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ISAAC S'EN VA, LES MENACES DEMEURENT ! - Haiti Liberte

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HAÏTI LIBERTÉ<br />

<br />

<br />

<br />

<strong>ISAAC</strong> S’EN <strong>VA</strong>, <strong>LES</strong> <strong>MENACES</strong><br />

<strong>DEMEURENT</strong> !<br />

28 Out 1994 - 28 Out<br />

2012: 18 lane asasina<br />

Pè Jean-Marie Vincent<br />

Page 6<br />

Voir page 4<br />

Ce sont les<br />

premiers pas qui<br />

comptent<br />

Page 7<br />

La tête dans les vents, les corps dans l'eau, rien ne manque pour que cette victime<br />

d'Isaac soit consommée<br />

Dossier Venezuela :<br />

Les Années Chávez<br />

Page 10<br />

CEP: DES SAGES APPELLENT<br />

MARTELLY À LA RAISON !<br />

La tête en arrière au volant du pays, Martelly s'enfonce dans le malheur. Va t-il écouter<br />

les personnes qui le somment à la raison ?<br />

Voir page 4<br />

Les étudiants du Chili<br />

sont dans la rue. Des<br />

affrontements et des<br />

centaines d’arrestations<br />

Page 17


Ramollissement des partis politiques,<br />

durcissement annoncé de Martelly<br />

Par Berthony Dupont<br />

C<br />

’est fait ou presque fait. Le pouvoir a choisi et les<br />

choses sont définitivement claires pour le moment.<br />

Désormais, l’iniquité, l’arbitraire et l’aveuglement<br />

prévaudraient sur la raison. En effet, tous ceux qui<br />

avaient encore quelqu’illusion, particulièrement les<br />

représentants des Partis politiques allés à la rencontre<br />

de l’exécutif haïtien à l’hôtel Karibe, ce mardi 28<br />

Août, se sont heurtés à un mur.Une rencontre qui sans<br />

nulle doute ne peut être qu’un pas vers le processus<br />

de la reconnaissance du Conseil électoral Présidentiel<br />

ou personnel de Martelly, une irrégularité radicalement<br />

anticonstitutionnelle que Martelly inflige à la Nation.<br />

Certains partis politiques avaient dénoncé la formation<br />

du CEP de 6 membres et n’acceptaient pas la<br />

façon de faire de Martelly pour élire ces 6 valets à la<br />

tête du CEP. Mais, pourquoi se sont-ils présentés à<br />

cette réunion des fauves pour discuter avec un pouvoir<br />

qui unilatéralement a choisi de marcher sur les pas<br />

des forces impérialistes ? Alors que Lucien Jura avait<br />

clairement signalé que la rencontre allait avoir comme<br />

seul objectif de recueillir les points de vues des formations<br />

politiques autour du processus électoral. « Le<br />

Président ne va pas revenir sur sa décision de former le<br />

Conseil électoral permanent, encore moins d'attendre<br />

les trois représentants du pouvoir législatif. Le chef de<br />

l'Etat veut tout simplement dialoguer avec les partis<br />

politiques sur le CEP déjà au travail avec six membres<br />

sur neuf. Le président veut discuter, dialoguer et entendre<br />

les points de vue des partis politiques sur le CEP<br />

»<br />

La participation de ces partis à cette rencontre ne<br />

va que permettre à Martelly de se présenter comme<br />

un démocrate, un homme ouvert au dialogue, même<br />

s’il s’agit d’un dialogue de sourds. En d’autres termes,<br />

une façon pour ces partis de l’aider à durcir ses agissements<br />

contre les progressistes et les masses populaires<br />

du pays qui, coûte que coûte, auront à l’affronter.<br />

Si les partis politiques avaient un brin d’honnêteté<br />

politique et de probité intellectuelle, ils auraient dû ne<br />

Editorial<br />

pas courber l’échine devant le forcing impérial approuvant<br />

ainsi la domination des puissances étrangères. Ils<br />

devraient en bloc rejeter cette rencontre de l’exécutif,<br />

laissant seulement le soin aux mercenaires proches<br />

de Martelly entre autres Osner Févry et son parti le<br />

Conaced, Latibonit An Aksyon de Youri Latortue et<br />

Combite sud-est de Joseph Lambert le soin de sabler le<br />

champagne dans ce marchandage électoral avec leur<br />

patron.<br />

En somme, les commentaires de certains dirigeants<br />

montrent déjà que ce qui les préoccupe beaucoup plus,<br />

ce n’est pas la formation du Cep en soi mais l’annonce<br />

du calendrier électoral pour les prochaines élections.<br />

Voilà qui en dit long sur la mentalité croupion des partis<br />

politiques qui ne vivent que pour assurer l’ordre impérialiste<br />

et néo-colonial dans le pays. Ils ne font aucun<br />

cas des conditions dans lesquelles vit la population<br />

particulièrement les victimes du tremblement de terre<br />

qui languissent encore sous des tentes. Lors du dernier<br />

cyclone Isaac, le gouvernement a laissé un nombre incalculable<br />

de gens affronter l’ouragan sous des tentes<br />

sans les transférer dans un endroit sûr. Un parti politique<br />

conséquent au lieu d’aller prendre langue avec<br />

l’exécutif sur la question des élections aurait eu plus de<br />

prestige, s’il s’adonnait à forcer la main à l’Etat pour<br />

l’aide qu’il devrait apporter aux personnes en danger.<br />

Ce n’est pas sans raison que le passage d’Isaac à<br />

Cuba n’a donné lieu à aucun cas de mortalité, pourtant<br />

dans notre pays le nombre dépasse déjà la vingtaine.<br />

La réalité c’est qu’à Cuba, l’Etat est soucieux de la<br />

population mais pour nous, pour l’actuel pouvoir, c’est<br />

totalement le contraire.<br />

La seule chose qui compte pour les politiciens,<br />

membres ou non de partis politiques, c’est de mettre<br />

le pied à l’étrier électoral, car à bien considérer leur<br />

vraie nature, ils ne diffèrent pas l’un de l’autre. Ils ne<br />

sont guère soucieux de la population qu’au fond ils<br />

méprisent. La seule chose qui compte, c’est de prendre<br />

le pouvoir dans n’importe quelle condition même à<br />

marcher sur les cadavres des masses populaires pour<br />

aller remplir leurs poches. Mais alors, que les consuls<br />

prennent garde !<br />

HAITI<br />

1583 Albany Ave<br />

Brooklyn, NY 11210<br />

Tel: 718-421-0162<br />

Fax: 718-421-3471<br />

3, 2ème Impasse Lavaud<br />

Port-au-Prince, <strong>Haiti</strong><br />

Tél: 509-3407-0761<br />

Responsable:<br />

Yves Pierre-Louis<br />

Email :<br />

editor@haitiliberte.com<br />

Website :<br />

www.haitiliberte.com<br />

DIRECTEUR<br />

Berthony Dupont<br />

EDITEUR<br />

Dr. Frantz Latour<br />

RÉDACTION<br />

Berthony Dupont<br />

Wiener Kerns Fleurimond<br />

Kim Ives<br />

Fanfan Latour<br />

Guy Roumer<br />

CORRESPONDANTS<br />

EN HAITI<br />

Wadner Pierre<br />

Jean Ristil<br />

COLLABORATEURS<br />

Marie-Célie Agnant<br />

J. Fatal Piard<br />

Catherine Charlemagne<br />

Pierre L. Florestal<br />

Yves Camille<br />

Jean-Claude Cajou<br />

Didier Leblanc<br />

Jacques Elie Leblanc<br />

Roger Leduc<br />

Joël Léon<br />

Claudel C. Loiseau<br />

Anthony Mompérousse<br />

Dr. Antoine Fritz Pierre<br />

Jackson Rateau<br />

Eddy Toussaint<br />

Ray Laforest<br />

ADMINISTRATION<br />

Marie Laurette Numa<br />

Jean Bertrand Laurent<br />

DISTRIBUTION: CANADA<br />

Pierre Jeudy<br />

(514)727-6996<br />

DISTRIBUTION: MIAMI<br />

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(786) 262-4457<br />

COMPOSITION ET ARTS<br />

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Frantz Merise<br />

frantzmerise.com<br />

LIBERTÉ<br />

Bulletin d'Abonnment B Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012<br />

A remplir et à retourner à <strong>Haiti</strong> Liberté 1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210<br />

Tel : 718-421-0162, Fax 718-421-3471<br />

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2<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times


A Travers <strong>Haiti</strong><br />

L’insécurité bat son<br />

plein en Haïti<br />

Publication des résultats du<br />

baccalauréat-UNNOH dénonce<br />

Par Thomas Péralte<br />

Après le carnaval dit des fleurs,<br />

organisé par le gouvernement<br />

KaleTèt de Martelly-Lamothe, la<br />

situation sécuritaire s’aggrave<br />

dans presque tout le pays. Des<br />

cas d’assassinats, de meurtres, de<br />

kidnapping augmentent quotidiennement.<br />

Et, d’ailleurs le gouvernement<br />

l’a reconnu, le secrétaire<br />

d’Etat à la sécurité publique,<br />

Réginald Delva a fait savoir que<br />

l’insécurité a augmenté dans la<br />

région métropolitaine depuis le<br />

déroulement du Carnaval des fleurs,<br />

où on a déjà enregistré plus de<br />

5 cas en 2 semaines.<br />

Des cas d’insécurité ont été<br />

également enregistrés dans des<br />

zones de province, notamment<br />

dans le haut Plateau-Central, à<br />

Hinche et ses environs et dans<br />

le haut Artibonite, aux Gonaïves.<br />

Le dimanche 19 Août dernier,<br />

un adolescent de 14 ans, Jameson<br />

François, disparu la veille de<br />

sa mort, a été retrouvé, décapité<br />

dans un champ de canne-à-sucre,<br />

dans la localité de « Moje »<br />

première section communale de<br />

Savanette, Cabral, commune de<br />

Thomonde, d’où la victime est<br />

originaire. D’un autre côté, dans<br />

la localité de l’Eau sèche, 2e section<br />

Marmont, à Hinche, une tentative<br />

de kidnapping a été déjouée<br />

par la population le dimanche 19<br />

Août, dans l’après-midi. Un suspect<br />

qu’on accusait d’avoir tenté<br />

d’enlever une fillette de 6 ans, dénommée<br />

Fléïna Jean-Marie, a été<br />

lapidé par la population. Il était<br />

âgé d’une quarantaine d’années.<br />

Aux Gonaïves, l’homme<br />

d’affaires, professeur, âgé de 48<br />

ans, père de 3 enfants, Pétone<br />

Narcisse a été assassiné par des<br />

bandits armés dans son magasin<br />

de provisions alimentaires et de<br />

boissons gazeuses, le week-end<br />

du 18 au 19 Août dernier. La<br />

victime de ces actes de banditisme<br />

avait fait ses carrières dans<br />

l’éducation. Il fut professeur de<br />

français dans plusieurs établissements<br />

scolaires de la ville, surveillant<br />

général au Lycée des<br />

jeunes filles des Gonaïves et directeur<br />

du collège diocésain Saint-<br />

Paul. Dans le cadre de cet assassinat,<br />

4 présumés meurtriers ont été<br />

appréhendés, il s’agit de : Djems<br />

Casséus, Mercier Jean-Baptiste,<br />

Adelus Jean-Philippe et de Marjorie<br />

Malval, Ils sont âgés entre<br />

32 et 38 ans, selon les informations<br />

disponibles de la direction<br />

départementale de la police des<br />

Gonaïves.<br />

Le secrétaire exécutif de<br />

la Plateforme des Organisations<br />

Haïtiennes des Droits Humains<br />

(POHDH), Antonal Mortimé a fait<br />

savoir, cette semaine, qu’au cours<br />

de ces deux (2) derniers mois<br />

juin et juillet, 99 personnes sont<br />

mortes par balles et 544 autres<br />

blessées par balles des bandits,<br />

dans les zones métropolitaines de<br />

la capitale.<br />

Une étude réalisée conjointement<br />

par des chercheurs étasuniens<br />

et brésiliens a prouvé que le<br />

taux de criminalité a augmenté en<br />

Haïti à la hauteur de 25%, durant<br />

le premier semestre de l’année<br />

2012. Les données recueillies correspondent<br />

à un record de 76.2<br />

meurtres par 100 mille habitants.<br />

Ce sont des chiffres les plus élevés<br />

depuis l’année 2006. Les mauvaises<br />

conditions économiques<br />

de la majorité des Haïtiens sont<br />

des facteurs déterminants de la<br />

montée de la criminalité, selon<br />

les chercheurs de l’université du<br />

Michigan, Kolba Athéna et Marie<br />

Puccio et de l’Igarape Institut, du<br />

Brésil, Robert Muggah, rapporte<br />

l’Agence en ligne Associated<br />

Press. Kolba Athéna a déclaré :<br />

« cela nous indique que la ville<br />

est moins sûre en Haïti. » Il encourage<br />

les autorités du pays et<br />

de la communauté internationale<br />

à s’attaquer aux causes de la<br />

criminalité dans ce pays, avant<br />

d’affronter les effets. Les causes<br />

sont d’abord d’ordre économique<br />

et social.<br />

Cette semaine, le ministère de<br />

l’Education Nationale et de la<br />

Formation Professionnelle (ME-<br />

NEP) a rendu publics les résultats<br />

de la session ordinaire des examens<br />

de baccalauréat 1ere et 2eme parties<br />

pour les élèves réguliers. Le taux<br />

de réussite global est de 37.08%,<br />

dont 26,97% en Rétho, soit 24,740<br />

admis sur 91,731 participants et<br />

60,65% en philo, soit 23,876 admis<br />

sur 39,370 participants.<br />

Le nombre d’ajournés en Rétho<br />

est de 38,442 candidats, soit<br />

41,90%, et celui des élèves éliminés<br />

28,549 participants, soit 31,12%.<br />

Pour la classe terminale, l’effectif<br />

d’ajournés s’élève à 14,051, soit<br />

35, 68% et l’effectif d’éliminés<br />

1,443 soit 3,66%.<br />

Le ministère en a profité pour<br />

annoncer que la session extraordinaire<br />

des examens des bacs I et II<br />

aura lieu du 3 au 6 Septembre prochain<br />

sur tout le territoire.<br />

De son côté, le secrétaire général<br />

de l’Union Nationale des Normaliens<br />

d’Haïti (UNNOH), le professeur,<br />

Josué Mérilien a dénoncé<br />

HAÏTI EN ONDES &<br />

SÉRUM VÉRITÉ<br />

Tous les dimanches de 2 h à 4 h p.m.<br />

Deux heures d’information et d’analyse<br />

politiques animées par des journalistes<br />

chevronnés haïtiens à la pointe de<br />

l’actualité tels:<br />

Jean Elie Th. Pierre-Louis, Guy Dorvil,<br />

Dorsainvil Bewit, Claudy Jean-Jacques,<br />

Jean Laurent Nelson, et pour Haïti<br />

Liberté, Kim Ives.<br />

En direct avec Bénédict Gilot depuis Haïti.<br />

Soyez à l’écoute sur Radyo Panou &<br />

Radyo Inite.<br />

la disparité existant entre le salaire<br />

d’un officiel du gouvernement et celui<br />

d’un enseignant haïtien. Selon<br />

les dires de Mérilien, un enseignant<br />

perçoit comme salaire mensuel le<br />

quart (¼) des frais quotidiens d’un<br />

directeur général. « Pendant qu’ils<br />

s’acharnent à s’octroyer des salaires<br />

mirobolants, des avantages de<br />

toutes sortes, des frais scandaleux,<br />

ils estiment normal de maintenir<br />

les enseignants dans une situation<br />

misérable, en continuant à leur accorder<br />

mensuellement une pitance<br />

», s’est-il plaint.<br />

Il a, en outre, qualifié de déplorable<br />

la situation des enseignants,<br />

alors que le gouvernement<br />

haïtien accorde comme per-diem<br />

à un directeur général 600 dollars<br />

US par jour pour les voyages à<br />

l’étranger, ce qui équivaut à 4 mois<br />

de salaire de base d’un enseignant,<br />

soit 6000 gourdes par mois. Josué<br />

Mérilien s’en prend également au<br />

grand argentier de la République,<br />

Marie-Carmelle Jean Marie qui avait<br />

déclaré récemment par devant la<br />

Commission finance du Sénat que<br />

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Tél: 718.941.2644<br />

l’Etat n’a pas de moyens pour augmenter<br />

le salaire des enseignants<br />

et des policiers, mais que les enseignants<br />

doivent de préférence<br />

réclamer d’autres avantages sociaux<br />

en lieu et place de l’augmentation<br />

de salaire. Le secrétaire général de<br />

l’UNNOH continue d’exiger 50 mille<br />

gourdes comme salaire minimum<br />

pour les enseignants, une loi définissant<br />

le statut de l’enseignant,<br />

le paiement des arriérés de plusieurs<br />

mois de salaire à des professeurs et<br />

la nomination des enseignants et<br />

des finissants de l’Ecole Normale<br />

Supérieure,ainsi que la publication<br />

de la loi sur les frais scolaires votée<br />

depuis 2 ans par les législateurs.<br />

Pour faire entendre et satisfaire les<br />

revendications des enseignants,<br />

l’UNNOH compte organiser une<br />

marche pacifique d’avertissement le<br />

lundi 3 septembre 2012.<br />

D’aucuns se demandent si le<br />

maigre salaire des enseignants de<br />

toutes catégories et leurs conditions<br />

de travail ne contribueraient-ils pas<br />

au faible taux de réussite des examens<br />

d’Etat chaque année ?<br />

INVITATION<br />

Le Samedi 8 Septembre<br />

prochain à partir de 6 heures<br />

PM, <strong>Haiti</strong> Liberté vous invite à<br />

une grande Conférence que<br />

prononcera le Docteur en<br />

Médecine et Agronome Jacques<br />

Paquiot, au bénéfice de la<br />

Communauté haïtienne en<br />

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AVIS DE RECHERCHE<br />

Madame<br />

Jésuma BEAUBRUN<br />

La famille BEAUBRUN porte à la<br />

connaissance du public en général et des proches<br />

en particulier que Madame Jésuma BEAUBRUN<br />

est porté-disparue en <strong>Haiti</strong> depuis le 10 Août 2012.<br />

Mme Beaubrun a laissé sa maison,<br />

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recherches effectuées par les membres de ladite<br />

<br />

démarches restent infructueuses.<br />

Aussi implorent-ils tous ceux qui<br />

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Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 3


CEP: Des sages appellent Martelly<br />

à la raison<br />

Isaac s’en va, les<br />

menaces demeurent !<br />

Par Marie Laurette Numa<br />

Après que divers secteurs de la société<br />

aient élevé leurs voix pour<br />

dénoncer la violation de la constitution<br />

par le président Martelly en installant<br />

six (6) sur 9 d’un Conseil Electoral et<br />

l’appellent à la raison par le dialogue,<br />

des sages sont sortis du silence pour<br />

encourager le président à faire le retrait<br />

de cette installation, pour ne pas<br />

continuer à plonger le pays dans une<br />

perpétuelle crise politique. C’est le cas<br />

de l’Evêque émérite du diocèse de la<br />

Grand’Anse, Sud’Ouest d’Haïti, Mgr.<br />

Willy Romélus et d’autres organisations<br />

de la société.<br />

A l’occasion du centenaire de la<br />

paroisse de Sainte-Jeanne de Chantal,<br />

située dans le Sud du pays, le mardi<br />

21 Août 2012, l’évêque de « Rache<br />

Manyòk ou bay tè a blanch », dans<br />

son homélie de circonstance invite le<br />

président Martelly à entendre la voix<br />

de la raison pour prendre la voie du<br />

dialogue. Selon lui, il refuse d’écouter<br />

la voix de la majorité de différents<br />

secteurs organisés du pays qui disent<br />

NON à l’inacceptable. Il appelle enfin<br />

tous les secteurs de la vie nationale à<br />

s’asseoir autour d’une table pour trouver<br />

une solution dans l’intérêt supérieur<br />

de la nation et travailler à reconstruire<br />

le pays dans la solidarité. « Le<br />

pays va être dans une grave crise, si<br />

les autorités persistent dans cette voie<br />

irrégulière sur la question du Conseil<br />

Electoral Permanent devant organiser<br />

les élections dans le pays pour renouveler<br />

le tiers du Sénat et des Collectivités<br />

territoriales », a-t-il clairement<br />

indiqué.<br />

Dans un article titré : « Coup<br />

de force, fait accompli, la politique du<br />

pire… », publié le jeudi 23 Août 2012,<br />

Hérold Jean François, directeur d’une<br />

station de radio de la capitale a inscrit<br />

la politique de M. Martelly dans la<br />

ligne droite de la continuité de son prédécesseur,<br />

alors qu’il a promis la rupture<br />

et le changement sans contenus.<br />

«La rupture que nous avait promise le<br />

candidat Martelly s’apparente plutôt<br />

à la continuité de l’entêtement que<br />

nous avons connu avec le Président<br />

René Préval par rapport au CEP et aux<br />

élections. Un véritable concert de voix<br />

a appelé l’ancien président à renvoyer<br />

le CEP pour créer un climat de confiance<br />

propice aux élections. Comme portant<br />

des œillères, Préval a foncé tête baissée<br />

vers l’organisation des élections avec<br />

le même Conseil électoral. Martelly<br />

s’aligne sur la même logique en<br />

faisant un ensemble de mise en place<br />

pour dominer les institutions du pays.<br />

Regardez bien le contexte. Vous avez<br />

remarqué les joyeux et gais lurons lors<br />

du lancement du parti politique « Tèt<br />

Kale » ! La vassalisation du pouvoir<br />

judiciaire par l’intermédiaire des<br />

jouets de Martelly à l’intérieur de cette<br />

institution nouvelle. La dernière étape<br />

et pas la moindre, la mainmise sur le<br />

Conseil Électoral. Comme d’habitude,<br />

la maladie du pouvoir hante ses<br />

tenants et les active à essayer de durer<br />

au pouvoir ou dans l’espace politique.<br />

Mais l’histoire est là pour témoigner<br />

des déboires de ceux-là qui voulaient<br />

la permanence au pouvoir, à quelques<br />

rares exceptions, ils n’ont pas réussi.<br />

Plus ils voulaient rester au pouvoir,<br />

plus vite ils sont tombés du pouvoir. »<br />

Il a également rappelé le début<br />

des pratiques dictatoriales de François<br />

Duvalier, qui lui a permis de passer 29<br />

ans au pouvoir. « François Duvalier a<br />

duré au pouvoir parce qu’en face, la<br />

société s’est laissée terroriser. La lâcheté<br />

des uns, la couardise des autres<br />

ou la bassesse de toute une cour de<br />

serviteurs qui se sont mis au service<br />

du dictateur par intérêt ou par peur,<br />

autant d’éléments dans la réussite de<br />

ce pouvoir dynastique. Or les occasions<br />

de neutraliser Duvalier ne manquaient<br />

pas. La proclamation de Papa Doc président-à-vie,<br />

l’exécution des 19 officiers<br />

où Duvalier assistait en personne<br />

au peloton d’exécution, la succession<br />

à Jean-Claude Duvalier où toute cette<br />

clique de personnalités a laissé faire…<br />

», a-t- il poursuivi<br />

La nature du régime Tèt Kale,<br />

Kale Tèt ne diffère pas de celle de<br />

Papa Doc. Et d’ailleurs, des fils et des<br />

filles des dinosaures du régime dictatorial<br />

sont actuellement au timon des<br />

affaires.<br />

Dans la foulée, huit (8) organisations<br />

de la société civile et de<br />

défense des droits de l’homme, dans<br />

une déclaration conjointe, écrite, datée<br />

du 20 Août 2012, ont élevé leur voix<br />

pour condamner la tentative de mise<br />

en place d’un CEP dit permanent, en<br />

utilisant des procédés illégaux et anticonstitutionnels.<br />

« Les choix du CSPJ,<br />

ont été effectués, en violation des<br />

normes démocratiques universellement<br />

admises et des prescrits de la<br />

loi régissant le CSPJ. L’article 13 de la<br />

Loi créant le CSPJ stipule : « Il ne peut<br />

délibérer qu’en présence de cinq (5)<br />

au moins de ses membres. Il se prononce<br />

à la majorité des voix. En cas<br />

de partage des voix, celle du Président<br />

est prépondérante. » Le Président du<br />

CSPJ, affirme lui-même dans sa lettre<br />

du 7 Août aux membres qui contestent<br />

la nomination, que le choix a été fait<br />

par « les quatre conseillers présents à<br />

la séance du 23 Juillet 2012 » y compris<br />

le Président. Les conditions légales<br />

n’étaient donc pas réunies pour<br />

permettre la délibération. Par ailleurs,<br />

la voix du Président ne peut compter<br />

double qu’en cas de ballotage. Or<br />

en l’occurrence, il ne pouvait y avoir<br />

vote, faute de quorum et encore moins<br />

de ballotage. Le Président de la République,<br />

garant de la bonne marche des<br />

institutions devait exiger que dans<br />

une affaire aussi délicate et importante,<br />

la stricte légalité soit respectée<br />

en vue de garantir une pleine légitimité<br />

aux membres du Conseil Electoral,<br />

appelé à mettre en confiance toutes les<br />

sensibilités politiques susceptibles de<br />

participer aux élections. Ce ne serait<br />

pas de l’ingérence. En effet, veiller à<br />

la bonne marche des institutions, c’est<br />

s’assurer que leur fonctionnement est<br />

en conformité avec la loi. D’ailleurs,<br />

le Président l’avait bien assumé à<br />

l’occasion de la publication de la<br />

version erronée de l’amendement<br />

constitutionnel», lit-on dans cette<br />

déclaration.<br />

Pour le plus grand bien de la<br />

patrie commune, les organisations signataires,<br />

dont Initiative Société Civile<br />

(ISC), Conseil Haïtien des Acteurs non-<br />

Etatiques (CONHANE),RNDDH demandent<br />

aux pouvoirs judiciaire et exécutif<br />

de se ressaisir et de revenir de leur<br />

décision anti-démocratique, mettant<br />

ainsi en péril les avancées vers un Etat<br />

de droit. «D’une part au CSPJ de rétablir<br />

la confiance au sein de l’ensemble<br />

de ses membres et des institutions<br />

impliquées dans leur choix, en vue<br />

de reprendre le processus de désignation,<br />

dans le respect de la loi. D’autre<br />

part au Président de la République,<br />

de revenir sur sa décision, tant en ce<br />

qui concerne les membres du Conseil<br />

Electoral que du Directeur Général et<br />

d’entamer avec les Parlementaires un<br />

dialogue constructif en vue de trouver<br />

un modus operandi susceptible de<br />

permettre le respect des prescrits de la<br />

Charte Fondamentale du pays, relatifs<br />

à la formation de l’institution électorale<br />

et de mettre ainsi en confiance les<br />

différents secteurs de la société et les<br />

formations politiques. Les Organisations<br />

de la Société Civile et des Droits<br />

de l’Homme appellent enfin les forces<br />

vives de la nation à se mobiliser en<br />

vue de défendre et de sauvegarder les<br />

acquis démocratiques,»a -t-on conclu.<br />

Dans l’horizon politique haïtien,<br />

une quinzaine de partis ou de groupuscules<br />

politiques, dont PNDPH de Turneb<br />

Delpé, KID d’Evans Paul, de MRN<br />

d’Omar Garat, Plateforme Libération<br />

de Serge Jean-Louis dans une prise de<br />

position commune ont dénoncé énergiquement<br />

les pratiques anti-démocratiques<br />

qui conduiront le pays vers une<br />

dictature à l’instar des Duvalier : « La<br />

création du Conseil Electoral Permanent<br />

(CEP) à six membres, au lieu de neuf<br />

(9), comme l’exige la Constitution de<br />

1987, constitue un cas de forfaiture.<br />

Elle représente, en outre, un pas de<br />

trop en direction de l’arbitraire, de<br />

l’illégalité et de l’inconstitutionnalité.<br />

C’est ce qu’on appelle un crime contre la<br />

Constitution. Le mode de gouvernance<br />

du président Martelly constitue un<br />

danger public, qui risque d’entrainer<br />

le pays dans une instabilité politique<br />

tout à fait chronique, laquelle signifie<br />

la permanence de la misère, de la vie<br />

chère, du chômage et de l’insécurité<br />

publique. Les partis et plateformes<br />

politiques soussignés dénoncent, avec<br />

force, le caractère inconstitutionnel et<br />

illégal de l’arrêté Présidentiel nommant<br />

les six (6) membres du CEP, après un<br />

scandale sans précèdent opposant les<br />

membres du Conseil Supérieur de la<br />

Justice (CSPJ), et devant l’impossibilité<br />

pour le Parlement haïtien de désigner<br />

les trois autres membres manquants,<br />

au motif que le Sénat a été amputé<br />

d’un tiers de ses membres, parce<br />

que l’Exécutif n’a pas respecté les<br />

échéances électorales. »<br />

ls ont du même coup demandé<br />

au premier mandataire de la nation de<br />

stopper les dérives qui seront catastrophiques<br />

pour le pays. « Les partis<br />

et plateformes politiques soussignés<br />

demandent au chef de l’Etat de :<br />

geler la mise en œuvre de l’Arrêté<br />

présidentiel, portant nomination d’un<br />

Conseil Electoral à six (6) conseillers,<br />

en violation de la constitution ; passer<br />

en urgence, à l’établissement par<br />

consensus, d’un Conseil Electoral<br />

Provisoire de transition ; éviter de<br />

continuer à maintenir le pays, dans<br />

la situation déshonorante, d’un Etat<br />

failli, d’une nation quasiment assistée<br />

ou celui de seul pays moins avancé de<br />

l’hémisphère occidental.»<br />

La Plateforme politique INITE<br />

a complété la liste des organisations<br />

politiques et sociales qui dénoncent les<br />

manœuvres politiciennes d’un apprenti<br />

dictateur visant à éliminer toutes les<br />

forces politiques pour asseoir sa dictature.<br />

« Nous devons être fermes et<br />

solidaires pour stopper la machine de<br />

la dictature qui est en train de nous<br />

foncer dessus», a lancé, Paul Denis, un<br />

politicien transfuge de l’Organisation<br />

du Peuple en Lutte (OPL) à ladite Plateforme,<br />

sous la gouvernance de René<br />

Préval. L’ex-candidat à la présidence<br />

de l’OPL a averti que la gouvernance<br />

politique catastrophique de Martelly<br />

expose Haïti à de graves crises, et en<br />

dernière instance il invite la communauté<br />

internationale à surseoir de soutenir<br />

l’administration de Martelly dans<br />

une telle entreprise.<br />

Aujourd’hui, il est nécessaire de<br />

rappeler que les principaux dirigeants<br />

de l’INITE ont largement contribué<br />

à conduire le pays là où il se trouve,<br />

d’abord en excluant le parti majoritaire<br />

des scrutins de 2010, en organisant<br />

des élections exclusives sous diktats<br />

de l’International contre le peuple et<br />

en sacrifiant la constitution haïtienne<br />

de 1987 sous l’autel de l’INITE. Donc<br />

l’INITE est largement responsable de<br />

ces dérives politiques, économiques<br />

et sociales auxquelles le pays fait face<br />

actuellement.<br />

De son côté, l’ex-secrétaire<br />

général du CEP de 2005-2006, du<br />

regroupement politique des Fusion<br />

Sociaux-démocrates, Rosemond Pradel<br />

a ouvertement déploré la façon dont le<br />

président Martelly avec le support de<br />

l’International a procédé à la mise en<br />

place d’un CEP mort-né, disait-il, qui<br />

Dans différentes zones frappées par la tempête, des victimes lancent<br />

encore des SOS aux autorités. C’est le cas des victimes de Cité Soleil, de la<br />

Saline, du Centre-ville, de Kenscoff, de Tabarre, du Canapé-vert et autres.<br />

