer<br />
à bord ce syndicat dissident. Des<br />
réunions ont été prévues entre le<br />
syndicat et le ministre du Travail<br />
ainsi que la Chambre des Mines,<br />
défiler dans les rues. Le gouvernement<br />
n’a pas plus écouté ce jour-là<br />
sa jeunesse que les jours suivants,<br />
puisqu’il a envoyé sa police disperser<br />
les manifestants. 139 jeunes, parfois<br />
à peine sortis de l’adolescence, ont<br />
été arrêtés.<br />
Pendant ce temps, la famille de<br />
Manuel Gutiérrez, l’étudiant de 16<br />
ans tué par la police lors d’une manifestation<br />
il y a exactement un an, a<br />
publiquement demandé la clôture de<br />
l’enquête et l’ouverture d’un procès<br />
contre les responsables. L’adolescent<br />
avait été touché par une balle tirée<br />
par un carabinier le 25 août 2011.<br />
Il accompagnait son frère dans un<br />
fauteuil roulant lors d’une grève générale<br />
de deux jours déclenchée par<br />
la CUT (Central Unitaria de Trabajadores).<br />
« Nous ne voulons pas que<br />
le carabinier criminel soit jugé par<br />
une juridiction militaire - a dit le frère<br />
du garçon qui a été tué - parce qu’il<br />
est absurde qu’un policier soit jugé<br />
par un collègue ». Jusqu’à présent,<br />
deux carabiniers ont été suspendus<br />
de leurs fonctions : le tireur, le sergent<br />
Miguel Millacura, et l’officier<br />
Claudia Iglesias, accusé d’avoir couvert<br />
le coupable.<br />
LGS 27 août 2012<br />
alors qu’Impala Platinum (Implats)<br />
a dit qu’il commencera à vérifier<br />
l’affiliation syndicale dans ses<br />
mines pour déterminer si l’AMCU<br />
devrait être reconnu au lieu du<br />
NUM ou à côté de lui. Le PDG<br />
d’Implats, Terence Goodlace, a dit<br />
que des progrès étaient accomplis<br />
malgré le fait que « bon nombre de<br />
ces gens ne sont pas aussi expérimentées<br />
que le NUM. »<br />
Malgré ces efforts, de sérieux<br />
avertissements sont émis concernant<br />
les implications plus générales<br />
des événements de Marikana.<br />
Elizabeth Stephens, directrice du<br />
courtier en assurance Jardine Lloyd<br />
Thompson (JLT) qui évalue les risques<br />
politiques, a dit que ces développements<br />
constituaient « une indication<br />
de tensions économiques<br />
et politiques plus vastes partout en<br />
Afrique. »<br />
Elle a poursuivi en disant: «<br />
Une vague de grèves a été observée<br />
ces derniers mois dans des régions<br />
minières clé d'Afrique et, dans la<br />
plupart des cas, les grévistes ont<br />
réussi à obtenir des augmentations<br />
de salaire, on pourrait dire<br />
conférant aux mineurs la confiance<br />
nécessaire pour faire grève sur des<br />
questions telles que le salaire. »<br />
Wsws 25 août 2012<br />
Suite de la page (13) Les syndicats, la pseudo-gauche ...<br />
organisations de la classe moyenne qui<br />
se présentent comme étant de « gauche<br />
», voire même socialistes.<br />
Un exemple en est un article qui<br />
concerne le massacre en Afrique du Sud<br />
et publié le 21 août au bout de quatre<br />
jours de silence par l’International Socialist<br />
Organization aux Etats-Unis.<br />
Après avoir feint cyniquement la compassion<br />
pour les travailleurs et critiqué le<br />
NUM, l’ISO fait clairement comprendre<br />
qu’elle est catégoriquement opposée à<br />
toute tentative de briser la mainmise de<br />
cette institution. L’ISO critique même le<br />
rival du syndical NUM, l’Association des<br />
mineurs et de la construction (Association<br />
of Mineworkers and Construction<br />
Union, AMCU).<br />
«A n'en pas douter, » écrit l’ISO, «<br />
