TECHNIQUE ANGLAISE POUR CONFEDERES SUDISTES
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Maury est pressenti pour siéger au sein de ce comité, Mallory renâcle et, pour l’éloigner<br />
définitivement, l’investit d’une mission secrète en Europe, qui consiste à solliciter le<br />
savoir faire britannique pour améliorer les mines marines rebelles et en inventer de plus<br />
performantes. Ses instructions, telles que Mallory les lui formule, n’apparaissent sur<br />
aucun document connu. On en trouve cependant des traces dans deux notes, la première<br />
destinée à Bulloch, Mallory dit notamment :<br />
« Le commander Maury est envoyé en Europe pour une mission spéciale ; vous<br />
lui fournirez les fonds nécessaires à ses dépenses et à son salaire. »<br />
Dans la seconde, du 10 décembre 1862, James Mason, le commissionnaires de la<br />
Confédération à Londres, écrit au ministre confédéré Judah Benjamin :<br />
« Le commander Maury est arrivé ici. Le ministre de la Marine l’a autorisé à<br />
utiliser nos obligations sur le coton s’il le jugeait nécessaire pour réaliser les projets<br />
que le gouvernement lui a confiés. »<br />
Le jour même de son débarquement à Liverpool, le 23 novembre 1862, Maury se<br />
présente chez Fraser & Trenholm où il rencontre Bulloch pour la première fois. Il est<br />
probable que c’est grâce à celui-ci que Maury prend sur-le-champ en location un<br />
appartement de trois pièces dans Sackville Street. L’humilité et la discrétion n’étant pas<br />
les vertus premières de la plupart des agents confédérés en Europe, Maury s’est à peine<br />
installé dans ce meublé qu’y défilent diverses personnalités de la politique, de la marine<br />
et des milieux scientifiques, en substance ceux qui ont assisté à son symposium de<br />
Bruxelles en 1853.<br />
La notoriété de Maury et les relations qu’il a nouées à Londres avant la guerre lui<br />
ouvrent les portes de laboratoires modernes et lui valent l’assistance de scientifiques<br />
chevronnés. Les facilités que lui accordent les Britanniques ne sont évidemment pas<br />
désintéressées car ils manifestent un vif intérêt sur le conditionnement et les effets des<br />
mines marines et terrestres confédérées. Vers la mi-1864, Maury fait parvenir à<br />
Richmond le fruit de ses récentes recherches, notamment la mise au point d’un<br />
détonateur électrique très en avance pour l’époque. En août et en octobre de la même<br />
année, il fait remettre à un forceur de blocus des Bahamas un lot de pièces détachées<br />
essentielles à la fabrication de ses nouvelles mines.<br />
Maury et Bulloch conjuguent également leurs efforts dans le domaine de la<br />
recherche. Assez tôt dans le conflit, les Confédérés conçoivent l’ancêtre de nos<br />
torpilleurs, le David, une chaloupe en bois complètement couverte qui émerge à peine<br />
de la surface des eaux. Elle mesure une quizaine de mètres sur deux de large et deux de<br />
profondeur. Sa propulsion est assurée par une hélice actionnée par une petite machine à<br />
vapeur. Son armement consiste en une mine fixée à l’extrémité d’un espar prolongeant<br />
son étrave. Le préposé au fonctionnement de cette mine en commande mécaniquement<br />
l’explosion lorsqu’elle entre en contact avec les œuvres vives d’un vaisseau ennemi. Les<br />
Davids coulèrent quelques bâtiments de léger tonnage et en endommagèrent de plus<br />
gros. Le concept est nouveau pour l’époque et, si les Confédérés avaient eu les moyens<br />
de les perfectionner et d’en lancer davantage, les Davids auraient été une force amphibie<br />
avec laquelle les escadres fluviales nordistes auraient eu à compter 4 .<br />
4 Perry M.F., Infernal Machines, pp. 81-4, 87-89. LSU Press, 1965 ; Scharf J.Y., History of the Confederate<br />
Navy, vol. 2, pp. 758-62. New York, 1887.