Photo Credit : MINUSTAH/Victoria Hazou<br />

Par Yves Pierre-Louis<br />

Après le passage de la tempête tropicale<br />

Isaac sur Haïti, du vendredi 24<br />

au samedi 25 Août 2012, les autorités<br />

haïtiennes, qui se sont mobilisées pour<br />

essayer de limiter les dégâts, ont donné<br />

un bilan partiel des épreuves lors d’une<br />

conférence de presse, le lundi 27 Août.<br />

Selon les autorités de l’Office Protection<br />

Civile (OPC), les deux (2) départements<br />

les plus frappés par le passage d’Isaac<br />

sont l’Ouest et le Sud’Est, où le bilan<br />

s’élève à 19 morts, plus de 300 maisons<br />

détruites, 15,812 déplacés, plusieurs<br />

centaines de maisons endommagées et<br />

d’autres secteurs dont les plus frappés<br />

sont : l’agriculture, les infrastructures<br />

routières et électriques. Et depuis lors<br />

la capitale haïtienne est plongée dans<br />

le black-out total ; tous les circuits sont<br />

coupés, au total 32; le directeur général<br />

adjoint de l’Electricité d’Haïti (ED’H),<br />

Duckens Raphaël a annoncé que les<br />

techniciens de cette entreprise publique<br />

sont mobilisés pour remettre en fonction<br />

le système électrique, 11 circuits<br />

sont déjà en marche selon lui.<br />

En termes de prévention, le gouvernement<br />

central a remis aux Délégations<br />

départementales 2 millions<br />

de gourdes, la Délégation de l’Ouest a<br />

remporté le gros lot avec 5 millions,<br />

selon le Premier ministre, Laurent Lamothe.<br />

Mais dans différentes zones<br />

frappées par la tempête, des victimes<br />

lancent encore des SOS aux autorités.<br />

C’est le cas des victimes de Cité Soleil,<br />

de la Saline, du Centre-ville, de Kenscoff,<br />

de Tabarre, du Canapé-vert et<br />

autres. A Cité Soleil, la Rivière grise a<br />

débordé et envahi une bonne partie de<br />

la population, des toitures de maisonnettes<br />

ont été emportées par les bourrasques<br />

de vent du vendredi soir. La<br />

population de Cité Soleil est aux abois.<br />

Au Camp des déplacés, des victimes<br />

du tremblement de terre du 12<br />

janvier 2010, à Delmas 30, communément<br />

appelé « Camp Accra », se plaignent<br />

du fait qu’ils n’ont rien reçu durant<br />

le passage de la tempête tropicale :<br />

« Van an pase la a li pran prela nou yo,<br />

nou pase tout nwit lan anba lapli, tout<br />

bagay nou mouye, nou pa dómi. Nou<br />

pa wè pèsonn. Yo lage nou la a pou<br />

ne jouit pas, au premier abord de la<br />

confiance du peuple haïtien. Dans ce<br />

projet macabre du président Martelly,<br />

il accuse la communauté Internationale<br />

d’être à la base de toutes les crises<br />

politiques en Haïti pour justifier sa présence<br />

continue avec ses forces d’occupation.<br />

C’est dans cet esprit qu’il a dénoncé<br />

la énième visite de la directrice<br />

du cabinet de la secrétaire d’Etat des<br />

Etats-Unis, Cheryl Mills accompagnée<br />

de l’ambassadrice étasunienne, Pamela<br />

White au Parlement haïtien le mardi<br />

21 Août dernier, pour exercer des pressions<br />

sur des parlementaires afin de<br />

violer la Constitution d’Haïti au profit<br />

des intérêts impérialistes. Ce qui a été<br />

vite dénoncé par le sénateur du Nord,<br />

Moïse Jean-Charles et ses collègues<br />

de l’assemblée. Il a réitéré l’appel à la<br />

n mouri. N ap viv nan fatra, nou pa<br />

gen sekirite, se tout lajounen vólè ap<br />

pran zafè nou, y ap vyole nou. Kolera-<br />

Minustah ap touye moun nan kan an.<br />

Depi lapli a koumanse tonbe, gen yon<br />

moun ki déjà mouri la a semèn pase<br />

a. Pou noumenm, nou pa egziste pou<br />

dirijan yo nan peyi a. Nou tande yo<br />

wete moun sou plas yo nan Petyonvil<br />

ak Channmas, noumenm sinistre nan<br />

Delma, nou pa janm wè pèsonn vin<br />

pale ak nou. »<br />

C’était la déclaration d’une dame<br />

âgée de 32 ans. Elle vit dans le camp<br />

Accra à Delmas 32 depuis plus de 2<br />

ans.<br />

Les sinistrés d’un camp de Canapé-vert,<br />

au dos du building de la Téléco,<br />

le camp AVIC, s’étaient mobilisés le samedi<br />

25 Août pour faire entendre leur<br />

voix ; la Police a débarqué et procédé<br />

à l’arrestation de neuf (9) d’entre eux,<br />

Feneh Daniel, Toussaint Carl ,Edouard<br />

Ralph, Donal Monéus, René hendry,<br />

Fritz Monima, Figaro Domingue, Michel-Ange<br />

Saint Jean, Junior. Ce sont<br />

neuf victimes du séisme du 12 janvier<br />

2010 vivant encore sous les tentes au<br />

Camp AVIC. Ils ont été arrêtés par la Police<br />

Nationale pour avoir osé, le samedi<br />

25 aout 2012, revendiquer la protection<br />

de l’Etat haïtien durant le passage<br />

d’Isaac.<br />

Au centre-ville, à Lalue, la responsable<br />

des victimes des coopératives,<br />

Magarette Fortuné, responsable<br />

également d’un centre d’hébergement<br />

de la même zone, contenant 65 familles<br />

appelle le gouvernement au secours.<br />

Selon elle les centres d’urgence annoncés<br />

par le gouvernement de Lamothe<br />

ne fonctionnent pas : « Je l’ai appelé<br />

à plusieurs reprises, mais personne<br />

ne m’a répondu. J’ai été obligé de recourir<br />

au secrétaire d’Etat à la sécurité<br />

publique, Réginald Delva qui m’a promis<br />

de faire le suivi. Le gouvernement<br />

a fait 10/10 dans les campagnes de<br />

préventions et de sensibilisation, mais<br />

en termes d’action concrète, c’est zéro<br />

barré. On a déjà enregistré 1 mort dans<br />

le camp dont un enfant de 2 ans faute<br />

de médicaments ». a-t-il tempêté.<br />

D’après les responsables de la<br />

Protection civile d’Haïti, Isaac s’en va,<br />

mais il laisse derrière lui des milliers de<br />

victimes de toutes sortes.<br />

mobilisation de la population, en dernier<br />

ressort pour faire plier le président<br />

Martelly sur la position de la majorité<br />

et lui faire respecter les lois du pays.<br />

Par ailleurs, ce mardi le président<br />

Martelly a rencontré les dirigeants de<br />

certains partis politiques du pays à<br />

l’hôtel Karibe. Parmi les participants<br />

il y avait entre autres Maryse Narcisse<br />

de Fanmi Lavalas, Evans Paul<br />

du KID, Edmonde Suplice Beauzile<br />

pour Fusion, Rebu pour GREH, l’Agr.<br />

Jean André Victor pour PLH, Me Henry<br />

Céant pour Renmen Ayiti et d’autres<br />

représentants. Il semblerait que l’OPL,<br />

le RDNP et INITE n’ont pas été representés.<br />

Sans doute Lambert n’avait<br />

pas invité ses anciens collègues de la<br />

plateforme Inite. Une rencontre qui a<br />

fini en queue de poisson.<br />

4<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012


Twa fèy, Twa rasin O<br />

Deux superbes sousou, joyaux du régime Martelly<br />

A propos du sousouisme et du souflantyouisme<br />

Par Fanfan La Tulipe<br />

Il y a toujours eu à travers le temps,<br />

sous tous les cieux des individus qui<br />

ont excellé dans la pratique de se tenir<br />

non pas droits face au pouvoir mais<br />

plutôt à angle droit. Ce sont les sousou.<br />

Une échine souple leur permet de se<br />

tenir à différents angles de prosternation<br />

devant le chef, tout dépend des<br />

besoins du moment. Un angle aigu<br />

d’environ 30º, c’est juste pour se faire<br />

remarquer du pouvoir. A 60º, le sousou<br />

est déjà plus agressif, il fait signe qu’il<br />

aimerait lui aussi sucer un os. A 90º, la<br />

position échinante à angle droit indique<br />

l’urgence suçante. Il y a aussi l’angle<br />

plat, l’angle de 180º, c’est la position<br />

sousoute extrême qui correspond à l’àplat-ventre.<br />

On n’a plus affaire à un<br />

être humain, on est en face d’un reptile.<br />

Je vais commencer par vous<br />

«prendre loin» pour, éventuellement,<br />

vous «emmener près» de deux superbes<br />

sousou. En attendant, patientez<br />

un peu. Dans les années 30, le président<br />

Vincent agacé par le comportement<br />

d’un juge à la cour de cassation,<br />

Me Baléwouzé, voulut le révoquer.<br />

Mais les juges sont inamovibles. Vincent<br />

fit alors appel au plus grand juriste<br />

de l’époque, Me Zabulon, et lui fit part<br />

de ses pulsions révocantes. Prompt<br />

comme l’éclair, Maître Za jeta à la face<br />

du chef les différents articles de loi<br />

attestant de l’inamovibilité des juges,<br />

ajoutant que cette révocation mijotée<br />

par le président serait aussi répréhensible<br />

que scandaleuse, déclencherait<br />

une crise politique et serait un très<br />

mauvais précédent dans l’histoire du<br />

pays. Maître Za alors tout fier de luimême<br />

s’en alla raconter l’affaire à ses<br />

pairs à la ronde badette.<br />

Entre-temps, Vincent, cynique<br />

comme lui seul, glissa à l’oreille d’un<br />

de ses proches, Marc Tibouchon, que<br />

Za était vraiment un couillon de la pire<br />

espèce car si le juriste lui avait dit qu’il<br />

pouvait révoquer le juge Baléwouzé, il<br />

aurait fait de Za son ambassadeur à Paris.<br />

Vincent est certain que Tibouchon,<br />

en bon sousou qu’il est, va le faire<br />

savoir à Za. En effet, Tibouchon rencontre<br />

Maître Zabulon et lui reproche<br />

sa couillonnerie. Za se rend compte<br />

comment par une couillonne imbécillité<br />

il a raté un poste tant convoité par tant<br />

de politiciens sousou. Il se précipite au<br />

palais national avec plusieurs livres de<br />

loi sous les bras, s’excuse à plat ventre<br />

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Le Secrétaire d’Etat à la<br />

