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Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies
sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles
Nations Unies, New York, 19 septembre 2011
Déclaration de Jacques Rogge,
Président du Comité International Olympique
Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs les délégués,
Le Comité International Olympique présente ses compléments à l’Assemblée générale. C’est pour lui
un grand honneur de s’adresser à vous aujourd’hui pour parler de notre engagement commun à
œuvrer pour le bien de l’humanité par la prévention des maladies non transmissibles.
Le CIO et l’ONU agissent d’une manière différente, mais complémentaire en faveur de notre objectif
commun, qui est de créer un monde plus pacifique et prospère, caractérisé par le respect entre les
nations et les peuples et le respect de notre planète. La question qui nous a réunis ici aujourd’hui
préoccupe particulièrement le CIO, parce que la création de notre Mouvement repose sur la
conviction qu’il y a un lien direct entre des corps sains et des sociétés saines.
Les maladies non transmissibles (MNT) ne sont pas uniquement une menace pour la santé, elles
sont une menace pour le tissu social et économique mondial qui nous relie tous. Selon des
estimations, le nombre de décès dus aux MNT dépassera les 35 millions, cette année. Si la tendance
actuelle se poursuit, le nombre de victimes atteindra plus de 41 millions en quatre années à peine.
L’incidence des MNT dépasse largement la perte de vie et la souffrance quotidienne de millions de
personnes. Ces maladies évitables sont un obstacle majeur à la croissance économique et au
développement social des pays dans le monde entier. Nous devons absolument nous occuper du
problème des MNT, si nous voulons espérer atteindre les objectifs du Millénaire pour le
développement fixés par les Nations Unies.
Il n’est pas surprenant de constater que les MNT causent le nombre de victimes le plus élevé dans le
monde en développement. Plus de 90 % des décès prématurés dus aux MNT – victimes âgées d’une
cinquantaine d’années ou plus jeunes – surviennent dans les pays en développement. Mais aucune
région n’est épargnée. Et les facteurs qui sous-tendent cette explosion des MNT sont les mêmes
partout dans le monde. Le manque d’exercice physique et l’obésité sont parmi les principaux facteurs.
Agissant conjointement, ces causes de mortalité lentes et silencieuses mettent leurs victimes sur la
voie du diabète, des maladies cardio-vasculaires, des troubles respiratoires et de certains types de
cancer.
Le manque d’exercice physique est aujourd’hui reconnu comme le quatrième facteur de risque de
mortalité dans le monde. L’obésité atteint des proportions épidémiques dans certains pays. Au moins
2,6 millions de personnes meurent chaque année de troubles liés à l’obésité ou à une surcharge
pondérale.
Le tableau que je vous décris est sombre, sauf pour un point : nous pouvons agir pour y remédier.
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19 septembre 2011

Le Comité International Olympique travaille sur ces questions depuis sa création, il y a plus d’un
siècle. La Charte olympique, notre document d’orientation, déclare que « la pratique du sport est un
droit de l’homme » et demande au CIO
Nous le
faisons de diverses manières.
Les Jeux Olympiques, notre événement majeur, sont bien plus qu’une compétition à laquelle
participent les meilleurs athlètes du monde. Ils sont une célébration de notre humanité commune et
une source d’inspiration pour amener d’autres personnes à pratiquer le sport et une activité physique.
Les Jeux donnent à un public du monde entier l’opportunité de partager le plaisir de la compétition, en
encourageant des millions de jeunes à imiter leurs héros sportifs. Dans le pays d’accueil, les Jeux
laissent derrière eux des manifestations sportives d’envergure mondiale, une infrastructure sportive
plus dynamique et un enthousiasme accru pour le sport parmi la population.
Nos efforts pour promouvoir le sport et l’activité physique vont bien au-delà d’un soutien aux athlètes
d’élite aux Jeux Olympiques. Un grand nombre de nos initiatives s’adressent directement aux athlètes
qui pratiquent un sport dans un but récréatif et aux jeunes. Le CIO a créé la commission du sport
pour tous, il y a près de 30 ans, dont le but est de soutenir les efforts visant à informer tous les
membres de la société des bienfaits sociaux et sanitaires d’une activité physique régulière.
