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eut été établie, on faisait encore passer les enfants par le feu de Moloch. Cette double purification par le feu<br />
et par l'eau était pratiquée au Mexique parmi les sectateurs de Wodan 11 . Cette double purification était aussi<br />
en usage chez les anciens païens de Rome 12 , et avec le temps, presque dans le monde entier, le double culte<br />
du feu et du serpent de Nemrod, qui avait été renversé, fut relevé sous une forme nouvelle avec toutes ses<br />
anciennes abominations et encore de nouvelles.<br />
Dagon, la bête qui sort de la mer<br />
Or, ce dieu de la mer, après avoir eu son culte solidement rétabli, après avoir surmonté toutes les formidables<br />
oppositions qui s'élevèrent contre lui, fut adoré aussi comme le grand dieu de la guerre, qui, mort pour le<br />
bonheur de l'humanité, était maintenant ressuscité et absolument invincible. En mémoire de cette nouvelle<br />
incarnation, on célébrait dans la Rome païenne, le 25 décembre, autrement appelé jour de Noël, comme étant<br />
natalis invicti solis, "le jour de naissance du soleil invaincu 13 ". Nous avons vu aussi que le vrai nom du dieu<br />
romain de la guerre était précisément le nom de Nemrod; car Mars et Mavors, les deux noms bien connus du<br />
dieu romain de la guerre, sont évidemment les formes romaines du chaldéen Mar ou Mavor, le rebelle 14 . Aussi<br />
terrible et aussi invincible était Nemrod lorsqu'il se montra de nouveau comme Dagon, la bête qui sort de la<br />
mer. Si le lecteur consulte l'Apocalypse, il verra exactement la même chose: "Et je vis une de ses têtes comme<br />
blessée à mort et sa blessure mortelle fut guérie, et tout le monde étant dans l'admiration, suivit la bête. Et on<br />
adora le Dragon qui avait donné son pouvoir à la bête; on adora aussi la bête en disant: Qui est semblable à<br />
11<br />
12<br />
toutes nations appellent le premier." Du feu vient tout, aussi est-il appelé "celui qui rend toutes choses<br />
parfaites". Le second esprit est l'enfant qui a déplacé la statue de Nemrodcomme objet de culte. L'action<br />
de Nemrod restant indispensable, de là le feu du Purgatoire qui rend les hommes parfaits et les<br />
débarrasse de leurs péchés.<br />
HUMBOLDT, Recherches, vol. I, p. 185.<br />
OVIDE, Fastes, liv. IV, v. 794-795. J'ai éprouvé un vif intérêt à découvrir dans Ovide cette affirmation<br />
expresse que de son temps on croyait à Rome que la purification par le feu venait du culte du feu d'Adon<br />
ou Tammuz, et que la purification par l'eau venait du déluge au temps de Noé. Une induction rigoureuse<br />
avait déjà amené à cette certitude. Après avoir indiqué plusieurs raisons curieuses de cette double<br />
purification, Ovide conclut ainsi: "Pour moi, je n'y crois pas; mais il en est qui font remonter l'un de ces<br />
rites à Phaëton et l'autre à Deucalion." Si toutefois, on trouvait invraisemblable que le culte de Noé fût<br />
ainsi mêlé dans l'ancien monde au culte de la ruine des cieux et de son fils, je ferais remarquer ce qui se<br />
passe en Italie de nos jours (en 1856). Il s'agit du culte même de ce patriarche et de la reine des cieux.<br />
Le trait suivant, fourni par lord John Scott, confirme mes assertions. Il a été publié dans le Morning<br />
Herald, 26 oct. 1856: Prière d'un archevêque au patriarche Noé. – La papauté à Turin! Pendant<br />
plusieurs années consécutives, la vigne a été presqu'entièrement perdue en Toscane, par suite de la<br />
maladie. L'archevêque de Florence, désirant arrêter ce fléau, a ordonné d'adresser des prières au<br />
patriarche Noé: il vient de lancer ce mandement qui contient huit formes de supplication: "Très-Saint<br />
patriarche Noé!, Toi qui t'es consacré dans ta longue carrière à la culture de la vigne et qui as donné à la<br />
race humaine ce breuvage précieux qui apaise la soif, refait les forces et vivifie les esprits, daigne jeter<br />
un regard sur nos vignes que, suivant ton exemple, nous avons jusqu'à ce jour cultivées; tu les vois<br />
languir et dépérir par cette funeste plaie qui avant la maturité détruit le fruit (sans doute c'est là le<br />
châtiment sévère de bien des blasphèmes et d'énormes péchés dont nous sommes coupables!) Aie<br />
compassion de nous, et prosterné devant le grand trône de Dieu, qui a promis à ses enfants les fruits de<br />
la terre, et le blé et le vin en abondance, supplie-le en notre faveur! Promets-lui en notre nom que, avec<br />
l'aide d'en haut, nous abandonnerons nos voies de vice et de péché, que nous n'abuserons plus de ses<br />
dons sacrés, et que nous observerons scrupuleusement sa sainte loi et celle de notre sainte mère l'Église<br />
catholique, etc." Le mandement se termine par une autre prière adressée à la Vierge Marie: "Ô Marie<br />
immaculée, vois nos champs et nos vignobles! et si tu crois que nous méritons une telle faveur, arrête,<br />
nous t'en supplions, cette terrible plaie qui nous est infligée à cause de nos pèches, qui rend nos champs<br />
stériles, et prive nos vignes des honneurs de la vendange!" Cet ouvrage renferme une vignette<br />
représentant le patriarche Noé, et une note de l'archevêque accordant une indulgence de 40 jours à ceux<br />
qui réciteront dément ces prières (Le temps chrétien). – En présence d'un si grossier paganisme le noble<br />
lord fait remarquer, avec raison que c'est là certainement le retour de l'ancien monde, et la restauration<br />
évidente du culte de l'ancien dieu Bacchus!<br />
13<br />
GIESELER, vol. II, p. 42, note.<br />
14<br />
<strong>Les</strong> Grecs choisirent pour leur dieu de guerre, Arioch ou Arius, le petit-fils de Nemrod. – CEDRENUS,<br />
vol. I, p. 28-29.