Communication Guyler C. Delva<br />

auprès de Vincent à qui il «démontre»,<br />

textes de loi à l’appui, qu’il est parfaitement<br />

en droit de révoquer Baléwouzé.<br />

Ah ! Gen sousou ak sousou.<br />

Sous Duvalier, on en a pas mal<br />

vu, lu et entendu ces sousou qui ne se<br />

sont pas gênés pour soutenir le régime<br />

sanguinaire de Papa Doc. Dans un fascicule<br />

où Duvalier avait fait imprimer<br />

les flatteries de nombre de sousou du<br />

régime, un médecin, obstétricien-gynécologue,<br />

un grand bourgeois de la<br />

bonne société port-au-princienne, avait<br />

ainsi apporté sa contribution sousoute<br />

au dictateur: « L’amitié des grands est<br />

un bienfait des dieux». On n’oubliera<br />

pas non plus la fracassante déclaration<br />

sousoute d’un autre docteur, l’ineffable<br />

et extravagant Jacques Fourcand, lors<br />

de la tentative d’assassinat de Jean-<br />

Claude Duvalier. C’était en avril 1963.<br />

Après le carnage perpétré au domicile<br />

des Benoît, au Bois Verna, Fourcand<br />

avait eu la folle et criminelle audace de<br />

menacer le pays d’une «rivière de sang<br />

et d’une Himalaya de cadavres». Duvalier<br />

capta le message cinq sur cinq et<br />

récompensa l’animal.<br />

Chaque régime a toujours eu ses<br />

sousou, ses oui-oui chèf, ses padonchèf,<br />

ses domestiques, ses larbins,<br />

ses frotte-manches, ses frotte-culs,<br />

ses lèche-culs, ses lèche-manches,<br />

ses lèche-bottes, ses lèche-fesses, ses<br />

lèche-bav prezidan, ses lèche-kras<br />

prezidan, ses lèche-bòkyè madan<br />

prezidan, ses laquais, ses valets, ses<br />

restavèk, ses tyoulit, ses souflantyou,<br />

ses souffle-en-culs. On prend presque<br />

plaisir à les regarder évoluer, gesticuler,<br />

tant ils ont élevé leurs sousouteries au<br />

rang d’un véritable art. C’est le cas d’un<br />

larbin de Vincent qui glissait à l’oreille<br />

du président, lors d’un cinq-à-sept au<br />

palais :«Votre ministre Untel, il porte<br />

un complet gris, une cravate grise, des<br />

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à New York<br />

souliers gris, tout est gris sauf la matière.<br />

Mais vous, président, pour la matière<br />

grise, vous en avez à revendre».<br />

Un seul tour de langue, un coup de<br />

langue, un coup de sousou.<br />

Les propagandistes d’un régime<br />

comptent parmi ses meilleurs souflantyou.<br />

On peut se rappeler un certain<br />

Morille Figaro sous Duvalier. Lors<br />

d’un éditorial relatif à la brutale et trop<br />

intempestive arrestation du commerçant<br />

Shibley Talamas qui passa de vie<br />

à trépas sous les coups des sbires du<br />

sanguinaire président, le lèche-cul du<br />

président expliqua ainsi le passage au<br />

pays sans chapeau de Talamas :«Le<br />

malotru pesait dans les 290 livres, donc<br />

difficile à maîtriser. Dans son obstination<br />

à s’opposer aux forces de l’ordre<br />

il offrit tant de résistance que son cœur<br />

finit par céder. Le gouvernement avait<br />

fait son possible pour éviter un pareil<br />

dénouement. Shibley Talamas est mort<br />

d’un arrêt cardiaque…»<br />

Le souflantyou n’a ni âme, ni<br />

cœur. C’est sa panse qui lui sert de<br />

conviction. Il doit vivre, fò l manje. C’est<br />

une loi de la nature, disons plutôt de sa<br />

nature. Il faut le voir le premier janvier<br />

quand il vient présenter ses hommages<br />

au président. L’échine souple il se plie<br />

à 90º, formant un parfait angle droit et<br />

au moment de presser la main au chef<br />

il lui glisse, furtivement, sousoutement,<br />

tyoulitement :«Excellence, n’oubliez<br />

pas votre digne serviteur. Il est toujours<br />

à vos ordres et prie Dieu de vous<br />

protéger de vos ennemis». Le président<br />

qui lui-même se fout de la protection<br />

divine toise le tyoul. Ce dernier tout<br />

en se rendant compte du mépris, de la<br />

toiserie, adresse une «dernière prière»<br />

au chef avant de lui lâcher finalement<br />

la main :«je ne suis pas dans l’opposition,<br />

je veux humblement servir votre<br />

gouvernement, donnez-m-en l’opportunité,<br />

je vous en prie et vous supplie».<br />

C’est à la radio, derrière un micro<br />

que le larbin est dans son plat pour déployer<br />

ses ailes souflantyoutes. Il dira<br />

tout, fera tout pour expliquer l’inexplicable,<br />

faire admettre l’inadmissible,<br />

excuser l’inexcusable, faire prendre des<br />

vessies pour des lanternes et le président<br />

pour le phare d’Alexandrie en<br />

Egypte ou le phare romain d’Ostie, en<br />

Italie. Il mentira effrontément, voudra<br />

se faire passer pour un certain Jean Pic<br />

de la Mirandole, li konn tout bagay. Il<br />

ira même au devant des désirs du chef<br />

pour lui plaire, devinera ses pensées,<br />

applaudira tout ce que le président a<br />

fait, fit, fait, fera, ferait ou même déferait,<br />

surtout si le président est un fèzè.<br />

Après vous avoir promenés à<br />

travers l’Egypte et la Chaldée de ces<br />

considérations souflantyoutes j’en<br />

viens maintenant à deux superbes sousou<br />

que je considère être des joyaux<br />

du régime Martelly. Ils ont donné libre<br />

cours à leur dispositions souflantyoutes<br />

et leur naturel frotte-manche au cours<br />

de deux récentes émissions Ranmase,<br />

à Radio Caraïbe. Il s’agit du Secrétaire<br />

d’Etat à la Communication Guyler C.<br />

Le ministre de la Culture Mario Dupuy<br />

Delva et du ministre de la Culture Mario<br />

Dupuy. Ainsi, sur le site «Forum <strong>Haiti</strong><br />

: Des Idées et des Débats sur l’Avenir<br />

d’<strong>Haiti</strong>», on peut lire en date du<br />

jeudi 16 août 2012 : «Le journaliste<br />

Guy C. Delva récompensé pour son discours<br />

pro-Martelly».<br />

Plus loin, sur le même site, un<br />

internaute commente: « C’était clair<br />

que Guy C. Delva était devenu un<br />

agent du gouvernement Lamothe/Martelly.<br />

Le murmure [sic] de ce journaliste<br />

à l’émission Matin-Caraibe retentissait<br />

aux quatre coins du pays. Guyler C.<br />

Delva était un fantôme de la Presse<br />

au service du gouvernement haïtien.<br />

C’était trop beau pour qu’il soit un journaliste<br />

indépendant. On aurait dû se<br />

méfier».<br />

Toujours sur le même site, une<br />

internaute écrit:« Effectivement…, je<br />

connais le parcours de Guy Delva, mais<br />

je ne pense pas qu’il pourrait être un<br />

secrétaire d’état objectif. Il va travailler<br />

pour la propagande de Micky; je dirais<br />

même qu’il a travaillé fort pour être au<br />

sein de l’équipe de Micky. Je n’avais<br />

aucun doute quant à sa capacité au<br />

sein de S.O.S. Journaliste. Il défendait<br />

le droit des journalistes battus, tués<br />

ou maltraités. Il les défendait du bec<br />

et des ongles et j’en étais ravie, mais<br />

présentement, il est un vendu. Il va<br />

sûrement être utile uniquement à son<br />

gouvernement. Je l’ai entendu à Matin<br />

Caraïbes; il a dit qu’il sera toujours présent<br />

pour répondre à ceux qui diront du<br />

mal de son gouvernement. Il promet<br />

de s’inviter dans toutes les émissions<br />

lorsque le besoin se fera sentir…Je crois<br />

sincèrement que sa carrière de journaliste<br />

vient d’être terminée, malheureusement.»<br />

Le dernier coup pour tuer le coucou,<br />

sur le même site, se lit comme suit:<br />

«Je n’ai aucun problème avec le choix<br />

de Guy C. Delva de devenir membre<br />

du parti politique haitien TETKALE de<br />

Michel Martelly. Mon problème avec<br />

le journaliste Delva c’est qu’il faisait<br />

de la propagande pour la présidence à<br />

l’émission Matin Caraïbe avant même<br />

qu’il soit nommé. Je trouve ce comportement<br />

malhonnête et indigne de la<br />

part d’un journaliste de l’acabit de Guy<br />

C. Delva. Il savait bien ce qu’il faisait<br />

depuis des semaines au micro de cette<br />

radio. Il faisait de la propagande pour<br />

Martelly et Lamothe. Je crois qu’il est<br />

pire qu’un Jean Marie Chanoine au<br />

temps des Duvalier. Au moins on savait<br />

qui était Jean Marie Chanoine. C’était<br />

un duvaliériste. Guy C. Delva s’était<br />

toujours présenté comme un journaliste<br />

indépendant, et en s’affiliant avec le<br />

gouvernement de droite de Martelly /<br />

Lamothe il fait preuve d’un manquement<br />

grave au niveau d’éthique».<br />

Ces commentaires collent parfaitement<br />

avec le comportement de<br />

Delva à l’émission Ranmase du samedi<br />

18 août 2012. Il s’agitait, intervenant<br />

à tout propos au point que dans son<br />

compte-rendu de cette émission Jean<br />

Monard Métellus a peint «un Guy Delva<br />

qui a essayé de jouer «au touche-àtout»<br />

pour défendre du bec et des ongles<br />

le pouvoir du président Martelly…Sans<br />

pitié pour l’ancien responsable de SOS<br />

journaliste, Me [André] Michel et le<br />

professeur D’Meza ont déclaré «enfin,<br />

Guy a été nommé» et le dernier, enfonçant<br />

le clou un peu plus profondément<br />

dans la plaie a indiqué qu’il ne croit pas<br />

que la nation prendra trop au sérieux<br />

un homme qui a fait successivement<br />

les trois derniers pouvoirs qui se sont<br />

succédé au pays». Amen.<br />

C’est à cette même émission que<br />

Guy Delva en plein dans ses acrobaties<br />

sousoutes, a été rappelé à un minimum<br />

de décence par Anthony Barbier,<br />

membre du parti Fusion et présumé<br />

GNBiste, tant le nouveau secrétaire à<br />

la Communication «faisait la culbute»<br />

pour vanter les réalisations du chef.<br />

D’ailleurs, à l’émission du samedi 25<br />

août 2012, le lendemain du passage du<br />

cyclone Isaac, Guy Delva se montrait<br />

encore «beau culbuteur» pour étaler<br />

les prouesses présidentielles-gouvernementales<br />

à venir au secours de la<br />

population : 530 plats chauds au Lycée<br />

Jean-Marie Vincent, 960 plats chauds<br />

à l’école nationale de Cazeau, 400<br />

plats chauds à la mairie de Tabarre,<br />

1500 plats chauds à l’École nationale<br />

de Tabarre, les numéros de téléphone<br />

pour rejoindre des introuvables comme<br />

le commissaire du gouvernement, les<br />

agents de l’OFATMA ou les techniciens<br />

de l’EDH. J’en passe.<br />

C’est malheureux que Nobel<br />

n’ait pas pensé à un Prix Souflantyou,<br />

car Mario Dupuy l’aurait gagné haut la<br />

main. Il a donné la mesure de sa nature<br />

souflantyoute lors d’une intervention<br />

à cette émission Ranmase du 18 août.<br />

Il était intervenu par téléphone, suite<br />

à une aimable remarque de Me André<br />

Michel à son adresse:« j’apporte toute<br />

ma solidarité à Mario Dupuy avili par<br />

Martelly en direct à la Citadelle le mois<br />

dernier». Piqué au vif dans sa «dignité»,<br />

le ministre de la Culture répondait béatement,<br />

sousoutement, bassement, sottement,<br />

maladroitement, scandaleusement,<br />

honteusement, indignement:<br />

«J’ai l’honneur de refuser cette solidarité».<br />

Sans rire, sans gêne Mario Dupuy<br />

a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une<br />

humiliation mais que, au contraire,<br />

c’était lui-même qui avait invité le chef<br />

de l’Etat à venir voir l’état des lieux,<br />

alors que la scène d’humiliation avait<br />

été retransmise sur les télévisions. Mario<br />

Dupuy était encore chanceux que le<br />

président, ce matin là, n’était pas sur<br />

son brenzeng koulanguiettant. Li t ap<br />

konn Jòj.<br />

Alors, Martelly peut être fier de<br />

ses choix: un ministre de l’Inculture<br />

et un secrétaire d’Etat à l’Incommunication,<br />

deux superbes sousou, deux<br />

joyaux souflantyou de son peu reluisant<br />

régime, particulièrement éclaboussé<br />

depuis la lettre de Me. Newton Saint-<br />

Juste au commissaire du gouvernement<br />

dénonçant des dépenses injustifiées de<br />

la Première dame et le priant de mettre<br />

l’action publique en mouvement contre<br />

la Première dame Sophia Martelly et<br />

contre son fils Olivier Martelly pour des<br />

dépenses engagées au nom de l’Etat.<br />

Pour couronner son accusation, l’avocat<br />

a également écrit aux présidents du<br />

Sénat et de la chambre basse pour informer<br />

de la dénonciation faite en date<br />

du 16 août 2012 contre la Première<br />

dame Sophia St Rémy Martelly et son<br />

fils Olivier Martelly pour «usurpation<br />

de titre ou de fonction et association de<br />

malfaiteurs». Grosse affaire.<br />

Bien sûr Martelly s’en fiche. Sur<br />

les ondes de Scoop FM il a eu à déclarer<br />

que tout ça «n’est que du blablabla». Il<br />

a raison, il peut compter sur ses deux<br />

superbes sousou pour désamorcer cette<br />

bombe Saint-Justine.<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 5


Kwonik Kreyòl<br />

Frakka mande liberasyon militan<br />

MOLEGHAF yo<br />

Madi 19 jen 2012 la, lapolis arete<br />

Oxigène David ak Charles Dukens<br />

pandan yo t ap manifeste nan yon sitign<br />

« Mouvement de Liberté d’Egalite<br />

des Haïtiens pour la Fraternité »<br />

MOLEGHAF te òganize devan Ministè<br />

Afè Sosyal. Se chak madi manm MO-<br />

LEGHAF òganize sitign sa a devan<br />

Ministè a pou rele « aba grangou ak<br />

lavichè epi mande gouvènman an<br />

travay ».<br />

Militan MOLEGHAF yo deja genyen<br />

2 mwa 2 jou nan prizon Penitansye<br />

Nasyonal san jije. Yo te parèt<br />

devan jij enstriksyon Berge O. Surpris<br />

nan pakè Pòtoprens 18 jiyè 2012 la.<br />

Akizasyon lapolis lage sou do mesye<br />

yo se (ak vandalis) paske yo kraze vit<br />

yon machin ki te kanpe nan zòn lan.<br />

Alòske swadizan mèt machin lan pa<br />

t janm parèt nan tribinal la. Jij Berge<br />

O. Surpris retounen mesye yo nan<br />

penitansye. Ki donk, sèl krim 2 militan<br />

MOLEGHAF yo komèt, se paske yo t<br />

ap rele « aba grangou ak lavichè, yo<br />

bezwen travay ».<br />

Oxigène David abite Fònasyonal<br />

yon katye popilè, se papa 5 pitit, 4 fi<br />

1 gason. Se manm fondatè epi prensipal<br />

lidè MOLEGHAF, yon òganizasyon<br />

revandikatif ki rasanble jenn gason ak<br />

jenn fanm nan zòn lan. Depi sou gouvènman<br />

Rene Preval, òganizasyon sa a<br />

toujou òganize sitign chak madi devan<br />

Ministè Afè Sosyal pou mande travay.<br />

Yon revandikasyon lejitim nan yon<br />

peyi ak yon popilasyon 60 pousan jèn<br />

BOUKAN<br />

101.9 FM • SCA<br />

Radyo Pa Nou<br />

Emisyon KAKOLA<br />

Konbit Ayisyen pou Kore Lit la ann Ayiti<br />

• Nouvèl •<br />

• Analiz •<br />

• Kòmantè •<br />

• Deba •<br />

Pou yon Ayiti Libere<br />

(917) 251-6057<br />

www.RadyoPaNou.com<br />

Mèkredi 9-10 pm<br />

ak yon to chomaj anviwon 70 pousan,<br />

kote lavichè a ap grenpe pi plis chak<br />

jou.<br />

Charles Dukens, yon jenn militan<br />

23 lane, ki apèn fin fè klas filo. Dukens<br />

Yon manifestasyon pou mande liberasyon Oxigène David<br />

ak Charles Dukens<br />

ap milite nan MOLEGHAF depi anviwon<br />

yon lane edmi. Dukens se youn<br />

nan 8 pitit madan Anile Charles, ki pap<br />

viv avèk mari l depi 12 lane. Madanm<br />

lan ap kriye tout jounen tout lanuit pou<br />

pitit gason l k ap manje prizon paske li<br />

te pèmèt li rele aba grangou sou gouvènman<br />

Mateli Lamòt la.<br />

Arestasyon Oxigène David ak<br />

Charles Dukens, se yon zak politik pou<br />

fèmen bouch militan MOLEGHAF yo<br />

k ap rele aba grangou, ba yo travay.<br />

Alòske madan prezidan an gen yon<br />

Oxigène David<br />

pwogram ki rele (aba grangou). Pandan<br />

nou ka konstate grangou ak lamizè<br />

ap touye moun nan peyi a . Arestasyon<br />

ak anprizònman 2 jenn gason sa yo<br />

ki pa komèt okenn zak malonèt, ki<br />

senpleman t ap defann dwa yo, fè nou<br />

poze tèt nou kesyon pou mande ki kantite<br />

inosan k ap manje prizon san yo pa<br />

fè anyen ? Alòske, bandi legal yo gen<br />

pouvwa pou yo fè sa yo vle ak peyi a.<br />

Nou menmm nan FRAKKA, nou<br />

denonse aretasyon 2 jenn gason sa yo<br />

k ap boule prizon depi anviwon 2 mwa<br />

paske sèlman yo t ap mande travay ak<br />

manje. Se yon aretasyon abitrè, ilegal,<br />

ki vyole dwa konstitisyon 1987 la bay<br />

tout moun pou manifeste kòlè yo kont<br />

tout sa yo pa dakò k ap fèt nan sosyete<br />

a. Nou pwofite lanse yon apèl bay tout<br />

fòs pwogresis yo, pou nou leve kanpe<br />

kont retou rejim gwo ponyèt makout k<br />

ap rechouke nan peyi a.<br />

Konsa nou menm nan FRAKKA,<br />

nou mande :<br />

Jij enstriksyon Berge O. Surpris libere<br />

Oxigène David ak Charles Dukens ki pa<br />

fè okenn krim pou y ap manje prizon.<br />

Enstitisyon k ap defann dwa<br />

moun yo pou pran pozisyon sou arestasyon<br />

gwo ponyèt ak anprizònman abitrè<br />

Oxigène David ak Charles Dukens.<br />

Pou sektè popilè a leve kanpe<br />

kont retou rejim boutdi makout ladwat<br />

ak lekstrèm dwat la vle rechouke nan<br />

peyi a.<br />

Aba grangou ak lavichè! Viv<br />

liberasyon Oxigène David ak Charles<br />

Dukens<br />

Pou Fòs Refleksyon ak Aksyon sou<br />

Koze Kay (Frakka)<br />

SANON Reyneld<br />

Sekretè Egzekitif<br />

RADIO<br />

PA NOU<br />

1685 Nostrand Avenue<br />

Brooklyn, NY 11226<br />

67 Khz<br />

www.radyopanou.com<br />

Depuis 2002<br />

<br />

<br />

<br />

Fondateur: Jude Joseph<br />

Bureau:<br />

(718) 940- 3861<br />

Studio:<br />

<br />

<br />

(718) 469- 8511<br />

28 Out 1994 -28 Out<br />

2012: 18 lane asasina<br />

Pè Jean-Marie Vincent<br />

Patisipan yo nan rankont pou te komemore 18 lane asasina Pè Jean-<br />

Marie Vincent<br />

out 1994 kriminèl asasen yo ki<br />

28 te nan lame kriminèl Raoul Cédras/Michel<br />

François ak manm FRAPH<br />

li yo te touye yon gwo potorik gason,<br />

ki t ap travay ak mas pèp la, sitou ak<br />

peyizan yo nan komin Jean-Rabel, se<br />

Pè Jean-Marie Vincent, nan ri Bausan,<br />

nan zòn Tijo.<br />

Tankou anpil lòt viktim kouwè:<br />

Pè Ti-Jean Pierre-Louis, Jean Léopold<br />

Dominique, Antoine Izméry, Guy Malary,<br />

Lovinsky Pierre-Antoine elatriye<br />

san nou pa bliye kantite moun ki<br />

tonbe nan katye popilè yo, ki pa janm<br />

konn gou lajistis. Pandanstan kriminèl,<br />

asasen yo kontinye ap taye banda<br />

nan tout espas pouvwa yo nan peyi a,<br />

yo toujou ap benefisye reny enpinite a.<br />

Anesa a ankò, madi 28 Out<br />

2012 la, Fondasyon Jean-Marie Vincent<br />

(FJMV) te òganize yon woumble<br />

nan lokal Biwo Avoka Entènasyonal<br />

yo (BAI) pou kontinye reflechi sou<br />

lide pwogresis Pè a t ap defann pou<br />

te fè sosyete a vanse epi kontinye egzije<br />

jistis pou li ak tout lòt viktim Lame<br />

kriminèl rejim Duvalier yo.<br />

Sou panèl lan te gen reprezantan<br />

plizyè òganizasyon tankou: Pè Frantz<br />

Grandoit pou (FJMV/FODEP); M.A<br />

Vincent ak M.A Figaro (FJMV); Rosemé<br />

Anthony (ANAPP/REPT); Marc-<br />

Arthur Fils-Aimé (ICKL), Pierre-Lyns<br />

(PRNCPS) ak Romestil Pierre Melisca<br />

(CPJ), ki t ap anime deba yo. Me. Mario<br />

Joseph, responsab (BAI) la te esplike<br />

kouman dosye pè Jean-Marie a<br />

ap tatonnen nan sistèm Lajistis pouri<br />

a, moun yo te arete yo tankou : Remy<br />

Lucas ak kapitèn Jackson Joanis jwenn<br />

liberasyon yo. Anpil non moun ki te<br />

figire nan dosye a epi lajistis te tande,<br />

pa t nan lis moun ki nan òdonans<br />

Lajistis te rann sou dosye sasinay pè<br />

Jean-Marie a. Angwo, daprè mèt Mario<br />

Joseph, Lajistis la pa janm anfavè<br />

mas pèp la ak tout moun k apgoumen<br />

bòkote mas yo. Se enpinite k ap reye<br />

nan peyi a, kote bouwo yo, kriminèl<br />

yo ap mache libelibè, pandan viktim<br />

yo kontinye ak sibi enjistis anba<br />

aparèy jidisye Martelly a.<br />

Pè Frantz Grandoit te pale sou<br />

pwojè alfabetizasyon pè a te genyen<br />

pou mas pèp la te ka aprann li, ekri<br />

epi apwofondi refleksyon yo sou zafè<br />

politik ak ekonomik peyi a. M. A Figaro<br />

bò kote pa l te esplike vizyon pè<br />

Jean-Marie te genyen pou te devlope<br />

yon lòt modèl ekonomik pou te konbat<br />

vye sistèm kapitalis peze souse a, gwo<br />

vale piti a, k ap mache sou zantray<br />

mas pèp la. Eksperyans li te fè nan<br />

mete koperativ kanpe pou ede moun<br />

ki pi pòv yo.<br />

Plizyè lòt moun te pale sou batay<br />

pè Jean-Marie te mennen, nan komin<br />

Jean-Rabel, Nòdwès peyi a pou ti<br />

peyizan yo jwenn tè, zouti ak angrè<br />

pou fè pwodiksyon nasyonal la vin pi<br />

efikas, pou peyi pa t tonbe nan katyouboumbe<br />

li ye jounen jodi a, kote<br />

politik neyoliberal, mache lib la lage l,<br />

Pè Jean-Marie Vincent<br />

kote grangou ak chomaj woz tèt kale a<br />

ap fè ti trip vale gwo trip.<br />

Nou pa kab bliye tou, dokiman<br />

wikiliks yo enplike Youri Latortue,<br />

kòm youn nan asasen pè Vincent,<br />

men Lajistis pa janm fè anyen sou sa,<br />

paske se menm yo menm yo ki sou<br />

pouvwa a.<br />

Yo te pale tou sou nesesite pou<br />

tout fanmi, pwòch viktim ak tout lòt<br />

moun k ap goumen pou yon lòt sosyete,<br />

pou yon lot kalte jistis, mete tèt<br />

yo ansanm pou batay kont enpinite<br />

epi mete kanpe yon lòt Leta ki chita<br />

sou lajistis sosyal ak respè dwamoun,<br />

pou lide pè Jean-Marie Vincent yo kontinye<br />

fè chimen l.<br />

EMMANUEL<br />

FUNERAL HOME<br />

“An Oasis of Peace”<br />

14300 West Dixie Highway, Miami, FL<br />

110 South Dixie Highway, Lake Worth, FL<br />

Fritz G. Duvigneaud<br />

561.502.8244 • 561.588.0302<br />

954.942.0056<br />

Pasteur Enoch Milien<br />

305.949.0603 or 6118<br />

786.487.6836<br />

Emmanuelfuneralhome@yahoo.com<br />

6<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012


Perspectives<br />

Ce sont les premiers pas qui comptent<br />

Par Marc-Arthur Fils-Aimé<br />

Le président de la République,<br />

M. Joseph Martelly s’est entortillé<br />

davantage dans les mailles de<br />

l’inconstitutionnalité avec la formation<br />

du nouveau Conseil Électoral<br />

Permanent, issu d’un processus entaché<br />

de mille et une irrégularités.<br />

Paradoxalement, ce sont ceux et<br />

celles qui sont dotés de la responsabilité<br />

de faire les lois et de les faire<br />

respecter qui s’obstinent à creuser<br />

et à lui préparer le chemin tortueux<br />

de l’illégalité. Hier, il revenait à des<br />

parlementaires peu soucieux de la<br />

bonne marche du pays d’amender<br />

dans l’obscurité la plus épaisse la<br />

Constitution de 1987. Au cours des<br />

premières semaines de son quinquennat,<br />

le président Martelly avait<br />

rejeté l’amendement proposé qui,<br />

d’après ses premières analyses, est<br />

truffé de fraudes et d’erreurs. Il en a<br />

même soupçonné un piège qui lui serait<br />

tendu. Malgré cela, il a promulgué<br />

le même amendement plus d’un<br />

an après sans autre forme de procès.<br />

Aujourd’hui, c’est le nouveau président<br />

de la Cour de Cassation, la plus<br />

haute instance judiciaire du pays et<br />

président constitutionnel du Conseil<br />

Supérieur du Pouvoir Judiciaire<br />

le CSPJ, Me Anel Alexis, qui a accompagné<br />

le chef de l’État dans ce<br />

forfait. Cet allié fidèle du président de<br />

la République a profité de l’absence<br />

de trois membres sur huit- le neuvième<br />

se trouvait à l’étranger- de<br />

cette instance tout récemment nommée<br />

pour choisir de son propre chef<br />

les trois personnes devant siéger, au<br />

nom du pouvoir judiciaire, au Conseil<br />

Électoral Permanent. Me. Alexis<br />

ne s’est pas même embarrassé du<br />

principe de la majorité absolue requis<br />

pour faire sa nomination alors qu’il<br />

n’a pas droit de vote. Le ver est déjà<br />

dans l’amendement de la Loi-mère et<br />

de sa promulgation.<br />

En effet, le nouvel amendement<br />

a enlevé aux Collectivités territoriales<br />

certaines de leurs prérogatives<br />

démocratiques. Elles ne peuvent<br />

plus participer à la constitution du<br />

Conseil Electoral Permanent dont la<br />

responsabilité incombe désormais<br />

exclusivement aux trois grands pouvoirs<br />

traditionnels, en l’occurrence,<br />

les pouvoirs législatif, judiciaire et<br />

exécutif. Chacun d’eux a droit à trois<br />

représentants. Excipant de sa bonne<br />

foi pour mettre fin aux sempiternels<br />

Conseils Électoraux Provisoires- le<br />

pays en a connu une quinzaine<br />

au cours de plus d’une vingtaine<br />

d’années- le président Martelly s’est<br />

empêtré dans l’illégalité la plus fragrante<br />

en publiant la liste des six<br />

membres du nouveau Conseil, soit<br />

ceux de l’exécutif et ceux du Conseil<br />

Supérieur du Pouvoir Judicaire, malgré<br />

le tollé qu’a provoqué la brutale<br />

méthode de Me. Alexis. Il a fait fi de<br />

la proportion réservée à l’assemblée<br />

nationale des parlementaires. Il a<br />

hiérarchisé les pouvoirs dans la<br />

lignée du présidentialisme fort de<br />

tous les régimes haïtiens précédents<br />

en s’accordant la part du lion. Les<br />

mailles de l’inconstitutionnalité sont<br />

devenues tellement serrées que tous<br />

les pas du président Joseph Martelly<br />

le conduisent vers le même précipice.<br />

Il sera très difficile à son pouvoir de<br />

s’en sortir.<br />

Le président du CEP de Martelly<br />

est son ancien ministre de la Justice<br />

Josué Pierre-Louis. En réalité, un<br />

Conseil Électoral permanent ne va<br />

rien changer en ce sens. Le problème<br />

ne réside pas dans sa durée mais<br />

très sûrement dans sa nature<br />

Le président Martelly subit les<br />

conséquences de son calcul<br />

erroné.<br />

Existerait-il une voie légale pour<br />

contourner la résistance d’une fraction<br />

importante du sénat qui refuse<br />

jusqu’à présent tout compromis dans<br />

le dossier de la formation du Conseil<br />

Électoral Permanent ? La Chambre<br />

haute est amputée d’un tiers de ses<br />

membres, arrivé à la fin de leur mandat<br />

depuis quelque trois mois. Le président<br />

Martelly subit les conséquences<br />

négatives de son calcul erroné de<br />

n’avoir pas organisé les élections<br />

pour le tiers du Sénat et les Collectivités<br />

territoriales durant le mois de<br />

novembre de l’année dernière suivant<br />

le délai fixé par la Constitution.<br />

Ainsi, comme la vie est mouvement,<br />

la minorité du début s’est transformée<br />

en une majorité imposante<br />

et opposante. Celle-ci refuse pour<br />

des raisons diverses, soit d’ordre<br />

idéologique pour certains ou d’ordre<br />

politique ou simplement personnel<br />

pour d’autres, de collaborer au choix<br />

des trois personnalités que la Charte<br />

fondamentale ou l’amendement, son<br />

fils bâtard, octroie à l’assemblée nationale.<br />

Le président s’enfonce dans<br />

l’illégalité quand de son propre chef,<br />

il autorise le fonctionnement d’un<br />

Conseil Électoral Permanent de six<br />

membres au lieu des neuf constitutionnellement<br />

prévus. Sous certaines<br />

pressions, d’après plus d’un,<br />

venant de ses conseillers internes et<br />

de quelques courants de ladite communauté<br />

internationale, il a ainsi<br />

franchi le Rubicond. Suit-il un plan<br />

que son équipe et lui se sont tracé<br />

? Navigue-t-il à vue pour arriver à<br />

des fins qu’il s’est proposées ? Le<br />

cours des évènements nous donnera<br />

la réponse.<br />

Le proche avenir s’annonce<br />

indécis.<br />

Deux grands obstacles augurent<br />

d’imminentes difficultés qui vont obscurcir<br />

les processus électoraux pour<br />

le renouvellement du tiers du Sénat<br />

et des collectivités territoriales. La<br />

grande majorité des partis politiques<br />

traditionnels qui en réalité baignent<br />

avec des nuances près dans la même<br />

logique néolibérale que les deux<br />

branches de l’Exécutif, se montrent<br />

offusqués de la conduite du président<br />

comme s’il agissait seul en<br />

dehors d’un corps organique, d’un<br />

système politique vieux de plus deux<br />

cents ans. Ils se sont démarqués de<br />

son comportement personnel et ont<br />

déclaré qu’ils bouderont les prochaines<br />

élections.<br />

Le président Martelly s’appuie<br />

sur deux équations connues pour<br />

continuer sa course vers l’inconnu. Il<br />

spécule, pour placer ses pions, d’une<br />

part, sur l’indifférence des masses<br />

populaires qui affichent un certain<br />

mépris de ce jeu de trublions où les<br />

intérêts de ces derniers ne se confondent<br />

pas avec les leurs. Ce peut<br />

être, pourtant, une indifférence calculée<br />

ou disons mieux une procrastination<br />

en attendant de se mobiliser<br />

sur leurs vraies causes comme elles<br />

en ont toujours fait montre à travers<br />

le temps. Le président Martelly,<br />

d’autre part, a bien mesuré les limites<br />

de la déclaration de la classe<br />

politique qui n’a que la force d’une<br />

misérable pression. Les partis politiques<br />

de droite ou d’obédience sociale-<br />

démocrate qui occupent le<br />

terrain politique, malgré qu’ils soient<br />

tout récemment formés, ont déjà<br />

montré des signes d’épuisement. A<br />

peine sont-ils capables de canaliser<br />

les grands mouvements de colère<br />

populaire, même s’ils n’ont pas la<br />

capacité de les déclencher. Le pays<br />

est habitué avec les ‘’sans cœur’’<br />

qui ne rechignent pas au pouvoir<br />

politique et surtout au pouvoir de<br />

l’argent et de l’honneur. Ce seront<br />

les propres membres de ces partis qui<br />

vont se porter candidats et s’inscrire<br />

au processus électoral parce qu’ils ne<br />

diffèrent pas dans leur nature l’un de<br />

l’autre. Tout le monde est familier<br />

avec leurs arguments pour expliquer<br />

leur décision prise au mépris de la<br />

ligne de leur parti. Avec une forte<br />

dose d’immoralité, ils reprocheront,<br />

plus tard, au Conseil Electoral, les<br />

fraudes, sa partialité s’ils échouent,<br />

que les fraudes ou la partialité se<br />

vérifient ou non. Avec un manque<br />

d’éthique politique, la direction de<br />

ces partis réclamera celles ou ceux<br />

qui auront la chance d’être élus comme<br />

étant leurs ‘’camarades de combat’’<br />

s’ils réussissent aux élections<br />

comme si aucune indiscipline n’avait<br />

été commise. Ce sont ces genres de<br />

gouffre béant qui ensemencent les<br />

crises.<br />

En fait, il appert que la vraie<br />

difficulté sera de savoir sous quelle<br />

loi électorale ce Conseil va asseoir<br />

son autorité, car il doit envoyer sa<br />

proposition de loi au président de la<br />

République qui aura à la soumettre<br />

au vote des deux Chambres. En tenant<br />

compte de l’opposition croissante<br />

au sein de la Chambre basse<br />

qui s’aligne sur la demande d’un<br />

nombre considérable de sénateurs de<br />

constituer un ultime Conseil Électoral<br />

Provisoire, la prochaine loi électorale<br />

obligatoire, d’après la Constitution,<br />

qui devra guider le Conseil électoral<br />

Permanent court un risque énorme<br />

d’être rejetée, malgré les pressions<br />

ouvertes du Département d’État.<br />

Mme Cherry Mills, chef du cabinet<br />

de Mme Hillary Clinton, accompagnée<br />

de Mme Pamela Ann White, la<br />

nouvelle ambassadrice des États-<br />

Unis d’Amérique, vient d’effectuer<br />

ce mardi 21 août, entre autres, sa<br />

deuxième tournée au Parlement dans<br />

un laps de temps très court. Elles ont<br />

rencontré le président du sénat et<br />

président de l’assemblée nationale,<br />

Dieuseul Simon Desras et le viceprésident<br />

de la Chambre des députés<br />

Pauly Faustin, en absence de son<br />

président Levaillant Louis-Jeune qui<br />

se trouve en dehors du pays, sous<br />

l’innocent prétexte de visite de courtoisie.<br />

Logiquement, cette courtoisie<br />

aurait dû se dérouler entre pairs parlementaires<br />

des deux pays libres et<br />

souverains.<br />

Quelle peut être l’utilité de la<br />

complicité de tels personnages ? Ils<br />

pourront par des moyens forcés faire<br />

bouger les choses en leur sens ou<br />

en leur faveur tout en sachant que<br />

parallèlement ils brouillent davantage<br />

la carte du président Martelly<br />

et aggravent la crise qui exige pour<br />

sa solution une toute autre qualité<br />

d’analyse. L’on ne doit pas isoler<br />

le président Martelly du reste de<br />

ses adversaires conjoncturels parce<br />

qu’ils appartiennent au même embranchement<br />

politique antipopulaire<br />

avec des nuances parfois, il est vrai,<br />

considérables. L’actuelle turbulence<br />

politique est loin d’être une œuvre<br />

spontanée. Elle est forgée d’un matériau<br />

composite, issu de toutes<br />

les manœuvres de ses prédécesseurs<br />

depuis la fuite de Jean-Claude<br />

Duvalier le 7 février 1986, si l’on<br />

veut dater cet imbroglio. D’ailleurs,<br />

c’est un excès de langage admis<br />

dans notre pratique de considérer<br />

ces divers courants qui se croisent<br />

et s’entrecroisent quotidiennement<br />

dans les multiples couloirs du pouvoir<br />

comme étant des opposants. Ce<br />

n’est pas du fait qu’il leur arrive souvent<br />

de ne pas s’entendre sur leurs<br />

visions tactiques tout en caressant<br />

le même rêve stratégique bourgeois<br />

ou petit-bourgeois qu’ils se sont érigés<br />

en de véritables opposants politiques.<br />

C’est pourquoi nous disons<br />

que le proche avenir s’annonce indécis,<br />

car la lutte n’est pas menée au<br />

bon endroit.<br />

Que faut-il changer ? La durée<br />

ou la nature du Conseil Électoral<br />

?<br />

Alors que la situation socioéconomique<br />

empire avec une augmentation<br />

substantielle du coût de<br />

la vie et une dégradation accélérée<br />

de nos Valeurs, l’attention est portée<br />

plutôt sur la durée du mandat<br />

du Conseil électoral ou du moins sur<br />

la façon dont il est composé. D’une<br />

façon générale, c’est ce dont les<br />

gens discutent au lieu de réfléchir<br />

sur sa nature. Est-ce parce que les<br />

différents Conseils qui se sont succédés<br />

depuis la fin des années 1980<br />

sur la scène politique ont été provisoires<br />

qu’ils ont vendu aux puissances<br />

impérialistes la dignité et la<br />

souveraineté du pays en dépit de la<br />

présence remarquable d’un grand<br />

nombre de conseillers honnêtes et<br />

patriotiques? Est-ce du fait de leur<br />

situation éphémère qu’Ils se sont<br />

anesthésiés pour livrer le sort des<br />

élections aux étrangers ? La montagne,<br />

malheureusement pour la<br />

nation, a toujours accouché d’une<br />

souris. À l’exception d’une minorité<br />

de gens responsables qui visent à<br />

l’avancement de la grande majorité<br />

de la population, ils ont facilité la<br />

victoire aux élections à une pléiade<br />

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souvent d’incompétents. Un Conseil<br />

Électoral permanent ne va rien<br />

changer en ce sens. Le problème ne<br />

réside pas dans sa durée mais très<br />

sûrement dans sa nature.<br />

L’effet de la propagande bourgeoise<br />

n’en est pas pour rien. Elle<br />

a induit en erreur le peuple d’ici<br />

et d’ailleurs en lui faisant accroire<br />

que ces formes d’élections sont les<br />

seules qui soient valables et acceptables.<br />

Pourtant, les élections à<br />

la démocratie capitaliste réclament<br />

des sommes d’argent de plus en plus<br />

grosses et contribuent à la création<br />

d’une ploutocratie qui se donne les<br />

bras à travers les cinq continents.<br />

Par conséquent, elles excluent les<br />

petits paysans, les prolétaires et<br />

d’autres couches et classes sociales<br />

qui sont constitutivement dépourvues<br />

de grands moyens financiers et<br />

qui peuvent être pourtant plus riches<br />

en citoyenneté que ces vendeurs de<br />

tout.<br />

En guise de conclusion<br />

A moins d’un sursaut démocratique<br />

du chef de l’État et de ses collaborateurs<br />

les plus influents, la seule<br />

issue qui leur reste est de s’engluer<br />

dans l’inconstitutionnalité, car les<br />

premiers pas sont déjà comptés.<br />

L’égo de M. Martelly rendrait cette<br />

alternative très difficile et affecterait<br />

aussi son autorité. Il a emprunté un<br />

chemin qui est apte à déboucher sur<br />

des turbulences dont les principales<br />

victimes seront encore les masses<br />

populaires. Il en sera ainsi pour longtemps<br />

en attendant qu’elles parviennent<br />

à bien construire leur camp et à<br />

avoir la force réelle pour participer à<br />

la direction de leurs luttes et la capacité<br />

pour conduire en bonne voie leur<br />

victoire et transformer cette dernière<br />

en conquête finale sans l’autorité auto-proclamée<br />

d’intermédiaires indécis<br />

et opportunistes de la petite bourgeoisie.<br />

Seule la gauche progressiste<br />

et révolutionnaire peut marquer la<br />

différence et offrir l’unique alternative.<br />

Cette gauche qui existe en puissance<br />

se trouve dans l’obligation<br />

d’agglutiner ses forces non en se<br />

contentant d’additionner les initiatives<br />

anciennes et ou nouvelles à la<br />

suite de simples opérations arithmétiques,<br />

mais plutôt par et dans une<br />

pratique commune pour aboutir à<br />

son unification.<br />

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Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 7


Perspectives<br />

Persécution contre<br />

les vodouisants<br />

haïtiens<br />

Par Thomas Péralte<br />

Depuis la publication des amendements<br />

falsifiés de la constitution<br />

haïtienne de 1987, lesquels suppriment<br />

l’article 297, stipulant : « Toutes<br />

les lois, tous les décrets-lois, tous les<br />

décrets restreignant arbitrairement les<br />

droits et libertés fondamentales des<br />

citoyens notamment : a) Le décret-loi<br />

du septembre 1935 sur les croyances<br />

superstitieuses ; b) La loi du 2 Août<br />

1977 instituant le tribunal de la sûreté<br />

de l’Etat ; c) La loi du 28 juillet 1975<br />

soumettant les terres de la vallée de<br />

l’Artibonite à un statut d’exception ;<br />

d) La loi du 29 avril 1969 condamnant<br />

toute doctrine d’importation<br />

; sont et demeurent abrogés. » Les<br />

vodouisants font face à d’intenses<br />

persécutions à travers le pays. Une<br />

telle situation a été dénoncée par les<br />

responsables de la Confédération Nationale<br />

des Vodouisants haïtiens et<br />

l’Ati National, Max Gesner Beauvoir.<br />

Selon le chef suprême de la religion<br />

de tous les vrais Haïtiens. « Cet acte<br />

nous remet directement à la loi de<br />

1935 de Sténio Vincent, laquelle fait<br />

du Vodou une pratique superstitieuse<br />

à détruire et légaliser les campagnes<br />

des « rejetés » en 1941 et après. »,<br />

a-t-il regretté.<br />

Il a également dénoncé la<br />

marginalisation de la religion profonde<br />

des Haïtiens par le président<br />

Michel Joseph Martelly au profit des<br />

autres religions de domination et<br />

d’exploitation impérialistes. Depuis<br />

son arrivée au pouvoir, le 14 mai<br />

2011, M. Martelly fait bon ménage<br />

avec les catholiques et les protestants.<br />

« Le président Martelly a visité<br />

les protestants en allant à l’Eglise<br />

de Shalom. Il maintient de très bons<br />

rapports avec les catholiques romains.<br />

Il s’est fait initier dans la<br />

Franc-Maçonnerie et a obtenu le titre<br />

de grand protecteur de l’ordre. » Et,<br />

comme récompense, il a fait nommer<br />

l’actuel grand Maître de l’ordre,<br />

Yves Benoit Jean comme l’un des<br />

représentants du pouvoir judiciaire<br />

(CSPJ) au Conseil Electoral dit permanent<br />

de Martelly. Tandis que le Vodou<br />

est traité en parent pauvre : « Il n’a<br />

jamais approché le Vodou, ni visité<br />

un péristyle», a déploré l’Ati. Alors<br />

que la musique populaire haïtienne,<br />

le Compas, dont SweetMicky s’était<br />

autoproclamé président a puisé sa<br />

source dans le rythme du Vodou,<br />

rappelle-t-il.<br />

Dans la perspective d’une<br />

mobilisation générale contre les<br />

comportements anti-Vodou et les<br />

agissements criminels contre les<br />

vodouisants, le 22 Août dernier, à<br />

l’occasion du 221e anniversaire du<br />

soulèvement général des esclaves<br />

en 1791, contre le système d’alors<br />

établi, les vodouisants, lors d’une<br />

conférence de presse ont appelé au<br />

respect de leurs droits. De la même<br />

manière au congrès politique du<br />

Bois-Caïman, dans la nuit du 13 au<br />

14 Août 1791, ils jurèrent de ne pas<br />

laisser piétiner leurs droits les plus<br />

authentiques ni par les autres religions<br />

ni par le pouvoir en place.<br />

Les pratiquants du vodou comptent<br />

organiser une marche pacifique<br />

le 17 Octobre 2012, dans le Nord du<br />

pays, à l’occasion de l’assassinat de<br />

l’Empereur, Jean-Jacques Dessalines,<br />

autour du thème : « Dessalines kriye<br />

lonè, vodouyizan yo reponn Ayibobo.<br />

» pour protester contre les détracteurs<br />

du vodou haïtien, la religion<br />

de résistance et de combat contre le<br />

colonialisme. « Le vodou est le culte<br />

de la vie, » a lancé l’Ati National. Il<br />

a profité de l’occasion pour dénoncer<br />

le comportement et les discours racistes<br />

de certains chefs de la religion<br />

chrétienne vis-à-vis de leurs frères<br />

vodou : « Ce sont les détracteurs de<br />

la religion de résistance haïtienne qui<br />

ont commis ces actes aux fins d’en<br />

faire endosser la responsabilité au<br />

vodou relégué au rang de pratiques<br />

superstitieuses à détruire, depuis<br />

l’abrogation de l’article 297 de la loi<br />

mère», a confié l’Ati.<br />

Il a, de plus rejeté tous les complots<br />

des chefs de la religion chrétienne<br />

et du pouvoir étatique visant<br />

à discréditer et à faire endosser méchamment<br />

certaines pratiques traditionnelles<br />

de la société. Il a dénoncé<br />

l’arrestation du « Ougan » ou prête du<br />

vodou, Jean Raymond dit Zaza, gardien<br />

du Bois-Caïman, Nord d’Haïti, le<br />

mardi 14 Août par les policiers venus<br />

directement de la capitale. Jean<br />

Raymond croupit actuellement au<br />

Pénitencier national, la prison civile<br />

d’Haïti, sous le chef d’accusation présumée<br />

« d’association de malfaiteurs<br />

». Selon Max Beauvoir, l’arrestation du<br />

« Ougan », Jean Raymond, à cette date<br />

symbolique du 14 Août, traduit clairement,<br />

une fois de plus, le mépris total<br />

du vodou par le régime réactionnaire<br />

TètKale, KaleTèt de Martelly/Lamothe.<br />

A rappeler, dans le passé, sous la<br />

dictature des Duvalier, la religion vodou<br />

a été domestiquée, comme tous les autres<br />

secteurs par la tyrannie duvaliérienne,<br />

durant 29 longues années. Plus<br />

tard sous le règne du président Jean<br />

Bertrand-Aristide, une loi reconnaissant<br />

la religion Vodou en Haïti a été votée<br />

et publiée. Et de droit, le secteur Vodou<br />

participe régulièrement dans la vie<br />

politique du pays aux côtés des autres<br />

religions. Sous le second mandat du<br />

président René Préval, le secteur vodou<br />

s’était fait représenter au Conseil Electoral<br />

Provisoire au même titre des églises<br />

protestantes, catholiques romaines<br />

et anglicanes. Aujourd’hui il est traité<br />

en parent pauvre par le gouvernement<br />

KaleTèt de Martelly/Lamothe.<br />

Coopération Cuba-Haïti: Un<br />

modèle vraiment à suivre!<br />

Par Isabelle L. Papillon<br />

Depuis environ 14 années, la<br />

République socialiste de Cuba<br />

apporte sa solidarité franche et sincère<br />

à la République sœur d’<strong>Haiti</strong><br />

dans plusieurs domaines tels : la<br />

Santé, l’éducation, l’agriculture,<br />

l’alphabétisation, l’entretien des<br />

poids lourds, l’énergie et autres.<br />

Malgré l’embargo criminel imposé<br />

depuis plus de 50 ans par les Etats-<br />

Unis sur l’Ile de Fidel Castro, le gouvernement<br />

socialiste de Cuba n’a<br />

jamais cessé de se solidariser avec<br />

le peuple haïtien, sans tenir compte<br />

de la nature du régime au pouvoir.<br />

La solidarité de Cuba à Haïti passe<br />

toujours par le gouvernement ou de<br />

l’Etat à Etat.<br />

Une fois de plus, dans le cadre<br />

d’un accord bilatéral, la 5e brigade<br />

vétérinaire cubaine se déploie dans<br />

le pays. Cette brigade contenant 23<br />

spécialistes dont 10 étaient arrivés<br />

en Haïti le 10 Août dernier. Ils seront<br />

dans le pays pour deux ans et<br />

ils travailleront avec le ministère de<br />

l’Agriculture pour le renforcement<br />

de la production animale. Ils sont<br />

tous des spécialistes de haut niveau,<br />

ayant acquis chacun entre 20 à 30<br />

ans d’expérience de terrain.<br />

Dans le cadre de leur travail,<br />

ils fourniront également un encadrement<br />

spécial à des jeunes vétérinaires<br />

haïtiens qui sont au nombre<br />

de 75, formés à Cuba et revenus en<br />

Haïti entre 2006 et 2008. Il est à noter<br />

que, ces brigadiers constituent le<br />

cinquième groupe de vétérinaires cubains<br />

arrivés en Haïti pour appuyer<br />

le Ministère de l’Agriculture, depuis<br />

l’année 2000. Le premier groupe, de<br />

20 membres dont 19 professionnels<br />

vétérinaires (médecins vétérinaires<br />

et techniciens de laboratoire) et un<br />

ingénieur, était arrivé en Haïti en<br />

juillet 2000 et y a séjourné durant<br />

deux ans. En août 2002, s’en est<br />

suivi un deuxième groupe de 19 médecins<br />

vétérinaires et d’un ingénieur<br />

pour continuer le travail du premier<br />

groupe de coopérants jusqu’au mois<br />

d’août 2004. Les troubles politiques<br />

qui ont secoué le pays, joints à des<br />

difficultés financières durant cette<br />

période, avaient fini par entrainer<br />

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Radio Optimum remercient<br />

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L’ambassadeur Cubain en <strong>Haiti</strong> Ricardo Garcia Nápoles<br />

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durant plus d’un an la suspension<br />

de cette aide à Haïti. En novembre<br />

2005, la coopération en santé animale<br />

a pu redémarrer et pour des raisons<br />

multiples le troisième groupe de<br />

vétérinaires a été réduit à 16 cadres<br />

techniques. Une quatrième brigade,<br />

constituée de 11 membres dont 9<br />

spécialistes en santé animale et 2 en<br />

production végétale, est arrivée dans<br />

le pays durant les mois de janvier et<br />

février 2008. Son mandat est terminé<br />

à la fin du mois de février 2010.<br />

La cinquième brigade et la<br />

dernière en date, démarre son travail<br />

sur le terrain ce mois d’août. Les<br />

quatre brigades qui ont déjà séjourné<br />

en Haïti sont intervenues à différents<br />

niveaux tels que : le renforcement<br />

institutionnel au niveau central du<br />

ministère, la dynamisation des structures<br />

départementales vétérinaires,<br />

la formation des techniciens et<br />

agents vétérinaires, la surveillance<br />

épidémiologique, la vaccination et la<br />

quarantaine animale.<br />

En plus de la brigade vétérinaire<br />

de 23 spécialistes, Cuba a aussi<br />

expédié une brigade médicale de 723<br />

médecins. Ils sont en Haïti depuis<br />

1998 et déployés dans les recoins<br />

du pays pour apporter des soins aux<br />

Haïtiens du pays profond. En 2009<br />

d’autres coopérants Cubains avec la<br />

méthode andragogique « Wi mwen<br />

kapab » apportent leur solidarité<br />

dans le domaine de l’alphabétisation<br />

au peuple haïtien. Des milliers<br />

d’Haïtiens ont déjà décroché leurs<br />

certificats d’apprentissage de la technique<br />

d’écriture, de lecture et du cal-<br />

L’ambassadeur du Venezuela<br />

en <strong>Haiti</strong> Pédro Antonio Canino<br />

Gonzalez<br />

cul. En mars 2012, 750 nouveaux<br />

alphabétisés venus de cinq communes<br />

du département de l’Ouest<br />

faisant partie des 18 mille apprenants<br />

des centres Alpha ont reçu<br />

leurs certificats. Ils ont appris à lire<br />

et à écrire entre Juillet et décembre<br />

2011. Au total, plus de 52 mille Haïtiens<br />

ont pu être alphabétisés.<br />

Présents à la cérémonie, les<br />

ambassadeurs de Cuba et du Venezuela<br />

en Haïti ont exprimé leur<br />

satisfaction dans le processus<br />

d’accompagnement du peuple haïtien.<br />

Selon Ricardo Garcia Nàpoles,<br />

le représentant de l’Ile de José Martí,<br />

plus de 5 millions de personnes devront<br />

être alphabétisées dans les prochaines<br />

années. Il a fait appel à la<br />

collaboration de la communauté internationale,<br />

au sens large du terme<br />

pour atteindre cet objectif.<br />

Pour le représentant de Hugo<br />

Chavez, Pédro Antonio Canino Gonzalez<br />

: « Nous lutterons jusqu’à la<br />

victoire finale, » a-t-il lancé.<br />

Au niveau de l’éducation en<br />

matière de Santé, depuis l’année<br />

2002, à l’université des Sciences<br />

médicales de Santiago de Cuba, plus<br />

de 800 médecins haïtiens reçoivent<br />

leur formation. Ils sont tous recrutés<br />

dans tous les départements<br />

géographiques du pays. Le vendredi<br />

24 Août dernier 12 jeunes Haïtiens<br />

ont laissé le pays pour poursuivre<br />

leurs formations dans le cadre de la<br />

coopération bilatérale Cuba-Haïti.<br />

Il est à remarquer que la coopération<br />

de Cuba et du Venezuela<br />

diffère totalement à celle des autres<br />

pays de l’Amérique latine, comme<br />

le Brésil, l’Argentine, le Chili,<br />

l’Uruguay, notamment l’Equateur et<br />

la Bolivie qui, de leur côté ont choisi<br />

d’expédier des soldats lourdement<br />

armés pour les forces d’occupation<br />

de l’ONU à travers la MINUS-<br />

TAH pour protéger les intérêts des<br />

grandes puissances impérialistes qui<br />

continuent à piller les ressources du<br />

pays au grand dam du peuple haïtien.<br />

Il est grand temps pour que ces<br />

pays du Sud se ressaisissent et cessent<br />

d’alimenter les forces de l’ONU.<br />

8<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012


This Week in <strong>Haiti</strong><br />

Tropical Storm Isaac:<br />

Victims Fault Government<br />

for Not Enough “Concrete<br />

Action”<br />

<strong>Haiti</strong>ans brave flooding caused by Tropical Storm Isaac. “We don’t exist<br />

in the eyes of <strong>Haiti</strong>an authorities,” one tent-camp dweller said<br />

