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170 NÉCROLOGIE
L'ABBÉ HENRI DE VIS
Le 12 novembre 1949, Monsieur l'abbé Henri De Vis s'éteignit à
Hekelgem, dans sa maison natale au pied du moulin familial, où il
avait été transporté peu de semaines auparavant, alors que déjà ses
forces avaient fortement décliné. Il était né le 20 mars 1885. A l'âge
de dix-neuf ans, le jeune séminariste et étudiant en philosophie fut
envoyé à Rome pour y poursuivre ses études à l'Université grégorienne
où il conquit les grades de docteur en théologie et en philosophie;
ensuite, il alla se perfectionner à l' Istituto Biblico en diverses
langues orientales, principalement le copte et l'éthiopien. Nombreuses
sont ses publications de textes coptes, surtout des homélies, tandis
que l'éthiopien et l'étude de la civilisation éthiopienne sous ses divers
aspects constituaient sa spécialité. II fut directeur d'une école normale
pour jeunes filles à Rouen pendant la guerre 1914-18. Depuis
1921, il était professeur de religion dans deux écoles normales de
l'État pour institutrices et régentes à Laken. En 1920, il avait été,
en qualité de maître de conférences, chargé à l'Université catholique
de Louvain du cours de langue éthiopienne.
Ces charges professorales et scientifiques ne l'empêchaient pas
d'être un conseiller moral toujours bienveillant et un historien ardent
des traditions du Brabant flamand. Il accumula en outre dans sa
demeure les plus étonnantes et intéressantes collections: manuscrits
orientaux, où les codices éthiopiens enluminés avaient la préférence,
échantillons minéralogiques, fossiles, insectes et principalement des
papillons, antiquités de toutes périodes, estampes, anciennes cartes
et anciens plans, drapelets et images de pélerinage, images de saints,
timbres-poste, etc. et, enfin, une collection numismatique particulièrement
nombreuse. Son médaillier contenait des monnaies anti- .
ques, médiévales et modernes, des médailles anciennes et récentes,
des jetons, des méreaux et une suite considérable de médailles religieuses.
Certes, avec ses moyens modestes, cet amateur enthousiaste
n'avait pas pu se procurer des pièces que les collectionneurs se disputent
à prix d'or, mais tout ce qu'il avait était intéressant par quelque
côté. Outre les méreaux, qui parlaient de son peuple à ce folkloriste
acharné, c'étaient les monnaies romaines et éthiopiennes anciennes
qu'il étudiait le plus volontiers. Ces dernières, dont il possédait des
exemplaires, ont fait l'objet d'une étude restée inédite dont il m'entretenait
encore quelques jours avant sa mort. Il était accueillant pour
ses confrères numismates; s'ils venaient pour quelque échange, ils
s'en allaient toujours enrichis.
Le 3 mars 1935, il avait été nommé correspondant régnicole de notre
compagnie. Il était en outre membre de plusieurs autres sociétés savantes.
Ceux qui l'ont approché ont reconnu en lui un érudit discret, un
homme d'une simplicité et d'une bonté sans défaillance. Son souvenîr
en restera d'autant mieux gravé dans leur mémoire. P. NASTER.