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L'Entrepreneur

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FICHE<br />

CONSEILS DE<br />

L’AVOCAT<br />

N°2<br />

LE POINT SUR…<br />

´<br />

PV DE RECEPTION<br />

La signature est primordiale<br />

Par un arrêt du 12 avril 2005, la 3 e chambre civile de la Cour de cassation<br />

confirme les conséquences d’une absence de signature<br />

sur un procès-verbal de réception.<br />

P. Eoche<br />

Marie-Laure<br />

Marle-Planté<br />

Avocat, membre<br />

du conseil<br />

de l’ordre<br />

(Montpellier)<br />

La réception est « l’acte par lequel<br />

le maître d’ouvrage déclare<br />

accepter l’ouvrage avec ou sans<br />

réserve » (article 1792-6 du Code<br />

civil). Si elle n’exige pas d’achèvement<br />

complet de l’ouvrage, elle est la<br />

reconnaissance d’un état d’avancement<br />

des travaux, tel, qu’il justifie l’entrée<br />

en vigueur des garanties dues par<br />

les intervenants à l’acte de construire.<br />

Ainsi, plus que la fin du contrat<br />

d’entreprise, la réception marque<br />

la naissance des garanties des<br />

constructeurs. Il s’agit donc<br />

d’un moment capital dans la vie<br />

juridique d’un ouvrage.<br />

Or, traitant d’un cas dans lequel la<br />

réception était apparemment expresse<br />

pour avoir fait l’objet de la rédaction<br />

d’un procès-verbal, la Cour de<br />

cassation a jugé que la réception<br />

n’était pas établie en l’absence de<br />

signature du maître d’ouvrage.<br />

Rappel des faits<br />

et de la procédure<br />

En octobre 1997, des désordres se<br />

déclarent sur un ouvrage récent.<br />

L’assureur décennal est actionné au<br />

vu de procès-verbaux de réception<br />

datés des 11 et 18 septembre 1997.<br />

Mais, il oppose l’absence de signature<br />

du maître d’ouvrage sur ces (•••)<br />

JANVIER - FÉVRIER 2006<br />

L’Entrepreneur


PV DE RÉCEPTION :<br />

LA SIGNATURE<br />

EST PRIMORDIALE<br />

(•••) PV de réception lors de leur<br />

transmission à la compagnie et même<br />

lors de leur envoi par l’entreprise<br />

principale à son sous-traitant.<br />

La cour d’appel de Douai juge alors que<br />

l’ouvrage n’a pas été réceptionné à la<br />

date d’apparition des désordres et qu’en<br />

conséquence, l’assureur ne doit pas sa<br />

garantie. Dans un arrêt du 12 avril 2005,<br />

la troisième chambre civile de la Cour<br />

de cassation confirme sur ce point la<br />

décision déférée (pourvoi n° 04-10992).<br />

Discussion<br />

Ni la loi, ni la jurisprudence dominante<br />

n’exigent d’écrit pour reconnaître<br />

l’existence d’une réception. Cela dit,<br />

un écrit s’impose en pratique pour<br />

des questions de preuve lorsque la<br />

réception est voulue « amiable » (par<br />

opposition à la réception judiciaire).<br />

Cette réception amiable doit alors être<br />

établie « contradictoirement », c’est-àdire<br />

entre les parties et d’un commun<br />

accord entre elles. Leur signature fait foi<br />

de ce caractère contradictoire et amiable.<br />

À défaut, la réception sera demandée<br />

judiciairement par la partie la plus<br />

diligente et il appartiendra aux juges<br />

de première instance puis, éventuellement,<br />

à ceux d’appel, de dire si<br />

les éléments de fait d’une réception<br />

tacite sont rassemblés. La Cour<br />

de cassation, qui contrôle la seule<br />

régularité en droit, ne pourra revenir<br />

sur leur appréciation des faits. ■<br />

Commentaire<br />

L’existence et la date<br />

d’une réception ne<br />

devraient désormais plus<br />

intéresser seulement<br />

l’entreprise principale et le<br />

maître d’ouvrage (ainsi que<br />

leurs assureurs respectifs)<br />

mais aussi les soustraitants.<br />

En effet, tout<br />

autorise à considérer que<br />

c’est la date de réception<br />

entre l’entreprise principale<br />

et le maître d’ouvrage qui<br />

ouvrira également le délai<br />

de prescription décennale<br />

étendu aux sous-traitants<br />

par l’ordonnance n° 2005-<br />

658 du 8 juin 2005.<br />

Les sous-traitants auront<br />

alors à cœur de vérifier que<br />

ce procès-verbal est signé<br />

des deux parties. À défaut,<br />

le sous-traitant devrait<br />

avoir qualité et intérêt<br />

à agir pour faire prononcer<br />

la réception judiciaire<br />

en saisissant le tribunal.<br />

JANVIER - FÉVRIER 2006<br />

L’Entrepreneur<br />

24/01/2006 17:28:16

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