By Yves Pierre-Louis<br />

After the passage of Tropical Storm<br />

Isaac through <strong>Haiti</strong> from Fri.,<br />

Aug. 24 to Sat., Aug. 25, 2012, <strong>Haiti</strong>an<br />

authorities gave a preliminary<br />

damage report at a press conference<br />

on Mon., Aug. 27.<br />

According to the authorities<br />

of the Civil Protection Office (OPC),<br />

the two departments most affected<br />

by the storm were the West and the<br />

South East, where the balance sheet<br />

amounted to 19 dead, more than 300<br />

houses destroyed, 15,812 displaced,<br />

and hundreds of houses damaged.<br />

Agriculture, roads, and electricity<br />

networks were also hit hard. (Reports<br />

on Aug. 28 said the death toll<br />

had risen to 24.)<br />

Isaac also plunged Port-au-<br />

Prince, the <strong>Haiti</strong>an capital, into a<br />

total blackout, with all 32 power<br />

grids knocked out. Dukens Raphael,<br />

the Deputy Director General of the<br />

state power company Electricity of<br />

<strong>Haiti</strong> (EDH), announced that workmen<br />

were working hard to repair the<br />

damaged electrical network, with 11<br />

grids already back up by Tuesday.<br />

In terms of prevention, the<br />

central government sent each of<br />

nine departmental delegations two<br />

million gourdes (US$47,500), while<br />

the delegation of the West department<br />

received five million gourdes<br />

(US$118,900), according to Prime<br />

Minister Laurent Lamothe. Nonetheless,<br />

there were many cries of help<br />

from various parts of the country after<br />

the storm.<br />

Appeals for assistance came<br />

from La Saline, downtown Port-au-<br />

Prince, Kenscoff, Tabarre, Canapé<br />

Vert, and other places. In the giant<br />

slum of Cité Soleil, the polluted grey<br />

river running though it overflowed<br />

and flooded many houses, while the<br />

roofs of many others were blown<br />

away Friday night. The population of<br />

Cité Soleil is desperate.<br />

At Delmas 32, the large tent<br />

camp of internally displaced people<br />

(IDPs) from the Jan. 12, 2010 earthquake,<br />

commonly called “Camp Accra,”<br />

storm victims complain that<br />

they received no assistance during or<br />

after Tropical Storm Isaac’s passage.<br />

“The wind came and blew<br />

away our tarp,” said one young<br />

32-year-old woman who has lived in<br />

Camp Accra since the earthquake 32<br />

months ago. “We spent the night in<br />

the rain. All of our things got wet.<br />

Logan Abassi<br />

We didn’t sleep. We didn’t see any<br />

authorities. They left us here to die.<br />

We live amidst garbage. We don’t<br />

have security; all the time criminals<br />

steal our things, or rape us. The cholera<br />

that MINUSTAH [the UN Mission<br />

to Stabilize <strong>Haiti</strong> occupation force]<br />

brought is killing people in the camp<br />

since it started raining. Someone died<br />

here [of cholera] already last week.<br />

The way we see it, we don’t exist in<br />

the eyes of <strong>Haiti</strong>an authorities. We<br />

heard that they removed the people<br />

in the square of Pétionville and on<br />

[Port-au-Prince’s central square] the<br />

Champ de Mars, but for us victims<br />

here in Delmas, we haven’t yet seen<br />

anybody come talk to us.”<br />

The earthquake victims in the<br />

AVIC camp in Canapé Vert behind<br />

the old Teleco building mobilized on<br />

Sat., Aug. 25 to make their voices<br />

heard. But the police intervened and<br />

arrested nine of them: Feneh Daniel,<br />

Toussaint Carl, Edouard Ralph, Donal<br />

Monéus, René Hendry, Fritz Monima,<br />

Figaro Domingue, Michel-Ange<br />

Saint-Jean, and a man known just as<br />

Junior. Their crime? Demonstrating<br />

to call for protection from the <strong>Haiti</strong>an<br />

state as Isaac passed through.<br />

In the capital’s downtown, on<br />

Lalue, Margarette Fortuné heads a<br />

camp containing 65 families. She<br />

called on the government for help.<br />

“I called several times nobody<br />

answered me,” she said. “I was<br />

forced to appeal to the Secretary of<br />

State for Public Security, Reginald<br />

Delva, who promised to follow up. I<br />

rate the government 10 out of 10 in<br />

their prevention and awareness campaign,<br />

but in terms of concrete action,<br />

they get zero. We have already<br />

recorded one death in the camp, a<br />

2-year-old child, because he couldn’t<br />

get medicine.”<br />

The Miami Herald reported that<br />

there was some “dispute” and skepticism<br />

about how many people the<br />

government actually relocated. “The<br />

International Organization for Migration<br />

evacuated 1,000 people before<br />

the storms,” the Herald wrote. “On<br />

Saturday, Civil Protection announced<br />

that 5,000 were in shelters, and on<br />

Sunday the numbers had increased<br />

to 14,000.” The OPC “defended the<br />

numbers, saying many had sought<br />

shelter even after Isaac’s passing,”<br />

the paper said.<br />

According to the OPC, Isaac<br />

has left thousands of victims of all<br />

kinds in its wake, but the threat of<br />

flooding remains.<br />

On the Transformed Existence of<br />

Dead <strong>Haiti</strong>an Artists<br />

By André Juste<br />

It’s late night. Trying to make some<br />

sense of the death of three artistscompatriots,<br />

I plop down on my studio’s<br />

sofa and pour myself a finger or<br />

two from a bottle of Barbancourt. Rum,<br />

I’ve suspected for some time, doesn’t<br />

quite agree with me, but a friend had<br />

left a half-empty bottle on my taptap-colored<br />

bar. I pour from my glass a<br />

trickle onto the floor, a self-consciously<br />

learned gesture I’ve tried out a few<br />

times before.<br />

Frank Robuste has died. His early<br />

work, especially a forceful depiction of<br />

a rara dancer, had caught my eyes over<br />

30 years ago. I would encounter him in<br />

progressive circles a few times since I<br />

first saw his fiery painting and even attended<br />

an informal display of his art at<br />

a mutual friend’s apartment. We would<br />

remain mostly cordial to each other. His<br />

paintings had devolved into this voguish,<br />

stylized cubism that harks back<br />

(by way of Bernard Wah’s curvilinear<br />

approach and Wilson Bigaud’s more<br />

sober “Conflict and Tension”) to modernist<br />

Cuban shows in mid-forties <strong>Haiti</strong>.<br />

More recently, he would regale me with<br />

some scintillating tidbits and quite bold<br />

observations about various personalities<br />

on the <strong>Haiti</strong>an art scene, including<br />

his own brother Valcin II, who died before<br />

him. (Robuste discounted the supposed<br />

risks that his more well-known<br />

brother took for his political themes<br />

during the repressive days of Duvalierism.<br />

He had, allegedly, some tacit tonton<br />

macoute support — although, in<br />

truth, the razzle-dazzle of his cubist<br />

style might well have been protection<br />

enough.)<br />

At my behest, Robuste visited my<br />

upstate New York studio along with another<br />

friend last year on a late-October<br />

weekend that was suddenly blanketed<br />

with a foot of snow. As we hesitantly<br />

prepared a cow-foot bouyon (stew),<br />

he helped me insulate my sieve-like<br />

windows, including those in this now<br />

rum-moistened studio. His conversation,<br />

and especially his response to a<br />

coffin-like sculpture of mine, made<br />

him come across as a mystic or hougan<br />

(Vodou priest). After some steaming<br />

bouyon and many hours of talk on<br />

the politics of the <strong>Haiti</strong>an art world, he<br />

recommended some concoction for my<br />

health as well as that of my daughter.<br />

He even gathered some leaves for me<br />

before returning to <strong>Haiti</strong>, where he died<br />

in July. He would have approved of my<br />

libation, though perhaps not my sipping<br />

from the glass first, before honoring<br />

the spirits.<br />

Of the three deceased artists, I’m<br />

more familiar with the amiable Raphaël<br />

Denis who died in Brooklyn in July.<br />

Some friends and I who wanted to preserve<br />

the memory of an older generation<br />

of artists had actually done a video<br />

interview with him a few years back. I<br />

kept in touch with him once in a while,<br />

even phoning at times on New Year’s<br />

Day to greet him. A painter as well as<br />

a journeyman bookbinder, he had rebound<br />

for me <strong>Haiti</strong> et ses Peintres, my<br />

two much used tomes by Philippe Lerebours.<br />

Sometimes with little advance<br />

notice, I would drop by Denis’ house<br />

for some art talk in his cozy basement<br />

studio, and he along with his tenderly<br />

smiling wife Violette would ply me and<br />

other guests with appetizers, if not with<br />

some hearty joumou (yellow squash)<br />

soup.<br />

Denis was a painter of formally<br />

choreographed, cubist-filtered scenes<br />

of market women and the like. At one<br />

point he made a series of small abstract-expressionist-inspired<br />

works inflected<br />

with vèvè (ritual Vodou ground<br />

drawing) motifs. His art flaunts a certain<br />

psychological and aesthetic ease<br />

Frank Robuste produced voguish, stylized cubism similar to modernist<br />

Cuban shows in mid-forties <strong>Haiti</strong><br />

that matches his measured resignation<br />

and proper bearing. I have inferred that<br />

he could never quite digest my championing<br />

of the emotive, raw, and primitif-inspired<br />

art of Emmanuel Mérisier,<br />

his formerly close friend going back to<br />

the mid-fifties when they first joined<br />

the Foyer des Arts Plastiques. Nevertheless,<br />

even though I had never once<br />

seen him nor any of his visitors pour<br />

anything on the floor when we shared<br />

a drink (just as I can’t recall anyone<br />

ever seeing me do the same), Denis<br />

probably would have averred the spiritual<br />

solidarity or nationalist streak that<br />

my libation suggests.<br />

Nine months before Denis’ death,<br />

Paul Gardère died in September 2011,<br />

with not much notice in the <strong>Haiti</strong>an<br />

world. I know his art more intimately,<br />

but I had met with him no more than<br />

A detail from Paul Gardère’s<br />

“Brothers Apart”, 2006<br />

two or three times. He was not the type<br />

you would find in gatherings at Denis’<br />

meeting hub in Crown Heights, Brooklyn,<br />

not far from Carroll Gardens where<br />

Gardère lived and kept a studio. A maverick,<br />

he is the only one I know who<br />

would never disavow the Western influences<br />

on his art. Yet, he would insist<br />

that it be best apprehended through the<br />

prism of <strong>Haiti</strong>an history and culture. If<br />

he seemed to shun the <strong>Haiti</strong>an milieu<br />

(even after his resettling in <strong>Haiti</strong> toward<br />

the last few years of Jean-Claude<br />

Duvalier’s velvet-glove dictatorship),<br />

he also believed himself a “poor version”<br />

of a would-be well-integrated<br />

American. Unlike Robuste and Denis,<br />

he would have parsed my exercise in<br />

ancestor affirmation, exposing some<br />

countervailing dynamics in my gesture.<br />

There is another dimension to<br />

my musings about the death of these<br />

men. As an artist, death has always<br />

been an important subject to me. For<br />

years, I’ve drawn, painted, and sculpted<br />

a number of works depicting coffins<br />

and executions. In a five-year stretch, I<br />

attempted to represent as a god a dead<br />

uncle named Pedro, known years ago<br />

mostly for his big, well-patronized griot<br />

(fried pork) restaurant in <strong>Haiti</strong>’s Carrefour<br />

district. I tend to take my artistic<br />

concerns with death as my own connection<br />

with Vodou, particularly how<br />

the religion manifests itself in <strong>Haiti</strong>’s<br />

social history and visual culture. So I<br />

fancy this latest wave of death as being<br />

tied to the larger struggle for <strong>Haiti</strong>an<br />

liberation, regardless of the fallen artists’<br />

relative contribution to the cause.<br />

Of course, a large number of<br />

other deceased artists who may or may<br />

not be alive in our memory have taken<br />

part in this imagined struggle. Among<br />

the vanguard, one would certainly find<br />

Carlo Jean-Jacques, who until his death<br />

in 1990 faithfully represented local life<br />

in a sympathetic yet distinctly unsentimental<br />

realism. But even Gelsy Verna,<br />

“The Unexpected <strong>Haiti</strong>an Artist” (the<br />

title of an art statement of hers), made<br />

this quest. Her art evokes lyrically,<br />

in pared-down, intuitively rendered<br />

paintings, sketches, or collages, a very<br />

loose, yet purposeful, sense of cultural<br />

identity. An art professor at the University<br />

of Wisconsin, she died suddenly in<br />

her home in 2008. Her five-year-old<br />

daughter, then all alone with her, lived<br />

with the death for a few days before it<br />

was finally discovered.<br />

And if, say, Dieudonné Cédor,<br />

who died on September 2010, showed<br />

a keen urge to deepen his artistic consciousness<br />

from the very start of his<br />

primitif period, it was also all in the<br />

name of freedom and self-liberation. In<br />

his drawings and paintings, he seemed<br />

bent on liberating the body, sublimating<br />

it and later suffusing it, for better<br />

or worse, in a shimmering atmosphere<br />

of precious light. The muted preciosity<br />

of his “sophistiqué” period (starting<br />

in about 1950, the year of the famous<br />

Centre d’Art schism that led to the formation<br />

of the Foyer) is at the root of<br />

<strong>Haiti</strong>’s School of Beauty.<br />

Of Cédor’s generation, the selfmade<br />

Spencer Dépas also fits the profile<br />

of a combatant. An erstwhile fireeater<br />

and dancer who used to entertain<br />

<strong>Haiti</strong>’s tourists before joining the Centre<br />

d’Art as a carpenter in 1947, he was<br />

a quick study in his early days there,<br />

soon able to express himself comfortably<br />

in recognizable modernist idioms.<br />

In the last few years of his career, I<br />

would drop by his brownstone in Fort<br />

Green, Brooklyn, and find him smoking<br />

filter-less cigarettes and quietly sipping<br />

his ti piké (as he referred to his scotch<br />

on the rocks). A professed “internationalist”<br />

in the periphery of would-be<br />

more desirable or exclusionary art venues,<br />

he once mused about showing his<br />

work in the grander upper floors of the<br />

Brooklyn Museum, instead of the cafeteria-abutting<br />

and sequestered “Community<br />

Gallery” where, due in part to<br />

his initiative, sophistiqués and primitifs<br />

alike were at times exhibited. He<br />

would bring out his biggest audience<br />

with his death in 1990.<br />

I can still see him at an opening<br />

years ago at Brooklyn’s Bedford<br />

Stuyvesant Restoration Plaza, in an<br />

ankle-length overcoat draped over his<br />

tiny frame, belting out “La Dessalinienne.”<br />

With his grizzled, rakishly<br />

continued on p(14)<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 9


Par Breno Altman, Jonatas Campos &<br />

Marina Terra<br />

L’ère Chavez impose le Venezuela<br />

sur la scène mondiale<br />

Les profonds changements dans la<br />

politique, l’économie et la société ont<br />

propulsé le pays andin sur le devant de<br />

la scène internationale<br />

A plus de mille mètres d’altitude<br />

sur la côte vénézuélienne des Caraïbes,<br />

une ville naît du néant. Elle occupe 1<br />

200 hectares, dans l’état de Vargas,<br />

enclavée entre Caracas, la capitale, et<br />

le principal aéroport du pays. Le lotissement<br />

a été projeté pour être l’une<br />

des grandes vitrines du gouvernement<br />

de Hugo Chavez Frias, président de la<br />

République depuis février 1999.<br />

En espagnol, le projet s’appelle<br />

Ciudad Caribia. Le chantier est dirigé<br />

par une société mi cubaine mi vénézuélienne,<br />

la Construtora Alba Bolivariana.<br />

Près de 7 000 personnes sont déjà logées<br />

dans 1 100 appartements. Quand<br />

l’ensemble sera conclu, en 2018, la<br />

zone urbaine aura une capacité de 20<br />

000 logements. Cent milles Vénézuéliens<br />

y vivront.<br />

Seuls des gens très pauvres sont<br />

devenus propriétaires ou auront accès<br />

à la propriété de ces appartements. Ce<br />

sont des cinq pièces de 72 m2 : trois<br />

chambres, deux salles de bain, une<br />

buanderie, une salle à manger, un salon<br />

et une cuisine. Tous complètement<br />

meublés et équipés.<br />

Il ne s’agit pas seulement d’une<br />

cité résidentielle. Le quartier abritera<br />

des écoles, des parcs pour les enfants,<br />

des crèches, une bibliothèque, un commissariat,<br />

un club sportif, un centre<br />

commercial et des espaces pour les<br />

réunions et événements. Les véhicules<br />

ne pourront pas circuler dans son enceinte.<br />

Les déplacements seront assurés<br />

par un système de transports publics<br />

qui prévoit même un téléphérique pour<br />

que les habitants rejoignent la côte et<br />

la capitale.<br />

Des conseillers municipaux<br />

élus gèrent cette grande copropriété<br />

publique. Ils ont également le pouvoir<br />

de développer des entreprises commerciales<br />

et industrielles. Le projet de<br />

collecte et de recyclage des déchets, par<br />

exemple, est déjà en marche. Son fonctionnement<br />

obéit à un modèle d’autogestion,<br />

soutenu par le gouvernement<br />

national, qui remplace la traditionnelle<br />

verticalité étatique. « J’entends<br />

beaucoup de personnes dire que<br />

Ciudad Caribia n’existe pas, qu’il s’agit<br />

d’un mensonge du gouvernement »,<br />

rapporte Carlos Marques. À 45 ans, il<br />

fait partie du premier groupe de familles<br />

qui sont arrivées. Il est le porte-parole<br />

d’un des quatre conseils municipaux. «<br />

Nous faisons partie d’une expérience. Je<br />

ne suis pas un de ces chavistes pur et<br />

dur qui est d’accord avec tout ce que dit<br />

le président. Mais en octobre, je voterai<br />

pour lui. Il a changé ma vie. »<br />

À ce sentiment de rédemption,<br />

qui est apparemment généralisé chez les<br />

plus pauvres, s’oppose le rejet parfois<br />

féroce des plus privilégiés. Quand<br />

Chavez a été élu la première fois, on<br />

imaginait qu’il serait un révolutionnaire<br />

en politique et un réformateur<br />

bienveillant de l’économie. Une partie<br />

du patronat l’a même soutenu car le<br />

système gangrené de la IV République<br />

(1958-1999), était devenu un fléau<br />

insupportable. Elle était si corrompue<br />

qu’elle représentait même un obstacle<br />

pour les affaires.<br />

Ce mécanisme qui a prospéré<br />

consistait en un pouvoir duopole.<br />

D’un côté l’Action Démocratique (AD)<br />

de centre gauche. De l’autre, le social<br />

démocrate Comité d’Organisation Politique<br />

Électorale Indépendante (COPEI),<br />

de centre droit. Après la chute du dictateur<br />

Perez Jimenez, en 1958, ces<br />

deux partis ont conclu un accord connu<br />

comme le Pacte de Punto Fijo, du nom<br />

de la ville où il a été signé. Des règles<br />

implacables ont été établies pour empêcher<br />

les importuns de gâcher la fête.<br />

Pendant 40 ans, l’AD et le COPEI ont<br />

vécu sur la bête.<br />

Pétrole<br />

Dans le cas vénézuélien, la roue de la<br />

fortune tourne grâce au pétrole. Le pays<br />

est le cinquième exportateur mondial et<br />

possède les plus importantes réserves<br />

prouvées. Jusqu’en 1976, l’exploitation<br />

a été entre les mains d’entreprises<br />

privées, principalement nord-américaines.<br />

Les hommes d’affaires locaux<br />

se sont enrichis en étant des associés<br />

minoritaires ou prestataires de services<br />

des grandes compagnies pétrolières.<br />

Pendant le règne du capitalisme<br />

prédateur, le Venezuela a utilisé les<br />

dividendes de l’or noir pour importer<br />

presque tout ce qu’il consommait. Son<br />

niveau de développement agricole et industriel<br />

était très bas. Ceux qui avaient<br />

accès aux négoces pétroliers vivaient<br />

comme des nababs. La majorité de la<br />

population, sans travail fixe ni revenus<br />

stables, s’entassaient dans les villes et<br />

vivaient d’emplois précaires.<br />

L’élite politique aussi en profitait.<br />

Les deux partis qui s’alternaient au<br />

gouvernement vivaient des commissions<br />

grasses qui étaient versées en<br />

échange des licences d’exploitation et<br />

autres concessions publiques. De haut<br />

en bas, le pays a été ligoté par l’un des<br />

plus grands schémas de corruption au<br />

monde.<br />

La hausse des prix du pétrole, à<br />

partir de la crise mondiale de 1973, a<br />

conduit le président Carlos Andrés Perez,<br />

du parti AD, à nationaliser l’activité<br />

et à créer, en 1976, la PDVSA – Petroleos<br />

de Venezuela SA. Sans nuire aux<br />

intérêts des multinationales, puisque<br />

les activités de raffinage et de commerce<br />

international demeuraient entre<br />

les mains du privé, le nouveau modèle<br />

a alimenté le vol à grande échelle, en<br />

utilisant comme alibi un nationalisme<br />

de façade.<br />

Les bénéfices engrangés grâce<br />

aux hydrocarbures et gérés directement<br />

par les hommes politiques du pacte<br />

Punto Fijo a engraissé la ploutocratie<br />

para-étatique. Elle a profité des contrats<br />

divers et variés de PDVSA. Ces barons<br />

du pétrole ont aussi renforcé leur<br />

hégémonie dans les secteurs peu risqués<br />

de la banque, de la télévision, de<br />

l’importation. L’establishment politique<br />

s’est alors confondu définitivement<br />

avec les maîtres de l’argent.<br />

Durant ces dix ans de bien-être,<br />

les couches sociales les plus basses<br />

ont aussi reçu leur lot de bonheur. Au<br />

bout du compte, même avec les poches<br />

pleines, les politiques ont besoin de<br />

votes. Ce qui exige de satisfaire une clientèle.<br />

Le Venezuela du pétrole était un<br />

pays saoudien mais avec un régime de<br />

démocratie électorale.<br />

Quand le cours du pétrole a chuté,<br />

à partir des années 80, le modèle<br />

a fait banqueroute. L’inflation a bondi<br />

de 7,4 % par an en 1978, à 103 % en<br />

1996. Les intérêts de la dette ont fini<br />

par représenter 30 % du budget de la<br />

nation. Le PIB par habitant, en tenant<br />

compte de l’inflation, a reculé de presque<br />

19 % entre 1978 et 1998. Dans<br />

le même temps, le salaire réel a perdu<br />

48 % de sa valeur, provoquant une<br />

baisse de 25 % de la consommation des<br />

familles, alors que le chômage est passé<br />

de 4,3 % à 14,5 %.<br />

Cependant tout le monde n’a pas<br />

été ruiné. Le secteur privé, qui auparavant<br />

vivait grassement grâce à la rente<br />

pétrolière, a compensé ses pertes éventuelles<br />

par des gains financiers en or. Et<br />

ce, grâce aux taux d’intérêts que l’État<br />

a concédé en mettant sur le marché<br />

des titres de la dette publique. Les plus<br />

de 30 milliards de dollars envoyés à<br />

l’étranger entre 1984 et 1998 sont la<br />

preuve de cette abondance alors que le<br />

pays agonisait.<br />

Le transfert accéléré des ressources<br />

publiques vers les groupes<br />

privés durant les gouvernements pré-<br />

Chavez, a été accompagné de l’une<br />

des versions les plus radicales du programme<br />

d’ajustements recommandés<br />

par le FMI (Fond Monétaire International)<br />

: révision des tarifs des services<br />

publics, coupe des aides sociales, privatisation<br />

des entreprises publiques.<br />

Le fait est que, quand l’actuel<br />

président est arrivé aux affaires, il a<br />

fait face à une économie brisée et une<br />

société décomposée. Dix pour-cents de<br />

la population, qui représentait alors de<br />

23 millions d’habitants, intégraient la<br />

patrie du pétrole et de la finance. Les<br />

90 % restants ont vu leur niveau de vie<br />

dégringoler, détérioré par le chômage,<br />

le blocage des salaires et l’élimination<br />

de leurs droits. La majorité de ces personnes<br />

ont donné leur aval pour enterrer<br />

la IV République et lancer un impétueux<br />

processus de changement.<br />

Hugo Chavez Frias, président de la République du Venezuela depuis<br />

février 1999<br />

le fil conducteur de la pédagogie chaviste a été de ressusciter l’histoire et<br />

la pensée de Simon Bolivar, le patriarche de l’indépendance vénézuélienne,<br />

chef politique et militaire de la guerre anticolonialiste contre les Espagnols<br />