les patrons de la mine se réjouissent de<br />
l’aggravation des dissensions entre les<br />
différentes ailes du mouvement ouvrier<br />
en Afrique du Sud. » « Et parfois, les dirigeants<br />
de l’AMCU ont été attirés dans<br />
les manoeuvres qui exacerbent les divisions<br />
que les patrons de la mine cherchent<br />
à fomenter. »<br />
En réalité, les compagnies<br />
minières ne se « réjouissent » pas de l’«<br />
aggravation des dissensions » entre les<br />
syndicats, mais elles ont une peur bleue<br />
que leurs alliés du NUM ne perdent le<br />
contrôle sur les travailleurs. L’ISO dit, on<br />
ne peut plus clairement, qu’elle aussi est<br />
déterminée à empêcher des « divisions<br />
» – c’est-à-dire l’opposition de la classe<br />
ouvrière à l’égard du NUM.<br />
Un article complémentaire, que<br />
l’ISO a repris du journal sud-africain<br />
Amandla !, accuse l’AMCU de mettre en<br />
avant des « revendications irréalistes »<br />
et de « ne pas condamner la violence de<br />
ses membres. » Ce qui signifie que les<br />
travailleurs sont seuls responsables de<br />
leur mort parce qu’ils ont eu la témérité<br />
de réclamer un salaire décent.<br />
Amandla!, qui est très proche<br />
du Democratic Left Front of South Africa<br />
(Front de gauche démocratique<br />
d'Afrique du Sud), a écrit par ailleurs,<br />
qu’« une fois les négociations salariales<br />
terminées, le rôle du syndicat est de<br />
transmettre la décision aux travailleurs.<br />
» Et les travailleurs sont supposés accepter<br />
cette « transmission » sans rechigner.<br />
L’ISO et ses condisciples internationaux<br />
parlent au nom des sections<br />
privilégiées, suffisantes et réactionnaires<br />
de la classe moyenne supérieure. Pour<br />
celles-ci, les syndicats offrent à la fois la<br />
possibilité de faire une carrière lucrative<br />
et sont un mécanisme visant à maintenir<br />
un contrôle organisationnel et politique<br />
sur la classe ouvrière – empêchant<br />
ainsi toute lutte contre le capitalisme.<br />
Quels que soient les espoirs des<br />
hauts responsables syndicaux et de<br />
leurs alliés, la crise objective pousse des<br />
millions de gens dans une voie différente<br />
– vers la formation de nouvelles organisations<br />
de lutte et vers une politique<br />
socialiste. Les événements sanglants<br />
survenus en Afrique du Sud ont révélé<br />
au grand jour les divisions de classes,<br />
et il est nécessaire que ces événements<br />
deviennent une expérience stratégique<br />
pour l’ensemble de la classe ouvrière<br />
internationale.<br />
Wsws 24 août 2012<br />
18<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012
Vient de paraître<br />
Yon Amenajman Lengwistik<br />
Pou Devlopman Pèp Ayisyen :<br />
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Le Développement du<br />
Peuple<br />
Haïtien :<br />
Bilinguisme Équitable Différencié<br />
et<br />
La Valorisation du Créole<br />
Grâce à l’aimable obligeance<br />
de mon ami, le poète Lenous<br />
Suprice, j’ai reçu ce livre-document<br />
dont vous venez de lire<br />
le titre, couché dans les deux<br />
langues officielles du pays. Je<br />
me fais un plaisir d’en partager<br />
la lecture avec le lectorat du<br />
journal. Il a pour Responsables<br />
de la Recherche et de la Rédaction:<br />
Jean-Robert Placide et Joseph<br />
Sauveur Joseph. L’équipe<br />
de Rédaction est composée de<br />
Lenous Suprice, Mozart-Firmose<br />
Languefosse, Michel-Ange Hyppolite,<br />
Bergman Fleury et Pierre-<br />
Roland Bain. Il s’agit d’une publication<br />
bilingue, sous l’autorité<br />
intellectuelle et le patronage du<br />