Il convient de noter que dans le mandat de la commission, il est question d’« activité physique » et
non de « sport » ou de « compétition d’athlètes ». Il n’est pas nécessaire d’être un olympien pour
recueillir les effets bénéfiques d’une activité physique. Cet esprit d’ouverture sous-tend les efforts
couronnés de succès que déploie la commission du sport pour tous afin de promouvoir les
célébrations de la Journée olympique.
La Journée olympique, qui commémore la création de notre Mouvement, le 23 juin 1894, est devenue
une célébration mondiale qui comprend généralement des courses populaires et d’autres formes
d’activité physique. Des événements ont eu lieu cette année dans toutes les régions du monde,
souvent grâce à l’engagement actif de notre réseau mondial constitué de 205 Comités Nationaux
Olympiques.
La commission du sport pour tous accueille aussi des conférences de haut niveau réunissant des
éducateurs, des universitaires, des administrateurs sportifs, des responsables gouvernementaux, des
représentants des institutions des Nations Unies et d’autres parties prenantes en vue de mettre en
commun des idées sur les moyens d’encourager l’activité physique et des modes de vie sains. Notre
14 ème Conférence mondiale sur le sport pour tous ouvrira demain à Beijing et une séance plénière
sera consacrée aux « Bienfaits pour la santé et la société ».
En outre, la commission médicale du CIO travaille avec des scientifiques et des experts éminents afin
de jouer un rôle actif dans la promotion de la santé par le biais de la participation aux sports. Il y a
quelques semaines à peine, cette commission a publié un rapport d’expert intitulé « La santé et la
condition physique des jeunes grâce à l’activité physique et sportive ». Ce document définit les
conséquences de l’inactivité pour la santé ; il établit les facteurs déterminants de la pratique sportive
et de l’abandon de celle-ci, et donne des recommandations sur les solutions potentielles et les
partenariats mondiaux. L’objectif final de cette initiative scientifique est d’améliorer la santé et la
condition physique des jeunes dans le monde entier, diminuant ainsi la morbidité et la mortalité dues
aux maladies non transmissibles.
Pour y parvenir, il est essentiel que les conclusions scientifiques se traduisent en actions concrètes
sur le terrain. Le problème de l’inactivité chez les jeunes et de l’augmentation des taux d’obésité est
un des aspects qui a motivé notre décision de lancer les nouveaux Jeux Olympiques de la Jeunesse,
l’année dernière. Cet événement, qui a lieu tous les quatre ans en hiver et en été, associe le sport à
des activités éducatives et culturelles qui encouragent des modes de vie sains et une compréhension
des cultures – et n’est pas destiné seulement aux participants, mais aussi aux nombreux jeunes qui
suivent ces Jeux.
Les premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse qui ont eu lieu à Singapour en août 2010 ont attiré
3 500 participants et ont dépassé toutes les attentes. Les premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse
d’hiver se dérouleront à Innsbruck, en Autriche, en janvier.
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19 septembre 2011

Une grande partie de l’action que mène le CIO pour encourager l’activité physique et des modes de
vie sains repose sur des partenariats. Comme les Nations Unies le prouvent quotidiennement, une
action collective menée par une vaste coalition de partenaires motivés est la manière la plus efficace
de produire des changements positifs de grande ampleur.
Le centre olympique de développement pour la jeunesse en Zambie est un bon exemple. Ce centre,
un projet phare du programme « sport pour l’espoir » du CIO, a ouvert l’année dernière avec le
soutien du gouvernement zambien, du Comité National Olympique de la Zambie et de six fédérations
sportives internationales. Outre l’accès aux sports et à d’autres activités physiques, le centre offre des
programmes éducatifs, des services de santé et des événements communautaires. Un projet similaire
est prévu à Haïti.
Au début de ce mois, le CIO a lancé un nouveau centre sportif pour les jeunes à Gatumba, au
Burundi, financé conjointement par le CIO, le PNUD (le Programme des Nations Unies pour le
développement) et le gouvernement du Burundi. Le centre organisera des activités sportives et
éducatives à l’intention de plus de 7000 jeunes.