au XIXème siècle<br />

DOSSIER VE<br />

<strong>LES</strong> ANNÉE<br />

L’initiation<br />

Le premier pas du nouveau régime, renommé<br />

V République à partir de la Constitution<br />

de 1999, a été d’exploser le<br />

système politique dont il héritait. Adossés<br />

à une majorité parlementaire, les<br />

partisans de Chavez ont pu adopter une<br />

série de mécanismes plébiscitaires et de<br />

participation politique, qui ont détoné<br />

le contrôle institutionnel exercé par le<br />

bipartisme. Les forces déroutées par le<br />

chavisme ont perdu leur hégémonie sur<br />

l’assemblée nationale, le pouvoir judiciaire<br />

et les forces armées.<br />

Les nouvelles règles du jeu ont<br />

permis que des consultations improbatives,<br />

via référendums, puissent être<br />

convoquées par le président, le parlement<br />

ou par initiatives populaires<br />

avec un minimum de signatures. Les<br />

mandats législatifs ou administratifs<br />

ont pu être révoqués par vote populaire.<br />

Les lois ont pu être approuvées sans<br />

l’aval du parlement, si elles ont été entérinées<br />

par les urnes.<br />

Cette offensive politique a affaibli<br />

les secteurs les plus conservateurs. Fin<br />

2001, Chavez s’est senti assez fort<br />

pour lancer ses premières réformes<br />

structurelles dans l’économie. Les principales<br />

ont été la Loi des Terres (qui a<br />

fixé les paramètres de la réforme agraire)<br />

et la Loi des Hydrocarbures (qui a<br />

augmenté les impôts sur les entreprises<br />

privées et le contrôle du gouvernement<br />

sur l’activité pétrolière).<br />

La réaction de l’opposition et<br />

des grands groupes économiques a été<br />

immédiate. Elle a convoqué la classe<br />

moyenne dans la rue et incité les militaires<br />

à se rebeller contre le gouvernement.<br />

Profitant de sa main mise sur les<br />

moyens de communication, ces cercles<br />

ont créé un climat de chaos et se sont<br />

lancés dans la tentative de coup d’État<br />

d’avril 2002. L’aventure a duré moins<br />

de 48 heures. Les militaires légalistes<br />

encouragés par des centaines de milliers<br />

de manifestants dans les rues, ont<br />

restitué son mandat constitutionnel à<br />

Chavez.<br />

Une nouvelle révolte insensée<br />

s’est produite à la fin de l’année 2002.<br />

Les patrons ont paralysé l’économie du<br />

pays. Au centre de cette grève, PDVSA,<br />

encore sous le contrôle de directeurs<br />

et de gérants qui refusaient d’obéir au<br />

gouvernement. À nouveau le président<br />

a gagné le bras de fer à la suite<br />

d’une bataille de 60 jours. À la suite<br />

du coup d’État d’avril, les mouvements<br />

adversaires au sein de l’armée se sont<br />

dissouts. La paralysie pétrolière surmontée,<br />

Chavez a finalement réussi à<br />

prendre les commandes de l’entreprise<br />

publique, malgré la démission de 32<br />

000 fonctionnaires qui avaient adhéré<br />

au blocus.<br />

L’opposition a encore trouvé la<br />

force de convoquer, en 2004, un référendum<br />

révocatoire afin de destituer<br />

le président par voie constitutionnelle.<br />

D’ailleurs, dans le Venezuela<br />

de Chavez noirci par ses ennemis, qui<br />

qualifient le président de despote, 20<br />

% des électeurs peuvent plébisciter un<br />

scrutin pour limoger le chef de l’État.<br />

Malgré ce nombre de signature minimale,<br />

l’opposition a été battue lors de<br />

la consultation populaire. Le président<br />

a poursuivi son mandat et a été réélu<br />

en 2006, avec plus de 60 % des voix.<br />

Test de Chavez<br />

Cette administration prend fin en janvier<br />

2013. La troisième, du leader bolivarien<br />

(la première n’a duré qu’un an<br />

et demi, 1999-2000, et s’est terminée<br />

après la promulgation de la nouvelle<br />

Constitution). Lors des cinq années<br />

suivantes, il a surtout mené une révolution<br />

politique. Il a éloigné les vieilles<br />

élites du pouvoir et dérouté leurs attaques<br />

anticonstitutionnelles. Ces six<br />

dernières années, il s’est engagé dans<br />

la construction d’un nouveau projet<br />

économique et social que les urnes<br />

jugeront en octobre.<br />

Le président a ouvert de nombreux<br />

chantiers. La première de ses<br />

inventions : les missions sociales. Elles<br />

sont principalement destinées à affronter<br />

les déficiences des systèmes de<br />

santé et scolaire. En même temps, il a<br />

accéléré le processus de nationalisation<br />

qui a commencé par le secteur pétrolier.<br />

Il a aussi touché d’autres secteurs stratégiques<br />

comme le système financier,<br />

la sidérurgie et les communications.<br />

Mais aussi d’autres moins importants<br />

: comme la distribution et les services.<br />

Une partie des bénéfices de PDVSA,<br />

de l’augmentation des impôts et de la<br />

dette publique a servi à acquérir ces entreprises.<br />

La stratégie de Chavez, depuis<br />

2006, est baptisée de « socialisme du<br />

XXI siècle ». Elle repose sur un État<br />

fort, pourvoyeur de droits et régulateur<br />

de l’économie. Un État qui détient<br />

les moyens de production et parti-<br />

10<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012


NEZUELA :<br />

S CHÁVEZ<br />

cipe significativement à leur gestion.<br />

L’élimination des capitalistes n’est pas<br />

une finalité comme elle a pu l’être lors<br />

d’autres expériences socialistes. Ses opposants,<br />

d’ailleurs, ont pris l’habitude<br />

de le critiquer d’avoir créé la « bolibourgeoisie<br />

». Des entrepreneurs attelés au<br />

gouvernement et au projet bolivarien.<br />

De toute façon, il est indéniable qu’en<br />

nageant à contre courant, en rejetant<br />

les idées néolibérales triomphantes qui<br />

ont suivi le collapse de l’Union Soviétique,<br />

Chavez a attiré l’attention du<br />

monde sur son pays.<br />

Cette attention s’explique actuellement<br />

par la polarisation politique<br />

et idéologique entre le Venezuela d’un<br />

côté, et les Etats-Unis et autres puissances<br />

occidentales de l’autre. Les conflits<br />

internes avec l’opposition attisent<br />

aussi la curiosité mondiale. Défenseur<br />

de l’intégration latino-américaine et<br />

d’une géopolitique, qui ignore la suprématie<br />

exercée par la Maison Blanche,<br />

le président vénézuélien est devenu un<br />

acteur important sur la scène internationale.<br />

La récente filiation de son pays<br />

au Mercosul, célébrée le 31 juillet, atteste<br />

ce caractère instigateur.<br />

Mais le Venezuela de Chavez<br />

mérite d’être exploré au-delà des batailles<br />

d’idées. Les résultats de ces presque<br />

14 ans de gestion ne peuvent<br />

pas être ignorés. Malgré les problèmes,<br />

comme les difficultés rencontrées dans<br />

la diversification de l’outil industriel ou<br />

l’augmentation de la criminalité dans<br />

les grandes villes, le pays a conquis des<br />

succès notables. L’Unesco l’a déclaré<br />

libérer de l’analphabétisme. Ce n’est<br />

pas rien. Ou encore, selon le Cepal et<br />

l’indice Gini, le pays détient la meilleure<br />

distribution de revenus d’Amérique du<br />

Sud. Il affiche aussi le salaire minimum<br />

le plus élevé de la région selon<br />

les chiffres de l’OIT (Organisation Internationale<br />

du Travail). Il peut aussi<br />

se féliciter d’avoir connu la plus forte<br />

accélération de l’IDH (Indice de développement<br />

humain) du continent lors<br />

des dix dernières années, information<br />

relayée par un récent rapport des Nations<br />

Unies.<br />

De la patrie fondée par Simon<br />

Bolivar jaillit désormais plus que du pétrole.<br />

Les expériences et changements,<br />

que l’on soit pour ou contre, sont des<br />

sujets importants pour ceux qui veulent<br />

discuter avec sérieux les défis de notre<br />

époque.<br />

Les missions réorganisent les<br />

services publics et luttent contre la<br />

pauvreté<br />

L’opposition reconnaît que le programme<br />

est efficace et qu’il a marqué<br />

des points. Elle crie cependant à la «<br />

manipulation politique »<br />

La voiture s’éloigne du centre de<br />

Caracas par l’autoroute qui mène à la<br />

ville de La Guaira. Il suffit de quelques<br />

minutes et le paysage se transforme.<br />

Plus tôt, les immeubles et les panneaux<br />

publicitaires occupaient tout l’espace.<br />

Maintenant à Catia, dans la banlieue<br />

de la capitale, c’est l’agglomérat de<br />

constructions simples qui attire l’attention.<br />

Dans cette mer de maisons en<br />

briques empilées les unes sur les autres,<br />

se détache un immeuble rouge et blanc<br />

flambant neuf. « J’ai déménagé il y a<br />

seulement 15 jours », raconte Suyin<br />

Morales en ouvrant la porte de l’ascenseur.<br />

« Soyez les bienvenus au A4-03 »,<br />

dit-elle avec le sourire en entrant dans<br />

son appartement, l’un des quarante de<br />

ce lotissement érigé avec l’argent de<br />

Gran Misión Vivienda. Lancé en 2011,<br />

ce programme du gouvernement vise à<br />

multiplier l’offre de logements. C’est un<br />

trois pièces de 70 m². Un salon, deux<br />

chambres, une cuisine américaine et<br />

une salle de bain. « Les autorités ont<br />

livré tous les meubles », affirme Suyin,<br />

qui vivait dans la rue avant d’emménager<br />

ici. « J’ai tout perdu, lors d’une<br />

inondation, même ma maison. Je me<br />

suis retrouvée dans un abri avec mon<br />

La stratégie de Chavez, depuis 2006, est baptisée de « socialisme du XXI<br />

siècle ». Elle repose sur un État fort, pourvoyeur de droits et régulateur<br />

de l’économie<br />

Les Etats-Unis poussant le parti de l’opposition MUD du Candidat à<br />

l’élection présidentielle Henrique Capriles<br />

mari, mes filles et mes petits-enfants.<br />

Hugo Chavez<br />

Chavez dispose d’un autre atout important en ce qui concerne le monde<br />

du travail. Il a fait reculer significativement le chômage. Au moment de<br />

la transition, en 1999, le chômage touchait 14,4 de la population<br />

On était huit dans ce trou », se sou-<br />

vient-elle.<br />

Deux longues années se sont<br />

écoulées avant de recevoir l’appel du<br />

ministère du Logement et de l’Habitat.<br />

Mais si Suyin possède aujourd’hui sa<br />

maison, les calculs du gouvernement<br />

soulignent un déficit de logement dans<br />

le pays. Il manque plus de 2,7 millions<br />

de résidences, 3 742 226 foyers sont<br />

en attente d’un logement – 73,6 % ont<br />

besoin de nouvelles maisons. « C’est<br />

la première fois qu’un gouvernement<br />

donne des maisons aux gens gratuitement.<br />

Avant on n’aidait pas les plus<br />

pauvres », souligne Suyin.<br />

Selon les estimations du gouvernement,<br />

de la Commission économique<br />

pour l’Amérique latine et les Caraïbes<br />

(CEPALC) et d’autres organisations<br />

internationales, le nombre de pauvres<br />

est passé de 36 % à 66 % de la population<br />

entre 1984 et 1995. L’extrême<br />

pauvreté a triplé : de 11 % de la population<br />

à 36 %. Par ailleurs, entre 1981<br />

et 1997, la participation des pauvres à<br />

la richesse du pays a reculé de 19,1 %<br />

à 14,7 %. Au même moment, celle des<br />

riches augmentait de 21,8 % à 32,8 %.<br />

En 1998, 70 % de la population<br />

n’avaient pas accès au service de santé<br />

ou n’étaient couverts par aucun système<br />

de mutuelle. La majorité des adolescents<br />

et des jeunes avaient déserté<br />

l’école. C’est dans ce scénario et dans<br />

un contexte de profonde crise sociale,<br />

que les Missions ont été crées.<br />

Mariana Bruce est professeur<br />

d’Histoire à l’Université Fédérale Fluminense<br />

(UFF), au Brésil. Dans sa<br />

thèse sur les Missions, elle explique que<br />

ces programmes se structurent « dans<br />

le souci d’allier les réformes sociales à<br />

l’encouragement des classes populaires<br />

à agir de manière organisée ». Selon<br />

elle, il s’agit « plus qu’un programme<br />

d’assistance, il a été pensé comme l’un<br />

des principaux instruments à l’origine<br />

de la construction d’un nouveau modèle<br />

social et économique ».<br />

Financées avec les pétrodollars,<br />

les Missions ont surgi alors que se<br />

jouait un conflit politique acéré. Le gouvernement<br />

était encore sous le choc du<br />

coup d’État d’avril 2002 et de la paralysie<br />

du pays fomentée par les patrons<br />

en décembre 2002. Les transformations<br />

sociales de grande envergure se<br />

faisaient attendre et les Vénézuéliens<br />

étaient mécontents. Dans le but de refonder<br />

et de consolider sa base politique<br />

et électorale, le président Hugo Chavez<br />

a misé sur les Missions.<br />

Lors d’un entretien avec Fidel<br />

Castro, le leader vénézuélien lui a demandé<br />

de soutenir son plan. « Je lui ai<br />

dit : «Écoute, j’ai une idée, il faut attaquer<br />

avec toutes les forces» », a rapporté<br />

Chavez en novembre 2004. « Il<br />

m’a répondu : «Si il y a une chose dont<br />

je suis sûr, c’est que tu peux compter<br />

sur mon soutien». Alors, des médecins<br />

ont commencé à arriver par centaines,<br />

un pont aérien a été lancé, il y avait des<br />

avions dans tous les sens ».<br />

Les Missions<br />

La Mission Barrio Adentro, dont<br />

l’élaboration est mentionnée dans<br />

l’entretien entre Chavez et Fidel, a initié<br />

l’ère des Missions au Venezuela. Mais<br />

la coopération entre les deux pays et<br />

la réelle origine de la Mission Santé<br />

remontent à 1999. Cette année là, des<br />

volontaires cubains se sont rendus au<br />

Venezuela lors d’un voyage humanitaire,<br />

après une catastrophe naturelle<br />

qui avait touché dix états. C’est la première<br />

Mission.<br />

Au début, des familles vénézuéliennes<br />

hébergeaient les médecins cubains.<br />

Le projet se développant, le gouvernement<br />

leur a construit des petites<br />

maisons de deux étages dans les villes<br />

du Venezuela qui avaient le plus besoin<br />

d’aide. Les Cubains y dispensaient des<br />

soins basiques, des examens de santé,<br />

organisaient des campagnes de vaccination.<br />

L’objectif était de prévenir la<br />

propagation des infirmités et de désengorger<br />

les couloirs des hôpitaux.<br />

Au 17 avril 2012, la Mission<br />

Barrio Adentro a fêté ses neuf ans<br />

d’existence. Le gouvernement revendique<br />

500 000 consultations médicales<br />

gratuites. Plus de 8 000 médecins<br />

vénézuéliens ont été formés dans<br />

l’Université Bolivarienne du Venezuela<br />

(UBV) grâce à l’expansion du projet.<br />

Les Missions ont obtenu des<br />

résultats significatifs aussi dans le domaine<br />

de l’éducation. L’Organisation<br />

des Nations-Unies pour l’éducation,<br />

la science et la culture (UNESCO) a<br />

déclaré en 2006 que le Venezuela avait<br />

éradiqué l’analphabétisme, trois ans<br />

après le lancement de la Mission Robinson.<br />

Ce programme a appris à 1,6<br />

millions de Vénézuéliens à lire et écrire.<br />

Cette Mission a aussi compté sur le<br />

soutien cubain qui a envoyé des professeurs,<br />

des technologies et une méthode<br />

d’alphabétisation, la « Yo si, puedo ».<br />

La Mission Robinson a été suivie<br />

par la Mission Robinson II. Son objectif<br />

: permettre aux Vénézuéliens de poursuivre<br />

leurs études jusqu’au collège. En<br />

2003, la Mission Ribas est lancée à son<br />

tour. Elle se consacre aux collégiens et<br />

lycéens. Enfin, la Mission Sucre boucle<br />

le cycle scolaire. Elle offre l’accès aux<br />

études universitaires et fonde l’UBV.<br />

Les Missions Plus grand amour et Enfants<br />

du Venezuela sont plus récentes.<br />

La première cible les personnes âgées.<br />

La seconde porte sur la redistribution de<br />

revenus à des adolescentes enceintes, à<br />

des mineurs en situation de pauvreté et<br />

à des personnes de tout âge souffrant<br />

de handicaps. Le gouvernement pense<br />

ainsi aider 1 500 543 Vénézuéliens qui<br />

n’ont jamais pu cotiser pour leur retraite<br />

auprès de l’Institut Vénézuélien<br />

de la Prévoyance Sociale (IVSS selon<br />

le sigle en espagnol). Toujours selon<br />

le gouvernement, 216 492 personnes<br />

âgées sont déjà bénéficiaires du projet.<br />

Ils perçoivent chaque mois un salaire<br />

minimum (environ 320 euros). Trente<br />

milles participants de la Mission Enfant<br />

du Venezuela touchent, eux, entre 80<br />

euros et 110 euros par mois.<br />

Critiques<br />

Le succès des Missions est l’un des piliers<br />

de la popularité du président Hugo<br />

Chavez. Face au succès, l’opposition,<br />

qui a d’abord critiqué farouchement<br />

l’initiative, assure maintenant que<br />

ces programmes seront maintenus en<br />

cas de victoire aux élections. Tout en<br />

remettant en cause certains aspects<br />

du contrat. « Les Missions doivent être<br />

un engagement pour la transformation<br />

sociale. Elles sont devenues des instruments<br />

de la révolution chaviste, du<br />

socialisme », regrette Leopoldo Lopez,<br />

ex-maire de Chacao et membre du parti<br />

Volonté Populaire. « On doit gouverner<br />

pour tous les Vénézuéliens, pour les<br />

riches aussi, et pas seulement pour certains<br />

segments de la population. »<br />

Le chœur de l’opposition est renforcé<br />

par la voix de certains spécialistes.<br />

Selon Yolanda D’Elia et Luis Francisco<br />

Cabezas, chercheurs vénézuéliens à<br />

l’Institut Latino-americain de Recherches<br />

Sociales, « les Missions ne sont plus<br />

un dispositif pour affronter les épreuves<br />

politiques et économiques. Elles sont<br />

devenues un mécanisme de contrôle<br />

politique et social au service de la propagation<br />

de la révolution ». Ils pensent<br />

que ce changement s’est transformé en<br />

obstacle pour l’approfondissement et<br />

l’institutionnalisation des Missions. Ce<br />

qui se reflète dans leur qualité et leur<br />

quantité.<br />

Les problèmes que pointe<br />

l’opposition, le gouvernement les analyse<br />

comme des percées. « Les Missions<br />

ont permis de rompre avec le<br />

mécanisme d’un État bureaucratique,<br />

vertical et éloigné du peuple », affirme<br />

Aristobulo Istúriz, vice-président<br />

de l’Assemblée Nationale et du PSUV.<br />

« Il ne s’agit pas seulement de mettre<br />

en œuvre des politiques sociales, mais<br />

aussi d’aider les gens à se prendre en<br />

main, à s’organiser seul afin de transformer<br />

leurs communautés en espaces<br />

de pouvoir et de participation. »<br />

L’insécurité, préoccupation principale<br />

de la majorité des Vénézuéliens<br />

Une étude indique cependant que<br />

le sentiment d’insécurité progresse<br />

plus que le nombre de victimes de<br />

la criminalité<br />

Anxieux, le garçon hésite avant de<br />

commencer à témoigner. Il regarde avec<br />

curiosité la caméra, respire et attend<br />

que le bruit des klaxons du quartier du<br />

23 de Enero – l’un des plus peuplés et<br />

des plus pauvres de Caracas – le laissent<br />

parler. « Ça enregistre ? Bon. Je<br />

m’appelle Andrés López, j’ai 15 ans, et<br />

la seule chose que je voudrais changer<br />

au Venezuela, c’est la peur de la violence<br />

», dit-il. « Si tu traînes dans la rue,<br />

on va te voler, on va t’enlever, c’est ce<br />

que ma mère me répète tous les jour.<br />

C’est une atmosphère de terreur. »<br />

Les inégalités sociales ont significativement<br />

diminué depuis l’arrivée<br />

de Hugo Chavez au pouvoir.<br />

Suite à la page (12)<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 11


Dossier Venezuela :<br />

Suite de la page (11)<br />

Et l’insécurité reste un thème majeur.<br />

Selon un sondage de l’institut de statistiques<br />

chiliens, Latinobarometro, pour<br />

61 % des Vénézuéliens il s’agit de la première<br />

préoccupation. C’est aussi le principal<br />

cheval de bataille de l’opposition<br />

contre le président. Certains assurent que<br />

l’insécurité a augmenté depuis l’élection<br />

du leader vénézuélien. D’autres soulignent<br />

qu’elle a toujours été un phénomène<br />

préoccupant. « Il y a des groupes<br />

d’habitants qui protègent leur zone de<br />

manière anormale avec des pistolets et<br />

des armes », poursuit Andrés, en faisant<br />

allusion aux milices armées qui circulent<br />

dans les quartiers de Caracas. « Au bout<br />

du compte, ils terrorisent les gens. La<br />

paix n’existe pas au Venezuela ». De<br />

fait, le Venezuela est l’un des pays les<br />

plus violents au monde avec un taux de<br />

49 homicides pour 100 000 habitants,<br />

selon les chiffres du gouvernement et<br />

de l’Office des Nations-Unies contre la<br />

Drogue et le Crime (UNODC). « Parmi les<br />

dix pays avec les taux d’homicides les<br />

plus élevés, on constate que huit sont<br />

latino-américains. Le Venezuela figure<br />

en cinquième position. Ce qui prouve<br />

que les mesures sociales ne sont pas<br />

suffisantes pour diminuer les indices<br />

de violence et de criminalité », a admis<br />

Chavez au mois de juin lors du lancement<br />

de Gran Misión a toda Venezuela. Un<br />

programme gouvernemental qui vise<br />

à diminuer la violence. Le budget total<br />

du projet se monte à 287 millions de<br />

bolivars (environ 54 millions d’euros).<br />

« Entre 60 % et 70 % des crimes sont<br />

commis par des jeunes. L’objectif<br />

de cette mission est de réduire la<br />

formation de délinquants. Des jeunes,<br />

qui malheureusement finissent par<br />

commettre des crimes », a expliqué le<br />

ministre de l’Intérieur, Tarek El-Aissami.<br />

En mai, le gouvernement a annoncé<br />

une autre mesure de sécurité publique :<br />

l’interdiction de vendre des armes aux<br />

civils. « Au Venezuela, plus de 90 % des<br />

homicides sont perpétrés avec des armes<br />

à feu. Ce qui nous oblige à adopter des<br />

mesures radicales pour traiter cette<br />

question », insistait El-Aissami à<br />

l’époque.<br />

En plus de la grande quantité<br />

d’armes en circulation, l’influence du<br />

crime organisé et la corruption des<br />

corps de police sont d’autres facteurs<br />

d’inquiétude. A cet égard, La création<br />

de la Police Nationale Bolivarienne a été<br />

l’une des principales mesures du gouvernement<br />

vénézuélien. Il a aussi lancé<br />

« l’Indice Global des Corps de Police au<br />

Venezuela ». Plus de 170 indicateurs<br />

vont mesurer l’efficacité, le respect des<br />

droits de l’homme et diverses autres<br />

données liées à l’activité. L’Université<br />

Nationale Expérimentale de Sécurité a<br />

aussi été fondée. Les nouveaux policiers<br />

y suivront leurs études supérieures.<br />

Thème de campagne<br />

Aucune de ces mesures ne semble calmer<br />

les accusations de l’opposition, qui a<br />

choisi la sécurité publique comme principale<br />

thème de campagne pour l’élection<br />

présidentielle. « Chavez prétend que la<br />

violence trouve ses origines dans le capitalisme,<br />

dans les feuilletons des chaînes<br />

de télévision, dans les gouvernements<br />

antérieurs. Jamais il n’assume ses responsabilités<br />

», affirme Leopoldo Lopez,<br />

ex-maire de Chacao, dirigeant du parti<br />

Première Justice, et principal meneur de<br />

la campagne du candidat de l’opposition,<br />

Henrique Capriles. « C’est évident, on a<br />

perdu le contrôle de la situation ».<br />

Selon les chiffres de López, il y<br />

a eu 150 000 homicides durant les 14<br />

années du gouvernement Chavez. De ce<br />

total, 140 000 n’auraient pas été résolus.<br />

Et les cas d’enlèvements auraient<br />

augmenté de 2 500 %.<br />

L’Observatoire Vénézuélien de la<br />

Violence (OVV) décrit aussi un scénario<br />

alarmant. Le gouvernement accuse<br />

cependant cette ONG d’être financée<br />

par l’opposition. En 1999, au début du<br />

mandat de Chavez, le pays aurait enregistré<br />

chaque année 6 000 homicides<br />

environ. En 2011, cet indice est passé à<br />

19 300 assassinats, selon l’OVV.<br />

Le sentiment d’insécurité<br />

Selon une enquête menée par Latinobarometro,<br />

le sentiment d’insécurité, en<br />

hausse, serait en décalage par rapport<br />

aux indicateurs réels. L’indicateur, qui<br />

calcule le pourcentage de foyers dont<br />

l’un des membres a été victime d’un<br />

délit lors des douze derniers mois, serait<br />

retombé à son niveau historique normal,<br />

31 % en 2011. Entre 2001 et 2007, cet<br />

indicateur avait atteint 50 %. Pourtant,<br />

le sentiment d’insécurité est en hausse<br />

de 8 % depuis 2003. Pour 61 % des sondés,<br />

c’est une question majeure.<br />

Ce décalage que les autorités gouvernementales<br />

attribuent en partie à<br />

l’exploitation du thème par les médias<br />

anti-Chavez, se répercute de manière<br />

différente dans les différentes couches de<br />

la population. Pour la classe moyenne et<br />

les plus riches, la violence est devenue<br />

un motif fondamental pour remettre en<br />

cause le président vénézuélien. Parmi les<br />

plus pauvres, le gouvernement national<br />

se partage la responsabilité avec les administrations<br />

régionales et municipales,<br />

souvent entre les mains de l’opposition.<br />

La poussée du thème dans l’opinion<br />

publique a, de toute façon, fait de la violence<br />

urbaine une question de première<br />

importance dans les plans chavistes. Le<br />

lancement de Gran Misión a toda Venezuela<br />

témoigne de cette nouvelle focalisation<br />

qui provoque des polémiques sur<br />

le contenu du programme.<br />

L’opposition réclame plus de répression<br />

et de policiers dans les rues.<br />

Elle dénonce aussi férocement la corruption<br />

des actuels appareils de sécurité.<br />

Même si le gouvernement met en place<br />

des politiques qui renforcent la présence<br />

policière, il continue d’associer la lutte<br />

contre la criminalité à l’amélioration<br />

des indicateurs sociaux. Il assure une<br />

présence forte de l’État dans les quartiers<br />

les plus sensibles en offrant des services<br />

et des nouvelles perspectives.<br />

Pour Andrés Antillano, professeur<br />

de l’UCV (Université Centrale du Venezuela)<br />

et criminologue, les solutions<br />

doivent prendre en compte la récupération<br />

des espaces publics. « L’origine de<br />

la violence est sociale et elle est essentiellement<br />

présente chez les plus pauvres<br />

», affirme-t-il. « C’est la raison pour<br />

laquelle elle doit être combattue avec des<br />

politiques sociales et une organisation<br />

politique, de concert avec les interventions<br />

policières ».<br />

Pays le moins inégalitaire<br />

d’Amérique du Sud, le Venezuela<br />

est la scène d’un affrontement<br />

politique fort<br />

Ce phénomène existe alors que l’écart<br />

entre les revenus les plus bas et les plus<br />

élevés a diminué et que les plus riches<br />

ont maintenu leur niveau de vie<br />

Dans les cercles des sciences politiques,<br />

lorsqu’il s’agit d’étudier le comportement<br />

des électeurs, un paradigme<br />

fait l’unanimité : la diminution des inégalités<br />

sociales et la consolidation de la<br />

classe moyenne tendent à amollir le débat<br />

idéologico-politique. Cependant celui qui<br />

appliquerait cette logique au Venezuela,<br />

se mettrait le doigt dans l’oeil. La dispute<br />

entre les camps chavistes et antichavistes<br />

s’exacerbe alors que le pays<br />

devient socialement plus homogène. Le<br />

Venezuela arrive même au top du classement<br />

de la distribution des revenus<br />

en Amérique du Sud. « La politisation<br />

de toutes les classes sociales s’est<br />

radicalisée depuis l’élection du président<br />

Chavez et conduit à un positionnement<br />

qui va au-delà des intérêts immédiats<br />

des différents segments de la société<br />

», analyse Jesse Chacon, directeur du<br />

Groupe de Recherche Sociale XXI siècle<br />

(GIS XXI). « Ici la gauche et la droite,<br />

gouvernement et opposition sortent<br />

dans la rue pour débattre de projets<br />

de portée nationale qui dépassent les<br />

revendications ponctuelles, les bénéfices<br />

économiques ou les avancées sociales ».<br />

Jesse Chacon a participé à la rébellion<br />

militaire de 1992, quand l’actuel<br />

président a tenté de faire tomber la IV<br />

République. Chacon était alors un jeune<br />

lieutenant qui, comme son chef, a fini<br />

derrière les barreaux. Ingénieur en informatique<br />

et diplômé en télématique, il a<br />

déjà occupé les fauteuils de ministre des<br />

Télécommunications, de l’Intérieur et<br />

de la Science et Technologie de l’actuel<br />

gouvernement. À 46 ans, il étudie désormais<br />

les dynamiques politiques et sociales<br />

au Venezuela. « Les propriétaires<br />

des moyens de production sont en train<br />

de perdre la main mise sur le pouvoir<br />

politique. Il s’agit du point de tension<br />

centrale, qui provoque une réaction des<br />

couches sociales les plus favorisés et<br />

de leurs sympathisants », souligne-t-il.<br />

« Le revenu moyen de 20 % des plus<br />

riches n’a pas été affecté. Son style de<br />

vie non plus. Mais ils perçoivent qu’ils<br />

ne tiennent plus les rennes de l’État et<br />

de la société, ce qui leur fait peur et les<br />

enrage ».<br />

Un large répertoire de mesures<br />

sociales et de politiques de distribution<br />

a été destiné aux plus pauvres.<br />

Pourtant, leur comportement est également<br />

dicté par des motivations qui<br />

extrapolent les conquêtes ou les attentes<br />

économiques. L’embrasement<br />

de ces couches sociales avec en toile<br />

de fond l’amélioration des conditions<br />

de vie, est aussi attisé par le président<br />

qui, sans cesse, s’efforce de mener des<br />

batailles d’idées et de valeurs.<br />

Depuis le début de son gouvernement,<br />

mais de manière plus ample<br />

depuis le coup d’État en 2002, Chavez<br />

s’attache à occuper le maximum d’espace<br />

dans les médias. Son discours est<br />

presque toujours articulé de manière<br />

à confondre chaque mouvement de<br />

son gouvernement au processus révolutionnaire.<br />

En même temps, il sème<br />

chez ses sympathisants un sentiment<br />

de répulsion contre les adversaires des<br />

changements en cours.<br />

Contraire à la logique de conciliation,<br />

le président a fait un pari<br />

pédagogique qui semble tenir ses promesses.<br />

Plus la polarisation est grande,<br />

plus la confrontation des points de vue<br />

est limpide, plus il est facile de créer<br />

une base de soutien forte et mobilisée.<br />

Pour les bons et les mauvais moments.<br />

Au début, le fil conducteur de<br />

la pédagogie chaviste a été de ressusciter<br />

l’histoire et la pensée de Simon<br />

Bolivar, le patriarche de l’indépendance<br />

vénézuélienne, chef politique<br />

et militaire de la guerre anticolonialiste<br />

contre les Espagnols au XIXème<br />

siècle. En s’engageant sur cette voie,<br />

Chavez a imprimé une forte marque<br />

nationaliste à son projet, qui affronte<br />

les nouveaux seigneurs coloniaux (les<br />

États-Unis) et leurs alliés de l’intérieur<br />

(l’élite locale).<br />

Petit à petit, la syntaxe du socialisme<br />

historique s’est ajoutée au bolivarisme<br />

original. Cet amalgame entre<br />

les racines nationalistes et les valeurs<br />

de gauche a été largement repris<br />

comme un code culturel qui dessine le<br />

visage et donne la couleur des réalisations<br />

politiques du gouvernement.<br />

Le président refuse ainsi la recette à la<br />

mode dans les courants progressistes<br />

pour qui la politique est une question<br />

d’efficacité. Pour utiliser le vieux jargon,<br />

Chavez est un politique de lutte<br />

des classes sur laquelle il parie pour<br />

isoler et dérouter ses ennemis.<br />

L’opposition, confortée par son<br />

emprise sur les moyens de communication,<br />

a elle aussi misé sur l’affrontement<br />

ouvert. En plus de ses recours<br />

médiatiques, elle a toujours pu compter<br />

sur les forces économiques et les<br />

relations internationales pour mobiliser<br />

les classes moyennes contre le<br />

gouvernement. Même après le putsch<br />

et le blocus de 2002, à l’apogée de la<br />

polarisation, les partis antichavistes<br />

ont poursuivi une stratégie de collision.<br />

La classe C<br />

Mais les deux camps doivent actuellement<br />

prendre en compte un<br />

nouveau phénomène. Plus de 30<br />

% de la population a changé de<br />

couche sociale. Ils ont migré des<br />

segments les plus pauvres vers ce<br />

que la sociologie des enquêtes démographiques<br />

appelle la classe C –<br />

à proprement parler ils ont intégré<br />

la classe moyenne.<br />

Si par le passé elle a opposé une<br />

résistance absolue aux questions sociales,<br />

l’opposition est obligée de reconnaître<br />

certaines avancées. Dans sa<br />

campagne, Capriles promet de préserver<br />

les Missions sociales. Cependant,<br />

son plan de gouvernement propose en<br />

même temps d’éliminer le Fondem, le<br />

fond qui finance les programmes sociaux<br />

grâce aux pétrodollars. Par ailleurs,<br />

le candidat modère relativement<br />

son message pour dialoguer avec les<br />

segments qui ont tiré profit de la V République.<br />

Côté gouvernemental, surgissent<br />

aussi de nouvelles questions. «<br />

Disputer les cœurs et les esprits de ce<br />

nouveau contingent de la classe moyenne<br />

demeure le problème du processus<br />

révolutionnaire », affirme Jesse<br />

Chacon. « Nombreux sont ceux qui<br />

se sont élevés socialement grâce aux<br />

initiatives gouvernementales mais qui<br />

ont embrassé les valeurs morales et<br />

culturelles des élites dont le mode de<br />

vie est leur référence ». L’ex-militaire<br />

pointe spécialement la préservation<br />

des aspirations consuméristes, le rejet<br />

des projets et des organisations collectifs,<br />

la négation de l’identité originale<br />

de classe et parfois même de race.<br />

Les diverses enquêtes, celles du<br />

GIS XXI ou celles d’instituts proches<br />

de l’opposition, décèlent l’émergence<br />

ces dernières années d’un groupe<br />

d’électeurs auquel on se réfère de façon<br />

informelle comme les ni-ni. C’està-dire<br />

ceux qui ne s’alignent pas automatiquement<br />

sur les positions de<br />

Chavez, ni sur celles de ses ennemis.<br />

La majorité fait partie des classes ascendantes.<br />

Les ni-ni représentent aux<br />

alentours de 40 % des électeurs, la<br />

même proportion que les indéfectibles<br />

électeurs pro Chavez, contre 20 %<br />

de fidèles à l’opposition. La gauche,<br />

cependant, recueille des résultats qui<br />

dépassent ses frontières grâce à la<br />

combinaison de deux facteurs. D’une<br />

part les programmes du gouvernement<br />

(principalement celui lié au logement)<br />

contentent la population. D’autre<br />

part le cancer de Chavez crée un climat<br />

affectif de solidarité. Le président<br />

avoisine dans les sondages les plus fiables<br />

60 % des intentions de vote pour<br />

le scrutin d’octobre. Il ouvre un écart<br />

de 15 % à 30 % face à son adversaire.<br />

Ces chiffres indiquent que les nini<br />

se répartissent entre les deux pôles.<br />

Bien que la tendance semble favorable<br />

à une réélection tranquille du président<br />

sortant, la chasse aux voix de cet électorat<br />

demeure frénétique. « Si la campagne<br />

de Chavez réussit à conquérir<br />

une partie plus significative de ce segment,<br />

un avantage plus expressif encore<br />

pourra être construit », souligne<br />

Jesse Chacon.<br />

Stratégies<br />

L’un des aspects de la stratégie<br />

pour venir à bout des résistances de<br />

Suite à la page (15)<br />

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Perspectives<br />

Les syndicats, la pseudo-gauche et le<br />

massacre en Afrique du Sud<br />

Par Joseph Kishore<br />

Le massacre de 34 travailleurs grévistes<br />

de la mine du groupe Lonmin<br />

de Marikana en Afrique du Sud a mis<br />

en évidence avec netteté, dans un<br />

contexte de soulèvement mondial de<br />

la classe ouvrière, le rôle joué par les<br />

syndicats officiels en Afrique du Sud et<br />

internationalement.<br />

Une rivière de sang sépare à<br />

présent les mineurs et le syndicat National<br />

Union of Mineworkers (NUM)<br />

– l’élément central du Congrès des<br />

syndicats d’Afrique du Sud (Congress<br />

of South African Trade Unions, CO-<br />

SATU), qui est étroitement aligné sur<br />

le gouvernement de l’African National<br />

Congress (ANC). Le NUM s’est révélé<br />

être lui-même un instrument de répression<br />

et de meurtre d’Etat.<br />

La manifestation de la colère de<br />

la classe ouvrière contre les propriétaires<br />

du groupe Lonmin a fait entrer<br />

les travailleurs en conflit direct avec<br />

les organisations qui sont censées les<br />

représenter. Après le massacre, le secrétaire<br />

général du NUM, Frans Baleni,<br />

a exigé que « tous les travailleurs<br />

reprennent le travail et que les organismes<br />

chargés de l’application de la loi<br />

répriment les coupables de la violence<br />

et des meurtres », qui sont, selon le<br />

NUM, les travailleurs eux-mêmes.<br />

Le conflit entre la classe ouvrière<br />

et le NUM ne se limite pas à Marikana.<br />

Le site internet de l’industrie minière<br />

mineweb.com a écrit dernièrement, «<br />

Ce qui est particulièrement inquiétant<br />

ici, c'est que les mineurs contournent<br />

le NUM, ce qui suggère un manque<br />

total de confiance dans l'organisation<br />

traditionnelle du syndicat minier. Le<br />

NUM semble être considéré comme un<br />

laquais du parti politique au pouvoir,<br />

l’African National Congress – et donc,<br />

de faire partie du nouvel establishment<br />

sud-africain.<br />

Cet alignement de forces – dans<br />

lequel les syndicats se positionnent<br />

derrière les compagnies et le gouvernement<br />

– est de portée internationale.<br />

C’est aussi le cas du soulèvement<br />

grandissant des travailleurs contre ces<br />

institutions droitières pro-patronales<br />

au fur et à mesure que la classe dirigeante<br />

applique un programme social<br />

contre-révolutionnaire.<br />

En Europe, partout où les luttes<br />

sont sorties du cadre des actions officiellement<br />

approuvées par les syndicats,<br />

les syndicats ont collaboré avec le<br />