Comité Culture, langues et patrimoine<br />
du GRAHN (Groupe de<br />
Réflexion et d’Action pour une<br />
Haïti Nouvelle).<br />
A la base de la démarche<br />
des auteurs gît «la problématique<br />
de la langue qui reste un<br />
facteur de division» dans notre<br />
pays à cause des insupportables<br />
clivages qu’elle engendre.<br />
Leurs réflexions ouvrent sur une<br />
proposition reposant «sur une<br />
politique et un aménagement<br />
linguistique qui préconisent<br />
le respect et la protection des<br />
droits de tous les citoyens». Cela<br />
s’entend de tous leurs droits,<br />
y compris leurs droits linguistiques<br />
(souligné par nous).<br />
N’est-ce pas raisonnable, équitable,<br />
applicable et souhaitable?<br />
Oui, bien sûr.<br />
Dans leur Introduction, les<br />
auteurs font remarquer à juste<br />
titre qu’il s’agit avant tout et<br />
surtout de mettre l’accent sur<br />
les droits du créole, le français<br />
jouissant déjà, pleinement des<br />
siens, de fait. Une vraie valorisation<br />
du créole à part entière<br />
avec le français requiert<br />
l’incontournable obligation suivante:<br />
«l’Etat doit faire en sorte<br />
que l’intégration du créole comme<br />
langue officielle devienne,<br />
au même titre que pour le français,<br />
une réalité (souligné par<br />
nous) dans tous les services officiels».<br />
Reconstruire la nouvelle<br />
Haïti passe forcément, raisonnablement,<br />
pleinement, par cette<br />
prise de position non équivoque<br />
et active de l’Etat, dès lors un<br />
Etat responsable.<br />
Après un rappel du «patrimoine<br />
linguistique d’Haïti«,<br />
de «l’état de la situation des<br />
langues officielles», de «la politique<br />
et l’Aménagement linguistiques<br />
de l’Etat haïtien» ; après<br />
la formulation d’«une vision<br />
stratégique temporaire: deux<br />
langues officielles équilibrées»<br />
et d’«un aménagement plus<br />
global pour un développement<br />
intégral», les auteurs en arrivent<br />
à une conclusion très pertinente<br />
relative à «la politique<br />
et l’aménagement linguistique<br />
dans l’administration et dans les<br />
écoles du pays».<br />
Et quelle est-elle ? «La<br />
primauté obligatoire du créole,<br />
sans exclusion, sur le français<br />
qui est un élément du patrimoine<br />
culturel haïtien». Priorité<br />
dans tous les domaines, «dans<br />
le respect de la communauté<br />
créolophone», ce qui ne peut<br />
que favoriser la «valorisation<br />
culturelle» et l’épanouissement<br />
linguistique du créole.<br />
Un document wololoy. Un<br />
must.<br />
P.S. Ce précieux livre-document<br />
est publié aux Presses<br />
Internationales. On peut se le<br />
procurer à : www.grahn-monde.<br />
org.<br />
Fanfan Latour<br />
Suite de la page (16)<br />
le câble. Les opposants ont perçu<br />
cette décision comme une punition<br />
de la chaîne, qui avait soutenu le<br />
putsch contre Chavez en 2002.<br />
Le gouvernement nie cette<br />
thèse. « La liberté de la presse<br />
est totale et sans limite, d’ailleurs<br />
grâce à cette liberté, les médias<br />
privés fomentent des campagnes<br />
de déstabilisation du gouvernement<br />
», affirme Andrés Izarra,<br />
ministre de la Communication et<br />
de l’Information, en rappelant le<br />
rôle des groupes de communication<br />
lors de l’insurrection civicomilitaire<br />
qui a évincé le président<br />
du pouvoir durant 48 heures. «<br />
Aucune chaîne n’a été punie pour<br />
ce comportement. Cependant le<br />
gouvernement n’a pas l’obligation<br />
de renouveler la concession publique<br />
d’une chaîne, qui en plus<br />