Nous collaborons étroitement avec plusieurs organismes et programmes des Nations Unies et avec
des ONG afin de faire connaître les bienfaits de l’activité physique sur toute la planète, en particulier
dans les pays à moyen et bas revenu. Le fait que l’ONU croit dans le pouvoir du sport pour contribuer
au développement social a été confirmé par sa décision, en 2009, d’accorder au CIO le statut
d’observateurs auprès des Nations Unies. La relation entre les deux organisations continue de
s’approfondir et de s’intensifier.
L’année dernière, le CIO et l’Organisation mondiale de la Santé ont signé un nouveau protocole
d’accord qui prévoit que les deux organisations collaboreront au niveau international et national pour
promouvoir des activités et des choix politiques qui réduiront le risque de maladies non
transmissibles. Nous nous félicitons des recommandations mondiales en matière d’activité physique
pour la santé de l’OMS, un autre aspect important de notre collaboration. Les recommandations de
l’OMS mettent le sport et l’activité physique au cœur de la prévention des MNT.
La nécessité de prendre des mesures plus rigoureuses contre les MNT est évidente. Le problème est
grave. La solution est à portée de main. Le CIO s’engage à lutter contre les MNT par la promotion de
l’activité physique et de modes de vie sains. Nous ne pouvons pas agir seuls. Aucun d’entre nous ne
le peut. Mais en travaillant ensemble et en nous assurant du soutien des gouvernements,
d’établissements éducatifs, du monde des affaires, d’organisations non gouvernementales et d’autres
éléments de la société civile, nous pouvons inverser la tendance actuelle.
Je vous demande instamment d’apporter votre soutien à plusieurs mesures importantes qui
pourraient changer la vie des gens sur toute la planète. Ensemble, nous pouvons :
Plaider en faveur d’espaces publics plus sûrs et facilement accessibles pour l’activité
physique et le sport. Les enfants ne devraient pas être obligés de jouer dans des terrains
vagues parsemés de débris de verre, dans des ruelles encombrées d’ordures ou dans des
champs contaminés par des déchets chimiques.
Nouer de nouveaux partenariats avec des secteurs en dehors du sport – transports, finances
planification urbaine, industrie et autres – afin d’augmenter l’incidence du sport dans les
zones urbaines.
Travailler avec les autorités gouvernementales et les éducateurs afin d’augmenter le temps
que les élèves consacrent à l’éducation physique. Un enfant sain est un enfant qui est prêt à
apprendre.
Encourager le développement des infrastructures et des organisations sportives. Le sport
permet avant tout d’accéder à l’activité physique et à des modes de vie sains.
Et, ce qui est peut-être le plus important, je vous demande d’aider le CIO et d’autres organisations
sportives à continuer de forger de nouveaux partenariats solides avec les Nations Unies, les
gouvernements et la société civile dans son ensemble.
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19 septembre 2011

Un grand nombre d’États membres et d’organismes et programmes des Nations Unies comprennent
l’importance du sport pour promouvoir le développement, la durabilité, la santé et les objectifs du
Millénaire pour le développement. En encourageant d’autres acteurs à intégrer le sport dans ces
actions, nous progresserons vers la réalisation de nos objectifs.
Dans cet esprit, le Comité International Olympique espère ardemment que le rôle essentiel que peut
jouer le mouvement sportif dans la prévention des MNT sera inscrit dans le document qui sera
élaboré à l’issue de cette réunion de haut niveau.
En tant que nouvel observateur permanent auprès des Nations Unies et membre actif et responsable
de la société civile, le CIO se réjouit de continuer à jouer un rôle dans la prévention et la maîtrise des
MNT. Nous nous engageons à travailler sur cette question par le biais d’un partenariat fructueux avec
toutes les parties concernées.
Le CIO et le Mouvement olympique sont là pour être au service de l’humanité. Travailler avec les
jeunes et être pour eux une source d’inspiration pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, tel est
l’objectif principal de notre mission. Nous continuerons à œuvrer dans ce sens.
Ensemble, nous pouvons inverser la montée des MNT et créer une société mondiale en meilleure
santé, plus prospère et plus pacifique.
Je vous remercie.
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19 septembre 2011