gouvernement pour les réprimer. Durant<br />

la grève des contrôleurs aériens<br />

espagnols en 2010, le gouvernement<br />

avait mobilisé l’armée pour briser la<br />

grève avec le soutien des syndicats et<br />

de leurs alliés politiques.<br />

Une série de luttes importantes a<br />

éclaté au cours de ces deux dernières<br />

années aux Etats-Unis en opposition<br />

à la confédération syndicale AFL-CIO,<br />

les travailleurs cherchant à combattre<br />

l’assaut du patronat contre leurs emplois<br />

et leurs prestations sociales, assaut<br />

qui est actuellement mené par le<br />

gouvernement Obama.<br />

En 2010, les travailleurs<br />

d’Indianapolis, dans l’Etat d’Indiana,<br />

avaient rejeté une réduction de 50<br />

pour cent des salaires soutenue par<br />

le syndicat des travailleurs unis de<br />

l’automobile (United Automobile<br />

Workers, UAW) en chassant les responsables<br />

syndicaux d’une réunion<br />

syndicale. Une section des travailleurs<br />

avait formé un comité indépendant<br />

de travailleurs pour organiser une lutte<br />

pour la défense des emplois et des<br />

salaires. Quelques mois plus tôt, les<br />

travailleurs de l’automobile avaient<br />

provoqué une quasi émeute contre<br />

les responsables de l’UAW qui soutenaient<br />

la fermeture de l’usine NUMMI<br />

de Fremont en Californie.<br />

Pas plus tard que la semaine<br />

dernière, les travailleurs de l’usine<br />

de montage de moteurs Chrysler de<br />

l’unité de Dundee dans le Michigan,<br />

révoltés par des heures supplémentaires<br />

obligatoires et des salaires à<br />

deux vitesses, ont voté en grande<br />

majorité contre un contrat local à la<br />

grande surprise et colère de la direction<br />

et de l’UAW. Là où les luttes ont éclaté<br />

sous le contrôle syndical – comme<br />

Le secrétaire général du NUM,<br />

Frans Baleni<br />

dans le cas de la grève des travailleurs<br />

chez Caterpillar à Joliet, en Illinois – les<br />

travailleurs se sont rapidement heurtés<br />

au fait que le syndicat oeuvre pour<br />

les isoler et pour qu'ils perdent leur<br />

combat.<br />

Ces événements confirment<br />

tout à fait l’analyse faite par le Comité<br />

international de la Quatrième<br />

Internationale en ce qui concerne le<br />

caractère des syndicats. En 1993, le<br />

Workers League, prédécesseur du Socialist<br />

Equality Party (Parti de l’Egalité<br />

socialiste, SEP) avait expliqué que la<br />

dégénérescence des syndicats était<br />

ancrée dans leur perspective nationaliste<br />

et pro-capitaliste qui est sapée<br />

par la mondialisation de la production<br />

et l’effondrement de l’ordre social<br />

d’après-guerre : « Dans chaque pays,<br />

le rôle de ces appareils bureaucratiques<br />

a été transformé. Ils ne font plus pression<br />

sur les employeurs et l’Etat pour<br />

obtenir des concessions en faveur<br />

des travailleurs. Ils font maintenant<br />

pression sur les travailleurs pour leur<br />

soutirer des concessions au profit des<br />

employeurs de façon à attirer le capital.<br />

»<br />

A Marikana, les syndicats ont<br />

évolué et sont passés de l’exercice de<br />

la pression à la répression ouverte et<br />

violente. Lorsque les circonstances<br />

l’exigeront, ils agiront de la même<br />

manière en Europe, aux Etats-Unis et<br />

ailleurs.<br />

Les efforts des travailleurs pour<br />

se libérer de ces institutions suscitent<br />

l’indignation non seulement<br />

de l’élite patronale, mais aussi des<br />

Suite à la page (18)<br />

Pourquoi le<br />

Venezuela se retire<br />

de la Commission<br />

interaméricaine des<br />

droits de l’homme<br />

Par Salim Lamrani<br />

Le 28 juillet 2012, le président Hugo<br />

Chávez a fait part sa décision de se<br />

retirer de la Commission interaméricaine<br />

des droits de l’homme, suite<br />

au jugement condamnant le Venezuela<br />

pour mauvais traitements à l’égard<br />

d’un détenu sanctionné pour terrorisme<br />

et désormais en fuite aux Etats-Unis.<br />

Caracas dénonce un verdict politique.<br />

Le 24 juillet 2012, la Cour interaméricaine<br />

des droits de l’homme<br />

(CIDH) a rendu publique sa décision<br />

condamnant l’Etat vénézuélien « d’être<br />

internationalement responsable de la<br />

violation du droit à l’intégrité personnelle<br />

et de traitements inhumains et<br />

dégradants à l’encontre de Monsieur<br />

Raúl José Díaz Peña ». L’instance a<br />

jugé que la « détention [de ce dernier]<br />

aurait été illégale et arbitraire et qu’il<br />

aurait été soumis à un régime de détention<br />

préventive qui aurait dépassé<br />

les limites établies dans la loi pénale,<br />

en invoquant une présomption de risque<br />

de fuite ». La CIDH a également<br />

condamné l’Etat vénézuélien à verser<br />

15 000 dollars à Díaz Peña[1].<br />

Qui est Raúl José Díaz Peña ?<br />

Raúl José Díaz Peña est un fugitif vénézuélien<br />

lourdement condamné par<br />

la justice pour terrorisme et réfugié<br />

aux Etats-Unis. En 2003, le Venezuela<br />

vivait une situation de polarisation<br />

politique extrême suite au coup d’Etat<br />

avorté d’avril 2002 contre le président<br />

démocratiquement élu Hugo Chávez et<br />

le sabotage pétrolier qui avaient coûté<br />

la somme de 10 milliards de dollars à<br />

l’économie vénézuélienne. Tous deux<br />

Nicolás Maduro, ministre des<br />

Affaires étrangères du Venezuela<br />

Raúl José Díaz Peña<br />

avaient été organisés par l’opposition<br />

avec le soutien explicite des Etats-Unis<br />

qui avait reconnu la junte putschiste<br />

dirigée par Pedro Carmona Estanga,<br />

alors président du syndicat patronal<br />

Suite à la page (14)<br />

La journée de deuil en Afrique du Sud ne calme pas<br />

la colère provoquée par le massacre de Marikana<br />

Par Julie Hyland<br />

La colère continue de grandir au<br />

sujet du massacre de 34 mineurs<br />

grévistes de la mine de platine du<br />

groupe Lonmin de Marikana le 16<br />

août et ce en dépit des efforts officiels<br />

déployés pour atténuer les tensions.<br />

La journée de deuil national<br />

décrétée jeudi par le président Jacob<br />

Zuma du Congrès national africain<br />

(African National Congress,<br />

ANC), parti au pouvoir, a clairement<br />

montré que des paroles de tristesse<br />

ne suffiront pas à faire disparaître<br />

l’indignation à l’égard non seulement<br />

des compagnies minières mais<br />

aussi de l’ANC et de ses alliés au sein<br />

du National Union of Mineworkers<br />

(NUM), du Congress of South African<br />

Trade Unions (Congrès des syndicats<br />

sud-africains, COSATU) et du<br />

Parti communiste sud-Africain.<br />

L’hostilité à l’égard de Zuma est telle qu’il n'a été en mesure<br />

d’assister à aucune des cérémonies<br />

Lors de la principale commémoration<br />

en mémoire des victimes<br />

de la mine de Marikana au Nord-<br />

Ouest de Johannesburg, les veuves<br />

en pleurs des travailleurs tués ont<br />

été rejointes par plus d’un millier de<br />

personnes, dont les parents des 259<br />

grévistes qui sont actuellement emprisonnés.<br />

Plus tôt, Impala Rustenberg,<br />

la plus grande mine de platine du<br />

monde, a annoncé que l’ensemble<br />

de la production avait été stoppé<br />

pour la journée pour permettre aux<br />

travailleurs de rendre hommage à<br />

leurs collègues. Impala Rustenberg<br />

a été cette année le théâtre d’une<br />

grève âpre de six semaines qui a<br />

coûté la vie à quatre travailleurs.<br />

L’hostilité à l’égard de Zuma<br />

est telle qu’il n'a été en mesure<br />

d’assister à aucune des cérémonies.<br />

La police a fait profil bas, néanmoins<br />

des centaines de policiers étaient regroupés<br />

dans les rues avoisinantes.<br />

Les responsables du gouvernement,<br />

les dirigeants de l’église et<br />

des syndicats s’étaient mis d’accord<br />

pour qu’aucun discours politique ne<br />

soit autorisé. Mais l’humeur combative<br />

au sein des mineurs a trouvé<br />

son expression durant la célébration<br />

lorsqu’un homme non identifié<br />

est monté à la tribune pour exiger,<br />

avant d’être privé du microphone, la<br />

démission de Zuma.<br />

Plus tard, à la fin de la cérémonie,<br />

le dirigeant exclu de la<br />

Ligue de Jeunesse de l’ANC, Julius<br />

Malema, a été applaudi lorsqu’il a<br />

attaqué la collusion de l’ANC avec<br />

les compagnies minières, en disant,<br />

« Notre gouvernement est devenu<br />

un cochon qui mange ses enfants.<br />

» Ancien pilier de Zuma, Malema<br />

avait été exclu de l’ANC en février<br />

dernier, accusé de « semer la zizanie<br />

». Un dizaine de ministres du gouvernement<br />

ANC ont quitté la cérémonie<br />

durant son discours.<br />

Plus d’une semaine après le<br />

massacre, moins d’un tiers des employés<br />

ont repris le travail à Lonmin,<br />

et beaucoup d’autres se sont<br />

jurés de mener le combat jusqu’au<br />

bout. La plupart des foreurs qui<br />

menaient le débrayage sont des immigrés.<br />

Ils travaillent dans des conditions<br />

extrêmement dangereuses<br />

pour à peine 500 dollars par mois<br />

et ils sont logés dans des campements<br />

sordides. Nombre d’entre<br />

eux ont quitté le NUM, qui est, à<br />

juste titre, considéré être de mèche<br />

avec les patrons des mines, pour<br />

Suite à la page (18)<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 13


continued from page (9) Suite de la page (13)<br />

Raphaël Denis was a painter of<br />

formally choreographed, cubistfiltered<br />

scenes of market women<br />

and the like<br />

twisted Vandyke, he along with a large<br />

group of fellow artists and supporters<br />

had seized the moment, it seemed, the<br />

swelling veins of his throat punctuating<br />

the feverish conviction etched<br />

in his momentary scowl. (I, as club<br />

advisor to some <strong>Haiti</strong>an students in<br />

my charge, also had once proudly led<br />

them in singing the same national anthem<br />

before a folkloric performance<br />

in a Brooklyn high school.) It’s this<br />

nationalist mythos that inflects almost<br />

all “<strong>Haiti</strong>an art” that telegraphs itself<br />

as such since the U.S. occupation of<br />

<strong>Haiti</strong> (1915-1934).<br />

In this light, the wake of the<br />

painter Jacques Mérisier is notable.<br />

(Unbeknownst to me until after his<br />

death in March 1998, close ties between<br />

his family and mine go back<br />

over 50 years in <strong>Haiti</strong>.) He had never<br />

attained the reputation of Dépas or of<br />

other hard drinking, ballyhooed sophistiqué<br />

painters such as Luckner<br />

Lazard (who died in 1998), or even<br />

of Bernard Wah (who died in 1981) –<br />

although Wah’s surreal, stylized cubism<br />

resonates in Mérisier’s paintings.<br />

At his wake in Brooklyn (as at Denis’<br />

funeral service in July 2012), his coffin<br />

at one point drew a phalanx of<br />

artists toward it. As part of Mérisier’s<br />

entourage, I took hold of an aspergillum<br />

that was passed on to me, and, as<br />

others had already done, I saw myself<br />

solemnly sprinkling holy water on his<br />

frozen body.<br />

I must confess that not long<br />

ago the death of even those I hardly<br />

knew had sometimes overly weighed<br />

on me. (If tears, and not just keening<br />

wails, were required of hired criers,<br />

I would have earned my keep years<br />

ago at some <strong>Haiti</strong>an funerals.) I tend<br />

to link undue human suffering in<br />

general, which is a sort of prefigured<br />

death, with the evil aspects of capitalism<br />

and with (<strong>Haiti</strong>’s) anti-imperialist<br />

struggles. This feeling of empathy for<br />

the suffering and struggles of others<br />

(dating from when I first learned about<br />

colonialism and slavery) would stew<br />

in my mind for a long time before I<br />

realized that the reflection of Vodou in<br />

my work is actually a crucial implement<br />

in the intellectual and cultural<br />

toolbox with which I deal with death.<br />

Gardère said his own art practice<br />

was a way to relieve pain, stemming<br />

from his exile, disconnection from his<br />

new milieu, and the death of a bygone<br />

<strong>Haiti</strong> he had to relinquish as a fatherless<br />

bourgeois youth. My works are<br />

also often a way for me to compensate<br />

for the anguish of death — in truth,<br />

for the alienation in my own ruptured<br />

life as well. They attempt to project<br />

vicariously a pragmatic and peoplecentered<br />

sense of Vodou spirituality<br />

that could support the materialist in<br />

all of us. I’d like to believe that I have<br />

fashioned parts of my life and psyche<br />

out of my own culture-specific sense<br />

of death.<br />

Likewise, my writing about the<br />

passing of <strong>Haiti</strong>an artists is a way of<br />

reimagining their transformed existence<br />

as a standing army of like-minded<br />

comrades struggling since 1804 in<br />

the quest for national liberation and<br />

regeneration.<br />

Stivenson Magloire and Burton<br />

Chenet, both of whom were dastardly<br />

assassinated in <strong>Haiti</strong> in 1994 and<br />

2012 respectively, are now also enlisted<br />

soldiers in this idealistic, yet topical,<br />

quest. I had met them in New York<br />

and <strong>Haiti</strong>, each perhaps just a couple<br />

of times. Chenet delighted in faux-naïve<br />

pictures based on <strong>Haiti</strong>an folklore<br />

and especially vèvè-like images dappled<br />

at times with distinct brushwork.<br />

He struck me as being pleasant and<br />

full of heart, without the swagger or<br />

guardedness that’s at times reserved<br />

for dyaspora artists like me who venture,<br />

one would think, into the domain<br />

of the local <strong>Haiti</strong>an art establishment.<br />

The meteoric and prolific Magloire,<br />

on the other hand, seemed<br />

more coiled in himself. He was known<br />

for his twig-like images of beings gadding<br />

about in darkish worlds pulsing<br />

with symbolic life. At the Oloffson<br />

Hotel years ago, he appeared both<br />

restless and dazed. Then, at an opening<br />

featuring his paintings at Kenkeleba<br />

Gallery in lower Manhattan,<br />

he sat at one point by himself on a<br />

flight of stairs, quietly removed from<br />

the crowd. There, looking downward<br />

with hands partly shielding his face,<br />

tears welled in his eyes. Did he then<br />

feel somehow that sense of death or<br />

suffering in the trajectory of his life or<br />

country? I don’t recall anyone getting<br />

Magloire to say a word about what<br />

he felt at the opening. But the need<br />

to bring more light to bear on the life,<br />

work, and death of our artists is paramount,<br />

if not to support of the everunfinished<br />

national struggle then for<br />

the foregrounding of the mirror from<br />

which we create our own individual<br />

sense of self and liberation — which is<br />

all dynamically integrated. Indeed, for<br />

any of us who consider ourselves not<br />

just artists but <strong>Haiti</strong>an artists as well,<br />

the conceptualization of self is inseparable<br />

from that of nation.<br />

Author Philippe Thoby-Marcelin<br />

writes, for instance, of the great,<br />

academically trained sculptor Normil<br />

Charles who died in 1938 in a “condition<br />

next to shame” and of the few<br />

works that have survived him — particularly<br />

“Dans le Rêve” (Dreaming),<br />

which supposedly exists only in the<br />

form of it’s plaster mold. We’re told<br />

that the actual work was a “patriotically<br />

inspired” figurative sculpture, a<br />

“sort of Sleeping Beauty that represented<br />

innocently… <strong>Haiti</strong> asleep during<br />

the American occupation.” A rare,<br />

unpublished sepia-toned photograph<br />

of Charles proudly posing next to “Le<br />

Réveil” (The Awakening), his overlife-size<br />

plaster masterwork, suggests<br />

a bolder narrative. It shows a reclining,<br />

somewhat down-to-earth black<br />

nude with head cocked and eyes fixated,<br />

propping herself up as if to gauge a<br />

distant, yet (with her knowing frown)<br />

familiar reality.<br />

Contextually, this sculpture<br />

speaks of the <strong>Haiti</strong>an nation not just<br />

shaking off the yoke of the U.S. occupation<br />

but guarding against its potential<br />

return. A seminal figure who has<br />

yet to be given his due in the development<br />

of modernism in <strong>Haiti</strong> before<br />

the Centre d’Art juggernaut, I envision<br />

more clearly now Charles’ abiding<br />

support to the army of the <strong>Haiti</strong>an<br />

imaginary.<br />

Gardère’s final works before his<br />

death (after his wife Marcia’s passing<br />

a mere month earlier) reveal that his<br />

would-be dispassionate critical take<br />

on <strong>Haiti</strong>an history, culture, and colonialism<br />

has morphed into an embrace<br />

of the necessary romance of national<br />

(or self-) liberation and culture. To<br />

complete his last few works, which<br />

are unusually somber, solemn, and<br />

de-intellectualized, he must have finally<br />

conflated self and Vodou. He<br />

might have poured a libation as well<br />

— at least to his wife. For these final<br />

works are an affirmation of Vodou. In<br />

at least one of them, symbols of Èzili<br />

and Gédé, juxtaposed with the boldly<br />

inscribed words lanmou (love) and<br />

lanmò (death), touchingly demonstrate<br />

that death (or undue suffering)<br />

is the mirror that also reflects a world<br />

of coherence and love.<br />

So the bright vision of our liberation<br />

in this seemingly endless night<br />

is still strong. I now empty down the<br />

drain my unfinished drink on this new<br />

morning.<br />

August 2012<br />

Fedecámaras regroupant les intérêts<br />

économiques privés du pays, et actuellement<br />

réfugié en Colombie.<br />

Le 25 février 2003, une faction<br />

radicale de l’opposition composée de<br />

Felipe Rodríguez, José Colina Pulido,<br />

Germán Varela López, Silvio Mérida<br />

et Raúl José Díaz Peña, décidée à renverser<br />

Hugo Chávez, a fait exploser<br />

plusieurs bombes au Consulat général<br />

de la République de Colombie et<br />

à l’Ambassade d’Espagne. L’objectif<br />

était d’accuser les partisans du président<br />

vénézuélien des attentats<br />

terroristes, lesquels auraient agi en<br />

représailles à la décision de Bogota et<br />

de Madrid de reconnaitre l’éphémère<br />

junte putschiste d’avril 2002[2].<br />

Néanmoins, le plan échoua car<br />

Díaz Peña et ses complices furent arrêtés<br />

le même jour par les autorités du<br />

pays. Suite à son procès, le 29 avril<br />

2008, il a été condamné en première<br />

instance à 9 ans et 4 mois de prison<br />

pour terrorisme par la justice vénézuélienne.<br />

En mai 2010, un juge a<br />

décidé d’octroyer un régime de semiliberté<br />

à Díaz Peña en lui permettant<br />

de passer les weekends en famille<br />

et d’exercer une activité professionnelle.<br />

En septembre 2010, Díaz Peña<br />

a pris la fuite et s’est réfugié aux<br />

Etats-Unis[3].<br />

La CIDH, une juridiction<br />

indépendante ?<br />

Organe juridique de l’Organisation<br />

des Etats américains, entité sous<br />

forte influence des Etats-Unis – à<br />

tel point que l’ensemble des pays<br />

d’Amérique latine et de la Caraïbe ont<br />

décidé de créer la Communauté des<br />

Etats latino-américains et caribéens<br />

Paul J. Jourdan<br />

Attorney at Law<br />

107 Kenilworth Place<br />

Brooklyn, NY 11210<br />

Phone:<br />

(718) 859-5725<br />

(718) 338-0222<br />

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Guy Edouard, General Manager<br />

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Ernest Delouis: 646.201.0603<br />

Luc Delsius: 646.377.1008<br />

<br />

(CELAC) en décembre 2011, afin<br />

de s’émanciper de l’ombre tutélaire<br />

de Washington et de son fidèle allié<br />

canadien –, la CIDH est soupçonnée<br />

de partialité à l’égard des gouvernements<br />

de gauche en Amérique latine.<br />

Ainsi, contre toute attente, la<br />

CIDH a accepté dès 2005 d’étudier le<br />

cas de Díaz Peña soumis par la Venezuela<br />

Awareness Foundation, une<br />

organisation de l’opposition à Hugo<br />

Chávez. Or, pour pouvoir émettre<br />

un jugement, les statuts de l’entité<br />

interaméricaine stipulent que tous<br />

les recours juridiques doivent avoir<br />

été épuisés dans le pays d’origine,<br />

ce qui n’est pas le cas pour l’affaire<br />

Díaz Peña. C’est la première fois dans<br />

l’histoire de la justice interaméricaine<br />

que la CIDH accepte d’étudier le cas<br />

d’un individu condamné pour terrorisme<br />

dans son propre pays, en fuite<br />

aux Etats-Unis et dont le procès est<br />

toujours en cours, en violation de sa<br />

propre Convention. A ce jour, l’entité<br />

juridique de l’OEA n’a pas fourni<br />

d’explication à ce sujet[4].<br />

Nicolás Maduro, ministre des<br />

Affaires étrangères du Venezuela,<br />

a fait part de sa consternation et a<br />

annoncé que son pays se retirerait<br />

de l’organisation. « Il est regrettable<br />

d’en arriver là, mais le Venezuela y a<br />

été contraint par les décisions aberrantes<br />

et abusives qui ont été prises<br />

contre notre pays depuis 10 ans »<br />

par la CIDH. « Aucun pays d’Europe<br />

ni les Etats-Unis n’accepteraient que<br />

la CIDH protège un terroriste », a-t-il<br />

ajouté[5]. La diplomatie vénézuélienne<br />

a accusé l’entité « de complicité<br />

avec la politique de Washington de<br />

protection aux terroristes » et a exigé<br />

« que soient appliqués les principes<br />

d’universalité, d’impartialité,<br />

d’objectivité et de non-sélectivité<br />

dans l’examen des questions des<br />

droits de l’homme[6] ».<br />

En effet, depuis l’arrivée<br />

d’Hugo Chávez au pouvoir en 1999,<br />

la CIDH a multiplié les décisions et<br />

rapports défavorables au Venezuela,<br />

dans des proportions largement<br />

supérieures au reste de l’Amérique<br />

latine. Ainsi, depuis sa création en<br />

1959 et jusqu’à l’arrivée d’Hugo<br />

Chávez au pouvoir en 1999, la<br />

CIDH n’avait émis que cinq jugements<br />

condamnant des violations<br />

de droits de l’homme au Venezuela.<br />

En revanche, entre 2000 et 2012, la<br />

CIDH a condamné Caracas à 36 reprises.<br />

Ainsi, en l’espace de 12 ans,<br />

la CIDH a condamné le Venezuela 7<br />

fois plus que durant les 40 années<br />

précédentes, marquées par des exactions<br />

de toute sorte et notamment le<br />

Caracazo du 27 et 28 février 1989,<br />

révolte populaire contre la vie chère<br />

réprimée dans le sang par l’armée et<br />

la police et qui a coûté la vie à près de<br />

3 000 civils[7].<br />

Par ailleurs, lors de coup d’Etat<br />

d’avril 2002, la CIDH, à l’instar des<br />

Director: Florence Comeau<br />

Interlink Translation<br />

Services<br />

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Tel: 718-363-1585<br />

899 Franklin Avenue,<br />

Brooklyn, NY 11225<br />

Etats-Unis, a ouvertement reconnu<br />

la dictature de Pedro Carmona dans<br />

une lettre adressée à ce dernier et<br />

signée de la main de Santiago Antón,<br />

alors secrétaire exécutif de la<br />

CIDH[8]. Maduro n’a pas manqué<br />

de rappeler cet épisode qui jette une<br />

ombre sur la crédibilité et la réputation<br />

de l’entité interaméricaine : « La<br />

Commission a reconnu les putschistes<br />

et a refusé de soutenir le président<br />

Hugo Chávez[9] ».<br />

Le président Chávez a confirmé<br />

que son pays se retirerait de<br />

la CIDH[10]. « Le Venezuela se retire<br />

de la Cour interaméricaine des<br />

droits de l’homme par dignité et nous<br />

l’accusons aux yeux du monde d’être<br />

indigne de porter ce nom de droits de<br />

l’homme en apportant son soutien<br />

au terrorisme », a-t-il souligné[11].<br />

La CIDH « ne nous a même pas appelés<br />

pour nous consulter. Ici [au<br />

Venezuela], il y a eu un jugement,<br />

une condamnation, il y a des témoins<br />

qui ont affirmé que ce terroriste a fait<br />

exploser des bombes à l’ambassade<br />

d’Espagne et de Colombie. Cela a été<br />

prouvé », a-t-il ajouté[12].<br />

La réaction des Etats-Unis<br />

De son côté, Washington a fustigé<br />

la décision de Caracas. Victoria Nuland,<br />

porte-parole du Département<br />

d’Etat a déclaré que « le Venezuela<br />

enverrait un message lamentable au<br />

sujet de ses engagements envers les<br />

droits de l’homme et de la démocratie<br />

» au reste du continent, en se retirant<br />

de la juridiction de la CIDH. Nuland<br />

a fait l’éloge de l’entité interaméricaine,<br />

et a fait part de son respect pour<br />

cette dernière [13].<br />

Néanmoins, la position des<br />

Etats-Unis n’est pas exempte de contradictions.<br />

En effet, contrairement à<br />

l’ensemble des pays de l’Amérique<br />

latine, les Etats-Unis, tout comme<br />

le Canada, ont toujours refusé de se<br />

soumettre à la juridiction de la CIDH<br />

et ne reconnaissent pas son autorité,<br />

estimant qu’elle viole leur souveraineté<br />

nationale.<br />

La récente décision de la CIDH<br />

concernant le Venezuela suscite de<br />

nombreuses interrogations. Pourquoi<br />

la CIDH a-t-elle accepté d’étudier le<br />

dossier Ruiz Peña avant la fin de son<br />

procès au Venezuela, violant ainsi<br />

sa propre Convention ? Quelles ont<br />

été les motivations qui ont amené<br />

les magistrats à rendre un jugement<br />

favorable à un individu lourdement<br />

condamné par la justice vénézuélienne<br />

pour terrorisme et en fuite aux<br />

Etats-Unis ? Sont-elles politiques ou<br />

bien juridiques ? Aurait-elle étudié le<br />

cas si Ruiz Peña avait été colombien,<br />

mexicain ou chilien ? Quel a été le<br />

rôle de la CIDH lors du coup d’Etat<br />

contre Hugo Chávez et la démocratie<br />

vénézuélienne en avril 2002 ? En un<br />

mot, la CIDH est-elle impartiale visà-vis<br />

du Venezuela ?<br />

Menez Jean-Jerome<br />

Attorney at Law<br />

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14<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012


Dossier Venezuela :<br />

Suite de la page (12)<br />

ces secteurs hybrides, est de démonter<br />

l’un des arguments en grande<br />

partie construit par les moyens<br />

de communication liés à l’opposition<br />

: Chavez voudrait en finir<br />

avec la propriété privée et voudrait<br />

que toute l’activité économique<br />

soit entre les mains de l’État. «<br />

Le processus révolutionnaire a<br />

augmenté le nombre de propriétaires<br />

dans le pays, principalement<br />

depuis la réforme agraire », affirme<br />

le directeur du GIS XXI. « Le<br />

programme de la Révolution se bat<br />

contre les monopoles et renforce<br />

l’État. Mais il ouvre un espace à<br />

différents types de propriétés, de<br />

caractère privé, coopératif ou social.<br />

Le gouvernement doit mieux définir<br />

le rôle de ces modèles pour torpiller<br />

l’image d’un État fondamentaliste<br />

que l’opposition tente de vendre ».<br />

Le candidat de l’opposition<br />

est confronté au problème inverse.<br />

Représentant une alliance dont les<br />

soutiens sont de puissants hommes<br />

d’affaires (comme la brasserie Polar, le<br />

groupe agro-industriel Mavesa et agroalimentaire<br />

Alfonso Rivas entre autres),<br />

Capriles doit convaincre qu’il est<br />

capable de prendre à son compte une<br />

partie au moins des mesures, qui depuis<br />

1999 favorisent 80 % des électeurs qui<br />

ne sont pas des classes A et B. Cependant<br />

son programme ne l’aide pas<br />

beaucoup. Même s’il a modéré ses critiques<br />

à l’égard des politiques sociales<br />

du président, il est un défenseur impétueux<br />

des privatisations. Il ne parle pas<br />

seulement de réduire l’État, de revenir<br />

sur les nationalisations ou d’en finir<br />

avec le contrôle de l’État sur la PDVSA.<br />

Il défend explicitement que les grands<br />

propriétaires terriens expropriés récupèrent<br />

leurs exploitations. « Premièrement,<br />

nous devons en finir avec les expropriations,<br />

ramener la sécurité dans<br />

les campagnes et que le gouvernement<br />

restaure la confiance », a affirmé<br />

Capriles lors d’une récente conférence<br />

de presse.<br />

Indépendamment du résultat,<br />

l’administration de Hugo Chavez a<br />

réussi un fait qui mérite d’être observé<br />

de près par les analystes politiques.<br />

À l’inverse de ce qui se passe dans la<br />

majorité des pays, le marketing n’a pas<br />

domestiqué la politique et occulté le débat<br />

d’idées pour coller aux attentes de<br />

l’électeur. Au Venezuela, même les impératifs<br />

électoraux ne diluent la bataille<br />

frontale entre programmes.<br />

Les plus pauvres forment la<br />

base électorale de Chavez<br />

Les politiques sociales, les créations<br />

d’emplois et la redistribution des<br />

richesses ont sorti de la pauvreté<br />

près neuf millions de Vénézuéliens.<br />

Rabin Azuaje chemine vers les<br />

70 ans mais sa foulée est toujours<br />

vigoureuse. Alors qu’il monte et descend<br />

les ruelles du quartier 23 de Enero,<br />

l’ancien professeur de théâtre se<br />

souvient des années qui ont précédé<br />

l’arrivée de Hugo Chavez au pouvoir.<br />

« À l’époque, sous les gouvernement<br />

de Carlos Andrés Pérez (1974-1979 ;<br />

1989–1993) et Rafael Caldera (1969-<br />

1974 et 1994–1999) par exemple, ici<br />

c’était une espèce de zone expérimentale<br />

pour la répression », se rappelle<br />

ce communiste, militant depuis qu’il<br />

a douze ans. « Ils testaient tout type<br />

d’armement contre nous ».<br />

Le 23 de Enero, comme tous les<br />

quartiers pauvres de Caracas, étaient<br />

des bastions de résistance contre les administrations<br />

des partis conservateurs<br />

AD et Copei. « La voix du pauvre n’a<br />

jamais été entendu. Tout le monde pouvait<br />

voter, mais personne ne répondait<br />

à nos besoins », souligne Rabin Azuaje.<br />

« Avec Chavez, c’est la première fois<br />

qu’un président fait construire des maisons<br />

pour les plus démunis. Grâce à lui,<br />

nous avons commencé à comprendre<br />

que nous étions la majorité et que nos<br />

intérêts devaient guider les politiques<br />

du pays ».<br />

Cette perception se matérialise à<br />

la lecture des données de l’Institut National<br />

de Statistiques (INE). Jusqu’en<br />

1998, 50,8 % de la population étaient<br />

considérés pauvres, 20,3 % extrêmement<br />

pauvres. En douze ans, ces indices<br />

ont respectivement chuté à 31,9<br />

% et 8,6 % de la population. Pour être<br />

plus précis : 71,1 % des habitants<br />

étaient pauvres ou misérables au début<br />

de l’actuelle administration. De ce contingent,<br />

43 % ont migré vers les classes<br />

sociales au-dessus. Plus de 30 % de la<br />

population a changé de classe socioéconomique.<br />

Ce qui n’est pas rien.<br />

Une étude récente de la Commission<br />

économique pour l’Amérique<br />

latine et les Caraïbes (Cepalc) montre<br />

que le Venezuela est actuellement le<br />

pays d’Amérique Latine qui présente<br />

le moins d’inégalités sociales. Elle affiche<br />

un coefficient Gini de 0,394. Plus<br />

l’indice est proche de zéro, plus les<br />

inégalités sont réduites. L’héritage qu’a<br />

reçu Chavez des gouvernements conservateurs<br />

était bien pire. L’indice était<br />

alors de 0,487.<br />

L’augmentation du salaire minimum<br />

a été l’un des principaux instruments<br />

pour soutenir la redistribution<br />

des richesses. Quand Chavez a remporté<br />

les élections en 1998, le salaire légal<br />

le plus bas était équivalent à 182 dollars.<br />

En septembre 2012, il approchera<br />

les 480 dollars. Ajouté à l’assistance<br />

alimentation, un droit pour tous les<br />

salariés, le montant frôlera les 480 dollars.<br />

Le salaire minimum le plus élevé<br />

d’Amérique Latine selon l’Organisation<br />

Mondiale du Travail (OIT). En deuxième<br />

position, vient l’Argentine (530<br />

dollars). Avec 250 dollars, le Brésil<br />

n’occupe que la neuvième place.<br />

Chavez dispose d’un autre atout<br />

important en ce qui concerne le monde<br />

du travail. Il a fait reculer significativement<br />

le chômage. Au moment de la<br />

transition, en 1999, le chômage touchait<br />

14,4 de la population. Durant la<br />

crise politique de 2002-2003, quand<br />

l’opposition a tenté un putsch civiquemilitaire<br />

et a paralysé l’économie en<br />

bloquant les centres de production, presque<br />

20 % des Vénézuéliens se sont<br />

retrouvés sans emploi. Malgré la crise<br />

mondiale, la taux de chômage se situe<br />

à 7,5 % aujourd’hui. Par ailleurs 56 %<br />

des contrats de travail sont déclarés, légaux.<br />

Contre 49 % en 1998.<br />

L’augmentation des revenus et la<br />

création d’emplois explique la dévotion<br />

que vouent les plus pauvres à Chavez.<br />

Mais pour bien comprendre les raisons<br />

économiques et sociales de cette dévotion,<br />

il faut prendre en compte la croissance<br />

débridée des investissements<br />

dans les programmes sociaux. Lors des<br />

douze ans qui ont précédé son gouvernement,<br />

73,5 milliards de dollars avait<br />

été consacrés au social. Entre 1999 et<br />

2011, ce chiffre a bondi à 468,6 milliards.<br />

Adoration<br />

Il n’est pas rare d’observer à Caracas<br />

des drapeaux et des affiches avec le<br />

visage du ”Comandante” sous fond<br />

rouge, la couleur qui caractérise<br />

Hugo Chavez. Dans le centre de la<br />

capitale, de nombreuses boutiques<br />

vendent des pin’s, des t-shirts, des<br />

mugs. Il y a même de poupées en<br />

plastique à l’image du président qui<br />

répète ses discours et des chansons<br />

que Chavez entonne.<br />

Les provocations contre « les immondes<br />

», comme Chavez appelle ses<br />

adversaires de l’opposition, sont commémorées<br />

et reproduites par ses disciples.<br />

Exemple de ceci en juin. Henrique<br />

Capriles du parti de l’opposition MUD<br />

(Table pour l’Unité Démocratique) et<br />

candidat aux élections présidentielles,<br />

organise une marche dans les rues de<br />

La Guaira, dans l’état de Vargas. En arrivant<br />

chez une habitante, la femme le<br />

reçoit avec la photo portrait de Chavez<br />

entre les mains. « Ici nous sommes tous<br />

des rouges et petits rouges », lance la<br />

chaviste devant les caméras, abandonnant<br />

le prétendant « bleu » dans une<br />

situation inconfortable.<br />

L’histoire d’Alex<br />

À une dizaine de kilomètres, dans<br />

une pièce, au troisième étage de la<br />

Fondation Centre d’Études Latinoaméricaines<br />

Romulo Gallegos (Celarg),<br />

Alex Valbuena, enseignant de<br />

54 ans, donne un cours sur « Doña<br />

Barbara », célèbre roman de l’ancien<br />

président vénézuélien Gallegos.<br />

Publiée en 1929, l’histoire oppose<br />

la civilisation et la rudesse de la<br />

campagne. Elle met en scène des<br />

personnages victimes de leur destin<br />

mais qui continuent d’être forts et<br />

courageux. « Cette histoire parle du<br />

Venezuela », résume le professeur.<br />

Alex Valbuena explique pourquoi<br />

il a décidé d’étudier cette œuvre en profondeur,<br />

il y a huit ans. À l’époque, il<br />

venait d’apprendre à lire et écrire. Il travaillait<br />

comme vigile dans l’immeuble<br />

où Romulo Gallegos a vécu, dans le<br />

quartier de Altamira – l’un des plus nobles<br />

de la capitale vénézuélienne. « J’ai<br />

découvert un nouveau monde quand<br />

j’ai réussi à comprendre ce texte », dit-il.<br />

« Sans les Missions d’alphabétisation,<br />

je ferais encore probablement mes<br />

rondes nocturnes ».<br />

Les Missions sociales ont commencé<br />

en 2003 et sont des piliers<br />

du gouvernement Chavez. Les programmes<br />

dont parle Alex Valbuena, et<br />

leur efficacité ont été salués par des organismes<br />

internationaux. Depuis 2006,<br />

le Venezuela est un ”territoire libéré de<br />

l’analphabétisme”. Le pays comptait,<br />

en 2003, 1,6 millions d’analphabètes<br />

qui ont tous appris à lire et à écrire en<br />

deux ans. Selon le gouvernement, des<br />

premières personnes alphabétisées lors<br />

de la Mission Ronbinson, 65 % d’entre<br />

elles ont poursuivi leurs études grâce à<br />

la Mission Robinson II.<br />

Alex Valbuena attribue la responsabilité<br />

de ce changement à Chavez.<br />

Comme le professeur, des millions<br />

d’autres Vénézuéliens qui se sont éveillés<br />

au long des 14 ans d’administration<br />

chaviste votent pour la continuité du<br />

projet. « Il m’a donné l’essentiel, ce<br />

qu’aucun autre gouvernement n’avait<br />

tenté de me donner. Pourquoi je voterais<br />

pour quelqu’un d’autre ? », demande<br />

l’enseignant qui poursuit ses<br />

études en maîtrise de Lettres.<br />

La classe moyenne entre doutes<br />

et haine de Chavez<br />

Riches et gouvernement<br />

s’empoignent pour conquérir les<br />

nouvelles classes sociales qui ont<br />

émergé en 14 ans. Une dispute qui<br />

est au centre de la politique vénézuélienne<br />

Les arbres ombragent les rues<br />

Californie, Madrid, Paris et Londres.<br />

Elles forment avec l’avenue Rio de Janeiro<br />

l’un des plus riches districts de<br />

Baruta, localisé dans l’état de Miranda<br />

qui fait partie du Distrito Metropolitano<br />

de Caracas. L’endroit est connu sous<br />

le nom Las Mercedes. Il concentre les<br />

meilleurs restaurants de la région, une<br />

vie nocturne intense et de très beaux<br />

immeubles résidentiels.<br />

Ici, vit une partie des Vénézuéliens<br />

qui constitue les classes sociales<br />

les plus aisées. Les 3 % de la population<br />

regroupés dans les classes socio-économiques<br />

que l’on appelle A et B. Au<br />

contraire des zones moins favorisées,<br />

sur les murs de ce quartier chic, il n’y<br />

a aucun graffiti en hommage à Hugo<br />

Chavez, à Che Guevara ou Simon Bolivar.<br />

La révolution que propose le président<br />

vénézuélien n’est pas bien vu.<br />

À chaque élection, le<br />

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gouvernement y est rejeté un peu<br />