de ne pas avoir ses documents en<br />
règle, a cessé de s’acquitter de sa<br />
fonction sociale établie par la Constitution<br />
et la loi. Le Venezuela a<br />
fait ce que d’autres pays font face<br />
à des cas similaires. Quand la concession<br />
arrive à son terme, un autre<br />
prestataire assume sa place sur<br />
les ondes ».<br />
Jesse Chacon, actuellement<br />
directeur de l’institut d’enquête<br />
GIS XXI, a été à la tête du ministère<br />
de la Communication quand le<br />
gouvernement a décidé de refuser<br />
ce renouvellement. « Il s’agit de<br />
l’unique entreprise de télévision<br />
dont nous n’avons pas renouvelé<br />
la concession. Nous avons estimé<br />
qu’il était préférable d’utiliser ce<br />
spectre à d’autres fins », dit-il. «<br />
À la même époque, expiraient les<br />
concessions de Televen et Venevision,<br />
des chaînes privées et liées<br />
aussi à l’opposition. Elles ont été<br />
prolongées ». La discussion sur le<br />
prix que devra payer l’État pour<br />
l’usage des transmetteurs de la<br />
RCTV sont actuellement en cours.<br />
Le signal est désormais utilisé par<br />
Teves, chaîne publique dédiée à la<br />
culture et aux sports.<br />
L’ex-ministre analyse cette<br />
situation comme étant le produit<br />
du développement de la télévision<br />
en Amérique Latine. Elle a suivi<br />
le modèle nord-américain plutôt<br />
que l’européen. « Aux États-Unis,<br />
la communication est un négoce<br />
qui répond à la logique des intérêts<br />
commerciaux. La majorité<br />
des pays latino-américains ont<br />
suivi ce paradigme », soulignet-il.<br />
« Les Européens ont abordé<br />
l’information comme un service<br />
public. Et les chaînes, du moins<br />
jusqu’à récemment, ne pouvaient<br />
être accaparées par des groupes<br />
privés.<br />
Selon Chacon, du fait de ce<br />
modèle, les entreprises de communication,<br />
qui dépendent des concessions<br />
publiques, se sont transformées<br />
en protagonistes privés de<br />
la politique. « Dans le Venezuela<br />
pré-Chavez, si un homme voulait<br />
devenir président du pays il devait<br />
se mettre d’accord avec le groupe<br />
Cisneros (propriétaire de Venevision)<br />
ou avec la RCTV », note-t-il<br />
en mentionnant les deux principales<br />
télévisions de l’époque.<br />
Démocratisation<br />
Quatre-vingt pour-cents du spectre<br />
de la télévision hertzienne est<br />
exploitée, selon le ministère de la<br />
Communication, par des entreprises<br />
privées. « Dans le domaine de la<br />
radio, les réseaux privés sont hégémoniques,<br />
l’État n’a qu’une station<br />
de diffusion nationale et trois<br />
stations dans des villes régionales<br />
», énumère le ministre Andrés Azarra.<br />
Pour concurrencer cette hégémonie,<br />
le gouvernement Chavez<br />
a ajouté une proposition de démocratisation<br />
des communications qui<br />
a été approuvée par l’Assemblée<br />
Constituante de 1999.<br />
Une série de lois a réglementé<br />
la question. Il y en a deux<br />
principales : l’une de 2002, a<br />
formalisé le fonctionnement des<br />
radios et télévisions communautaires.<br />
L’autre, c’est la Loi de Responsabilité<br />
Sociale en Radio et<br />
Télévision, approuvée en 2004 par<br />
l’Assemblée Nationale et réformée<br />
en février 2011. La première a<br />
édifié un cadre réglementaire qui<br />
a permis l’expansion de radios locales<br />
qui peuvent être crées par les<br />
conseils communaux, les mouvements<br />
sociaux et autres entités<br />
associatives. Ces canaux qui ont<br />
une étendue d’ondes limitées, forment<br />
