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Baruch Spinoza, L’ÉTHIQUE (1677) [1930] [1993] 245<br />

sentiments (selon le corollaire de la proposition 4) et inconstants et<br />

variables (selon la proposition 33), puissent se donner cette assurance<br />

réciproque et avoir foi les uns <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres, cela est évident d’après la<br />

proposition 7 de cette partie et la proposition 39 de la troisième partie<br />

: c’est, en effet, parce que nul sentiment ne peut être empêché, sinon<br />

par un sentiment plus fort et contraire <strong>au</strong> sentiment <strong>à</strong> empêcher, et<br />

que chacun s’abstient de porter dommage par appréhension d’un<br />

dommage plus grand. Par cette loi donc, la Société pourra s’établir,<br />

pourvu qu’elle revendique pour elle-même le droit que chacun a de se<br />

venger et de juger du bon et du m<strong>au</strong>vais, et qu’elle ait par conséquent<br />

le pouvoir de prescrire une commune manière de vivre, de faire des<br />

lois et de les garantir, non par la Raison qui ne peut réprimer les sentiments<br />

(selon le scolie de la proposition 17), mais par des menaces.<br />

Or cette Société, garantie par des lois et par le pouvoir de se conserver,<br />

s’appelle État, et ceux qui sont protégés par son droit s’appellent<br />

Citoyens. D’où nous comprenons aisément que, dans l’état naturel, il<br />

n’est rien donné qui soit bon ou m<strong>au</strong>vais du consentement de tous,<br />

puisque chacun qui est dans cet état naturel pourvoit seulement <strong>à</strong> son<br />

utilité, et décide, d’après sa propre disposition et en tant qu’il a seulement<br />

son utilité pour règle, de ce qui est bon ou de ce qui est m<strong>au</strong>vais,<br />

et n’est tenu par <strong>au</strong>cune loi d’obéir <strong>à</strong> personne, sinon <strong>à</strong> lui seul. Par<br />

conséquent, dans l’état naturel, la f<strong>au</strong>te ne peut se concevoir, mais<br />

bien dans l’état social, où il est [275] décidé, du consentement commun,<br />

de ce qui est bon ou de ce qui est m<strong>au</strong>vais, et où chacun est tenu<br />

d’obéir <strong>à</strong> l’État. Aussi la f<strong>au</strong>te n’est-elle rien d’<strong>au</strong>tre que la désobéissance,<br />

laquelle, pour cette raison, est punie en vertu du seul droit de<br />

l’État ; et <strong>au</strong> contraire l’obéissance est comptée <strong>au</strong> Citoyen comme un<br />

mérite, parce qu’il est par cela même jugé digne de jouir des avantages<br />

de l’État.<br />

En outre, dans l’état naturel, personne, du consentement commun,<br />

n’est Seigneur d’<strong>au</strong>cune chose, et il n’est rien donné dans la Nature<br />

dont on puisse dire que cela appartient <strong>à</strong> cet homme-ci et non <strong>à</strong> celuil<strong>à</strong><br />

; mais tout est <strong>à</strong> tous ; et par suite, dans l’état naturel, on ne peut<br />

concevoir <strong>au</strong>cune volonté d’attribuer <strong>à</strong> chacun le sien, ou d’arracher <strong>à</strong><br />

quelqu’un ce qui lui appartient ; c’est-<strong>à</strong>-dire que, dans l’état naturel, il<br />

n’arrive rien qui puisse être dit juste ou injuste, mais bien dans l’état<br />

social où, du consentement commun, il est décidé quelle chose appartient<br />

<strong>à</strong> celui-ci, ou quelle <strong>à</strong> celui-l<strong>à</strong>.

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