plus. Grâce aux votes de la 2ème<br />

circonscription de Miranda, qui réunit<br />

Baruta et trois autres municipalités,<br />

la députée de l’opposition Marina<br />

Corina Machado a recueilli le nombre<br />

impressionnant de 235 259 voix, soit<br />

41,93% des suffrages. Un record pour<br />

les élections législatives selon le Conseil<br />

National Électoral (CNE). Candidat du<br />

parti chaviste, PSUV (Parti Socialiste<br />

Uni du Venezuela), Luiz Dias Laplace<br />

n’a obtenu que 43 550 bulletins, 7,76<br />

% des votes.<br />

Baruta est un réduit de Henrique<br />

Capriles, du parti de l’opposition MUD.<br />

Candidat à l’élection présidentielle, il a<br />

été maire de la ville de 2000 à 2008.<br />

Ensuite, il a été à la tête de l’état de<br />

Miranda. « Ici il va remporter la majorité<br />

des voix, mais ce ne sera pas suffisant<br />

pour gagner l’élection », regrette<br />

Luiz Rodriguez, 29 ans. Dans la boîte<br />

Sabu, l’une des plus tendances de la<br />

capitale, un verre de Prosecco à la main<br />

l’homme d’affaire poursuit : « Malheureusement,<br />

Chavez a envoûté les plus<br />

pauvres qu’il a remontés contre nous ».<br />

Styliste de 28 ans, son amie Ana<br />

renchérit : « Même s’il gagne, j’espère<br />

qu’il ne gouvernera pas trop longtemps<br />

». La brune aux longs cheveux lisses<br />

réajuste au-dessus des genoux sa robe<br />

super moulée assortie à ses talons<br />

hauts rutilants. « En peu de temps, il<br />

meurt de son cancer et laisse à d’autres<br />

le champs libre », conclut-elle d’un<br />

sourire étincelant.<br />

Le son de la musique électronique<br />

entrecoupe la voix d’Ana, qui<br />

trouve que les conditions de vie ont<br />

vraiment empiré depuis l’arrivée au<br />

pouvoir de Chavez. « Il y a plus de violence.<br />

Aujourd’hui, il y a des enlèvements<br />

et des vols tous les jours. On m’a<br />

déjà volé trois Blackberrys », racontet-elle.<br />

Les téléphones de la marque<br />

canadienne qui coûtent 330 euros environ<br />

font fureur. Avec plus de 1,9 million<br />

d’usagers, le Venezuela détient le<br />

record mondial de vente de ce modèle<br />

d’appareils par habitant.<br />

Luiz Rodriguez est d’accord avec<br />

son amie. Il déclare qu’il a peur quand<br />

il marche dans la rue. « Même quand<br />

on arrive à la porte du Sabu et qu’on se<br />

retrouve face à face avec cette espèce<br />

de macaque, on a peur d’être séquestré<br />

», invective-t-il. Sans retenue, il fait allusion<br />

au videur de la boîte, un noir de<br />

plus de 1,90 mètre. Autour de l’homme<br />

d’affaire, cinq jeunes d’une vingtaine<br />

d’années, les cheveux balayés en arrière,<br />

portent des chemises de marque.<br />

Ils dansent avec enthousiasme. Le plus<br />

animé du groupe tient un verre de Buchanan’s.<br />

Un whisky 18 ans d’âge qui<br />

coûte 150 dollars au bar de la discothèque.<br />

D’ailleurs, la consommation<br />

de whisky explose au Venezuela.<br />

L’association internationale du secteur<br />

place le pays au sixième rang mondial<br />

des plus grand consommateurs. Avec<br />

9,3 millions de litres par an, il est le numéro<br />

un en Amérique Latine. Le rhum<br />

est pourtant considéré comme la boisson<br />

typique vénézuélienne. Pourquoi<br />

cette préférence pour le whisky ? «<br />

Parce qu’on en a les moyens », répond<br />

Luiz Rodriguez en explosant de rire.<br />

Dans la discothèque, les premières<br />

notes de “Gonna get your love”,<br />

interprétée par la chanteuse italienne<br />

Jenny B., mettent le feu sur la piste de<br />

danse. Se faufilant, presque invisibles<br />

parmi les jeunes, les serveurs prennent<br />

avec difficultés les commandes. «<br />

C’est vrai, nous avons toujours eu une<br />

vie nocturne bouillonnante », raconte<br />

l’homme d’affaires. « Ça ressemble<br />

beaucoup à Miami, do you know what<br />

I mean ? », conclut-il en Anglais. Dans<br />

son élan, il rapporte qu’il va fréquemment<br />

aux États-Unis mais qu’il ne<br />

connaît aucun autre pays d’Amérique<br />

Latine.<br />

La nouvelle classe moyenne<br />

Luiz et Ana font partie des 3 % qui<br />

haïssent le plus Chavez, leur pire<br />

ennemi. Cette couche de la population<br />

et le président se disputent<br />

l’influence des autres 17 % qui<br />

composent le reste de la classe moyenne<br />

aux revenus moins élevés.<br />

Les chercheurs les regroupent dans<br />

la classe dite C. Bon nombre de ces<br />

Vénézuéliens ont directement profité<br />

des politiques sociales de l’actuelle<br />

administration. Pourtant ils ne sont<br />

plus séduits par les programmes<br />

alimentaire ou d’aide au logement<br />

par exemple. Ils s’approprient les attentes<br />

et les valeurs du sommet de la<br />

pyramide sociale.<br />

Selon l’Institut National de Statistiques<br />

(INE), la population au-dessus<br />

de la ligne de pauvreté a augmenté de<br />

8,5 millions. Elle est passée de 49,6<br />

% en 1998 (11 millions de citoyens)<br />

à 68,1 % en 2011 (19,5 millions).<br />

La ligne de pauvreté correspond à un<br />

revenu mensuel par foyer supérieur ou<br />

égal à 3 600 bolivars. Soit 680 euros<br />

environ.<br />

Ce nombre rassemble les 3 %<br />

des classes supérieures, les 17 % des<br />

classes moyennes et les presque 50 %<br />

des classes moyennes modestes et des<br />

travailleurs, qui soutiennent majoritairement<br />

le projet porté par Hugo Chavez.<br />

L’augmentation de 198 % des inscriptions<br />

à l’université entre 1998 et 2011<br />

est l’une des répercussions directes de<br />

cette ascension sociale. Ce qui place le<br />

Venezuela au deuxième rang des pays<br />

avec le plus grand nombre d’étudiants<br />

universitaires.<br />

Le gouvernement fait la liste des<br />

changements qui ont directement affecté<br />

la classe moyenne. Dans le secteur<br />

immobilier, l’accès à la propriété a été<br />

rendu plus simple grâce à des crédits<br />

immobiliers à bas taux. Chavez a aussi<br />

mis fin à la T<strong>VA</strong> sur les véhicules et a<br />

élargi l’accès au crédit. Le nombre de<br />

détenteurs de carte de crédit à doublé<br />

entre 1999 et 2010, avec des taux<br />

d’intérêts annuels inférieurs à 30 %.<br />

Dans l’agro-alimentaire,<br />

le gouvernement a combattu la<br />

Suite à la page (16)<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 15


Suite de la page (15)<br />

spéculation en contrôlant les prix des<br />

produits de base, comme le savon, la<br />

farine. Selon le Groupe de Recherche<br />

Sociale XXI Siècle (GIS XXI), 70 %<br />

de la classe moyenne vénézuélienne<br />

affirment avoir profité du Mercal, une<br />

chaîne publique de supermarché. Par<br />

ailleurs, l’assurance sociale compte<br />

plus de 1,5 millions de Vénézuéliens<br />

dans ses registres. Un bond de 400 %<br />

entre 1999 et 2011. « Pour les plus<br />

riches, peu importe quel président est<br />

au pouvoir », analyse Jesse Chacon,<br />

ex-ministre de la Communication<br />

vénézuélien et directeur du GIS XXI.<br />

« En réalité, ils continuent de gagner<br />

beaucoup d’argent et savent très<br />

bien que s’ils ne sont pas contents,<br />

ils peuvent prendre l’avion et s’en<br />

aller quand ils veulent. Ce qui est<br />

important, c’est savoir comment va se<br />

comporter la nouvelle classe moyenne<br />

qui a surgi durant le gouvernement<br />

Chavez. En tout cas, elle est convoitée<br />

idéologiquement par les riches et<br />

le processus révolutionnaire. Cette<br />

dispute sera décisive pour la formation<br />

d’une majorité forte qui contribuera à la<br />

marche de la révolution ».<br />

La démocratie provoque la<br />

polémique en pleine campagne électorale<br />

vénézuélienne<br />

L’opposition critique Chavez pour<br />

une présumée violation des libertés. Le<br />

parti du président revendique que le<br />

système actuel a été le plus participatif<br />

de l’histoire<br />

Assis à des tables d’écoliers, dix<br />

membres des conseils municipaux du<br />

quartier 10 de Enero, à Caracas, débattent<br />

de la création d’une entreprise<br />

de manutention des ascenseurs pour le<br />

voisinage. Les conseillers, qui l’auront<br />

créée, en seront les propriétaires. Ils<br />

pourront compter sur le financement<br />

et l’appui technique du gouvernement<br />

national et de ses institutions. La nuit<br />

est tombée. Les participants de la réunion<br />

vont discuter des statuts de la<br />

société qu’ils souhaitent créer.« Ce qui<br />

est sûr, c’est qu’elle sera administrée<br />

par la communauté », souligne Darwin<br />

Jaimes, conseiller de Las Palmas 1320.<br />

« Aucun gouvernement ou homme<br />

d’affaires ne pourra prendre possession<br />

de l’entreprise ». Cette aspiration<br />

n’habite pas seulement ce traditionnel<br />

quartier de Caracas. Depuis l’approbation<br />

des lois dites du pouvoir populaire<br />

en décembre 2010, de nombreuses initiatives<br />

similaires ont été enregistrées.<br />

Les partis de l’opposition critiquent<br />

ce nouveau modèle qui permet<br />

à l’État de repasser directement à ces<br />

organisations de quartier des recours et<br />

des attributions. Ils estiment que ce mécanisme<br />

vide les administrations régionales<br />

et municipales, dans lesquelles ils<br />

conservent une forte présence et que ce<br />

mécanisme centralise plus de pouvoirs<br />

entre les mains de l’exécutif national.<br />

Les défenseurs de cette politique<br />

ne se donne même pas la peine de réfuter<br />

la thèse de la purge des anciens<br />

corps administratifs. « Nous voulons<br />

remplir le pays de communes », affirme<br />

Aristóbulo Istúriz, de 66 ans. Il est viceprésident<br />

de l’Assemblée Nationale et<br />

du Parti Socialiste Uni du Venezuela<br />

(PSUV), principal parti du chavisme.<br />

« L’état capitaliste bourgeois est hiérarchisé.<br />

L’état fédéral commande le<br />

régional, qui l’emporte sur le municipal,<br />

qui domine le quartier. En-dessous de<br />

cette structure bureaucratique, il y a le<br />

peuple, loin du pouvoir. Notre stratégie<br />

consiste à abattre cette pyramide et à la<br />

rendre horizontale ».<br />

Selon les données officielles, il<br />

existe déjà 46 000 communes à travers<br />

le pays. Chacune d’entre elles réunit<br />

des zones de quartier déterminé, dans<br />

lesquelles vivent entre 150 et 400 familles.<br />

Le conseil de la commune est élu<br />

au suffrage populaire. Dans les zones<br />

rurales et parmi les populations indigènes,<br />

la base de démarcation est plus<br />

petite. Le conseil débat des questions<br />

sociales de sa localité et de l’organisation<br />

des services publics. Mais cet organisme<br />

fait en outre partie d’un nouveau<br />

système économique. Il peut créer des<br />

entreprises communales, comme celle<br />

du 23 de Enero, constituer des sociétés<br />

mixtes avec des hommes d’affaires, ou<br />

des coopératives. Plusieurs communes<br />

peuvent s’unir et créer un projet commun.<br />

La commune, selon la législation<br />

approuvée par le parlement, est la nouvelle<br />

unité élémentaire de l’État fédéral.<br />

Malgré une forte résistance de l’opposition,<br />

plusieurs instruments d’imposition<br />

communale ont été réglementés. Ils<br />

incluent une partie des impôts locaux et<br />

régionaux, des subventions nationales,<br />

des barèmes pour certains services. Les<br />

infrastructures publiques de tout genre<br />

– écoles, centres de santé, aires de loisirs<br />

– peuvent passer sous sa tutelle. «<br />

Nous voyons la décentralisation comme<br />

le transfert des ressources vers les<br />

endroits où se trouvent les problèmes, à<br />

travers les communautés organisées »,<br />

proclame Aristóbulo Istúriz. « Le vieux<br />

concept de démocratie représentative<br />

et exclusivement politique nous<br />

poussait à la centralisation. Ce qui<br />

créait des strates bureaucratiques de<br />

pouvoir. Maintenant nous forgeons des<br />

espaces de participation où le peuple<br />

vit. Les personnes ne se sentent plus<br />

fragmentées, elles se sentent une partie<br />

de l’État national ».<br />

L’opposition<br />

L’opposition ne voit pas d’un bon<br />

œil cette voie. Elle essaie de traiter<br />

tout ce qui remet en question la<br />

démocratie représentative comme<br />

une attaque au régime démocratique<br />

en général. Pourtant le pluripartisme<br />

existe. Treize élections ont été scrutées<br />

par des observateurs internationaux.<br />

La majorité des médias<br />

est contrôlée par la droite. Mais les<br />

adversaires de Chavez insistent, au<br />

Venezuela et à l’étranger, à brosser<br />

le portrait d’une espèce de tyran<br />

mou.<br />

Face à cette perte accélérée de<br />

pouvoir, la réaction de ces segments<br />

de la société compte sur l’engagement<br />

de différentes entités qui naviguent en<br />

orbite des puissances occidentales, à<br />

commencer par la Maison Blanche. Il<br />

y a des signaux évidents de mécontentement,<br />

lancés spécialement par les<br />

États-Unis, quant à la consolidation<br />

d’un processus qui défie son hégémonie<br />

en Amérique latine mais aussi au<br />

sein du délicat noyau des nations exportatrices<br />

de pétrole.<br />

Finalement, les groupes conservateurs<br />

n’ont pas seulement été dégradés<br />

dans l’administration nationale. Le<br />

président, fort d’une majorité parlementaire<br />

et de victoires successives dans<br />

les urnes, leur a arraché des positions<br />

dominantes dans les cours de Justice,<br />

dans les forces armées, dans la diplomatie<br />

et dans d’autres sphères de l’État.<br />

Chavez n’a jamais caché son intention<br />

de mener une révolution politique, de<br />

forme « démocratique et pacifique, mais<br />

pas sans arme ». Faisant allusion à son<br />

intention de se protéger de putschs internes<br />

ou des menaces étrangères.<br />

À plusieurs reprises, le président<br />

vénézuélien a évoqué l’effondrement<br />

de Salvador Allende, président<br />

socialiste chilien entre 1970 et 1973,<br />

qui devait servir de leçon à la gauche.<br />

Pour implanter les transformations<br />

sociales en respectant l’ordre<br />

constitutionnel, la gauche doit inhiber<br />

la possibilité que ses ennemis recourent<br />

à des soulèvements militaires ou des<br />

opérations internationales. Allende est<br />

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tombé quand l’armée s’est unie aux<br />

partis de droite, qui avaient perdu du<br />

terrain dans les urnes, et a conduit le<br />

coup d’État commandé par le général<br />

Augusto Pinochet. En avril 2002,<br />

Chavez a presque vécu la même chose.<br />

Renversé par une insurrection civicomilitaire,<br />

articulée par la droite et les<br />

principaux médias, il a récupéré le<br />

pouvoir en 48 heures grâce une ample<br />

mobilisation populaire et à la réaction<br />

d’officiers légalistes.<br />

Les membres de l’opposition<br />

considèrent cependant que ces changements<br />

à la tête des pouvoirs de l’État<br />

affecte l’ordre démocratique et menace<br />

même les droits de l’homme. Aucune<br />

institution internationale de poids n’a<br />

entériné cette dénonciation. Le Venezuela<br />

est toujours considéré comme<br />

un pays qui respecte pleinement les<br />

règles démocratiques. Même l’Organisation<br />

des États Américains (OEA)<br />

dont le siège est à Washington ne remet<br />

pas en cause cette évaluation.<br />

Droits économiques et sociaux<br />

Professeur d’histoire de métier et<br />

ancien maire de Caracas sous la<br />

IV République (le régime qui a<br />

précédé l’accession de Chavez au<br />

pouvoir en 1999), Isturiz conteste<br />

de façon pédagogique les insinuations<br />

qui portent sur la faible teneur<br />

démocratique du processus mené<br />

par Chavez. « Il y a deux conceptions<br />

de la démocratie, il est normal<br />

qu’elles soient confrontées l’une<br />

à l’autre », souligne-t-il. « L’une<br />

d’elle, d’origine libérale, se limite à<br />

garantir les libertés et les droits politiques.<br />

Elle n’a aucun contenu social<br />

et elle circonscrit le rôle du citoyen<br />

au vote, qui délègue le pouvoir à<br />

ses représentants. Nous avons fait<br />

un bond vers un concept plus large,<br />

la démocratie participative, qui inclut<br />

les sauvegardes politiques,<br />

mais incorpore aussi des droits<br />

économiques et sociaux, en plus de<br />

créer des institutions qui favorisent<br />

une action politique permanente de<br />

la citoyenneté ».<br />

Pour le dirigeant du PSUV, la conception<br />

participative prédomine depuis<br />

la Constitution de 1999, qui a fondé la<br />

V République. Cela est mis en évidence<br />

par certains articles qui démontrent<br />

la prédominance de cette tendance. «<br />

Dans la Carte de 1961, il était dit que la<br />

souveraineté réside dans le peuple, qui<br />

l’exercerait par le suffrage pour les organes<br />

du pouvoir public », indique-t-il.<br />

« La nouvelle loi majeure va plus loin,<br />

car elle affirme que la souveraineté ne<br />

peut pas être transférée et qu’elle peut<br />

être exercée de forme indirecte, via le<br />

vote, ou de forme directe à travers des<br />

mécanismes créés par initiative populaire<br />

».<br />

Les ennemis de Chavez<br />

l’accusent de saper les fondements<br />

démocratiques. Cependant, il est difficile<br />

de trouver une institution qui ait<br />

été révoquée lors des 14 dernières années.<br />

Les Bolivariens ont maintenu intacts<br />

les mécanismes de la démocratie<br />

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représentative, mais ils ont aussi ouvert<br />

de nouvelles sphères et espaces de décisions<br />

qui sont étrangers à la pensée<br />

plus conservatrice.<br />

En vérité, le Venezuela peut arborer<br />

certains attributs constitutionnels<br />

assez rares. Sa Constitution prévoit des<br />

référendums et des plébiscites qui peuvent<br />

être convoqués par le Parlement,<br />

par le gouvernement ou par la simple<br />

volonté autonome des citoyens. Dans<br />

ce cas, il faut que la pétition réunisse 20<br />

% des électeurs. Ces consultations, en<br />

plus d’être impositives et irrévocables,<br />

peuvent aussi interrompre le mandat de<br />

parlementaires et de gouvernants. Le<br />

président a déjà affronté cet atout pour<br />

la démocratie, en 2004. Il a préservé<br />

son mandat avec 60 % des voix.<br />

Aucun pays affilié à la démocratie<br />

occidentale ne possède de réglementations<br />

d’une telle envergure dans<br />

son répertoire constitutionnel. Certains<br />

analystes interprètent ces dispositifs<br />

comme des moyens d’asservir les institutions<br />

à partir de la furie plébiscitaire<br />

manipulée par un chef d’État populiste.<br />

Pour les Chavistes, cependant, ce sont<br />

des armes dans la besace du président<br />

qui a misé sur la rupture avec la vieille<br />

politique. Celle des accords parlementaires<br />

et d’accommodement avec les<br />

intérêts filtrés par la bureaucratie étatique.<br />

Bien que, dans la pratique, tout<br />

soit plus confus et précipité, le choc des<br />

idées est bien réel sur le terrain.<br />

Le débat, cependant, ne laisse<br />

pas la droite vénézuélienne très à l’aise.<br />

Proposer la réduction de la participation<br />

politique pourrait s’avérer un positionnement<br />

électoral risqué et en contradiction<br />

avec ces forces politiques qui<br />

veulent se présenter comme les champions<br />

de la démocratie contre un leader<br />

soi-disant autoritaire. Vues les circonstances,<br />

l’opposition semble préférer un<br />

discours qui condamne d’éventuelles<br />

manipulations ou de restrictions dans<br />

la mise en œuvre des garanties constitutionnelles.<br />

« Il n’y a pas d’égalité de conditions<br />

politiques », réclame Leopoldo<br />

Lopez, du parti Vontade Popular (Volonté<br />

Populaire). Il est l’un des leaders du<br />

MUD (Mesa de Unidade Democratica),<br />

alliance de partis qui soutient Henrique<br />

Capriles dans la course à la présidentielle.<br />

« L’utilisation de recours publics,<br />

dans le domaine des communications,<br />

est tendancieuse. Le jeu, bien que<br />

démocratique, est déséquilibré ».<br />

Pour le PSUV, ces critiques<br />

prédisent que l’opposition pourrait se<br />

préparer à mettre en doute la légalité<br />

des élections en cours et ne pas reconnaître<br />

les résultats d’octobre. Durant les<br />

derniers mois, de fait, plusieurs délégations<br />

des partis de droite ont voyagé<br />

en Europe et aux États-Unis avec pour<br />

objectif de faire part de leurs préoccupations<br />

concernant la régularité des<br />

élections présidentielles. Et ce malgré<br />

le système de vote électronique vénézuélien<br />

considéré parmi les plus sûr au<br />

monde. Chavez affirme fréquemment<br />

qu’il respectera les résultats des urnes,<br />

quel qu’en soit le verdict. Les socialistes<br />

exigent de leurs adversaires le même<br />

engagement.<br />

Sous Chavez, le nombre de<br />

chaînes de télé et la compétition<br />

augmentent<br />

Des données divulguées par le<br />

gouvernement contredisent les critiques<br />

des ONGs de défense droits<br />

de l’homme. Quand on allume son<br />

téléviseur au Venezuela, il y a toujours<br />

au moins deux versions antagoniques<br />

des faits. La chaîne Globovision,<br />

parmi les groupes privés<br />

de communication, a l’habitude<br />

de critiquer tout ce que fait le président<br />

Hugo Chavez. Les termes<br />

employés sont radicaux et elle ne<br />

relaie que la version des opposants.<br />

Elle ne se donne généralement<br />

pas la peine d’en écouter d’autres.<br />

De l’autre côté, son pendant est la<br />

chaîne d’État VTV, la principale du<br />

système public. Un peu plus mesurée<br />

que sa concurrente, sa grille de<br />

programmes est dominée par la diffusion<br />

d’initiatives et d’opinions du<br />

gouvernement.<br />

Ce climat partidaire ne prédomine<br />

pas seulement dans les médias audiovisuels.<br />

Il touche presque tous les moyens<br />

de communication, traditionnels<br />

ou électroniques. La radicalisation du<br />

débat politique a visiblement conduit à<br />

une prédominance des éditoriaux et des<br />

analyses sur l’information. Le lecteur<br />

ou téléspectateur adhère à un journal<br />

ou à une chaîne de télé en fonction des<br />

mêmes critères qu’il choisit le parti pour<br />

lequel il va voter. C’est-à-dire par la<br />

proximité politico-idéologique. Les uns<br />

sont rouges. Les autres bleus. Celui qui<br />

hésite, zappe.<br />

Malgré la forte polarisation, on<br />

n’observe pas de monopolisation des<br />

médias par le gouvernement ou les<br />

hommes d’affaires. Au contraire. Le<br />

nombre de chaînes, par exemple, a<br />

augmenté. Selon les chiffres de la Commission<br />

National des Télécommunications<br />

(Conatel), il existait en 1998, 40<br />

concessions. Leur nombre est passé<br />

à 150 en 2012, 75 non-payantes et<br />

75 payantes. Parmi les chaînes nonpayantes,<br />

seulement quatre ont une<br />

transmission nationale. Les autres sont<br />

régionales de caractère privé, public ou<br />

communautaire.<br />

Dans la sphère des radios, le total<br />

est passé de 338 concessions en 1998,<br />

à 473 radios privées et 244 radios communautaires<br />

en 2011. C’est avec ces<br />

chiffres que le gouvernement Chavez<br />

répond aux fréquentes critiques sur les<br />

prétendues atteintes aux libertés de la<br />

presse signées par des organisations<br />

de défense des droits de l’homme ou le<br />

gouvernement des États-Unis.<br />

Le cas RCTV<br />

Sur ce terrain, l’épisode le plus tendu<br />

auquel a fait face le gouvernement,<br />

fut quand la concession de la chaîne<br />

Radio Caracas de Télévision (RCTV),<br />

la plus ancienne télé hertzienne,<br />

n’a pas été renouvelée en 2007.<br />

Elle ne pouvait plus opérer que sur<br />

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<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012