un réseau disséminé et diffusent<br />
des programmes culturels,<br />
des débats politiques et des petites<br />
annonces.<br />
La Loi de Responsabilité Sociale<br />
en Radio et Télévision (aussi<br />
appelé Loi Resorte) oblige les<br />
chaînes de télévision à diffuser<br />
un quota minimum de 50 % de<br />
productions nationales en ce qui<br />
concerne les séries et telenovelas.<br />
Elle a établi une signalétique par<br />
tranche d’âge et elle est autorisée<br />
à appliquer des amendes et des pénalités<br />
en cas d’excès de scènes de<br />
violence. Elle a aussi mis en place<br />
le Fond de Responsabilité Sociale<br />
qui subventionne l’acquisition<br />
d’équipements en faveur des radios<br />
communautaires. Leur offrant<br />
ainsi les conditions de briguer<br />
l’audience dans leurs quartiers<br />
face aux grands groupes.<br />
Bien qu’aucun mécanisme<br />
de censure ni limitation des contenus<br />
des journaux télévisés ne soient<br />
prévus dans cette législation,<br />
l’opposition critiquent les réglementations<br />
établies par le gouvernement.<br />
Ce serait des obstacles à<br />
la liberté de la presse. La réponse<br />
de l’autre camp est acerbe. « La<br />
liberté de la presse est une chose,<br />
le libertinage une autre », affirme<br />
Jesse Chacon. « Le gouvernement<br />
n’a adopté et ne pense pas adopter<br />
des mesures qui pourraient<br />
écorcher la liberté d’expression.<br />
Mais les médias privés assurent<br />
aussi un service public et doivent<br />
être contrôlés pour garantir que<br />
tous les secteurs puissent recevoir<br />
et diffuser des informations. Ce<br />
qui vaut pour les groupes privés,<br />
l’État et les communautés. L’ère<br />
du monopole des médias privés est<br />
terminée ».<br />
Traduction : Jérôme da Silva<br />
OperaMundi 21 août 2012<br />
Nou pap bliye<br />
Bwa Kayiman<br />
Nan non moun lib yo te fè<br />
tounen esklav yo<br />
Nan non moun lib ki te chwazi<br />
pran chimen mòn ak raje pou<br />
defann libète<br />
Wi, nan non bosal yo<br />
Nou di :<br />
Nou p ap bliye Bwa Kayiman !<br />
Bwa kayiman se premye zak<br />
politik nou poze<br />
Zak sa di nou rekonèt gen yon<br />
menm lyann ki antòtye nou.<br />
Se premye zak ki di nou gen yon<br />
menm tribilasyon k ap koukouman<br />
limanite nou<br />
Se premye zak kote moun yo te<br />
fè tounen esklav ak moun ki te<br />
pran mòn ak raje te gade je nan<br />
je<br />
Pou di :<br />
Mwen ak ou sanble depi nan<br />
kote nou sòti<br />
Mwen ak ou sanble depi nan<br />
sa nou kwè<br />
Mwen ak ou sanble depi nan<br />
plas yo ba nou nan esklavaj<br />
kolonyal bout di a.<br />
Mwen ak ou se grandèt<br />
Mwen ak ou deside mete ansanm<br />
pou fè respekte dwa<br />
grandèt nou epi viv selon<br />
dwa grandèt nou.<br />
Sou baz sa nou menm Sèk<br />
Gramsci, nou di :<br />
Nou p ap bliye Bwa Kayiman !<br />
Zak sa krache nan figi kolon<br />
esklavajis yo<br />
Kit se sa ki te ale kit se sa ki te<br />
rete<br />
Se pou tèt sa kolon ki te rete yo<br />
pa tann two lontan pou mande<br />
lafrans rekonèt endepandans<br />
peyi a nan lane 1825, Komkwa<br />
yo te ka efase Bwa Kayiman.<br />
Bwa kayiman rete tennfas nan<br />
memwa nou<br />
Memwa nou se zouti nou genyen<br />
pou nou konn kote nou kanpe<br />
ak jan pou nou kanpe<br />
Bwa kayiman se zouti pou nou<br />
gade sa n ap viv jounen jodi a<br />
Se yon zouti ki pèmèt nou wè ak<br />
ki moun nou sanble nan tribilasyon<br />
k ap koukouman limanite<br />
nou.<br />
Se yon zouti ki pèmèt nou wè ak<br />
ki moun nou sanble nan lyann<br />
ki antotye nou.<br />
Memwa nou se zouti ki pèmèt<br />
nou vire gad dèyè epi di ki kalte<br />
moun nou dwe fe jistis.<br />
Nou jije nesesè pou mande<br />
moun k ap viv jounen jodi a<br />
ki mòd rapò yo deside tabli ak<br />
lòt moun ? Kouman yo wè dwa<br />
grandèt yo ? Ki mod rapò yo<br />
deside tabli ak sa k ap pase nan<br />
peyi a ? Jan moun ap viv ? jan<br />
dives enstitisyon yo ap mache ?<br />
Kisa yo deside fè ansanm? Eske<br />
peyi a se yon kote moun ap pase<br />
oubyen kote moun ap viv tout<br />
bon?<br />
Nou di moun ki antotye nan tribilisayon<br />
yo jounen jodi a : Pa<br />
bliye Bwa Kayiman !<br />
Nou krache nan figi moun k ap<br />
koukouman limanite moun nan<br />
peyi a jounrn jodi a, pandan n<br />
ap di yo : Nou menm, nou pa<br />
bliye Bwa Kayiman !<br />
Nou mande sila yo ki pa di anyen<br />
nan lavi peyi a : Èske yo bliye<br />
Bwa Kayiman ?<br />
Cercle d’études en littérature<br />
gramscienne (CELG)
Radio Havane Cuba<br />
décerne le Prix spécial<br />
Orlando Castellanos<br />
à Gerardo Alfonso<br />
Par Michele Claverie<br />
Gerardo Alfonso, chanteur<br />
et compositeur<br />
cubain, s’est vu remettre<br />
ce vendredi le Prix spécial<br />
Orlando Castellanos<br />
que décerne Radio Havane<br />
Cuba au cours de la séance<br />
de clôture de la première<br />
biennale internationale de<br />
la radio.<br />
Notre station de radio<br />
lui a accordé ce Prix pour<br />
son témoignage intitulé «<br />
Une radio » dans lequel il<br />
explique les raisons pour<br />
lesquelles il a composé<br />
une chanson dédiée au<br />
50e anniversaire de Radio<br />
Havane Cuba, l’année<br />
dernière.<br />
C’est Pedro Martinez<br />
Pirez, sous-directeur de<br />
Radio Havane Cuba et président<br />
du jury, qui a remis<br />
à Gerardo Alfonso le Prix,<br />
une reproduction en toile<br />
du dernier portrait de Fidel<br />
Castro peint par Oswaldo<br />
Guayasamin.<br />
Peu après avoir reçu<br />
ce Prix, Gerardo Alfonso a<br />
Gerardo Alfonso<br />
partagé ses réflexions avec<br />
nous :<br />
« Franchement, je ne<br />
travaille pas pour recevoir<br />
des Prix. Je vous le dis,<br />
la main sur mon cœur. Ce<br />
n’est pas des mots creux.<br />
Souvent les Prix ont une<br />
utilité. Disons les Prix<br />
Nobel ou les Oscars. Parfois<br />
les Prix étiquettent le<br />
gagnant sous un concept<br />
spécifique et cela intéresse<br />
la personne qui les reçoit.<br />
Donc, bien souvent, les<br />
Prix pèsent lourd. Mais,<br />
celui-ci je le reçois avec<br />
plaisir, avec affection parce<br />
que c’est un peu le résultat<br />
des efforts qu’on a fait »<br />
Se référant à la chanson<br />
qu’il a composée pour<br />
les 50 ans de Radio Havane<br />
Cuba, Gerardo Alfonso<br />
a souligné : « Faire<br />
une chanson à la radio est<br />
une chose rare. On peut<br />
chanter une épopée, une<br />
personne. C’est plus tangible<br />
parce que tu vois le<br />
visage et la cause, mais<br />
quand tu penses à la radio<br />
c’est un peu abstrait. Je<br />
dois dire que les anecdotes<br />
m’ont beaucoup aidé. J’ai<br />
recherché dans la question<br />
jusqu'à ce que j’en<br />
ai trouvé l’essence. C’est<br />
le rôle qu’elle joue, son<br />
impact sur la population<br />
depuis les couches les plus<br />
humbles aux plus élevées.<br />
C’est par là que la chanson<br />
m’est venue à l’esprit »<br />
RHC 25 août 2012<br />
SHIP YOUR CAR FROM<br />
NYC TO HAITI:<br />
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(includes APN port fees)<br />
RECEIVE<br />
A SPECIAL GIFT<br />
WHEN YOU BRING THIS<br />
AD WITH YOUR<br />
SHIPMENT.<br />
En signature:<br />
« My New Social Life » de<br />
Dominique Dorvil<br />