A Travers le monde<br />

Les étudiants du Chili<br />

sont dans la rue.<br />

Des affrontements et des<br />

centaines d’arrestations<br />

Rafael Correa déclare<br />

que Julian Assange peut<br />

rester indéfiniment à<br />

l’ambassade de<br />

Quito à Londres<br />

Par Michele Claverie<br />

Les étudiants manifestent depuis 2011 pour obtenir un système<br />

d’éducation gratuite et une instruction de qualité<br />

Par Capitaine Martin<br />

Comme il arrive au Chili chaque fois<br />

que les étudiants descendent dans<br />

la rue pour revendiquer leurs droits, la<br />

journée se termine avec des dizaines<br />

voire des centaines d’arrestations. Cette<br />

fois, ce sont entre 130 et 140 jeunes<br />

qui ont été emmenés dans les casernes<br />

à la fin de la mobilisation d’avant-hier<br />

dans les rues de Santiago, au Chili. Parmi<br />

les personnes arrêtées, il y aurait au<br />

moins 74 mineurs.<br />

Le 23 août, pas moins de 10.000<br />

jeunes ont organisé quatorze manifestations<br />

différentes à travers la capitale<br />

pour demander une réforme radicale<br />

du système scolaire. La plupart de ces<br />

manifestations n’avait pas été autorisée<br />

par les autorités. Les défilés dans<br />

chacune des quatorze municipalités<br />

qui composent la capitale ont convergé<br />

vers les bureaux des maires respectifs,<br />

où les manifestants voulaient déposer<br />

leurs revendications. Mais des cordons<br />

de policiers en tenue anti-émeute et<br />

des fils de fer barbelés bloquaient déjà<br />

l’approche de certains bâtiments administratifs.<br />

Des manifestations similaires ont<br />

eu lieu dans d’autres villes du Chili :<br />

Valparaiso, Antofagasta, La Serena,<br />

Concepción, Temuco ou encore Calama.<br />

Le conflit se poursuit depuis plus<br />

d’un an contre un système scolaire parmi<br />

les plus discriminants de la planète.<br />

Ce qui a commencé comme une protestation<br />

pacifique a rapidement dégénéré<br />

en affrontements entre manifestants et<br />

policiers. Près du palais présidentiel de<br />

La Moneda, certains groupes de manifestants<br />

avec leurs visages couverts ont<br />

approché de la police avec des bâtons,<br />

des pierres et des bouteilles remplies de<br />

peinture. Les carabiniers en tenue antiémeute<br />

ont répondu en chargeant la<br />

foule, utilisant les gaz lacrymogènes et<br />

les canons à eau.<br />

Les étudiants manifestent<br />

depuis 2011 pour obtenir un système<br />

d’éducation gratuite et une instruction<br />

de qualité. « Il y a un lien<br />

toujours plus étroit entre l’accès<br />

des jeunes à l’université et les<br />

Suite à la page (18)<br />

L’ex-agent du FBI Ali Soufan<br />

accuse la CIA de dissimulation<br />

d’information avant les attentats du<br />

11 Septembre 2001<br />

Par Abby Rogers<br />

L<br />

’ancien agent du FBI, Ali Soufan,<br />

est apparu devant les caméras de<br />

la BBC l’an dernier pour expliquer que<br />

selon lui, la CIA n’avait pas transmis<br />

des informations cruciales sur deux des<br />

pirates de l’air du 11/9, et ce, avant les<br />

événements.<br />

Soufan était en mission au Yémen<br />

pour le FBI au moment des attentats<br />

du 11/9 contre le World Trade<br />

Center. Il était parti au Moyen-Orient<br />

à la poursuite des pirates de l’air, alors<br />

qu’en réalité ceux-ci se trouvaient déjà<br />

aux USA, chose que la CIA savait pertinemment,<br />

selon Soufan.<br />

Aujourd’hui, Soufan explique<br />

que le gouvernement tente de le faire<br />

taire. « Ils essaient de m’empêcher, moi<br />

et d’autres, de raconter au monde ce<br />

qui s’est réellement passé ce jour-là, »<br />

a-t-il expliqué à la BBC.<br />

Mais la CIA qualifie ses allégations<br />

de « sans fondements », et ajoute<br />

que ses accusations de censure par<br />

l’Agence sont parfaitement « ridicules.<br />

»<br />

Plus récemment, en mai 2012,<br />

Soufan a déclaré au New Yorker que<br />

les affirmations du gouvernement sur<br />

les soi-disant résultats des « techniques<br />

d’interrogatoire améliorées », aussi appelées<br />

« torture » sont bidons. « Quand<br />

ils disent que le Waterbooarding a permis<br />

de démasquer KSM (Khalid Sheikh<br />

Mohammed) comme étant le cerveau<br />

des attentats du 11 septembre 2001,<br />

c’est également faux. » a lancé Soufan<br />

au New Yorker. « Nous avions cette<br />

information déjà en avril 2002, bien<br />

avant que les contractants du Centre de<br />

contre-terrorisme de la CIA n’arrivent<br />

sur place. »<br />

Le président chilien Sebastián<br />

Piñera, représentant la frange la<br />

plus réactionnaire de la société, a<br />

tenté de minimiser la mobilisation<br />

étudiante<br />

Ali Soufan, ancien agent du FBI<br />

dans les années 2000<br />

BusinessInsider, le 23 août 2012<br />

Traduit de l’anglais par GV pour<br />

ReOpenNews<br />

Rafael Correa<br />

Le président équatorien, Rafael<br />

Correa, a déclaré que le fondateur<br />

de Wikileaks, pourra rester indéfiniment<br />

à l’ambassade de son pays à<br />

Londres, parce qu’il est protégé par<br />

l’Etat équatorien. « L’Equateur a pris<br />

une décision souveraine et nous<br />

espérons que le Royaume-Uni accordera<br />

le sauf conduit » a souligné<br />

le président Correa après avoir confirmé<br />

que le dialogue continue avec<br />

le Royaume-Uni depuis la décision<br />

de son gouvernement d’accorder<br />

l’asile au journaliste australien, ce<br />

qu’il a considéré comme une décision<br />

souveraine de l’Equateur.<br />

Il a précisé qu’il existe deux<br />

issues pour trouver une solution de<br />

la situation, l’une serait que le pays<br />

européen remette le sauf conduit et<br />

l’autre que les garanties soient obtenues<br />

pour que Julian Assange ne<br />

soit pas extradé vers un pays tiers<br />

depuis la Suède.<br />

Rafael Correa a critiqué nouvellement<br />

les menaces du gouvernement<br />

britannique de faire<br />

irruption dans l’ambassade équatorienne<br />

à Londres où se trouve<br />

Julian Assange. L’Equateur a accordé<br />

l’asile pour protéger la vie de<br />

Julian Assange qui a publié sur son<br />

site Wikileaks des informations confidentielles<br />

de gouvernements dont<br />

celui des Etats-Unis.<br />

Ahora 24 Août 2012<br />

Conversation<br />

téléphonique entre Evo<br />

Morales et Gerardo<br />

Hernández<br />

Le président bolivien Evo Morales<br />

a pu parler, au téléphone,<br />

avec Gerardo Hernández Nordelo,<br />

l’un des cinq héros cubains injustement<br />

emprisonnés aux Etats-Unis.<br />

L’appel téléphonique du héros<br />

cubain a causé la surprise en plein<br />

milieu de la rencontre entre le président<br />

et l’épouse de Gerardo, Adriana<br />

Perez, qui avait lieu au Palais<br />

du Gouvernement de La Paz. La<br />

nouvelle en a été annoncée dans<br />

un reportage du Journal National<br />

de Télévision cubain.<br />

Au cours de la rencontre, Morales<br />

a démontré sa préoccupation<br />

pour la situation actuelle de René<br />

González, Ramón Labañino, Fernando<br />

González, Antonio Guerrero<br />

et de Gerardo qui, tous, avaient été<br />

arrêtés en 1998 et condamnés, en<br />

2001, en conclusion d’un procès<br />

vicié, à des peines excessivement<br />

lourdes pour avoir surveillé les activités<br />

terroristes de groupes anticubains<br />

installés en Floride.<br />

Le président a affirmé que<br />

c’est un honneur de pouvoir soutenir<br />

la cause des Cinq et de réclamer<br />

leur libération et, en même temps,<br />

il a souligné l’importance de<br />

l’aide apportée par l’île antillaise<br />

à son pays en matière de santé et<br />

d’éducation, a informé l’agence<br />

Prensa Latina.<br />

Il a déclaré que l’administration<br />

de Washington commettait à leur<br />

égard une grande injustice et il s’est<br />

engagé à une solidarité absolue et<br />

un appui inconditionnel jusqu’à ce<br />

que ces héros antiterroristes soient<br />

libérés et qu’ils puissent retourner<br />

dans leur Patrie, au sein de leurs<br />

familles.<br />

Il a annoncé qu’il allait écrire<br />

une lettre au président Barack<br />

Obama et il s‘est engagé à faire les<br />

gestions nécessaires auprès de la<br />

communauté mondiale et des organismes<br />

internationaux.<br />

Evo Morales exigera, de plus,<br />

la fin du blocus des Etats-Unis<br />

contre le peuple de Cuba, instauré<br />

depuis déjà plus d’un demi siècle.<br />

Il a signalé qu’il s’agit là du plus<br />

long siège mené par l’empire le plus<br />

puissant du monde contre une petite<br />

nation.<br />

Ahora 25 août 2012<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 17


Suite de la page (13) Suite de la page (17)<br />

rejoindre l’Association des mineurs<br />

et de la construction (Association<br />

of Mineworkers and Construction<br />

Union, AMCU) née de cette scission.<br />

Alors même que le gouvernement<br />

tentait d’apaiser les tensions,<br />

d’autres exploitants des mines<br />

de platine alertaient qu'il y avait<br />

propagation des troubles. En début<br />

de semaine, les mineurs du groupe<br />

Royal Bafonkeng Platinum ont<br />

exigé une augmentation de salaire<br />

tandis que les travailleurs d’Anglo<br />

American Platinum de Rustenburg<br />

contournaient les syndicats pour<br />

soumettre à la direction une liste<br />

de revendications à satisfaire d’ici<br />

vendredi.<br />

Vendredi matin, plus d’une<br />

centaine de travailleurs de chez<br />

Anglo American ont défié l’ordre<br />

de reprendre le travail après n’avoir<br />

reçu aucune réponse à leurs griefs.<br />

Le travail n'a été repris qu’après<br />

que la compagnie a entamé des négociations<br />

avec des représentants<br />

choisis par les mineurs.<br />

Les craintes, au sein de l’élite<br />

dirigeante, concernant une révolte<br />

grandissante des travailleurs non<br />

seulement contre les employeurs<br />

mais aussi contre le COSATU, sont<br />

résumées par le site Internet du<br />

patronat sud-africain Moneyweb,<br />

qui pose la question, « Lonmin ne<br />

serait-il que le début ? »<br />

Moneyweb, en faisant état au<br />

cours de ces deux dernières années<br />

d’une escalade constante des grèves<br />

violentes, a cité le communiqué de<br />

l’assureur South African Special<br />

Risks Insurance Association (SAS-<br />

RIA) disant que « les déclarations<br />

de sinistre liées aux grèves ont sensiblement<br />

augmenté depuis 2006 »<br />

et représentent actuellement « plus<br />

de 70 pour cent des demandes de<br />

prise en charge de SASRIA. »<br />

Le meurtre de travailleurs<br />

grévistes est la preuve que depuis<br />

la fin de l’apartheid, il y a deux<br />

décennies, rien n’a fondamentalement<br />

changé pour la grande masse<br />

des travailleurs noirs en Afrique du<br />

Sud. Une élite noire de l’ANC et du<br />

COSATU est devenue extrêmement<br />

riche sous le slogan de la « promotion<br />

économique des Noirs (« black<br />

empowerment »). Le fondateur du<br />

NUM, Cyril Ramaphosa, un multimillionnaire,<br />

siège au directoire<br />

de Lonmin tandis que la police est<br />

supervisée par la commissaire noire<br />

Riah Phiyega, qui a cautionné le<br />

massacre.<br />

Le dossier d’Aurora Empowerment<br />

Systems en est un autre<br />

exemple. Il s'agit d'un partenariat<br />

entre le petit-fils de Nelson Mandela,<br />

Zondwa Mandela, et l’un<br />

La journée de deuil national décrétée par le président Jacob Zuma a<br />

clairement montré que des paroles de tristesse ne suffiront pas à faire<br />

disparaître l’indignation à l’égard non seulement des compagnies minières<br />

mais aussi de l’ANC et de ses alliés au sein du NUM, du Congrès des<br />

syndicats sud-africains et du Parti communiste sud-Africain<br />

des neveux de Zuma, Khulubuse<br />

Zuma. Aurora Empowerment Systems<br />

s'était vu accorder les droits<br />

pour reprendre, à la périphérie de<br />

Johannesburg, deux mines d’or<br />

qui avaient fait faillite en 2009.<br />

Ce partenariat s'est rapidement<br />

embourbé dans des allégations<br />

d’irrégularités et de dilapidation<br />

des actifs ainsi que des accusations<br />

de non-paiement des salaires aux<br />

travailleurs pendant 18 mois, les<br />

abandonnant à leur sort dans des<br />

baraquements sans électricité et<br />

tributaires de l’aide alimentaire.<br />

Claude Baissac, le directeur<br />

général d’Eunomix, conseiller<br />

minier, a prévenu, « Ce n’est pas<br />

par hasard que le défi lancé au syndicat<br />

historiquement dominant, le<br />

NUM, affilié à l’ANC, se produise<br />

dans le contexte d’une contestation<br />

grandissante des travailleurs de la<br />

base à l’égard des agissements du<br />

gouvernement. »<br />

Selon une étude réalisée par<br />

le Centre for the Study of Violence<br />

and Reconciliation (CSVR), il y a<br />

eu depuis 2009 une forte augmentation<br />

des protestations violentes<br />

dans les régions appauvries, qui<br />

est provoquée par l’absence de<br />

services de base et l'indifférence<br />

officielle. Ce rapport a été publié<br />

l’année dernière, l’année même où<br />

l’Afrique du Sud a déclassé le Brésil<br />

et est devenue le pays socialement<br />

le plus inégalitaire du monde. La<br />

moitié de la population vit en dessous<br />

du seuil de pauvreté et le taux<br />

officiel de chômage se situe à 25<br />

pour cent.<br />

La Commission d’enquête judiciaire<br />

annoncée par Zuma vise à<br />

blanchir le massacre de Lonmin et<br />

les conditions qui existent en général<br />

dans l’industrie, tout en tentant<br />

de rassurer les investisseurs<br />

que l’Afrique du Sud peut être exploitée<br />

en toute sécurité. L’ancien<br />

juge Ian Farlam devrait diriger la<br />

commission composée de trois<br />

magistrats et qui présentera son<br />

rapport dans cinq mois.<br />

Celui-ci servira inévitablement<br />

à faire adopter de nouvelles<br />

mesures répressives contre les<br />

travailleurs. Zuma a dit qu’il consultera<br />

le gouvernement, la police,<br />

les syndicats et diverses personnes<br />

pour déterminer si le recours à la<br />

force « a été raisonnable et justifiable<br />

dans les circonstances de cet<br />

événement. »<br />

Le ministre de la Police, Nathi<br />

Mthethwa, a annoncé l’ouverture<br />

d’une enquête sur « la manipulation<br />

politique présumée des mineurs,<br />

» alors que le COSATU a affirmé<br />

avoir découvert une « stratégie<br />

politique coordonnée » pour utiliser<br />

l’intimidation et la violence dans le<br />

conditions économiques ; ainsi, ce ne<br />

sont pas les capacités qui permettent<br />

ou non de suivre un cursus supérieur<br />

mais l’argent qui détermine notre<br />

éducation », a déclaré à la presse un<br />

étudiant. « Personne ne peut ignorer<br />

la crise sociale et politique que connaît<br />

le Chili », a déclaré pour sa part<br />

Camila Vallejo, vice-président de<br />

l’Union des étudiants FECH (Federación<br />

de Estudiantes de la Universidad<br />

de Chile), organisation de jeunesse<br />

communiste chilienne.<br />

Le président chilien Sebastián<br />

Piñera, représentant la frange la plus<br />

réactionnaire de la société, a tenté<br />

de minimiser la mobilisation étudiante.<br />

« Il y a onze mille écoles dans<br />

ce pays, et je comprends que pour le<br />

moment il y ait des sit-in dans neuf<br />

d’entre elles », a quant à lui déclaré le<br />

Premier ministre.<br />

Apparemment, les manifestations<br />

qui traversent les rues des villes<br />

chiliennes ne comptent pas pour ces<br />

gens-là, quand bien même le mouvement<br />

de protestation prendrait encore<br />

plus d’ampleur malgré la répression.<br />

Au moins une cinquantaine d’écoles<br />

secondaires sont toujours occupées<br />

et, il y a une semaine (le 16 août,<br />

NDLR), une mobilisation sans précédent<br />

avait vu des milliers d’étudiants<br />

but d’encourager les travailleurs à<br />

rompre avec le NUM. Les accusations<br />

sont que l’AMCU collabore<br />

avec Malema pour saper l’ANC et le<br />

COSATU. L’ANC et le COSATU participent<br />

à cette chasse aux sorcières<br />

aux côtés des compagnies minières.<br />

Malema ne propose pas<br />

d’alternative viable à l’ANC et ses<br />

alliés. En défendant ses interventions<br />

fortement médiatisées de la<br />

semaine dernière, Malema a fait<br />

une déclaration fort révélatrice. «<br />

Il y avait un vide politique et nous<br />

avons rempli cet espace, » a-t-il dit.<br />

« Si nous ne l’avions pas fait, ce<br />

sont les mauvais éléments qui auraient<br />

alors occupé cet espace. Nous<br />

l’avons pris pendant que la direction<br />

de l’[ANC] était en vase clos<br />

en train de se parler à soi-même. »<br />

Son rôle est d’utiliser un discours<br />

radical pour contraindre les<br />

sections de travailleurs mécontents<br />

à se ranger derrière la faction exclue<br />

de l’ANC qu’il dirige et les soumettre<br />

une fois de plus à l’exploitation des<br />

entreprises mondiales en alliance<br />

avec la bourgeoisie noire.<br />

Parallèlement aux menaces<br />

proférées contre l'AMCU, une campagne<br />

est menée pour récupérer<br />

à bord ce syndicat dissident. Des<br />

réunions ont été prévues entre le<br />

syndicat et le ministre du Travail<br />

ainsi que la Chambre des Mines,<br />

défiler dans les rues. Le gouvernement<br />

n’a pas plus écouté ce jour-là<br />

sa jeunesse que les jours suivants,<br />

puisqu’il a envoyé sa police disperser<br />

les manifestants. 139 jeunes, parfois<br />

à peine sortis de l’adolescence, ont<br />

été arrêtés.<br />

Pendant ce temps, la famille de<br />

Manuel Gutiérrez, l’étudiant de 16<br />

ans tué par la police lors d’une manifestation<br />

il y a exactement un an, a<br />

publiquement demandé la clôture de<br />

l’enquête et l’ouverture d’un procès<br />

contre les responsables. L’adolescent<br />

avait été touché par une balle tirée<br />

par un carabinier le 25 août 2011.<br />

Il accompagnait son frère dans un<br />

fauteuil roulant lors d’une grève générale<br />

de deux jours déclenchée par<br />

la CUT (Central Unitaria de Trabajadores).<br />

« Nous ne voulons pas que<br />

le carabinier criminel soit jugé par<br />

une juridiction militaire - a dit le frère<br />

du garçon qui a été tué - parce qu’il<br />

est absurde qu’un policier soit jugé<br />

par un collègue ». Jusqu’à présent,<br />

deux carabiniers ont été suspendus<br />

de leurs fonctions : le tireur, le sergent<br />

Miguel Millacura, et l’officier<br />

Claudia Iglesias, accusé d’avoir couvert<br />

le coupable.<br />

LGS 27 août 2012<br />

alors qu’Impala Platinum (Implats)<br />

a dit qu’il commencera à vérifier<br />

l’affiliation syndicale dans ses<br />

mines pour déterminer si l’AMCU<br />

devrait être reconnu au lieu du<br />

NUM ou à côté de lui. Le PDG<br />

d’Implats, Terence Goodlace, a dit<br />

que des progrès étaient accomplis<br />

malgré le fait que « bon nombre de<br />

ces gens ne sont pas aussi expérimentées<br />

que le NUM. »<br />

Malgré ces efforts, de sérieux<br />

avertissements sont émis concernant<br />

les implications plus générales<br />

des événements de Marikana.<br />

Elizabeth Stephens, directrice du<br />

courtier en assurance Jardine Lloyd<br />

Thompson (JLT) qui évalue les risques<br />

politiques, a dit que ces développements<br />

constituaient « une indication<br />

de tensions économiques<br />

et politiques plus vastes partout en<br />

Afrique. »<br />

Elle a poursuivi en disant: «<br />

Une vague de grèves a été observée<br />

ces derniers mois dans des régions<br />

minières clé d'Afrique et, dans la<br />

plupart des cas, les grévistes ont<br />

réussi à obtenir des augmentations<br />

de salaire, on pourrait dire<br />

conférant aux mineurs la confiance<br />

nécessaire pour faire grève sur des<br />

questions telles que le salaire. »<br />

Wsws 25 août 2012<br />

Suite de la page (13) Les syndicats, la pseudo-gauche ...<br />

organisations de la classe moyenne qui<br />

se présentent comme étant de « gauche<br />

», voire même socialistes.<br />

Un exemple en est un article qui<br />

concerne le massacre en Afrique du Sud<br />

et publié le 21 août au bout de quatre<br />

jours de silence par l’International Socialist<br />

Organization aux Etats-Unis.<br />

Après avoir feint cyniquement la compassion<br />

pour les travailleurs et critiqué le<br />

NUM, l’ISO fait clairement comprendre<br />

qu’elle est catégoriquement opposée à<br />

toute tentative de briser la mainmise de<br />

cette institution. L’ISO critique même le<br />

rival du syndical NUM, l’Association des<br />

mineurs et de la construction (Association<br />

of Mineworkers and Construction<br />

Union, AMCU).<br />

«A n'en pas douter, » écrit l’ISO, «<br />

les patrons de la mine se réjouissent de<br />

l’aggravation des dissensions entre les<br />

différentes ailes du mouvement ouvrier<br />

en Afrique du Sud. » « Et parfois, les dirigeants<br />

de l’AMCU ont été attirés dans<br />

les manoeuvres qui exacerbent les divisions<br />

que les patrons de la mine cherchent<br />

à fomenter. »<br />

En réalité, les compagnies<br />

minières ne se « réjouissent » pas de l’«<br />

aggravation des dissensions » entre les<br />

syndicats, mais elles ont une peur bleue<br />

que leurs alliés du NUM ne perdent le<br />

contrôle sur les travailleurs. L’ISO dit, on<br />

ne peut plus clairement, qu’elle aussi est<br />

déterminée à empêcher des « divisions<br />

» – c’est-à-dire l’opposition de la classe<br />

ouvrière à l’égard du NUM.<br />

Un article complémentaire, que<br />

l’ISO a repris du journal sud-africain<br />

Amandla !, accuse l’AMCU de mettre en<br />

avant des « revendications irréalistes »<br />

et de « ne pas condamner la violence de<br />

ses membres. » Ce qui signifie que les<br />

travailleurs sont seuls responsables de<br />

leur mort parce qu’ils ont eu la témérité<br />

de réclamer un salaire décent.<br />

Amandla!, qui est très proche<br />

du Democratic Left Front of South Africa<br />

(Front de gauche démocratique<br />

d'Afrique du Sud), a écrit par ailleurs,<br />

qu’« une fois les négociations salariales<br />

terminées, le rôle du syndicat est de<br />

transmettre la décision aux travailleurs.<br />

» Et les travailleurs sont supposés accepter<br />

cette « transmission » sans rechigner.<br />

L’ISO et ses condisciples internationaux<br />

parlent au nom des sections<br />

privilégiées, suffisantes et réactionnaires<br />

de la classe moyenne supérieure. Pour<br />

celles-ci, les syndicats offrent à la fois la<br />

possibilité de faire une carrière lucrative<br />

et sont un mécanisme visant à maintenir<br />

un contrôle organisationnel et politique<br />

sur la classe ouvrière – empêchant<br />

ainsi toute lutte contre le capitalisme.<br />

Quels que soient les espoirs des<br />

hauts responsables syndicaux et de<br />

leurs alliés, la crise objective pousse des<br />

millions de gens dans une voie différente<br />

– vers la formation de nouvelles organisations<br />

de lutte et vers une politique<br />

socialiste. Les événements sanglants<br />

survenus en Afrique du Sud ont révélé<br />

au grand jour les divisions de classes,<br />

et il est nécessaire que ces événements<br />

deviennent une expérience stratégique<br />

pour l’ensemble de la classe ouvrière<br />

internationale.<br />

Wsws 24 août 2012<br />

18<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012


Vient de paraître<br />

Yon Amenajman Lengwistik<br />

Pou Devlopman Pèp Ayisyen :<br />

De lang ofisyèl<br />

Ak Valorizasyon Kreyòl la<br />

Un aménagement linguistique<br />

pour<br />

Le Développement du<br />

Peuple<br />

Haïtien :<br />

Bilinguisme Équitable Différencié<br />

et<br />

La Valorisation du Créole<br />

Grâce à l’aimable obligeance<br />

de mon ami, le poète Lenous<br />

Suprice, j’ai reçu ce livre-document<br />

dont vous venez de lire<br />

le titre, couché dans les deux<br />

langues officielles du pays. Je<br />

me fais un plaisir d’en partager<br />

la lecture avec le lectorat du<br />

journal. Il a pour Responsables<br />

de la Recherche et de la Rédaction:<br />

Jean-Robert Placide et Joseph<br />

Sauveur Joseph. L’équipe<br />

de Rédaction est composée de<br />

Lenous Suprice, Mozart-Firmose<br />

Languefosse, Michel-Ange Hyppolite,<br />

Bergman Fleury et Pierre-<br />

Roland Bain. Il s’agit d’une publication<br />

bilingue, sous l’autorité<br />

intellectuelle et le patronage du<br />

Comité Culture, langues et patrimoine<br />

du GRAHN (Groupe de<br />

Réflexion et d’Action pour une<br />

Haïti Nouvelle).<br />

A la base de la démarche<br />

des auteurs gît «la problématique<br />

de la langue qui reste un<br />

facteur de division» dans notre<br />

pays à cause des insupportables<br />

clivages qu’elle engendre.<br />

Leurs réflexions ouvrent sur une<br />

proposition reposant «sur une<br />

politique et un aménagement<br />

linguistique qui préconisent<br />

le respect et la protection des<br />

droits de tous les citoyens». Cela<br />

s’entend de tous leurs droits,<br />

y compris leurs droits linguistiques<br />

(souligné par nous).<br />

N’est-ce pas raisonnable, équitable,<br />

applicable et souhaitable?<br />

Oui, bien sûr.<br />

Dans leur Introduction, les<br />

auteurs font remarquer à juste<br />

titre qu’il s’agit avant tout et<br />

surtout de mettre l’accent sur<br />

les droits du créole, le français<br />

jouissant déjà, pleinement des<br />

siens, de fait. Une vraie valorisation<br />

du créole à part entière<br />

avec le français requiert<br />

l’incontournable obligation suivante:<br />

«l’Etat doit faire en sorte<br />

que l’intégration du créole comme<br />

langue officielle devienne,<br />

au même titre que pour le français,<br />

une réalité (souligné par<br />

nous) dans tous les services officiels».<br />

Reconstruire la nouvelle<br />

Haïti passe forcément, raisonnablement,<br />

pleinement, par cette<br />

prise de position non équivoque<br />

et active de l’Etat, dès lors un<br />

Etat responsable.<br />

Après un rappel du «patrimoine<br />

linguistique d’Haïti«,<br />

de «l’état de la situation des<br />

langues officielles», de «la politique<br />

et l’Aménagement linguistiques<br />

de l’Etat haïtien» ; après<br />

la formulation d’«une vision<br />

stratégique temporaire: deux<br />

langues officielles équilibrées»<br />

et d’«un aménagement plus<br />

global pour un développement<br />

intégral», les auteurs en arrivent<br />

à une conclusion très pertinente<br />

relative à «la politique<br />

et l’aménagement linguistique<br />

dans l’administration et dans les<br />

écoles du pays».<br />

Et quelle est-elle ? «La<br />

primauté obligatoire du créole,<br />

sans exclusion, sur le français<br />

qui est un élément du patrimoine<br />

culturel haïtien». Priorité<br />

dans tous les domaines, «dans<br />

le respect de la communauté<br />

créolophone», ce qui ne peut<br />

que favoriser la «valorisation<br />

culturelle» et l’épanouissement<br />

linguistique du créole.<br />

Un document wololoy. Un<br />

must.<br />

P.S. Ce précieux livre-document<br />

est publié aux Presses<br />

Internationales. On peut se le<br />

procurer à : www.grahn-monde.<br />

org.<br />

Fanfan Latour<br />

Suite de la page (16)<br />

le câble. Les opposants ont perçu<br />

cette décision comme une punition<br />

de la chaîne, qui avait soutenu le<br />

putsch contre Chavez en 2002.<br />

Le gouvernement nie cette<br />

thèse. « La liberté de la presse<br />

est totale et sans limite, d’ailleurs<br />

grâce à cette liberté, les médias<br />

privés fomentent des campagnes<br />

de déstabilisation du gouvernement<br />

», affirme Andrés Izarra,<br />

ministre de la Communication et<br />

de l’Information, en rappelant le<br />

rôle des groupes de communication<br />

lors de l’insurrection civicomilitaire<br />

qui a évincé le président<br />

du pouvoir durant 48 heures. «<br />

Aucune chaîne n’a été punie pour<br />

ce comportement. Cependant le<br />

gouvernement n’a pas l’obligation<br />

de renouveler la concession publique<br />

d’une chaîne, qui en plus<br />

de ne pas avoir ses documents en<br />

règle, a cessé de s’acquitter de sa<br />

fonction sociale établie par la Constitution<br />

et la loi. Le Venezuela a<br />

fait ce que d’autres pays font face<br />

à des cas similaires. Quand la concession<br />

arrive à son terme, un autre<br />

prestataire assume sa place sur<br />

les ondes ».<br />

Jesse Chacon, actuellement<br />

directeur de l’institut d’enquête<br />

GIS XXI, a été à la tête du ministère<br />

de la Communication quand le<br />

gouvernement a décidé de refuser<br />

ce renouvellement. « Il s’agit de<br />

l’unique entreprise de télévision<br />

dont nous n’avons pas renouvelé<br />

la concession. Nous avons estimé<br />

qu’il était préférable d’utiliser ce<br />

spectre à d’autres fins », dit-il. «<br />

À la même époque, expiraient les<br />

concessions de Televen et Venevision,<br />

des chaînes privées et liées<br />

aussi à l’opposition. Elles ont été<br />

prolongées ». La discussion sur le<br />

prix que devra payer l’État pour<br />

l’usage des transmetteurs de la<br />

RCTV sont actuellement en cours.<br />

Le signal est désormais utilisé par<br />

Teves, chaîne publique dédiée à la<br />

culture et aux sports.<br />

L’ex-ministre analyse cette<br />

situation comme étant le produit<br />

du développement de la télévision<br />

en Amérique Latine. Elle a suivi<br />

le modèle nord-américain plutôt<br />

que l’européen. « Aux États-Unis,<br />

la communication est un négoce<br />

qui répond à la logique des intérêts<br />

commerciaux. La majorité<br />

des pays latino-américains ont<br />

suivi ce paradigme », soulignet-il.<br />

« Les Européens ont abordé<br />

l’information comme un service<br />

public. Et les chaînes, du moins<br />

jusqu’à récemment, ne pouvaient<br />

être accaparées par des groupes<br />

privés.<br />

Selon Chacon, du fait de ce<br />

modèle, les entreprises de communication,<br />

qui dépendent des concessions<br />

publiques, se sont transformées<br />

en protagonistes privés de<br />

la politique. « Dans le Venezuela<br />

pré-Chavez, si un homme voulait<br />

devenir président du pays il devait<br />

se mettre d’accord avec le groupe<br />

Cisneros (propriétaire de Venevision)<br />

ou avec la RCTV », note-t-il<br />

en mentionnant les deux principales<br />

télévisions de l’époque.<br />

Démocratisation<br />

Quatre-vingt pour-cents du spectre<br />

de la télévision hertzienne est<br />

exploitée, selon le ministère de la<br />

Communication, par des entreprises<br />

privées. « Dans le domaine de la<br />

radio, les réseaux privés sont hégémoniques,<br />

l’État n’a qu’une station<br />

de diffusion nationale et trois<br />

stations dans des villes régionales<br />

», énumère le ministre Andrés Azarra.<br />

Pour concurrencer cette hégémonie,<br />

le gouvernement Chavez<br />

a ajouté une proposition de démocratisation<br />

des communications qui<br />

a été approuvée par l’Assemblée<br />

Constituante de 1999.<br />

Une série de lois a réglementé<br />

la question. Il y en a deux<br />

principales : l’une de 2002, a<br />

formalisé le fonctionnement des<br />

radios et télévisions communautaires.<br />

L’autre, c’est la Loi de Responsabilité<br />

Sociale en Radio et<br />

Télévision, approuvée en 2004 par<br />

l’Assemblée Nationale et réformée<br />

en février 2011. La première a<br />

édifié un cadre réglementaire qui<br />

a permis l’expansion de radios locales<br />

qui peuvent être crées par les<br />

conseils communaux, les mouvements<br />

sociaux et autres entités<br />

associatives. Ces canaux qui ont<br />

une étendue d’ondes limitées, forment<br />

un réseau disséminé et diffusent<br />

des programmes culturels,<br />

des débats politiques et des petites<br />

annonces.<br />

La Loi de Responsabilité Sociale<br />

en Radio et Télévision (aussi<br />

appelé Loi Resorte) oblige les<br />

chaînes de télévision à diffuser<br />

un quota minimum de 50 % de<br />

productions nationales en ce qui<br />

concerne les séries et telenovelas.<br />

Elle a établi une signalétique par<br />

tranche d’âge et elle est autorisée<br />

à appliquer des amendes et des pénalités<br />

en cas d’excès de scènes de<br />

violence. Elle a aussi mis en place<br />

le Fond de Responsabilité Sociale<br />

qui subventionne l’acquisition<br />

d’équipements en faveur des radios<br />

communautaires. Leur offrant<br />

ainsi les conditions de briguer<br />

l’audience dans leurs quartiers<br />

face aux grands groupes.<br />

Bien qu’aucun mécanisme<br />

de censure ni limitation des contenus<br />

des journaux télévisés ne soient<br />

prévus dans cette législation,<br />

l’opposition critiquent les réglementations<br />

établies par le gouvernement.<br />

Ce serait des obstacles à<br />

la liberté de la presse. La réponse<br />

de l’autre camp est acerbe. « La<br />

liberté de la presse est une chose,<br />

le libertinage une autre », affirme<br />

Jesse Chacon. « Le gouvernement<br />

n’a adopté et ne pense pas adopter<br />

des mesures qui pourraient<br />

écorcher la liberté d’expression.<br />

Mais les médias privés assurent<br />

aussi un service public et doivent<br />

être contrôlés pour garantir que<br />

tous les secteurs puissent recevoir<br />

et diffuser des informations. Ce<br />

qui vaut pour les groupes privés,<br />

l’État et les communautés. L’ère<br />

du monopole des médias privés est<br />

terminée ».<br />

Traduction : Jérôme da Silva<br />

OperaMundi 21 août 2012<br />

Nou pap bliye<br />

Bwa Kayiman<br />

Nan non moun lib yo te fè<br />

tounen esklav yo<br />

Nan non moun lib ki te chwazi<br />

pran chimen mòn ak raje pou<br />

defann libète<br />

Wi, nan non bosal yo<br />

Nou di :<br />

Nou p ap bliye Bwa Kayiman !<br />

Bwa kayiman se premye zak<br />

politik nou poze<br />

Zak sa di nou rekonèt gen yon<br />

menm lyann ki antòtye nou.<br />

Se premye zak ki di nou gen yon<br />

menm tribilasyon k ap koukouman<br />

limanite nou<br />

Se premye zak kote moun yo te<br />

fè tounen esklav ak moun ki te<br />

pran mòn ak raje te gade je nan<br />

je<br />

Pou di :<br />

Mwen ak ou sanble depi nan<br />

kote nou sòti<br />

Mwen ak ou sanble depi nan<br />

sa nou kwè<br />

Mwen ak ou sanble depi nan<br />

plas yo ba nou nan esklavaj<br />

kolonyal bout di a.<br />

Mwen ak ou se grandèt<br />

Mwen ak ou deside mete ansanm<br />

pou fè respekte dwa<br />

grandèt nou epi viv selon<br />

dwa grandèt nou.<br />

Sou baz sa nou menm Sèk<br />

Gramsci, nou di :<br />

Nou p ap bliye Bwa Kayiman !<br />

Zak sa krache nan figi kolon<br />

esklavajis yo<br />

Kit se sa ki te ale kit se sa ki te<br />

rete<br />

Se pou tèt sa kolon ki te rete yo<br />

pa tann two lontan pou mande<br />

lafrans rekonèt endepandans<br />

peyi a nan lane 1825, Komkwa<br />

yo te ka efase Bwa Kayiman.<br />

Bwa kayiman rete tennfas nan<br />

memwa nou<br />

Memwa nou se zouti nou genyen<br />

pou nou konn kote nou kanpe<br />

ak jan pou nou kanpe<br />

Bwa kayiman se zouti pou nou<br />

gade sa n ap viv jounen jodi a<br />

Se yon zouti ki pèmèt nou wè ak<br />

ki moun nou sanble nan tribilasyon<br />

k ap koukouman limanite<br />

nou.<br />

Se yon zouti ki pèmèt nou wè ak<br />

ki moun nou sanble nan lyann<br />

ki antotye nou.<br />

Memwa nou se zouti ki pèmèt<br />

nou vire gad dèyè epi di ki kalte<br />

moun nou dwe fe jistis.<br />

Nou jije nesesè pou mande<br />

moun k ap viv jounen jodi a<br />

ki mòd rapò yo deside tabli ak<br />

lòt moun ? Kouman yo wè dwa<br />

grandèt yo ? Ki mod rapò yo<br />

deside tabli ak sa k ap pase nan<br />

peyi a ? Jan moun ap viv ? jan<br />

dives enstitisyon yo ap mache ?<br />

Kisa yo deside fè ansanm? Eske<br />

peyi a se yon kote moun ap pase<br />

oubyen kote moun ap viv tout<br />

bon?<br />

Nou di moun ki antotye nan tribilisayon<br />

yo jounen jodi a : Pa<br />

bliye Bwa Kayiman !<br />

Nou krache nan figi moun k ap<br />

koukouman limanite moun nan<br />

peyi a jounrn jodi a, pandan n<br />

ap di yo : Nou menm, nou pa<br />

bliye Bwa Kayiman !<br />

Nou mande sila yo ki pa di anyen<br />

nan lavi peyi a : Èske yo bliye<br />

Bwa Kayiman ?<br />

Cercle d’études en littérature<br />

gramscienne (CELG)


Radio Havane Cuba<br />

décerne le Prix spécial<br />

Orlando Castellanos<br />

à Gerardo Alfonso<br />

Par Michele Claverie<br />

Gerardo Alfonso, chanteur<br />

et compositeur<br />

cubain, s’est vu remettre<br />

ce vendredi le Prix spécial<br />

Orlando Castellanos<br />

que décerne Radio Havane<br />

Cuba au cours de la séance<br />

de clôture de la première<br />

biennale internationale de<br />

la radio.<br />

Notre station de radio<br />

lui a accordé ce Prix pour<br />

son témoignage intitulé «<br />

Une radio » dans lequel il<br />

explique les raisons pour<br />

lesquelles il a composé<br />

une chanson dédiée au<br />

50e anniversaire de Radio<br />

Havane Cuba, l’année<br />

dernière.<br />

C’est Pedro Martinez<br />

Pirez, sous-directeur de<br />

Radio Havane Cuba et président<br />

du jury, qui a remis<br />

à Gerardo Alfonso le Prix,<br />

une reproduction en toile<br />

du dernier portrait de Fidel<br />

Castro peint par Oswaldo<br />

Guayasamin.<br />

Peu après avoir reçu<br />

ce Prix, Gerardo Alfonso a<br />

Gerardo Alfonso<br />

partagé ses réflexions avec<br />

nous :<br />

« Franchement, je ne<br />

travaille pas pour recevoir<br />

des Prix. Je vous le dis,<br />

la main sur mon cœur. Ce<br />

n’est pas des mots creux.<br />

Souvent les Prix ont une<br />

utilité. Disons les Prix<br />

Nobel ou les Oscars. Parfois<br />

les Prix étiquettent le<br />

gagnant sous un concept<br />

spécifique et cela intéresse<br />

la personne qui les reçoit.<br />

Donc, bien souvent, les<br />

Prix pèsent lourd. Mais,<br />

celui-ci je le reçois avec<br />

plaisir, avec affection parce<br />

que c’est un peu le résultat<br />

des efforts qu’on a fait »<br />

Se référant à la chanson<br />

qu’il a composée pour<br />

les 50 ans de Radio Havane<br />

Cuba, Gerardo Alfonso<br />

a souligné : « Faire<br />

une chanson à la radio est<br />

une chose rare. On peut<br />

chanter une épopée, une<br />

personne. C’est plus tangible<br />

parce que tu vois le<br />

visage et la cause, mais<br />

quand tu penses à la radio<br />

c’est un peu abstrait. Je<br />

dois dire que les anecdotes<br />

m’ont beaucoup aidé. J’ai<br />

recherché dans la question<br />

jusqu'à ce que j’en<br />

ai trouvé l’essence. C’est<br />

le rôle qu’elle joue, son<br />

impact sur la population<br />

depuis les couches les plus<br />

humbles aux plus élevées.<br />

C’est par là que la chanson<br />

m’est venue à l’esprit »<br />

RHC 25 août 2012<br />

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En signature:<br />

« My New Social Life » de<br />

Dominique Dorvil<br />

Par Jackson Rateau<br />

Le dimanche 2 Septembre<br />

prochain,<br />

dans les locaux de Gethsemane<br />

Church, 357<br />

Empire Blvd, Brooklyn<br />

NY, sous le coup de 5H<br />

PM, à l’occasion de son<br />

13e anniversaire, la<br />

jeune auteure haitianoamericaine,<br />

Dominique<br />

Dorvil présentera son<br />

premier ouvrage « My<br />

New Social Life ». En<br />

cette occasion Haïti<br />

Liberté avait rencontré<br />

l’auteure au bureau du<br />

journal.<br />

JR – Aurais-tu<br />

l’amabilité de te présenter<br />

à nos lecteurs ?<br />

DD – Je suis Dominique<br />

Dorvil. J’ai 13<br />

ans. Je suis en classe de<br />

8e.<br />

JR – Si jeune, tu as<br />

déjà écrit et publié ton premier<br />

livre ?<br />

DD – Evidemment, oui, et<br />

je suis heureuse de cet accomplissement.<br />

JR – Par quoi as-tu été<br />

motivée pour produire cette<br />

œuvre ?<br />

DD – Je me rappelle avoir<br />

été une fois à l’église. Dans son<br />

sermon, le pasteur avait évoqué<br />

un fait qui m’avait choqué.<br />

Bien que je ne puisse me rappeler<br />

exactement la phrase, mais<br />

elle avait pourtant inspiré mon<br />

livre.<br />

JR – Parle-moi brièvement<br />

de l’histoire de<br />

ce bouquin que tu as<br />

rédigé sur 45 pages.<br />

DD – C’est en<br />

fait une sorte de journal<br />

tenu, c’est-à-dire,<br />

des petites histoires<br />

quotidiennes que j’ai<br />

collectées à l’école.<br />

Avec ce recueil d’historiettes,<br />

je suis arrivée<br />

à produire ma<br />

première œuvre.<br />

JR – Le dimanche<br />

2 Septembre<br />

prochain, à<br />

l’occasion de ton 13e<br />

anniversaire de naissance,<br />

tu présenteras<br />

et signeras ton premier<br />

livre, qu’est-ce<br />

que tu attends de cet<br />

évènement ?<br />

DD – Accompagnée<br />

des membres<br />

de ma famille, j’attends<br />

de recevoir<br />

une foule d’amis,<br />

mes camarades et<br />

d’autres invités qui viendront<br />

pour m’assister. J’espère aussi<br />

dédicacer une bonne quantité<br />

d’exemplaires.<br />

JR – Au nom de toute<br />

l’équipe du Journal Haïti Liberté,<br />

je te souhaite du succès.<br />

DD – Merci bien !<br />

ECHOS DE CUBA<br />

Plus de 5 000 greffes de rein à Cuba<br />

Par Iris de Armas Padrino<br />

« Depuis le début des années 70<br />

jusqu’à ce jour, environ 5 100<br />

greffes de rein ont été réalisées à<br />

Cuba, avec des résultats de survie<br />

semblables à ceux des pays du<br />

premier monde », a annoncé un<br />

spécialiste à La Havane.<br />

Le Dr Alexander Marmol,<br />

fonctionnaire du Bureau des greffes<br />

d’organes du ministère de la<br />

santé publique (MINSAP), a signalé<br />

que 400 de ces opérations<br />

sont effectuées à partir de donneurs<br />

vivants (parents au premier<br />

degré, comme les frères, les parents<br />

ou les enfants). Ce spécialiste<br />

en néphrologie a signalé que Cuba<br />

possède un taux de donneurs<br />

élevé, grâce à un programme<br />

de dons d’organes qui situe l’île<br />

également parmi les pays qui ont<br />

le taux de rejet le plus bas.<br />

Selon le Dr Marmol, qui<br />

est également coordinateur national<br />

des greffes de rein, 94 % de<br />

ces opérations se font à partir de<br />

donneurs décédés, et il souligne<br />

la grande sensibilité de la population,<br />

prête à offrir les organes<br />

des membres de leur famille pour<br />

permettre à d’autres personnes de<br />

survivre.<br />

À Cuba, 2 700 patients<br />

sont sous hémodialyse, alors que<br />

le nombre de malades qui ont besoin<br />

de ce traitement augmente<br />

chaque année. Les deux premières<br />

causes de l’insuffisance rénale<br />

sont l’hypertension artérielle<br />

et le diabète sucré, des maladies<br />

en forte progression, principalement<br />

du fait de mauvaises habitudes<br />

de vie, a-t-il expliqué.<br />

Le médecin a expliqué<br />

qu’une étude réalisée à Cuba a déterminé<br />

que le maintien de chaque<br />

patient en dialyse – un traitement<br />

qui s’effectue tous les deux jours –<br />

revient à 20 000 dollars. 47 hôpitaux<br />

assurent ces soins, y compris<br />

dans les zones montagneuses.<br />

Il a été démontré à l’échelle<br />

internationale que ce genre<br />

d’intervention revient trois fois<br />

moins cher que le maintien du<br />

patient en dialyse ou sous rein<br />

artificiel, a conclu le Dr Alexander<br />

Marmol. (AIN)<br />

<br />

Devon Shipping Inc.<br />

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115 Van Brunt St.,<br />

Brooklyn, NY<br />

Red Hook Container Terminal<br />

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Hébergement touristique dans la<br />

Sierra Maestra<br />

Par Dilbert Reyes Rodriguez<br />

Bartolomé Maso, Granma<br />

– Face à la hausse de la demande<br />

touristique vers la Sierra<br />

Maestra, de nouveaux bungalows<br />

de grand standing seront inaugurés<br />

en début de la prochaine<br />

haute saison dans le complexe<br />

Santo Domingo, situé au cœur du<br />

célèbre massif montagneux, point<br />

de départ le plus authentique et<br />

historiquement intéressant pour<br />

l’ascension du Pico Turquino<br />

(Mont Turquino), le sommet culminant<br />

de Cuba.<br />

Ramon Cereijo, délégué au<br />

Tourisme de la province, a informé<br />

Granma que l’investissement<br />

permettra de passer la capacité<br />

d’accueil de l’installation à 80 personnes;<br />

ce qui évitera les pertes de<br />

clients transférés antérieurement<br />

vers d’autres hôtels et permettra<br />

de mieux exploiter qualitativement<br />

et quantitativement les ressources<br />

naturelles et historiques<br />

du parc, à proximité de ce qui fut<br />

le quartier général de l’Armée Rebelle<br />

et le théâtre de deux des batailles<br />

décisives pour le triomphe<br />

de la Révolution.<br />

Par ailleurs, le restaurant a<br />

été également rénové et le service<br />

de téléphonie modernisé, améliorations<br />

dont bénéficieront les<br />

clients du site mais aussi les touristes<br />

en excursion arrivant du pôle<br />

de Guardalavaca, près d’Holguin,<br />

ou ceux voyageant en circuits<br />

organisés depuis Camagüey ou<br />

Santiago de Cuba.<br />

Les nouveaux bungalows<br />

qui recevront les premiers visiteurs<br />

à partir de novembre prochain<br />

sont d’originales constructions<br />

de deux étages, en bois vernis,<br />

montées sur pilotis, avec une vue<br />

impressionnante sur le massif<br />

montagneux, comme le souligne<br />

Aldo Agüero, directeur de l’unité<br />

de base d’investissement Immobilier<br />

Granma.<br />

Situé à environ 60 kilomètres<br />

au sud-ouest de la ville de<br />

Bayamo et séparé du Mont Turquino<br />

par une vingtaine de kilomètres<br />

de sentiers de montagne,<br />

le complexe Santo Domingo a été<br />

une destination choisie durant des<br />

années par des touristes majoritairement<br />

italiens, français, néerlandais<br />

et allemands. Il constitue<br />

l’un des pôles d’attraction que la<br />

province orientale présentera aux<br />

tours opérateurs internationaux<br />

l’an prochain, lors de la biennale<br />

du Tourisme Vert, TURNAT, 2013,<br />

dont elle sera le siège.<br />

La Havane. 23 Août 2012<br />

20<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 6, No. 7 • Du 29 Août au 4 Septembre 2012

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