Par Jackson Rateau<br />
Le dimanche 2 Septembre<br />
prochain,<br />
dans les locaux de Gethsemane<br />
Church, 357<br />
Empire Blvd, Brooklyn<br />
NY, sous le coup de 5H<br />
PM, à l’occasion de son<br />
13e anniversaire, la<br />
jeune auteure haitianoamericaine,<br />
Dominique<br />
Dorvil présentera son<br />
premier ouvrage « My<br />
New Social Life ». En<br />
cette occasion Haïti<br />
Liberté avait rencontré<br />
l’auteure au bureau du<br />
journal.<br />
JR – Aurais-tu<br />
l’amabilité de te présenter<br />
à nos lecteurs ?<br />
DD – Je suis Dominique<br />
Dorvil. J’ai 13<br />
ans. Je suis en classe de<br />
8e.<br />
JR – Si jeune, tu as<br />
déjà écrit et publié ton premier<br />
livre ?<br />
DD – Evidemment, oui, et<br />
je suis heureuse de cet accomplissement.<br />
JR – Par quoi as-tu été<br />
motivée pour produire cette<br />
œuvre ?<br />
DD – Je me rappelle avoir<br />
été une fois à l’église. Dans son<br />
sermon, le pasteur avait évoqué<br />
un fait qui m’avait choqué.<br />
Bien que je ne puisse me rappeler<br />
exactement la phrase, mais<br />
elle avait pourtant inspiré mon<br />
livre.<br />
JR – Parle-moi brièvement<br />
de l’histoire de<br />
ce bouquin que tu as<br />
rédigé sur 45 pages.<br />
DD – C’est en<br />
fait une sorte de journal<br />
tenu, c’est-à-dire,<br />
des petites histoires<br />
quotidiennes que j’ai<br />
collectées à l’école.<br />
Avec ce recueil d’historiettes,<br />
je suis arrivée<br />
à produire ma<br />
première œuvre.<br />
JR – Le dimanche<br />
2 Septembre<br />
prochain, à<br />
l’occasion de ton 13e<br />
anniversaire de naissance,<br />
tu présenteras<br />
et signeras ton premier<br />
livre, qu’est-ce<br />
que tu attends de cet<br />
évènement ?<br />
DD – Accompagnée<br />
des membres<br />
de ma famille, j’attends<br />
de recevoir<br />
une foule d’amis,<br />
mes camarades et<br />
d’autres invités qui viendront<br />
pour m’assister. J’espère aussi<br />
dédicacer une bonne quantité<br />
d’exemplaires.<br />
JR – Au nom de toute<br />
l’équipe du Journal Haïti Liberté,<br />
je te souhaite du succès.<br />
DD – Merci bien !<br />
ECHOS DE CUBA<br />
Plus de 5 000 greffes de rein à Cuba<br />
Par Iris de Armas Padrino<br />
« Depuis le début des années 70<br />
jusqu’à ce jour, environ 5 100<br />
greffes de rein ont été réalisées à<br />
Cuba, avec des résultats de survie<br />
semblables à ceux des pays du<br />
premier monde », a annoncé un<br />
spécialiste à La Havane.<br />
Le Dr Alexander Marmol,<br />
fonctionnaire du Bureau des greffes<br />
d’organes du ministère de la<br />
santé publique (MINSAP), a signalé<br />
que 400 de ces opérations<br />
sont effectuées à partir de donneurs<br />
vivants (parents au premier<br />
degré, comme les frères, les parents<br />
ou les enfants). Ce spécialiste<br />
en néphrologie a signalé que Cuba<br />
possède un taux de donneurs<br />
élevé, grâce à un programme<br />
de dons d’organes qui situe l’île<br />
également parmi les pays qui ont<br />
le taux de rejet le plus bas.<br />
Selon le Dr Marmol, qui<br />
est également coordinateur national<br />
des greffes de rein, 94 % de<br />
ces opérations se font à partir de<br />
donneurs décédés, et il souligne<br />
la grande sensibilité de la population,<br />
prête à offrir les organes<br />
des membres de leur famille pour<br />
permettre à d’autres personnes de<br />
survivre.<br />
À Cuba, 2 700 patients<br />
sont sous hémodialyse, alors que<br />
le nombre de malades qui ont besoin<br />
de ce traitement augmente<br />
chaque année. Les deux premières<br />
causes de l’insuffisance rénale<br />
sont l’hypertension artérielle<br />
et le diabète sucré, des maladies<br />
en forte progression, principalement<br />
du fait de mauvaises habitudes<br />
de vie, a-t-il expliqué.<br />
Le médecin a expliqué<br />
qu’une étude réalisée à Cuba a déterminé<br />
que le maintien de chaque<br />
patient en dialyse – un traitement<br />
qui s’effectue tous les deux jours –<br />
revient à 20 000 dollars. 47 hôpitaux<br />
assurent ces soins, y compris<br />
dans les zones montagneuses.<br />
Il a été démontré à l’échelle<br />
internationale que ce genre<br />
d’intervention revient trois fois<br />
moins cher que le maintien du<br />
patient en dialyse ou sous rein<br />
artificiel, a conclu le Dr Alexander<br />
Marmol. (AIN)<br />
<br />
Devon Shipping Inc.<br />
<br />
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115 Van Brunt St.,<br />
Brooklyn, NY<br />
Red Hook Container Terminal<br />
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Nou pale kreyòl<br />
718-243-2929<br />
Hébergement touristique dans la<br />
Sierra Maestra<br />
Par Dilbert Reyes Rodriguez<br />
Bartolomé Maso, Granma<br />
– Face à la hausse de la demande<br />
touristique vers la Sierra<br />
Maestra, de nouveaux bungalows<br />
de grand standing seront inaugurés<br />
en début de la prochaine<br />
haute saison dans le complexe<br />
Santo Domingo, situé au cœur du<br />
célèbre massif montagneux, point<br />
de départ le plus authentique et<br />
historiquement intéressant pour<br />
l’ascension du Pico Turquino<br />
(Mont Turquino), le sommet culminant<br />
de Cuba.<br />
Ramon Cereijo, délégué au<br />
Tourisme de la province, a informé<br />
Granma que l’investissement<br />
permettra de passer la capacité<br />
d’accueil de l’installation à 80 personnes;<br />
ce qui évitera les pertes de<br />
clients transférés antérieurement<br />
vers d’autres hôtels et permettra<br />
de mieux exploiter qualitativement<br />
et quantitativement les ressources<br />
naturelles et historiques<br />
du parc, à proximité de ce qui fut<br />
le quartier général de l’Armée Rebelle<br />
et le théâtre de deux des batailles<br />
décisives pour le triomphe<br />
de la Révolution.<br />
Par ailleurs, le restaurant a<br />
été également rénové et le service<br />
de téléphonie modernisé, améliorations<br />
dont bénéficieront les<br />
clients du site mais aussi les touristes<br />
en excursion arrivant du pôle<br />
de Guardalavaca, près d’Holguin,<br />
ou ceux voyageant en circuits<br />
organisés depuis Camagüey ou<br />
Santiago de Cuba.<br />
Les nouveaux bungalows<br />
qui recevront les premiers visiteurs<br />
à partir de novembre prochain<br />
sont d’originales constructions<br />
de deux étages, en bois vernis,<br />
montées sur pilotis, avec une vue<br />
impressionnante sur le massif<br />
montagneux, comme le souligne<br />
Aldo Agüero, directeur de l’unité<br />
de base d’investissement Immobilier<br />
Granma.<br />
Situé à environ 60 kilomètres<br />
au sud-ouest de la ville de<br />
Bayamo et séparé du Mont Turquino<br />
par une vingtaine de kilomètres<br />
de sentiers de montagne,<br />
le complexe Santo Domingo a été<br />
une destination choisie durant des<br />
années par des touristes majoritairement<br />
italiens, français, néerlandais<br />
et allemands. Il constitue<br />
l’un des pôles d’attraction que la<br />
province orientale présentera aux<br />
tours opérateurs internationaux<br />
l’an prochain, lors de la biennale<br />
du Tourisme Vert, TURNAT, 2013,<br />
dont elle sera le siège.<br />
La Havane. 23 Août 2012<br />
20<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012